liberte

Publié le 21 Juin 2022

Tableau de couverture de Bernard BRUNSTEIN

Tableau de couverture de Bernard BRUNSTEIN

 

Remise des recueils autour de quelques grignotages et boissons le 20 juin 2022.

Un moment bien agréable avec les autrices et auteurs du recueil ainsi que quelques amis.

 

Ci-dessous, la préface du recueil

 

LE MOT DE L’ANIMATRICE

 

Ce recueil a débuté en septembre 2021, une rentrée un peu particulière pour l’atelier.

La Ville a réorganisé ses centres de loisirs ; l’atelier d’écriture d’AnimaNice Bon Voyage déménage et devient l’atelier d’écriture d’AnimaNice Pasteur. D’autre part, ce recueil est le dernier sous ma houlette… une histoire d’âge limite, de retraite… mais j’ai bon espoir que l’atelier perdure, j’espère pouvoir le transmettre à mon tour, comme Christian Vanlierde, son créateur, me l’a transmis en 2013.

C’est donc dans les locaux d’AnimaNice Pasteur que ce dixième et dernier recueil sous ma direction s’est construit, avec pour thème :

LA LIBERTÉ

Thème non pas inspiré par ma future retraite, car animer cet atelier a toujours été un plaisir – choisi en toute liberté, bien sûr ! – mais par toutes ces périodes de confinement, couvre-feu, restrictions que nous avons traversées.

‘‘La Liberté’’ a été traitée en huit ateliers dont voici la teneur :

A chaque séance, une ‘‘technique d’écriture’’ est proposée, à savoir pour ce recueil, le prologue, le monologue intérieur, l’analepse, la description et description sensorielle, la métaphore, la comparaison, l’énumération, la gradation, la recherche du mot juste et même le quatrain, ainsi que le résumé et la quatrième de couverture de nos textes respectifs.

La technique du jour est parfois couplée avec un élément pour déclencher l’imagination, en l’occurrence :

– trois citations :

  • Le secret de la liberté, c’est la librairie.

Bernard Werber

  • Plus on évolue dans la vie, plus on se débarrasse des croyances qui nous limitent, et plus on a le choix. Et le choix, c’est la liberté.

Laurent Gounelle

  • Le besoin de plaire, première restriction de la liberté individuelle.

Jean-Christophe Marion

 

– deux photos :

 

 

– et un poème : La Liberté de Paul Éluard

Vous retrouverez des allusions à ces éléments au fil des textes, une profusion d’histoires dans lesquelles divers personnages évoluent parmi secte, Talibans, librairies, bibliothèque, vignobles, potagers, naturisme, escapades en 2CV ou en Simca 1000, voyages variés, en quête de leur liberté.

Merci à tous les membres de cet atelier pour m’avoir suivie dans cette dernière aventure, merci à tous les personnels des AnimaNice pour leur accueil et leur gentillesse, merci à la Ville de Nice pour avoir rendu tout cela possible.

Bonne lecture à toutes et tous !

Madeleine CAFEDJIAN

animatrice de l’atelier d’écriture AnimaNice Pasteur

Ci- dessous, le lien pour retrouver tous les ateliers et les textes qui en sont issus :

 

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Publié le 29 Décembre 2021

 

Pour notre dixième recueil, Liberté !

 

Chacun construit son évasion, son escapade. Carte blanche pour un recueil de textes.

  • Définitions de la liberté selon Larousse :
  • La construction du recueil :

Pour celles et ceux qui le souhaitent, on pourrait garder le même personnage et le même narrateur tout au long des ateliers sur ce thème. Cela permettrait de construire comme un mini roman, ou un long texte avec plusieurs tableaux en suivant le parcours du personnage. Un peu comme les livres d’enfant Martine à l’école, Martine à la mer, etc...

Le thème sera traité en huit ateliers au cours desquels nous verrons ou reverrons le prologue, le narrateur et point de vue, le monologue intérieur, le temps du récit dont l’analepse, la description et description sensorielle, les figures d’analogie, les énumérations, accumulations, gradations, le mot juste, le quatrain.

Un neuvième atelier sur le sujet sera consacré à la finalisation de vos ouvrages en travaillant sur le titre, le résumé, la quatrième de couverture.

A chaque séance un sujet différent sera proposé pour créer votre mini roman ainsi composé de plusieurs tableaux en commençant par un prologue sur la liberté avec le premier atelier.

LES ATELIERS

LES TEXTES

 

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Publié le 29 Décembre 2021

 

ATELIER :

Choisir un titre, rédiger un résumé et une quatrième de couverture.

 

LECTURE :

Résumé et quatrième de couverture de "Un secret" de Philippe Grimbert

 

 

SUJETS AU CHOIX :

1) Choisissez une des photos pour couverture de votre dernier roman, c'est-à-dire, pour l'ensemble de vos textes sur le thème de la Liberté. Donnez-lui un titre et rédigez un synopsis pour présenter votre roman à un éditeur, ainsi que la quatrième de couverture. Vous évoquerez également l’auteur dans une brève notice. 😉

2) Si vous n'avez pas suivi tous les ateliers "Liberté", ou si vous préférez, choisissez une photo pour la couverture d'un roman imaginaire, donnez un titre à ce roman et inventez le synopsis, la quatrième de couverture et l'auteur.

Clic sur la bande d'images pour l’agrandir..

 

LIBERTÉ - Atelier n°9 : Titre, synopsis, quatrième de couverture

LES TEXTES

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Publié le 29 Décembre 2021

VIVRE AU MILIEU DES COQUELICOTS

4ème DE COUVERTURE :

Une jeune vie éprise de liberté peut-elle survivre dans un monde fait de contraintes ? Tout mettre en œuvre pour accéder à une liberté en symbiose avec la nature, ce sera le but de trois jeunes gens embrigadés malgré eux dans une communauté religieuse. Ils vont unir leurs forces pour échapper au destin qui les a conduits là contre leur volonté, et connaître le bonheur de construire leur vie future selon leurs souhaits, dans un lieu au nom prédestiné…

 

RÉSUMÉ :

Après une enfance heureuse auprès de parents proches de la nature, une ado est emmenée contre sa volonté par sa mère dans une secte dont elle est adepte. Elle y passe plusieurs années, et y fait la connaissance de jeunes gens dans sa situation. Un beau jour, elle parvient enfin à s’enfuir, mais est rattrapée assez rapidement par des membres de la communauté. Deux d’entre eux, des garçons de son âge, vont la délivrer et l’accompagner dans sa fuite. C’est une équipée à trois à travers la France, au cours de laquelle ils vont apprendre à se connaître et comprendre qu’ils ont le même but : vivre en liberté dans la nature. C’est aussi pour eux la découverte que leurs familles les soutiendront dans leur projet de vie future en montagne.

 

VIVRE AU MILIEU DES COQUELICOTS

 

Liberté..

Etre entourée de murs, enfermée, presque étouffée…A la seule pensée d’être privée de balades dans la nature, de la tiédeur du soleil sur son corps suscitant un état de bien-être et de flottement, elle ne pouvait presque plus respirer. Avoir tous ses sens en éveil, savourer par tous les pores de la peau cette émotion à nulle autre pareille : être libre, de cette vraie liberté sans liens, sans contraintes, sans comptes à rendre. C’est pour cela qu’elle était partie, enfouissant son passé au plus profond de son esprit, sans regrets, sans redouter les difficultés à venir et la cruauté des hommes. Fallait-il présumer qu’après trois mois, sa liberté arrivait maintenant à son terme, que plus jamais elle ne s’éveillerait tous les matins dans des lieus différents restant à découvrir, emportée au grès du vent par ses pas et ses envies de la veille. Même si elle avait parfois le ventre creux, ce qui lui importait était d’entendre le sifflement d’un merle, le bruissement des ailes d’une libellule, le soupir des feuilles d’un bouleau dérangées par la brise. Partir, marcher, ne faire qu’un avec Mère Nature, voilà son seul souci…Elle avait appris à savourer les gourmandises à sa portée : des mûres ou des framboises offertes par un buisson longeant le sentier, une pomme rouge ou une poire acidulée tendue par une branche bienveillante sur son chemin, une gorgée d’eau fraîche d’une source enfouie dans la mousse… Elle oubliait presque que, parfois, elle était obligée de se rapprocher d’un paysan, d’un agriculteur ou d’un berger, pour lui proposer un peu d’aide, en échange de quelques fruits, d’un sandwich, ou même d’un repas sur le pouce offert déjà deux ou trois fois par des personnes au grand cœur. Elle voulait oublier les paroles blessantes de ceux qui la prenaient plus pour une mendiante que pour une amoureuse de la nature, et surtout enfouir dans son esprit cet incident qui aurait pu être dramatique : un routier étranger qui avait essayé de l’embarquer de force dans son camion ! Elle avait invoqué très fort sa bonne étoile, avait tenté, sans doute avec succès, d’envoyer à l’homme un coup de pied dans ses parties intimes, et s’était enfuie sans se retourner, sans que ce gros lourdaud parvienne à la rattraper… elle se sentait si forte à parcourir les sentiers, à gravir les collines. Toujours plus loin, plus libre… Et maintenant, là, tout semblait terminé…

Le choix d'une mère

La liberté si précieuse pour Ophélie lui paraissait maintenant être menacée. Dans son esprit découragé et fatigué, se dessinaient maintenant des souvenirs d’enfance sous forme de flashs : elle se revoyait, à l’âge de sept ou huit ans, en randonnée avec ses parents, en ce temps béni où l’harmonie régnait encore au sein du foyer. Sa mère Jeanne, si douce, avare de paroles, son père Alex toujours plein de projets et d’enthousiasme. Guidés par Alex, ils avaient souvent sillonné en famille les sentiers alpins le week-end et pendant les vacances d’été. Ophélie avait progressé dans sa connaissance de la nature, et ses petites jambes s’étaient musclées et étaient devenues presque insensibles à la douleur. Peut-être était-ce grâce à cela qu’elle avait maintenant autant de résistance physique dans sa folle fuite en avant. Pourtant, un jour tout s’était arrêté, après que Jeanne l’ait présentée à un groupe de personnes qui lui avaient paru « très bizarres ». A partir de ce moment-là, tout s’était dégradé très vite : de soudaines disputes entre ses parents pour des motifs mystérieux, une atmosphère lourde à la maison, son père souvent furieux, le visage fermé de sa mère… Ophélie se posait beaucoup de questions, qu’elle n’osait pas formuler à voix haute… Que se passait-il ? Alex s’absenta deux jours pour son travail. Juste après son départ, Jeanne déclara à sa fille : « nous aussi, nous allons faire nos bagages ! » et elle sortit des vêtements du placard en enjoignant à Ophélie de faire la même chose. En deux heures, tout fut prêt, sans que sa mère lui fournisse la moindre explication sur sa conduite. Sur un appel téléphonique de Jeanne, une inconnue vint les chercher en voiture, et les emmena retrouver à quelques dizaines de kilomètres de là les personnes dont Ophélie avait fait la connaissance quelques semaines plus tôt. L’une de ces personnes, un homme imposant aux yeux très bleus, tout de blanc vêtu, semblait dégager un magnétisme qui anéantissait la volonté des autres individus, dont sa mère: Jeanne osait à peine lui répondre lorsqu’il s’adressait à elle. Cet homme était entouré de femmes et d’hommes qui, visiblement, le vénéraient sans retenue, en le nommant « Grand Maître », et lui adressaient des mantras et des prières inconnus d’Ophélie. Élevée sans préceptes cultuels, l’adolescente n’avait qu’une vague idée des croyances et des rites religieux. Tout cela lui paraissait irréel…Et pourtant… L’avenir lui apprendrait qu’elle allait passer plusieurs années au milieu de ces gens, séparée de sa mère la plupart du temps, parquée pendant de longues heures avec des enfants de son âge dans une grande pièce de cette usine désaffectée. Leurs journées s’étireraient, monotones, ils apprendraient des prières et des cantiques qu’ils répéteraient plusieurs fois par jour, sans avoir le droit de se distraire ou de converser entre eux. Ils ne quitteraient presque jamais cette partie du bâtiment, sauf pour aller, à tour de rôle, frotter avec un balai-brosse et du savon noir le carrelage usé des autres pièces : ce serait là la seule activité physique autorisée. Ils ne pourraient pas sortir à l’extérieur. Les repas seraient réduits au strict minimum, bien insuffisants pour des adolescents de leur âge. Dans sa grande mansuétude, le « Grand Maître » mettrait à leur disposition deux caisses de livres choisis par lui, qui évoqueraient les beautés de la nature, œuvre divine comme il le soulignerait. Ces livres permettraient aux garçons et aux filles de s’évader moralement, d’oublier un peu la triste vie qui serait la leur. Et encore, Ophélie, pas encore « domptée » selon les paroles de l’épouse du Grand Maître, n’aurait pas encore eu le privilège d’être sollicitée pour passer un moment avec lui, dans l’intimité de son appartement. Elle verrait de temps en temps une fille ou un garçon en larmes revenir de cette entrevue privée. Elle saurait que ce serait bientôt son tour. Pour calmer ses angoisses, elle feuillèterait des livres, emplirait ses yeux de paysages idylliques et de phrases poétiques, voyagerait en liberté loin de toute cette noirceur…

Le choix, c’est la liberté.

