Publié le 18 Janvier 2024

 
 
La prose en lumière
 
Les lumières exquises de mon jardin, enchantent et subliment le rosier merveilleux. Il paraît soyeux comme les yeux verts qui le dévorent. Sous le auvent parfumé, d'une grâce suprême, la glycine coule et s'écoule en grappes somptueuses.
Me voilà éblouie par cette beauté féerique et naturelle que la vie me donne.
Mon âme se remplit de cette délicieuse musique que le vent égrène sans détour, dans la nuit étoilée. Il laisse mon regard subjugué luire dans la nuit remplie de roses et de mystères.
 
 
La prose en sillons
 
Les sillons se creusent au fil de son labeur. La terre nourricière est là, vivante palpable, glisse dans ses doigts, joyeuse, prête à lui donner, les plus beaux joyaux. Elle chante à l'éloge de son œuvre. Elle chante à la joie de voir achever son ouvrage tant convoité.
Les larmes coulent, se bousculent, roulent, se fondent le long de ses tiges illuminées devant tant de beauté. La création est belle, l'épi est dur et doré, le grain craque son enveloppe et semble vouloir jouer avec les premiers rayons du soleil.
Les oiseaux égrènent leur mélodie sublime, dans l'attente de leur festin.
Les nuages se dispersent avec amitié et laissent le temps accomplir la tâche avec complicité.
 
 
La prose de la pluie
 
La pluie est un bonheur léger, une richesse immense et fragile.
Elle coule des jours heureux dans les creux cachés de la rivière, douce, câline et parfois tumultueuse.
Elle caresse de son liquide translucide les cailloux façonnés, verdoyants, et glissants, elle se transforme en cachette miraculeuse et sécurisante, elle nourrit tant d'êtres délicieux et invisibles, elle apporte une légèreté dans le courant de la vie qui s'écoule lentement, sans elle que ferions-nous ?
Comme dans «L'eau des collines » le village desséché sur les contreforts de la montagne par un été torride et sec, le problème essentiel de l'eau, devient un ruban effiloché destructible où nos vies deviennent une menace pour l'existence.
 
 
La prose de l'incendie
 
L'incendie hurle, incandescent, brûle son âme. Anéantit tout sur son passage..
Il court joyeux, se moque, saute à pieds joints, comme un enfant devant ses cadeaux rougeoyants.
Il frôle des zones dangereuses avec son sourire éblouissant, jouant de sa beauté naturelle, il fascine. On le regarde avec un œil inquiet, on le traque, mais toujours avec fascination, tellement il est beau.
Lui se vante de sa force, il rend les gens fous, tantôt ici, tantôt là, il épuise son entourage, mais il se terre, pour mieux rebondir.
Il nous laisse pantois devant son imagination théâtrale.
Tu te crois le plus fort !
Tu as oublié, avec ton orgueil démesuré, que la nature est là, il lui faut du temps, mais elle est là, tapie, elle courbe le dos, mais elle sait s'adapter à chaque situation et toi tu ne pourras l'anéantir, au contraire tu lui apporteras les éléments précieux pour la faire renaître plus forte et plus belle.
 
 
A.J

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Rédigé par Arlette

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Publié le 18 Janvier 2024

 
 
Lumières multicolores d’un feu d’artifice qui réchauffent nos cœurs et ravissent nos yeux.
Lumière rougeoyante du soleil qui disparaît derrière les collines et nous fait dire avec plaisir « Il fera beau demain ! »
Lumière éblouissante du rayon de lune sur la mer calme et sombre.
Mais aussi lumière tamisée d’une chambre d’enfant, juste pour éclairer le livre que tient sa mère dans les mains. Comme chaque soir elle lui lit une histoire, un conte ou un poème et elle voit, dans la pénombre, briller dans les yeux de l’enfant une lumière magique, celle que font jaillir l’attente, l’émerveillement et le bonheur.
 
 
 
Sillons
C’est l’automne, si on allait sillonner la campagne ?
Scions du bois, l’hiver sera bientôt là.
Dès la fin de l’été et des moissons, les couleurs de la nature passent du vert au roux, les arbres se dénudent, dans les champs la terre se craquelle et les sillons, tracés par le semeur au printemps, réapparaissent.
Ils nous rappellent que les saisons passent inexorablement. Celles de la Terre et celles de la Vie.
Le miroir nous fait savoir qu’il commence à se faire tard. L’automne est là pour nous aussi et quelques sillons se dessinent déjà sur nos visages assagis.
 
