liberte

Publié le 27 Novembre 2021

 

Ophélie était, des trois jeunes gens, celle qui était restée enfermée le plus longtemps. Les deux garçons, copains de lycée, avaient fugué ensemble en fin de classe de première, à l’âge auquel la révolte contre les parents entraîne de grosses bêtises. A vingt ans à peine, et après une fugue de quelques mois dans les sous-sols parisiens, ils venaient de passer malgré eux plus de deux ans avec la communauté. C’est au début de leur périple en deux-chevaux qu’ils avaient raconté à Ophélie comment un rabatteur du Grand Maître les avait repérés sur les quais du Métro Parisien, là où ils s’étaient rapidement réfugiés après avoir fui l’Internat du Lycée. Ils s’étaient joints par curiosité à deux ou trois personnes qui écoutaient le discours racoleur de cet homme de belle apparence, ils avaient hoché la tête pour approuver ses paroles, lui avaient souri, avaient échangé entre eux des regards complices : la perspective d’être logés et nourris gratis, de pouvoir enfin se doucher, les avait décidé à le suivre. Ils ne savaient pas que le besoin de plaire à cet inconnu les conduirait en définitive vers une restriction de leur liberté individuelle. Ils en avaient un peu assez de se cacher, de faire la manche pour manger, de se laver rarement. Être libre, un rêve enthousiasment, mais la pénibilité de la vie de SDF leur sautait maintenant au visage. C’est ainsi qu’ils s’étaient retrouvés dans la voiture de l’homme, en route vers les montagnes vosgiennes, vers un lieu sans nom, loin de leurs familles et de la civilisation.

Leur enthousiasme du début s’était brutalement envolé lorsqu’ils avaient réalisé qu’ils étaient véritablement prisonniers, surveillés à tout moment par les gardes du corps qui gravitaient autour du « Grand Maître ». Leur situation s’avérait bien pire qu’à l’Internat de leur Lycée parisien : peu de possibilités d’échanger avec les autres jeunes, de la nourriture juste suffisante pour ne pas mourir de faim, et surtout cette obligation d’étudier des prières et des mantras qui leur faisait regretter les cours de Maths ou de Français de leur professeurs ! Et même s’ils ne voulaient pas l’avouer, ils souffraient d’être privés de leurs familles. Pour qu’on les laisse tranquilles, ils jouaient le jeu de la Communauté : c’était la seule manière de ne pas subir de réflexions ou de punitions… Comme elle était loin, cette Liberté recherchée en fuguant !

Ophélie était heureuse d’être avec ces deux copains, si forts, si courageux, qui la faisaient rire ! Il y avait tellement longtemps qu’elle n’avait pas ri, elle avait presque oublié que ça existait, le rire… Ils essayaient de se diriger vers le Midi en empruntant le plus possible des petites routes pour éviter de rencontrer des gendarmes. Antony leur prouvait jour après jour ses talents de chauffeur. Thomas prenait parfois le volant, ça ne rassurait pas la jeune fille. Il n’était pas un expert de la conduite. En outre, Ophélie ayant fait de la banquette arrière son domaine, il lui adressait constamment dans le rétroviseur des regards énamourés au lieu de se concentrer sur la route. Elle avait un véritable talent pour commenter avec humour la beauté des paysages traversés, ce qui agrémentait leur voyage et les réconciliait avec la Liberté enfin retrouvée. Ils roulaient maintenant au milieu de roches rouges impressionnantes, ils sentaient déjà l’air de la mer. Bien sûr, ils devaient s’arrêter de temps en temps pour faire la manche, avec plus ou moins de succès, mais jusqu’à maintenant ils avaient pu mettre un peu d’essence dans la voiture, et s’acheter du pain, en complément des quelques fruits cueillis sur le bord du chemin. Ils avaient l’intention de rejoindre un oncle d’Antony, qui possédait une ferme dans la vallée de la Roya. Installé là depuis sa jeunesse, il élevait des chèvres, et vendait sur les marchés de la région ses légumes bio et de délicieux petits fromages qui avaient fait sa réputation. Antony était venu deux ou trois fois les étés précédents pour l’aider, bien sûr, mais aussi pour aller se baigner parfois sur la côte avec les jeunes voisins. Il était certain qu’ils seraient bien accueillis, tous les trois, et que le brave homme les aiderait à faire un retour vers une vie plus normale, sans émettre de jugement sur leur fugue. Il servirait de lien avec leurs parents, qui seraient sans doute heureux d’avoir enfin de leurs nouvelles. Ce serait peut-être le début d’une nouvelle vie…