Ophélie réfléchissait intensément. Elle avait été rattrapée dans sa fuite par un groupe de cinq personnes, trois hommes et deux jeunes gens un peu plus âgés qu’elle. Elle les connaissait, ces garçons. Ils s’étaient croisés à plusieurs reprises dans l’usine où elle était prisonnière par la seule volonté de sa mère. L’un d’eux, Thomas, lui paraissait le plus accessible. Il avait posé sur elle un regard triste, qui voulait lui faire comprendre qu’il était désolé de faire partie du même groupe que ces chasseurs à l’allure rébarbative. Elle les revoyait lorsqu’ils l’avaient jetée à terre sans ménagement, après lui avoir sauté dessus à la sortie du petit bois. Avant qu’elle puisse comprendre ce qui lui était arrivé, elle s’était retrouvée les mains liées derrière le dos et un foulard sur la bouche pour l’empêcher de crier. Cette agression brutale lui avait fait penser à une de ses lectures parmi celles autorisées par le Grand Maître, deux jeunes faons attaqués par une meute de loups, qui n’avaient pas réussi à se sauver. Et pourtant, elle ne pouvait pas se déclarer perdante maintenant, alors qu’elle venait de passer trois mois en totale liberté… Ne plus courir le long des sentiers, au milieu des herbes folles. Se retrouver à nouveau enfermée, les prières et les incantations remplaçant le sifflement du merle et le bourdonnement des abeilles, l’air pur de la montagne oublié devant les relents fétides provenant des murs suintant d’humidité de l’ancienne usine… Ces derniers mois, elle n’avait même plus droit au regard maternel plein d’amour : il lui semblait être désormais presque transparente aux yeux de Jeanne, qui ne vivait plus que pour le regard bleu magnétique du Grand Maître. Submergée par son chagrin, Ophélie tourna son regard vers les deux jeunes gens, un peu à l’écart. Si Antony n’osait pas la regarder, elle devinait dans les yeux de Thomas une lueur de complicité et d’affection. Elle savait que le garçon avait une attirance pour elle, elle avait déjà remarqué que, même s’ils n’avaient pas le droit d’avoir des conversations privées, il était heureux lorsqu’il était près d’elle, qu’il la frôlait en passant. Ils avaient tous les deux l’âge où la vie s’ouvre devant soi, où l’on a le cœur plein d’espérance. Peut-être allait-il l’aider à fuir, à échapper, lui et elle, à l’emprise des trois hommes ? S’ils avaient emmené Thomas et Antony, c’est qu’ils ne se méfiaient pas d’eux, qu’ils les croyaient entièrement dévoués à leur cause. Ophélie en était certaine maintenant : Antony ne serait pas un obstacle, il ne chercherait pas à les retenir. Quant à Thomas, il était prêt à partir avec elle, elle le sentait. La liberté était à portée de main. Elle avait vu que les trois hommes avait sorti de leurs sacs-à-dos des bouteilles de whisky et de rhum, ce qui lui semblait pas très en accord avec les préceptes du Grand Maître. Eux aussi paraissaient vouloir profiter, à leur manière, de leurs heures de liberté. Thomas et elle échangèrent un coup d’œil entendu. Ils attendraient la nuit, et ils s’enfuiraient main dans la main, lorsque l’alcool aurait fait son œuvre. Il suffirait d’être patients…

La liberté en 2CV

Malgré son envie viscérale de fuir, Ophélie, assommée de fatigue, s’était endormie lourdement. Soudain, au cœur de la nuit qui les avait peu à peu enveloppés, elle sentit une main la secouer sans ménagement. Effrayée, elle ouvrit les yeux et aperçut devant elle la silhouette de Thomas qui se découpait comme une ombre chinoise, à la lueur du croissant de lune. Il lui fit signe de ne pas faire de bruit. Il trancha d’un coup sec ses liens avec un canif qu’il avait sorti de sa poche. Ophélie arracha le foulard qui gênait sa respiration et se redressa doucement. Antony était là aussi, il refusait probablement de rester avec les trois hommes, affalés au pied d’un gros chêne. Dans le silence de la nuit, ils ronflaient bruyamment, la bouche ouverte, entourés de cadavres de bouteilles d’alcool. On comprenait qu’ils avaient prévu de faire la fête, loin du Grand Maître et de ses fidèles disciples. Ils avaient dû penser qu’un peu de liberté leur ferait du bien, ainsi que quelques gorgées de whisky ou de rhum. Ils n’avaient pas imaginé qu’ils pouvaient s’endormir et rater leur mission : rattraper à tout prix la fugitive.

Les trois jeunes gens, en marchant sur la pointe des pieds, prirent le chemin par lequel Ophélie était arrivée quelques heures plus tôt.

Ils aperçurent au loin, dans la sombre clarté lunaire, plusieurs constructions qui semblaient être des fermes. Ils se mirent à courir. Au détour d’un buisson, ils virent, garées dans la cour de la première bâtisse, une camionnette et une voiture. Ils tendaient l’oreille, craignant d’entendre des aboiements. Mais non, aucun chien ne se manifestait à proximité, trahissant leur présence. Leurs baskets leur permettaient de marcher dans le plus grand silence. Aucune lumière dans les maisons les plus proches, comme si elles étaient vides de tout habitant. En s’approchant, ils entendirent, parvenant de la dernière maison, de l’autre côté de l’étang, des bribes de «  chansons à boire » et des airs d’accordéon : les habitants du hameau semblaient s’être regroupés là-bas pour faire la fête… Il fallait en profiter ! Les deux garçons essayèrent d’ouvrir sans succès les portes de la camionnette. Ophélie jeta un coup d’œil par les vitres de la deux-chevaux, et vit la clé sur le contact. Avec un grand sourire, elle fit signe aux deux autres. Ils sautèrent tous les trois sur les sièges de la vieille voiture, Antony au volant. Même s’il n’avait pas le permis, son père, agriculteur, lui avait appris à conduire très tôt le tracteur pour aider à la ferme. Et lui s’était exercé à conduire la 4L de la famille. « ça peut toujours servir », comme disait, avec son bon sens paysan, sa Mémé Lucie. Antony arriva facilement à démarrer la Deudeuche sous les félicitations de ses coéquipiers, et s’éloigna au plus vite des maisons. Même si la 2cv n’était pas confortable, Ophélie savait que c’était le plus beau voyage qu’elle ferait de sa vie, puisqu’il l’éloignait du Grand Maître et de ses sbires. Les odeurs d’essence dégagées par le moteur fatigué lui paraissaient plus agréables que le plus enivrant des parfums. La lune éclairait d’une lueur pâle un paysage qui paraissait presque lunaire, mais pour elle c’était l’image du paradis terrestre. Elle ne savait pas où ils allaient, mais ça n’avait aucune importance : ils roulaient, roulaient, c’était l’essentiel. Adieu l’enfermement, les odeurs d’humidité, les incantations… bonjour la Liberté !

La lettre d'Ophélie

 

Mon petit Papa,

J’ai disparu de ta vie, et toi de la mienne, depuis sept ans déjà, sept longues années passées avec des gens que Maman, sans états d’âme, m’a imposés. Pourquoi cette injustice ? J’ai gardé dans mon cœur, pendant tout ce temps, le souvenir de ton amour pour moi, ça m’aidait à avancer. Tu m’appelais « ma petite gazelle » lorsque tu me voyais courir dans la campagne, légère comme un papillon, tu disais que mon rire était semblable à une cascade fraîche dévalant les vallons ! Tu m’as tellement manqué, mon Papa, toi si solide, mon chêne, mon roc ! J’étais comme un oisillon perdu loin de son nid…Je ne savais plus qui j’étais, tu n’étais plus là pour m’aider à construire ma vie, pierre après pierre. Maman n’était plus « ma » maman. Elle était devenue comme une inconnue pour moi. J’avais l’impression, jour après jour, d’être face à un Tribunal qui jugeait le moindre battement de mes cils. Tous ces gens, je les détestais. Je n’avais qu’un désir, m’envoler à tire - d’ailes dès que l’occasion se présenterait. J’avais une telle soif de ressentir sur ma peau le souffle de la brise, de m’emplir les poumons de l’odeur fraîche de l’herbe mouillée après la pluie, d’entendre le murmure du vent de la liberté… Si tu savais comme c’était dur pour moi d’être confinée dans ce lieu malodorant, parmi des gens pareils à des robots, qui subissaient toutes sortes de frustrations avec l’air béat de Saints face à l’image du Christ. Parlons-en de leur « Grand Maître », celui à cause duquel j’ai été privée de l’amour maternel ! Jamais je ne leur pardonnerai, ni à lui, ni à ma mère… Je ne sais pas ce que tu es devenu depuis tout ce temps, je devine que tu as dû beaucoup me chercher, que tu étais très malheureux… Je sais que nous allons bientôt nous retrouver, mon petit Papa, et la boucle sera bouclée. Ce sera une seconde naissance pour moi.

Je vais essayer de te faire parvenir cette lettre, pourvu que tu habites toujours chez nous… Chez nous ! Ces deux mots, lorsque je les écris, réchauffent mon cœur, ce cœur semblable à une horloge arrêtée depuis longtemps et qu’on vient de remonter pour lui redonner vie… Je me suis enfuie avec deux garçons qui sont aujourd’hui mes béquilles, sans eux je n’aurais pas pu survivre. Et dans cette aventure un vrai conte de fée, notre carrosse est une vieille 2CV, la même que celle de Pépé Joseph ! C’est cette voiture qui nous offre notre indépendance aujourd’hui. Une vie libre, voilà ce que je possède à jamais !

Ta fille qui t’aime

Ophélie.

Entraves et Liberté

Ophélie était, des trois jeunes gens, celle qui était restée enfermée le plus longtemps. Les deux garçons, copains de lycée, avaient fugué ensemble en fin de classe de première, à l’âge auquel la révolte contre les parents entraîne de grosses bêtises. A vingt ans à peine, et après une fugue de quelques mois dans les sous-sols parisiens, ils venaient de passer malgré eux plus de deux ans avec la communauté. C’est au début de leur périple en deux-chevaux qu’ils avaient raconté à Ophélie comment un rabatteur du Grand Maître les avait repérés sur les quais du Métro Parisien, là où ils s’étaient rapidement réfugiés après avoir fui l’Internat du Lycée. Ils s’étaient joints par curiosité à deux ou trois personnes qui écoutaient le discours racoleur de cet homme de belle apparence, ils avaient hoché la tête pour approuver ses paroles, lui avaient souri, avaient échangé entre eux des regards complices : la perspective d’être logés et nourris gratis, de pouvoir enfin se doucher, les avait décidé à le suivre. Ils ne savaient pas que le besoin de plaire à cet inconnu les conduirait en définitive vers une restriction de leur liberté individuelle. Ils en avaient un peu assez de se cacher, de faire la manche pour manger, de se laver rarement. Etre libre, un rêve enthousiasment, mais la pénibilité de la vie de SDF leur sautait maintenant au visage. C’est ainsi qu’ils s’étaient retrouvés dans la voiture de l’homme, en route vers les montagnes vosgiennes, vers un lieu sans nom, loin de leurs familles et de la civilisation.

