Publié le 31 Mars 2024

 
Ce soir sortie dans le Vieux Nice, je descends du tram arrêt Masséna. Très en avance à mon rendez-vous, je déambule sur cette place que je n’apprécie plus vraiment. Elle manque d’arbres mais certes pas de vie. L’air est doux, le soleil a décliné, la fontaine du Soleil s’illumine sous le regard de ce dieu Apollon et de ses cinq planètes de bronze qui émergent de l’eau.
Assise sur une des rotondes de marbre, les yeux levés vers le ciel étoilé, mon regard se pose sur ces bouddhas perchés sur des mâts d’acier de douze mètres de haut, œuvre de Jaume Plensa. Ils sont censés représenter les sept continents et faire la conversation entre eux.
- Des statues qui parlent, on peut toujours rêver !
Allumés de l’intérieur, les sept œuvres passent doucement d’une nuance à l’autre, en harmonie avec les couleurs de l’arc-en-ciel mais aussi celles des chakras.
L’idée m’amuse, inconsciemment je leur pose une question :
- Auriez-vous pour mission de régénérer le centre d’énergie des Niçois ?
La surprise est totale quand le rouge me murmure :
- Vous ne croyez pas si bien dire ! Je suis le chakra des racines, celui qui épanouit votre lotus intérieur.
Le orange poursuit en riant :
- Moi je suis celui du plaisir, des émotions petite Madame.
Le jaune enchaîne :
- Affirme tes idées, aie confiance en toi.
Le vert et le bleu s’affrontent pour prendre la parole. Un me parle d’amour, d’acceptation. L’autre m’encourage à écouter mais à m’exprimer.
L’indigo se présente :
- Je suis le troisième œil, je fais le lien entre nous tous.
Le violet est royal, il représente le chakra de la couronne. Il m’emmène, avec délicatesse, vers une ouverture spirituelle faite de plénitude, sérénité et paix intérieure.
Totalement hypnotisée par cette échange inattendu, je suis secouée par mes amis, surpris de me trouver étrangement silencieuse.
Les rires fusent, je quitte presque à regret cette place Masséna et ces statues que je ne regarderai plus du tout de la même façon.
Le tram arrive, prochain arrêt Cathédrale Vieille Ville pour une virée sous le signe de l’amitié.
 

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Rédigé par Josiane

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Publié le 31 Mars 2024

 

Le tronçon de tram vers Borriglione est très rafraichissant et lumineux à ' savoir prendre son temps ', on apprécie l'éclat fragmenté de quelque belle demeure moitié cachée dans la verdure.
 
Je descends à Valrose, il est 13 heures 30 ; il y a là un petit jardin, un kiosque à journaux, des bananiers quelques variétés de palmier et surtout, ce jardin est agrémenté d'une œuvre de Jean-Michel Ottoniel ; je m’assois là avec, gravé dans ma mémoire, ce jeu musical des perles de verre dans le jardin du château de Versailles, pas besoin d'y être pour rêver, c'est seulement magnifique !
Histoire de retrouver mes esprits, j'étale mon attirail sur le banc ; j'ai donné rendez-vous, sur le blog, pour 14 heures à quelque crayonneux aussi fada que moi pour l'aventure du dessin, l'invitant à partager une conversation silencieuse tout en jouant du stylo ou du pinceau !
 
Donc me voilà sur le banc de ce confident en cercles d'aluminium, dont la structure fragmentée propose une panoplie de hublots intéressants à étudier à la loupe ; collés les uns aux autres, il y a ici un détail de feuille de ravenala, au loin des bâtiments, là un bout de matière ocre comme de l'or et tout ça vous déconnecte en orbite sensuelle ; mais têtue je suis, et c'est le tronc structuré du palmier qui sagement me sollicite ; je me mets gaillardement à la tâche ! Ainsi, le regard centré sur mon motif, j'ai oublié mon contact improbable et... ding ding ding, dit le crayon en frottant l'aluminium, c'est l'arrivée annoncée  :
_ Coucou, c'est moi Olivier, entends-je, et le voilà assis dans la fenêtre du confident, il regarde là devant.
_ Salut... moi c'est Aimée ! Profitons de la trouée de soleil, c'est rare en ce moment !
Je dessine un bout de palmier où plutôt les embranchements complexes des palmes...
_ Ben c'est original, nous ne pouvons dessiner la même chose comme nous sommes dos à dos, étrange amie je te suis !
Déballage de matériel, affutages de crayons, quelques repères à bout de bras et :
_ Allez, c'est parti !
 
