FABLE ET ROMANCE

Publié le 7 Avril 2023

 
Un brouhaha intense sur le rayon des livres à l’eau de rose. Une stagiaire de la bibliothèque a surchargé l’étagère, les essais de philosophie, scientifiques et autres sont projetés à terre par le recueil des Fables de la Fontaine. Il se réjouit de se retrouver seul, sur un rayon romanesque. Il ressent une certaine envie de faire connaissances avec ces romans d’amour.
Lui qui vit au milieu d’animaux, il éprouve soudain le besoin de découvrir ce monde inconnu.
Le titre de l’un d’entre eux l’intrigue particulièrement.
Il lit à voix haute : Le délice de succomber …
 
Quelqu’un l’interrompt brutalement :
- Je ne te connais pas toi ? Que fais-tu près de moi ?
- Bonjour et excuse mon intrusion. Je suis un recueil de Fables écrit par un certain Jean de la Fontaine. Je me suis perdu, désolé de t’importuner. Je t’avoue que j’aimerai faire plus ample connaissance !
- Tu connais mon titre, je suis une romance signée par Barbara Cartland. Si je ne me trompe, tu as tout l’air d’un beau parleur. Je t’avertis, je suis méfiante, la flatterie très peu pour moi.
- Beau parleur, flatterie, s’écrit le recueil, tu te prends pour qui ? Mes fables se terminent toutes par une morale ! D’ailleurs ton titre me fait penser à l’une d’elle.
Silence…
- Tu fais la timide, poursuit le recueil en caressant avec délicatesse les pages.
Romance est parcourue par une sensation de plaisir incontrôlable.
- Quel jeu joues-tu ? Est-ce vraiment le hasard qui t’a mis sur ce rayonnage ? répond la romance.
 
Réflexion intérieure «  Adorable et attirante, pense le recueil », il se sent tout à coup comme le renard, rusé, prêt à obtenir sa proie.
- Reconnais que le hasard fait bien les choses, réplique le recueil ! Tu es plus que charmante avec tous tes petits cœurs sur la première page.
Rougissante :
- Tes compliments me gênent ! Ils provoquent un émoi insensé qui font vibrer ma sensibilité. J’ai le cœur qui bat la chamade.
 
Le recueil s’approche, il intensifie ses caresses sur les feuillets. Elle s’aventure à son tour, se souvient d’une certaine page où l’héroïne entrouvre sa bouche humide vers le flatteur. Elle hésite, puis se lance vers le recueil. Ses lèvres se collent sur la couverture dure qui lui provoque une jouissance inattendue.
Dans un sursis de lucidité, le recueil lui murmure :
- Laissons-nous aller encore à ce mélange de nos deux écrits, dans quelques heures je serai peut-être loin de toi !
 
Cette nuit là, on entendit un bruissement de pages qui fit longuement vibrer l’étagère.
 
La flatterie volontaire, ou non, entraîne une certaine ivresse. Les femmes ont toujours dans l ‘esprit un coin pour l’erreur et dans le cœur une entrée pour les flatteurs.
 
 

Rédigé par Josiane

Publié dans #Divers

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