 

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Rédigé par Annie

Publié dans #Liberté

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Publié le 25 Novembre 2021

 

Le besoin de plaire est un sentiment qu’éprouve dès l’enfance la petite fille.

Son père, le premier élément masculin en sa présence, il est beau, gentil, grand, fort, intelligent, c’est mon père dira Aurore tout au long de son enfance.

Adolescente, le besoin de plaire, s’exprimera envers les copains.

Ce qui à l’inverse, énervera le patriarche, le rendant méfiant, soupçonneux désagréable envers un futur « ennemi ». Pouvant amener à une restriction, punition, blâme de la liberté de sa fille.

Plus tard, Aurore, dont le père tenait la librairie ‘‘L’envie de lire’’, depuis sa naissance, découvrait dans les livres que le terme de Liberté était souvent brandi par de grandes voix littéraires, Paul Eluard, des peintres tout aussi virulents dans leurs œuvres quelque fois à la hauteur de leurs envies, de leur mal de vivre.

Les entraves à la liberté n’ont pas fait reculer les plus contestataires, manifestation, discours, prison.

Aurore grandissant se réfugiait dans les conseils de Lisette, cette bonne fée venue de nulle part, trottinant, être invisible des lieux, mais pourtant d’une présence capitale pour la jeune fille.

Des recommandations d’humilité, de sagesse, d’empathie, aimer secourir, sans être aveuglée par l’hypocrisie, la méchanceté, sois circonspecte.

Sois toi, ne te pose pas de questions métaphysiques, compliquées, absurdes.

A tes enfants, enseigne un bonheur simple, aimer ses parents, son prochain, les animaux.

Le besoin de plaire dans tous les domaines de la vie est une réaction normale.

Narcisse pensait, je suis le plus beau, le plus aimé……

Attention de ne pas tomber dans le sentiment d’infériorité ou de suprématie de sa personnalité, la paranoïa qui privera l’humain de sa liberté de penser, de son objectivité de soi.

La contrainte sera de se faire soigner, ce qui lui rendra peut-être sa notion d’être libre et normal.

La liberté d’aimer sa semblable en risquant de choquer, la morale, les convictions le puritanisme, mais être heureux, ne rien demander à personne, mener son existence en essayant d’oublier les maux responsables, en faire son métier, comme pour exorciser les mauvais démons du passé...

 

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Liberté

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Publié le 24 Novembre 2021

 

Elle avait refermé son cahier sur ce dernier mot. Elle ne s’était pas aperçue que la nuit avait fait fuir les dernières lueurs du jour. Un silence, pesant, lourd, angoissant était tombé sur la ville juste troublé par l’appel à la prière du muezzin.

Cette voix monocorde qui comme un éclair déchirait la nuit, était devenue pour Aicha une injonction, un ordre donné à toutes les femmes d’oublier ce qu’elles étaient, d’obéir à la nouvelle loi.

Cette loi qui bafouait le droit à la femme de tout simplement plaire en lui supprimant sa liberté individuelle de choisir comment elle devait et avec qui faire sa vie.

Aicha se réfugia doucement dans son monde où seules ses pensées qui se bousculaient dans sa tête arrivaient à couvrir le son de cette voix.

Certains soirs, elle en arrivait à rejeter toute son éducation.

« Un jour, je partirai » se promit-elle avant de s’endormir.

La nuit était devenue pour elle le refuge de sa liberté.

 

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Rédigé par Bernard

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Publié le 23 Novembre 2021

 

L’amoureux de Lucie aime les escarpins.