Pluie ! Enfin te voilà ! La nature t’attendait depuis si longtemps ! Les arbres se désolaient et recroquevillaient leurs feuilles, les animaux se désespéraient, les ruisseaux ne coulaient plus et les grenouilles avaient déserté les mares asséchées.
Pluie ! Eau du ciel, source de vie ! Mais ne sois pas trop envahissante non plus. Pas de cyclone ou de déluge s’il te plaît ! Juste de quoi alimenter rivières et fleuves, étangs et lacs, redonner forme et majesté aux feuillages des forêts et faire refleurir les roses des rosiers.
 
Incendie, flammes dévorantes et brûlantes, rien ne résiste à son passage. Il avance en terrain conquis et semble vainqueur avant même d’avoir combattu. D’une puissance inouïe, le feu embrase les forêts comme il allume nos émotions et s’approprie les cœurs. Ne dit-on pas « voir rouge » lorsque la colère nous envahit ? Le rouge n’est-il pas la couleur de la passion ? L’amour comme un incendie brûle en nous et nous consume, dévaste nos cœurs et laisse en s’en allant un parfum de cendres et un paysage de désolation, sur lequel bientôt renaîtront les émois d’un nouvel amour.
 

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Rédigé par Mireille

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Publié le 18 Janvier 2024

Lumière
Lumière diffuse du matin qui se cherche à travers la brume, qui tente de percer à travers les buissons serrés des ronces encerclant les arbres tourmentés par les assauts des vents.
Lumière timide d'un jour en clair-obscur, qui semble retenir une part de mystère.
Lumière irisée d'un arc-en-ciel annonçant le soleil.
Lumière flamboyante d'un coucher de soleil promettant une journée transparente le lendemain.
Lumière nocturne de la pleine lune se reflétant sur la mer apaisée, ébauche de tranquillité.
 
Sillon
Sillons majestueux tracés dans la terre meuble sous le soc des charrues.
Sillons bienheureux de nos rides, preuves de vie et de rires.
Sillons talentueux des traînées d'avions, oeuvres des aiguilleurs du ciel attentifs aux envols.
Sillons aventureux d'une trace de ski dévalant la couche poudreuse semée dans la nuit.
 
Pluie
Pluie bienvenue sur les sols craquelés de rides desséchées.
Pluie bienfaitrice sur les cultures fanées et assoiffées
Pluie bienveillante qui efface les traces sombres des ombres.
Pluie bienheureuse qui se faufile en réseaux enchevêtrés sur les alpages.
Pluie malheureuse de larmes sur des joues fatiguées de tristesse.
 
Incendie
Incendie dévastateur, brûlant, rouge d'énergie, déboulant tête baissée à travers les forêts, ravageant la nature et ses hôtes, crépitant à son pied, sifflant à son sommet, tourbillonnant selon le vent, promesse de cendres inertes amassées, de saignement des cœurs et de pleurs.
 

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Rédigé par Bernadette

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Publié le 17 Janvier 2024

 
LUMIÈRES, évidentes, parsemées, adorées, sublimées de ton esprit en ébullition, ta ration journalière de bons mots.
Tôt, très tôt bientôt écrites sur une feuille blanche, par ton fidèle outil de travail, le stylo, ton ami de confiance, toujours en effervescence selon tes désirs.
 

 SILLONS, ces rides que tu contemples avec émotion, chaque jours avec attention, dévotion, car elles te rappellent les joies, les émois, les sourires, les rires et les soupirs d’une vie animée. Car adorée, tu le fus, soupirants éconduits, mais ravis de ton

 

insolence, non violence, mais patience.

 

PLUIE ! ô ma mie, quel temps béni pour se réconforter en amis, Elle mouille les rêveuses des jardins, un matin de mars, les flaques sont les bienvenues pour jouer les ingénues enfantines qui y sautent à pieds joints.

 

 

INCENDIE, au secours, mon cœur est épris, surpris, ravi, il s’étouffe, le feu intérieur le consume.
Une sensation, un son, une musique de fond. Mon amour reviens, ne pars pas, ne me quitte pas, reste là près de  moi, câlin, vilain, le veux tu.. 

