Publié le 29 Janvier 2019

Le courrier envoyé le 21 janvier par les habitants de l'immeuble...

  • Adressé à tout le monde :

Chers Voisins, Voisines

Permettez-moi de venir, par cette lettre, tout d’abord vous dire bonjour !

Comme moi, vous avez dû être surpris par ce qui arrive dans notre immeuble en ce début d’année. La citation déposée dans notre boite aux lettres et le magnifique tableau qui, accroché par une main anonyme, vient embellir notre entrée.

Ma demande aujourd’hui n’a pas un caractère de contestation mais de curiosité. Depuis deux semaines, je me pose beaucoup de questions et surtout QUI ? parmi vous a décidé de venir, par quelques mots et une toile, éclairer d’un jour nouveau nos habitudes, notre solitude. Ces deux événements m’ont obligé, et je pense que cela doit être la même chose pour vous, à me poser mille questions, vous regarder et me dire c’est peut être lui ou elle. Me rendre compte de votre existence, ne plus être plongé dans ma solitude. Mon seul regret aujourd’hui, c’est de ne pas pouvoir encore mettre un nom à mon merci avec un grand M. Vous, enfin toi qui se cache derrière ce mystère, qui après deux semaines de réflexions, je doute encore qui de :

Louis, Joseph, Nathalie, Judith, Eve, Olivier, Jérôme, Pierre, Charles, Mailis, Marc, Lucien nous entraînent dans cette enquête culturelle.

Voila chers voisines, voisins, ce que je voulais vous dire et à toi l’auteur du tableau, oui TOI, fais-moi le savoir, dis-moi qui tu es. On n’a pas tous les jours l’occasion de remercier quelqu’un. J’attends ta réponse avec impatience.

Stéphane, du 3eme

***

Bonjour, je me permets de glisser ce petit mot à mes voisins.

 

La semaine dernière en sortant, j'ai été agréablement surprise de voir un tableau accroché dans le hall.

Ce dernier n'est pas signé ni sur la face, ni au dos comme certains.

Je le trouve intéressant, plein de sensibilité et de charme.

Je pense ne pas être la seule curieuse, moi même peintre, cela me ferait plaisir de faire la connaissance d'amateur d'art ou simplement de personnalités aimant la beauté, toute profession confondue.

Il y a deux semaines, je pense que tout le monde a reçu dans sa boîte aux lettres un mot pour le moins dépourvu de simplicité, tiré d'une nouvelle du peintre Delacroix.

Est ce la même personne l'auteure de ces deux énigmes.

J'espère qu'à nous tous nous arriverons à élucider ces mystères à moins que nous ayons une autre surprise......

Je suis Judith au 2eme étage, porte 4.

J'attends des nouvelles avec plaisir et impatience.

 

Bien à vous.

 

Judith

***

  • Adressé à toutes les femmes :

« Nice le vingt et un janvier deux mille dix-neuf

Chère – un des quatre prénoms –

Perçois-tu ces immenses ondes que mon cœur émet pour que ton cœur vers le mien se tourne. Lentement mes neurones se balancent au rythme de la samba qu’entame ton corps quand je te prends dans mes bras. Mes yeux pleurent à revoir en boucle la beauté de ton corps alangui sur les draps froissés. Mes lèvres ourlent tes lèvres d’un interminable baisé brûlant, mon nez coule, mais ça c’est le rhume.

Et tu m’as trahi, pétasse, catin, tu n’as pas su garder le secret confié sur l’oreiller, le récit de mes exploits, mon grand œuvre, ma fierté.

Par amour sauve-moi, explique à Lucien, avant qu’il n’en parle alentour, que ce ne peut être moi car nous étions ensemble à l’hôtel de Lampedusa.

Et fait fissa ! »

***

  • Adressé à tous les hommes :

« Nice le vingt et un janvier deux mille dix-neuf

Mon cher – un des huit prénoms –

Ton amitié m’honore et nos conversations me passionnent. Il faudra que nous reprenions, car si Dieu est athée rien n’empêche plus les athées de croire en Dieu.

J’ai récupéré chez Marcel, il t’envoie son bonjour, le moulinet Caperlan, j’irai, cet après-midi acheter le fil et les hameçons.

Et toi, enfoiré, pauvre con, tu n’as pas su garder le secret confié au bout de la nuit alcoolisée, le récit de mes exploits, mon grand œuvre, ma fierté.

Tu vas voir ta gueule si tu ne cours pas immédiatement chez Lucien, lui expliquer, avant qu’il n’en parle alentour, que ce ne peut être moi car nous étions à la pêche à Lampedusa.

Et fait fissa ! »

***

  • Adressé à Stéphane :

Nice, le 21 janvier 2019

 

 

Cher Monsieur Stéphane,

 

Il y a parfois des choses surprenantes qui se passent dans la vie.

Ainsi, il y a deux semaines, j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un petit extrait d’un texte du peintre Delacroix concernant la peinture. Il y a une semaine, un tableau a été accroché dans le hall d’entrée de l’immeuble. On ne sait ni qui l’a peint, ni qui l’a accroché. Je pense qu’il s’agit d’une seule et unique personne. Je la soupçonne également avoir mis le petit mot dans les boîtes aux lettres que d’ailleurs tous les habitants de l’immeuble avec lesquels j’ai pu en parler ont reçu.

Ce petit mot m’a laissé quelque peu désemparé. Je ne suis pas un intellectuel et la peinture est loin de mes préoccupations quotidiennes. Mon épouse et moi aimons en revanche beaucoup ce tableau accroché dans le hall. Il habille ce mur d’un blanc ingrat et donne au hall d’entrée un cachet à la fois élégant et accueillant. Tout comme les autres habitants de l’immeuble, mon épouse et moi nous nous demandions qui a bien pu réaliser cette peinture si réussie. Après des longues et profondes réflexions et des discussions animées, il nous paraît le plus probable que ce soit vous. Nous supposons que par cette façon mystérieuse d’agir vous cherchez à attirer l’attention sur vous, tout en faisant connaître vos œuvres. Nous nous demandons même si vous n’avez pas procédé de la même manière dans d’autres immeubles.

En tant que carreleur, j’ai accès à des nombreuses résidences de très haut standing. Je pourrais vous aider dans la divulgation de votre œuvre. Ça nous ferait très plaisir, à mon épouse et moi, de pouvoir vous être utile et de servir ainsi la cause culturelle qu’est la vôtre. Mettez nous dans la confidence, nous vous soutiendrons. Nous garderons bien sûr le secret tant que vous le souhaitez.

Dans l’attente du plaisir d’avoir très bientôt de vos nouvelles, je vous prie de croire, cher Monsieur Stéphane, à toute ma considération qui s’adresse aussi à l’artiste que vous êtes.

 

Jérôme 2ème étage

***

Nice, le 24 janvier 2019

 

Cher Stéphane,

 

Comme nous sommes voisins mais ne nous connaissons par beaucoup, je me permets de vous écrire cette lettre pour vous parler de quelque chose qui me travaille depuis quelque temps, je ne dirais pas me tracasse, mais quand même. Je n’ai pas trop l’habitude d’écrire des lettres, surtout maintenant avec les e-mails, les textos… , mais je me suis dit que ce serait aussi bien de vous écrire une vraie lettre et de la déposer dans votre boîte. Je n’ai pas fait d’études comme vous, aussi je vous demande d’être indulgent pour mon style et mes fautes d’orthographe.

 

Depuis le 7 janvier dernier, je trouve qu’il se passe des choses un peu bizarres dans l’immeuble. J’ai habité d’autres endroits, mais j’avoue que je n’ai jamais vu des choses pareilles. D’abord, j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un petit papier avec une citation signée Delacroix. Je suis allée voir sur internet qui ça pouvait bien être et j’ai appris que c’était un peintre, ça ne m’a pas étonnée, vu ce qui était écrit, mais ça ne m’a pas beaucoup avancée. Je n’ai rien compris, ça parlait de reflets de masses… je ne voyais pas du tout ce que ça voulait dire et surtout d’où ça venait, qui avait pu m’envoyer ça et pourquoi. J’ai cru que c’était Paul, un ami que j’ai rencontré au cours de dessin où je vais depuis le mois de septembre, et que c’était un message codé. J’ai passé des heures à essayer de comprendre ce qu’il voulait me dire, je n’ai pas trouvé. J’ai raconté cette histoire à Eve et aussi un peu à Lucien, qui est toujours au courant de tout et c’est comme ça que j’ai appris qu’ils avaient eu le même papier dans leur boîte. Qu’est-ce que c’est que cette histoire, je me suis dit. Chacun avait son idée, mais en fait personne ne savait rien et on n’avançait toujours pas beaucoup.

 

Ensuite, il y a eu ce tableau accroché dans l’entrée de l’immeuble et là, j’ai tout de suite pensé que c’était vous. C’est vrai, il est bien peint, je reconnais et dans l’immeuble, je crois qu’il n’y a que vous qui pouvez faire ça, vous êtes vraiment un artiste, je ne dis pas ça pour vous flatter, je le pense vraiment. Vous m’avez déjà montré des choses que vous faites au Beaux Arts et même si ce n’est pas tout à fait le style que je préfère, je reconnais qu’il y a du travail.

 

Alors, je vais être franche avec vous, vous me connaissez un peu, je suis assez cash comme fille. Je trouve que c’est une très bonne idée de vouloir décorer l’entrée de l’immeuble, d’ailleurs on en a parlé l’autre jour avec Lucien, vous y étiez. Mais votre tableau, si c’est bien vous qui l’avez peint, je le trouve un peu triste, il me fait penser à un incendie de forêt et je ne trouve pas que ça égaie l’entrée. Il est bien, même très bien, ce n’est pas le problème, mais ne le prenez pas mal, il ne convient pas pour l’entrée. Vous le savez, je suis fleuriste, je suis toute la journée dans les couleurs et j’aimerais franchement quelque chose de plus gai. On pourrait mettre des plantes et aussi des tableaux, mais qui représentent des fleurs ou des paysages. Je ne m’y connais pas trop en peinture, bien que j’aie commencé à prendre des cours de dessin, mais c’est comme ça que je vois les choses. A mon cours, on dessine des natures mortes, des corbeilles de fruits, des bouquets. Quelquefois on va dans la nature peindre des paysages. C’est très sympa et si vous voulez, je peux vous faire quelque chose qui ira bien dans le hall. C’est sûr, je ne suis pas une artiste comme vous, mais j’adore la décoration, d’ailleurs tous mes amis disent que chez moi c’est très joli, et je pense que j’ai de bonnes idées.

 

Mais ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est pourquoi, si c’est bien vous (et j’en suis presque sûre) vous nous avez mis cette citation et ce tableau sans nous parler de rien. Est-ce que c’est un projet qu’on vous a demandé de faire aux Beaux Arts et vous avez décidé de prendre vos voisins comme cobayes ? Est-ce que l’idée vient de vous ? Qu’est-ce que vous attendez de nous ? Je suis un peu dubitative. J’aime les mystères, d’ailleurs j’adore regarder des séries policières à la télévision, et j’aime aussi jouer au Cluedo avec mes amis, mais au bout d’un moment, j’ai besoin d’avoir la solution. Il me tarde d’avoir votre réponse. Vous pouvez passer me voir si vous voulez, ça ne me dérange pas, je suis là le soir, sauf quand je sors ou bien vous pouvez mettre un mot dans ma boîte aux lettres, moi ça me plairait bien, c’est comme vous préférez, mais cette fois, n’oubliez pas de signer !