Leur enthousiasme du début s’était brutalement envolé lorsqu’ils avaient réalisé qu’ils étaient véritablement prisonniers, surveillés à tout moment par les gardes du corps qui gravitaient autour du « Grand Maître ». Leur situation s’avérait bien pire qu’à l’Internat de leur Lycée parisien : peu de possibilités d’échanger avec les autres jeunes, de la nourriture juste suffisante pour ne pas mourir de faim, et surtout cette obligation d’étudier des prières et des mantras qui leur faisait regretter les cours de Maths ou de Français de leur professeurs ! Et même s’ils ne voulaient pas l’avouer, ils souffraient d’être privés de leurs familles. Pour qu’on les laisse tranquilles, ils jouaient le jeu de la Communauté : c’était la seule manière de ne pas subir de réflexions ou de punitions…Comme elle était loin, cette Liberté recherchée en fuguant !

Ophélie était heureuse d’être avec ces deux copains, si forts, si courageux, qui la faisaient rire ! Il y avait tellement longtemps qu’elle n’avait pas ri, elle avait presque oublié que ça existait, le rire… Ils essayaient de se diriger vers le Midi en empruntant le plus possible des petites routes pour éviter de rencontrer des gendarmes. Antony leur prouvait jour après jour ses talents de chauffeur. Thomas prenait parfois le volant, ça ne rassurait pas la jeune fille. Il n’était pas un expert de la conduite. En outre, Ophélie ayant fait de la banquette arrière son domaine, il lui adressait constamment dans le rétroviseur des regards énamourés au lieu de se concentrer sur la route. Elle avait un véritable talent pour commenter avec humour et une note de poésie la beauté des paysages traversés, ce qui agrémentait leur voyage et les réconciliait avec la Liberté enfin retrouvée. Elle avait même composé quelques strophes à la manière de Paul Eluard pour décrire leur périple et évoquer leur amitié. Ils déclamaient tous trois ces vers à tue-tête, enthousiastes, tout en avalant les kilomètres :

 

« Sur les journées de souffrance

Sur l’espoir et l’insolence

Sur les rêves de nos consciences

J’écris ton nom

 

Sur le passé effacé

Sur la lumière éclatée

Sur l’infini espéré

J’écris ton nom

 

Sur les prairies les bosquets

Sur les fruits acidulés

Sur les insectes dorés

J’écris ton nom

 

Sur cette chaude amitié

Sur le besoin d’être aimés

Sur notre Trio sacré

J’écris ton nom

Liberté »

 

Ils roulaient maintenant au milieu de roches rouges impressionnantes, ils sentaient déjà l’air de la mer. Bien sûr, ils devaient s’arrêter de temps en temps pour faire la manche, avec plus ou moins de succès, mais jusqu’à maintenant ils avaient pu mettre un peu d’essence dans la voiture, et s’acheter du pain, en complément des quelques fruits cueillis sur le bord du chemin. Ils avaient l’intention de rejoindre un oncle d’Antony, qui possédait une ferme dans la vallée de la Roya. Installé là depuis sa jeunesse, il élevait des chèvres, et vendait sur les marchés de la région ses légumes bio et de délicieux petits fromages qui avaient fait sa réputation. Antony était venu deux ou trois fois les étés précédents pour l’aider, bien sûr, mais aussi pour aller se baigner parfois sur la côte avec les jeunes voisins. Il était certain qu’ils seraient bien accueillis, tous les trois, et que le brave homme les aiderait à faire un retour vers une vie plus normale, sans émettre de jugement sur leur fugue. Il servirait de lien avec leurs parents, qui seraient sans doute heureux d’avoir enfin de leurs nouvelles. Ce serait peut-être le début d’une nouvelle vie…

Libre

Voilà quelques jours que le Trio avait débarqué chez Jean-Claude, le « Tonton » comme tous avaient convenu de l’appeler. Ils se souviendraient longtemps du visage à la fois étonné et soulagé du cinquantenaire à la vue de la Deuch et de ses passagers. Il savait que son neveu avait fugué depuis presque trois ans, et que ses parents désespéraient de le revoir vivant. Et soudain, le voilà, et en bonne compagnie ! Antony avait sauté dans les bras de son oncle, les yeux brillants d’émotion. Jean-Claude n’en revenait pas de voir ce grand jeune homme, lui qui était encore un enfant lorsqu’il était venu apprendre à s’occuper des chèvres, sur les conseils avisés du Tonton, quatre ans plus tôt. Jean-Claude les avait accueillis avec sa gentillesse habituelle, mais rapidement ils avaient dû lui faire un résumé des dernières années, tellement il était curieux de tout savoir. Il leur avait fait téléphoner avant tout à leurs parents, c’était la condition sine qua non de leur hébergement chez lui. Après beaucoup d’émotion et de larmes de tous côtés, Jean-Claude avait prévenu la Gendarmerie de Breil-sur-Roya, afin que les recherches sur les jeunes gens soient abandonnées. Bien entendu, ils avaient été convoqués par les Gendarmes pour décrire en détail leur fugue, et surtout le temps passé dans la Communauté Religieuse. Ophélie en voulait à sa mère, mais elle ne souhaitait pas, cependant, lui attirer d’ennuis. Elle avait du mal à s’avouer que sa propre liberté ne pourrait exister qu’au détriment de celle de sa mère. Le Brigadier l’avait un peu rassurée lorsqu’il lui avait fait remarquer que sa mère était, elle aussi, une victime du gourou…

A la suite de leurs coups de fil, les parents - sauf Jeanne, par la force des choses – étaient venus rapidement retrouver leurs enfants. Tous ensembles, ils avaient beaucoup discuté à cœur ouvert, pour tenter de comprendre les motivations et les attentes des jeunes : pourquoi cette fugue ? Qu’espéraient-ils de la vie ? Pourquoi n’avoir pas donné de nouvelles ? Comment était leur vie au sein de la communauté ? Les questions fusaient de toute part. Les trois jeunes, tirant des leçons de leur vécu depuis l’abandon de leurs foyers respectifs, étaient certains de plusieurs choses : ils voulaient vivre libres, ensemble, se motiver pour atteindre un but commun : construire leur vie en harmonie avec la nature ! Le Tonton se mêla à la discussion : puisque Antony savait s’occuper des chèvres, il proposa aux parents d’installer les jeunes dans une grange qu’il possédait dans la montagne ; il leur cèderait un petit troupeau de ses bêtes, et leur apprendrait les bases du métier : être éleveurs de chèvres, fabriquer des fromages qui se vendaient plutôt bien sur les marchés et dans les restaurants du coin, cultiver des légumes bio… L’idée était lancée, il fallait attendre que la proposition mûrisse dans l’esprit des ex-fugueurs, et que les parents les aident financièrement, au moins pour leurs débuts. On pouvait leur faire confiance, ils avaient déjà prouvé qu’ils avaient de la volonté, qu’ils s’entendaient bien, et que la nature les attirait vraiment. Après tout, pourquoi ne pas essayer ?

- une question, Tonton : où se trouvent cette grange et le terrain que tu nous laisserais ?

- mes petits, je vous le donne en mille, à vous qui aimez la liberté plus que tout : c’est un hameau un peu plus haut dans la montagne, un lieu vraiment fait pour vous ! ça s’appelle… Libre !

 

Annie TIBERIO

 

 

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Publié le 29 Décembre 2021

VIVRE AU MILIEU DES COQUELICOTS, quatième et résumé

4ème DE COUVERTURE :

Une jeune vie éprise de liberté peut-elle survivre dans un monde fait de contraintes ? Tout mettre en œuvre pour accéder à une liberté en symbiose avec la nature, ce sera le but de trois jeunes gens embrigadés malgré eux dans une communauté religieuse. Ils vont unir leurs forces pour échapper au destin qui les a conduits là contre leur volonté, et connaître le bonheur de construire leur vie future selon leurs souhaits, dans un lieu au nom prédestiné…


 

RÉSUMÉ :

Après une enfance heureuse auprès de parents proches de la nature, une ado est emmenée contre sa volonté par sa mère dans une secte dont elle est adepte. Elle y passe plusieurs années, et y fait la connaissance de jeunes gens dans sa situation. Un beau jour, elle parvient enfin à s’enfuir, mais est rattrapée assez rapidement par des membres de la communauté. Deux d’entre eux, des garçons de son âge, vont la délivrer et l’accompagner dans sa fuite. C’est une équipée à trois à travers la France, au cours de laquelle ils vont apprendre à se connaître et comprendre qu’ils ont le même but : vivre en liberté dans la nature. C’est aussi pour eux la découverte que leurs familles les soutiendront dans leur projet de vie future en montagne.

 

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Publié le 28 Décembre 2021

LIBRATI LIBRATOI

QUATRIÈME DE COUVERTURE :

 

Les souffles, les vents, les voiles sur les chemins de Fanny sont entremêlés dans des filets. Telle Arachné, elle croyait maîtriser et tricoter sa toile mais les illusions et vanités ont rencontré les tsunamis et la tectonique des plaques.

Fanny Librati devenue philosophe savoure en alternance jours de miel et jours d’oignon. Elle est bercée par sa mémoire qui rembobine les images et elle vit parfois avec les disparus.

 

LIBRATI LIBRATOI

 

LI – BER – TÉ, point d’interrogation –

Mot de trois syllabes, jeté, craché, hurlé, scandé pour une adolescente en mal de vivre.

Ses repères ou ses pères ?

Ses limites ou ses mère ?

C’est un vocable océanique pour se noyer. Je vais apprendre à nager d’abord et les frontières de mon corps vont se préciser et m’aider à définir ces trois syllabes comme un espoir de longue route. Les rivages, les rochers, les ports et les lois humaines qui accompagnent chaque brasse et vague de ce mot océan ma contraignent à souffler et m’exercer de plus en plus.

 

Ce mot gravé, peint, sculpté, qui guide et met en marche tant d’armées, qui fait couler tant de sang a vieilli avec mon siècle. Il est accompagné de ses confrères Égalité et Solidarité mais c’est mon sang qui le fait vivre. J’ai tant creusé et cherché avec mes contemporains, j’ai tant transmis l’amour de cette musique à trois temps qu’elle se confond avec mon rythme cardiaque et parfois, j’ai besoin de transfusion. Alors, dans ma prison thoracique, je ne le cries plus ce refrain.

Je le susurre, je lui souris et lui fais danser la valse de mes pas sur des sentiers inconnus que je voudrais enchantés.

Feu rouge. STOP. ARRÊT.

Au pas camarade, la liberté guide nos pas. Le secret de la liberté, c’est la LIBRAIRIE.

Qui parle ? Son nom de famille détermine sa vie et la ponctue d’épisodes qui paraissent si décousus à ses interlocuteurs qu’elle doit chaque fois leur rappeler :

– Je m’appelle Fanny LIBRATI non pas Liberté, ni Libertaire, L-I-B-R-A-T-I.

L’autre jour, son corps sain, libre, scandait sa pensée au pas d’une valse étourdissante. Mais aujourd’hui, l’étourdissement devient fièvre. Fanny Librati, libre à toi maintenant.Fanny mesure 37°8 – 38°. Stop à la danse, viennent les tremblements, les vertiges, la tristesse et la peur.

– Ah ! Que n’ai-je été plus prudente hier soir, j’aurais dû me couvrir.

Alors vite, eau chaude, jus de citron, sucre, rhum ‘‘Négrita’’ viennent au secours.

Le grand lit défait s’offre à elle, elle devient un paquebot rentrant au Havre après une longue traversée. Ses lèvres sont mêlées aux draps froissés, vagues gelées de coton blanc. Ses chers livres, sauveurs de toujours, ce sera pour demain.

 

Nuit, matin, résurrection, gestes de somnambule sur mer calme.

Les livres sous la main, non pas ce gros, trop lourd. Fanny mesure sa liberté.. 38°.

Le petit livre, titre : Lettres de la princesse Palatine, avec sa belle couverture, vient clarifier son choix. Elle le prend, c’est Versailles au XVIIe siècle ou le château de Saint-Cloud.