Quelle guigne ! Lucie n’en a jamais porté de sa vie. Elle n’aime pas ça, elle. Et pourtant, la voilà vacillante devant son miroir, perchée sur dix centimètres de talons pointus, instables, malveillants. Des trucs sournois qui n’existent que pour la faire tanguer, trébucher, tomber, se ridiculiser, c’est sûr !

Comment marcher avec le petit orteil écrasé, le gros orteil asphyxié, le pied comprimé, la cheville étirée ? C’est vraiment pour lui plaire qu’elle a acheté ces instruments de torture !

Certes, elle est élégante ainsi. Sa robe rouge s’évase en douceur autour des ses genoux, ses jambes s’allongent, sa silhouette gagne en finesse. Elle se trouve belle… à condition de rester immobile ! Car dès qu’elle marche, fini l’élégance. Le pas est lourd, disgracieux. Elle a mal de partout, un début d’ampoule brûle à l’arrière du talon gauche, ‘‘l’oignon’’ du pied droit pique, le mollet tire.

Pourtant, il faudra bien en passer par là, elle le lui a promis. Elle regarde avec tendresse, avec reconnaissance, avec envie ses bonnes vieilles chaussures confortables avec leurs talons plats et leur stabilité à toute épreuve.

Soupir…

« Le besoin de plaire, première restriction de la liberté individuelle »…

La citation, sortie d’elle ne sait où, probablement ingérée au cours d’une lecture, la percute soudain. Lucie s’exclame devant son miroir :

Mais c’est vrai ! Tout ça, c’est juste pour lui plaire, à lui, pas à moi. Serais-je en train de renoncer à mon indépendance… Quand je pense à la lettre exaltée que j’ai écrite à Chantal… Où est donc partie mon ivresse, où est ma liberté ? Sûrement pas dans ces escarpins qui m’empêchent de marcher !

 

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Rédigé par Mado

Publié dans #Liberté

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Publié le 22 Novembre 2021

 

ATELIER :

Figures d'analogie et portrait chinois

 

LECTURE : 

Extrait de "Se le dire enfin" – Agnès Ledig

 

SUJET EN 2 TEMPS :

 

- 1) Faire le portrait chinois de la liberté  en répondant au questionnaire ci-dessous :

 

Si la liberté était :

- une couleur, ce serait...

- une odeur, ce serait...

- un paysage...

- un objet

- un adverbe

- un élément

- un animal

- un végétal

- un bruit

- une saison

- une arme

- un lieu

- un loisir

Une fois ce portrait effectué, vous devriez avoir du vocabulaire pour traiter le sujet ci-dessous :

 

- 2) Le sujet du jour :

Votre personnage, à force de caracoler d’atelier en atelier, décide de prendre la plume pour écrire sur la liberté, comparaisons et métaphores à l’appui.

Vous pouvez lui faire écrire une lettre, une page de son journal intime, ou ce que vous voulez, pour raconter :

- son escapade en 2CV ou avec la nudiste de la dernière séance.. Ou bien écrire à la jolie nudiste.. La référence au dernier atelier n'est pas obligatoire, c'est juste une proposition.

- vous pouvez aussi utiliser des éléments de votre prologue si cela convient. Là aussi, c'est juste une proposition. Si cette proposition ne convient pas au déroulement de votre histoire, vous pourrez la retenter lors de l’atelier n°7.

- Ou vous pouvez lui faire écrire des choses qui n’ont rien à voir avec les deux propositions ci-dessus.

Le but de cet atelier, c’est de raconter la liberté avec métaphores et comparaisons et, pour ce faire, vous pouvez vous aider du portrait chinois.

Voyez si en mêlant plusieurs termes du portrait vous obtenez de belles images en adéquation avec votre texte bien sûr !

