Publié le 9 Janvier 2024

 

In medias res (du latin signifiant littéralement « au milieu des choses ») est un procédé littéraire qui consiste à placer le lecteur, ou le spectateur, sans beaucoup de préalables au milieu de l'action, les évènements qui précèdent n'étant relatés qu'après coup.

ATELIER :

L'analepse

LECTURE :

La fenêtre de Gérald IOTTI

SUJET :
Écrivez une courte nouvelle en commençant vers la fin de l’histoire. Faites une analepse pour raconter ce qu’il s’est passé avant et terminer rapidement ensuite.
Choisissez une des phrases proposées ci-dessous pour incipit ou inventez-en une si vous préférez.
 
- Grace Bennett avait toujours rêvé de vivre à Londres. Mais elle n’aurait jamais imaginé qu’un jour, ce serait sa seule solution.
Madeline MARTIN, La librairie des rêves ensevelis
 
- Ce fut un instant d’euphorie soudaine, comme il nous en arrive à tous, où l’on dit :  « Laissez, c’est moi qui paie... » ou : « Tu veux qu’on se marie ? », des phrases dont on ne mesure pas les conséquences.
Pierre LEMAÎTRE, Une initiative
 
- On croit qu'on ne sert à rien sur terre, jusqu'au jour où quelqu'un vous demande l'impossible.
Didier VAN CAUWELAERT, La personne de confiance
 
- Si les obsèques de Marcel Péricourt furent perturbées et s'achevèrent de façon chaotique, du moins commencèrent-elles à l'heure.
Pierre LEMAÎTRE, Couleurs de l'incendie
 
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LES TEXTES

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Publié le 9 Janvier 2024

 
Si les obsèques de Marcel Péricourt furent perturbées et s’achevèrent de façon chaotique, du moins commencèrent-elles à l’heure…Après de nombreuses discussions entre les copains de Marcel, le Maire qui connaissait l’aversion du défunt pour les gens d’église et le jeune prêtre qui ignorait la vérité et aurait bien voulu apporter une bénédiction à « ce pauvre jeune homme », le rendez-vous fut fixé le lendemain dans la salle commune de la Mairie, sans passer par le lieu de culte du village. Les jeunes étaient nombreux autour du cercueil, émus que l’un des leurs connaisse une telle fin, après une courte vie sans joie.
Tous savaient que Marcel, dans son enfance, avait souffert des non-dits et des sous-entendus, et certains se sentaient vaguement coupables … Beaucoup se souvenaient que l’arrivée du petit Marcel dans un groupe suscitait des murmures chez les adultes, des sourires entendus chez les ados, et l’enfant ne comprenait pas pourquoi. Sa maman l’avait mis, dès la maternelle, dans une école tenue par des religieuses. Même les « bonnes sœurs »se montraient désagréables avec lui, alors qu’il recherchait simplement un peu de gentillesse. Il se sentait souvent mis à l’index, sans explication. Sa maman lui avait rarement parlé de son papa, elle lui avait dit qu’il était parti très loin à cause de son métier, et qu’il ne pouvait pas venir le voir. Marcel en avait pris son parti. Lorsqu’il entra en pension au collège à onze ans, il devint le souffre-douleur d’une bande d’adolescents. On lui disait qu’il aurait dû se mettre des robes longues comme son père, et pas des pantalons. Et qu’on l’avait assez vu dans le village, qu’il n’avait qu’à rejoindre son père chez Africains. Lorsque sa mère venait le chercher le dimanche, elle voyait qu’il était toujours triste, elle n’arrivait pas à lui rendre le sourire. Il ne lui racontait pas tout ce qu’il subissait à la pension, il ne voulait pas inquiéter sa maman si douce avec lui. Après deux ans de souffrance, il apprit que sa maman était malade, elle dut se faire hospitaliser. Il allait la voir le dimanche, il rencontrait alors des dames qui lui rendaient visite, des dames avec des vêtements excentriques, des robes trop courtes ou trop décolletées, des lèvres trop rouges ou des yeux qui semblaient passés au charbon. Elles étaient si différentes des religieuses qu’il voyait tous les jours…La maman, très fatiguée, n’avait pas la force de donner des explications à Marcel. Une des visiteuses, très gentille, se fit un devoir de se substituer à la malade pour tout révéler au garçon. Elle le prit à part, et lui raconta alors des choses étonnantes sur sa vie. Il comprit alors que sa maman, Jeanne Péricourt, fréquentait journellement de riches messieurs, qui l’aidaient à payer sa pension à l’école religieuse. A ces mots, Marcel ressentit encore plus d’amour pour sa maman, qui se sacrifiait pour le bien de son fils. C’est alors que la dame lui parla de son père. Il apprit que sa maman avait travaillé pour lui, lorsqu’il était le prêtre de la chapelle du Sacré-Cœur. Elle évoqua une histoire d’amour entre les deux jeunes gens, ce qui eut pour conséquence l’arrivée au monde d’un petit Marcel. Même si le garçon était plutôt ignorant des choses de la vie, il comprit que sa naissance n’était pas la bienvenue aux yeux des gens du village. Choqué, il retourna à la pension, il pouvait maintenant réfléchir à sa vie. Quelques jours plus tard, il apprit le décès de sa maman…Il était vraiment seul, maintenant, perdu…Peu de temps après, il dut quitter la pension que plus personne ne payait…Il trouva du travail sur les marchés, pour aider les revendeurs. Le maire du village, ému par sa situation, lui trouva un petit logement. Marcel était sérieux dans son travail, les gens qui le connaissaient faisaient volontiers appel à lui. Il arrivait à vivoter, mais parfois il allait se consoler au bar du village, d’où il sortait en titubant. Jusqu’au jour où, en traversant le pont pour se rendre chez lui, il perdit l’équilibre et tomba dans l’eau glacée. Personne ne l’avait vu chuter. Il ne survécut pas. Ce n’est que le lendemain que son corps fut repêché, il n’avait que dix-huit ans. Le Maire et ses quelques copains décidèrent de l’enterrer au plus vite, avec les indigents. Le jeune prêtre, lorsqu’il fut au courant de l’accident, essaya de convaincre le Maire et les gens présents de faire une courte cérémonie religieuse, mais il fut confronté à une forte opposition : Marcel n’avait aucune sympathie pour la religion ou l’église, cette église qui avait envoyé le jeune prêtre du village comme missionnaire en Afrique, pour éviter un scandale, et qui ne s’était jamais soucié, dix-huit ans plus tôt, d’un enfant sans père !
 