Dos à dos, c'est rigolo d'échanger le même univers en conversant au crayon avec Ottoniel, la besogne a un autre sens ; dans cette proposition nord/sud, j'ai confiance dans la qualité de ce voyage singulier.
 

Suite à ce singulier voyage, une poste restante...

https://un-atelier-d-ecriture-a-nice.over-blog.com/2024/04/poste-restante.html

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Rédigé par Marie-Thérèse

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Publié le 30 Mars 2024

 

Je poursuis ma promenade en descendant l’avenue Borriglione pour aller m’asseoir au soleil comme nous l’a conseillé Ben. Arrivée place Masséna je ne peux m’empêcher de lever les yeux vers les sept bouddhas. Pas encore lumineux puisqu’il fait grand jour. J’ai envie de les taquiner. « Bonjour Messieurs les bouddhas ! Pas trop fatigués de rester toujours dans la même position depuis des années ? » Et je ris intérieurement quand … surprise ! En voilà un qui me répond : « Bonjour Madame, merci pour votre sollicitude. » Puis c’est au tour d’un deuxième de prendre la parole : « C’est notre mission de garder la place Masséna et de la rendre encore plus belle la nuit en l’éclairant des couleurs de l’arc en ciel ».Un troisième bouddha prend part à la conversation : « Vous devriez porter un chapeau Madame, le soleil est déjà bien chaud aujourd’hui ». Je commence à être perplexe. Voilà que j’entends des voix maintenant, peut-être ai-je pris trop de soleil en effet ? Il a raison ce bouddha, j’ai oublié mon chapeau de paille. Ben aurait dû l’ajouter dans son aphorisme. Je m’assois à l’ombre devant le jardin Albert 1er et je lève à nouveau la tête en direction des bouddhas. J’ai l’impression d’être observée par ces sept statues haut perchées. En tendant l’oreille je perçois leur conversation, ils parlent de moi !

« - Elle a l’air stressée la petite dame ?!
- Ah, s’il faisait nuit, nous pourrions lui envoyer un peu de lumière bleue pour la détendre !
- Une séance de méditation lui ferait du bien. »
Je me lève et m’approche d’eux, obligée de me tordre le cou pour leur parler. « Vous devez avoir une belle vue sur Nice de là-haut, vous observez sans doute bien des choses surprenantes ! Comment faites-vous pour rester aussi impassibles ? » dis-je à voix basse, pour que les passants ne m’entendent pas. Le plus proche, assis sur ses talons répond : « Nous sommes là uniquement pour le plaisir des promeneurs, revenez un soir et vous verrez comme nous devenons lumineux et changeons tour à tour de couleur. C’est notre façon de communiquer avec eux ». Je le remercie et j’ajoute : « Et vous me raconterez quelques anecdotes croustillantes alors ? »

 

