Publié le 28 Octobre 2021

C’était une époque ou Humphrey devenait Humphrey Bogart grâce à l’adaptation d’un roman ; Ernest Hemingway, dont les œuvres avaient été si souvent portées à l’écran, n’allait pas tarder à se flinguer dans sa maison perdue de Key-West. Une époque où tout évoluait et où lui, Edgard Normand, n’avait pas sa place.

Il avait besoin de recul …

Assis sur une borne kilométrique, son sac à dos posé à côté de lui où l’on pouvait lire : « Français, âge moyen, cherche à joindre Columbus ». Ville de Tennessee William dont sa dernière œuvre « Un tramway nommé désir » avait crevé tous les écrans de cinéma. Il voulait s’inspirer de l’endroit ou Tennessee avait vécu.

Tout lui revenait en mémoire. Sa vie, ses précédents succès littéraires « Le murmure du chêne » et « la diagonale de la vie ». Pourrait-il jamais retrouver ce niveau ? Tout évoluait si vite. Les valeurs qui avaient été les siennes depuis sa plus tendre enfance étaient ébranlées tous les jours. Ses points de repères, ses ancrages se voyaient brouillés.

Le chêne ne pourrait plus rien lui murmurer puisqu’il devenait roseau et se pliait sous le vent quelque soit la direction…

La vie, sa vie traversée en diagonale parce qu’il n’avait abordé que l’essentiel,

L’indestructible comme il se disait, lui semblait dérisoire tant l’air du temps emportait tout cela…

Pourtant les valeurs sûres comme l’amour, l’amitié, le cynisme aussi étaient des valeurs universelles. Saurait-il les porter au niveau des plus grands ?

 

Son éditeur avait bien essayé de le dissuader,

- Mais enfin Edgard que vas-tu faire ?

- Je ne sais pas mais je sens que je dois m’arrêter

- C’est quoi cette histoire ? Une crise liée à la morsure du temps ?

Edgard marmonna une phrase à voix basse, inaudible, son éditeur fit celui qui n’avait rien entendu, il reprit :

- Je vais te dire mon sentiment : « Ce n’est jamais à cause d’un état d’âme, qui ne dure jamais d’ailleurs, que l’on prend des décisions définitives. »

- Ah bon, qui as dit ça ?

- Je ne m’en rappelle plus, mais quelle justesse de raisonnement non ?

Edgard accusa le coup,

- J’ai tout de même la liberté de choisir ma future vie ! Bon je vais raccrocher, je te tiendrai au courant…

C’est ainsi qu’Edgard Normand disparu des rayons de librairie. Ses deux ouvrages avaient fait l’objet de plusieurs rééditions. Les lecteurs écrivaient « Y aura-t-il une suite ? ». L’éditeur jurait que cela ne saurait tarder. Il fallut attendre, attendre.

Des années plus tard… un jour « Le pavillon des pas perdus » d’Edgard Normand parut et reprit le devant de la scène.

 

A ce moment là Lucie sut que son intuition intérieure ne l’avait pas trompée.

Il ne pouvait pas s’être envolé sans donner de ses nouvelles depuis tant d’années, ça ne lui ressemblait pas. Et pourtant il en avait bien fait le choix.

Très vite l’édition diffusée fut épuisée. Un scandale financier lié à l’éditeur l’obligea à cesser toute activité.

Elle décida malgré son âge de mettre toute son énergie en action pour retrouver ce dernier livre …

 

 

 

 

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Rédigé par Gérald

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Publié le 26 Octobre 2021

 

Cette nuit les bouquins ont fait leur cinéma.

Dans un bruit d avant-première,

ils ont cassé l alphabet et plié les rayons.

 

Tout de suite les gardes ont bloqué les pages.

Les épiloguistes ne crèveront pas de la fin

et boiront le dernier vers.

 

Ci-dessous un extrait de leur revendication libertaire,

au résultat non encore avenu :

 

     Nous les livres et livrets, nous ne voulons plus restés enfermés

     dans des couvertures cuir cramoisies et carton papier mâché,

     voire cornées en coins dans des reliures stressées.