 

A bientôt de vous lire,

Maïlys

***

  • Adressé à Louis :

Nice, le 21 janvier 2019
 

Bonjour Monsieur Louis,

 

On ne se connaît pas trop, on s’est à peine croisés, mais je me permets de vous contacter pour vous parler du tableau accroché dans l’entrée. Je dois avouer que cette affaire m’a bouleversé. Moi qui ne me suis jamais intéressé à l’art, j’ai découvert la beauté, la lumière, grâce à lui. Depuis, je cours les musées, c’est fou !

C’est une œuvre intéressante et énigmatique. Aussi intéressante et énigmatique que la citation qui, à mon avis, lui est associée. C’est justement son côté mystérieux qui me pousse vers vous. Il me plaît d’imaginer que cette mise en scène est une façon originale, pour un nouvel arrivant, de faire connaissance. Cela dit, ce n’est qu’une conviction intime qui voudrait être confirmée.

Et c’est pourquoi je vous écris, Monsieur Louis. Je n’ai pas osé vous aborder pour vous demander si, comme je le crois, vous êtes bien l’auteur de ce tableau et de la citation glissée dans les boîtes à lettres et j’attends avec impatience la réponse qui peut, si vous le souhaiter, advenir devant un apéro chez..
 

Marc hésite… Inviter le père Louis chez lui serait sympa, mais quelque chose le retient. L’homme l’impressionne. Il reprend sa lettre.

 

J’attends avec impatience votre réponse et serai ravi de faire plus ample connaissance avec vous.

Bien cordialement

Marc, votre voisin du 1er.

***

  • Adressé à Joseph :

LOUIS, locataire du 3è étage, pour Monsieur Joseph, la copie de la lettre que j’ai adressée à Monsieur Pierre et à Monsieur Lucien.

Monsieur Pierre

 

Suite à la citation que tous les résidents ont trouvée dans leur boîte aux lettres et le tableau qui agrémente joliment l'entrée de l'immeuble, je suppute que vous pouvez en être l'auteur. L'auteur du tableau, mais avec deux comparses car, comment une seule personne aurait pu l'accrocher incognito. Je pense que JOSEPH, travailleur dans le bâtiment doit être apte à poser une cheville et un piton en un temps record. Puis LUCIEN le concierge a guetté pour qu'aucune personne ne passe à ce moment-là.

J'écris la même lettre aux deux autres « suspects ». Si vous voulez en parler, je vous invite à boire un verre chez moi.

 

PS : Je m'intéresse à ces faits comme à un jeu, et cela me permettra la rencontre avec d'autres résidents.

Louis

***

  • Adressé à Eve :

Chère Ève,

 

Je me permets de te faire part d'un doute au sujet du tableau apparu dans le hall.

Tu m'as parlé récemment de la peinture Nail Art que tu accumules chez toi pour des tests professionnels.. Et ta découverte de la peinture chinoise, Zao Wou-Ki en particulier, qui t'a émue par sa pureté harmonieuse.. et son parcours de migrant, toi qui viens de Pologne..

Je sais que comme lui, tu adores la musique électro, spatiale..

Car j'ai souvent l'occasion d'entendre la danse frénétique de tes stiletto sur le plancher.. moi qui habite juste en dessous !

Je te soupçonne donc d'être à l'origine de cette nouvelle déco affichée dans le hall.. Un recyclage original et personnel de ton acrylique Nail Art, au son des Daft Punk.. ton groupe fétiche actuel, je crois ?

Dis-moi si mon intuition est bonne, ou si je me trompe.

Et si tu le veux bien, je peux te proposer d'autres compositeurs intéressants, comme Boulez ou Messiaen, qui composait en écoutant des chants d'oiseaux.

Il me reste aussi des encres de couleur et des pastels secs.. si tu veux te lancer !

 

Bien à toi..

 

Pierre

***

  • Adressé à Pierre :

LOUIS, locataire du 3è étage

Monsieur Pierre

 

Suite à la citation que tous les résidents ont trouvée dans leur boîte aux lettres et le tableau qui agrémente joliment l'entrée de l'immeuble, je suppute que vous pouvez en être l'auteur. L'auteur du tableau, mais avec deux comparses car, comment une seule personne aurait pu l'accrocher incognito. Je pense que JOSEPH, travailleur dans le bâtiment doit être apte à poser une cheville et un piton en un temps record. Puis LUCIEN le concierge a guetté pour qu'aucune personne ne passe à ce moment-là.

J'écris la même lettre aux deux autres « suspects ». Si vous voulez en parler, je vous invite à boire un verre chez moi.

 

PS : Je m'intéresse à ces faits comme à un jeu, et cela me permettra la rencontre avec d'autres résidents.

Louis

***

  • Adressé à Maïlys :

« Bonjour ! (ça au moins ça ne mange pas de pain et c’est toujours bien de dire simplement « bonjour »).

Je suis Olivier, votre voisin du deuxième étage, souvent absent mais néanmoins sensible à ce qui se passe dans l’immeuble depuis maintenant deux semaines.

Si je vous écris aujourd’hui c’est simplement parce que je vous sens à même d’avoir pu déposer ces messages dans nos boîtes aux lettres, et par là même d’avoir également orné le hall tristounet de notre « home » avec ce tableau mystérieux mais que je trouve empreint d’une grande sensibilité. Une fleuriste se doit d’aimer la nature et je vous imagine mettre dans vos compositions florales une part de fantaisie, de mystère et d’ingéniosité (cf. texte de Delacroix). Je n’arrive pas pourtant à deviner ce qui peut vous avoir poussée (s’il s’agit de vous) à ces actes surprenants au sein de notre copropriété. Un besoin d’éveiller la curiosité de chacun d’entre nous ? De réveiller notre attention en bousculant notre train-train au cours de la traversée du hall ? En tous cas je pense que cela va sûrement réunir quelques-uns d’entre nous avec les mêmes interrogations et suppositions. Doit-on s’attendre à une troisième « manifestation » ? Pour ma part je trouve ces évènements bien plaisants, même s’ils restent quelque peu mystérieux à mes yeux.

Il y a certes des « artistes » dans notre petite communauté, mais je ne penche pas pour que l’auteur de ces faits se trouve parmi eux. Je vais plutôt dans le sens d’un acte discret, portant sûrement un message que j’avoue ne pas encore capter.

Je compte sur votre réponse pour éclairer mes pensées. »

 

Olivier

***

 

  • Adressée à Lucien :

LOUIS, locataire du 3è étage, pour Monsieur Lucien, la copie de la lettre que j’ai adressée à Monsieur Pierre et à Monsieur Joseph.

Monsieur Pierre

 

Suite à la citation que tous les résidents ont trouvée dans leur boîte aux lettres et le tableau qui agrémente joliment l'entrée de l'immeuble, je suppute que vous pouvez en être l'auteur. L'auteur du tableau, mais avec deux comparses car, comment une seule personne aurait pu l'accrocher incognito. Je pense que JOSEPH, travailleur dans le bâtiment doit être apte à poser une cheville et un piton en un temps record. Puis LUCIEN le concierge a guetté pour qu'aucune personne ne passe à ce moment-là.

J'écris la même lettre aux deux autres « suspects ». Si vous voulez en parler, je vous invite à boire un verre chez moi.

 

PS : Je m'intéresse à ces faits comme à un jeu, et cela me permettra la rencontre avec d'autres résidents.

Louis

***

Nice, le 21 janvier

Bonjour Monsieur Lucien,

J’ai bien réfléchi avant de vous adresser cette lettre. Ma première intention était plutôt d’engager la conversation de vive voix mais il reste difficile de vous croiser dans cet immeuble et, de plus, la chose écrite me semble présenter l’avantager d’être pus réfléchie, moins sujette aux approximations.

Je souhaite vous parler de cet énigmatique tableau qui orne notre hall d’entrée. J’ai mené mon enquête, j’ai bien observé les locataires cette semaine et je crois avoir démasqué le coupable. »

« Coupable ? Tu y vas un peu fort ma fille ! "L’auteur des faits", ça ira mieux. »

« …et je crois avoir démasqué l’auteur des faits. Voici mon raisonnement.

Le billet anonyme en boites à lettres contenant la citation énigmatique du peintre Delacroix, puis la présence de la toile abstraite dans le hall portent naturellement à soupçonner Stéphane, étudiant à la Villa Arson, ou encore Pierre, l’artiste peintre de la maison. Mais vous conviendrez avec moi que leur niveau culturel est bien inférieur à l’érudition de la citation (pour vous en convaincre, écoutez-les discuter de vodka…). De plus, Pierre est plus familier des peintures réalistes (c’est lui qui avait apposé cette affichette annonçant la rétrospective Peder Mork Monsted aux Ponchettes).

J’ai un moment soupçonné d’autres… »

« Eh ! Nath ; oublie un peu ton Maigret ! Il n’y a pas eu mort d’homme, ici ! »

« J’ai un moment envisagé d’autres locataires aux penchants artistiques comme Olivier ou Maïlys. Notre fleuriste du premier semble plus préoccupée par ses coiffures en bouquets de fleur aussi extravagantes que ceux qu’elle expose en vitrine, et la perplexité affichée par tous deux en franchissant le hall les écarte tout net.

Imaginez-vous ma voisine esthéticienne se livrant à ce jeu de devinettes ? Tout cela est d’un style bien trop abstrait pour cette écervelée obsédée uniquement par son image, ne trouvez-vous pas ?

J’ai rapidement écarté Charles, trop investi dans la protection des dernières forêts du littoral pour consacrer de l’énergie à la chose artistique. De même pour Louis : ce n’est tout de même pas un retraité de la PJ qui poserait à son tour des énigmes ! Quant à Marc, on a certes pu lui reprocher ce poster lors du mondial de football mais le foot et le bistrot semblent être ses uniques passions.

Concernant nos 2 artisans, Joseph et Jérôme, quand voudriez-vous qu’ils s’amusent à inventer des énigmes alors qu’ils assurent des journées de travail sans fin ponctuées de dimanches tout en somnolence ?

L’éventail des suspects se resserre ! »

« Non, Nathalie ! Arrête de te prendre pour Maigret ou Sherlok holmes ! »

« L’éventail des possibilités se réduit ! Restent maintenant Judith, vous et moi-même.

Judith, suggérez-vous ? En effet, un écrivain ferait bien l’affaire mais méfions-nous des apparences. J’ai provoqué l’occasion de la rencontrer dans son appartement ; je peux vous dire que sa décoration laisse autant à désirer que ses tenues guindées et hyper-classiques ! Et de plus, elle ne produit que des écrits historiques (si vous en avez l’occasion -et le temps surtout !-, interrogez-la pas sur la période médiévale dans les hautes vallées provençales…).

Quant à moi, mon cher Lucien, »

« Tout doux, ma fille ! Ne vas pas faire croire que tu le dragues ! »

« Quant à moi, Monsieur Lucien, je ne suis pas en train de vous rejouer l’épisode où le coupable fait mine de mener l’enquête ! Je peux vous jurer que je ne suis pour rien dans cette affaire ; je n’apprécie ni Delacroix ni la peinture contemporaine (même si cette toile m’a bousculé les sens lundi dernier) ; pour tout vous dire, mes activités infographiques ne visent qu’à la restauration de films et photos anciennes.