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Rédigé par Mireille

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Publié le 28 Mars 2024

  • Ouf ! Je m'ennuie un peu. L'ami tu dors !
  • Chut !, laisse- moi dormir.
  • Il est cinq heures, la ville commence à s'éveiller. Les prostituées du jardin d'Albert 1er rentrent se coucher.
  • Alors, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ; j'ai sommei
  • Moi, je ne peux pas me reposer, je suis toujours en conversation avec mon scribe d'Asie. Là-bas, il fait chaud, très chaud, ici je me gèle un peu.
  • Oh ! Tu es pénible, tu n'es jamais content. Dis- moi, tu as vu l'Amérique du sud et l'Amérique du nord , ils se sont réconciliés, je suis certain qu'ils sont amoureux, ils regardent la Méditerranée de la même couleur,  le soleil se lève à l'horizon , il va briller. Ils seront tranquille pour voyager vers l'océan.
  • Laisse-moi maintenant, je veux me reposer en silence.
  • Bon d'accord, je regarde ailleurs !
Une gentille dame traverse d'un pas lent la place Massena, elle me dit :
  • Je m'aperçois que vous êtes le confident de tous ces continents, cela est un travail très enrichissant.
  • Oui , si vous le dites...
Elle disparaît soudain, dans la rue de Verdun.
Je reste là, rêveur, il semble que je suis quelqu'un d'important, tant mieux, au moins je sers à quelque chose.
Ah voilà, mon petit vieux avec sa canne, il semble fatigué aujourd'hui, il s'assoit sur le rebord des arcades, il est un peu perdu. Il regarde le camion poubelles qui a terminé sa tournée. Le vieux monsieur alors lève sa tête et me fait signe de la main, il dit :
  • vous saviez que sous les arcades, il y a une petite impasse, et un petit bout de rue qui court le long de l'immeuble ?
  • Ah bon, je ne le savais pas.
  • Eh bien là ! Jadis, avant la guerre, dans un des bâtiments se trouvait un bordel très prisé des hommes d'affaires de par le monde.
  • Ah oui, pépé vous en savez des choses !
  • Eh, je suis très vieux, vous ne devineriez jamais que cet immeuble privé abritait un des lieux les plus notoires et luxueux de la prostitution niçoise. Aujourd'hui, elle pratique son activité sur la Promenade des Anglais. C'est moins luxueux .
  • Vous êtes un drôle de petit bonhomme pépé, je vous aime bien, vous avez dû profiter pendant votre jeunesse, coquin va ! Moi, parfois je suis très triste et malheureux, je me sens un peu inutile, heureusement
Les odeurs délicieuses des croissants et vanille du boulanger me frisent les papilles et emballent mon cœur pour terminer ma tâche
  • Pourquoi tu restes là-haut alors, descends !
Paraît-il que ma présence sur mon perchoir, sert à rétablir un dialogue croisé entre les gens du monde. On nous mitraille toute la journée. Oui, j'en ai l’œil qui palpite.
Une brise légère se lève, la fatigue se fait sentir, la journée va démarrer, la musique, les cris, les rires, vont rebondir autour de moi alors là, je me tais.
A demain......
 
 
 

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Rédigé par Arlette

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Publié le 28 Mars 2024

 

Débouchant du miroir d'eau plongé dans le noir, on a un soir surpris cette conversation colorée entre les bonhommes de Jaume Plensa, juchés sur leurs mâts place Masséna.
 
B1 - Et dis-donc toi, qu'est-ce qui t'a mis en colère pour que tu vires au rouge brusquement ?
 
B2 - Et "badole", tu vois pas l'"embriagoun" qui essaie d'escalader mon mât ? Il a pas sucé des glaçons aujourd'hui et comme il n'arrive pas à grimper il est en train de me secouer dans tous les sens.
 
B3 - Relax mec, reste zen, regarde ma couleur bleue apaisante, je m'en vais te "sophrologiser" té !
 
B4 - Ben moi, si je pouvais, je me pencherais un peu, histoire de lui projeter ma lumière jaune dans ses yeux injectés de sang à celui-là !
 
B5 - Et toi tu dis rien ? Qu'est-ce que tu as ? Tu es tout pâle !
 
B6 - M'en parle pas, cet après-midi un goéland est venu déféquer le pan bagnat qu'il avait piqué à un touriste sur ma tête, et depuis j'ai des haut-le-cœur.
 
B5 - Ah ben oui je comprends... Rassure-toi, ils ont annoncé un épisode méditerranéen demain, alors tu pourras faire un brin de toilette !
 
B2 - Et si ça pouvait rincer le "pastrouil" qui s'excite à mes pieds, ça serait pas dommage.
 
B3 - Et aussi, ça anéantirait l'odeur d'urine des "fretà souol" qui lèvent la patte tous les jours au pied de nos mâts.
 
B7 - Mais vous n'avez pas fini vos jérémiades, bande de lucioles décérébrées ? Si vous continuez à vous plaindre on va finir par nous démonter et on finira tous desséchés dans un hangar quelconque. Moi je trouve que la vie est pas mal ici, on a une belle vue, on est aux premières loges pour les batailles de fleurs et le carnaval, il y a même des touristes qui nous prennent en photo.
Sur ce, je ne veux plus vous entendre, le jour se lève.
 

