On devrait écrire comme on respire. Un souffle harmonieux, avec ses lenteurs et ses rythmes précipités, toujours naturel, voilà le symbole du beau style.
Jules Renard dans JOURNAL
« La petite phrase nette a le ton impérieux ou sautillant […] la longue phrase périodique a le souffle oratoire et l’emphase majestueuse [...] »
Hippolyte Taine dans PHILOSOPHIE DE L’ART
Atelier :
Le mot juste
Lecture :
Un extrait de Enfance de Nathalie Sarraute
Ecriture :
Que vous raconte cette image ? Rédigez son histoire dans un style d’écriture adapté à la situation. Choisissez le mot juste.
Les yeux fixes, sourcils froncés, buste frêle, ses bras battent l'air comme pour contrer le temps.
Sa chemise se froisse et se colle à sa peau inquiète, la sueur ourle son torse, accompagne la course du sang, les pulsions du cœur.
Il court et s'insurge. Il est jeune. Trop jeune. Ses cheveux flottent, dérivent, se délivrent du catogan comme de chaînes superflues. Ses mains fendent l'air en cadence, la silhouette semble se fondre sur le bitume.
Il court, respire.
S'échapper du flot quotidien. Relever la tête, encore un peu. Sourire peut-être.
Afficher la sérénité de celui qui sait.
Men sana in corpore sano. Oublier la trépidation, courser le temps. Et s'arrêter au bout du rouleau, les mains sur les genoux, suer, les tempes au bord de l'explosion. Masser les rotules avec la pulpe des doigts, secouer la tête, laisser la tignasse trempée goutter sur ses yeux clos. Exhaler, exulter, frémir. Vider les larmes du corps, les tensions accrues. Souffler, sentir les ondes terrestres traverser ses orteils.
Le regard s'allume. L'horizon se rétrécit. Quelques jours plus tôt.
Il est au stade, le gravier grésille sous ses sneakers. Il sourit.
L'arrêt brusque au milieu de la course, le cœur en alerte. Un battement saccadé puis.. la vue qui se trouble. La tête incrédule devant le corps soudain faible. Tant d'efforts.. la défaillance, le vertige. Les muscles saillants malgré tout..
Il lève la tête, lance un juron. L'injustice. Ne pas lâcher prise.
Le marathon en tête. S'il le faut, faire un bout en métro. Y croire. Y croire..
Elle arrive à sa hauteur, lui sourit doucement. Et pousse vers lui le fauteuil.
Une photo posée sur la table, elle représente un homme.
Le paysage donne l’impression de vitesse.
Il court peut-être à la recherche du bonheur, celui-là même qu’il a laissé un soir au bord du pré.
Il court ou il fuit devant un danger que l’on ne peut qu’imaginer.
Il court ou tout simplement il marche et le photographe a fait le reste.
Une simple photo découpée, dans un journal de télé et voilà que mon imaginaire est en ébullition.
Je m’invente, je raconte son histoire à qui veut bien l’entendre. C’est comme cela que les médias manipulent les informations. Ils peuvent les rendre heureuses ou malheureuses suivant le moment.
Il court…….
Non j’arrête là mes divagations, je m’empresse de connaître la source de l’information, je lis le Télérama qui lui sait où il court et où il va.
La connaissance ne s’arrête pas à une seule image.
Fuir… Les sirènes hurlent dans la ville… Le casse a mal tourné. Le bijoutier était armé. Coup de feu… Joe à terre, les yeux révulsés, la bouche ouverte, l’air stupéfait… mort avant d’avoir compris… Lui, tétanisé… Le flingue du bijoutier face à lui… regards croisés… la peur des deux côtés…
Le bijoutier a baissé son arme.
Alarme stridente qui l’a sorti de sa stupeur. Fuir… Vite…
Abandonner Joe… son sang qui se fige… qui colle aux semelles… Courir.
La ville file, floue, autour de lui. Garder le cap, rejoindre la planque pour se poser, réfléchir… Courir… Battements du cœur jusque dans la gorge, nausée… Joe là-bas… Ne pas penser à lui maintenant. Là, tourne à droite…
Les sirènes se rapprochent… Terreur de l’animal traqué… je ne serai jamais chasseur…
L’image d’un cerf bondissant dans la forêt le traverse. Un documentaire vu à la télé, c’est bien le moment d’y penser ! Cours !