Annie Tiberio
 

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Rédigé par Annie

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Publié le 8 Janvier 2024

Personnage

Melinda de Gallière

Melinda de Gallière est une jeune femme de vingt quatre ans, de longs cheveux noirs bouclés qui lui tombent en bataille aux épaules comme des herbes folles. Une peau diaphane, presque laiteuse, poudrée de rose sur les joues.

Des yeux vert émeraude. Des lèvres fines de couleurs pourpre. De taille moyenne, une stature fine, élancée, des courbes féminines très généreuses, et une poitrine imposante.

Elle est la fille unique de Pierre-Jérôme de Gallière président d’un grand groupe pharmaceutique et Giovanna Montecasillo avocate d’affaires. De ses parents elle a acquis une éducation stricte basée sur le respect, l’importance des études afin d’accéder à une bonne notoriété professionnelle. Au travers ce constant souci d’excellence elle a récolté un caractère inquiet, en perpétuelle remise en question permanente. Et pour parachever tout cela, ces crises existentielles lui procurent de manière incontrôlable et imprévisible, de désagréables flatulences.

Elle appréhende le regard des gens en général et celui des hommes en particulier, dont elle ne peut réprimer qu’une grande timidité et méfiance à leurs égards, vis-à-vis de sa position sociale, familiale et surtout par rapport à ses formes. Elle demeure de nature solitaire et mélancolique. On ne lui connait qu’une seule amie, Natacha dont elle est très proche, sa confidente vers laquelle elle n’hésite pas à se tourner sans crainte.

Elle profite de cette croisière sur le Rhône afin d’obtenir les bonnes réponses à son grand choix de vie déterminant qu’elle s’apprête à entreprendre : consacrer sa vie à Dieu, rentrer dans les Ordres et prononcer ses vœux, d’obéissance, chasteté et pauvreté.

 

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INSTALLATION
 
« Coucou Natacha, c’est encore moi, je t’ai appelé déjà 2 fois sans laisser de message, ce coup-ci je le fais.
Je suis bien arrivée à Arles, je me suis fait une petite pause près des Arènes, et là je suis devant le Commedia dell'arte. J’attends pour l’embarquement et…  je te rappelle »
 
« Désolé d’avoir coupé, je devais donner mon billet et je le trouvais plus dans mon sac. Fin de l’alerte. En plus le type qui faisait le contrôle il n’arrêtait pas de me dévisager… Saoulant ! Bon, sinon le bateau il est top, une jolie péniche, sur les photos elle semblait plus petite.
Merci pour m’avoir écoutée toute la soirée hier, j’espère que je ne finis pas par te fatiguer avec mes raisonnements lourdingues. Bon je te laisse, je te rappelle plus tard. Bisous »
 
« C’est encore moi, bon, je vais faire la causette à ton répondeur encore une fois. Je suis dans ma cabine, petite mais je peux bouger. Remarque, si je dois me retrouver dans un monastère ça va m’aider.
Juste avant de rentrer, je n’arrivais pas ouvrir la porte ; un type, il m’a donné un coup de main pour y parvenir, après il a commencé à me faire la causette, bon du genre sympa, j’avoue, il est pizzaiolo, si je me souviens bien, mais au bout de cinq minutes, je voyais son regard faire de discrets allers-retours de haut en bas de mon visage, ça plongeait plus que ça remontait… enfin tu vois ce que je veux dire. Du coup je me sentais de plus en plus mal à l’aise, je l’ai laissé en plan en filant direct dans ma cabine. Il a dû me prendre pour une folle ou je ne sais quoi. Qu’est ce que tu veux, tu me connais, tu le sais, moi quand je stresse, je pète. Bon je te laisse bisous »
 
« Je viens de voir tes deux appels en absence, désolée. J’étais sur le pont je profitais du coucher du soleil sur le fleuve, et mon téléphone est resté sur ma couchette. Je sens que ça recommence à fourmiller dans ma tête, je ne vais pas beaucoup dormir cette nuit. La Mère supérieure qui s’occupe de mon dossier vient de m’appeler, elle m’invite à prendre mon temps avec sagesse pour cette grande décision.
Il va falloir aussi que j’en parle enfin à mes parents, ça m’angoisse déjà. Tu n’as pas idée combien ça gargouille dans mon estomac. Je me retiens, les parois sont fines ici, on risque de m’entendre. En plus mon voisin c’est le pizzaiolo. Double honte sur moi. Bon je te laisse bonne nuit à toi .
Ah oui j’oubliais, je ne sais pas si c’est un signe mais ma cabine c’est la SEPT.
A demain »
 
.....................
Quelque part sur le Rhône….   Le 8/11
 
Ma chère Natacha,
Je m’apprête à me coucher mais je ne pouvais l’accomplir sans te donner de mes nouvelles. Comme la connexion du téléphone est quasi inexistante ce soir, je l’accomplis au travers de cette lettre que je te posterais demain, à notre escale. Promis.
Cette première journée vient de s’achever avec délice et légèreté. Je ne pouvais espérer meilleur moyen pour m’aider à trouver mes fameuses questions. Dommage que je ne puisse te les envoyer avec ce message mais ma cabine embaume le parfum de la flore des berges que la péniche longe. Les arômes des herbes sauvages se faufilent au travers mon hublot entrouvert, ils se diffusent avec la douceur et justesse d’une écharpe de soyeuse sous mes narines.
Les senteurs de la terre humide, les effluves iodées de la mer à l’opposé du canal s’invitant dans le sillage, avec en écho la musique feutrée du fleuve qui s’écoule de part et d’autre de la coque du navire, m’offre comme une sensation de volupté presque virginal. La sensation primaire qui marque la mémoire quand on découvre un monde neuf et inexploré.
 