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Rédigé par Bernadette

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Publié le 28 Mars 2024

 

Fuyant la promiscuité d’une rame bondée, je laissai le tram continuer sa course, et profitant d’une belle fin de journée ensoleillée, je dirigeai mes pas vers la place Masséna. Celle-ci, envahie de promeneurs, semblait être en perpétuel mouvement. Mes yeux étaient ivres des couleurs multicolores qui virevoltaient devant eux. C’est vrai que la diversité de toutes les tenues qui s’étaient donné rendez vous à Nice faisait ressembler cette place à une prairie verdoyante parsemée de fleurs.
En ce début de soirée de printemps, le soleil encore un peu faignant, ne se fit pas prier pour laisser la place à la douceur d’une ombre qui doucement s’installait pour régner sur la ville, un court instant, avant l’arrivée de madame la lune.
Une place se libéra sur une de ces rotondes marbrées qui meublent la place. J’en profitai pour m’asseoir et levant les yeux vers le ciel la magie opéra. Les sept statues, œuvres de l’artiste Jaume PLENSA, revinrent à la vie. Du haut de leurs mâts, les sept continents offrirent à la nuit naissante, la lueur de leur couleur pastel.
Alors que, les yeux mi-clos, je me nourrissais de leur beauté, une voix vint à moi.
-Je vous souhaite le bonsoir, vous qui nous admirez. Mais savez-vous au moins qui nous sommes, mes camarades et moi ?
Ne croyant pas à un mot de ce que je croyais avoir entendu, je restais coi, la bouche ouverte pour des paroles qui refusaient d’en sortir.
- Vous n’êtes pas fou. Nous parlons car notre mission l’exige. Alors, quel est votre sentiment ?
Surmontant mon incrédulité, je bégayais une réponse.
- vous êtes les sept continents. C’est le nom que votre créateur vous a donné.
-Jaume n’a fait que créer une forme à l’aide d’une matière qu’il a maîtrisé avec art, mais nous avons donné naissance à une philosophie de vie qui vous échappe. Notre mission est de vous initier à la sagesse. Un état d’esprit qui n’est malheureusement pas encore votre fort. Que ressentez vous en nous regardant ?
- Je me sens calme. Rien ne me fait peur. La sérénité a envahi mon âme et aucune douleur ne vient perturber mon corps.
- Qui sait ? Vous êtes peut-être sur le bon chemin ? Les siècles passés ne plaident pas vraiment en votre faveur, mais dés lors qu’un départ s’amorce, même si la route est longue, l’arrivé est au bout. Restons-en là pour ce soir. Ne courrez pas après le temps, vous ne le rattraperez jamais. Bonsoir !
Le silence se fit. Autour de moi la vie s’écoulait au rythme des hommes.
Étonné d’être encore vivant, je me suis senti seul au monde.
 
 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 27 Mars 2024

 
Place  Masséna
 
Boudha no 1 : au voisin : Vous dégagez de la lumière.
B           no 3 : au troisième : Qu'a-t-il dit, je n'ai pas bien compris, il n'articule pas.
B           no 5 :  Il n'a pas de particule le pauvre.
B           no 3 : Un mécréant, je l'ai toujours dit, un mécréant.
B           no 6 : ( tout au bout de la place) : Pouvez vous parler plus fort, je ne comprends rien a votre conversation.
B           no 4 : Conversation versatile ou inutile, vous ne mettez pas les points sur les I et barres aux  T.
B           no 1 : J'ai lancé la conversation et je n'arrive plus a la suivre.
B           no 2 : C'est parce que vous l'avez commencée, comment suivre en précédant ?
B           no 5 : Placé au centre de la place, je m'interroge sur le bien fondé de votre bavardage, il n'amène rien de positif.
                       Les passants passent, les culs de jattes trainent la patte, et les timorés iraient bien botter le cul des 
                       chiens pissant sur le bas de nos mâts.
Le Bouddha qui n'avait encore rien dit s’éveille :
                     Vos traits d'esprit comme vos lueurs de lumière s'étiolent devant le jour naissant. Profitez de cs moments paisibles. Ce soir avec le corso  vous serez invisibles.
Un touriste :   Que font toutes ces lucioles en haut de leurs mâts ? Éphémères, elles ne luisent que la nuit.
 
