LIBERTÉ PASTORALE
Publié le 17 Novembre 2021
Je me sens d’humeur libre de rêverie.
L’automne vient d’arriver avec son tourbillon de feuilles qui délaissent leurs foyers.
Ces grands arbres se regardent tristement, comme dépourvus de leurs enfants, de leurs parures.
Le vert, couleur d’espoir, disparaît au profit du feu de la vieillesse, il prend fin avec le bonheur dans les yeux des photographes, des peintres et des amoureux des lieux.
Aurore, mon prénom, que la nature ravit dans l’euphorie de ma plume, prête à remplir les pages de mon petit carnet, ami caché dans ma sacoche.
Soudain, au détour d’un buisson, il me semble entendre un violon, Vivaldi fait son entrée romantique, son ami de toujours laisse s’envoler les notes, comme les oiseaux qui nous réjouissent de leurs piaillements.
Au loin, j’aperçois dans la clairière un peintre assis sur un tabouret, devant son chevalet, les pinceaux ont une frénésie de couleur, le vert détonne un peu, mais sa présence rassure.
Subitement, mes sens olfactifs sont en éveil, un parfum boisé chatouille mes narines, mes mains cherchent, fouillent herbes, fleurs, champignons.
Non, ce sont seulement les arbres qui pleurent en laissant couler leur sève, cette douce odeur du chagrin des hôtes des lieux.
La féerie de la forêt m’enveloppe, les petits personnages, gnomes, lutins et autres habitants invisibles jouent de leur capacité au bonheur de savourer cette saison que j’aime.
J’étais d’esprit aventureux, ma plume ne m’avait pas trahie ou presque….
Mon carnet s’est rempli tout seul, ma main y a contribué modestement, les mots ont remplacé les senteurs, les couleurs, les bruissements des écureuils courant dans les arbres, des lapins bondissants.
Les regards de la biche et du faon n’ont pas réalisé leur intensité avec mes mots, mon ami s’est enfui devant tant de beauté…