liberte

Publié le 1 Décembre 2021

 

Elle a toujours été à mes côtés, je sentais sa présence par une infime lueur comme une flammèche rigolote ou une luciole esseulée qui veillait sur moi. Ma Lisette, petite âme solitaire et bienveillante.

Cela serait amusant de rechercher tes racines, me suggérait-elle souvent.

Un jour, je ne sais plus, peut-être un bouquin tombé de l’étagère, fut, comme un éclair, la Scandinavie, le Aurores Boréales...

Pourquoi pas, donc mettant mon père et nos amis dans la confidence, nous étions devenus au fil du temps des experts en généalogie.

« La liberté de choisir sa mort ».. En me réveillant un matin, cette phrase venue d’ailleurs me taraudait, quel esprit tourmenté avait envahit mon sommeil, que faisait Morphée ? Ce papillon de nuit ne dormait que d’un œil ou d’une oreille, fripon malicieux.

Ma grand-mère littéraire l’avait choisie et la librairie de mon père était chargée de son parfum.

Aurore, un prénom significatif de bonheur, de lumière, de lève-toi et n’ai peur de rien, peut-être doux et combatif.

J’y suis allée, j’ai ressenti l’émerveillement des couleurs fantastiques que nous offre cette fin de nuit ensoleillée.

Mais non, ce n’était pas mes origines, trop facile, déclinée en acrostiche, en poésies de toutes sortes.

Pourquoi traumatiser mes cellules grises à chercher à qui, à quoi ressemblaient mes ancêtres, je les remercie, sans leur complicité, leur amour, je ne serais pas là !! Et cela est le plus important, laissons les morts en paix.

Je suis libre, mon corps est libre, ma tête est en prison, je la prends entre mes doigts.

Je veux que mon ange gardien, toujours de bons conseils, reste près de moi, en pensée virtuelle.

Je suis trop jeune pour mourir ou y faire allusion, alors, j’ouvre mes mains, tends mes bras et pense très fort les yeux fermés :

 

AU REVOIR LA-HAUT !!

 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 1 Décembre 2021

 

Lucie se prépare un café. Le four sonne, les madeleines sont cuites…

« Le Pavillon des pas perdus » posé sur la table du salon attend.

Savait-elle qu’Edgar s’était toujours senti responsable de cet accident ? Responsable car il aurait dû l’empêcher de le suivre dans ses folles équipées.

Depuis il avait tout tenté, mais les médecins ne se prononçaient pas sur la durée du coma. Impuissant, inutile, envahi par le remord il avait décidé de fuir.

Peut-on échapper à ses tourments en fuyant ?

D’un autre côté pouvait-il raisonner une sœur en admiration face à ce frère béni par les fées dès le berceau : intelligence, beauté, succès littéraire… Pouvait-il lui interdire de prendre des risques ?

La cafetière siffle. Lucie se sert un café brûlant, y plonge une madeleine avec une sensation drôle. La sensation d’un bonheur diffus quelque part provoquée par un gâteau ? Une intuition féminine ? Est-ce que tout était rentré dans l’ordre, malgré le désordre de cette aube de vie ?

L’éditeur lui avait donné une adresse outre-Atlantique d’où était parti le manuscrit. Une déflagration comme le réveil d’un volcan qui illumine la nuit. Aussitôt son imagination enflamme l’avenir, s’envole, élimine ses membres amoindris. Qui peut limiter cette liberté retrouvée. L’espoir l’envahit, la submerge !

Elle se rend au salon, ouvre le livre. Première page :

« Le hasard est-il une liberté ? »

Premier chapitre :

« Est-ce un mystère ? Peut-on tout comprendre ? La liberté peut elle aider ? Doit-on vagabonder ou plonger à l’intérieur de soi même ? Ah la vie !» (Alessandro Barrico)

Elle pose le livre ouvert sur le canapé et rêve à ce qu’elle va découvrir… Elle a tout son temps. Sur la table du salon, une photo encadrée. Deux chevaux tenus par leurs longes, Lucie et Edgar avec, au premier plan, Salto le Gloden Retriever qui attend ses caresses… L’époque heureuse.