 
Le confident
 
Dans le jardin près des facultés une dame vient s'assoir sur la place vide du confident.
- Vous permettez monsieur, j'ai besoin de calme, je viens de la place Massena, un bruit, une pagaille pas possible, on se croirait un jour de carnaval.
Le monsieu :
- Mais madame, c'est carnaval, c'est pour cela que je m'isole; Au fait, pas tout a fait,je cherche "la rencontre" serai- ce vous?
- Ce n'ai pas impossible si vous êtes nantis et bon amant.
- Je suis bon amant car nanti d'u axillaire obéissant aux demandes de certaines dames.
- Monsieur, vous avez de la conversation, j'aimerais bien vous voir dans l'action.
- Je loge tout près, dans cette maison, je vous aimerai à vous faire perdre la raison.
- Et si avant nous parlions pognon?
 
 
 

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Rédigé par Louis

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Publié le 27 Mars 2024

 

Elle est apparue, un jour, au bord de la mer. Une sphère blanche aux reflets en volutes mouvantes. Sa structure bougeait comme si elle était vivante. elle était posée là, sur deux poteaux de bois.

Personne n'osait l'approcher. Elle semblait détecter les présences et manifestait ce que l'on pourrait interpréter comme de l'agacement, de la colère... On ne savait pas trop, mais on avait peur. Alors, on l'a laissée là, au bord de la mer. Aucune idée de qui elle était, d'où elle venait. Chacun y allait de son commentaire : c'est un extraterrestre... un truc du gouvernement pour nous espionner... une arme secrète... Bref, personne n'en savait rien. Même les autorités n'avaient aucune réponse rationnelle à nous donner.

Et féroce avec ça ! Un courageux gendarme a voulu la toucher, il y a laissé un doigt !

 

 

Au fil des jours, des choses étranges apparurent. Les gens penchaient. Ils ne pouvaient plus marcher droit, ça penchait à gauche, ça penchait à droite, mais ça penchait chez tout le monde. Vraiment déstabilisant au sens littéral du terme ! les gens tombaient, peinaient à se relever, les voitures zigzaguaient, les trams déraillaient, c'était le chaos.

 

 

 

Autour de la sphère, une drôle d'ombre, qui ne suivait absolument pas la course de soleil, s'étalait, se rétractait. Parfois, il nous semblait entendre comme un bruissement... ou plutôt, un sifflement... peut-être un gémissement... toujours susurrés sur un souffle rauque. Et le ciel s'obscurcissait, et l'air se glaçait, comme si la mort approchait... La boule agitait ses volutes, l'ombre rampait sur le sol, comme si elle voulait attraper nos pieds, nos mollets penchés. L'épouvante, alors, se répandait, on se terrait, blottis les uns contre les autres pour se rassurer.

Un jour, un jeune garçon apparut, qui marchait bien droit, bien stable. Un  drôle de petit bonhomme, vêtu d'un short et d'un veston en tweed marron. Il semblait venir du siècle dernier. Ça, ça nous a encore plus inquiété, car on avait constaté depuis peu que le temps ne passait plus comme d'habitude. C'était insidieux, à peine perceptible. Il a fallu quelques temps pour s'en rendre compte. Le temps ralentissait, et même, il commençait à repartir en arrière ! Il suffisait d'observer l'horloge sur le clocher de l'église... les aiguilles, lentement, très lentement, tournaient à l'envers.

A voir cet enfant suranné, je me suis demandé si on était retourné au XXe, voire au XIXe siècle ! Le garçon s’approcha et nous dit :

- Je viens du passé. La sphère s'est posée au même endroit dans mon époque, mais j'ai réussi à la comprendre et à l'apprivoiser. Il n'y a qu'à moi qu'elle obéit. Ne me demandez pas comment, ni pourquoi, je ne peux le dire.

En effet, la sphère, semblait sourire depuis l'arrivée du garçon. L'ombre, autour d'elle, s'était épanouie en bouquet harmonieux. Le garçon la caressa, et, je vous le jure, je l'ai entendue ronronner !

- Elle s'est échappée dans le temps, mais je vais la ramener chez moi, nous dit le garçon. Il faut pour cela que je monte dans le clocher pour aller voir l'horloge.