Tout à l’heure j’ai dîné à son invitation, avec le Capitaine Paul, je te parlais de sensation primaire, figure-toi que c’est son premier voyage dont il assume la responsabilité, seul maître à bord, juste après Dieu, comme on dit. Mon autre partageur de table, avec sa barbe naissante, ses yeux noisette et un petit embonpoint c’est mon fameux sauveur de porte ; Lucas. Finalement il s’avère agréable compagnon de balade. Il se passionne pour les fleuves, les écluses et il ne sépare pas d’un petit carnet dans lequel il ne cesse décrire je ne sais quoi. Peut être des poèmes qui me seraient destinés ? Je ne les lirais sans doute pas, je ne suis vraiment pas pour ça !
C’était réellement agréable ce repas sur le pont, le soleil couchant peignait le ciel de couleurs tantôt orange, pourpre et feu. Une brise venait poser par effleurements discrets son souffle tiède et feutré sur mes épaules, avec la grâce d’un plume pour imprégner de son sceau son passage fugace. Quand Lucie, la personne dévouée à nous concocter nos repas, nous a porté l’entrée, celle-ci, s’accordait parfaitement aux paysages qui défilait tout autour et au-dessus de nous, un œuf poché, une sorte de mousse, aérienne, un peu sucré et suave, réhaussée par la pointe juste ce qu’il fallait de la sauce au vin.
A mesure que le soir tombait les fresques célestes arboraient des nuances plus foncées, le sol se parait d’ocre, et sur les flots Rhodanien se parsemaient des écailles bleues presque métalliques sur lesquelles venaient de refléter les ombres fugaces d’un vol de flamants roses qui nous survolèrent en cancanant. Absorbée par tout ce manège visuel, auditif et olfactif, j’en ai omis la suite du repas, même presque refroidi, le saumon même un peu trop cuit pour moi et son accompagnement de lentilles, l’agréable arrière-goût suave de noisette torréfié, faisait le boulot pour revitaliser mes papilles gustatives. Et quand la pleine lune finalement s’est proposée de nous surmonter comme un illustre lampadaire interstellaire, la saveur rassurante de la coco du dessert et l’acidité frivole du fruit de la passion, tous ces ingrédients mixés ensemble, chacun porteur de leur propre, ma faim en fut comblée.
Je m’aperçois t’avoir peu faire part de mes compagnons, mais même si nous avons pu échanger de simples politesse, je reste sur ma réserve à leur égard. Tu me connais …
Comme la fraîcheur nocturne s’annonçait, j’ai regagné ma cabine.
 
Je sens que le sommeil tape à ma porte.
Je vais te laisser et rejoindre mon oreiller qui me réclame avec fracas.
 
Hâte de te reparler au plus vite.
 
Je t’ embrasse
 
Mélinda
 
Ps : Finalement je ne suis pas mécontente d’avoir choisir cette mini croisière. A l’agence il m’en avait proposé sur un gros bateau, le Comté de Provence mais c’est surtout de vieux et vieilles grincheuses qui se destinent à ce genre là.
Pas pour moi…
Je te re embrasse
Melinda
 
Aux marches d'un palais
 
Mon portable affiche la date du 9 Novembre.
 
Je viens de regagner le pont de la péniche qui entame son accostage sur le quai de débarquement et la matinée affiche déjà de belles promesses. A côté de moi, Lucas surveille la manœuvre avec la curiosité d’un môme planté au beau milieu d’un magasin de jouets tous les plus extraordinaires les uns des autres. On se parle peu, plus par discrétion que par timidité, mais quand il aborde sa passion pour les bateaux, les écluses, son enthousiasme le gagne et son verbe s’enflamme, de même que son regard. Et son petit carnet vert se met au boulot.
Notre vaisseau amiral conclut sa manœuvre et le ronronnement du moteur s’étiole avant de laisser place au murmure de la brise douce du Mistral, le maître vent qui fripe la surface du Rhône pour ensuite tapoter nos joues d’un revers de souffle. Avant de partir je n’avais pas trop étudié l’itinéraire de notre périple et c’est avec surprise que je découvre notre halte : Avignon. J’aperçois le fameux pont, du moins ce qu’il en reste, et la comptine se met à résonner dans ma mémoire, je me surprends à la fredonner du bout des lèvres.
Mais je ne peux surtout pas m’empêcher de me rappeler avec encore plus de conviction de son histoire papale.
Comme si inconsciemment tous les petits cailloux semés par mes interrogations m’amenaient à trouver en temps et en heures mes propres réponses.
Avec le Capitaine Paul et Lucas, nous débarquons, laissant la surveillance de la Commedia Del Art à Lucie notre cuisinière. Cap au sud vers le centre-ville, le soleil commence à rejoindre son zénith et les pierres blanches de la vieille ville se parent d’ocre et or. Quelques minutes de marche plus tard, au détour des ruelles et commerces en tous genres, je stoppe net. Mon regard entame une lente ascension, à mesure que ma respiration se met en suspension, limite apnée. La Palais des Papes s’étale devant moi, majesté silencieuse, témoin séculaire d’un passé ecclésiastique qui me touche, m’interpelle, depuis fort longtemps. Le premier mot qui me vient : Oh !
Cette insolence instinctive soudain me gêne rapport à mes compagnons de randonnée. Je les avais presque oubliés, et je reste consciente que ma fascination spirituelle, qui forge ma foi intérieure, ne les anime aucunement.
Sans hésitation je me dirige vers l’entrée pour la visite, seul Paul me suit dans cette perspective, Lucas préférant continuer la déambulation dans la ville et ses écluses. On se donne rendez-vous pour le déjeuner.
On entre et le monument nous conte enfin son passé gothique, nous révèle sa légende, les étapes, les techniques de sa construction presque millénaire. Chacune des vingt-cinq salles qu’il abrite, possède son récit fossile, de même que les appartements privés des Papes de jadis. Durant ces quelques heures à la parcourir, en dedans des voix me parlaient, j’en oubliais mes peurs, mes suppositions maladroites, tout n’était que vérité et clarté ? Comme si ces Murs anciens chargés de Passé immortel déchargeaient leurs pouvoirs énergétiques sur moi, le poids du Temps, le poids de l’âme.
Ivre de cette virée, une fois dehors, avec le capitaine Paul, l’allégresse sur mes semelles, on a rejoint Lucas.
Attablés juste en face du Pont, on a commandé des pizzas, qui de l’avis de Lucas, expert aussi en la matière, ne s’avéraient pas top, que lui-même savait mieux les faire, ce que je crois aisément. Un verre de rosé, l’émotion toujours vivace sans trop réfléchir, le bien être de l’instant, sans retenue, à mes deux compères du jour, je me suis mis à leur raconter mes histoires. Ma volonté de rentrer dans les Ordres, de ma dévotion, ma foi, mon amour de Dieu. J’ai parlé, parlé, et une fois mon silence revenu à la normal, j’ ai découvert sur leurs visages une réelle surprise bienveillante, et on a trinqué tous les trois. Les effluves du breuvage aidant, le soleil, le vent du sud, l’audace aussi, une main s’est emparé de la mienne, celle de Lucas et le panorama jouant le rôle, il m’ a embarquée dans une sorte de valse, pas sur le Pont, juste en face. Pour ne pas faire de jaloux, j’ai dansé avec Paul. Comme le ciel se teintait peu à peu d’orangé, on a repris le chemin de notre tanière fluviale.
Ce soir le Rhône est un hôte merveilleux.
Je regagne ma cabine , et avant de m’ endormir je n’ai qu’une hâte, te raconter tout cela Natacha.

