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Publié le 21 Décembre 2023

Le personnage
Maya La Beille
Age : 40 ans
Française née à Paris
Cheveux châtain clair ondulés, cachant des oreilles trop grandes à son goût
Yeux marron foncé légèrement en amande
Mince et grande : 55 kg /1,70cm
Joviale, sociable, loquace
Passe-temps favori : voyager, faire de nouvelles rencontres, écrire des cartes postales de chaque lieu visité. A un penchant pour les environnements aquatiques.
A un fort sens de l’amitié
S’habille avec de longues robes à volants. Toujours un bandana autour du cou
Porte des colliers et des bracelets multicolores mais une seule bague précieuse à la main gauche
Métier : décoratrice d’intérieur
Célibataire depuis quelques années. A rencontré l’année dernière en Italie Pablo, un homme au type méditerranéen, originaire d’Espagne.
Fait cette croisière pour mettre de la distance avec des souvenirs envahissants et surtout dans l’espoir de retrouver Pablo à Barcelone.
 
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Croisière en Méditerranée et changement de cap
 
Mon journal de bord
1er jour : 6 novembre 2023
Me voilà installée dans ma cabine après un embarquement agité. Certains passagers semblaient perdus, ne trouvaient plus leurs billets, des enfants s’accrochaient aux vêtements de leurs parents en poussant des cris effrayés. C’est là que j’étais bien contente d’être célibataire sans enfant avec une seule valise même si elle est de taille. La croisière va durer plusieurs jours et en cette saison on peut s’attendre à tout avec la météo. J’espère n’avoir rien oublié à Nice.
La cabine semble très correcte, pas bien spacieuse mais je m’y sens déjà bien. Dans un moment j’irai prendre mon premier repas dans la grande salle à manger. Je l’ai vue en passant alors que je cherchais l’emplacement de ma cabine. Les banquettes sont en velours rouge dans les mêmes tons que les tapis au sol. J’ai déjà croisé dans le couloir quelques passagers. Age moyen ? Je dirai entre 50 et 60 ans. Il y en a un, je crois qu’il s’appelle Gino, il m’a fait penser à Pablo, brun aux yeux noirs comme lui. Mon Pablo ! Est- ce que je vais le retrouver à Barcelone ? Et si les sms ne passent pas en mer, comment vais-je le contacter ? J’y réfléchirai plus tard.
Pour l’instant il s’agit de défaire ma valise et de choisir ma tenue pour ce soir, jupe mi-longue fleurie et collant rouge épais, bottines aux pieds, on est en novembre tout de même.
Je prendrai aussi mon étole en laine pour aller sur le pont assister au départ du Comté de Provence, notre bateau. Ce moment où les moteurs commencent à ronfler, où on largue les amarres, où la mer se met à s’agiter sous la quille et où le phare du port de Nice s’éloigne lentement. Pour l’avoir déjà vécu, une émotion partagée m’envahit alors, entre joie de l’aventure qui s’ouvre devant moi et mélancolie de ce que je quitte.
2éme jour de croisière – 7 novembre
Marseille
Une courte escale à Marseille aujourd’hui. Peu de temps pour visiter la ville que je connais par ailleurs déjà bien. J’ai flâné sur le vieux port où me revient à chaque fois le souvenir des personnages inventés par Marcel Pagnol. Pas eu le temps de monter à Notre Dame de la Garde qui veille sur la ville. Mais j’ai profité du soleil encore généreux en ce mois de novembre. Des passagers ont rejoint la croisière, entre autres un homme d’une quarantaine d’années qu’il me semble avoir déjà croisé à Nice. J’ai juste entendu son prénom quand il s’est présenté à la passerelle, Jean.
 