 

     Nous exigeons un enveloppé aguicheur et plein de tendresse.

 

     Nous souhaitons une jaquette souple,

     enveloppante, chaude et soyeuse, d'invitation ravageuse

     pour les mains câlines des lectrices à cajoler

     ou les doigts rugueux de ces messieurs à chouchouter.

 

     En bonne et due forme,

     nous exigeons tout l'emballé-feuilles dans une couette.

 

     Oui, une couette, aérienne de plumes,

     au contour débonnaire pour des lectures bonheur.

 

     Une couette qui sentira bon la douce soirée coussins,

     après une journée souvent compliquée.

 

 

          signé : Mimile Un de vos fidèles compagnons de chevet.

          Président des Bouquins En Colère - B E C - de la ville de Nice

 

Remis ce jour, en main propre et douce de la Responsable des Bibliothèques.

 

 

Donc après cette intervention de Mimile, les livres, en attente d'une réponse,

décidèrent de ranger leurs auteurs entre les cimaises jusqu'à l'aube.

 

C'était sans compter un cambrioleurs qui venait de s'introduire dans les lieux.
Tout était cadenassé mais le fantôme de Spaggiari était revenu

par un autre tunnel, accompagné de l'intelligence artificielle de son petit fils.

 

L'intrus fut surpris de trouver l'endroit sans dessus dessous

et les bouquins rageurs groupés en petits soldats, très vindicatifs.

 

Pour les couettes, on verrait plus tard. Il y avait urgence du moment.

 

Mimile du haut de son M majuscule, ouvrit toute grande sa couverture cuirassée

et reliée serrée. Tous les livres en firent autant.

 

Notre cambrioleur ne put jamais remettre la main sur le livre de son histoire

et sortit par là même où il était rentré, dépité, poussiéreux et manchot.

 

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Rédigé par Dany-L

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Publié le 25 Octobre 2021

 

Comme tous les jours de la semaine, Chantal est assise derrière son bureau à comparer semestres, salaires, cotisations. Aujourd’hui, elle a encore plus de mal que d’habitude à se concentrer. Elle n’arrête pas de penser à une conversation qu’elle avait eu samedi dernier avec son cousin François lors du mariage de sa nièce Luise. Il l’avait entraînée à l’écart de la fête. Dans un coin tranquille du vaste jardin il lui avait proposée d’entrer dans la société dans le cadre de laquelle il exploitait un domaine agricole. C’était une société d’exploitation agricole à responsabilité limitée. Un des trois associés partait pour prendre sa retraite, et François proposait à Chantal de racheter ses parts.

Il y a quelques années, son cousin s’était converti à l’agriculture biologique. Selon lui, les débouchés pour ses produits ne manquaient pas. Il était en fait davantage maraîcher qu’agriculteur, et livrait ses légumes et ses pommes de terre à plusieurs restaurants de luxe de la Côte d’Azur. Il avait aussi l’agrément pour la vente à la ferme, et là où sa ferme était située, au bord du Var, il avait des clients réguliers, ceux qui possédaient une résidence secondaire dans l’arrière-pays niçois et qui se fournissaient en légumes lors de leurs transhumances quasi hebdomadaires. Parmi ses clients se trouvaient aussi des touristes de passage. Pour eux, et surtout pour leurs enfants, le pittoresque de la vie rurale faisait partie de leurs meilleurs souvenirs de vacances. La plupart du temps, ils ne chipotaient pas sur les prix. Bref, selon le cousin, la ferme se portait bien, loin des supermarchés le bio se vendait tout seul, ou presque.

Pour Chantal, céder à la proposition de François signifiait un bouleversement de son mode de vie, de ses habitudes. Il faudrait renoncer à son bureau bien chauffé l’hiver et climatisé l’été. Il faudrait travailler à la ferme par n’importe quel temps, effectuer un travail physique fatiguant dont elle n’avait pas l’habitude. Pareil pour le temps de travail, fini les trente-cinq heures légales. Il fallait travailler lorsque la nature ou les clients l’exigeaient. François avait cherché à la rassurer. Certes, il n’y avait pas un emploi de temps immuable, mais la vie à la ferme laissait du temps à des moments de loisirs. Surtout, avait-il insisté, nous sommes trois et on peut toujours s’arranger.