 

La lettre

A mon bien mystérieux messager ;
Je lis et relis pour la deuxième fois le contenu de votre lettre échouée de manière assez rocambolesque sur le sol de ma cabine.
Il m’a fallu un certain temps pour en élucider l’origine, et surtout l’énigmatique expéditeur. La page manuscrite sur petits carreaux m’a fortement aiguillée vers un carnet vert que je croise souvent.
Mon voyage ne réside pas dans le but de chercher ou trouver de nouveaux paysages, nouvelles visions, mais percevoir des réponses à mes projets de vie actuels. Le sens qu’il m’enseigne depuis quelques jours est autre, meilleur.
On ne change pas on évolue. Pour chaque chemin qu’on quitte, c’est une nouvelle route qui se révèle.
Pouvoir sereinement se poser les bonnes questions et découvrir les réponses justes.
Vos mots, phrases, me touchent et m’émeuvent je me dois de ne pas vous mentir. Cette danse au bord du fleuve aussi impromptue et innocente qu’elle soit demeure un vraiment beau souvenir. Il s’est même invité de façon espiègle invité dans mon sommeil. Emoi et confusion à mon réveil. L’idée de te faire part du contenu, te l’écrire pourrait provoquer en moi des tourments aux conséquences assez désagréables.
Je ne te parle pas de sentiments, tes attentes à mon égard ne me laissent pas indifférentes, mais pas au point de bouleverser mes aspirations les plus profondes.
Et d’un coup d’autres questions, d’autres lignes de plus sur ma liste épinglée dans ma tête bouillonnante.
L’amour et la foi c’est croire en une force invisible qui nous entoure.
Tu espérais qu’en retour je te réponde de manière réciproque à tes avances, mais je ne peux t’offrir à cet instant que ma plus belle et sincère honnêteté.
Je ne sais au moment où je partage par écrit avec mes mots à moi, je ne sais pas si une fois finie, ma lettre à moi fera le chemin en sens inverse.
Peut être demeurera-t-elle poste restante sur le bord de ma table.
Pardonne d’avance mon silence, dans ce cas.
Sinon puisque tu me lis je souhaite de tout cœur que tu puisses partager avec moi ma décision.
 
Bien à toi,
 
Melinda

 

Quid de la citation ?

Le 11 Décembre.
Bonjour ma Natacha ;
Faute d’une connexion téléphonique correcte, je t’écris.
Au moment même où tu me lis, mon séjour en escapade fluviale aura connu son terme et j’aurais repris ma déambulation.
Pour ma dernière après-midi à bord, Lucas a tenté de m’enseigner les rudiments du fonctionnement d’une écluse.
Je me suis noyée dans toute cette terminologie profane à coup de vantelles, amont, aval bâbord et tribords. Comme si je devais apprendre sur le tas une nouvelle langue étrangère.
Sa motivation était palpable et j’ai tout fait pour ne pas le décourager dans ses explications bien trop complexes pour moi. Son excitation presque enfantine m’a fait sourire. Durant tout ce temps, néanmoins, je suis resté perplexe par rapport à son détachement en rapport à la lettre qu’il m’a adressée, dont je t’ai fait part. Comme si de rien n’était, ou arrivé.
Plus tard, une fois regagnée la salle commune, une nouvelle contradiction est survenue. Au moment de dîner Paul, notre Capitaine, nous a tous réunis, ainsi que Lucie la cuisinière, pour nous informer qu’il avait eu vent que chacun d’entre nous aurait reçu un message mystérieux. Surprise totale de découvrir à mon tour que Lucas, lui-même en a perçu une aussi. Comme finalement j’ai décidé de ne donner aucune suite à la sienne, je me demande bien de la part de qui. Et du coup je perdais l’identité de mon auteur fantôme ? Qui alors ?
Et quand nos regards interrogatifs se sont croisés, le sien, candide, semblait me poser une question : « Toi aussi ? »
Je me suis sentie gênée et monter du rouge sur mes joues. Tandis que de désagréables gargouillis s’installaient dans mon ventre. Au prix d’une âpre lutte pour ne pas les laisser s’imposer et me causer le moins de désagréments possible, j’ai tout fait pour les minimiser, mais pas assez à mon goût. Aux vues de la réaction de certaines personnes. Lucas le premier, j’ai fait comme lui, j’ai joué la surprise étonnée. Mais quand j’ai vu son petit sourire en coin, complice, j’en ai déduit que mon secret venait d’être découvert.
Plutôt que laisser le silence prendre place, il a surenchéri en soumettant diverses hypothèses et théories. Il s’en est suivi avec Paul une suite de suppositions diverses et variées. Jusqu’à ce que Lucie avoue avoir surpris une personne à bord la veille, un homme à l’allure de moine (quelle coïncidence tu ne trouves pas) ! Ou bien à un autre signe du destin.
Pendant quelques secondes je me suis demandé si finalement je ne souffrais pas d’une sorte de dédoublement de personnalité, ou bien schizophrénie passagère et que cette lettre je ne me le serais pas écrite et envoyée a moi-même.
En conclusion de cet épisode rocambolesque, Paul a mis fi- à l’enquête et classé le dossier pour qu’on puisse profiter au mieux de la fin de notre voyage, tous ensemble.
On a bu, dégusté un délicieux repas. On a ri, chanté. A un moment les doigts de Lucas ont effleuré les miens. J’ai distingué une certaine petite lueur dans son regard, assez insolente, pour que je ressente la folle envie de lui rendre la pareille. Peut-être même poursuivre jusqu’à l’embrasser. Si on était juste nous deux, c’est ce que j’aurais fait.
J’en arrive presque à regretter que mon mystérieux messager ce ne soit pas lui.
Je sens que demain, après nos au revoir, tous ils vont me manquer, et moi je ne saurais toujours pas quoi faire.
Bon je t’embrasse.
A très bientôt