 

Mummm… oui… Je vais présenter ça à ma libraire préférée, elle me donnera sûrement de bons conseils…

 

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Rédigé par Gérald

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Publié le 1 Décembre 2021

 

Voilà quelques jours que le Trio avait débarqué chez Jean-Claude, le « Tonton » comme tous avaient convenu de l’appeler. Ils se souviendraient longtemps du visage à la fois étonné et soulagé du cinquantenaire à la vue de la Deuch et de ses passagers. Il savait que son neveu avait fugué depuis presque trois ans, et que ses parents désespéraient de le revoir vivant. Et soudain, le voilà, et en bonne compagnie ! Antony avait sauté dans les bras de son oncle, les yeux brillants d’émotion. Jean-Claude n’en revenait pas de voir ce grand jeune homme, lui qui était encore un enfant lorsqu’il était venu apprendre à s’occuper des chèvres, sur les conseils avisés du Tonton, quatre ans plus tôt. Jean-Claude les avait accueillis avec sa gentillesse habituelle, mais rapidement ils avaient dû lui faire un résumé des dernières années, tellement il était curieux de tout savoir. Il leur avait fait téléphoner avant tout à leurs parents, c’était la condition sine qua non de leur hébergement chez lui. Après beaucoup d’émotion et de larmes de tous côtés, Jean-Claude avait prévenu la Gendarmerie de Breil-sur-Roya, afin que les recherches sur les jeunes gens soient abandonnées. Bien entendu, ils avaient été convoqués par les Gendarmes pour décrire en détail leur fugue, et surtout le temps passé dans la Communauté Religieuse. Ophélie en voulait à sa mère, mais elle ne souhaitait pas, cependant, lui attirer d’ennuis. Elle avait du mal à s’avouer que sa propre liberté ne pourrait exister qu’au détriment de celle de sa mère. Le Brigadier l’avait un peu rassurée lorsqu’il lui avait fait remarquer que sa mère était, elle aussi, une victime du gourou…

A la suite de leurs coups de fil, les parents - sauf Jeanne, par la force des choses – étaient venus rapidement retrouver leurs enfants. Tous ensemble, ils avaient beaucoup discuté à cœur ouvert, pour tenter de comprendre les motivations et les attentes des jeunes : pourquoi cette fugue ? Qu’espéraient-ils de la vie ? Pourquoi n’avoir pas donné de nouvelles ? Comment était leur vie au sein de la communauté ? Les questions fusaient de toute part. Les trois jeunes, tirant des leçons de leur vécu depuis l’abandon de leurs foyers respectifs, étaient certains de plusieurs choses : ils voulaient vivre libres, ensemble, se motiver pour atteindre un but commun : construire leur vie en harmonie avec la nature ! Le Tonton se mêla à la discussion : puisque Antony savait s’occuper des chèvres, il proposa aux parents d’installer les jeunes dans une grange qu’il possédait dans la montagne ; il leur céderait un petit troupeau de ses bêtes, et leur apprendrait les bases du métier : être éleveurs de chèvres, fabriquer des fromages qui se vendaient plutôt bien sur les marchés et dans les restaurants du coin, cultiver des légumes bio… L’idée était lancée, il fallait attendre que la proposition mûrisse dans l’esprit des ex-fugueurs, et que les parents les aident financièrement, au moins pour leurs débuts. On pouvait leur faire confiance, ils avaient déjà prouvé qu’ils avaient de la volonté, qu’ils s’entendaient bien, et que la nature les attirait vraiment. Après tout, pourquoi ne pas essayer ?

- Une question, Tonton : où se trouvent cette grange et le terrain que tu nous laisserais ?

- Mes petits, je vous le donne en mille, à vous qui aimez la liberté plus que tout : c’est un hameau un peu plus haut dans la montagne, un lieu vraiment fait pour vous ! ça s’appelle… Libre !