Merde ! La bagnole ! Restée devant la bijouterie. Les flics doivent déjà savoir d’où elle vient.
Sirènes dans la rue à gauche… bifurque ! … La planque… ne pas mener les fics à la planque… j’y suis presque…
Le marronnier au coin de la rue… la cour… La cave… Sauvé !
Jambes tremblantes, respiration sifflante, cœur au bord de l’explosion, l’homme tombe sur le canapé, laisse enfin couler ses larmes… Joe...
La Beauté, c’est sans doute l’un des motifs éternels les plus prisés par les poètes eux-mêmes, de l’Antiquité à nos jours. C’est aussi l’un des symboles par excellence de la quête poétique, cette quête qui fait que le poète se dépasse, se transcende, s’élance vers autre chose, à la recherche de l’essentiel. Aujourd’hui, le Printemps des Poètes inscrit cette démarche au cœur de la cité - dans les librairies, à la radio, dans le métro, dans les hôpitaux, dans les bibliothèques, dans les théâtres, dans les jardins, dans les gares et jusque dans les prisons ; c’est l’honneur de sa mission. Il l’inscrit, également, au cœur de nos préoccupations quotidiennes, montrant, s’il en était besoin, que c’est dans la gratuité de la parole poétique que réside sa richesse, son sens, sa profondeur, sa beauté.
Art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l'union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers.
Larousse
Petits rappels :
Les vers et le rythme
Les vers peuvent avoir des longueurs différentes, être réguliers ou pas, avec un nombre de syllabes pairs ou impairs.
La longueur détermine le rythme : dans un vers court, le retour des sonorités est plus rapide, le vers plus saccadé, contrairement à un vers long où le rythme est plus posé.
Les vers libres sont de longueurs différentes dans le poème, n’ont pas de régularité rythmique, ni forcément de rimes.
Les rimes et les sons
Les rimes sont dites féminines si elles se terminent par « e » muet et masculines pour toutes les autres. Il convient d'alterner rimes féminines et rimes masculines. Dans un poèmes, il convient d’alterner rimes féminines et rimes masculines.
La césure est le lieu d'articulation d'un vers, la coupe qui doit se faire à intervalles égaux, par ex. 6 syllabes dans un alexandrin qui divisent le vers en 2 hémistiches.
L'élision est le fait d’aspirer le « e » muet à la fin d’un mot par le son de la voyelle débutant le mot suivant (chantE Et danse par ex.).En poésie, il vaut mieux éviter les élisions.
Le hiatus est la succession de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes à l'intérieur du mot (éOlien, rÉUnir), ou à la frontière de deux mots (il A Oublié). A éviter aussi, de préférence.
Lecture :
La beauté et A une passante de C. Baudelaire (1821-1867)
Un extrait des Notes de chevet de Sei Shônagon, (XIe siècle)
Un extrait au sujet de la beauté de Les mots de l’Autre, de Jacques Gauthier (poète, essayiste et romancier canadien)
Quelques citations sur le sujet de Albert Camus, Etty Hillesum, Simone Weil.
Ecriture :
Si vous n’avez pas d’idées, à partir du mot BEAUTÉ, faites des associations d’idées pour en faire surgir, des idées… Puis écrivez votre poème soit en vers et rimes, soit en vers libres, en strophe sappique, sous forme d’inventaire, bref, comme il vous plaît.
Maison vide...
Maison au grand silence...
Pressée d'écrire…
Hâte toi de…
Je suis en retard sur la vie…
La seule qui…
J'observe…
Elle,la beauté de la vie...
La vérité est née
Le train a passé
Revenir avec sa valise
Et avancer avec légèreté
Les branches des arbres
Noirs et nues
S'habillent de petites fleurs
De toutes les couleurs
Comment créer une ronde
Une ronde
Qui tourne dans le monde
Le monde parle du monde
Et comment parler de ce monde?