VOYAGE VERS UN DESTIN INCERTAIN

Publié le 14 Juillet 2017

J’ai beaucoup de chance de vivre sur l’île de Djerba. J’adore la mer. Dès que j’ai un moment de libre, je m’échappe à la plage. Je fais des longues promenades, j’accueille la caresse de la brise. Parfois, le vent souffle fort, j’accueille alors sa rudesse, je me bats avec lui pour avancer. Ça ne me gêne pas. J’ai l’impression que mes poumons se régénèrent, qu’ils se nettoient de toutes les saletés inspirées, accumulées au fils des jours.

 

Quand j’ai assez marché, quand je commence à ressentir la fatigue, je m’assoie à même le sol, observe l’incessant ballet des mouettes et me laisse bercer par leurs cris stridents. Je lève la tête pour l’exposer au soleil, en sentir la chaleur sur ma figure. Je savoure l’odeur des algues, elle me rassure. Pour moi, elle signifie la continuité, le passé, l’avenir, le présent. Tout comme le clapotis des vagues qui suit toujours un rythme régulier, rythme qui change selon le temps qu’il fait. Les yeux fermés, j’écoute.

Souvent, je vole une heure à mes tâches ménagères pour me ressourcer ainsi. Je marche sur une plage inconnue des touristes, où je suis tranquille, où seulement d’autres habitants de l’île croisent mon chemin. Aujourd’hui aussi, j’ai pu m’échapper. Assise sur la plage, je caresse négligemment le sable avec ma main gauche, sentant la finesse de ses grains, son agréable tiédeur, son toucher soyeux. Mes oreilles s’imprègnent du bruit des vagues qui s’entrechoquent. L’une se retire après avoir léché la plage, pendant que la suivante veut à son tour toucher terre. Pendant des heures, je pourrais rester à les écouter.

 

Soudain, j’entends une rupture dans le rythme des vagues, puis le vrombissement d’un moteur, d’un moteur de bateau. Je rouvre les yeux. Je ne me suis pas rendu compte que je les avais fermés. J’aperçois l’embarcation, vieille, surchargée, remplie à ras bord d’hommes, de femmes, d’enfants en partance pour l’Europe. Je les entends. Certains crient, de peur ou de surprise, je ne sais pas. D’autres semblaient prier. Sur tous les visages, je discerne l’angoisse, la peur de l’inconnu, d’un avenir difficile.

 

Rédigé par Illiola

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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