 

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Rédigé par Annie

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Publié le 30 Novembre 2021

 

Lucie a persévéré et dompté les escarpins.

Aujourd’hui, c’est une jolie femme, parfaitement à l’aise, qui déambule sur talons aiguilles, la démarche élégante, la robe virevoltante. Une liberté gagnée. Le choix. Talons hauts, talons plats, tout va ! Un plus si elle décide de changer de métier… Une idée qui trotte… qui galope de plus en plus fort...

Assise sous son chêne, elle fait le bilan.

Son amoureux, l’homme à la rose, est toujours… amoureux mais, pour l’instant, elle tient à son indépendance. Elle a organisé sa vie, partage son temps entre travail, escapades en deudeuche rose et précieux moments de lecture. Depuis quelques mois, elle fait partie d’un club, le « cinq rue droite ». Un club créé dans une autre histoire de ce recueil, un antre réservé aux passionnés de littérature, collectionneurs et amateurs d’ouvrages insolites, de livres oubliés… ainsi que le décrit le narrateur.

Elle le fréquente régulièrement avec son homme. L’autre jour, on lui a parlé d’une librairie à reprendre. François, son ancien propriétaire et personnage d’un autre texte de ce recueil, vient de mourir et Jacques, à qui il l’avait léguée, a refusé l’offre, préférant le sacerdoce de la soutane. Lucie est tentée par cette nouvelle aventure. Depuis qu’elle s’est libérée de ses peurs, qu’elle a gagné tous ses combats, même celui contre les escarpins, elle se sent capable de tout oser. Elle envisage de louer son terrain et sa boutique à l’association de son amie Chantal et se lancer…

Son fiancé – oui, son fiancé car, parfois, Lucie se plaît à penser mariage – l’encourage :

L’important dans la vie, c’est de ne pas avoir de regrets. Si tu as envie de le faire, fais-le. Que risques-tu à essayer ? Si ça ne marche pas, tu reviens à la terre… Et moi, tu sais que je serai toujours là pour toi.

Lucie sourit. Aux arbres, au potager, à son devenir qui vagabonde parmi quelques histoires de ce livre en surfant sur cette citation de Bernard Weber :

‘‘Le secret de la liberté, c’est la librairie.’’

Alors, oui, elle va la rependre cette librairie et devenir un personnage du texte « LE PAVILLON DES PAS PERDUS », là où va se poursuivre sa vie, sous la plume d’un autre.

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 29 Novembre 2021

 

Entrave et liberté

 

Le besoin de plaire, première restriction de la liberté individuelle

- Jean-Christophe Marion

 

 ATELIER :

Énumération, accumulation, gradation

 

LECTURE :

Préambule de La nuit sacrée, de Tahar Ben Jelloun

Incipit de Le Parfum, de Patrick Süskind

 

SUJET :

En s’inspirant de la citation, racontez les entraves, les restriction de liberté, éventuellement cocasses, que votre personnage rencontre, les sentiments que cela lui provoque, en y incluant quelques énumérations, ou accumulations, ou gradations. 

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 29 Novembre 2021

 

C’est le soir. Après s’être occupée toute la journée à récolter les pommes, les poires, les figues et les pommes de terre, à les ranger dans des cageots et à servir des clients de passage, Chantal est épuisée. Après le dîner, un rapide coup d’œil sur le journal télé lui apprend que, comme d’habitude, il n’y a rien qui pourrait l’intéresser. D’humeur nostalgique, elle sort ses albums photo.