 

Soirée d'adieu

Sur le « Commedia dell Arte » la soirée d’adieux venait de revêtir son habit de fête. Les interrogations terminées, jetées par-dessus bords par la joie et allégresse de l’instant, envoyées par le fond dans le Rhône.
Un dernier stop effectué à Valence a permis d’accueillir à bord, avec l’accord de Paul, capitaine et seul maître à bord, un ultime passager, le neveu de Lucie la cuisinière : Francesco.
Trente ans, l’allure élancée, le teint mat, des yeux presque noirs, lui octroyant un regard secret et ténébreux, des cheveux bruns déjà grisonnants sur les tempes. Pour s’affranchir du passage, il s’est proposé d’animer la soirée avec sa guitare couleur acajou.
Passées les présentations, un verre de vin rosé, il s’empare de son instrument et ses doigts plaquent les premiers accords d’une mélodie aux accents jazzy. Les notes s’envolent et se mettent à voltiger autours des corps alentours.
L’alcool, aidant, les cœurs, et les humeurs se libèrent, se désinhibent, et commencent à chalouper au rythme du tempo mezzo forte.
Emportée par l’ambiance légère qui venait de prendre ses quartiers dans la pièce, Melinda se mit à fredonner par bribes les paroles de du morceau qu’interprétait Francesco. Ça supposait de vouloir s’envoler vers la Lune - qu’on nous laissait jouer par-delà les étoiles - pour nous laisser voir à quoi ressemble le printemps.
Les verres insolents se remplissaient et déversaient leurs ivresses.
Les discussions s ‘enchaînent, se mélangent aux balancements en cadence des danses qui se succèdent.
Pendant tout ce temps Melinda et Francesco, sans échanger le moindre mot, avec juste des perspectives visuelles, se cherchent, se trouvent, se découvrent en silence à travers le son et le bourdonnement des cordes en nylon.
A l’aube le festival se finit, la péniche retrouva son calme et sa paix ambiante.
Au moment de se séparer les adieux se virent à coup de serrements de mains, de tapes dans le dos et chaleureuses étreintes. On s’échangea les adresses en même temps de sérieuses promesses de tous se retrouver très très vite.
Et chacun reprit sa route, son chemin, ses ambitions ses projets.
Et le Rhône, en bon géant de nature paisible, reprit le fil de son cours ancestral.
 
Une année passa, à la vitesse d’une page qu’on tourne.
Un après-midi de juin, tout au-dessus de sa tête des cloches retentirent. Sur le seuil de l’entrée de l’église, Melinda distinguait depuis le cœur de la nef, les visages des personnes qui patientaient de son avancée prochaine.
Un voile de tulles, aux contours brodés d’or, qu’une brise légère faisait voltiger doucement, venait tapoter de manières vaporeuses le duvet de ses joues.
Un homme en costumes bleu roi debout l’attendait tout là-bas, pour que tous deux s’unissent enfin.
Elle ne cessait de l’aimer et ce depuis qu’ elle avait quitté les rives d’un certain Rhône.
Parfois la vie est juste un écrivain mystérieux presque aventureux.
 
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Rédigé par Jean-Michel

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 8 Janvier 2024

 
La croisière
 
Atelier 6 : épilogue
 
Sujet :

Tout le monde se retrouve pour la soirée d’adieu animée par un musicien de jazz, un homme d’une trentaine d’années, grand, mince, brun, cheveux courts, pantalon noir, chemise rouge, qui joue à la guitare électrique, une guitare rouge comme sa chemise, des standards connus.

Votre personnage raconte la soirée, s’il danse, s’il flirte, s’il bavarde, avec qui, et il fait ses adieux aux autres avec promesses de se revoir… ou pas…

Terminer votre récit par un épilogue.