3ème jour de croisière – 8 novembre
Repas de bienvenue
Quelle soirée ! Je viens de rejoindre ma cabine enfin ! Il est presque minuit et j’aurais bien pris un peu d’air frais après ce repas copieux mais raffiné, bien arrosé et très animé à la table du commandant. J’écris rapidement ces quelques lignes et ensuite je vais aller respirer l’air marin de la nuit sur le pont en admirant le ciel étoilé.
Une quinzaine d’invités à ce repas, tous plus pittoresques les uns que les autres. Celui qui m’a le plus intriguée se nomme Oolala, originaire de Papouasie-Nouvelle Guinée je crois. Mon regard revenait régulièrement sur lui et à chaque nouveau plat je guettais sa réaction. Mes voisins de table, Edward James et Jean, deux messieurs plutôt sympathiques mais très différents, commentaient le « menu de bienvenue » qui nous avait été remis et nous avons échangé nos avis à l’arrivée de l’entrée « œuf poché, mousseline de topinambours, champignons frits… ». A la lecture de ce long titre j’étais déjà rassasiée ! Je savourais toutefois ce début de repas aux arômes délicats, aux saveurs à la fois douces et amères, à la texture délicieusement veloutée. Les convives étaient encore calmes et retenus, on pouvait entendre le tintement des couverts dans les assiettes. Le commandant de bord était assis trop loin de moi, et Gino aussi malheureusement, et j’ai juste pu remarquer sa prestance et son charme.
Lorsque le plat de saumon fut servi, l’ambiance commença à devenir plus animée mais on s’entendait encore aisément. Le saumon poêlé accompagné de lentilles en vinaigrette et nappé d’une émulsion au homard était vraiment un régal. Les saveurs se mêlaient en bouche avec fantaisie ainsi que les textures du poisson et des lentilles, du moelleux, du croquant, du salé, de l’acidulé, tout y était. Edward James en gentleman galant et courtois se préoccupait de remplir régulièrement ma coupe de champagne. Les bulles commençaient à faire leur effet en éclatant dans ma bouche.
Jean, placé à ma droite, peu loquace jusque-là à cause de son problème d’élocution, s’enhardit au moment où le serveur apporta un superbe plateau de fromages. Il est comme moi semble-t-il un gourmand de ces aliments doux, crémeux, persillés ou secs. Son bégaiement disparut peu à peu et définitivement quand il aborda le sujet de la vague d’Hokusai ! C’est alors qu’il me confia qu’il s’appelait Vagues. J’ai éclaté de rire sans aucune retenue et je crois qu’il n’a pas apprécié. Le champagne, l’atmosphère étouffante de la salle de restaurant, les couleurs rouges grenat des tentures et des tapis et la blancheur des nappes me donnaient le tournis. Le son des voix des convives de moins en moins discrets s’amplifiait et devenait un brouhaha désagréable. Edward me servait toujours des bulles alcoolisées tout en me racontant sa vie de commandant de marine, mais sa voix maintenant me parvenait à travers du coton et par politesse je faisais semblant de suivre son discours. Jean me toucha légèrement le bras en me montrant du doigt l’entremets qui venait d’être servi dans mon assiette. Coco, mangue, passion ! Ouf ! Ce délicieux dessert fruité et rafraichissant a clôturé avec bonheur ce repas raffiné mais trop copieux pour moi.
La vue un peu floue, je jetais un regard vers Oolala qui n’avait pas beaucoup touché à ses assiettes et surtout pas bu de champagne ! En face de moi, Anne-Sophie, Marjolaine et Valentine discutaient avec ardeur sur je ne sais quel sujet mais semblaient avoir apprécié la soirée. Des rires énormes fusaient maintenant dans la salle mêles aux voix. Assourdie, je percevais à peine celle de Jean qui, ayant pris de l’assurance, s’était levé et avait entonné un chant niçois. Je me suis alors levée moi aussi et j’ai quitté la salle précipitamment en lançant à la ronde « bonne nuit à tous ».
4ème jour de croisière – 9 novembre
 
