LA LIBERTÉ DANS LA BIBLIOTHEQUE

Publié le 26 Octobre 2021

 

Cette nuit les bouquins ont fait leur cinéma.

Dans un bruit d avant-première,

ils ont cassé l alphabet et plié les rayons.

 

Tout de suite les gardes ont bloqué les pages.

Les épiloguistes ne crèveront pas de la fin

et boiront le dernier vers.

 

Ci-dessous un extrait de leur revendication libertaire,

au résultat non encore avenu :

 

     Nous les livres et livrets, nous ne voulons plus restés enfermés

     dans des couvertures cuir cramoisies et carton papier mâché,

     voire cornées en coins dans des reliures stressées.

 

     Nous exigeons un enveloppé aguicheur et plein de tendresse.

 

     Nous souhaitons une jaquette souple,

     enveloppante, chaude et soyeuse, d'invitation ravageuse

     pour les mains câlines des lectrices à cajoler

     ou les doigts rugueux de ces messieurs à chouchouter.

 

     En bonne et due forme,

     nous exigeons tout l'emballé-feuilles dans une couette.

 

     Oui, une couette, aérienne de plumes,

     au contour débonnaire pour des lectures bonheur.

 

     Une couette qui sentira bon la douce soirée coussins,

     après une journée souvent compliquée.

 

 

          signé : Mimile Un de vos fidèles compagnons de chevet.

          Président des Bouquins En Colère - B E C - de la ville de Nice

 

Remis ce jour, en main propre et douce de la Responsable des Bibliothèques.

 

 

Donc après cette intervention de Mimile, les livres, en attente d'une réponse,

décidèrent de ranger leurs auteurs entre les cimaises jusqu'à l'aube.

 

C'était sans compter un cambrioleurs qui venait de s'introduire dans les lieux.
Tout était cadenassé mais le fantôme de Spaggiari était revenu

par un autre tunnel, accompagné de l'intelligence artificielle de son petit fils.

 

L'intrus fut surpris de trouver l'endroit sans dessus dessous

et les bouquins rageurs groupés en petits soldats, très vindicatifs.

 

Pour les couettes, on verrait plus tard. Il y avait urgence du moment.

 

Mimile du haut de son M majuscule, ouvrit toute grande sa couverture cuirassée

et reliée serrée. Tous les livres en firent autant.

 

Notre cambrioleur ne put jamais remettre la main sur le livre de son histoire

et sortit par là même où il était rentré, dépité, poussiéreux et manchot.

 

Rédigé par Dany-L

Publié dans #Liberté

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