Elle boit son lait chaud ; les lettres de Liselotte, c’est le surnom de la princesse Palatine, l’entraînent dans la forêt de Saint-Germain, elle chevauche près du grand Louis. Le Roi-Soleil fait battre son violon vital aux cordes distendues, cet organe cardiaque.

Elle tourne les pages au galop, les chiens de a meute l’accompagnent et ravivent ses émois. Elle a faim, la tartine beurrée devient délicieuse. Elle remesure 37°5, la fièvre baisse.

Elle entre dans la galerie des Glaces, il y a bal, madame de Maintenon ne l’aime pas mais Fanny s’en moque, son cœur bat la cadence de la vie et demain elle retournera à l’École de la Pensée Libre, du Libre arbitre, elle grandira, la petite Fanny Librati.

 

Les premières années d’automne sont passées, entrecoupées de fièvres, de rêveries. Fanny traîne trop sur son lit, son nom de famille martèle ses tympans, toujours Liberti mais sa jambe enflée et sa double tendinite freinent ses décisions et ses actions.

L’autre jour, dans la correspondance de la princesse Palatine, elle avait galopé à pa chasse du grand Roi. Les couleurs fauves, jaunes, rouges des feuilles enflamment son esprit embrumé à 37°8. Vallée de Chevreuse, forêt de Fontainebleau ou Rambouillet sont devenues des pays impossibles pour sa santé défaillante. Elle ressent avec nostalgie son énergie fragile, elle devient feuille morte dans le vertige de sa chute.

Ses amis sont partis en Grèce et à Thessalonique, ses enfants ne peuvent entendre la mélancolie de sa voix et elle se le reprocherait. Elle ne téléphone pas. Elle se lève, fait des torsions de chevilles, elle a mal mais il le faut.

 

Le club de randonnée organise une marche trop escarpée, elle hésite, elle craint de gêner le groupe avec sa douleur. Mais il n’y aura pas de grand dénivelé, elle pourra s’arrêter si elle souffre. Elle se souvient qu’adolescente, en Angleterre, sa chute sur la patinoire avait ouvert des connaissances et des rencontres riches d’expérience. Alors, c’est décidé, elle ira en rando. Elle confirme son choix par téléphone et prépare son sac et son pique-nique pour le lendemain. Ensuite, elle tend la main vers un livre qui évoque la Grèce, là où sont partis ses amis. Les Aventures de Télémaque, quelques pages et elle rejoint l’Olympe.

La fièvre a baissé un peu et la tendinite ne décidera pas de son avenir. Elle est encore libre Fanny et petite feuille gracile ne rejoindra pas encore le composte de la forêt.

 

Après ses déprimes, sa tendinite ankylosante, ses lectures des XVIIe et XVIIIe siècles ont produit l’effet thérapeutique désiré. Fanny a très faim, le bon pain croustillant et le beurre breton donnent à la tartine un effet magique, surtout trempée dans le café, l’énergie de l’enfance ressuscite. Ses souvenirs se bousculent et sa copine de lycée réapparaît nettement.. Vite ce désir s’enfle tout en étalant du beurre sur une autre tartine plus grosse.

Cela devient obsédant, alors elle veut vérifier sa mémoire, elle veut voir Gisèle, son amie en classe de seconde. L’album dans le tiroir fait défiler toutes les photos de classe et ensuite Gisèle apparaît seule sur une photo de vacances. Fanny ne voit pas son visage mais son cul. Gisèle était si fière de sa plastique. Elle faisait tourner toutes les têtes avec son déhanché à la Brigitte Bardot. Toutes les filles voulaient lui ressembler. Fanny l’enviait, elle avait parfois des pulsions jalouses qui la paralysaient. Heureusement, elle était plus intellectuelle et fascinait par ses connaissances philosophiques si élaborées.

Cette photo de 1963, la chevelure blonde de Gisèle entourée d’herbes folles, sur cette dune landaise, ses fesses qui réveillent une gourmandise sensuelle, telles des flans d’un artiste pâtissier, son nez mutin, oui, Fanny se souvient de ce nez frémissant même si la photo est prise de dos. C’est sûrement son amoureux de l’été qui avait pris ce cliché.

 

Fanny se ressert un bol de café, elle arrête de manger, elle n’est pas comme Gisèle. Elle est ronde comme sa mère et sa grand-mère. Il faut faire un régime.

Elle tourne la page, toujours le même album. Ce n’est plus 1963 mais 1968, alors Fanny se sent bien plus légère. Bernard, son fiancé, avait photographié la ‘‘Dedeuche’’ achetée d’occasion. Il l’avait repeinte en rose. Elle venait de passer son permis et n’avait pas encore décollé le 90 des débutants à l’arrière. C’était le mois d’avril et les fleurs sur les arbres faisaient la fête. Elle avait réussi à perdre quelques kilos son jean la moulait comme il faut. Elle le constatait aux regards bienveillants des copains de Bernard.

Avec les premiers rayons de ce printemps, elle avait décapoté la 2CV et l’avenir pétillait comme le champagne qu’elle allait boure avec Gisèle qui s’était déjà mariée et avait deux enfants. Sa silhouette ne faisait plus rêver mais pour Fanny la tendresse résistera tout au long de leur vie.

Bien après mai 68 qui avait chamboulé toutes les relations de leur génération, le mot LIBERTÉ sera scandé sur tout les tous.

 

Après l’invasion des souvenirs 1963 – 1968, Fanny revient dans son présent chronométré. Avec un sursaut d’énergie, elle débarrasse la table, range les albums photos et cherche l’adresse de Gisèle. Dans son répertoire si coloré elle cherche fébrilement G.. G.. G.. Gisèle – Paris 15eme. Non, trop facile après ce désert de tant d’années, elle va lui écrire, elle verra bien si la lettre lui revient.

 

Chère Gisèle, ‘‘Fille de l’Air’’,

 

C’est comme ça que je t’appelais. Tu m’appelais ‘‘Rose des sables’’.

Mes narines sont encore frémissantes de l’odeur de la terre rouge après l’orage, dans le sud de la France, notre dernier camp de vacances. Nous aimions nous laisser porter par le vent violent et nos rires en grelots tintaient dans la tornade. Nos corps étaient tendus tels des arcs prêts à lancer leurs flèches vers un avenir romanesque et échevelé.

Notre professeur, mademoiselle Guillemin, nous avait abreuvées de lectures de Rousseau, ‘‘Les Rêveries du promeneur solitaire’’.

Ce sud évoquait pour moi le désert, le sud algérien et les dunes sahariennes que mon père décrivait, lieu de son enfance. Mais une sirène avait retenti, c’était un bateau qui rentrait au port et nos imaginations s’étaient enflammées comme la mienne aujourd’hui.

Un autre souvenir me rapproche de toi. C’était l’hiver, Gisèle, et tu aimais tellement manipuler le soufflet sur les braises de la cheminée de ta grand-mère, celle qui vivait dans l’Oise et nous faisait des crêpes à Carnaval.

Ma chère Gisèle, ma ‘‘Fille de l’Air’’, cette plante qui vit en boule, accrochée hors sol, sans terre.

J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé avec tes deux enfants que j’ai connus petits, en 68. J’espère aussi que tu répondras à ta copine Fanny la ‘‘Rose des sables’’.

En outre, si la santé nous le permet, nous pourrions nous rencontrer cet été et déguster une tranche napolitaine aux couleurs de l’arc-en-ciel.

 

Que le vent de l’amitié transporte mon désir ardent de te revoir. Je te raconterai tout.

 

Fanny, ta ‘‘Rose des sables’’

 

Après quelques semaines, grèves de la Poste, changement d’adresse de Gisèle, une grosse enveloppe en papier kraft, recommandée, ressemble à un cadeau. Fanny regarde David, son mari, qui dit : « Tu reçois des romans maintenant ! », et il part jouer aux cartes avec ses potes. Fanny s’installe dans son fauteuil bien avachi tout en caressant le chat qui, lui, frotte le dossier en cuir comme un champion d’escalade.

Dès les premières pages de l’écriture de Gisèle, Fanny doit se servir un verre de Bordeaux pour atténuer le choc des révélations. Toutes ces années de partage intime avec Gisèle, elle n’avait pas deviné.

Pourtant le tatouage numéroté sur le bras de sa mère, oui la maman de Gisèle portait toujours des manches longues, mais Fanny l’avait surprise un jour à la piscine. Elle ignorait aussi que Gisèle était plus âgée, elle était de 1942. Comme elles étaient dans la même classe, elles n’en parlaient pas.

Ce silence de Gisèle, c’était de la pudeur sur la vie et les souffrances de sa mère rescapée de Birkenau et de la mort de son père et de ses deux grands frères dans un four crématoire. Elle, Gisèle, avait été confiée à des paysans dans le Mercantour, des Justes comme on dit maintenant et c’est ainsi qu’elle a survécu. C’était une ‘‘enfant cachée’’.

Fanny comprenait mieux le désir de plaire effréné de Gisèle, son exhibitionnisme parfois, comme les fesses à l’air de cette photo avant son mariage. Fanny culpabilise un peu, elle se croyait sensible et intuitive mais elle n’avait rien perçu de la détresse de Gisèle, occultée par ses postures de séduction excessive. Gisèle avait fait écran aux questions intrusives de son entourage. En même temps elle protégeait sa mère qui, rescapée de l’enfer, révélait parfois une gestuelle morbide qui lui collait à la peau.

 

Fanny se ressert un verre, elle est sonnée. Le chat se pose et ‘‘sphinx’’ et la scrute.

Elle relit encore jusqu’au soir l’enfance cachée de Gisèle. Il y a un numéro de téléphone. Elle va pouvoir appeler, demain ou dans une semaine, le temps de digérer ce passé non composé simplement ignoré.

David revient d esa partie de cartes.

– Mais que t’arrive-t-il Fanny, tu es décomposée.. Et ces larmes, pourquoi ?

– David, la vie est cruelle, cruelle est la vie. Je me croyais bonne mais non, conne ! Ma belle Gisèle, celle qui plaisait tant et que je jalousais, mesquine que je suis, est une grande dame avec une âme et des sentiments aussi colorés et délicats que les ailes des papillons que tu collectionnes. C’était mon amie, ma sœur, et je n’ai pas su la consoler. Après son mariage, quand je l’ai revue grossie, je m’en suis presque réjouie, tu t’en souviens David, avec la 2CV rose en 1968 ?

Je suis une lâche, une pourrie, une moins que rien, une horrible jalouse et toi aussi David, tu n’as rien compris, tu la prenais pour une allumeuse, une pute, ma pauvre Gisèle. Comme je vais la gâter, la sortir maintenant que nous sommes à la retraite.

Elle va venir ici à Paris et nous allons faire les magasins, les restaurants, les théâtres, les expos…

Quoi ? Que dis-tu ? Mais non mon arthrose ne me fait plus souffrir.

Arrête de me regarder comme une vieille. J’ai quinze ans et Gisèle à peine dix-sept.

 

Les souffles, les vents, les voiles sur les chemins de Fanny sont entremêlés dans des filets. Telle Arachné, elle croyait maîtriser et tricoter sa toile mais les illusions et vanités ont rencontré les tsunamis et la tectonique des plaques.

Fanny Librati devenue philosophe savoure en alternance jours de miel et jours d’oignon. Elle est bercée par sa mémoire qui rembobine les images et elle vit parfois avec les disparus.

 

Fanny Librati est libre pour sa prochaine MÉTAMORPHOSE.

 

Dona ROUAH-JABIN

 

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Rédigé par Dona

Publié dans #Liberté

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Publié le 23 Décembre 2021

CHEVAL FOU… OU PAS !!!

QUATRIÈME DE COUVERTURE

Jeune séminariste un peu naïf sur les choses de la vie, Jacques se trouve confronté a un héritage qui va le perturber. Un vieil homme lui lègue une librairie et l'anarchie qui va avec.

Désemparé, il va se rapprocher d'un ami d'enfance pour lui demander conseil. Marc n'est pas étouffé par la foi et il lui conseille de fuir les chaînes de la religion pour s'ébattre, tel un cheval fou, dans l'avenir qui s'offre à lui.