Barcelone entre déception et émerveillement
 
Voilà le jour tant attendu ! Aujourd’hui le Comté de Provence fait escale à Barcelone ! Vais-je y retrouver Pablo comme je le souhaite, une des raisons pour moi de faire cette croisière ? L’idée de revoir cette ville fait revenir bien des souvenirs à ma mémoire. Je suis déjà venue à Barcelone il y a de nombreuses années et j’avais été impressionnée par son charme, son animation, son originalité avec ses nombreux édifices architecturés par Antoni Gaudi. L’escale va être trop courte pour que je puisse revisiter les nombreux quartiers pittoresques de cette ville de Catalogne. J’ai fait savoir par message à Pablo que j’étais ici aujourd’hui et lui ai donné rendez-vous au grand marché couvert la Boqueria qui se trouve sur la Rambla. Cette artère principale de Barcelone, bruyante et chaleureuse, large et accueillante, est très fréquentée par les touristes de jour comme de nuit.
Le soir venu en été les petits restaurants qui la bordent installent tables et chaises sur les trottoirs. La vie nocturne y est intense.
Je quitte le bateau avec l’intention de retrouver cette ambiance joyeuse, un bandana fleuri autour du cou. J’ai choisi cette fois une tenue d’automne, pantalon noir et pull-over orange plus propice à la marche et aux visites, pour cette journée que j’espère passer avec Pablo.
Jean, mon voisin de table hier soir au diner de bienvenue, prend la même direction que moi ainsi que d’autres passagers au visage maintenant connu. J’aperçois, loin devant déjà, un dénommé Elliot peu loquace au diner, assis trop loin de moi pour que nous puissions faire connaissance, pas sûre d’ailleurs qu’il en ait eu envie. Juste derrière lui un autre convive, Hector, très différent, plus grand, plus expansif aussi. Je l’ai entendu bien malgré moi durant la soirée, il racontait sans discrétion des blagues à ses voisines pour les amuser, visiblement heureux d’attirer l’attention sur lui.
Valentine, à quelques pas de moi, a troqué sa jolie robe de soirée noire contre un jogging gris et son élégante étole contre un châle rouge.
Nous marchons Jean et moi d’un pas décidé vers la Rambla, moi motivée par mon rendez-vous amoureux et lui je ne sais pas pourquoi. N’a-t-il pas dit qu’il faisait cette croisière pour étudier les vagues ?
Sur la Rambla tout est calme, plusieurs restaurants sont fermés, nous sommes en novembre et puis il est trop tôt pour le déjeuner espagnol. L’heure de mon rendez-vous est encore loin, je propose à Jean de poursuivre notre visite en allant jusqu’à la Casa Batllo, œuvre de Gaudi.
La façade de cette maison est tout à fait originale, par ses couleurs, ses formes, ses balcons qui ressemblent à des masques, sa toiture en écailles colorées. Un ensemble plein de fantaisie et sans doute de symboles.
Jean décide alors de continuer son chemin et je redescends vers le marché couvert. La Boqueria, lieu incontournable pour les touristes, éveille les sens. Les couleurs des fruits et des légumes attirent l’œil et les senteurs des épices chatouillent les narines. La paëlla qui mijote dans de grands plats, embaume le marché. Les chalands ne savent plus où se tourner ni quoi choisir entre les agrumes : oranges, mandarines, citrons, les fruits secs : amandes, noix, noisettes, figues sèches ; le choix est difficile, tout est tentant, donne envie de goûter, sentir, toucher. Je me laisse enivrer par ce spectacle et cette ambiance. Un coup d’œil à ma montre, c’est l’heure ! Mon regard parcourt les alentours, mais pas de Pablo. Mon téléphone se met à vibrer. C’est un message de lui en italien mais je le traduis facilement. Soudain les étalages de fruits et de légumes perdent leurs couleurs et leurs senteurs. Je n’entends plus qu’un brouhaha assourdissant. L’ambiance joyeuse du marché laisse place à une agitation fatigante, je sens la déception monter en moi. Pablo a brièvement écrit : «désolé, je suis à Milan pour un projet professionnel qui pourrait t’intéresser aussi… »
Là tout de suite, j’ai besoin de parler à quelqu’un. Où est passé Jean ? Mes yeux rencontrent ceux de Valentine en train de flâner elle aussi à la Boqueria. Elle semble avoir perçu mon désarroi et s’approche de moi avec bienveillance. Sa présence me fait du bien. Son dynamisme et son amour de la vie me réconfortent. Le temps de faire quelques achats pour un déjeuner rapide, nous décidons d’un commun accord de poursuivre la visite de Barcelone ensemble jusqu’à la Sagrada Familia. Cette basilique, commencée il y a fort longtemps par Antoni Gaudi et toujours inachevée, est un monument emblématique de la ville. Impossible de la décrire tellement l’architecte a inventé de détails à l’extérieur comme à l’intérieur. Je ne sais plus où poser mon regard. Valentine et Jean, qui nous a rejointes, sont subjugués eux aussi par l’édifice aux nombreuses tours d’une hauteur exceptionnelle. Les façades travaillées comme de la dentelle, les styles de construction différents selon les parties du bâtiment, les ornements, les statues et les sculptures cachant de multiples symboles, tout est fascinant.