Là, elle a 20 ans. Elle était jeune, grande, mince, jolie. Un soupir s’échappe de sa poitrine. Elle tourne la page. Elle a toujours 20 ans, mais elle porte une autre robe. Qu’est-ce qu’elle avait comme vêtements, des robes, des jupes, des chemisiers, des t-shirts, des jeans et autres pantalons, des pantacourts, des bermudas, des shorts, des vestes, des pulls, des sweat-shirts, des manteaux, des parkas, des écharpes. Elle suivait tous les modes, jupes mini, jupes jusqu’aux genoux, jupes jusqu’aux chevilles, jupes plissées, elle utilisait toutes les matières, le cuir, les fausses fourrures, le cachemire, la laine, le coton, la mousseline, le velours, côtelé ou pas, le denim, la soie, le jacquard, les tissus lamés, le lin, le loden. Elle portait toutes les couleurs. Tout son argent passait dans sa garde-robe. Pire, elle était fauchée à partir du 15 du mois. Sa mère, tout en lui faisant la morale, lui donnait en douce un peu d’argent pour qu’elle puisse finir le mois. C’était honteux, humiliant, vexant, mortifiant, mais elle avait un tel besoin de plaire, de charmer, d’attirer l’attention, de surprendre, de faire des envieux, de se mettre en valeur qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Elle attendait avec impatience la sortie des nouveaux magazines de mode, les étudia attentivement pour décider de son nouveau look, de ses nouvelles acquisitions, pour être toujours branchée.

S’il lui arrivait à l’occasion – très rarement en fait – de porter des vêtements de l’année précédente, elle se sentait mal à l’aise, minable, elle avait envie de se cacher, de disparaître, d’être invisible. Elle avait l’impression que tout le monde la regardait, la jugeait, avait pitié ou se moquait d’elle.

Cette obsession de plaire lui gâchait l’existence. Elle n’avait pas les moyens de faire du ski, de jouer au tennis, de faire des voyages comme certains de ses amis. Sa belle garde-robe, elle la mettait surtout pour aller travailler, puisqu’elle n’avait pas les moyens d’aller au restaurant, au théâtre, à l’opéra, aux concerts. Parfois, mais pas trop souvent, elle pouvait se permettre un cinéma.

Un jour, un collègue de travail lui parla de sa frénésie vestimentaire. Il lui expliqua que le besoin de plaire est la première restriction de la liberté individuelle. Elle protesta vivement, mais peu à peu, en y réfléchissant davantage, elle a dû lui donner raison. C’était difficile de changer de comportement, d’abandonner cette drogue, de se trouver d’autres centres d’intérêt, d’autres valeurs, mais elle y est parvenue. Comme elle n’était plus obnubilée par son aspect physique, elle a pu s’intéresser davantage à ses amis, à ses collègues de travail, à sa famille. Elle a pu constater que tout le monde avait des problèmes, des défauts, des imperfections. En développant des rapports plus chaleureux avec son entourage, elle a pu se rendre compte que sans ses beaux vêtements, en étant habillée comme tout le monde, elle était mieux appréciée, mieux à l’aise et finalement plus heureuse.

 

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Rédigé par Iliola

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Publié le 29 Novembre 2021

 

La pluie glisse sur les vitres de la chambre. Les gouttes se rejoignent, accélèrent, se rejoignent au bas des fenêtres et s’échappent en autant de petits ruisseaux.

Lucie allongée sur son lit d’hôpital semble dormir. C’est l’heure de la sieste. Elle rêve, sa vie défile…

Les larmes qui perlent aux coins des yeux provoquées par la vitesse, un galop jamais atteint, une ivresse de liberté, la sensation de voler. Et puis, cette branche qu’elle n’avait pas vue, le choc, l’accident, une vie qui bascule en une fraction de seconde. Un hennissement strident, la sensation d’un ballottement entre insouciance et gravité, des cris, le casque qui s’échappe, une lourde chute comme si tout se désagrégeait, s’envolait, s’éparpillait. Un rêve devenu cauchemar, une obsession, un vertige de liberté brutalement bridé.

Cet autre cheval qui revenait vers elle, elle ressentait encore le souffle puissant de l’animal qui se penchait vers elle. Des mots qu’elle interprétait dans le désordre : « Je n’aurais pas dû » « elle n’était pas au niveau » et d’autres mots « la colonne vertébrale est touchée, pour ses jambes il faudra attendre »…

Un brouhaha dans le couloir qu’elle ne saisit pas très bien. La porte s’ouvre. Salto, jeune Golden Retriever fonce, saute sur le lit, lèche le visage de Lucie. Il est là, brillant, rayonnant, séduisant. Ses mains voudraient bien le caresser. Pourquoi n’est-il pas là plus souvent ?