  • En fait, qui c’est, le troisième associé ? avait alors demandé Chantal.

  • C’est un ingénieur agronome, sa spécialité est l’agroécologie. Nous ne faisons donc pas n’importe quoi, les recherches dans le domaine de l’agriculture biologique sont très avancées, et c’est même l’agriculture traditionnelle qui s’en inspire et qui commence à adopter certaines pratiques qui viennent de l’agriculture bio. D’ailleurs, c’est écrit noir sur blanc sur le site du ministère de l’agriculture, avait répondu François avec fierté.

Dans son bureau bien tempéré, Chantal se remémore le moment où il lui fallait choisir un métier. Elle avait été bien jeune à l’époque, elle ne connaissait rien de la vie, elle n’avait pas de passion comme par exemple son frère, qui voulait devenir vétérinaire quoi que ça coûte. C’était peut-être aussi un peu pour ça, pour le coût des études de son frère, que toute la famille, ses parents, son frère, l’avaient poussée vers un travail dans l’administration, un travail qui n’exigeait pas des longues études. Un jour, elle avait surpris son père dire à sa mère : c’est une fille, elle va se marier. Chantal n’en veut à personne. Ce qui est fait est fait. Mais maintenant, elle avait un choix qu’elle aurait peut-être déjà eu à l’époque, mais à l’époque, les arguments de ses parents lui paraissaient pertinents, la sécurité de l’emploi, sa régularité, son confort, sa rémunération acceptable. A l’époque, elle croyait que ses parents savaient ce qui était bien pour elle, elle ne s’interrogeait pas sur la justesse de leurs conseils. Elle voulait aussi leur faire plaisir, ne pas les contrarier. De plus, habiter à la campagne, passer sa vie dehors était tellement naturel pour elle qu’elle ne réalisa pas à quel point elle aimait être en plein air, dans la nature, sentir le soleil et le vent sur sa peau. Elle ne s’imaginait pas que le monde stérile de son bureau allait la faire faner.

Mais il n’était pas trop tard ! Le jour avant, signe d’une déformation professionnelle, elle avait déjà calculé sa retraite. Même si elle allait augmenter de beaucoup moins avec sa nouvelle activité, elle devrait en toucher assez pour mener une vie décente. Chantal décroche le téléphone.

  • Je suis d’accord, dit-elle.

 

 

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Rédigé par Illiola

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Publié le 24 Octobre 2021

 

Je n'avais pas revu mon ami d'enfance depuis longtemps, mais la mort de François me posait trop de questions. Il fallait que je confie mon désarroi à quelqu'un qui passait plus de temps à réfléchir qu'à se précipiter pour dire des bêtises.

Marc s'était réfugié dans une espèce de placard fourre-tout, qu'il avait baptisé "sa caverne". Son placard donnait sur la rue, avec une vitrine pas vraiment sale mais certainement pas propre, à travers laquelle il était très difficile de se faire une idée de ce qui nous attendait à l'intérieur.

Il s'agissait, en fait, d'un magasin d'antiquités où il passait son temps à chercher des objets qui n'étaient venus jusqu'à lui que dans ses rêves. J'ouvrai la porte qui grinçait un peu, sans doute coincée par une goutte d'huile, ce qui fit tinter une petite cloche au son cristallin.

Après un court instant, Marc fit son apparition.

- Bonjours Jacques. Je ne te demanderai pas le motif de ta visite car, à ta mine de papier fripé, je devine de quoi il s'agit. Tu sais, j'ai su pour François, mais je n'ai pas osé aller le voir une dernière fois car l'avant dernière était vraiment trop ancienne et elle s'est perdue dans les méandres de la nuit des temps.