Les LUMIERES des SILLONS, argentés par la PLUIE, n’ont de prise qu’un temps, la musique des mots, un flot de confidences, absence de compromis ternis par L’INCENDIE, délibérées et rêvées par des poètes désoeuvrés.

 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 17 Janvier 2024

 
En rentrant du supermarché, le chemin d’Emma, petite fille de cinq ans, main dans la main de sa mère, croise un terrain de pétanque donnant sur la Promenade des anglais. Plusieurs personnes s’activent pour préparer le terrain. Emma et sa mère s’arrêtent pour les regarder faire. Soudain, l’attention d’Emma est attirée vers une boîte dans laquelle sont disposées plusieurs boules. Elle les pointe du doigt et demande à sa mère : « c’est quoi ça ? c’est quoi ça ? ». Sa mère répond : « c’est un peu comme tes billes ». Emma peine à trouver une ressemblance entre ces boules et les billes que lui avaient offertes récemment ses grands-parents. « Elles sont moches comme billes. Les miennes sont beaucoup plus jolies ».
Le jeu affronte l’équipe des Niçois, composée de trois joueurs niçois chevronnés et une équipe composée de trois parisiens majoritairement inconnus au groupe sauf Carole. Après son déménagement à Nice, cette dynamique parisienne d’une soixantaine d’année, avait trouvé en la pétanque un moyen ludique de sortir de son isolement. Elle se réjouit d’avoir fait intégrer ses amis à ce groupe et de ce fait, elle manifeste une excitation enfantine. Mais, tout d’un coup, le sourire quitte ses lèvres et elle semble être envahie par l’inquiétude : « si jamais ça se passe mal ? ».
Le tirage au sort a lieu et est gagné par l’équipe niçoise. Emma entend les gens dire : « le jeu va bientôt commencer ». Emma qui avait toujours entendu de ses parents qu’il est dangereux de jouer dans la rue, était stupéfaite, un peu horrifiée même. Mais, aucun enfant ne les rejoindra. « Ah, c’est un jeu de grands-parents ! ».
Les coéquipiers de Carole surveillent suspicieusement leurs adversaires. Bernard, un joueur ancien et orgueilleux de l’équipe niçoise, fait un sourire malin en en se préparant à lancer la première boule. « J’ai hâte de gagner encore cette partie ! » Mais soudain, son regard croise celui d’Emma. La voyant tellement éblouie, il décide de lui proposer de tenter une lancée de boule. Emma avance vers Bernard et s’empare d’une boule qu’elle arrive difficilement à tenir dans la main. Elle est encouragée par tous les spectateurs : « Allez !... Allez !... ». Ne connaissant pas les règles du jeu et n’ayant pas assez de force physique, Emma, toute confuse, lâche la boule tout près de ses pieds. Puis, elle entend les adultes crier : « bravo !... C’est très bien… ! »
Carole constate que l’intervention d’Emma a déclenché la conversation entre les membres des deux équipes. L’un de ses coéquipiers félicite Bernard en lui disant : « encourager les enfants dès leur si jeune âge, c’est ça qu’il faut faire ». Puis, un membre de l’équipe niçoise répond : « suis complètement d’accord, c’est comme ça qu’on en fait des futures stars du jeu ! ».« Ouf ! la mayonnaise est en train de prendre ! »
C’est parti pour la partie des adultes. La première boule lancée par Bernard va sur le terrain interdit. « ça commence mal ! »
Emma constate que les adultes parviennent bien à manier des objets tellement lourds : « Ils sont très forts. » Elle semble trouver un intérêt croissant pour la pétanque : « Quand je serai grande, je jouerai avec eux ! »