Marc est-il vraiment un ami ? Que valent ses conseils ? Que va choisir Jacques ?

 

RÉSUMÉ

Jeune séminariste, Jacques se rend aux obsèques d'un vieil homme qui a beaucoup compté pour lui dans son enfance. Celui-ci, plus libertaire que libraire, lui a légué son magasin, le poids des mots, la magie des textes, mais surtout ses idées bien ancrées sur la liberté.

Jacques se trouve fortement perturbé par cette situation, trop nouvelle pour lui, et qui l'oblige à envisager une forme de vie qu'il n'a pas l'intention d'adopter.

Totalement désorienté, il décide de se rapprocher d'un ancien camarade de classe pour lui demander conseil. Son ami, Marc, établi comme brocanteur, habite dans un local situé au bout d'une ruelle sans nom, perdue dans une banlieue triste à mourir.

Hélas, Marc, qu'il n'avait pas revu depuis des années, ne semble pas prendre en considération les soucis de celui qui avait été son congénère et se contente de conseils évasifs. Il lui suggère, néanmoins, de profiter de l'occasion pour s'évader des contraintes de la religion, et de galoper comme un cheval fou vers une liberté inespérée.

Quittant la brocante, encore plus indécis que quand il y était entré, Jacques, seul dans cet environnement où la nuit commence à faire valoir ses droits, se trouve confronté à un personnage étrange. Une femme, à bord d'une deux chevaux rose, lui fait des propositions à faire rougir un escadron de hussards et, telle une devineresse échappée d'un sabbat de sorcières, cette créature le met en garde contre lui-même et lui prédit que toutes les questions qu'il se pose vont lui emmener des réponses qui vont lui faire très mal.

Finalement pris de remord Marc se rend à l'hôtel où loge Jacques. Celui-ci faisait ses bagages. Ils commandèrent un café et après mûres réflexions, ils tombèrent d'accord sur le fait que la liberté des uns n'était pas forcément bonne pour les autres.

Jacques va reprendre le chemin qu'il n'aurait jamais dû quitter, et retrouver une forme de liberté qui s'appelle sérénité. Il ne sera jamais un cheval fou lâché dans l'inconnu. Il va se réfugier dans un univers où l'encens et la lueur des cierges lui feront miroiter le monde auquel il croit et où il se sent bien.

 

CHEVAL FOU… OU PAS !!!

 

Mot d’un jour, livre de toujours

Je ne voulais pas venir. J'ai longtemps hésité, mais j'ai cédé au besoin de le voir une dernière fois. François dormait de son dernier sommeil dans son cercueil qui trônait, conformément à ses dernières volontés, au milieu de ce magasin qui, pendant de longues années, avait été son havre de paix.

Comme il le disait souvent, sa librairie était un immense océan, à la foi calme et turbulent et tous les ouvrages qui habillaient ses étagères représentaient des milliers d'îles où il faisait bon de se reposer.

Rappelle-toi, me disait-il, le secret de la liberté c'est ma librairie. Chaque page de chaque livre est une porte ouverte à l'évasion. Chaque mot que tu liras est magique et entraînera ton imagination sur un tapis volant. Ne te complique jamais la vie. Si on te donne de l'air, respire, si on t'accorde de l'eau, boit, si on te fait l'aumône d'un bout de pain sec, mange et si tes yeux sont submergés par un torrent de larmes..… nage !

Il ne fermait jamais sa librairie. Si on lui en faisait la remarque, ses yeux pétillaient et il nous répondait, je veux avoir la liberté de donner à celui qui manifeste la liberté de prendre. Comment refuser le savoir à celui qui veut s'instruire?

Tous ces souvenirs me ramenèrent à lui. Dans son attitude figée, revêtu du seul costume qu'il ait jamais eu, il me faisait penser à un seigneur qui impose le silence et la sérénité dans son domaine.

La famille avait déjà déserté le mausolée. Peu importe, ce calme m'allait très bien. Une odeur d'encens mêlée à la poussière et au vieux papier se mêlait à l'air que je respirais et j'avais l'impression de communier avec lui.

Dire que pendant longtemps je ne l'ai pas aimé. Il voulait m'imposer à tout prix le poids d'une liberté que je ne voulais pas. J'étais jeune, et donc pas prêt à assumer cette responsabilité envers moi même. Têtu comme un mulet qui marche en biais, il insistait et pour m'aider, il ouvrait ses bras, et tournant sur lui même dans une valse de sa composition, il me disait : prends, sers-toi aide ton âme à s'évader. Va au bout du monde et ne reviens pas. Je te l'ai déjà dit, ces livres sont magiques...

Eh oui !! magiques, tapis volants, et maintenant il est là, plus libre qu'il n'a jamais été, et moi, enfin.… je pleure.

 

Le choix… ou pas...

Je n'avais pas revu mon ami d'enfance depuis longtemps, mais la mort de François me posait trop de questions. Il fallait que je confie mon désarroi à quelqu'un qui passait plus de temps à réfléchir qu'à se précipiter pour dire des bêtises.

Marc s'était réfugié dans une espèce de placard fourre-tout, qu'il avait baptisé "sa caverne". Son placard donnait sur la rue, avec une vitrine pas vraiment sale mais certainement pas propre, à travers laquelle il était très difficile de se faire une idée de ce qui nous attendait à l'intérieur.

Il s'agissait, en fait, d'un magasin d'antiquités où il passait son temps à chercher des objets qui n'étaient venus jusqu'à lui que dans ses rêves. J'ouvrai la porte qui grinçait un peu, sans doute coincée par une goutte d'huile, ce qui fit tinter une petite cloche au son cristallin.

Après un court instant, Marc fit son apparition.

- Bonjours Jacques. Je ne te demanderai pas le motif de ta visite car, à ta mine de papier fripé, je devine de quoi il s'agit. Tu sais, j'ai su pour François, mais je n'ai pas osé aller le voir une dernière fois car l'avant dernière était vraiment trop ancienne et elle s'est perdue dans les méandres de la nuit des temps.

- Ne t'excuse pas Marc, je suis venu te voir car, comme tu t'en doutes, j'ai hérité de la librairie et je ne suis pas convaincu d'y avoir droit. Trop de souvenirs se télescopent dans ma tête et j'ai du mal à trier le bon du moins bon. Tu te souviens quand nous jouions à cache cache dans les rayons ? Nous renversions souvent des piles de livres qui encombraient les allées. Ces livres que François avait mit de côté pour les donner à qui voulait élever son âme. Des nuages de poussière prenaient leur envol et nous aveuglaient. Il faut dire que son magasin était au moins autant bordélique que le tien.

- Le rangement de mon gourbi est représentatif de l'importance que je donne au mot " liberté ". Chaque objet qui entre ici choisit sa place. S'il le veut, il peut se déplacer la nuit et aller trôner dans un autre endroit du magasin où il se sentira mieux. Comme tu vois, j'ai fait miens les conseils de François, quand il nous mettait en garde et qu'il nous apprenait à respecter les livres si nous ne voulions pas que les mots se vengent. Il disait que Dieu, avant toute chose, avait créé le verbe et qu'il ne fallait jamais l'oublier. Faute de quoi notre liberté serait en danger. De toute façon il va falloir que tu fasses un choix et ce choix n'appartiens qu'à toi. Tu as la liberté de choisir. Je connais beaucoup de personnes qui aimeraient bénéficier de la liberté de dire oui ou non.

- Je ne sais pas. Cette liberté de choisir me tord les boyaux et je nage dans l'inconnu. Marc ! Donne-moi une bonne réponse, je t'en prie.

- Une bonne réponse ? Mais une réponse à quoi ?

- Je ne sais pas. Donne-moi une bonne réponse et si elle me convient je trouverais la question qui va avec. Les mots de François me font peur, ils me pourchassent et certains me rattrapent malgré les efforts que je fais pour m'enfuir. Tu parles sans arrêt de liberté, mais ça n'est jamais qu'un mot abstrait qui ne parle qu'à ceux qui y croient. La liberté on devrait l'avoir au menu, en plat du jour. En salade fraîche et joyeuse ou à l'étouffée, boire un bon coup par dessus pour la noyer quand elle nous contrarie et la faire renaître le lendemain, en espérant un nouveau plat qui ne soit pas trop aigre.

- Tu veux beaucoup de choses Jacques. En réalité tu fuis ton avenir et tu cherches refuge dans ton passé qui, lui, ne veut plus de toi. Tu peux rester entre les deux et végéter dans un espace de médiocrité, mais ça ne regarde que toi. Que tu le veuilles ou non c'est encore une histoire de choix. Je respecte tes idées Jacques, mais si tu n'y vois pas d'inconvénients, je retourne dans mon trou où ma liberté, à moi, m'attend. Elle est si fragile que si je m'absente trop longtemps elle risque de se faner et... moi avec.

 

Interrogations

Jacques ne savait plus quoi penser. Il était perdu, noyé dans ses indécisions. Le poids de la culpabilité qu'il s'imposait et qui n'avait pas lieu d'être, allait l'écraser sans qu'il ne s'en rende compte. La visite qu'il avait rendu à Marc dans son trou, ne lui avait apporté aucun réconfort, et ses conseils pour atténuer l'angoisse qui le rongeait n'avaient produit aucun effet.

Il ne savait même pas où il se trouvait. Il marchait sans savoir où ses pas le conduisaient. Cette rue, qui serpentait entre des immeubles aux façades décrépies, et où s'entassaient des carcasses de motos et de scooters dépiautés par des marchands de pièces détachées, n'inspirait vraiment pas confiance.

Une pluie fine commençait à tomber et les lampadaires de ce quartier perdu essayaient de dispenser une lumière vaguement jaunâtre qui n'arrivait pas à combattre l'obscurité qui s'emparait, tout doucement, de la vie des hommes. Jacques se félicita d'avoir revêtu un imperméable par dessus son beau costume et de s'être chapeauté d'un "bibi" informe trouvé au fond de sa valise.

Tout à ses réflexions, il ne s'était pas rendu compte qu'une voiture roulait au pas, à coté de lui. Intrigué, il ralentit quand, de la voiture, une voix l'interpella.

– Alors beau gosse on est tout seul sous la pluie qui ne va pas tarder à se transformer en déluge ? Alors que ma belle deux chevaux rose est disponible et bien plus confortable que ce que l'on pourrait penser de prime abord ?

Jacques regarda avec plus d'attention cette femme à la voix éraillée de quelqu'un qui fume trois paquets de cigarettes par jour.

– Je vous remercie madame, mais votre magnifique voiture, que l'on pourrait classer en catégorie "collector " ne m'attire pas.

– Tu as tord mon beau. Une si belle opportunité ne se présente pas tous les jours. D'autant plus qu'il fait tellement chaud que j'ai préféré ne pas encombrer mon corps de vêtements superflus. Si ça te choque je peux te montrer mes fesses sur photo, comme quand on consulte un catalogue… Je t'ai remarqué car tu n'es pas à ta place ici. Cette rue n'est pas habitable pour ceux qui se posent trop de questions et toi ce sont les réponses qui vont te faire du mal. Si j'avais un parapluie je te l'aurais donné, mais pour les problèmes qui encombrent ta tête il ne te reste que la liberté de la pensée et encore méfie-toi d'elle, car elle est très difficile à apprivoiser. Allez ! Ciao et porte-toi bien.

La voiture et la paire de fesses virtuelle s’éloignèrent et se perdirent dans une nuit à la fois perfide et accueillante. La pluie qui commençait à tomber dru, faisait remonter du sol une odeur de terre labourée qui donnait l'impression d'être à la campagne, loin de cette ville sans âme où l'on à vite fait de se perdre.

Quelle journée… Jacques se demandait ce qui allait encore lui arriver. François dans son cercueil, Marc dans son trou à rats et moi accroché par une apparition, sans nom, dans un coin de ville proche d'un quelconque cercle de l'enfer de Dante.

Dire que j'ai passé la journée avec le mot liberté à la bouche et que je suis passé par une bibliothèque, où les rats ont toute liberté pour grignoter des ouvrages perdus dans des rayons inaccessibles, par le magasin de Marc où tous les objets ont la liberté de se balader à leur guise, et où j'ai été abordé par une femme nue dont le langage ne laisse aucun doute quand à ses intentions.