- Ne t'excuse pas Marc, je suis venu te voir car, comme tu t'en doutes, j'ai hérité de la librairie et je ne suis pas convaincu d'y avoir droit. Trop de souvenirs se télescopent dans ma tête et j'ai du mal à trier le bon du moins bon. Tu te souviens quand nous jouions à cache cache dans les rayons ? Nous renversions souvent des piles de livres qui encombraient les allées. Ces livres que François avait mit de côté pour les donner à qui voulait élever son âme. Des nuages de poussière prenaient leur envol et nous aveuglaient. Il faut dire que son magasin était au moins autant bordélique que le tien.

- Le rangement de mon gourbi est représentatif de l'importance que je donne au mot " liberté ". Chaque objet qui entre ici choisit sa place. S'il le veut, il peut se déplacer la nuit et aller trôner dans un autre endroit du magasin où il se sentira mieux. Comme tu vois, j'ai fait miens les conseils de François, quand il nous mettait en garde et qu'il nous apprenait à respecter les livres si nous ne voulions pas que les mots se vengent. Il disait que Dieu, avant toute chose, avait créé le verbe et qu'il ne fallait jamais l'oublier. Faute de quoi notre liberté serait en danger. De toute façon il va falloir que tu fasses un choix et ce choix n'appartiens qu'à toi. Tu as la liberté de choisir. Je connais beaucoup de personnes qui aimeraient bénéficier de la liberté de dire oui ou non.

- Je ne sais pas. Cette liberté de choisir me tord les boyaux et je nage dans l'inconnu. Marc ! Donne-moi une bonne réponse, je t'en prie.

- Une bonne réponse ? Mais une réponse à quoi ?

- Je ne sais pas. Donne-moi une bonne réponse et si elle me convient je trouverais la question qui va avec. Les mots de François me font peur, ils me pourchassent et certains me rattrapent malgré les efforts que je fais pour m'enfuir. Tu parles sans arrêt de liberté, mais ça n'est jamais qu'un mot abstrait qui ne parle qu'à ceux qui y croient. La liberté on devrait l'avoir au menu, en plat du jour. En salade fraîche et joyeuse ou à l'étouffée, boire un bon coup par dessus pour la noyer quand elle nous contrarie et la faire renaître le lendemain, en espérant un nouveau plat qui ne soit pas trop aigre.

- Tu veux beaucoup de choses Jacques. En réalité tu fuis ton avenir et tu cherches refuge dans ton passé qui, lui, ne veut plus de toi. Tu peux rester entre les deux et végéter dans un espace de médiocrité, mais ça ne regarde que toi. Que tu le veuilles ou non c'est encore une histoire de choix. Je respecte tes idées Jacques, mais si tu n'y vois pas d'inconvénients, je retourne dans mon trou où ma liberté, à moi, m'attend. Elle est si fragile que si je m'absente trop longtemps elle risque de se faner et…… moi avec.

 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 23 Octobre 2021

Moi y a n'a plus savoir où est Godric. Zut alors, je me mets à parler comme lui. C'est qu'il me donne du mal ce personnage. Dès que j’arrête d'écrire il se tire, son vouloir de LIBERTÉ ne lui fait accomplir que des bêtises. Quand il est dans la mer... il revient vers moi, et quand je le réintroduis dans une histoire il veut encore se la raconter tout seul. Donc, il y a quelques semaines, après ses histoires de grues et de taxi, je l'ai naturalisé italien en ajoutant un « o » à son nom, puis je l'ai laissé vivre sa vie.