Ex :

- couleur : rose

- animal : cheval

- saison : été

En mêlant les trois vocables : la liberté, ce cheval rose galopant sur l'été

 

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Liberté

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Publié le 22 Novembre 2021

 

Ma très chère Françoise,

Jamais je ne pourrais te remercier assez pour les belles vacances que j’ai pu passer en ta compagnie. Dès mon arrivée, un sentiment de liberté m’a envahie et il ne m’a pas encore quittée. Je me sens comme un oiseau qui abandonne sa cage, comme un lion qui s’échappe du cirque, comme un élan qui saute par la clôture du zoo, comme un cheval qui quitte son enclos, comme un canard qui prend son envol, comme une chèvre qui s’aventure seule dans la montagne, comme un lapin qui profite d’un trou dans la clôture, comme le taureau qui bondit hors de l’arène, comme une poule qui cache ses œufs, comme les poussins qui en sortent en liberté et qu’elle amène loin des impératifs de productivité.

Je pourrais continuer ainsi, mais cela ne traduirait pas fidèlement mon nouveau bien-être, la faculté de profiter de tous les petits plaisirs que la vie m’offre, l’odeur de l’herbe fraîchement coupé, le pré parsemé de pâquerettes devant ma fenêtre, des pâquerettes de bois, qui y ont poussé d’elles-mêmes en toute liberté, l’air que je respire, la musique et surtout la symphonie pastorale que tu m’as fait découvrir, l’image des dunes à perte de vue que tu m’as offert. Je l’ai fait encadrer et accroché en face de mon lit, c’est la première chose que je vois le matin, la dernière avant de m’endormir.

Ces choses existaient avant, bien sûr, mais, libérée de mes peurs, de mes préjugés, je porte un regard nouveau sur le monde qui m’entoure. Merci beaucoup Françoise, et à très bientôt.

Chantal

 

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Rédigé par Iliola

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Publié le 22 Novembre 2021

 

Chacun sa route…

Je reprends le fil de mon destin, étire volontiers la pelote.

Miroir, mon beau miroir.. que reflète ton eau trouble ?

Du haut de mon piédestal, tel l'aigle qui suspend son vol.. je choisis ma proie.

En route vers le point aveugle. Celui qui sort du cadre. Je ferme les yeux et prends la plume.

Mais pas celle des poules mouillées. Je suis un aigle populaire... Et révolutionnaire. Je tourne en rond.

Pour moi, rien de plus facile. Je franchis les barricades du passé, de l'habitude résignée. Et cueille en route les fleurs du Mal, que je hume avec délice pour mieux les disperser. Elles sont fleur de cactus, aubépine ou bien grande mauve, bardane ou moutarde sauvage. Je brasse et je partage, l' œil en malice.

Un jeu de l'oie de l'entre-soi, une spirale abyssale en coquille d'escargot.

Le vent me pousse comme un désir sans fin, bouscule les pièges et saute les barricades.

L'aigle sort de la basse-cour et montre le chemin.

Je suis chameau dans le désert qui roule ma bosse et fais la nique aux oasis.

Je suis une mouette attentive et rieuse, flâneuse et opportuniste.

Je suis papillon erratique et volage.

Parfois je m'enracine et tente la séduction, me pare de beaux atours, exhale une fragrance psychotrope. Messaline des sens, mescaline des esprits.

Je m'égare dans de multiples tentations. Celles qui font la vie au mépris de la peur.

Je chemine au côté de compagnon charmant… ou zombie avachi. Je m'élance et je souris.

Un voyage jusqu'au bout de la nuit.

 

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Rédigé par Nadine

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Publié le 19 Novembre 2021

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Le jour est l'inverse de la nuit.

Le raisin est un fruit à pépins ainsi que la mandarine.

Dans le miroir, mon visage est fripé comme une pomme reinette.

Hormis la couleur, une rose rouge ressemble à une rose blanche.

Pour avancer à reculons, se positionner en contre sens.