Si vous avez bien suivi mon raisonnement, il ne reste plus sur la liste qu’un occupant de l’immeuble : vous-même, Monsieur Lucien. Comme je l’écrivais précédemment, méfions-nous des évidences : le Lucien bougon, toujours absent de sa loge, cache un autre Lucien, délicat et cultivé, qui s’est aménagé un atelier secret dans le local technique de l’immeuble. Malgré toutes vos précautions, j’ai pu observer votre manège secret ; je donne maintenant un autre sens à votre éternel « Le concierge est dans l’escalier ». Alors voici ma proposition : collaborons, Monsieur Lucien, persévérons ensemble dans les énigmes artistiques car tout cela a déjà provoqué bien des échanges plus ou moins furtifs entre les locataires et j’ai bon espoir de pouvoir bientôt proposer une fête des voisins.

S’il vous plaît, réfléchissez à ma proposition et répondez-moi vite. »

« Pourquoi, "vite" ? Au contraire, laisse-lui le temps de réfléchir, ma grande ! »

« S’il vous plaît, prenez le temps de réfléchir à ma proposition et répondez-moi.

Je compte sur votre discrétion ; la mienne vous est acquise.

Dans l’espoir de notre prochaine collaboration… »

« Non ; plus direct. »

« Dans l’attente de vous rencontrer pour mettre au point notre prochaine collaboration,

Cordialement,

Nathalie, du 3°. »

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 28 Janvier 2019

Vous avez envoyé du courrier, mais vous en avez aussi reçu, et même une lettre anonyme !

Racontez vos réactions à la lecture de ces lettres et, si vous avez écrit à quelqu’un en particulier, rapportez-nous sa réponse – à rédiger vous-même, bien sûr – qui dément et expose :

- soit ses propres déductions et donc une autre piste.

- soit, s’il lui avait lui-même adressé la première lettre, les propos d’une tierce personne entendus lundi dernier pour suggérer une autre piste.

Il termine son message en lui donnant rendez-vous dans le hall lundi prochain à 17h.

Vous pouvez soit écrire une lettre ou mail de réponse pour intégrer un échange épistolaire à votre nouvelle, soit utiliser la parole rapportée.

 

Atelier : La parole rapportée

Quelques lettres...

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 25 Janvier 2019

Jérôme rentre à la maison après une journée de travail. Comme tous les soirs, il vide sa boîte aux lettres. Une petite feuille tombe par terre, il la ramasse. Il y a un petit texte, apparemment une réflexion sur la peinture. Le nom Delacroix était apposé sous le texte.

Drôle de texte, se dit-il. Il ne sait pas quoi en faire, quoi en penser. D’ailleurs il n’en a pas envie. Ses deux garçons l’attendent. Il va jouer avec eux et contrôler leurs devoirs en attendant que sa femme les appelle pour qu’ils passent à table.

La nuit, il se réveille. Il repense au texte trouvé dans la boîte aux lettres. C’est certainement un de ces cinglés de peintres qui l’a mis là. On y parle de reflets et de transparence. Ça lui parle. En tant que carreleur, il était sensible à la beauté des choses, aux harmonies des couleurs bien choisies d’un intérieur. Parmi les carrelages il y avait des très beaux qui pouvaient mettre en valeur une pièce, une terrasse, un mur. Certains captaient la lumière, d’autres, mats, l’absorbaient. Le choix dépendait de l’effet recherché. Un carrelage mal choisi pouvait ternir les meubles les plus raffinés, les tissus les plus recherchés. Il se rendort, la tête pleine de nuances de couleur avec des reflets et de la transparence.

Une semaine plus tard, en entrant dans l’immeuble, il s’arrête net. Un grand tableau est accroché au mur. Il l’examine. Il l’aime. Des arbres, il pense. Des peupliers, élancés, élégants. Il les voit presque onduler dans le vent. Des couleurs tendres. La suite du petit mot de la semaine dernière ? Dans le texte, il y avait le mot chair, il s’était plutôt imaginé des corps, des corps de femme. La couleur chair, annoncée par le texte, est bien là, mais ses contours ne rappellent pas vraiment des corps. Non, ce sont des arbres. Il n’y trouve pas non plus des reflets. Par contre, la transparence, elle est bien présente. C’est peut-être elle qui donne cette sensation de bien-être, de sérénité qui se dégage du tableau.

Qui a pu mettre ce tableau là ? Jérôme est intrigué. Il monte dans son appartement, interroge Lucie, sa femme. Quand elle est rentrée, il n’y avait pas de tableau. Ils redescendent tous les deux, regardent le tableau.

  • Ce sera bien qu’il reste, dit Lucie. Il est très beau.

Jérôme sonne chez Lucien, le gardien. Personne ne lui répond. Il regarde sa montre. Bien sûr, Lucien a des heures fixes. A cette heure-ci, il ne se considère plus en service.

A table, toute la famille s’interroge. C’est Lucie qui a le dernier mot :

  • C’est certainement Stéphane, l’étudiant en beaux-arts, qui a peint et accroché le tableau. Il n’est peut-être pas très sûr de lui, c’est pour ça qu’il n’a pas signé son œuvre.

***

 

Jérôme X

Stéphane   3ème étage

 

Nice, le 21 janvier 2019


 


         Cher Monsieur Stéphane,

 

Il y a parfois des choses surprenantes qui se passent dans la vie.

Ainsi, il y a deux semaines, j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un petit extrait d’un texte du peintre Delacroix concernant la peinture. Il y a une semaine, un tableau a été accroché dans le hall d’entrée de l’immeuble. On ne sait ni qui l’a peint, ni qui l’a accroché. Je pense qu’il s’agit d’une seule et unique personne. Je la soupçonne également avoir mis le petit mot dans les boîtes aux lettres que d’ailleurs tous les habitants de l’immeuble avec lesquels j’ai pu en parler ont reçu.

Ce petit mot m’a laissé quelque peu désemparé. Je ne suis pas un intellectuel et la peinture est loin de mes préoccupations quotidiennes. Mon épouse et moi aimons en revanche beaucoup ce tableau accroché dans le hall. Il habille ce mur d’un blanc ingrat et donne au hall d’entrée un cachet à la fois élégant et accueillant. Tout comme les autres habitants de l’immeuble, mon épouse et moi nous nous demandions qui a bien pu réaliser cette peinture si réussie. Après des longues et profondes réflexions et des discussions animées, il nous paraît le plus probable que ce soit vous. Nous supposons que par cette façon mystérieuse d’agir vous cherchez à attirer l’attention sur vous, tout en faisant connaître vos œuvres. Nous nous demandons même si vous n’avez pas procédé de la même manière dans d’autres immeubles.

En tant que carreleur, j’ai accès à des nombreuses résidences de très haut standing. Je pourrais vous aider dans la divulgation de votre œuvre. Ça nous ferait très plaisir, à mon épouse et moi, de pouvoir vous être utile et de servir ainsi la cause culturelle qu’est la vôtre. Mettez nous dans la confidence, nous vous soutiendrons. Nous garderons bien sûr le secret tant que vous le souhaitez.

Dans l’attente du plaisir d’avoir très bientôt de vos nouvelles, je vous prie de croire, cher Monsieur Stéphane, à toute ma considération qui s’adresse aussi à l’artiste que vous êtes.

Jérôme

2ème étage
 

***

Cher Jérôme,

Votre lettre me flatte. J’aimerais bien être l’auteur de ce tableau bien équilibre, qui sait créer en quelques lignes, quelques touches de couleur une atmosphère singulière. Malgré la simplicité apparente du tableau, il faut une bonne expérience pour fixer ainsi l’essentiel d’un paysage, d’une luminosité. Il me semble que ce tableau reflète même l’état d’esprit de son auteur qui nous montre ainsi le dehors, une forêt apparemment, et le dedans, une certaine mélancolie qui s’est emparée du peintre. Il faut de l’expérience pour s’exprimer aussi sobrement, et il me semble que cet œuvre ne peut émaner que de Pierre. Certes, il ne ressemble pas à ses autres tableaux. Mais tout comme le carreleur doit poser les carreaux qui plaisent à ses clients, même s’il les trouve affreux, le peintre qui veut vivre de son art doit, comme tout autre artiste d’ailleurs, s’adapter au goût des acheteurs potentiels.

Adressez-vous donc à Pierre. Ça me ferait plaisir si vous pourriez me tenir au courant des résultats de vos investigations.

Mes amitiés à votre épouse.

Bien cordialement

Stéphane

***

Je ne suis pas le seul à avoir pris la plume à cause de ce tableau. En plus de la réponse de Stéphane j’ai reçu trois lettres à son sujet. Deux d’entre elles ont apparemment été adressées à tous les habitants de l’immeuble. L’une a été écrite par Judith, qui a aménagé il y a quatre mois. Elle précise être peintre, alors que je la croyais écrivaine. On dirait qu’elle cherche à profiter de l’occasion pour faire plus ample connaissance avec ses voisins. C’est du moins ainsi que je comprends sa lettre qui n’est pas très claire. La deuxième lettre émane de Stéphane, qui demande en substance qui a peint le tableau. C’est curieux, car dans la réponse individuelle qu’il m’a adressée, il semble être sûr que c’est Pierre, le peintre anonyme. Je me demande maintenant de nouveau si ce n’est pas lui, l’auteur, et qu’il a envoyé la lettre circulaire pour faire diversion, pour éloigner les soupçons de lui.

Mais c’est surtout la troisième lettre qui m’intrigue. Elle est anonyme, mais très personnel. L’auteur se réfère à des conversations que nous aurions eues, apparemment des conversations philosophiques. Il mentionne aussi la pêche qui semble être une de ses passe-temps, il va jusqu’à écrire que nous avons pêché ensemble à Lampedusa. Je n’ai certainement pas le temps, ni surtout aucune envie, de débattre de l’existence de Dieu. J’ai fait de la pêche avec mon père, avant mon mariage, il y a bien longtemps. D’ailleurs, il paraît qu’on n’attrape plus rien. L’auteur s’est soit trompé de destinataire, soit il est fou. Je penche plutôt pour la deuxième hypothèse, puisque si ce qu’il écrit était exact, je saurai qui a écrit cette lettre et il serait donc absolument inutile et, il me semble malpoli, de ne pas la signer. A moins que ce ne soit un stratagème, assez grossier, pour apprendre la vérité sur le tableau.

Je reste donc dubitatif, mais j’ai compris une chose : ce tableau intrigue tout le monde. J’ai d’ail-leurs appris qu’une réunion de tous les habitants va se tenir lundi prochain, à 17 : 00 heures, dans le hall de l’immeuble.

J’arrive dans le hall d’entrée avec 20 minutes de retard. Un problème de carrelages, bien sûr. Les habitants de l’immeuble sont déjà là. Par contre, le tableau a disparu. Une certaine effervescence règne. Tout le monde parle avec tout le monde, ou disons plutôt que tout le monde parle, personne n’écoute. Mon voisin, Olivier, s’approche de moi pour me dire :

  • Vous avez vu les citations ?