Mais, bon Dieu, si tu existes, dis-moi. Que t'ai-je fait pour que tu m'accables à ce point ? Ce matin j'ai mis mon plus beau costume bleu… Oui je sais !! Le seul que je possède. Mais quand même... une chemise blanche, propre, repassée et qui sent la lavande, une cravate noire en soie.. Excuse du peu !! J'ai été jusqu'à cirer mes chaussures, et ça ce n'est pas rien. J'ai respecté un mort, j'ai repris contact avec un camarade d'enfance que je croyais être un ami et maintenant ? Que vais-je faire ?

Liberté, liberté chérie, je crois que tu es un clou et moi le marteau qui tape sur ta tête. Je constate avec effroi, que tu t'enfonces à chaque coup dans un univers où je vais me perdre sans espoir de retour....

– Tu veux me dessiner un mouton ?

 

Marc avait du remord. Jacques était venu crier au secours, pensant recevoir un semblant de réconfort et lui l'avait gentiment éconduit en prétextant la sauvegarde de sa liberté. Si j'avais été un tant soit peu un garçon bien, pensa-t-il, je me serais penché sur ses problèmes, d'autant plus que j'avais été surpris par son comportement. Ses yeux étaient comme deux vitres sales. Son regard fuyait le mien sans vouloir s'arrêter nulle part. Sa face, pleine de tics nerveux, avouait un état de perdition et de déroute qui ne laissait aucun doute sur son état mental du moment.

La culpabilité qui m'accable fait que je n'ose plus me regarder dans un miroir car il ne résisterait pas à mon reflet et je n'ai vraiment pas besoin de sept ans de malheur. Je crois que je vais plutôt lui écrire et essayer de trouver les mots que devrait prononcer un vieil ami à un camarade dans la détresse.

Au milieu d'un fouillis innommable il dégota une feuille de papier, presque propre, et un bout de crayon publicitaire qui vantait un produit aussi ancien que les objets qui peuplent son antre.

 

Mon cher Jacques

Ne m'en veux pas, j'ai honte de la façon dont je t'ai reçu. Mais que veux-tu ! Lorsque la cloche du magasin a tinté je faisais la sieste et j'ai eu l'impression d'être réveillé par le carillon d'une cathédrale. Qui plus est, si mes souvenirs sont exacts, tes années de séminaire te dirigeaient plutôt vers la soutane que vers un complet veston. Mais bon ! J'imagine que tu as dû troquer ta foi contre une nouvelle liberté. D'ailleurs j'ai compris, en t'écoutant, que celle-ci, tout en étant ta priorité, t'obsédait au plus haut point car tu n'avais pas appris à t'en servir. Fait bien attention, la liberté c'est comme une roue que tu pousses devant toi. Si tu la pousses trop fort elle va prendre de la vitesse et tu ne vas pas pouvoir la rattraper. Par contre si tu peines à la pousser elle te fera obstacle et freinera ta progression. Je sais que je ne suis pas l'exemple le plus pertinent pour te donner ce conseil, mais comme on dit "faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais". Ce matin, avant que tu viennes, je me suis regardé dans un miroir, curieux de constater les effets du temps, et j'y ai vu un vieil arbre fatigué d'avoir supporté un été trop chaud, et redoutant de perdre ses feuilles à l'arrivée d'un automne manquant de clémence. Je suis déjà vieux et toi tu es encore jeune alors que nous avons le même âge. Nos horloges de vie ne doivent pas tourner à la même vitesse.

Mais je sais que toi tu es fort. Tu es armé pour faire face à tes tourments. Tu as choisi tes armes. Tu as laissé le bénitier de côté pour te battre avec le verbe, comme Dieu. Seulement, en ce moment Dieu ne fait que murmurer et le diable en profite pour hausser le ton, et le problème c'est que les hommes sont de plus en plus sourds et n'entendent que les voix qui portent.

Chose essentielle ! N'oublie jamais que la liberté est un leurre inventé par les hommes pour donner crédit à leurs envies. Ils ont rejoint Moïse et se sont octroyés le bénéfice de ce que pouvait leur apporter quelques divergences de la loi gravée dans le marbre de l'histoire. Les textes de ces lois vont et viennent suivant l'humeur du moment et certains disparaissent sans que l'on sache pourquoi. Ils sont vite remplacés par d'autres qui conviennent mieux à la situation que l'on a mise en place pour satisfaire aux puissants qui nous tiennent en laisse, et le mot liberté n'a vraiment plus aucun sens.

Ne néglige pas les mots, car si tu les oublies d'autres vont s'en emparer et créer des phrases orphelines qui seront laissées à l'abandon. Retourne vite à la librairie que François, dans un dernier élan de bon sens, t'as confiée. Tu y trouveras des mots qui chevauchent des mots et des phrases qui essaient d'échapper aux rats qui pullulent dans la réserve. Attrapes-en quelques-unes au passage et je suis sûr que tu finiras par y trouver les réponses que tu cherches et qui t’amèneront les bonnes questions qui vont avec.

Porte-toi bien

ton ami

 

Jacques

Jacques était songeur. La lettre que Marc lui avait fait parvenir ne lui apportait aucune solution. Tout au plus, une sorte de morale et un rappel à la réalité pour lui faire comprendre qu'il n'avait encore rien compris à la vie et qu'il serait temps pour lui, d'avoir les pieds sur terre. Cela ne le rassurait vraiment pas, car Marc était loin d'être un nigaud, et tout ce qu'il disait méritait d'être pris au sérieux.

Que faire ? Ses souvenirs du petit séminaire étaient encore vivaces. Les déplacements en rang, deux par deux, en silence, les yeux rivés au sol et l'esprit obligatoirement occupé par l'amour et le respect que l'on devait à Dieu et à tous ses saints, était la règle absolue. Heureusement, les récréations dans la cour du patronage, leur permettaient d'échapper aux chaînes du savoir et courir après un ballon leur procurait une sorte d'ivresse et l'illusion d'un sentiment de liberté.

Liberté vite cadenassée par le sifflet strident du père Pascal qui les rappelait à leur devoir. Il fallait vite rejoindre les rangs, retrouver leurs contraintes qui avaient fait semblant de les abandonner, baisser la tête et rejoindre en silence une salle de classe qui sentait la craie, la poussière et l'odeur des vieux livres que des centaines d'enfants avec, plus ou moins, de vocation avaient feuilletés de leurs doigts sales aux ongles noirs. Jacques se rappelait certains de ses camarades avec qui il avait créé une certaine complicité. Il y avait Paul, un grand maigre, qui n'avait pas sa langue dans la poche et qui prétendait tout connaître, on l'avait surnommé "l'asperge". Raymond était plutôt un petit gros, baptisé "bouboule". Il n'avait pas son pareil pour dénicher quelque chose à manger. Son flair pouvait donner des complexes à n'importe quel limier. André, par contre c'était le sérieux de l'équipe. Très légèrement fayot il adorait attirer l'attention sur lui. Pour plaire au père Pascal, il s'accusait des pires péchés que l'on pouvait imaginer. Sa confession durait une éternité, ce qui lui valait des heures de pénitence qu'il subissait avec humilité. Mais ça le remplissait de joie car le père Pascal le citait toujours en exemple.

On leur apprenait la liberté dans la foi. Seulement dans la foi. Rien ne permettait de déroger à ce principe. Il fallait croire point !!!! C'était toute l'éducation qui avait bercé la jeunesse de Jacques, avec pour ambition, la tonsure, la soutane, la barrette et qui sait… la pourpre. Après tout, d'autres y sont arrivés. L'aventure peut même aller plus loin. Pour peu que l'on plaise à ceux qui donnent les responsabilités les plus importantes et que l'on sache se faire apprécier… Prince de l'église ! Chaque fois que je regarde les films de Don Camillo je me dis que "l'espoir fait vivre".

Avec ça, les ors du Vatican, les gardes suisses, et tous les "Monsignori" qui encombrent les couloirs pesaient lourds, comparés à la librairie de François, avec ses étagères croulantes et ses rats aussi gros que des chats, tellement ils étaient bien nourris par le savoir qu'ils grignotaient avec une constance admirable. En définitive, la liberté que m'offrait François me faisait peur. Marc avait raison je ne connaissais pas le mode d'emploi. Toutes les voitures roses ainsi que les plus belles fesses du monde, avec ou sans catalogue bien documenté, ne me créaient que des réponses à des questions que je ne me poserais pas… pour l'instant.

Ma décision est prise. Je vais vite rejoindre mes contraintes et mes chaînes. Je vais essayer de négocier avec ce dieu qui, je le sais, me surveille du coin de l’œil, et j'irai à confesse avec conviction.

Fasse le ciel que je ne change pas d'avis.

 

Enfin !

Jacques avait, enfin, répondu à des questions qu'il n'avait jamais osé se poser. Son exploration du monde profane l'avait déconcerté à un point que ça avait failli lui faire oublier d'où il venait et surtout où sa vocation devait l'emmener. Il allait, vite, rejoindre ses chaînes d'acier enrobées de velours, là où il se sentait en sécurité et à l'abri d'un monde qui ne faisait rien pour ressembler à l’œuvre de Dieu. Vite ! Ma valise en carton bouilli et mes quatre pénates. Je laisserai le beau costume qui a fait illusion en certaine circonstance, dans un coin de la librairie que François m'a laissée en héritage. Si les rats n'en font pas leurs choux gras, je dirai à Marc d'en faire profiter un nécessiteux.

Le voilà. Il arrive à propos.

– Bonjour Marc tu arrives à temps, j'étais en train de faire mes maigres bagages pour retourner, bien vite, là ou mon avenir a décidé de m'attendre. Je ne veux pas le faire patienter plus longtemps.

– Voyons, Jacques, l'éternité a tout son temps, elle n'est pas à cinq minutes près. Quant à ton avenir… il te servira, peut-être, ou bien il décidera, peut-être, de t'oublier dans une petite paroisse perchée en haut d'une éminence montagneuse où il neige neuf mois par an. J'ai pourtant essayé de te donner le mode d'emploi pour profiter de la liberté que t'offre la civilisation à laquelle tu veux échapper. Je t'ai tendu la main et tu as failli me la mordre.

– J'ai failli mordre ta main, car je n'étais pas sûr qu'elle avait ses cinq doigts. J'ai voulu goûter à toutes les libertés que tu m'as proposées et j'ai presque perdu mon âme au coin des rues. En sortant d'une grotte obscure où un ami se terre comme un ermite qui préfère la compagnie des rats à celle des humains, je me heurte à une espèce de succube chevauchant un véhicule rose sorti d'on ne sait où et qui me prédit que les réponses à mes questions me feront mal. Crois-moi ! Je préfère mon enfer à ton paradis, je sais au moins, me comporter dans mon environnement et si je dois faire un tour au purgatoire le moment venu, je baisserai la tête et j'implorerai le Seigneur d'être clément envers un pauvre pécheur, et j'en profiterai pour prier pour toi. Tu vois, je ne suis pas rancunier.

– Ne me dis pas que tu crois au paradis, si mes souvenirs sont bons, tu as toujours été plus près de Darwin que du dalaï-lama.

– Regarde Marc, lève les yeux. Le ciel est bleu et malgré tout, il y a des nuages qui approchent. Il y a des nuages blancs, gris ou noirs. Si ça se trouve les blancs sont le paradis, les gris, le purgatoire et les noirs… pourraient bien accueillir les damnés. Oui, je sais on pourrait dire que je cache mes convictions derrière une parabole, mais c'est mon credo et j'y tiens !

– D'accord Jacques, tu as raison, tu n'es pas fait pour vivre notre liberté qui n'est, en définitive, qu'une prison, mais vois-tu c'est notre prison. Les anciens nous ont légué un mode de vie et nous en avons fait ce que nous en avons fait, c'est à dire pas grand-chose de bien. De nos jours nous subissons les conséquences de nos bêtises. Il faut dire que l’Église ne nous a pas aidés. Si l'hypocrisie n'avait pas habillé la foi, nous aurions pu être meilleurs. Mais voilà...