Je l’accompagnais, curieux d'assister à la manœuvre. Il s'agenouilla devant les rouages, écouta le mécanisme, les cliquetis divers, serra un boulon par-ci, une vis par-là et annonça :

 - Voilà, c'est réparé. La sphère est repartie et je vais en faire autant. Mais vous garderez son empreinte au bord de la mer, une sphère inactive et inoffensive, juste une belle sculpture.

- Comment allez-vous renter, jeune homme ? demandai-je.

- Je vais plonger dans ce livre et je serai chez moi. Au revoir, désolé pour le dérangement.

Il a ouvert un vieux bouquin, intitulé L'île mystérieuse et s'apprête à sauter.

- Qui êtes-vous ? lui criai-je

Il me sourit.

- Je m'appelle Jules Verne, répondit-il en sautant, et il disparut dans le livre.

Abasourdi, je redescendis sur la place. Les gens, bien verticaux maintenant, fixaient l'horloge. Elle avait repris le cours de son temps. Au bord de la mer trônait sur son socle de bois, une belle sculpture en forme de sphère blanche. A son pied, son ombre suivait sagement la course du soleil... Jusqu'à quand...?

 

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Rédigé par Mado

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 27 Mars 2024

 
Par une belle journée ensoleillée, qu’il fait bon flâner dans notre capitale méditerranéenne. L’air est vivifiant, la température juste à point. C’est décidé, j’opte pour une randonnée citadine à la découverte de l’art urbain. D’humeur joyeuse, sourire aux lèvres me voilà partie, sac à dos, flanquée d’un dépliant touristique faisant la promotion des quatorze œuvres d’art de la ligne 1 du tram niçois. Première escale « le confident ». Cette œuvre originale m’invite à me poser quelques minutes le temps de l’admirer. Un collier de perles colorées enlace ce voile d’acier délicieusement ciselé. Une légère brise joue à cache-cache au travers de cette toile qui sépare 2 espaces relativement autonomes. Un couple discute et je n’y prête aucune attention lorsque, soudain l’homme hausse le ton :
  • Je savais bien que ça finirait par arriver !
Devant le silence de la jeune femme assise à côté de lui, il continue plus violemment
  • Est-ce que tu m’écoutes lorsque je te parle ?
Elle relève la tête et, d’un regard fautif, elle réplique
  • Évidemment !
  • Alors, pour quelles raisons ne l’as-tu pas fait lorsque je te l’ai demandé ?
Intriguée je tends l’oreille et j’essaie de les observer au travers de la structure de métal. Mais silence ! Tandis qu’il fulmine, toute penaude elle reste muette. Que peut-elle bien avoir commis pour qu’elle soit aussi réprimandée en public ? Je ne le saurai jamais car ma pause se termine et les 7 Bouddhas m’attendent patiemment sur la place la plus emblématique de Nice. Un tram vient juste de s’immobiliser à l’arrêt Valrose. La rame est bondée mais, certaine d’arriver à destination en quelques secondes, je m’empresse de m’y frayer une place. Extirpée avec difficulté de cette cohue, je me surprends à réfléchir à voix haute.
  • Place Masséna, tu me fais vibrer. Festive, tu nous invites à partager chaque instant magique, carnaval, Music Live, festival de jazz…. Telle une belle femme, tu ne vieillis pas, tu t’embellis. Fontaine du soleil, tramway, bancs en pierre, pins, lampadaires en fonte à trois têtes, dallage noir et blanc, tu ne cesses de te transformer mais, pour la plus grande fierté des Niçois, tu as su rester fidèle aux couleurs distinctives qui te rendent unique. Tu as même changé ton nom au fil des années, « place du Faubourg » puis « place carrée » ont précédé celui qui te qualifie aujourd’hui.
Perdue dans mes pensées, je lève les yeux pour observer ces étranges curiosités dites propices à la « conversation ». Du haut de leurs 12 mètres, elles trônent sur l’esplanade et s’illuminent de couleur rose, verte, bleue ou jaune dès la tombée de la nuit. Censées représenter les sept continents, leur position exprime tour à tour la tranquillité, la victoire ou la paix. J’avoue avoir du mal à comprendre ce choix. Pourquoi Bouddha ? Pourquoi les 7 continents ? Symboles de la sagesse, sont-ils censés discuter entre eux pour améliorer ce monde qui va mal ? En pleine réflexion, je perçois un murmure à peine audible suivi d’une voix qui monte peu à peu en puissance. J’espère ne pas être la seule à l’entendre, car je ne suis pas l’héritière de Jeanne d’Arc et je ne compte pas terminer ma virée par une visite à Sainte Marie :
  • Eh, là-haut, pourquoi n’êtes-vous que 7 et moi, on m’a oublié ? Vous êtes à l’origine de ma naissance et vous voulez m’exclure ? Vous êtes en plein déni ou quoi !
Yeux écarquillés, l’air abruti, essayant de comprendre ce qui se passe, j’ai l’impression d’évoluer dans une autre dimension.
  • N’est-ce pas là, la conversation niçoise dont tout le monde parle ?
Dans une cacophonie difficilement compréhensible, les bouddhas commencent à réagir et l’Amérique du Nord est le premier à prendre la parole :
  • A nous sept nous représentons le monde, qui es-tu pour nous interpeller d’une manière aussi cavalière ?
  • Le « continent de plastique », crétin. Pour ceux qui ignorent mon existence, sachez que je ne vous ressemble pas. Imaginez une étendue de plastique et de détritus flottant sur les océans, dévorant tout sur son passage, et bien c’est moi ! Formé de cinq gyres, je déambule tranquillement dans le Pacifique et, grâce à vos actions irresponsables, je prospère lamentablement. La pollution ça vous parle ? Je menace la survie de la Terre et vous êtes là, immobiles, admirant je ne sais quoi au lieu de vous mobiliser ! Alors, on se bouge ou on laisse faire ?
Cet échange furtif crée le dialogue sur l’urgence à traiter cet impertinent huitième pseudo continent avec tout le sérieux qui lui est dû. Surpris par la prise de conscience des sept grands de ce monde, ce dernier se délecte des réactions issues de sa provocante altercation. Asie, Amérique, Océanie, Europe, Antartique, à tour de rôle chacun s’exprime:
  • Il a raison, notre planète est en souffrance. Réveillons-nous les amis, il faut agir et vite avant qu’elle ne meure, dit l’Asie.
  • Mais comment ? Nous sommes tous différents et inculquer une morale écologique est loin d’être chose aisée, répond l’Afrique.
  • Différents peut-être, mais n’avons-nous pas un objectif commun, sauver notre planète ? rétorque l’Océanie.
  • Un virage à 180 degrés est indispensable, mettons-nous au travail, réplique l’Antartique.
 