Qu’il me montre du doigt au même moment. En effet, à la place du tableau, il y a une feuille blanche. Je m’approche pour lire ce qu’il y a écrit dessus. J’entends quelqu’un dans mon dos dire :

  • Il sait lire, Jérôme ?

Je ne me retourne pas, je n’identifie pas la voix, je ne veux pas savoir. Il faut passer un diplôme pour être carreleur, il faut bien savoir lire. Il faut connaître les différentes techniques de carreler un sol, un mur. Il faut connaître les matériaux utilisés. Il faut conseiller les clients. Les convaincre, si possible, de dépenser un peu plus que ce qu’ils ont prévu au départ. Puis, on se bousille les genoux à force de travailler pour les autres. Mais dans mon métier, il n’y a pas de chômage. Ce qui me console, ce que parmi tous mes voisins, coté revenues, je crois que je suis plutôt bien placé. Voici que j’entends une autre remarque. Sur mon manque de sens artistique, je crois. Je n’ai pas bien compris. Je ne sais pas ce qu’ils ont comme carrelages dans leurs appartements. Certainement des premiers prix.

Sur la feuille blanche il y a deux citations. La première sur la vérité, la deuxième sur l’avis donné. J’apprécie la modestie du deuxième auteur qui s’appelle Michel Montaigne. Je ne sais pas quoi penser de la première. Encore un truc d’intellectuel. Ça, c’est vrai, je ne le suis pas.

J’observe mes voisins. Qui a peint le tableau ? Qui est l’auteur de cette mise en scène ? Personne n’a un comportement suspect. D’ailleurs, un comportement suspect, dans ce cas, ça ressemblerait à quoi ? Bêtement je demande à Nat qui se trouve à côté de moi :

  • Ça fait longtemps que le tableau a disparu ?

  • Quand je suis partie pour la fac, vers 14:30 h, il était encore là.

Pierre s’approche de nous.

  • Nat est la dernière à avoir vu le tableau.

  • Donc, c’est elle qui l’a pris, réponds-je pour plaisanter.

Nat éclate de rire.

  • Je ne l’aimais pas, ce tableau.

Je me demande quel est le sens de tout ça. Une première citation sur la peinture et un tableau, il y a là une certaine cohérence. Mais ces deux dernières citations ? Quel rapport ? Est-ce que quelqu’un a effectivement volé le tableau et mis les citations pour faire diversion ? Est-ce quelqu’un a enlevé le tableau pour que le peintre se démasque ?

Je scrute encore les expressions, les postures de mes voisins. Personne ne semble vouloir se démasquer. Tout le monde est excité, mais personne n’a l’air catastrophé. Il reste donc la troisième hypothèse. Celui (ou celle) qui a accroché le tableau l’a aussi enlevé. Mais quel rapport avec les citations ? Les contes de fée, la seule vérité. Le peintre veut-il dire qu’un beau tableau dans le hall d’un immeuble bien modeste, dans un quartier qu’on appelle justement des quartiers, c’est un conte de fée ? Il est vrai, mais seulement le temps qu’il dure. La deuxième citation, mon avis ? Peut-on remplacer l’avis par le tableau ? Je donne mon tableau non comme étant bon, mais comme mien. Non, ça ne colle pas, puisque le tableau est anonyme. Quoique, on peut donner un avis anonymement, et un tableau aussi, la preuve est là.

Tout le monde parle toujours, émet des hypothèses, On n’avance pas. Je vais rentrer dîner. Je cherche ma femme Lucie du regard. Tiens, elle n’est pas là. Je n’avais pas encore remarqué son absence. A ce moment, elle sort de l’ascenseur, s’avance dans le hall et dit timidement :

  • C’est moi qui ai peint le tableau.

Je reste bouche bée. Je n’aurais jamais cru ça. Je vais monter chercher une bouteille de champagne. Non, il en faut deux. Trois, c’est encore mieux.

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Rédigé par Iliola

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 22 Janvier 2019

Investigation faite, chaque personnage envoie un courrier à celui qu’il soupçonne être l’auteur de l’œuvre pour en avoir la confirmation. Dans la lettre ou le mail, il lui explique les raisons qui le poussent à croire que ce voisin en est l’auteur et il lui demande pourquoi la citation et le tableau, quelle est la finalité de cette mise en scène, tout en lui faisant part de ses propres déductions.

 

Atelier : L'écriture épistolaire

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 22 Janvier 2019

L’ETRANGE DECOUVERTE DE Mr DUCHEMIN

 

 

1/ La citation

 

L’hiver s’engageait dans l’automne. Debout dans l’air vif du petit matin Charles Duchemin attend à la station Pont Coty du tramway. Il se rend à son travail aux ateliers de l’ONF (Office National des Forêts).

A l’instant même où le convoi s’arrête face à lui, il serre au fond de sa poche le papier froissé.

Quelques instants auparavant, il avait remonté le col de sa veste en sortant de son immeuble. Au calme feutré du hall avait succédé brusquement le brouhaha des boulevards. Klaxons, cris d’enfants toujours occupés à se poursuivre, démarrages intempestifs des voitures. Il avait eu un instant de recul et déposé au fond de sa poche le texte découvert dans sa boîte aux lettres.

Il avait hésité à le jeter dans la corbeille à papier prévue à cet effet, comme toutes les publicités inutiles. Mais ce n’était pas une publicité. En fait ce message l’avait interpellé.

Il avait senti que quelque chose d’inhabituel allait se produire.

Confortablement installé, balloté au grès des accélérations du tramway il décida de le défroisser et de le relire.

« Il faut les moduler dans un reflet coloré comme la chair. Il ne faut pas que ce reflet soit complètement reflet (autrement dit, il faut casser le ton du reflet avec un autre ton). Quand on finit, on reflète davantage où cela est nécessaire. Il faut toujours modeler par masses tournantes, comme seraient des objets, comme sont les feuilles. Mais la transparence en est extrême. »

 

Mr Duchemin relève la tête.

Etrange ! Voilà bien la prose d’un amateur de peinture. La signature Eugène Delacroix ne prêtait pas à confusion.

Peut-être s’est-il trompé de boîte aux lettres. Ça pouvait intéresser Pierre l’artiste peintre du premier ou plutôt Stéphane l’étudiant aux beaux-arts du troisième et ce courrier leur était destiné !

Cette histoire de reflet avait l’air très importante pour le rédacteur de ce texte.

Pourquoi m’a-t-il choisi ? Est-ce un malentendu ?

Le tramway ralentissait et abordait un dangereux carrefour. Un de ces carrefours que l’on traverse toujours avec appréhension, avec des regards à droite et à gauche, avec ces hésitations qui caractérisent bien toute personne consciente des dangers. Le chauffeur s’engageait à vitesse réduite mais constante, sûr de sa priorité.

C’est ici qu’il aperçut Olivier avec sa petite valise à roulettes, le locataire du troisième. D’un regard fixe Olivier le dévisageait au travers des vitres, en pivotant la tête au fur et à mesure que la rame avançait. Pourquoi le regardait-il si intensément ? Ou bien est-ce l’ensemble du convoi articulé que son œil suivait ?

C’était la première fois qu’il s’attardait ainsi à croiser son regard. D’habitude ça se limitait à un bonjour distant en ouvrant les boîtes aux lettres. La différence d’âge peut-être ?

Par contre il n’était pas avare de confidences à Eve, l’Esthéticienne du même palier, qui suivait ses voyages. Olivier était steward et musicien, de talent semblait-il à en juger par les Ah ! Et Oh ! De la voisine.

Ce courrier ça pouvait être lui ?

Le texte sous ses yeux faisait remonter le souvenir enfoui de sa jeunesse. Toujours le même. Il aura fallu quelques lignes sur des nuances de reflets pour en prendre conscience.

 

La Mauritanie. Le désert. Nouakchott. Le vent glacial la nuit, L’air torride le jour. Les dunes à perte de vue chargées de reflets qui tremblent sous la chaleur et qui déforment tout. Les auréoles d’humidité qui changent le ton des rochers au petit matin. La transparence extrême qui ne dure qu’un instant. Le regard de cet enfant planté là, confiant et qui comprend ce qu’il fait.

Cette période de sa vie il n’en avait jamais parlé !

Il avait vécu là bas et personne ne racontera son histoire !

Mais qui d’autre que lui pouvait le faire…

 

2/ Le tableau

 

Charles claque la porte de son appartement et s’engage dans l’escalier.

Lucien, le concierge astique les marches et l’arrête de la main.

-Prenez l’ascenseur Mr Duchemin s’il vous plaît, ça m’arrangerait et puis vous découvrirez la surprise installée au rez-de-chaussée !

-Ah bon ! C’est tous les jours maintenant.

 

Charles rencontre Stéphane dans le hall admirant la toile installée là.

Lucien les avait rejoints abandonnant seau et balais.

-Je n’y comprends rien, je ne sais pas qui s’amuse mais je crois que je vais l’enlever. J’appelle le syndic pour lui demander son avis.

-Moi je trouve que c’est une bonne idée, enchérit Stéphane, belles couleurs et puis ce côté inachevé laisse imaginer pas mal de choses vous ne trouvez pas ?

Charles pensait à ce travail de reboisement dont il s’occupait après les terribles incendies de l’été. C’est ce à quoi lui faisait penser la toile en premier abord.

-C’est peut-être Pierre votre voisin du premier qui n’a pas eu la force de le monter chez lui et qui l’a déposé là. Celui là aux heures auxquelles il rentre et dans quel état ! Je ne vous dis pas… enchaîne Lucien.

-Vous pensez ? demande Charles en regardant Stéphane, mais quelqu’un l’a aidé à le fixer au mur alors ! Personne n’a rien entendu ? Bizarre.

-Ce courrier dans les boites hier, ça aussi c’était bizarre, poursuit Lucien.

-Vous aussi vous l’avez reçu ? s’étonne Charles,

-Si je vous le dis !

Stéphane hoche la tête, lui aussi l’a reçu ce courrier.

-Delacroix tout de même, ce n’est pas n’importe qui.

Stéphane enfile son sac à dos et se prépare à partir. Il s’adresse à Mr Duchemin :

-A la villa Arson il y a une toile d’un contemporain de Delacroix, un Dinet, vous connaissez ?

Charles interpellé réagit aussitôt

-Etienne Dinet l’Orientaliste ?

-Oui, prêté par le musée des Beaux-Arts pour une exposition temporaire. L’ambiance du désert y est très bien rendue.

-Une ambiance de désert dites-vous ? Il faudra que je passe vous rencontrer et voir cette toile en même temps, quand y êtes-vous ?

-Mais avec plaisir ! J’y suis tous les jours ! Il aura fallu un courrier étrange et ce tableau dans le hall pour que l’on fasse plus ample connaissance.

 

Le lendemain, Monsieur Duchemin arpente les couloirs de la villa Arson.

Des ateliers de part et d’autre donnant sur un jardin particulièrement soigné.

Une salle est réservée aux expositions temporaires et aux styles particuliers afin de permettre aux élèves de s’imprégner des tendances du passé.

La toile de Dinet en est la vedette.

L’atmosphère de la palmeraie est parfaite. Ombres rares sous les palmiers. Femmes occupées à leurs diverses tâches. L’eau rare irriguée vers les plantations. Murs en terre pour la protection contre le sable envahissant.