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LES TEXTES

LES ADIEUX SUR LE COMTÉ DE PROVENCE

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LES ADIEUX SUR LE COMMEDIA DELL'ARTE

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 8 Janvier 2024

 
Sur le « Commedia dell Arte » la soirée d’adieux venait de revêtir son habit de fête. Les interrogations terminées, jetées par-dessus bords par la joie et allégresse de l’instant, envoyées par le fond dans le Rhône.
Un dernier stop effectué à Valence a permis d’accueillir à bord, avec l’accord de Paul, capitaine et seul maître à bord, un ultime passager, le neveu de Lucie la cuisinière : Francesco.
Trente ans, l’allure élancée, le teint mat, des yeux presque noirs, lui octroyant un regard secret et ténébreux, des cheveux bruns déjà grisonnants sur les tempes. Pour s’affranchir du passage, il s’est proposé d’animer la soirée avec sa guitare couleur acajou.
Passées les présentations, un verre de vin rosé, il s’empare de son instrument et ses doigts plaquent les premiers accords d’une mélodie aux accents jazzy. Les notes s’envolent et se mettent à voltiger autours des corps alentours.
L’alcool, aidant, les cœurs, et les humeurs se libèrent, se désinhibent, et commencent à chalouper au rythme du tempo mezzo forte.
Emportée par l’ambiance légère qui venait de prendre ses quartiers dans la pièce, Melinda se mit à fredonner par bribes les paroles de du morceau qu’interprétait Francesco. Ça supposait de vouloir s’envoler vers la Lune - qu’on nous laissait jouer par-delà les étoiles - pour nous laisser voir à quoi ressemble le printemps.
Les verres insolents se remplissaient et déversaient leurs ivresses.
Les discussions s ‘enchaînent, se mélangent aux balancements en cadence des danses qui se succèdent.
Pendant tout ce temps Melinda et Francesco, sans échanger le moindre mot, avec juste des perspectives visuelles, se cherchent, se trouvent, se découvrent en silence à travers le son et le bourdonnement des cordes en nylon.
A l’aube le festival se finit, la péniche retrouva son calme et sa paix ambiante.
Au moment de se séparer les adieux se virent à coup de serrements de mains, de tapes dans le dos et chaleureuses étreintes. On s’échangea les adresses en même temps de sérieuses promesses de tous se retrouver très très vite.
Et chacun reprit sa route, son chemin, ses ambitions ses projets.
Et le Rhône, en bon géant de nature paisible, reprit le fil de son cours ancestral.
 
Une année passa, à la vitesse d’une page qu’on tourne.
Un après-midi de juin, tout au-dessus de sa tête des cloches retentirent. Sur le seuil de l’entrée de l’église, Melinda distinguait depuis le cœur de la nef, les visages des personnes qui patientaient de son avancée prochaine.
Un voile de tulles, aux contours brodés d’or, qu’une brise légère faisait voltiger doucement, venait tapoter de manières vaporeuses le duvet de ses joues.
Un homme en costumes bleu roi debout l’attendait tout là-bas, pour que tous deux s’unissent enfin.
Elle ne cessait de l’aimer et ce depuis qu’ elle avait quitté les rives d’un certain Rhône.
Parfois la vie est juste un écrivain mystérieux presque aventureux.
 

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Rédigé par Jean-Michel

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 6 Janvier 2024

BONNE ANNÉE !
Bonne année 2024 !
 
Amour, santé, gaîté et tout ce qui vous plaît !
Que votre plume vous emporte vers des mondes enchantés,
Des histoires à rêver, poésie et beauté,
Luxe, calme et volupté...
 

 

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 4 Janvier 2024

Personnage :
Hector Berman
Directeur d'école privée, part en croisière aujourd'hui.
D'une soixantaine d'années, il mesure 1m70, teint mat, émacié et bel homme, genre "tombeur de ces dames"
.Il aime faire rire et adore être le centre du monde.
On le dit mythomane. Très maniaque et à la limite de la phobie.
Cette courte période de vacances va lui permettre de se reposer et de faire un point sur sa vie car il est en instance de divorce.
_____________________________
 
LE DÉPART

Lundi 6 novembre 2023

Aujourd'hui, lundi 6 novembre 2023, moi, Hector Berman, je pars pour la première fois tout seul et en croisière suite à une séparation houleuse.

Je finis rapidement ma valise. J'ai une tenue par jour, tout y est, pour le sport, pour les excursions, pour les bains et le spa, pour la drague et costume pour diners avec le capitaine.

Ma sœur est déjà arrivée. Elle me conduit au port. Grand départ pour huit jours sur le "Comté de Provence". On y arrive en dix minutes. L'embarquement a déjà commencé. "Gros bisous sœurette, oui je vais faire attention, oui je vais me refaire une santé et non je ne téléphonerai pas à ma pétasse de femme !".

Je monte sur la passerelle avec ma valise à roulettes. A mi-hauteur, une odeur soudaine de bouc m'envahit et, au même moment, je sens une pointe dure sur mon dos. Je me retourne et gros moment de frayeur devant cet homme bizarre, paré de plumes, vêtu de peaux de bêtes qui me dévisage et baisse sa lance en rotant comme mot d'excuse. Je continue à monter et songe à me plaindre en haut lieu. Ça commence bien. Il faut à tout prix que je me désinfecte dans ma cabine. Juste moi !

Mais soudain devant moi, je rêve. Quelle belle paire de fesses ! Oh la belle blonde déjà de dos. Arrivé sur le pont, les membres de l'équipage nous dirigent à droite, à gauche, vers nos cabines. Moi, j'en ai pris une de luxe. Ostensiblement, je parle fort derrière la blonde pour qu'elle se retourne et entende bien où je suis logé. Mais elle continue sa route imperturbable et je vois que, finalement, elle n'est pas très loin de moi. Bon plan !

Je rentre dans ma chambre et je suis ravi. Elle est d'une propreté méticuleuse, très confortable. Grand lit, belle salle de bain, petit bureau, musique, frigo plein d'alcool et autres.

Oui, je sens que ça va aller. Non seulement, je vais me reposer mais, en plus, je vais pouvoir me remettre de quelques mauvaises périodes. J'attends beaucoup de ces huit jours de goguette.