Le débat est lancé et, devant des propos annonciateurs d’une volonté collective, le continent plastique se tait, rassuré mais lucide. Il sait qu’avec un engagement commun, un jour il disparaitra.
 
 
 
 
 
 

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ville

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Publié le 26 Mars 2024

 

Il y a de cela un soir sur la place Masséna une conversation entre les Bouddhas.

  • oh les mecs écoutez-moi
  • quoi encore quel est ton problème
  • il y a un mec nu qui mate nos fesses
  • où ça
  • juste derrière nous au milieu de la fontaine
  • il est loin, alors arrête laisse-le regarder n'est pas toucher
  • tu n'as pas entendu les infos
  • non!
  • l'homophobie est passible de prison, on a déjà assez de problèmes avec les amis des animaux les mouettes les pigeons ils sont protégés par BB
  • Allons, allons des amis reconnectez-vous, nous sommes là pour prier et aimer regardons ensemble dans la même direction l'avenue Jean Médecin et notre salut
  • facile pour vous vous êtes devant, n'empêche qu'il mate mon cul ce pervers tout nu
  • ça veut dire que ton postérieur est beau
Comme disait André Gide la beauté est indissociable du regard de celui qui voit
  • ne t'inquiète pas car lui aussi les touristes matent le sien
  • Nous sommes tous frères devant le créateur
  • allez stop il est temps pour nous de se recueillir que la lumière intérieure de l’arc en ciel vous apporte la sérénité du haut de nos piédestal oublions nos ennuis et nos tracas et toi mon frère rappelle-toi de la parole de Bouddha
“Considère celui qui te fait voir tes défauts comme s'il te montrer un trésor”
Le silence se fit sur la place la lumière du jour fit disparaître les couleurs de l’arc-en-ciel
 

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Rédigé par Bernard

Publié dans #Ville

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