Les lancées s’enchaînent. L’équipe des Parisiens marque de plus en plus de points. Les inquiétudes de Carole ont presque disparu. « Pour les personnes qui ont adhéré au jeu depuis si peu de temps, je dirais qu’on ne s’en sort pas si mal ! ». D’ailleurs, dès que l’occasion se présente, les coéquipiers de Bernard se font un plaisir d’apprendre des stratégies d’amélioration aux Parisiens.
Ces derniers arrivent à 7 points. Ils exultent en dansant et en criant fort : « On se marre bien en pétanque… ! On va gagner les Niçois !...»
A ce moment-là, Marie, élégante parisienne d’une quarantaine d’année, s’aperçoit que la route qu’elle comptait prendre est barrée par des boules disséminées sur plusieurs mètres : « Autant de bruit pour un jeu tellement débile ?! Ils n’ont pas mieux à faire ? Ils ont la mer, le soleil et le beau temps ces Niçois mais ils n’ont pas la classe d’en profiter. Il faut que nous, les Parisiens, nous y mettions à leur apprendre les bonnes manières ! »
Un spectateur interpelle les joueurs : « Vous avez vu comment elles nous regarde ?... ». Tous les regards se tournent vers Marie. Bernard a l’air hésitant. Ce moment d’inattention collective serait la meilleure opportunité d’effectuer une petite manœuvre : « on ne peut pas se laisser perdre par ces Parisiens quand même. Ça va être la honte ! »
Il fait quelques pas en avant en surveillant attentivement ses alentours. Mais, il n’échappe pas à la vigilance de Carole. Leurs regards se croisent pour un instant : « Il va tricher, là. Il faut que je l’en empêche mais il va être difficile à gérer. ». Bernard fait un pas en arrière « elle va piger, cette conne. Et puis, je ne suis même pas sûr que mes coéquipiers laisseront passer ça. Ils veulent faire bonne impression devant ces nouveaux à ce qu’il paraît. D’ailleurs, il ne reste pas de tactiques qu’ils n’aient pas balancées. Qu’est-ce qu’ils sont en train de leur raconter encore ? Allez-y, jouez à leur place tant que vous y êtes ! ». Il s’approche et entend ses coéquipiers expliquer en souriant « …oui,… « bouchin » en niçois… ». Les coéquipiers de Carole sont reconnaissants. L’un d’entre eux, s’adressant à Carole, dit : « C’est aimable de leur part qu’ils nous expliquent tout ça ». L’autre ajoute : « oui, superbe groupe ! Merci Carole de nous avoir fait venir ici ! »
Un sourire se dessine sur les lèvres de Bernard : « ils ne sont pas de si mauvaise foi, ces Parisiens, finalement ! ».
Les lancées reprennent jusqu’à ce que l’équipe parisienne arrive à 13 points. L’arbitre la déclare officiellement « gagnante de la partie » et la félicite. Les cris de la joie s’élèvent des deux équipes.
Bernard qui semble désormais considérer l’équipe parisienne comme les siennes, va en féliciter et embrasser les membres.
Soudain, Carole, se déplace vers le milieu du terrain et se met à pleurer à haute voix.
A ce moment-là, Marie, étant sur son chemin de retour, repasse devant le terrain du jeu et se trouve face à face avec Carole. « Hou là, je savais que ça allait partir en vrille ! ».
Carole s’exclame : « ce ne sont pas seulement des partenaires du jeu que j’ai trouvés, mais, une famille ! J’ai trouvé une famille en jouant de la pétanque ! ». Elle continue : « Vive les Niçois ! » Ces coéquipiers répètent : « vive les Niçois ! »