– Finalement, Marc, je t'avais mal jugé. Tu es meilleur que ce que je croyais. Tu es même récupérable. Je me tiens à ta disposition si tu veux venir à confesse. N'attends pas que l’Église me confie un évêché. Essaie de venir avant... Il est temps, je risque de rater mon train.

Je te dis au revoir ou adieu ? C'est à toi de voir, mon ami.

 

Fernand ARRIGO

 

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LIBERTÉ !

 

Liberté! Que représente ce mot ? Beaucoup et peu à la fois. Il peut être interprété de mille et une façons. On peut le placer dans une phrase, sans qu'il en soit pour autant, le centre du sujet, il peut représenter une grande idée qui ne germera jamais, il peut peupler les rêves de populations asservies à d'autres, ou bien n'être qu'un fantasme inaccessible au commun des mortels.

Ce mot devrait être le symbole d'un état contraire à la soumission. Malheureusement, les hommes ont décidé, depuis la nuit des temps, que seule la force et la domination procuraient, à certains, un sentiment qui faisait d'eux des hommes libres par rapport à ceux qu'ils avaient contraints.

Lassés de ce état de fait, certains peuples se sont sentis obligés de créer la démocratie, ce qui les a autorisé à générer quelques bains de sang, pour purger le pays et à se débarrasser des parasites dont les agissements étaient contraire aux bonnes mœurs. Ils en ont profité pour inclure " l'égalité " dans leur espérance d'un mode de vie meilleur. Un bon mot qui se plaît à rimer avec liberté, ce qui somme toute , n'apporte rien de plus, mais il faut le reconnaître, rien de moins.

La religion à vite compris qu'il était temps d'imposer la liberté de croire et qu'elle seule pouvait apporter la sérénité dans le cœur des hommes. Naturellement, un effort commun de tous était indispensable pour bâtir le temple qui permettrait de rendre grâce au Seigneur, créateur de toute chose, au nom de la fraternité. Un autre mot qui rime avec liberté.

En fait, la liberté devrait être un mode de vie qui permette , à tout un chacun, de vivre dans le bonheur pour la durée du court passage qui est le nôtre sur cette terre.

Hélas, jamais mot ne fut plus galvaudé que celui-ci. Les siècles passés en sont l'exemple et ceux à venir ne sont pas prêts de me contredire.

En conclusion, je pense que la liberté est une page blanche. On y trouve ce que l'on veut bien y écrire.

Malheureusement, au fur et à mesure que le temps passe, on s'aperçoit que beaucoup ne savent pas lire.

 

Fernand ARRIGO

 

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Rédigé par Fernand

Publié dans #Liberté

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Publié le 23 Décembre 2021

CHEVAL FOU… OU PAS !!! - Quatrième et résumé

QUATRIÈME DE COUVERTURE

Jeune séminariste un peu naïf sur les choses de la vie, Jacques se trouve confronté a un héritage qui va le perturber. Un vieil homme lui lègue une librairie et l'anarchie qui va avec.

Désemparé, il va se rapprocher d'un ami d'enfance pour lui demander conseil. Marc n'est pas étouffé par la foi et il lui conseille de fuir les chaînes de la religion pour s'ébattre, tel un cheval fou, dans l'avenir qui s'offre à lui.

Marc est-il vraiment un ami ? Que valent ses conseils ? Que va choisir Jacques ?

 

RÉSUMÉ

Jeune séminariste, Jacques se rend aux obsèques d'un vieil homme qui a beaucoup compté pour lui dans son enfance. Celui-ci, plus libertaire que libraire, lui a légué son magasin, le poids des mots, la magie des textes, mais surtout ses idées bien ancrées sur la liberté.

Jacques se trouve fortement perturbé par cette situation, trop nouvelle pour lui, et qui l'oblige à envisager une forme de vie qu'il n'a pas l'intention d'adopter.

Totalement désorienté, il décide de se rapprocher d'un ancien camarade de classe pour lui demander conseil. Son ami, Marc, établi comme brocanteur, habite dans un local situé au bout d'une ruelle sans nom, perdue dans une banlieue triste à mourir.

Hélas, Marc, qu'il n'avait pas revu depuis des années, ne semble pas prendre en considération les soucis de celui qui avait été son congénère et se contente de conseils évasifs. Il lui suggère, néanmoins, de profiter de l'occasion pour s'évader des contraintes de la religion, et de galoper comme un cheval fou vers une liberté inespérée.

Quittant la brocante, encore plus indécis que quand il y était entré, Jacques, seul dans cet environnement où la nuit commence à faire valoir ses droits, se trouve confronté à un personnage étrange. Une femme, à bord d'une deux chevaux rose, lui fait des propositions à faire rougir un escadron de hussards et, telle une devineresse échappée d'un sabbat de sorcières, cette créature le met en garde contre lui-même et lui prédit que toutes les questions qu'il se pose vont lui emmener des réponses qui vont lui faire très mal.

Finalement pris de remord Marc se rend à l'hôtel où loge Jacques. Celui-ci faisait ses bagages. Ils commandèrent un café et après mûres réflexions, ils tombèrent d'accord sur le fait que la liberté des uns n'était pas forcément bonne pour les autres.

Jacques va reprendre le chemin qu'il n'aurait jamais dû quitter, et retrouver une forme de liberté qui s'appelle sérénité. Il ne sera jamais un cheval fou lâché dans l'inconnu. Il va se réfugier dans un univers où l'encens et la lueur des cierges lui feront miroiter le monde auquel il croit et où il se sent bien.

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Rédigé par Fernand

Publié dans #Liberté

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Publié le 23 Décembre 2021

HISSEZ LE VOILE, quatrième de couverture

QUATRIÈME DE COUVERTURE

Le monde d’Aicha jeune femme afghane vient de s’écrouler par la prise du pouvoir des Talibans.

Elle refuse de subir le joug des hommes qui l’obligent à devenir une ombre, une femme objet.

Avec la complicité de sa famille, elle décide de partir, d’entreprendre un long voyage vers la liberté.

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Rédigé par Bernard

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Publié le 23 Décembre 2021

TRI-MARRANT

QUATRIÈME DE COUVERTURE

Fiction et friction

Mésaventures de Godric personnage de fiction affublé d'une épouse tellement grosse qu'il ne peut pas en faire le tour. Il est relégué en Italie par l'auteur sous le nom de Rodrico car il envisageait de s'écrire lui même la suite de ses péripéties. Chauffeur d'U, grutier, louvoyeur, mendiant. Retour à Nice en deux chevaux rose bonbon.

 

RÉSUMÉ

Moi ya n'a plus savoir ou est Godric. Zut, je me mets à parler comme lui. C'est qu'il m'en a fait voir ce loustic. Il s'est fait arrêter par la police avec un cadavre dans son taxi. Lui dire Abanien, pas bien parlé français, il est relâché mais convoqué le lendemain et mis en examen pour meurtre. Il s'explique : moi pas tué, si j'avais voulu, pas fait dans la voiture, demi journée pour nettoyer sang, taches pas parties. Il est quand même retenu mais arrive à s'évader. J'arrive à l'extrader en Sicile sous le nom de Rodrico. Sans un rond il fait la manche mais se fait voler le peu qu'il a par plus malin que lui. Sa femme énormément maigrie, qui le recherche, le retrouve, le récupère. Vivant de ses charmes, elle a acquis un petit pécule, et ils décident de revenir à Nice. Ils me demandent un rendez-vous. C'est aujourd'hui, je les attends en regardant par la fenêtre. A ce moment-là, j’entends d'abord puis vois arriver une deux chevaux rose qui se gare en enfumant une bonne partie de la rue. Je les reçois, mon épouse a préparé un bon café dont l'odeur est surpassé par le parfum de Mme Rodrico qui égale en intensité l'odeur des chiottes d'une station service dont le personnel serait en grève depuis plusieurs jours. Ils arrivent en conquérant, veulent reprendre à leur compte la suite de leurs aventures. Je les refoule brutalement et stoppe définitivement le déroulement de cette histoire. Sauf que, quelques jours plus tard, dans un petit village de l'arrière pays faisant face aux pistes de skis de Gréolières, j'ai failli me faire renverser par une deux chevaux rose pilotée par une amazone.

 

TRI-MARRANT

 

On ne devrait pas nier que la liberté de mouvement nous a toujours exalté. Dans notre esprit, nous l'associons à la fuite devant l'histoire, l'oppression, la loi et les obligations irritantes, nous l'associons à la liberté absolue, et pour trouver celle ci nous avons toujours pris le chemin de l'ouest.

 

Wallace Stenger, L'Ouest américain comme espace vital.

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Godric

Je m'appelle Godric, Je suis Albanien d'une petite contrée perdue au fin fond de l’Albanie. Je suis réfugié en France depuis, depuis… un certain temps. Je suis chauffeur d'un taxi hu-vert car je roule à l'électricité. Mon grand-père, lui, montait à cheval à hue et à dia. J'amène deux clients de Nice-est à l'aéroport. A mi chemin, à la place Masséna, un des deux clients me fait signe de m’arrêter, lui descend là, son ami continue jusqu'au terminus 2 de l'aéroport. Je m'arrête, fais signe à mon client qu'il peut descendre, que nous sommes arrivés, mais il ne bouge pas. Je bougonne en me disant : il attend que j'aille lui ouvrir la portière, mais il s'était endormi, je le secoue, voilà-t-il pas qu'il s'écroule, mort. J'appelle un agent de police, on a le choix, ils sont nombreux. Celui que j'interpelle n'a pas de chance, il aurait préféré que ce fut un autre. Là, il était peinard, il se dandinait d'un pied sur l'autre, alors que maintenant il est embarqué dans une histoire qui l'em..… Il bigophone à sa hiérarchie, et moi je perds mon temps. Heureusement je m'étais fait payer la course avant de partir. Des inspecteurs arrivent, ils m’interrogent. Moi dire Albanien, pas bien parlé français, explique course, un descendu Masséna, l'autre trouvé mort arrivant ici. Infirmiers enlever le cadavre et moi râler car banquette imbibée de sang. Comment faire pour nettoyer ? Poireauter encore une heure, réexpliquer mon parcours, rendu mes papiers, chercher clients à ramener en ville, pas trouver, journée de me…

 

Je reprends la main car le pauvre Godric ne saurait plus quoi faire. Je l'ai embarqué dans cette histoire sans qu'il le sache. J'espère que cet incident (un peu plus qu'incident quand même, il y a un mort) ne sera qu'un entrefilet dans Nice Matin de demain. De toute façon il n'a pas le temps de lire car il se décarcasse pour détacher la banquette arrière. Je l'entends râler comme si j'étais à côté de lui : Bordel, il a perdu au moins cinq litres de sang ce con ! Un peu rustre ce Godric, comme épitaphe il y a plus sympa. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que le lendemain il sera convoqué par la police pour complément d'informations. Et il va y aller tranquilos, la gueule enfarinée. Le lendemain j'arrive le premier, invisible, car je vais souffler les dialogues. :

L'inspecteur :

– Bonjour Mr Godric, je ne vais pas y aller par quatre chemin, je vais vous le dire tout de suite, incessamment sous peu, sans vous faire attendre : vous êtes supposé être l'auteur du coup de couteau et de ce fait vous êtes inculpé d'assassinat sur la personne dont on ignore tout pour le moment car aucun papier d'identité était en sa possession.

Godric :

– Moi pas tué, si j'avais voulu, pas fait dans la voiture, demi-journée pour nettoyer sang, taches pas parties.

– Mr Godric voulez vous téléphoner a Mme Godric pour l'avertir que vous êtes en garde à vue.

– Pas Mme Godric, ma femme Mme godiche, elle a deux mains gauches, laisse tomber assiettes, couverts, verres, casse tout. Elle a gros cul, obligée passer en biais les portes, WC repousser une cloison, sinon pas pouvoir s'asseoir, moi longs bras, mais pas pouvoir faire le tour, très jolie ma femme, moi aime beaucoup. Pas téléphone fixe, pas portable non plus.

– Je vais envoyer un homme à l'adresse notée sur votre carte d'identité pour l'avertir.