 

LE DÎNER

Mercredi 8 novembre 2023
 
Voilà sœurette, comme promis, je commence mon journal de bord que tu pourras lire à mon retour.
Aujourd'hui, nous sommes invités à diner à la table du capitaine. Nous sommes une quinzaine. Je suis de suite aller voir un membre de l'équipage. Je lui ai inventé une histoire de grosse fragilité de santé afin qu'il ne me place pas à côté de gens sales ou encore pire de l'hurluberlu à plumes. Il a bien compris mon problème et m'a en effet placé entre le capitaine et la belle blonde. J'ai discrètement essuyé les couverts, le verre et mon assiette à mon arrivée.
Il faut reconnaître qu'au point de vue odeurs j'ai été gâté. Un fumet appétissant sortait de la cuisine.
Dès le premier plat, je me suis senti transporté par les senteurs d'un œuf cuit avec une purée de topinambours, accompagné de champignons cuits dans une sauce au vin. Mais quelle finesse !!! Un régal.
Du début donc à la fin, les plats se sont succédés, tous aussi suaves. Quel bonheur! En plus, de la jolie blonde à côté de moi émanait également une légère fragrance, il me semble bien que c'était du Dior. J'adore!
J'ai raconté des histoires drôles, elle et le capitaine ont bien ri. Le capitaine m'a même surnommé le boute en train. Tu vois, j'ai été déjà repéré. Comme ça fait du bien. J'ai pris une trentaine de photos de moi avec le capitaine, ma voisine, une certaine Valentine, belle brune et un Gino rigolo aussi. La belle brune m'a beaucoup regardé. Elle a semblé intéressée lorsque je lui ai raconté toutes les connaissances que j'avais dans le monde du spectacle : mes soirées avec Francis Cabrel, mes repas avec Stromae et Arditi…
Ce soir, sœurette, le bal. Je vais les épater avec mon rock and roll, mon chachacha et mon tango langoureux. Femmes, je vous aime. Vous allez enfin connaître, la vie, l'amour, la passion…
PS. Pour te faire rire, j'ai pris une photo avec l'emplumé qui est en train faire un rituel de sorcellerie à la fin du repas. Bien ridicule !

ESCALE A ATHENES

Lundi 20 Novembre 2023

Coucou sœurette,

Tue ne devineras jamais ! On a fait escale à Athènes. Tu te rappelles nos fous-rire ? Et ma rage de dents qu'on a soigné à l'ouzo car le seul médecin disponible avait voulu me l'arracher. Quand j'ai vu l'état de son cabinet et son mégot aux lèvres, j'ai eu trop peur.

L'escale un jour, une nuit. Le rêve. J'ai embarqué avec moi Gino, le rigolo et la belle Dominique. Départ en taxi du bateau pour l'Acropole, le matin. Je leur ai brièvement confié mes déboires avec mon ex et ce besoin de me changer les idées. Tu sais, je ne me suis pas attardé sur les détails. Chacun a ses problèmes.

L'Acropole, quelle merveille. Même si je ne suis pas cailloux et encore moins vieux cailloux, vraiment c'était à revoir pour moi. Dominique avait l'air passionnée et Gino plaisantait avec la guide grecque.

Puis direction l'Agora, la Tour des Vents et pour finir le temple de Zeus.

Déjà l'heure du déjeuner. On est allé à Plaka. Je leur ai proposé de manger au Platanos. Toujours aussi bon, un régal leur mezzés. Tout ça bien arrosé. On commençait à être très gais tous les trois. On s'est un peu raconté notre vie. Mais, moi je ne voulais que rire et amuser la galerie.

On a fait ensuite tout le quartier et on a acheté des souvenirs.

Comme il était tôt, je leur ai proposé de prendre le train et de faire une virée de quelques heures à Selianitikas. Petit village de pêcheurs et de quelques pècheresses (lol). Ils sont vraiment formidables tous les deux. Ils me suivent et m'admirent. Arrivés vers 17h, je leur ai fait la surprise de les emmener vers notre bouzougui. En rentrant, pas mal de mes connaissances étaient déjà installées. Nous nous sommes mis à leur table. La serveuse habituelle nous a passé la carte des alcools. L'ambiance était extraordinaire. Chanteurs, Fous rires, blagues à moitié en anglais, moitié grec, moitié français. A la grande surprise de Dominique et Gino, la serveuse nous a amené avec nos boissons une grande pile d'assiettes blanches. Ils n'ont pas compris pourquoi. Je n'ai rien dit. Puis vers 18h, la musique sacrée a démarré. Nos compagnons se sont levés et ont démarré leur danse. Rien de plus prenant qu'un sirtaki dansé par des grecs. Nous nous sommes bien sûr levés pour les accompagner. L'alcool, la chaleur, en sueur, nous étions déchainés sur la piste. Et d'un coup, les piles d'assiettes ont commencé à être jetés par terre. La tête de mes acolytes! Je leur ai expliqué que c'étaitt une manière de se défouler et de chasser la colère. Juste ce qu'il nous fallait.

Déjà 19h. Il fallait bien rentrer et prendre le dernier train pour Athènes afin de récupérer avant la nuit nos cabines. Nous sommes montés sur la passerelle complètement ivres, nous avons ameutés tous les vacanciers qui nous regardaient avec une lueur d'envie. Tu t'imagines, je n'ai pas pensé une seule fois à me désinfecter les mains, à mettre mon masque. Mes compagnons ravis m'ont souhaité une bonne nuit. Dominique m'a embrassé en effleurant mes lèvres ! Une promesse ?

MESSAGE

Lundi 27 novembre 2023
Chère sœurette,
J'ai reçu un message très troublant qui a été glissé sous la porte de ma cabine.
"Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux".
Tu sais que je me suis passionné à une certaine époque pour la cryptographie. J'ai donc cherché le code et j'ai mis en rouge certaines lettres. Tu lis comme moi : VALENTINE, tu te rappelles celle qui m'avait beaucoup remarqué pendant le diner avec le capitaine.
J'ai trouvé ce mot magnifique et je lui ai donc répondu.
"Bonjour toi, Est-ce bien toi Valentine l'auteur de cette belle phrase glissée sous ma porte?
Tu as parlé de nouveaux yeux, j'ai pensé de suite à ton appareil photo. Je t'ai vu me prendre à plusieurs reprises. C'est normal. Tu aimes le beau ! Comme je te comprends. Tu as dû me voir plusieurs fois avec Dominique. Nous avions fait escale ensemble. Ne t'inquiète pas, c'est juste une bonne copine. Et mes nouveaux yeux t'ont déjà remarqué, toi.
On peut faire plus ample connaissance. Un diner en tête à tête ? Réponds-moi vite. Je meurs d'impatience.
Ton Hector adoré."
Voilà sœurette. Décidément cette croisière s'annonce très prometteuse. J'espère que je ne me suis pas trompé de destinataire. J'ai mis le mot sur la porte de sa cabine. Je te raconterai la suite.
Ton frère chéri.

