LA GLYCINE

Publié le 30 Janvier 2024

 

– Merci ! J’en avais bien besoin !

Paul lève son verre en souriant à madame Leroy. Vêtu d’un bleu de travail, il a passé la matinée à tailler, couper, élaguer, débroussailler. Ce verre d’eau est le bienvenu. D’autant que le plus dur reste à faire.

Jardinier indépendant, il accepte tous les boulots qu’on lui propose. Aujourd’hui, il a tiré le gros lot : madame Leroy, vieille dame aisée, lui a confié son domaine à remettre en état. Un gros travail, mais un gros chèque en perspective qui tombe au bon moment. Il est en plein divorce, sa femme lui réclame une pension exorbitante, il est en recherche d’un appartement assez grand pour y accueillir ses deux enfants ; cette rentrée d’argent va lui permettre de faire avancer les choses.

– Bon, je vais m’attaquer à la glycine, dit-il en rendant le verre vide à madame Leroy.

La glycine est monstrueuse. Elle n’a pas été taillée depuis des années, elle a envahi la façade, a grimpé jusqu’au second étage, s’est glissée sous la gouttière, a soulevé quelques tuiles. Elle s’agrippe, s’incruste partout.

– Va être coton pour la rabattre, murmure Paul en installant son échelle.

Il n’est pas équipé pour ce genre de travail. Pas de nacelle, juste une échelle, une vieille tronçonneuse asthmatique, des cisailles, un sécateur un peu rouillé. Avec précaution, il gravit les barreaux, atteint le sommet de la maison, passe sur le toit pour inspecter les dégâts. Il parvient à couper quelques branches, à libérer la gouttière et remet les tuiles en place.

C’est au moment de retourner du toit sur l’échelle que l’horreur l’assaille. Le vertige ! Incapable de bouger, il reste là, au bord du vide, terrorisé.

Rédigé par Mado

Publié dans #Ecrire sur des photos

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