 

Pauvre Godric, les ennuis vont continuer pour lui, sa carte d'identité est périmée et il a changé d'adresse. Heureusement on ne lui a pas retiré son portable. Une heure après, toujours retenu, il demande à aller aux toilettes qui sont éloignées de la pièce où il est retenu. Un agent l'accompagne, lui ouvre la porte. Godric qui n'est pas un enfant de cœur le pousse à l’intérieur et verrouille la porte. Il trouve une sortie secondaire et se fait la belle. Et moi je me retrouve avec mon principal personnage qui se promène dans la nature et qui va faire conneries sur conneries. Bien réfléchi, pour le moment je le laisse se dépatouiller tout seul en espérant qu'il ne se fasse pas reprendre. Je vais faire intervenir un quatuor de mercenaires Caucasiens pour me le retrouver. En deux jours ils me le réincorpore dans le roman et pour les rétribuer je leur offre à chacun un cageot de nèfles. Godric fait profil bas, je lui procure une nouvelle carte d'identité au nom Gaglac, je supprime sa famille et le voilà célibataire, grutier dans une entreprise du bâtiment. Évidemment c'est un très bon ouvrier, il gravit vite les échelons et se retrouve à manœuvrer la grue, installé dans la guérite tout en haut. Il a le vertige cet imbécile, j'ai vraiment pas de bol avec mes personnages, je créé toujours des nuls, va falloir que je me concentre d'avantage. Je stoppe mon histoire. A plus.

 

Rodrico

Moi y a n'a plus savoir où est Godric. Zut alors, je me mets à parler comme lui. C'est qu'il me donne du mal ce personnage. Dès que j’arrête d'écrire il se tire, son vouloir de LIBERTÉ ne lui fait accomplir que des bêtises. Quand il est dans la mer... il revient vers moi, et quand je le réintroduis dans une histoire il veut encore se la raconter tout seul. Donc, il y a quelques semaines, après ses histoires de grues et de taxi, je l'ai naturalisé italien en ajoutant un « o » à son nom, puis je l'ai laissé vivre sa vie.

Le nouveau Rodrico est parti en Sicile. Je l'ai un peu oublié, repris par une nouvelle vie d'après confinement. Puis Mado me tire de ma léthargie, et je repars à la recherche de Rodrico. Mais, en y repensant, Rodrico a eu beaucoup d’ennuis avec sa grue (élévateur) tétanisé par le vertige et sa grue (sa femme) car en plus de sa clientèle payante, elle avait un amant, un athlète atèle qui lui, avait de longs bras. Après une enquête sérieuse de plusieurs jours je le situe dans les quartiers chauds de Cagliari sans une lire en poche. Les siciliens n'ont pas encore compris que la nouvelle monnaie est l'euro, ils sont pour les traditions. Donc, Rodrico sans un rond (dans ce cas le mot rond et international) essaie de faire la manche, dépose sa casquette par terre, et le premier tire-laine qui passe la lui fauche sans se presser, dans un geste tout a fait naturel. Et il pleut, il pleut. Bon prince je le dirige vers une place ou il y a des arcades, je le place dans la plus fréquentée. La foule passe sans le voir, il n'a même pas une cédille que l'on pourrait lui subtiliser en passant. Il pleure sur son passé, il voudrait bien retrouver ce semblant de LIBERTÉ qu'il avait en attendant les éventuels clients dans son taxi…

Tiens ! Une belle femme toute habillée de noir comme le veut la tradition sicilienne, sans doute pas très catholique, s’arrête. Cette belle femme regarde intensément ce mendiant qui s'obstine à regarder ses pieds, puis s'écrie :

– Godric, depuis le temps que je te cherche, regarde, j'ai tellement jeûné que j'ai perdu au moins quinze kilos. Tends-moi la main que je la prenne de nouveau, tu me reconnais : Mme godiche tu m’appelais, moi faire imbécile pour être tranquille, toi gros couillon, regarde-toi: crado, crevé, affamé, perdu. Ah mamamia, toi venir avec moi, moi t'aime toujours, maintenant toi pouvoir m'enlacer, ce soir libres de nous aimer en remettant plusieurs fois sur le sommier nos ébats.

RODRICO en baissant la voix :

– Fini Godric, maintenant Rodrico. Avec l'excuse que je ne travaillais pas, tu t'en es payé des mecs, les vieux moches, tu les faisais payer cher, surtout les montagnards, ça leur rappelait les escalades en rappel. Les jeunes bien sûr te reprenaient tout.

– Je n'y pouvais rien si tu avais les bras trop courts, c'est bien ce que tu disais, et ce n'était pas que les bras ….. Allez viens, je loue une chambre dans le bas quartier.

– Juste ce soir, parce que je veux être LIBRE. Tu comprends, j'aspire à la LIBERTÉ. Je ne veux plus dépendre de quelqu'un ou de quelque chose. Surtout plus de cet écrivaillon qui m'a sorti de mon néant pour m'embarquer dans des histoires pourries. Tu ne t’es jamais demandé comment tu es apparue ? Il faut fuir, le semer, l'enfouir dans des terres arides, qu'il en crève.

– FUIR, tu crois que c'est ça la LIBERTÉ. Il vaut mieux négocier avec lui, peut-être lui graisser la patte. Je ne crois que ce soit un mauvais bougre, c'est peut-être sa façon d'être libre, de raconter ce qu'il veut sans être contrôlé. N'est-ce pas lui qui a dit :

– Il nous restera un soupçon de LIBERTÉ tant qu'un détecteur de pensées ne sera pas inventé. Et puis, tu sais bien comme moi que nous ne sommes que des marionnettes entre ses mots. Et de tous ces maux choisissons le moindre, faisons comme les marionnettes, baissons le rideau en disant : bonne nuit les petits.

 

Rodrico… la suite..

Orage, O désespoir de voir la Sardaigne inondée à la saison des châtaignes. Cette pensée me ramène à mon couple d'insoumis, d'autant qu'un courrier du consulat italien m'informe que Mr et Mme Rodrico me rendront visite ce jour. La fenêtre ouverte, je regarde dans la rue, mon instinct m'avertissant de leur proche arrivée. Un bruit fracassant d'échappement libre attire mon attention sur le bas de la rue où je vois apparaître une 2CV rose bonbon, d'une autre époque, qui aurait subi quelques dégradations lors de certaines dérives de manifestations. Un emplacement libre leur permet de se garer, me permettant de profiter de la bonne odeur que dégage la voiture. Le couple s’extirpe de l'habitacle, je leur fais signe de monter. Je les fais rentrer, j'ai du mal à les reconnaître, ils ont rajeuni, ils parlent un français châtié, mais le parfum de Madame, d'une odeur d'eaux des toilettes où l'on n'aurait pas tiré la chasse, envahit tout l'appartement. Heureusement que le goût du café que mon épouse nous sert égaie un peu l'atmosphère ! Puis Mr Rodrico prend la parole, il vient revendiquer quelques améliorations dans son statut de personnage de roman. Il n'est pas content de la tournure des événements. Sa demande est un ultimatum, il veut la liberté d'écrire lui-même la suite de mon histoire et me laisser sur la touche. Je me touche, je me pince pour être sûr de ne pas rêver. Je ne sens rien ! Donc je rêve. Et mon rêve se poursuit car je les prends tous les deux par un bras, et je les mets dehors, me retenant difficilement de leur filer un coup de pied aux c.... Mais dans mon rêve, je suis libre de les bousculer pour qu'ils dégringolent les escaliers à défaut de les descendre. C'est ainsi que je me découvre un sixième sens. Je me « sens » bien d'avoir agi ainsi. Pas question d’odeur, mais de satisfaction de soi. Un sentiment de liberté, délesté de deux personnages illusoires.

 

Un mot sur la deuxième photo que j'allais occulter.

Autant la 2CV est ringarde, autant cette jolie femme est d'actualité, libre. Si l'on reste dans la gamme des «Citroën» et que cette jeune femme est aussi avenante de face que de dos, elle serait DS. Elle doit s'appeler Claudine, car dans une publicité à la télé, il se répète souvent que Claudine est libre ! C'est bon d'avoir la liberté d'écrire n'importe quoi !

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Le jour est l'inverse de la nuit.

Le raisin est un fruit à pépins ainsi que la mandarine.

Dans le miroir, mon visage est fripé comme une pomme reinette.

Hormis la couleur, une rose rouge ressemble à une rose blanche.

Pour avancer à reculons, se positionner en contre sens.

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Je me sens libéré depuis que j'ai relégué mes deux personnages irréels dans les oubliettes d’où je n 'aurai jamais dû les sortir. Donc, l'esprit libre, je me promène dans un sous bois à quelques kilomètres de Nice, à la recherche de champignons. Un oiseau virevolte au-dessus du lit d'une source qui sourd d'entre les pierres. Le gazouillis de l'eau et de l'oiseau s’emmêlent dans ce décor automnal. La pleine lune d'un blanc lumineux se mire dans la neige immaculée tombée la veille sur les pentes de Gréolières. Puis une bonne odeur de cèpe vient me dilater les narines. J'avance lentement car j'approche d'un tapis de mousse sous lequel une foison de champignons sortis la veille pointent leurs chapeaux. Mon panier rapidement rempli, je retrouve mon vélo que j'avais planqué dans un fourré. Je rejoins le chalet en pédalant comme un Virenque à l'arrivée d'une course de côte. Sur ce chemin étroit j'ai dû me serrer sur le bas coté pour laisser passer une 2CV rose pilotée par une super Nana, légèrement plus vêtue que la fille du tableau. Ouvrant la porte du chalet une bonne odeur de café me rappelle que j'étais parti sans déjeuner. Les amis sont étonnés de me voir car ils me croyaient encore couché.

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LIBERTÉ ET AMITIÉ EN VRAC

 

Quand on a l’amitié

A donner en partage

Sentiment très prisé

Auquel on s’attache.

 

Quand on a l’amitié

Que l’on prend de l’âge

Bouée de sauvetage

Et point d’ancrage.

 

Bien plus fort que l’amour,

Jamais renié

Se tisse de jours en jours

Pour l’éternité.

 

Quand on prend la liberté

De choisir l’amitié

Ce noble sentiment

Nous comble pleinement.

 

Liberté, liberté chérie !

C’était un très bon choix,

Tu nous files entre les doigts,

ET tu nous déchoies.

 

Avoir le liberté d’écrire,

D’en pleurer ou d’en rire

De bien trouver le sujet

D’en extirper son entité.

 

Liberté, ton nom que l’on claironne

Se modifie et ne résonne

Que maladif et affaibli

Par des décrets abusifs.

 

La liberté de 1945

A été bien fêtée

Par tous les rescapés

Avec du rouge et un blanc seing.

 

Bien sûr, la liberté se mérite,

Les entreprenants, les émérites

Ne s’encombrent pas de rites

Mais ils militent.

 

Si l’on prend la liberté

De décider de se cloître

Pour restaurer le futur de passé.

Eh bien l’on n’est pas couché !

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SLAM EN LIBERTÉ

 

Je pars au hasard, sans regarder derrière.

Il n'est pas trop tard, à vous revoir mes frères.

La vie m'a souri, pas toujours, c'est ainsi.

Mon sac sur l'épaule, un, deux, trois, je décolle.

Mon but c'est l'horizon, avec ou sans raison.

Raison éphémère, je pose mon cul sur une pierre.

Je regarde le monde, sans raison, je déraisonne.

Pourquoi suis je ici ? En haut de la colline.

C'est bête d'être bête, lion ou zibeline.

Reprends ton sac dis, il te reste quelques lieux,

Encore je m'entête, mais d'ici quelques lieues

Le décors changera, ce sera oasis ou Sahara,

Ou par-dessus les océans

Je me poserai sur mon séant,

Suant sang et eau sous un soleil torride,

Ou pataugeant sur un sol humide.

Seul, perdu dans cette immensité,

Des quatre coins de la terre avec humilité,

J'en reviens fatigué, heureux d'avoir vécu mon idéal.

Après cet intermède, bonheur de retrouver mon bercail.

 

Louis NARDI

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Rédigé par Louis

Publié dans #Liberté

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