Le nouveau Godrico est parti en Sicile. Je l'ai un peu oublié, repris par une nouvelle vie d'après confinement. Puis Mado me tire de ma léthargie, et je repars à la recherche de Godrico. Mais, en y repensant, Godrico a eu beaucoup d’ennuis avec sa grue (élévateur) tétanisé par le vertige et sa grue (sa femme) car en plus de sa clientèle payante, elle avait un amant, un athlète atèle qui lui, avait de longs bras. Après une enquête sérieuse de plusieurs jours je le situe dans les quartiers chauds de Cagliari sans une lire en poche. Les siciliens n'ont pas encore compris que la nouvelle monnaie est l'euro, ils sont pour les traditions. Donc, Godrico sans un rond (dans ce cas le mot rond et international) essaie de faire la manche, dépose sa casquette par terre, et le premier tire-laine qui passe la lui fauche sans se presser, dans un geste tout a fait naturel. Et il pleut, il pleut. Bon prince je le dirige vers une place ou il y a des arcades, je le place dans la plus fréquentée. La foule passe sans le voir, il n'a même pas une cédille que l'on pourrait lui subtiliser en passant. Il pleure sur son passé, il voudrait bien retrouver ce semblant de LIBERTÉ qu'il avait en attendant les éventuels clients dans son taxi…

Tiens ! Une belle femme toute habillée de noir comme le veut la tradition sicilienne, sans doute pas très catholique, s’arrête. Cette belle femme regarde intensément ce mendiant qui s'obstine à regarder ses pieds, puis s'écrie :

Godric, depuis le temps que je te cherche, regarde, j'ai tellement jeûné que j'ai perdu au moins quinze kilos. Tends-moi la main que je la pprenne de nouveau, tu me reconnais : Mme godiche tu m’appelais, moi faire imbécile pour être tranquille, toi gros couillon, regarde-toi: crado, crevé, affamé, perdu. Ah mamamia, toi venir avec moi, moi t'aime toujours, maintenant toi pouvoir m'enlacer, ce soir libres de nous aimer en remettant plusieurs fois sur le sommier nos ébats.

GODRICO en baissant la voix :

Fini Godric, maintenant Godrico. Avec l'excuse que je ne travaillais pas, tu t'en es payé des mecs, les vieux moches, tu les faisais payer cher, surtout les montagnards, ça leur rappelait les escalades en rappel. Les jeunes bien sûr te reprenaient tout.

Je n'y pouvais rien si tu avais les bras trop courts, c'est bien ce que tu disais, et ce n'était pas que les bras ….. Allez viens, je loue une chambre dans le bas quartier.

Juste ce soir, parce que je veux être LIBRE. Tu comprends, j'aspire à la LIBERTÉ. Je ne veux plus dépendre de quelqu'un ou de quelque chose. Surtout plus de cet écrivaillon qui m'a sorti de mon néant pour m'embarquer dans des histoires pourries. Tu ne t’es jamais demandé comment tu es apparue ? Il faut fuir, le semer, l'enfouir dans des terres arides, qu'il en crève.

FUIR, tu crois que c'est ça la LIBERTÉ. Il vaut mieux négocier avec lui, peut-être lui graisser la patte. Je ne crois que ce soit un mauvais bougre, c'est peut-être sa façon d'être libre, de raconter ce qu'il veut sans être contrôlé. N'est-ce pas lui qui a dit :

Il nous restera un soupçon de LIBERTÉ tant qu'un détecteur de pensées ne sera pas inventé. Et puis, tu sais bien comme moi que nous ne sommes que des marionnettes entre ses mots. Et de tous ces maux choisissons le moindre, faisons comme les marionnettes, baissons le rideau en disant : bonne nuit les petits.

Louis

 

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Rédigé par Louis

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Publié le 21 Octobre 2021

 

C’est une pensée qui m’ a toujours traversée l’esprit.

Parfois une rencontre, même aussi loin que je me souvienne, du haut de mes six ans.

A présent du haut de mes années de jeune fille, je suis orthophoniste, les problèmes d’enfants en bonne santé physique, mais une adaptation difficile du langage, m’ont toujours intéressé.

Lisette, cette ‘gentille présence fantomatique’, comme aimait à l’appeler mon père, est responsable de mon orientation professionnelle.

J’ai grandi avec les livres, je m’étais fait des amis irréels, qu’avec un sourire et ses petits yeux plissés, mamie Lisette approuvait, bien que l’imagination doive permettre de rêver mais pas ‘abîmer’ l’esprit des mauvaises choses.