LE DISCOURS DU CAPITAINE

Lundi 11 décembre 2023
Ma sœur,
Tu te rappelles de ma dernière lettre. J'avais reçu une belle citation à laquelle je m'étais empressé de répondre, persuadé qu'elle venait d'une charmante Valentine.
Mais hier, réunion organisée par le capitaine. Quelle déception, voici son discours :
"Mesdames et Messieurs, chacun de vous a reçu une missive cette semaine. Certains d'entre vous se sont empressés d'y répondre, d'autres non.
Ce message vous a été adressé à chacun par mes soins. Pourquoi ?
A la façon d'un jeu de rôle, je suis fier de constater que dans l'ensemble, vous y avez bien participé. L'atmosphère de départ étant trop froide à mon goût, je suis content de voir que cela vous a rapproché. Je vous demande donc maintenant de continuer ce jeu de rôle qui vous aidera à mieux vous connaitre, à vous dévoiler afin de vous changer les idées, ceci tel que vous le souhaitiez en montant sur ce bateau. Bonne continuation, les croisiéristes!"
Son discours achevé, des "Oh!" désappointés se firent entendre mais aussi pas mal de fous rires et "Oui, bien joué capitaine, tu nous as finalement bien rapprochés", de certaines personnes.
Un coup d'œil vers Dominique qui s'approche discrètement et me jette à voix basse : "Excusez-moi, je vous ai mal jugé et ma lettre a dû vous choquer." Je lui ai répondu en prenant un air chagrin ; "Oui, Dominique, vous m'avez vraiment peiné au plus profond de mon cœur ! Heureusement que vous venez vous excuser car j'étais très abattu." Tu ne sais pas, sœurette, elle a failli pleurer. Et hop ! Une de plus dans la poche.
Quand à Valentine, je la matte d'un air langoureux et, en m'approchant d'elle, lui dit à voix basse "Alors, suite à ma lettre, on se le fait ce repas ?". Elle me regarde ironiquement de ses grands yeux verts et me mitraille avec son appareil photo en prenant un grand fou-rire.
Oui, non ? l'avenir nous le dira.
POUR HECTOR, TOUT A CHANGÉ
Dernière soirée à bord. On débarque demain matin.
Je me fais beau. Smoking, chemise blanche, parfum pour l'animation prévue avec un guitariste jazz tzigane. J'adore!
Arrivé dans la salle, je cherche immédiatement des yeux Valentine. Mais Dominique est tellement mignonne ce soir que je vais directement vers elle. Le musicien attaque un morceau andalou très rythmé. Et on se lâche, elle et moi. Danse effrénée, fous rires, rappel de notre dernière escale en Grèce. Nous avons déjà des souvenirs ensemble.
Puis le rythme se ralentit, un morceau de basse me fait tourner la tête. Le musicien me fixe. Il a des yeux de braise. Il est si attirant. J'ai comme un frisson. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je me force à mater les filles sur la piste de danse mais mon regard se tourne sans arrêt vers le beau ténébreux qui ne me quitte pas des yeux.
Pour me donner une contenance, je bois une coupe avec Dominique qui continue à papoter. Puis, le repas est annoncé. Excellent comme toujours. On rit, on parle mais le guitariste sur scène m'hypnotise de plus en plus.
Epilogue :
Des années après, je me souviens. J'ai gardé contact avec Dominique, Gino. Nous avons même assisté au mariage de la charmante Julie et à une conférence organisée par Oolala sur le thème: "Le goupillon et son devenir".
Le guitariste m'a rejoint dans ma cabine ce fameux dernier soir. Je l'ai aimé comme un fou, il m'a plumé jusqu'au dernier sou. Mais, grâce à lui, j'ai fait mon coming out. Et, mon nouveau compagnon de route me rend heureux. On envisage une nouvelle croisière. Je n'ai plus de toc. Je me sens tellement bien…
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Rédigé par Ghislaine

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 4 Janvier 2024

 
Dernière soirée à bord. On débarque demain matin.
Je me fais beau. Smoking, chemise blanche, parfum pour l'animation prévue avec un guitariste jazz tsigane. J'adore!
Arrivé dans la salle, je cherche immédiatement des yeux Valentine. Mais Dominique est tellement mignonne ce soir que je vais directement vers elle. Le musicien attaque un morceau andalou très rythmé. Et on se lâche, elle et moi. Danse effrénée, fous rires, rappel de notre dernière escale en Grèce. Nous avons déjà des souvenirs ensemble.
Puis le rythme se ralentit, un morceau de basse me fait tourner la tête. Le musicien me fixe. Il a des yeux de braise. Il est si attirant. J'ai comme un frisson. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je me force à mater les filles sur la piste de danse mais mon regard se tourne sans arrêt vers le beau ténébreux qui ne me quitte pas des yeux.
Pour me donner une contenance, je bois une coupe avec Dominique qui continue à papoter. Puis, le repas est annoncé. Excellent comme toujours. On rit, on parle mais le guitariste sur scène m'hypnotise de plus en plus.
Epilogue :
Des années après, je me souviens. J'ai gardé contact avec Dominique, Gino. Nous avons même assisté au mariage de la charmante Julie et à une conférence organisée par Oolala sur le thème: "Le goupillon et son devenir".
Le guitariste m'a rejoint dans ma cabine ce fameux dernier soir. Je l'ai aimé comme un fou, il m'a plumé jusqu'au dernier sou. Mais, grâce à lui, j'ai fait mon coming out. Et, mon nouveau compagnon de route me rend heureux. On envisage une nouvelle croisière. Je n'ai plus de toc. Je me sens tellement bien…
 

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