-Lucie ! Lucie ! La main de l’infirmière caresse les joues de Lucie. C’est l’heure de la promenade, quelqu’un vous attend au grand salon. Près du lit, son fauteuil à roulettes fidèle parmi les fidèles attend. Après des mois de coma, Lucie s’était réveillée mais les médecins avaient confirmé leurs diagnostics.

L’infirmière stoppe la chaise roulante dans le grand salon et s’éloigne, discrète.

Un homme avec une sacoche en main l’approche, sourire aux lèvres. Lucie reconnaît un membre du club de lecture « cinq rue droite ». On lui apportait régulièrement les perles qu’on y avait découvertes. La lecture, cette seule évasion qui lui restait. Une liberté à laquelle elle tenait plus que tout.

-J’ai voulu vous rencontrer car une chose impensable est arrivée…

Edgar a envoyé un manuscrit à son éditeur après tant de silence. Une œuvre aboutie m’a-t-on dit, certainement le dernier tome de sa trilogie.

Le cœur de Lucie se mit à battre très fort. Elle savait qu’il était en vie. Il ne pouvait pas avoir disparu de la sorte. La pluie avait cessée. Le soleil de retour illuminait les arbres du parc.

Quand il partit, le soir s’installait. Les maisons qui entouraient l’hôpital disparaissaient peu à peu avant que la nuit ne les englobe. L’ombre des arbres du parc s’allongeaient jusqu’à devenir démesurées comme l’espoir de Lucie qui s’accrochait au souvenir d’un homme démesurément absent…

 

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Rédigé par Géralg

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Publié le 29 Novembre 2021

 

Combien de fois s’était-il isolé pour écrire, avec frénésie, fièvre, imprimant en même temps fureur aux passages qui lui semblaient non aboutis. Comme s’il imposait avec force à ces feuilles de papier ses délires par procuration.

Edgar en était abasourdi. Comment une rencontre aussi fortuite, sur une plage, avait-elle autant changé sa vie.

Il existe comme ça des jours à marquer d’une pierre blanche. Des jours qui comptent tant qu’ils font oublier les mois de galère.

Abigail le rendait heureux, en paix avec lui même.

Malgré son apparence effrontée constatée le jour de leur rencontre, justifiée, lui dit-elle, par une pression énorme dans son travail qu’elle avait voulu contrarier, son cœur se révéla tendre, accueillant. Que dire de son corps ? Il l’éblouissait tant que le printemps semblait être la seule et unique saison de l’année.

Un rêve envoûtant, évanescent, une bulle de champagne qui éclatait chaque fois qu’il la revoyait onduler dans sa tenue blanche avec ce petit col rehaussé du sigle coloré du Grand Hôtel. Abigail était cheffe pâtissière au Grand Hôtel de la Plage, elle portait si bien cet uniforme.

Son petit West Highland blanc avait tout de suite adopté Edgar. Ce n’était pas sans lui rappeler Salto, son Golden Retriever. C’était si loin.

Elle, essayait de lui transmettre sa passion, lui expliquait le détail de ses créations. Lui, ne voyait que le miracle de l’objet fini. Il était porté par la mélodie des mots qu’il ressentait comme les notes d’un piano s’envolant et ne laissant dans l’air que sensibilité, harmonie.

Il se sentit de nouveau libéré de ce mal qui le rongeait…

Une ombre, un jour cependant, faillit lézarder cette toile de maître. Le cri qu’Abigail lâcha et qui se solda par :

-Mon Dieu j’ai pris deux cent grammes !