A l’école, j’avais eu à plusieurs reprises ‘le prix du Rallye lecture’, au fil des années les penseurs grecs, les philosophes et autres révélateurs du ‘moi’ et de la pensée profonde ont été mes compagnons de jeunesse.

Lis tout ce qui te tombe sous la main et les yeux , me disait Lisette, ne te focalise pas sur un thème.

Dans ma chambre trônent des encyclopédies du 7° art, de peinture et de musique philharmonique.

--Voyage !, m’avait elle conseillé.

Je me suis mise à apprendre le russe après un voyage à Saint-Pétersbourg et mes étagères se remplissent de bouquins de Tourgueniev ‘Premier Amour’, Pouchkine ce créole malheureux ‘L a Dame de Pique’, le plus grand écrivain russe.

En Angleterre, j’ai découvert Lewis Caroll et son Alice.

Durant mes séances avec mes petits clients, parfois découvrant et jugeant de leurs goûts, je sors un des livres composant la bibliothèque de mon bureau.

Mon père travaille toujours dans sa librairie ‘L’Envie de Lire’ et se souvient de sa plus fidèle lectrice ‘Lisette’.

Maintenant, tout en ayant choisi un métier avec les enfants, je poursuis les rêves de écrivains, dont j’avoue humblement avoir commencé à prendre des notes sur des ‘perles’ les plus rigolotes !!!!  

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Rédigé par Dominique

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Publié le 21 Octobre 2021

 

Je suis une image. Solitaire, et ubiquitaire. Je vis sur une île comme Robinson sans son acolyte. Visage impassible et résolu, le poing levé sans défaillir. Cette main qui veut éclairer le monde. Et l'autre, figée sur ma tablette, porteuse du droit.

Les pieds dans l'eau, la tête dans les étoiles. Certains m'appellent Charlotte, d'autres Sarah. Peu importe. Je suis le rêve.

Sur ma tête, le poids des continents, ou bien des océans. Je dois avouer que parfois, je me prends au jeu.. même si je ferme les yeux.

La réclusion n'est pas dans mes gènes, alors... Je rêve, et je voyage. Un peu partout dans le monde. On me regarde avec les yeux de Chimène. Autour de moi le silence se fait. Comme une invite au respect. Une méditation. Je les entends qui murmurent et puis s'effacent sans trop laisser de trace. Un évanouissement.

Parfois un gaillard s'approche et me toise d'un air fier. Il m'interpelle et me questionne. Je reste muette..

Tu trouveras seul la réponse. Pose-toi d'abord les bonnes questions.. et ne baisse pas les bras. Suis ta route et crois en toi, crois en moi. N'oublie jamais. Je me souviens.. fin du 19e. Je revêts enfin ma robe brun-rouge couleur de cuivre.. et jette les yeux vers l'Est, le vieux monde et ses déshérités. Un appel à lutter contre l'oppression, l'esclavage, la soumission.. les chaînes qui gisent encore à mes pieds. La Lumière. Le Droit.

Parfois la nuit je sors de mon socle d'acier pour les suivre à mon tour. Je les entends pérorer, jaser jusqu'à plus soif.. en groupe assourdissant ou en solo, éructant les yeux mi-clos, un casque sur la tête. Je les suis discrètement, et pose délicatement ma main sur leur épaule. Un soupir. Je leur souffle des mots au creux de l'oreille, et puis.. je les engage à lire. Lire les mots de mes ancêtres, de nos ancêtres, et ceux de nos contemporains.

Lire, se rassembler, se concerter.. avant d'agir. Lire, partager, écouter. Et puis agir. Se respecter soi-même et respecter les autres. Avec leurs différences.

Parfois je ris intérieurement.

Tu radotes, ma vieille.. plus d'un siècle que tu es née, et toujours le cycle des incantations. Les cris, la colère, les gémissements.. le même film avec des costumes différents.. le déni de justice et puis.. tu arrives avec les tables du droit ! pff.. usant !