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Rédigé par Fatemeh

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 17 Janvier 2024

 
Laura n’a pas assez d’yeux pour tout regarder. Les danseuses et danseurs virevoltent sur l’estrade en bois au son du fifre, de l’accordéon, du tambour, tout autour d’un mât, en croisant les longs rubans de couleur qui entourent celui-ci, puis en les décroisant dans le sens opposé. C’est vif, c’est gai, c’est la fête des Mai, une fête niçoise, un festin comme on dit ici. Laura détaille les danseuses, se penche vers l’oreille de Fanny :
– Adorable cette capeline de paille si joliment brodée, accrochée sur la hanche ! J’aime beaucoup aussi la jupe à rayures rouges, le tablier noir fleuri et le petit corset trop mignon, très joli costume !
– C’est le costume niçois traditionnel, répond Fanny.
 
Fanny est devenue son amie. Les choses se sont faites naturellement. Après la partie de pilou sur la Prom’ (hé oui, elle commence à parler comme les Niçois…), elle a dégusté ce fameux Agua Limone, délicieusement crémeux et citronné au Canastel, a fait plus ample connaissance avec la joyeuse bande. Fanny, toute en sympathique bonne humeur, l’a tout de suite mise à l’aise. A côté d’elle, Pierre, son frère, qui l’a initiée au pilou, la regardait avec un intérêt certain, puis, de l’autre côté de la table, Lucie la douce et Théo, le copain sympa, en couple avec Lucie.
Très vite, elle s’est sentie appréciée, avec l’impression de les connaître depuis longtemps. Des jeunes de son âge, avec qui elle a beaucoup d’affinités. Pas de prise de tête, accueil, gentillesse, énergie et joie de vivre. Ce qui n’empêche pas quelques opinions politiques et autres bien arrêtées, que le plus souvent elle partage, ce qui a encore plus participé à son intégration dans la bande. La conversation s’est orientée sur les projets du week-end à venir et Pierre l’a invitée le dimanche suivant à la fête des Mai.
– Dans la série des traditions locales, après le pilou, la fête des mai, c’est incontournable, lui a-t-il dit en souriant.
 
C’est grâce à Pierre si elle est là aujourd’hui. Elle l’admire ; il danse sur la piste avec la troupe de Nice la Belle, un groupe folklorique de la ville, superbe en pantalon corsaire rayé de rouge et chemise blanche.
– Il danse bien ton frère ! Il y a une signification à cette ronde autour du mât ?
– Oui, ce mât, c’est l’Arbre de Mai, ou l’Arbre de Vie, que l’on retrouve dans de nombreuses civilisations et qui remonterait à l’Antiquité. On dit qu’on tourne le Mai, c’est-à-dire qu’on sort définitivement de l’hiver pour aller vers le printemps. La danse autour du mât représente la course des saisons autour du soleil. La fête des Mai, c’est une fête de la renaissance de la nature.
Drôlement intéressant, dis donc ! Merci pour les explications !
 
La danse se termine sous les applaudissements. Pierre les rejoint.
– Ça t’a plu ? lance-t-il à Laura.
– C’est superbe et magique, surtout depuis que Fanny m’a expliqué l’Arbre de Mai, répond Laura en souriant.
Tant mieux ! Vous avez faim les filles ? Socca, pissaladièra, ou pan bagnat au menu du jour. Que préférez-vous ?
– Pan bagnat sous les oliviers, crie une voix derrière Pierre.
 
Théo et Lucy viennent d’arriver, pile pour le déjeuner. A l’instar de l’Agua Limone, Laura n’a aucune idée de ce que peut être un pan bagnat, mais, là aussi, elle est partante pour le découvrir. Pierre se charge des commandes pendant que les autres cherchent un olivier libre pour les accueillir, ce qui n’est pas chose facile. Le jardin de Cimiez est envahi de monde, les enfants courent partout, les familles, les amis sont regroupés sous les arbres, dans une ambiance conviviale de fête populaire. Laura se dit qu’elle a eu beaucoup de chance de rencontrer ces joueurs de pilou, un beau jour de mai sur la Prom !

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Rédigé par Mado

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 17 Janvier 2024

 
On m’appelle le Paillassou, un homme de paille en français, bien qu’aujourd’hui, je sois en mousse. Je suis un pantin de taille humaine qu’on envoie en l’air, lors des fêtes niçoises, au moyen d’un drap tendu par quelques individus, quatre, cinq, six… ou plus… ou moins, ça dépend. On m’envoie le plus haut possible ; dès que je retombe sur la toile, on me réexpédie dans le ciel. Il paraît que je contiens les soucis et les malheurs de l’année. Alors, en me faisant sauter, les gens éjectent dans les airs tous leurs tourments, en espérant qu’ils ne retombent pas au sol. Je suis un bouc-émissaire, mais je suis aussi la joie du peuple niçois. Les enfants attendent et adorent le cri rituel avant tout lancer, « Un, doui, tres, manda lo pailhasso ! » (un, deux trois, envoie le paillassou), pour motiver les troupes. Alors là, je me prépare à être bousculé, malmené, ce qui, entre nous, ne provoque aucun désagrément à mon corps de paille, ou de mousse. Les courbatures, je ne connais pas !
 
On m’a prêté plusieurs rôles au cours de ma longue vie. Parfois, je suis le Paillassou berné par les pêcheurs habitant la vieille ville, représentant la ville basse et populaire. En m’envoyant en l’air, le peuple se moquait des notables. D’autres fois, je suis le médiateur entre le monde des défunts et celui des vivants. Je dirige les âmes vers le royaume des morts. Dans tous les cas, je fais toujours partie du Carnaval.
 