Il nous faut maintenant retourner au bateau. Comme à chacun de mes voyages, je fais le plein de cartes postales représentant les différents lieux et constructions célèbres de Barcelone. Je choisis entre autres celles qui représentent le parc Güell que je n’aurai malheureusement pas le temps de revisiter cette fois.
De retour dans ma cabine, je repense à cette journée et surtout au message de Pablo, certes décevant mais laissant entrevoir une perspective plutôt agréable. Je reste songeuse.
5ème jour de croisière – 10 novembre – 11h
Le billet anonyme
Cette journée sera plus tranquille que la précédente. Pas d’escale aujourd’hui, nous traversons la Méditerranée.
Je viens de trouver glissée sous la porte de ma cabine une feuille de papier pliée en deux. Sa lecture m’a laissée dubitative. Il est écrit seulement une citation, pas de signature, aucun élément qui puisse donner un indice sur son rédacteur. : « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».
Bizarre … Cette croisière n’avait pas pour moi comme but principal de découvrir de nouveaux paysages mais, outre de retrouver Pablo et là, c’est plutôt raté, faire de nouvelles rencontres et changer d’environnement pour quelque temps. De nouveaux yeux ? Sur les êtres qui m’entourent sans doute oui après les échanges que j’ai pu avoir avec plusieurs passagers. Leurs personnalités si diverses et variées ne me laissent pas indifférente. Ils ont tous, hommes et femmes, quelque chose de particulier, parfois attachant, toujours intéressant.
Mais qui a bien pu m’écrire ce billet ? Mon intuition me souffle que c’est un homme, pas d’odeur de parfum féminin sur la feuille. Peut-être est-ce M. Laperousse ? Je le trouve maniéré, guindé et sophistiqué, bien le style à écrire ces lignes sous anonymat. Nous n’avons pourtant échangé jusqu’à présent que des banalités au cours des repas. A tout hasard, je vais lui écrire un petit mot en retour.
«  Monsieur Laperousse,
J’ai reçu ce matin un billet avec une citation glissé sous ma porte. J’imagine qu’il vient de vous mais sans aucune certitude vu qu’il n’est pas signé. Si ce n’est pas le cas, veuillez m’excuser de vous déranger. Si c’est bien vous l’auteur de ce texte, il prête bien à réflexion. De nouveaux yeux, je n’en ai pas encore, mais un nouveau regard oui, notamment sur la désinvolture de certains hommes et leur étrangeté dans leur rapport aux femmes. Un regard rassuré sur la solidarité et l’entraide féminines et plutôt encourageant sur une possible évolution de ma vie professionnelle et amoureuse.
Et vous Oscar ? Ce voyage vous a-t-il ouvert les yeux et permis d’avancer dans les différents domaines de votre vie ? Comment comptez-vous arriver jusqu’à Madagascar maintenant?
Je vous souhaite encore de belles journées de croisière et de trouver au final cette vanille exceptionnelle que vous cherchez.
Maya La Beille »
10 nov – 16h
Je reprends mon journal de bord après avoir fait une longue promenade sur le pont inférieur, pris un repas léger à la salle de restaurant et un café au bar central. C’est là que mes idées se sont éclaircies. La vue de la mer sans limite, le bruit des vagues contre la coque du bateau et l’odeur du grand large m’ont ressourcée et permis d’y voir plus clair sur l’auteur du billet de ce matin.
J’ai réalisé alors que je n’ai donné le numéro de ma cabine à aucun des passagers mais à chaque passage au bar aux serveurs oui bien évidemment ! Ils sont trois à se relayer, tout à fait charmants et très charmeurs. Ce n’est donc pas M. Laperousse qui m’a écrit mais sans doute l’un des trois sympathiques barmen ! Je n’enverrai donc pas à Oscar la lettre préparée ce matin.
Peut-être en saurais-je plus sur le véritable auteur du billet en allant ce soir ou demain matin prendre une boisson au bar central.
6ème jour de croisière – 11 nov
La réunion au salon
Quelle journée mémorable ! Décidément ce voyage est animé ! Le commandant nous a réunis dans le salon suite à la réception hier de cette fameuse citation de Marcel Proust. Car contrairement à ce que j’avais imaginé, il s’avère que tous les passagers invités au diner de bienvenue ont reçu le même billet ! Mais qui nous l’a fait parvenir, on ne sait toujours pas. J’ai questionné discrètement les barmen hier soir, croyant que c’était l’un d’eux qui cherchait à attirer mon attention. Je n’ai eu aucune confirmation.