Parfois je suis fatiguée.

Plus facile de suivre le troupeau.. oui mais... La résignation est un suicide quotidien ! Moi je veux vivre. Et donc combattre. Et pourquoi pas prendre la plume pour écrire son espoir, son désir, son expérience. Un secret enfoui au fond de chaque livre. Ce qui unit plutôt que ce qui sépare. Un vrai programme..

 

Je m'incarne au gré des vibrations.

Si sensible à la colère, au dégoût, à la frustration. Ces petits êtres de chair qui se rêvent puissants.

Le souffle me porte ici ou là, flânant en terrasse de café, errant dans les rues en quête de partage.

Hier je me prélassais en terrasse sur cette belle place plantée d'Albizias, les yeux mi-clos, l'esprit en vadrouille. Envie de changer de peau.

 

Sur qui porter mon choix ? Ce bellâtre aux yeux d'acier et au sourire ravageur ? Cette midinette en jogging qui porte son sourire comme un maquillage ? Ce bambin récalcitrant, qui sautille sur son skate ? À qui insuffler ma brise galvanisante ? Et pourquoi pas cet homme seul assis face au pastis, regard perdu, épaules basses.. les yeux las, sourire triste, c'est mon homme ! Je sens qu'il va être dur à convaincre, et j'aime ça. Une tâche ardue qui est faite pour me plaire.

Et voilà ! Je suis lui. Un être engoncé dans ses principes. La croix et la bannière.. ou les travaux d'Hercule. Je décèle sans peine le poids de sa routine. Les jours qui se ressemblent, l'absence de perspective. Une résignation banale. Sûr que j'ai du pain sur la planche, c'est pas gagné...

Je m'insère dans son esprit.

Il frissonne, jette un coup d'œil à sa montre, pousse un soupir, fait signe au serveur, s'apprête à se lever et partir.

C'est sans compter sur moi.. Je vais le secouer un peu, lui ouvrir des portes. Ou du moins essayer.

Je perçois ses obsessions, ses craintes. Un tour de manivelle, et hop.. des bribes du passé qui s'envolent, le disque dur fait du ménage ! Faire place au présent.

Il se rassoit, un peu sonné. Tête vide.

Aperçoit cette jeune femme aux cheveux roux, qui pianote sur son clavier, sourire au creux des lèvres.

Et pourquoi pas.. l'impression du déjà-vu. Il la connaît peut-être. Je vais l'aider.

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Rédigé par Nadine

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Publié le 20 Octobre 2021

 

Lucie hésite. Plusieurs hommes sont attablés à la terrasse du café. Elle les observe derrière ses lunettes de soleil. Aucun ne lui plaît vraiment…

Pourtant, l’un d’entre eux est son rendez-vous Meetic. Mais quelle idée saugrenue a-t-elle eu de s’inscrire sur ce site ! Tout ça parce qu’elle a lu ce roman d’amour ! L’histoire était si belle, l’héroïne émouvante, son amoureux tellement romantique, trop romantique. Elle en a eu la gorge serrée, les larmes au bord des cils, et sa solitude lui a explosé en plein cœur.

Alors, elle a sauté dans l’inconnu, sans réfléchir davantage. Clic sur Meetic. Tout plutôt que de continuer sa petite vie monacale. Un compagnon, quelqu’un à aimer, quelqu’un pour partager, vibrer, comme l’héroïne du roman. Peut-être pas des choses aussi extraordinaires, mais exaltantes, à deux, enfin.

Ses yeux piquent derrière les lunettes noires. Dans quel guêpier s’est-elle fourrée ! Un amour romantique, tu parles ! Ça n’existe pas dans la vraie vie ça, du moins pas dans la sienne. Les hommes, là devant, n’ont rien de palpitant. D’ailleurs, lequel d’entre eux est celui qui l’attend ? Il a dit qu’il aurait une fleur…

Balayage rapide du regard.. C’est lui, sous ce parasol, une rose magnifique posée près de sa tasse.

