LE RENOUVEAU

Publié le 29 Novembre 2021

 

Combien de fois s’était-il isolé pour écrire, avec frénésie, fièvre, imprimant en même temps fureur aux passages qui lui semblaient non aboutis. Comme s’il imposait avec force à ces feuilles de papier ses délires par procuration.

Edgar en était abasourdi. Comment une rencontre aussi fortuite, sur une plage, avait-elle autant changé sa vie.

Il existe comme ça des jours à marquer d’une pierre blanche. Des jours qui comptent tant qu’ils font oublier les mois de galère.

Abigail le rendait heureux, en paix avec lui même.

Malgré son apparence effrontée constatée le jour de leur rencontre, justifiée, lui dit-elle, par une pression énorme dans son travail qu’elle avait voulu contrarier, son cœur se révéla tendre, accueillant. Que dire de son corps ? Il l’éblouissait tant que le printemps semblait être la seule et unique saison de l’année.

Un rêve envoûtant, évanescent, une bulle de champagne qui éclatait chaque fois qu’il la revoyait onduler dans sa tenue blanche avec ce petit col rehaussé du sigle coloré du Grand Hôtel. Abigail était cheffe pâtissière au Grand Hôtel de la Plage, elle portait si bien cet uniforme.

Son petit West Highland blanc avait tout de suite adopté Edgar. Ce n’était pas sans lui rappeler Salto, son Golden Retriever. C’était si loin.

Elle, essayait de lui transmettre sa passion, lui expliquait le détail de ses créations. Lui, ne voyait que le miracle de l’objet fini. Il était porté par la mélodie des mots qu’il ressentait comme les notes d’un piano s’envolant et ne laissant dans l’air que sensibilité, harmonie.

Il se sentit de nouveau libéré de ce mal qui le rongeait…

Une ombre, un jour cependant, faillit lézarder cette toile de maître. Le cri qu’Abigail lâcha et qui se solda par :

-Mon Dieu j’ai pris deux cent grammes !

Évidement à force de goûter ses créations…

Les longues balades sur la plage, main dans la main, la communion qui s’installe malgré le fracas de l’océan, le West Highland avec sa joie communicative y apportèrent une réponse. Les corps qui se cherchent, se trouvent, s’adoucissent, glissent vers un apaisement qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. La lumière adoucie d’un clair de lune sur la plage… Le reste ne comptait plus, il avait de nouveau vingt ans !

-On ne marche plus ?

-Encore ?

-Pour maigrir, non ?

-Ah oui ! Tu me fais perdre la tête !

 

Rédigé par Gérald

Publié dans #Liberté

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