Je me suis assise à côté d’Oscar Laperousse dans le salon en repensant à la lettre que j’avais préparée et pas envoyée, tout en me félicitant d’ailleurs de ne pas l’avoir fait. Mais tout de même je voulais savoir pourquoi il passe par la Méditerranée sur un bateau de croisière pour se rendre à Madagascar ? Je lui ai posé la question de façon un peu abrupte sans doute car il a eu l’air surpris et aucun son n’est sorti de sa bouche. Il est vrai qu’il était très occupé à épier les faits et gestes des autres voyageuses. Pour meubler le silence je lui ai dit que j’aimais beaucoup la vanille. Toujours pas de commentaires de sa part.
Alors j’ai changé de place, décidée cette fois à m’approcher de Oolala qui peut être parfois insistant et un peu lourd. Cet homme est déconcertant, toujours son goupillon à la main, cherchant autant la connexion avec les hommes qu’avec les femmes. J’ai des questions à lui poser. Comment a-t-il pu se retrouver sur ce bateau ? Quel est le but de ce voyage pour lui ? Finalement je n’ai rien dit, Oolala était occupé par son goupillon qui semblait lui poser des problèmes.
Il y avait du bruit dans le salon, chacun y allait de son commentaire sur la situation, certains amusés, d’autres jouant aux détectives, ceux qui avaient reçu un courrier en retour, ceux qui n’avaient rien reçu. « Qui m’a envoyé ce billet ? » lançait avec force Elliot, « Ah, je pensais que c’était vous Gino ! » s’exclamait Valentine, « Moi j’ai reçu une deuxième citation signée de Gilles Santini ! » s’étonnait Julie. Je me suis rapprochée d’elle avec curiosité : « Moi aussi Julie, j’ai reçu hier dans la soirée, glissée sous ma porte, une nouvelle citation écrite sur un joli papier par M. Santini ! » Julie a lu le texte qu’elle avait reçu et il était différent du mien. Cette fois l’expéditeur a tenu compte de la personnalité du destinataire, un observateur cet homme, pourtant je ne vois pas qui est-ce. La citation choisie pour moi dont l’auteur est Lao Tseu me parle davantage que la précédente et semble bien adaptée à mon voyage : « Un bon voyageur n’a ni plans établis ni destination.». Cette croisière n’a pas répondu à mes attentes, revoir Pablo à Barcelone et envisager même de quitter la France pour m’installer en Espagne. Aux dernières nouvelles données par Pablo, ce serait plutôt en Italie que je pourrais envisager une évolution professionnelle avec lui dans le domaine de la mode. Mais la fin de la croisière approche, qui peut dire ce que sera demain ?
7ème jour de croisière – 12 nov
Les adieux en musique
Le dernier jour de la croisière est arrivé. Demain c’est le retour à Nice.
Ce soir nous avons fêté tous ensemble cette fin de voyage. Pour l’occasion j’avais revêtu une longue jupe noire à fleurs et un corsage rouge. J’ai eu la surprise de constater que le musicien, animateur de la soirée portait les mêmes couleurs que moi. Nous étions tous les deux assortis à sa guitare ! Quel charme ce guitariste ! Encore un peu et j’en oubliais Pablo. La trentaine, grand, mince, brun, tout ce que j’apprécie chez un homme. D’ailleurs il attirait tous les regards des femmes, hypnotisées par son allure, sa voix et sa musique. Les hommes paraissaient aussi très intrigués par lui et, tout en l’écoutant, lui jetaient des regards en coups de fusil.
Après quelques accords de guitare, Oolala fut pris de tremblements, rappelant sans doute la transe qu’il connaissait bien et, ne se contrôlant plus, est venu m’arracher le bras pour m’entrainer dans une danse folle. Un vrai délire ! Il était le centre de l’animation tout autant que le guitariste, changeant de partenaire sans complexe, en ponctuant ses gestes de chants de Papouasie. L’ambiance est vite devenue aussi électrique que la guitare du musicien. On chantait, on dansait, des couples se formaient. Jean ne bégayait plus, Marjolaine et Sir Edward ne se lâchaient plus la main. Je trouvais tout cela charmant, bruyant, chaleureux, un peu étouffant tout de même. J’ai pourtant quitté la salle tard dans la nuit. Besoin de retrouver enfin le calme de ma cabine. Avant de partir, j’ai eu un petit pincement au cœur et je me suis approchée des quelques passagers dont je garderai un sympathique souvenir, Valentine, Jean, Gilles, Julie entre autres, et bien sûr Oolala. Je leur ai dit au revoir et merci pour ces agréables moments partagés. Les reverrai-je, je ne sais pas.
 