Évidement à force de goûter ses créations…

Les longues balades sur la plage, main dans la main, la communion qui s’installe malgré le fracas de l’océan, le West Highland avec sa joie communicative y apportèrent une réponse. Les corps qui se cherchent, se trouvent, s’adoucissent, glissent vers un apaisement qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. La lumière adoucie d’un clair de lune sur la plage… Le reste ne comptait plus, il avait de nouveau vingt ans !

-On ne marche plus ?

-Encore ?

-Pour maigrir, non ?

-Ah oui ! Tu me fais perdre la tête !

 

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Rédigé par Gérald

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Publié le 29 Novembre 2021

 

Je reprends ma route, baluchon sur les ailes, l'œil espiègle et l' âme joyeuse..

Un sac de pacotille qui me chatouille les oreilles. Des chants pour chacun, qui élèvent le destin.

Un coq aimait une pendule

Tous les goûts sont dans la nature..

Un hymne à la curiosité, l'ouverture au monde, l'inconnu, la différence.

Parfois au combat, à la révolte. Et à la bienveillance.

La fleur rouge de l'homme

Se trouve en chaque être humain.

L'esprit, puise dans tes forces

L'esprit, déploie tes ailes

Liberté !

Accroche-toi à moi

Ne me laisse pas partir !

(Freedom, de Pharrell Williams)

 

Je fredonne et souris,

Je parodie, contre l'ennui..

Une robe de cuivre comme un oubli

Qu'aurait du chien sans l'faire exprès

Et dans la musique du silence

Une ville qui tangue et qui se tait..

C'est vrai, ils m'agacent, ces humains qui consentent et s'abaissent, voire fulminent

en silence.. alors je secoue, parfois je heurte.

C'est décidé, je m'expatrie.

Cap au nord vers une lointaine cousine dont on m'a dit le plus grand bien.

Milda, petite sœur lettone, hommage aux combattants de l'indépendance, les deux bras levés qui soutiennent des étoiles, 42 mètres de fierté..

Le combat sans fin pour la paix, la dignité, l'union, l'entraide..

Contre la haine, le rejet, le mépris, l'arrogance.. les craintes.

Je suis du côté de la vie, la curiosité, la surprise… .

Milda et ses étoiles, c'est notre Marianne et son bonnet phrygien.

Elle s'est battue contre la domination militaire allemande, puis contre la propagande soviétique. Un rude combat qui ne laisse pas indemne..

(« Je suis l’œil dans le ciel, qui te regarde

Je peux lire dans vos pensées

Je suis le créateur des règles, je m’occupe des imbéciles

Je peux te tromper sans que tu ne t’en aperçoives »)

(Alan parsons project)

 

Le défaut dans ma cuirasse.. une envie de plaire, maladive, excessive, compulsive.. une faille narcissique ?

Sans doute pour adoucir mon poing levé, brandi comme une arme, ce poing d'exaltation, d'interrogation, parfois de discorde.

Je veux vivre, comme un risque nécessaire, et salvateur.

Séduire, fière et sans crainte, inconsolable et gaie.

Milda soutient les étoiles, une icône plus douce, apaisante, réconfortante.

Moi je m'insurge et monte le ton, face à l'inertie, l'apathie, l'immobilisme, le nombrilisme.

Jouir sans entrave.

Je m'incarne encore et toujours, pour mieux fouiller leurs entrailles. Je m'infiltre dans les veines, m'insinue dans les esprits, m'incruste dans le corps.

Aujourd'hui je pose mes ailes près de ma petite sœur parisienne, sur l'île aux Cygnes, onze mètres de bronze sur une île artificielle, face à la maison de la radio. Une communication permanente, sans trop de mots.

Ici les passants courent dans les rues comme des moineaux effarouchés,

Comment leur dire..?

C'est une chanson. Qui nous ressemble. Toi qui m'aimais. Moi qui t'aimais. Nous vivions tous. Les deux ensemble…

Je revois cet homme au café, accablé de routine, englué d'un confort moribond, réveillé par les rêves du passé. Le désir, moteur de liberté. Briseur de chaînes du carcan quotidien.Va, cours, vole... Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

La paix, dans la sobriété. L'amour, la liberté.