 

Charles se revoit jeune volontaire auprès de l’organisation des Nations Unies pour le programme de lutte contre la désertification dans les régions désolées. Avec de la bonne volonté à revendre il pensait apporter quelque chose au service de populations déshéritées

Il se voyait changer le cours de la fatalité…

 

Il retourne vers l’entrée tout à ses réflexions, quand par la porte ouverte d’un atelier il aperçoit une toile quasiment identique à celle du hall de son immeuble…

A la cafétéria de la villa Arson il en parle avec Stéphane :

-Dans cet atelier ce sont des anonymes qui s’expriment, disons des « premiers pinceaux » ceux qui s’exercent à la peinture. Le prof les guide dans leurs talents, après ils se spécialisent et essaient de se trouver un style.

-Mais dites moi, pourquoi vous intéressez vous tant à Dinet et à ce type de peinture ?

-Oh ! Une vieille histoire à laquelle je pense souvent. Je vous raconterais une autre fois, ça m’a fait plaisir de parler avec vous.

 

3/ Le message

 

Cette visite à la villa Arson n’avait apporté que d’autres questions.

Qui peut bien être l’auteur de toute cette animation ? Après tout pourquoi pas deux personnes ? La profondeur du message de Delacroix et la légèreté du tableau semblent le poussent vers cette hypothèse.

Tous les habitants défilent dans sa tête et là il se rend compte qu’il ne sait pas grand-chose d’eux. Depuis le départ de sa femme il s’était un peu réfugié dans son travail. Finalement il avait fallu que quelqu’un bouscule ses habitudes pour s’ouvrir aux autres.

Une seule chose de sûre : ce n’est pas Stéphane.

Louis le retraité de la police ? Pas du style à plaisanter…

Joseph le peintre en bâtiment ? Trop occupé par son boulot, part de bonne heure et rentre tard le soir…

Olivier le steward ? Toujours par monts et par vaux. Il a d’autres chats à fouetter… Non il pencherait plutôt vers un rêveur, quelqu’un qui aurait du temps…

Pierre l’artiste peintre ? Je ne pense pas, je le verrais plutôt place Rossetti le dimanche essayer de vendre ses œuvres… Alors ? Il ne reste que Nathalie l’étudiante du 3è (style potache la plaisanterie ça lui collerait peut être ?)

Judith l’écrivaine ? Ok pour le courrier de Delacroix mais le tableau ?

Maïlys la fleuriste ? Tiens pourquoi pas ! Sa décision est prise, il écrit à Maïlys.

 

« Bonjour Maïlys

Vous avez certainement constaté, comme nous tous ces deux choses bizarres, bizarre n’est pas le mot, je dirais plutôt étranges qui nous interrogent ! Je ne vous connais pas très bien mais j’ai pensé que… peut-être… le tableau serait de vous. Une ébauche de paysage, des traces floues évoquent des soupçons de fleurs, alors pourquoi pas vous ? Je tenais également à vous dire que j’entends souvent la musique que vous écoutez, toujours feutrée je vous rassure, mais je peux vous dire que vos choix ne me dérangent pas du tout.

Alors ai-je vu juste ? »

 

4/ Le rassemblement

 

Le lendemain, en ouvrant sa boîte, Charles eut la surprise de découvrir quantité de courriers. Plusieurs personnes traînent dans le hall. Un brouhaha général s’installe. Chacun y va de la sienne pour résoudre l’énigme du 2 Pont Coty !

Stéphane ne va pas dans le détail et a questionné tout le monde.

 

Judith l’écrivaine du 2è aimerait bien connaître le ou les auteurs de ces deux énigmes.

Une lettre anonyme à laquelle il ne comprend rien l’interpelle personnellement.

-Vous aussi, vous êtes destinataire de tous ces courriers ?

Plongé dans ses lectures, il est surpris. Il se retourne et aperçoit Maïlys. Il reconnait l’écriture de la lettre qu’elle a en main.

-Et bien non, désolée, ce n’est pas moi. J’aimerais bien connaître moi aussi celui ou celle qui a eu ces idées. Original non ?

-Oui, oui je suis de votre avis et puis ça bouscule nos habitudes…

Maïlys sourit.

Merci d’apprécier ma musique. Je ne suis pas une fan de télé et la musique est une passion pour moi. J’essaie toujours de ne pas déranger les voisins mais avec mes répétitions de tango c’est difficile d’écouter en sourdine.

Charles est interpellé.

-Ah bon ! Vous aimez le tango ? Mais c’est ringard pour une fille de votre âge non ?

-Pas du tout. J’aime beaucoup ce côté sensuel et nostalgique qui s’en détache.

Saudade comme disent les Argentins !

-Je vois que vous en avez une bonne connaissance ! Le tango je l’ai bien pratiqué. Carlos Gardel, Astor Piazzolla, Annibal Troilo, ça vous parle ? C’est autant de sensualité que de rigueur, de technique que de lâcher prise. De la voltige et de l’élégance, de l’émotion quoi ! Et puis c’est la dernière danse du toucher créée par l’homme. Avec ma femme on ne ratait aucun concours. Ça fait trois ans que je ne m’y intéresse plus, depuis son départ.

-Oh excusez-moi, je ne savais pas !

-Ce n’est pas si grave, ça me fait plaisir de découvrir que le tango intéresse aussi des jeunes comme vous.

-Il faut dire que vous en parlez presqu’en professionnel. On n’aura pas résolu l’énigme de notre immeuble mais on aura découvert quelque chose, termina Maïlys…

 

5/ Les surprises

 

Cette fin d’après midi dans le hall, ils sont tous là.

Ça alors mais où est passé le tableau ?

A la place deux citations de Saint- Exupery et Montaigne ! Excusez du peu. Un intello ce farceur ou bien conseillé.

Charles ne sait plus quoi penser.

-Alors toi t’es un as en communication ! Qui parle à qui ?

-Le conte de fées je suis en train de le vivre ! entend-on malgré le brouhaha.

Stéphane s’approche de Charles.

-Vous savez « l’avis non comme bon mais comme le mien » de la citation c’était bien vu !

-Ah bon ? Il faut me sous-titrer, je plane !

Joseph le peintre en bâtiments du 5è semble planer lui aussi. Ce serait donc lui ?

-Les amis tous chez moi pour arroser ça ! lance t-il à la cantonade.

Chez Joseph, les deux tableaux quasi identiques trônent dans le salon.

-La villa Arson m’a beaucoup apporté, précise Joseph.

-Et ton prof, il ne faut pas l’oublier : un crack en communication !

-Oui ! Il me disait : si tu veux te faire connaître il faut taper fort dès le début, c’est comme pour les récitals, le public est scotché dès la première mélodie, t’affirmer quoi !

On apprendra plus tard entre coupes de champagne et musique instrumentale que Joseph a pris sa carte d’artisan et travaille sur la restauration de bâtiments classés avec des artistes des beaux-arts. La peinture en trompe l’œil n’a plus de secrets pour lui. Le Graal quoi !

On se sépare entre félicitations et tapes sur l’épaule. De l’avis général on lui demande de remettre son tableau dans le hall, c’était vraiment chouette !

 

Voilà cette énigme résolue, pense Charles, je n’aurais pas pensé à lui. Je vais pouvoir terminer mon rapport sur le reboisement de Carros. Les pins ! Le mal est là. Sécheresse plus aiguilles de pins, la moindre étincelle et une colline entière part en fumée !

Il avait le souvenir de ces forêts d’Eucalyptus au Portugal, centenaires. Mais ici pas d’humidité de l’océan pour arroser les plantations.

Les chênes ont bien résisté aux sécheresses dans le Var. Il pense que c’est la bonne solution : une forêt de chênes. Il oriente son rapport en ce sens.

Il baille, regarde sa montre : 1heure 30. Bon, il est temps de se coucher…

 

Aïn el Kseur la petite palmeraie à 150 kilomètres de Nouakchot revient. Le sable a envahi plus de la moitié des surfaces cultivées. Le service de désensablement se résume à une équipe de trois personnes, dont Ali gamin rieur à l’énergie débordante. Le matériel ? Un sac de riz ouvert en deux sur lequel on avait cousu deux ficelles en guise de bras. Et voilà la brouette. On y dépose cinq ou six pelletées de sable, puis le sac est tiré à même le sol à cinquante mètres et renversé en tas !

Charles dirige une équipe de plusieurs personnes, du matériel lourd qui désensable efficacement. Puis les équipes plantent quantités d’Acacias et de pousses de Palmiers aux racines innombrables afin de stabiliser les dunes sous le vent. Le principe fonctionnait en Europe pour bloquer les rivages exposés à la houle du large alors pourquoi pas ici ?

Tout cela sous l’œil imperturbable de l’ancien Touareg. Moham, visage brulé par le soleil, djellaba et turban lui couvrant la moitié du visage, appuyé sur une branche tordue en guise de canne.

Mais il faut arroser. Où trouver l’eau ? Un ancien amalgame de pierres effondrées ressemble à un vieux puits ensablé. Peut-être ? avait dit Moham. Avec l’équipe, Charles creuse, déblaye, étaye. Un chantier descendu jusqu’à dix mètres de profondeur et l’eau est apparue. Or saumâtre, mais or tout de même. Une pompe installée, consolidée et l’eau jaillit.

Emporté par l’enthousiasme de la jeunesse, Charles aidé par le petit Ali installe bordurettes de pierres, construit des murs séparant les cultures, trace des canaux, installe des Égades qui répartissent le précieux liquide vers les espaces complantés de Mil, de Fèves, de légumes. Le travail se finit tard le soir, sous les éclairs de chaleur et les nuages noirs qui filent vers l’horizon. Ici il ne pleut jamais avait dit le responsable du secteur. Et puis… Et puis…

Une averse violente, soudaine a gonflé l’oued. Tout a été emporté, sauf le puits. Les chèvres, maigre richesse, disparues avec les piquets. Les bordurettes renversées, les rigoles comblées, les murs abattus, les semences dispersées au loin. Une grande déception. Est-ce que la malédiction est durablement attachée à ce pays !

Le terrain laminé laisse ressortir des blocs de pierre perdues dans une immensité de sable boueux séché.

L’aube découvre les dunes de l’erg. Elles dérivent comme des reflets insaisissables mariant plusieurs tons. Les acacias ont tenu. Le soleil perce et écrase de sa puissance tout ce qui n’est pas ombre.

Charles regarde tout cela. Dur à digérer ce désastre quand on s’est investi à ce point. Révolté d’avoir été présomptueux, d’avoir voulu implanter ici ce qui fonctionnait ailleurs. Pauvre idiot, si ça avait été le cas, ils ne m’auraient pas attendu ! Face à lui, Ali, mains derrière le dos constate les dégâts, le regard pivotant entre le blanc et l’ancien.

Finalement l’ancien, fataliste assis sur une pierre, hoche la tête, ses lèvres remuent : -Il a l’air honnête ce Roumi mais il ne sait pas !

Lui il en gardera pour toujours un sentiment d’échec.

 

Des coups résonnent dans sa tête. Ce n’est pas son souvenir ça. Il ouvre les yeux. Les coups toujours, où ça ? La porte d’entrée résonne. Il regarde sa montre : 9 heures trente ! Ouh là je n’ai jamais dormi autant.

