UN SOIR AUX ACACIAS

Publié le 29 Octobre 2022

 

Un soir aux Acacias

Il est déjà très tard, minuit peut-être. Par la fenêtre du salon entrouverte je sens l’air doux de cette nuit de fin de printemps. Bien installée dans mon canapé, il me semble entendre soudain l’ululement lointain d’une chouette.

Je me lève et avec précaution je pousse les rideaux et ouvre grand la porte-fenêtre. Elle donne sur les plates-bandes de la résidence. Elles sont éclairées par de hauts lampadaires bien trop puissants à mon goût. Les fleurs discrètes et odorantes en plein jour sont maintenant beaucoup plus vives et semblent même artificielles. Elles ne peuvent profiter de l’obscurité si nécessaire pourtant à leur bonne santé.

Je m’accoude à la rambarde. Une chauve-souris passe rapidement près de la lumière à la recherche de quelque moucheron.

Mon regard ne s’attarde pas longtemps sur cette végétation et plonge dans les arbres en contre-bas. Je ne fais plus aucun bruit, ni aucun geste, les oreilles grand-ouvertes, à l’affût du prochain ululement. Dans le silence de la nuit, je n’entends plus que ce chant qui remplace les voix des voisins souvent attablés sur leur balcon au-dessus du mien.

Je continue à balayer du regard les feuillages sombres dans l’espoir de voir s’envoler l’oiseau de nuit. C’est alors que je lève la tête lentement et que mes yeux rencontrent la colline d’en face, sombre elle aussi. Mais dans cette obscurité je devine parfaitement la silhouette bien connue de l’Observatoire, si souvent admiré quand le soleil l’inonde de lumière et fait ressortir sa blancheur après la pluie.

Inévitablement je dresse un peu plus encore la tête vers le ciel. C’est une nuit sans lune et je ne peux donc pas assister à son lever derrière les collines, spectacle qui m’émerveille et m’émeut toujours. Je me perds alors, comme très souvent, dans ce ciel noir où brillent pour mon plus grand plaisir mes chères étoiles. Et je reste ainsi un moment. L’ululement ne se fait plus entendre. L’oiseau s’est sans doute envolé. La nuit est silencieuse. Seules quelques fenêtres encore éclairées de l’immeuble voisin indiquent la présence d’autres êtres humains, des terriens comme moi.

Dans le ciel, face à moi, Jupiter étincelant m’emporte vers un infini plein de mystère.
 


Jeu des "brèves" :

Il replia son journal avec un large sourire et reprit sa tasse de café, mais il était encore chaud. Trop chaud pour lui et un peu amer. Mais tout de même sans sucre, il ne mettait jamais de sucre dans son café.

Comme il n’était pas pressé, il se mit à regarder autour de lui, les yeux dans le vague. C’est à ce moment-là que son regard se posa sur la femme qui occupait la table voisine. Elle, elle devait sans doute le regarder depuis quelques minutes, elle semblait attendre qu’il se retourne. Elle lui fit d’ailleurs un clin d’œil complice.

Il crut d’abord que cela ne lui était pas destiné. Il regarda tout autour de lui pour voir qui pouvait être l’intéressé. Mais non, visiblement il était bien concerné.

Un peu gêné il se détourna et reprit d’un geste vif son journal. Il l’ouvrit et se mit à lire le premier article qui se présentait à lui, « les fleurs de Suzanne », c’est sur ce titre mystérieux qu’il tomba.

Il se plongea dans sa lecture sans vraiment d’intérêt. Mais pendant qu’il lisait, il sentit que quelqu’un lui touchait le bras. Il sursauta. C’était la femme du clin d’œil !

«  Bonjour, votre café doit être froid maintenant ! Voulez-vous l’accompagner d’un peu d’eau-de-vie ? Cela le réchauffera en quelque sorte. »

Il était très surpris, mais le visage qui se penchait vers lui ne lui était pas tout à fait inconnu. « Bonjour » lui répondit-il poliment. « Nous nous connaissons ? »

Elle lui adressa alors un grand sourire qu’il trouva bien charmant. « Je crois bien que nous nous sommes déjà rencontrés, oui. Je m’appelle Suzanne et j’habite à Strasbourg. Vous y êtes passé il y a quelques années n’est-ce pas ? »


 

Rédigé par Mireille

Publié dans #Ville

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