 

 

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Rédigé par Nadine

Publié dans #Liberté

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Publié le 29 Novembre 2021

 

Jacques était songeur. La lettre que Marc lui avait fait parvenir ne lui apportait aucune solution. Tout au plus, une sorte de morale et un rappel à la réalité pour lui faire comprendre qu'il n'avait encore rien compris à la vie et qu'il serait temps pour lui, d'avoir les pieds sur terre. Cela ne le rassurait vraiment pas, car Marc était loin d'être un nigaud, et tout ce qu'il disait méritait d'être pris au sérieux.

Que faire ? Ses souvenirs du petit séminaire étaient encore vivaces. Les déplacements en rang, deux par deux, en silence, les yeux rivés au sol et l'esprit obligatoirement occupé par l'amour et le respect que l'on devait à Dieu et à tous ses saints, était la règle absolue. Heureusement, les récréations dans la cour du patronage, leur permettaient d'échapper aux chaînes du savoir et courir après un ballon leur procurait une sorte d'ivresse et l'illusion d'un sentiment de liberté.

Liberté vite cadenassée par le sifflet strident du père Pascal qui les rappelait à leur devoir. Il fallait vite rejoindre les rangs, retrouver leurs contraintes qui avaient fait semblant de les abandonner, baisser la tête et rejoindre en silence une salle de classe qui sentait la craie, la poussière et l'odeur des vieux livres que des centaines d'enfants avec, plus ou moins, de vocation avaient feuilletés de leurs doigts sales aux ongles noirs. Jacques se rappelait certains de ses camarades avec qui il avait créé une certaine complicité. Il y avait Paul, un grand maigre, qui n'avait pas sa langue dans la poche et qui prétendait tout connaître, on l'avait surnommé "l'asperge". Raymond était plutôt un petit gros, baptisé "bouboule". Il n'avait pas son pareil pour dénicher quelque chose à manger. Son flair pouvait donner des complexes à n'importe quel limier. André, par contre c'était le sérieux de l'équipe. Très légèrement fayot il adorait attirer l'attention sur lui. Pour plaire au père Pascal, il s'accusait des pires péchés que l'on pouvait imaginer. Sa confession durait une éternité, ce qui lui valait des heures de pénitence qu'il subissait avec humilité. Mais ça le remplissait de joie car le père Pascal le citait toujours en exemple.

On leur apprenait la liberté dans la foi. Seulement dans la foi. Rien ne permettait de déroger à ce principe. Il fallait croire point !!!! C'était toute l'éducation qui avait bercé la jeunesse de Jacques, avec pour ambition, la tonsure, la soutane, la barrette et qui sait… la pourpre. Après tout, d'autres y sont arrivés. L'aventure peut même aller plus loin. Pour peu que l'on plaise à ceux qui donnent les responsabilités les plus importantes et que l'on sache se faire apprécier… Prince de l'église ! Chaque fois que je regarde les films de Don Camillo je me dis que "l'espoir fait vivre".

Avec ça, les ors du Vatican, les gardes suisses, et tous les "Monsignori" qui encombrent les couloirs pesaient lourds, comparés à la librairie de François, avec ses étagères croulantes et ses rats aussi gros que des chats, tellement ils étaient bien nourris par le savoir qu'ils grignotaient avec une constance admirable. En définitive, la liberté que m'offrait François me faisait peur. Marc avait raison je ne connaissais pas le mode d'emploi. Toutes les voitures roses ainsi que les plus belles fesses du monde, avec ou sans catalogue bien documenté, ne me créaient que des réponses à des questions que je ne me poserais pas… pour l'instant.

Ma décision est prise. Je vais vite rejoindre mes contraintes et mes chaînes. Je vais essayer de négocier avec ce dieu qui, je le sais, me surveille du coin de l’œil, et j'irai à confesse avec conviction.

Fasse le ciel que je ne change pas d'avis.

 

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Rédigé par Fernand

Publié dans #Liberté

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