Il ouvre. Maïlys est là, un journal à la main.

-Excusez-moi de vous déranger un dimanche matin, mais je viens de lire : un concours de tango ce soir à l’Excelsior ça vous dirait ?

Charles sourit, se gratte la tête :

-Si je comprends bien, on a la journée pour s’entraîner…

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Rédigé par Gérald

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 21 Janvier 2019

Le tableau ci-dessous, anonyme, apparaît ce lundi dans le hall de l’immeuble, juste en face l’entrée.

Racontez la réaction du personnage. Ce tableau ressemble-t-il à ce qu’il avait imaginé ? Décrivez ce tableau. Puis viennent les questions : Qui l’a peint ? D’où vient-il ? Pourquoi l’a-t-on accroché ici ? Pourquoi cette citation dans la boîte à lettres, la semaine dernière, quel est son lien avec le tableau ?

Le personnage mène l’enquête et soupçonne l’un de ses voisins… à choisir parmi l’un des personnages de l’un de vos voisins de table...

LISTE DES PERSONNAGES

3ème : Stéphane, étudiant aux Beaux-Arts et à la Villa Arson, artiste-peintre

 

3ème : Louis, retraité PJ, nouvel arrivant

 

3ème : Joseph, peintre en bâtiment

 

3ème : Nathalie ou Nat, étudiante infographiste.

 

2ème : Judith, écrivaine débutante, 35 ans, installée depuis 4 mois

 

2ème : Eve, esthéticienne, 22 ans

 

2ème :  Olivier, steward et musicien, 35 ans

 

2ème : Jérôme, carreleur, 40 ans,  marié à Lucie

 

1er :  Pierre, artiste-peintre, porté sur la vodka, 50 ans

 

1er : Charles Duchemin, ONF

 

1er : Maïlys, fleuriste, 26 ans

 

1er : Marc, amateur de foot, 45 ans

 

RdC ; Lucien, concierge, pas malin, 30 ans

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 21 Janvier 2019

Nouveau dans cet immeuble du quartier Bon Voyage où je viens de poser mes valises, je ne sais pas encore où je mets les pieds. Je prends mon courrier en rentrant, la boîte à lettres, engorgée, vomit un vrac de prospectus que je me promets de jeter dans son container approprié. J'espère les résidents pas trop constipés, car n'étant pas du genre à sauter au cou de n'importe qui, l'approche avec les autres risque d'être difficile. La première personne rencontrée m'a dit se nommer Pierre et être artiste-peintre. Il a bougonné une tirade à laquelle je n'ai rien compris. Il ne m'a pas paru très clair. J'ai profité de l'arrivée d'un certain Marc pour les saluer et me défiler, mon but en cette fin d'après-midi étant d'aller faire connaissance avec le Leclerc d'à-côté. Plus tard dans la soirée, après une collation prise devant la télé, j'ai trié mon courrier. Paperasse, paperasse, une convocation pour une réunion de copropriété pour le lundi 4 février à 18 h dans une salle attenante à l'église située juste en face de notre immeuble. Essayant de se faire oublier, un petit papier rectangulaire d'aspect inintéressant que je m'apprêtais à mettre à la poubelle m'a interpellé lorsque j'ai vu la signature « Delacroix ». Ma première idée fut que le curé de la paroisse d'en face se faisait une petite publicité. Après avoir lu le texte, je me traitais d'imbécile, en chuchotant, pour ne pas trop m'accabler. Delacroix, le peintre bien sûr. Perplexe, je suis perplexe. Cette citation reflète mon état d'esprit de ce matin au lever du jour. En effet, juste avant l'aube, une légère brume de densité fluctuante stagnait sur la colline alentour de l'Observatoire. De plus, les réverbères aux halos blafards semblaient être des bougies posées là, au hasard. Puis, dans la clarté mouvementée d'après l'aube, quelques vagues d'étourneaux aux arabesques indéfinies zébraient le ciel hésitant entre pluie et beau temps. En rentrant, après une promenade matinale, face à moi, dans le hall, un tableau, que je découvre. Y était-il, ou a t-il été accroché dans la nuit ??? Ce tableau a-t-il un rapport avec la citation de la semaine passée ? C'est possible ! Ces arbres décharnées auraient pu avoir leurs places dans un espace invisible de ma fenêtre. Je suis venu dans cet immeuble pour y passer des jours tranquilles, et déjà je me casse la tête. Je ne suis pas obligé de m'y intéresser, mais, le mal est fait, il germe, il chemine, il va le diable, puis tout à coup, ne sais comment, je suis pris au piège. Retraité depuis plusieurs mois de la PJ, je suis obligé de reconnaître que la course à la résolution d'une enquête me manquait. Il faut que je me fasse copain avec le concierge. Je vais traîner dans les parties communes.

Mardi 22 janvier

 

Après une nuit d'un sommeil réparateur, une petite idée me fait jour au moment où la lune s'éclipse pour laisser la lumière m'envelopper. Je jubile, car après une forte grippe qui m'avait laissé pâle comme un cachet d'aspirine, un ami m'avait dit : faute à ton teint blême, tu ne pourras plus réfléchir. Il avait tout faux, car depuis ce matin je pantaille. Inspecteur retraité de la PJ, si je ne réfléchissais plus, je serais comme un horticulteur sans pensées. Pour un flic, penser, réfléchir et inventorier sont les trois pis à ne pas lâcher. Dans mon collimateur, je vois trois personnes : PIERRE, qui a pu peindre le tableau ; JOSEPH habitué à travailler dans le bâtiment ; LUCIEN qui a dégagé l'entrée de l'immeuble, le temps de fixer une cheville et un piton. Sans attendre, je vais écrire ces trois lettres.

 

LOUIS, locataire du 3è étage

 

Monsieur Pierre

 

Suite à la citation que tous les résidents ont trouvée dans leur boîte aux lettres et le tableau qui agrémente joliment l'entrée de l'immeuble, je suppute que vous pouvez en être l'auteur. L'auteur du tableau, mais avec deux comparses car, comment une seule personne aurait pu l'accrocher incognito. Je pense que JOSEPH, travailleur dans le bâtiment doit être apte à poser une cheville et un piton en un temps record. Puis LUCIEN le concierge a guetté pour qu'aucune personne ne passe à ce moment-là.

J'écris la même lettre aux deux autres « suspects ». Si vous voulez en parler, je vous invite à boire un verre chez moi.

 

PS : Je m'intéresse à ces faits comme à un jeu, et cela me permettra la rencontre avec d'autres résidents.

Louis

 

Sur ce, je descends les trois étages par l'escalier, je dépose les trois lettres dans les boîtes correspondantes. Je sors un moment pour faire deux pas sur le parvis de l'immeuble. J'hésite à rentrer car Lucien passe la serpillière sur le marbre du hall. Fataliste, il me fait signe d’entrer. Je m'approche de lui pour le saluer et m'excuser. Un chien qui s'est faufilé derrière moi, dérape sur le sol mouillé, vient s'entraver dans mes pieds, me fait chuter... Fracture du col du fémur. Ambulance, hôpital, je réintègre mon appartement le samedi matin accompagné d'un déambulateur. Lucien, pourvu d'un troisième sens, m'attend tout en bavardant avec Joseph. Il se propose gentiment de me faire quelques courses, le temps pour moi de retrouver mon indépendance. Ils sont d'accord pour me rejoindre chez moi dans la soirée pour m'informer de l'évolution de l'affaire. J 'invite également Pierre.

J'invite également Pierre. Nous nous retrouvons vers 19 h chez moi. La glace est vite rompue, les glaçons aussi dans les verres. Vers 20h, Nathalie entendant un certain brouhaha vint sonner à ma porte (inquiète, dit-elle), curieuse de cette ambiance inhabituelle. Il reste un fond de cognac (je bois français) dans la bouteille que je lui offre en lui proposant de s'asseoir. Elle dégote un tabouret dans la cuisine, boit son demi verre cul sec et se trouve illico à l'unisson. La soirée est plus que joyeuse, je vois bien que les gosiers s'assèchent. Penaud, je leurs dis que ma cave manque de liquide, car toujours bloqué chez moi, je n'ai pu m'approvisionner. En habitué à boire, je ne m'aperçois pas qu'un de mes invités, qui s'était défilé, revient avec une bouteille. C'est reparti pour une nouvelle rasade. Chacun raconte sa blague, de moins en moins correcte, et c'est Nathalie qui, la première, nous en sort une à faire rougir un chinois. Une histoire de striptease tout en commençant à se déloquer. Stéphane, locataire au bout du couloir, vient sonner à ma porte, intrigué de ce remue-ménage. Il entre au moment où Nathalie allait dévoiler son corps sage. Je veux dire : dégrafer son corsage ; «éméchée » en le voyant, elle lui tombe dans les bras. Stéphane ne perd pas son sang froid, il la retient, la serre, l'étreint. Ils s'enlacent, prennent conscience de notre présence, penauds, et nous partons tous dans une grande rigolade. Il est minuit passé, Stéphane accepte un verre, fait remarquer qu'il est tard. Sur le point de se séparer, je remercie mes voisins pour l'agréable soirée que nous avons passée, nous avons discuté d'un tas de sujets, sauf celui pour lequel nous nous sommes réunis. Dans le tumulte du départ une voix annonce : rendez-vous samedi soir chez moi. Je les regarde partir, ils se séparent, sauf peut être Stéphane et Nathalie. Mais ça, ça ne nous regarde pas !

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Rédigé par Louis

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 21 Janvier 2019

« Crotte ! Ah c’est pas vrai ! j’ai encore filé mon collant. Mais j’ai trop pas de chance ! Je peux pas sortir avec Laurent dans cet état, je suis bonne pour retourner à Leclerc » se dit Eve qui était à ce moment précis, (le moment ou en sortant les clés de son sac elle troue son collant) très très contrariée. Cette jeune femme qui est d’ordinaire une personne si aimable et sympathique avec tout le monde, s’est transformée en furie acariâtre et désagréable. Heureusement elle ne croise pas l’une de ses adorables voisines du 2 pont René Coty. Toujours dans ses pensées (chair ou noir, 15 ou 20 deniers le collant ?) elle ouvre machinalement sa boite aux lettres et prend de ses doigts délicats une lettre et autres prospectus. Eve en profite pour vérifier sa manucure : ongles de 3 centimètres, un beau rose fuchsia et un petit papillon doré à l’extrémité de chaque ongle. PARFAIT !

Encore heureux, Eve est esthéticienne. Après avoir obtenu son diplôme à l’école Gondard à Nice, elle a trouvé facilement, à 22 ans, un emploi à Yves Rocher à Carrefour Lingostière. Ce n’est pas la porte à coté mais elle a du boulot et qui lui plaît beaucoup. Eve est un peu une artiste à sa manière, elle manie les pinceaux et les couleurs avec dextérité. Et avec un peu de patience et de relations, elle pourra être mutée dans un ou deux ans à Auchan la Trinité. Car Eve a le sens de la communication, c’est un aspect de son métier qu’elle adore et où elle excelle. Telle une concierge elle sait recueillir les confidences de ces clients et clientes. Jolie petite brune pimpante aux cheveux très longs, elle attire les regards et les concupiscences.