Lucie le détaille. Finalement, il n’est pas si mal… ressemble à sa photo… Il a de beaux yeux.. Elle hésite encore. Le choix, c’est la liberté, a-t-elle lu quelque part… En l’occurrence, un choix sans grande prise de risque, juste un rendez-vous dans un café. Mais Lucie a peur, peur de voir la déception dans le regard de l’inconnu.

Quel choix lui laisse sa maudite timidité, son manque d’assurance ? C’est contre elle-même qu’elle doit lutter. Comme l’héroïne du roman, son double, son amie. A deux, on est plus fortes.

Alors, Lucie ôte ses lunettes de soleil et, en pleine lumière, s’avance vers l’inconnu à la rose.

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 18 Octobre 2021


 

Depuis la mort prématurée de son mari, Marjolaine présidait seule aux destinées du domaine.

Elle avait dû engager un œnologue pour maintenir la qualité qui était la raison de vivre de Constant.

Mais tout le reste lui incombait : la gestion du personnel et des querelles d'ego, la surveillance et le contrôle de la taille, des traitements... Même en bio, il en fallait. L’aléa climatique était un souci permanent. Que de nuits sans sommeil quand la météo annonçait de la grêle, ou du gel. II fallait alors sortir en pleine nuit pour mettre en route les rampes de chauffage. Et, à près de quatre-vingts ans, elle commençait à fatiguer.

Bien avant les vendanges, il fallait aussi recruter suffisamment de volontaires, organiser le couchage dans les communs, et les grandes tables des dîners conviviaux qui faisaient chaque année de cette saison une fête inoubliable. Alors, elle virevoltait, passait d'une tablée à l’autre, recueillait confidences et nouvelles des uns et des autres, réfléchissait aux conseils qu'on lui demandait. C 'était très excitant.

Pour les vendanges, elle aurait bien continué sans compter les années !

Mais ses fils l'exhortaient à vendre. Aucun des deux ne pouvait, ne voulait, prendre la suite, ayant opté, l'un pour une carrière de pianiste international, l'autre pour un poste de manager aux États-Unis. Elle devait, selon eux, s'installer dans le grand appartement parisien, cesser de conduire et profiter tranquillement des richesses culturelles de la capitale.

Hier soir, elle avait comme chaque année regardé sur Internet les programmes de rentrée des salles de concert et des théâtres parisiens... En esprit, elle refit ses balades préférées, le long du boulevard Saint-Germain, puis de Saint-Michel, jusqu'au jardin du Luxembourg où elle avait rencontré Constant.. Grâce à lui, elle était allée écouter son premier opéra. Cosi fan tutte ; Les arias les plus célèbres lui revinrent en mémoire...

Trois coups discrets à la porte de son bureau la ramenèrent au domaine : elle devait ratifier la liste des candidats aux vendanges.

Pourrait-elle vraiment quitter tout cela et remplir sa vie de simples divertissements ?

Mais combien de temps pourrait-elle encore tenir le coup à ce rythme ? Et puis, tant de familles dépendaient de sa décision...

Elle était seule devant le choix à faire. Terriblement seule.

C'était le prix de la liberté.

 

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Rédigé par Brigitte M.

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Publié le 16 Octobre 2021

 

Le secret de la liberté, c’est la librairie.

Le but ultime de la littérature, c'est de faire rêver les gens plus loin !

Les Thanatonautes - Bernard Werber

 

ATELIER :

Narrateur - point de vue - monologue intérieur

 

LECTURE :

Extrait de "Se le dire enfin" – Agnès Ledig

 

SUJET :

Choisissez votre narrateur, votre point de vue et créez un personnage. Si vous avez déjà mis en scène un personnage lors du dernier atelier, vous pouvez le garder et l'étoffer, lui donner un nom, un statut social, professionnel, etc...

A partir de la citation "Le secret de la liberté, c’est la librairie", inventez une petite histoire dans laquelle évoluera votre personnage. Parsemez votre texte de quelques pointes de monologue intérieur.

 

LES TEXTES

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

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