 

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Je me sens libéré depuis que j'ai relégué mes deux personnages irréels dans les oubliettes d’où je n 'aurai jamais dû les sortir. Donc, l'esprit libre, je me promène dans un sous bois à quelques kilomètres de Nice, à la recherche de champignons. Un oiseau virevolte au-dessus du lit d'une source qui sourd d'entre les pierres. Le gazouillis de l'eau et de l'oiseau s’emmêlent dans ce décor automnal. La pleine lune d'un blanc lumineux se mire dans la neige immaculée tombée la veille sur les pentes de Gréolières. Puis une bonne odeur de cèpe vient me dilater les narines. J'avance lentement car j'approche d'un tapis de mousse sous lequel une foison de champignons sortis la veille pointent leurs chapeaux. Mon panier rapidement rempli, je retrouve mon vélo que j'avais planqué dans un fourré. Je rejoins le chalet en pédalant comme un Virenque à l'arrivée d'une course de côte. Sur ce chemin étroit j'ai dû me serrer sur le bas coté pour laisser passer une 2CV rose pilotée par une super Nana, légèrement plus vêtue que la fille du tableau. Ouvrant la porte du chalet une bonne odeur de café me rappelle que j'étais parti sans déjeuner. Les amis sont étonnés de me voir car ils me croyaient encore couché.

 

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Rédigé par Louis

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Publié le 19 Novembre 2021

 

Marc avait du remord. Jacques était venu crier au secours, pensant recevoir un semblant de réconfort et lui l'avait gentiment éconduit en prétextant la sauvegarde de sa liberté. Si j'avais été un tant soit peu un garçon bien, pensa-t-il, je me serais penché sur ses problèmes, d'autant plus que j'avais été surpris par son comportement. Ses yeux étaient comme deux vitres sales. Son regard fuyait le mien sans vouloir s'arrêter nulle part. Sa face, pleine de tics nerveux, avouait un état de perdition et de déroute qui ne laissait aucun doute sur son état mental du moment.

La culpabilité qui m'accable fait que je n'ose plus me regarder dans un miroir car il ne résisterait pas à mon reflet et je n'ai vraiment pas besoin de sept ans de malheur. Je crois que je vais plutôt lui écrire et essayer de trouver les mots que devrait prononcer un vieil ami à un camarade dans la détresse.

Au milieu d'un fouillis innommable il dégota une feuille de papier, presque propre, et un bout de crayon publicitaire qui vantait un produit aussi ancien que les objets qui peuplent son antre.

 

                              Mon cher Jacques

Ne m'en veux pas, j'ai honte de la façon dont je t'ai reçu. Mais que veux-tu ! Lorsque la cloche du magasin a tinté je faisais la sieste et j'ai eu l'impression d'être réveillé par le carillon d'une cathédrale. Qui plus est, si mes souvenirs sont exacts, tes années de séminaire te dirigeaient plutôt vers la soutane que vers un complet veston. Mais bon ! J'imagine que tu as dû troquer ta foi contre une nouvelle liberté. D'ailleurs j'ai compris, en t'écoutant, que celle-ci, tout en étant ta priorité, t'obsédait au plus haut point car tu n'avais pas appris à t'en servir. Fait bien attention, la liberté c'est comme une roue que tu pousses devant toi. Si tu la pousses trop fort elle va prendre de la vitesse et tu ne vas pas pouvoir la rattraper. Par contre si tu peines à la pousser elle te fera obstacle et freinera ta progression. Je sais que je ne suis pas l'exemple le plus pertinent pour te donner ce conseil, mais comme on dit "faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais". Ce matin, avant que tu viennes, je me suis regardé dans un miroir, curieux de constater les effets du temps, et j'y ai vu un vieil arbre fatigué d'avoir supporté un été trop chaud, et redoutant de perdre ses feuilles à l'arrivée d'un automne manquant de clémence. Je suis déjà vieux et toi tu es encore jeune alors que nous avons le même âge. Nos horloges de vie ne doivent pas tourner à la même vitesse.

Mais je sais que toi tu es fort. Tu es armé pour faire face à tes tourments. Tu as choisi tes armes. Tu as laissé le bénitier de côté pour te battre avec le verbe, comme Dieu. Seulement, en ce moment Dieu ne fait que murmurer et le diable en profite pour hausser le ton, et le problème c'est que les hommes sont de plus en plus sourds et n'entendent que les voix qui portent.