Enfin arrivée chez elle, Eve ôte immédiatement ses escarpins vertigineux qui lui compriment les pieds et s’affale sur son divan. Avant d’allumer la télévision, elle prend le temps de regarder son courrier et ouvre une lettre très curieuse signée Delacroix : il est question de couleurs et de reflets. « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? » se demande la jeune femme. Il s’agit d’une citation sans aucune illustration ni photo qui auraient pu donner des informations supplémentaires. Elle s’apprêtait à le jeter à la poubelle quand soudain elle se dit que cela pourrait être utile à sa copine Sophie qui est coiffeuse. Après tout cela parle de reflets qu’il faut modeler. Parfait, elle lui donnera demain lors de sa pause déjeuner puisque Sophie travaille à coté à Jean Louis David. Elle regarde l’heure, il faut qu’elle se dépêche car elle doit aller à Leclerc acheter ce fichu collant.

Une semaine après, un vendredi soir alors qu’Eve rentre du travail, elle ouvre la porte de l’immeuble et est très étonnée de voir plein de monde dans l’entrée : le concierge, Nathalie et Judith ses deux voisines de pallier et le beau jeune homme qui habite le dernier. A la vue ce celui-ci, vite Eve sort de son sac son poudrier avec miroir intégré pour vérifier son maquillage. C’est bon le rimmel n’a pas coulé, elle a les joues roses, elle peut s’avancer vers eux.

« Mais que se passe t-il ? », lance-t-elle à la cantonade. Tous les yeux se retournent vers elle et les voisins lui font une allée d’honneur pour qu’elle puisse aller admirer « l’œuvre ».

Là devant elle, accrochée au mur qui donne sur la loge du gardien, un très grand tableau qui n’était pas là auparavant. Eve jette un coup d’œil rapide mais ne comprend pas que tout le monde reste scotché. Une nouvelle déco dans l’entrée ? Et alors, c’est quoi le problème ? Eve regarde de plus près ce tableau. Elle ne voit que du bleu ciel, du gris comme du brouillard, et des traits de pinceaux noirs tels des gribouillages d’enfants. Non vraiment pas de quoi en faire toute une histoire. En plus il n’est même pas signé, vraiment sans intérêt. Tout le monde se tait et attend qu’elle parle. Mince alors il y a le jeune homme du troisième qui la regarde, il ne faut pas qu’elle ait l’air trop cruche, il faut qu’elle sorte une tirade intéressante, un truc qui les scotche sur place. C’est alors qu’elle s’écrit :

« Oh mon dieu, mon dieu, quelle œuvre exquise, quelle finesse, quelle délicatesse, quel talent, savez vous qui a peint cette merveille ? » Eve avait entendu dire que le beau jeune homme du troisième était un artiste peintre. Peut-être que c’était lui qui avait peint cette croûte et avec la complicité de ce coquin de concierge, l’avait exposée là, sans vergogne, aux yeux de tous et de tout le monde. Mais bon, ne rien laisser paraître, feindre l’admiration afin de peut-être lui plaire. C’est alors que chacun et chacune y va de son explication. Non on ne sait pas qui a peint ce chef d’œuvre. Oui c’est réellement magnifique. Non on ne sait pas qui est venu l’accrocher.

« Tu parles ! », se dit Eve. Lucien ? Ne pas savoir qui est rentré dans son immeuble et s’est autorisé à toucher son mur ? IMPOSSIBLE ! Il feint l’ignorance, voila bien la preuve de sa culpabilité. Pour sûr, c’est lui qui est venu accrocher le tableau. Mais pourquoi le nie-t-il ? Hum…Eve se pique au jeu et aimerait bien savoir ce qui s’est passé. Elle les entend parler d’un probable rapport avec la citation Delacroix reçue la semaine dernière dans leur boîte aux lettres. « N’importe quoi » se dit Eve « quel lien peut-il y avoir entre ce tableau et de la publicité pour une coloration capillaire ? Ses voisins seraient-ils devenus zinzins ? Elle les regarde un à un, non vraiment ils sont irrécupérables. Elle tourne les talons et avec un sourire éblouissant lance un « Au revoir tout le monde ! et merci Lucien pour cette nouvelle décoration ».

Rentrée chez elle, Eve est un peu contrariée, il lui plaisait bien cet artiste du 3ième… Est-ce lui qui a peint ce tableau ? Mais alors pourquoi ne le dit-il pas ? « J’espère qu’il ne m’a pas trouvée idiote avec cette tirade sur la déco… il ne faut pas qu’il reste sur cette dernière impression. Il faut qu’il sache que derrière cette allure délurée il y a une grande sensibilité à fleur de peau… »

C’est décidé elle va monter au troisième pour aller frapper à sa porte. Eve prend tout juste le temps de se vaporiser généreusement de son dernier parfum et de changer sa brassière contre un push-up rembourré. Elle ne ressortira pas de chez lui sans connaître le fin mot de cette histoire.


 

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Rédigé par Leslie

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Publié le 19 Janvier 2019

Joseph, après avoir vu le facteur entrer dans l'immeuble, (il le guette chaque matin, alors qu'il ne reçoit jamais de courrier à part ceux de Pôle Emploi, d'E.D.F, enfin que des lettres administratives), prend l'ascenseur et arrivé au R.D.C il se dirige vers les boites aux lettres.
Surpris, avide presque, il sort une feuille A4 pliée en deux, sur laquelle est imprimée ces quelques lignes

« Il faut les modeler dans un reflet coloré comme la chair. Il ne faut pas que ce reflet soit complètement complètement reflet (autrement dit, il faut casser un peu le ton du reflet avec un autre ton). Quand on finit, on reflète davantage où cela est nécessaire (…). Il faut toujours modeler par masses tournantes, comme seraient des objets comme sont les feuilles. Mais la transparence en est extrême »
Delacroix

Il lit trois fois sans trop comprendre et le signataire, ce Delacroix, qui est-ce ?
Delacroix c'est comme Dupont, Durand et comme dit le poème « il y a plus d'un âne à la foire qui s'appelle
Martin »..
A l'aise, dans sa tenue de peintre , il
s’assoit sur une marche de l'escalier, en s'assurant que Lucien n'est pas dans les parages. Il sourit : sur la porte de sa loge il y a souvent un post-it où il est écrit « je nettoie les escaliers», mais on ne le voit guère à l'ouvrage. C'est un grand gaillard de 30 ans, bien de sa personne. Il paraîtrait que sa femme l'a mis à la porte sans pertes ni fracas. Il lui aurait été infidèle. Moi je le verrais bien avec Eve, l'esthéticienne du 2ème.. Elle a toujours les ongles des mains artistement manucurés, parfois de différentes couleurs. Il aime beaucoup.
Soudain, il se sent stupide, c'est naturellement une citation du peintre, sans doute concernant son tableau « la liberté guidant le peuple ».


Il se lève et alors qu'il se dirige vers la porte de sortie, il aperçoit un tableau qui n'était pas là la veille. De couleur pastel, il lui semble déceler l'esquisse d'un corps de femme aux seins tombants ; il n'est pas signé ! Peut-être est-ce l’œuvre de Pierre,du ler étage, artiste peintre à ses heures non dénué de talent, dommage d'ailleurs qu'il soit un peu trop porté sur la vodka ; il aime répéter pastichant Frédéric Beigbeder « Il n'y a pas de femmes moches, il n'y a que des verres de vodka trop petits. » .


Pourquoi l'a-t-on accroché ici ? Il n'en a aucune idée ! La citation trouvée dans sa boîte aux lettres la semaine dernière a-t-elle un lien avec celui-ci ?
Soudain un homme, étranger à l'immeuble l'interpelle :

Monsieur Joseph peut-être ?

Oui c'est moi !

Je suis un Inspecteur de Pôle Emploi. Puis-je vous parler ?

Joseph répond :

Bien entendu j'ai tout mon temps...

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Rédigé par Françoise

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Publié le 19 Janvier 2019

Aujourd’hui j’ouvre mon journal, je m’appelle Stéphane je suis étudiant en art. J’habite un immeuble de trois étages situé au quartier bon voyage.

 

Lundi 7 Janvier 2019

 

Cette année 2019, commence bien, un peu de culture dans ma boite aux lettres. C’est vrai quoi, tous les jours elle se remplit de publicité, de factures que je n’arrive pas à payer. Il faut dire que ma situation d’artiste peintre ne me permet que de me louer ce petit appartement au 3eme étage de cet immeuble situé dans le quartier populaire de bon voyage. Et là, c’est drôle, ce papier imprimé était une bouffée d’air pur qui me faisait oublier un instant ma situation.

Ce n’était pas un roman, juste quelques lignes, signé Delacroix. En quelques mots le texte nous faisait part, et nous décrivait l’art et la manière de peindre vu par l’auteur.

L’instant de surprise passé, je me posais la question : Qui à eu l’idée de déposer dans nos boites aux lettres, oui il faut dire que nos boites aux lettres sont en verres et je pus constater que chaque locataire avait reçu son instant de culture. Ce n’était pas le facteur il était trop tôt dans la matinée.

Ça ne pouvait être alors qu’un de mes voisins ou voisines. Je me plus à imaginer comme dans le jeu Cluedo qui était le coupable. Le père Louis du premier, la fougueuse Mado du deuxième ou enfin…..

Je passais tous mes voisins dans ma tête, emportant, glissé dans mon journal, ce moment de culture qui était venu à ma rencontre en ce lundi 7 janvier.

 

Lundi 14 janvier 2019

 

La semaine se passa sans problème, ponctuée par mes cours à la villa Arson. Ce lundi je me levais tôt car j’avais un rendez-vous important avec mon banquier. Je descendis mes trois étages en pensant à tout ce qu’il fallait que j’argumente pour faire comprendre ma situation. L’immeuble était silencieux, même Lucien ,notre concierge, n’avait pas encore ouvert sa loge. Pourtant, quelque chose attira mon regard, là sur le mur du hall d’entrée, un tableau dans un cadre doré, était accroché. Malgré mon retard, je fus tétanisé par la douceur de ce tableau. Invitation à la promenade, les couleurs se mélangeaient comme si je regardais un paysage à travers la brume matinale.

Qui avait réalisé ce tableau ? Pas de signature ni signe de reconnaissance.

Qui dans l’immeuble s’amusait à nous inviter à ce jeu de la culture ?

La semaine dernière une citation, aujourd’hui une toile, j’aurais voulu attendre la prise de service de Lucien, lui pourrait éventuellement répondre à toutes mes questions sur ce mystère.

Pourtant je dus m’arracher à ma contemplation, mon rendez-vous était important. Je pris une photo du tableau en me promettant ce soir je lui demanderai.

N’empêche, ça a de « la gueule » cette mini exposition dans notre entrée. Ça donne à notre immeuble un petit coté bourgeois.