EPILOGUE
Je relis mon journal de bord écrit il y a quelques mois lors de ma croisière en Méditerranée. J’habite maintenant en Italie avec Pablo. Le projet dont il m’avait fait part au mois de novembre dernier commence à se réaliser. J’ai quitté Nice sans trop de regrets. Je suis devenue décoratrice de plusieurs boutiques de mode de Milan et bientôt de sa région. Je parle plutôt bien l’italien et avec plaisir. J’apprécie cette langue chantante. Ma nouvelle vie me ravit.
Le passage de ma vie d’avant à celle d’aujourd’hui est devenu une évidence pour moi durant cette croisière. Et pourtant l’absence de Pablo à notre rendez-vous de Barcelone aurait pu tout faire basculer dans le mauvais sens. Ils ne le savent pas, mais certains passagers du bateau et certaines situations vécues ensemble m’ont donné un nouvel élan et un regard neuf sur mon avenir. « De nouveaux yeux » comme le dit la citation de Marcel Proust mystérieusement glissée sous la porte des croisiéristes ? Oui sans doute.
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Rédigé par Mireille

Publié dans #Ecriture collective, #Bibliothèque

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Publié le 19 Mai 2023

 

 

Ce projet, inspiré par l’anniversaire des 20 ans de la BMVR (Bibliothèque municipale à vocation régionale), consiste à jouer avec divers rayons de la bibliothèque, policier, contes, livres pratiques, essais, romans, tout en explorant quelques codes de l’écriture comme la narration policière, les points de vues, les exercices de style, le dialogue et pourquoi pas l'écriture érotique...

Il se déroulera en cinq ateliers. Le premier aura lieu 28 novembre 2022.

 

LES ATELIERS

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LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 11 Avril 2023

 

LE RAYON DES ESSAIS

 

 

ATELIER :

Le dialogue

 

SUJET :

Un essai de ce que vous voulez (mathématique, astronomie, histoire, philosophie, etc.) discute avec un roman à l’eau de rose égaré sur son rayon. Imaginez le dialogue.

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 9 Avril 2023

Rédigé par Mireille

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Publié le 9 Avril 2023

Rédigé par Bernard

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Publié le 9 Avril 2023

Rédigé par Monique

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Publié le 9 Avril 2023

Rédigé par Dominique

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Publié le 9 Avril 2023

Rédigé par Louis

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Publié le 9 Avril 2023

Rédigé par Bernadette

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Publié le 9 Avril 2023

Rédigé par Ghislaine

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