Chose essentielle ! N'oublie jamais que la liberté est un leurre inventé par les hommes pour donner crédit à leurs envies. Ils ont rejoint Moïse et se sont octroyés le bénéfice de ce que pouvait leur apporter quelques divergences de la loi gravée dans le marbre de l'histoire. Les textes de ces lois vont et viennent suivant l'humeur du moment et certains disparaissent sans que l'on sache pourquoi. Ils sont vite remplacés par d'autres qui conviennent mieux à la situation que l'on a mise en place pour satisfaire aux puissants qui nous tiennent en laisse, et le mot liberté n'a vraiment plus aucun sens.

Ne néglige pas les mots, car si tu les oublies d'autres vont s'en emparer et créer des phrases orphelines qui seront laissées à l'abandon. Retourne vite à la librairie que François, dans un dernier élan de bon sens, t'as confiée. Tu y trouveras des mots qui chevauchent des mots et des phrases qui essaient d'échapper aux rats qui pullulent dans la réserve. Attrapes-en quelques-unes au passage et je suis sûr que tu finiras par y trouver les réponses que tu cherches et qui t’amèneront les bonnes questions qui vont avec.

Porte-toi bien

                                                                                         ton ami

 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 19 Novembre 2021

 

Mon petit Papa,

J’ai disparu de ta vie, et toi de la mienne, depuis sept ans déjà, sept longues années passées avec des gens que Maman, sans états d’âme, m’a imposés. Pourquoi cette injustice ? J’ai gardé dans mon cœur, pendant tout ce temps, le souvenir de ton amour pour moi, ça m’aidait à avancer. Tu m’appelais « ma petite gazelle » lorsque tu me voyais courir dans la campagne, légère comme un papillon, tu disais que mon rire était semblable à une cascade fraîche dévalant les vallons ! Tu m’as tellement manqué, mon Papa, toi si solide, mon chêne, mon roc ! J’étais comme un oisillon perdu loin de son nid… Je ne savais plus qui j’étais, tu n’étais plus là pour m’aider à construire ma vie, pierre après pierre. Maman n’était plus « ma » maman. Elle était devenue comme une inconnue pour moi. J’avais l’impression, jour après jour, d’être face à un Tribunal qui jugeait le moindre battement de mes cils. Tous ces gens, je les détestais. Je n’avais qu’un désir, m’envoler à tire-d’aile dès que l’occasion se présenterait. J’avais une telle soif de ressentir sur ma peau le souffle de la brise, de m’emplir les poumons de l’odeur fraîche de l’herbe mouillée après la pluie, d’entendre le murmure du vent de la liberté… Si tu savais comme c’était dur pour moi d’être confinée dans ce lieu malodorant, parmi des gens pareils à des robots, qui subissaient toutes sortes de frustrations avec l’air béat de Saints face à l’image du Christ. Parlons-en de leur « Grand Maître », celui à cause duquel j’ai été privée de l’amour maternel ! Jamais je ne leur pardonnerai, ni à lui, ni à ma mère… Je ne sais pas ce que tu es devenu depuis tout ce temps, je devine que tu as dû beaucoup me chercher, que tu étais très malheureux… Je sais que nous allons bientôt nous retrouver, mon petit Papa, et la boucle sera bouclée. Ce sera une seconde naissance pour moi.

Je vais essayer de te faire parvenir cette lettre, pourvu que tu habites toujours chez nous… Chez nous ! Ces deux mots, lorsque je les écris, réchauffent mon cœur, ce cœur semblable à une horloge arrêtée depuis longtemps et qu’on vient de remonter pour lui redonner vie… Je me suis enfuie avec deux garçons qui sont aujourd’hui mes béquilles, sans eux je n’aurais pas pu survivre. Et dans cette aventure un vrai conte de fée, notre carrosse est une vieille 2CV, la même que celle de Pépé Joseph ! C’est cette voiture qui nous offre notre indépendance aujourd’hui. Une vie libre, voilà ce que je possède à jamais !

                                                                                      Ta fille qui t’aime

                                                                         Ophélie.

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Rédigé par Annie

Publié dans #Liberté

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