Assis dans le tram, je m’amusais à essayer de trouver lequel de mes voisins avait laissé l’empreinte de son imaginaire sur cette toile. Je les passais tous en revue, et je m’aperçus que je connaissais par leur prénom tous mes voisins. Pourtant on ne se fréquente guère, juste un bonjour bonsoir en se croisant dans les escaliers. J’arrêtais mes divagations policières devant l’entrée de ma banque. Ce soir je reprendrais mon enquête, l’affaire devenait croustillante. De retour chez moi, je vérifiais que le tableau était toujours là. Lucien était dans le hall, j’en profitais pour lui poser des questions sur la présence de ce tableau accroché la sur le mur. Sa réponse agrandissait encore plus le mystère, il m’avoua ne pas savoir et qu’il n’avait pas encore eu le temps de téléphoner au syndic pour savoir si c’était une de leur initiative. Je sentis dans sa réponse un peu de colère, comment, lui le concierge, lui qui est sensé tout savoir sur les faits et gestes des habitants de l’immeuble était dans l’ignorance ! Il reconnu tout de même que le tableau était beau et qu’il avait fière allure dans le hall. Je le quittais là, sur ces bonnes paroles. Assis devant ma table, je disposais comme dans les séries policières, plusieurs rectangles de papier, sur lequel j’avais écrit les noms de tous mes voisins. J’écartais de suite le papier de Lucien suite à la conversation que j’avais eu avec lui et je commençais à réfléchir devant ces 11 papiers. Je les classais d’abord par ordre alphabétique et par profession. Je pus constater ainsi que beaucoup d’entre nous avait une profession qui touchait de prés ou de loin à l’art. A part ce constat, après 1h de réflexion, je n’avais pas avancé d’un iota dans mon enquête. Je rangeais soigneusement mes petits papiers dans une boite, en me disant peut être que, lundi prochain, va surgir un nouvel indice qui me donnera la solution.

Lundi 21 janvier 2019

Je me levais de bonne heure alors que rien ne m’obligeait à le faire, seule l’envie de descendre dans le hall pour voir si aujourd’hui un nouvel indice venait s’ajouter pour me permettre d’élucider mon enquête, que j’avais appelée « le mystère culture ». Quelle fut pas ma déception ! Rien, pas un mot ! Heureusement le tableau trônait toujours dans le hall. De retour dans mon deux pièces, je décidais de provoquer mes voisins en leur adressant une lettre.

Chers Voisins, Voisines

Permettez-moi de venir, par cette lettre, tout d’abord vous dire bonjour !

Comme moi, vous avez dû être surpris par ce qui arrive dans notre immeuble en ce début d’année. La citation déposée dans notre boite aux lettres et le magnifique tableau qui, accroché par une main anonyme, vient embellir notre entrée.

Ma demande aujourd’hui n’a pas un caractère de contestation mais de curiosité. Depuis deux semaines, je me pose beaucoup de questions et surtout QUI ? parmi vous a décidé de venir, par quelques mots et une toile, éclairer d’un jour nouveau nos habitudes, notre solitude. Ces deux événements m’ont obligé, et je pense que cela doit être la même chose pour vous, à me poser mille questions, vous regarder et me dire c’est peut être lui ou elle. Me rendre compte de votre existence, ne plus être plongé dans ma solitude. Mon seul regret aujourd’hui, c’est de ne pas pouvoir encore mettre un nom à mon merci avec un grand M. Vous, enfin toi qui se cache derrière ce mystère, qui après deux semaines de réflexions, je doute encore qui de :

Louis, Joseph, Nathalie, Judith, Eve, Olivier, Jérôme, Pierre, Charles, Mailis, Marc, Lucien nous entraînent dans cette enquête culturelle.

Voila chers voisines, voisins, ce que je voulais vous dire et à toi l’auteur du tableau, oui TOI, fais-moi le savoir, dis-moi qui tu es. On n’a pas tous les jours l’occasion de remercier quelqu’un. J’attends ta réponse avec impatience.

Stéphane, du 3eme

Lundi 28 janvier 2019

Lundi enfin, j’ai hâte d’aller voir ma boite. Je descends en chantant la chanson de Graeme Allwright, petite boite, mon aventure culturelle continue. Quatre lettres m’attendent sagement dans leur enveloppe. Je remonte rapidement chez moi. Fébrile, j’ouvre ma première lettre, elle est signée Judith qui a première vue, a effectué la même démarche que moi, une lettre circulaire adressée à tous les voisins. La deuxième est signée Jérôme, le carreleur du deuxième ; j’aime sa simplicité et sa générosité, il pense que je suis l’auteur du tableau et il est prêt à m’aider pour exposer dans d’autres immeubles. Il va falloir que je trouve les mots pour ne pas le décevoir et le remercier pour la haute estime qu’il a de mon travail. Je déchire l’enveloppe de la troisième, une longue lettre signée Mailys, la petite fleuriste du premier, mignonne et à la lire, avec un sacré caractère. J’aime son invitation déguisée à passer chez elle. Elle aussi pense que c’est moi l’auteur du tableau. Il va falloir que je pèse mes mots pour lui répondre, il ne faudrait pas qu’elle se méprenne sur mes intentions. La dernière, anonyme, comme la citation et le tableau. Mais là, on est loin de la culture, l’auteur de ce pamphlet grossier et menaçant ne mérite aucune réponse. Comme disait Coluche « on ne parle pas aux Cons ça les instruit ». Je ne pense pas que ce texte provienne d’un habitant de l’immeuble ,enfin j’espère.

Je suis partagé entre la joie et la déception. La joie car je ne suis pas le seul à être rentré dans ce jeu. Déçu car après trois semaines, j’en suis toujours au même point. Non ! Ce n’est pas vrai. Sur les douze ,après Lucien, j’écartais Mailys et Judith de mes soupçons.

La question restait entière. Qui ? Peut être que l’auteur va cette semaine répondre à ma lettre ?

J’étalais sur ma table tous mes petits papiers, portant le nom de mes voisins. Je me suis mis à les trier, coupable ou non coupable.

J’écartais de prime abord :

 

Olivier trop souvent absent à cause de son métier

Charles Duchemin, j’avais du mal à l’imaginer tenant un pinceau étalant de la peinture sur une toile.

Eve gentille mais difficile de penser qu’elle ait pu écrire la citation.

Et enfin, Marc ; j’aime bien chaque fois que l’on se rencontre il me tient informé des exploits de l’OGCN, notre relation s’arrête là.

Donc il me reste, Louis, Joseph, Nathalie, Pierre et Jérôme.

J’ai ,pour ma part, une petite idée sur l’auteur, attendons !

L’étau se resserre et J’espère que lundi prochain je puisse crier « Bon sang mais c’est bien sûr » pour plagier un certain commissaire. Je me rends compte que je me suis pris au jeu. J’ai d’ailleurs un peu négligé mon travail. Il va falloir que je me bouge ; sur cette décision, je referme momentanément mon journal.

Lundi 4 Fevrier 2019

 

Hier dimanche, j’ai trouvé dans ma boite une convocation de Lucien nous invitant à nous retrouver à 17 heures dans le hall. La journée fut longue et les heures n’arrêtaient pas de se traîner sur le cadran de l’horloge. Enfin voilà, il est 16h 50, je n’attends pas, je descends. Un brouhaha de conversation remonte dans la cage d’escalier, j’arrive tout le monde est là. Je fus déshabillé par mille regards, certains réprobateurs certains, comme celui de Maïlys, amicaux. Je compris le pourquoi de ce malaise, le tableau avait disparu ; à sa place, comme pour nous narguer ,deux citations, une de Saint-Exupery, l’autre de Michel Montaigne. La première prônant le conte de fée comme seule vérité, l’autre une affirmation du genre je sais tout donc je détiens la vérité. Je me retirais dans un coin pour observer l’ensemble de mes voisins. Ils s’étaient rassemblés par petits groupes, par affinité ou tout simplement par étage. Les discussions allaient bon train quand Lucien fit son entrée. Il réclama le silence et expliqua le pourquoi de cette convocation inhabituelle :

  • Vous n’êtes pas sans savoir, qu’il se passe de drôles de choses dans notre immeuble ; depuis quatre semaines la présence d’un tableau et la distribution de petits papiers mettent en émoi les habitants de l’immeuble. En tant que concierge, je suis le garant de la tranquillité des résidents. La présence du tableau, aujourd’hui disparu, a été fortement apprécié, il donnait à notre hall une touche chaleureuse. C’est pourquoi j’invite l’auteur ou l’auteure à se faire connaître.

Un silence de courte durée s’établit à la fin du discours de Lucien. De mon coin, j’avais une vue d’ensemble, les réactions ne se firent pas attendre.

- Jérôme et Maïlys persuadés que c’était moi, se tournèrent vers moi en m’invitant du regard à parler.

- Olivier semblait s’amuser par la situation et préférait s’intéresser aux ongles de la belle Eve, qu’elle lui faisait miroiter sous ses yeux.

- Pierre regrettait que cette réunion ne soit pas accompagnée d’un apéro

- Charles Duchemin pris la parole pour « parler pour ne rien dire ». Oui, il affirma que ça ne pouvait être que le travail d’un artiste en regardant dans ma direction.

- Marc était silencieux, il semblait être encore sur le stade. Il faut dire que Nice a gagné hier.

- Joseph s’écria : «  Moi vous savez en dehors des façades, je ne sais pas peindre et encore moins écrire de si belles phrases. »

-Nathalie discutait à voix basse avec Louis le retraité, elle lui expliquait que pour elle son monde c’était l’informatique et qu’elle était incapable de peindre.

Louis lui répondit : «  Moi je bricole, il m’arrivait de peindre mais depuis que je suis à la retraite, je n’ai plus le temps. »

Judith dans son coin notait sur son carnet, notre histoire allait-elle en faire un livre ?

-Interpellé par Lucien, j’avouais que j’aurais aimé être l’auteur du tableau mais que j’étais désolé, ce n’était pas moi.

Alors qui ? Lucien s’improvisa en capitaine de vaisseau, presque en criant il dit :

«  On ne peut continuer comme ça, a se retrouver tous les lundis sur le qui vive. Nous avons besoin de savoir. »

Un grand silence s’installa et c’est alors qu’une toute petite voix chuchota timidement.

«  C’est MOI ! »

Tout le monde se retourna, elle était là !

Elle, Lucie la femme effacée de Jérôme, elle que l’on entendait jamais, elle qui s’excusait quand on la rencontrait dans les escaliers Dans ses bras le tableau, comme pour affirmer sa signature, était la preuve de sa vérité.

  • Jérôme poussa un cri :  « Comment toi, tu ne sais pas peindre, tu ne lis jamais comment peux-tu dire que c’est toi ? »

Alors doucement elle expliqua, ses cours particuliers au Black Box, ses études littéraires interrompues lors de son mariage. Enfin, cette frustration accumulée pendant tant d’années. Et cette envie un peu folle, mélange du rêve et de l’affirmation de soi d’où mes dernières citations de vouloir exister, d’être reconnue, de ne plus être simplement la femme de Jérôme. Elle se tut.

Le silence était devenu ,si épais que l’on aurait pu le découper au couteau.

Puis ce fut un tonnerre d’applaudissements, pour celle qui nous avait entraîné dans cette aventure.

Le tableau fut remis en place et Jérôme fier, déclarait à tous : « Je suis le mari de Lucie. »

L’assemblée, à l’unanimité, décida que Lucie serait la décoratrice de notre hall et qu’elle pourrait changer à sa convenance le tableau.

Un apéritif fut improvisé pour fêter cet événement.

En regardant tout mes voisins, je me surpris à penser qu’il était drôle et triste à la fois de vivre à côté des gens pendant des années, sans les connaître, et qu’il suffit d’un rien, trois petites touches de couleurs pour changer notre vie.

 


 

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Rédigé par Bernard

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