Carnaval, c’est la fête que je préfère. Je défile en volant au son des fanfares, des battements des grosses caisses, des marches énergiques claironnées par les trompettes. Les notes retentissent, rebondissent, claquantes comme un ballon contre les murs des immeubles. Ça tourbillonne, ça s’éparpille, la musique est partout… D’en haut, quand je suis en vol, j’aperçois la patrouille des grosses têtes, les confettis multicolores, les serpentins qui giclent des tribunes, le char du roi, celui de la reine, les troupes venues des quatre coins du monde qui dansent en habit traditionnel. C’est coloré, pimpant, vivant, bruyant. Les musiques se mêlent, s’enveloppent les unes avec les autres, se fracassent en un joyeux brouhaha.
 
Carnaval d’antan, exutoire, où liberté, joie chassaient les ténèbres et l’hiver, ou Carnaval d’aujourd’hui, spectacle pour touristes muré derrière des palissades, je suis toujours là pour garder vivantes la mémoire et la culture du peuple niçois.
 
Mado Cafedjian
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 17 Janvier 2024

La Promenade des Anglais… Laura n’en revient pas ! Niçoise de fraîche date, elle met à profit son temps libre pour découvrir la ville. Aujourd’hui, la Prom’ comme disent les Niçois. Le ciel, bleu. La mer, bleue. Les galets, la courbe parfaite de la baie, tout y est. Comme sur les images glanées sur internet. Et les palaces, magnifiques, de l’autre côté… Peut-être, un jour, elle pourra y travailler.
 
Jeune diplômée d’une école de cuisine, elle a choisi Nice pour son premier poste et pour l’heure ne regrette pas son choix. Autour d’elle, des promeneurs déambulent, des enfants courent, des petits chiens reniflent, des trottinettes filent, un avion s’élève. L’aéroport est au bout de la baie. Laura avance d’un pas tranquille quand un étrange dessin au sol attire son attention. Une croix, des ronds, une inscription : STADE DE PILOU.
 
Elle n’a pas le temps de demander à Google de quoi il s’agit ; quatre jeunes gens, deux filles, deux garçons, prennent possession du minuscule stade, se placent dans les ronds, apparemment prévus à cet effet. L’un d’entre eux tire un drôle de volant de sa poche. Rien à voir avec celui du badminton. On dirait une rondelle de métal percée en son centre, dans laquelle on a inséré un morceau de papier. Du bricolage, ce truc...
Le jeu commence. Du pied, du genou, de la cuisse, du torse, le volant virevolte d’un joueur à l’autre, tombe, est ramassé, remis en jeu. Ça rie, ça crie, ça s’amuse beaucoup, on dirait. Laura ne comprend pas les règles, mais le spectacle lui plaît. Un des jeunes hommes la remarque, immobile à les observer, et lui propose de venir essayer.
– Pourquoi pas, répond Laura.
On lui explique rapidement : le pilou, c’est le volant, une pièce de monnaie percée en son centre, l’idéal, c’est la pièce de 25 centimes de l’entre-deux-guerres dans laquelle on coince un bout de tissu, de papier ou de plastique. Deux équipes disposées en diagonale par apport au centre de la croix, puis, jongler avec le volant à la manière d’un footballeur, défendre son cercle, faire des passes à son partenaire et tenter d’envoyer le volant dans le cercle de l’adversaire.
 
Laura se démène de son mieux, mais le volant n’en fait qu’à se tête et atterrit où bon lui semble. Elle n’a joué que quelques minutes, a fait perdre son équipe dans la bonne humeur, se retire en remerciant. Vaut mieux qu’elle s’abstienne, son partenaire aura plus de chances de gagner !
 
Les jeunes gens font une dernière partie sous son regard amusé, puis, le jeune homme qui l’avait invitée à jouer lui propose de se joindre à eux pour aller déguster un Agua Limone au Canastel, boulevard Gambetta, juste en face, précise-t-il. Laura n’a aucune idée sur l’Agua Limone et le Canastel, mais est partante pour les découvrir. En plus, il est bien sympathique, ce garçon… et plutôt pas mal de sa personne…
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 17 Janvier 2024

 
Comme tous les dimanches après-midi d’été, ou presque, la famille Sauvaigo va manger une glace place Rossetti. En approchant, par la ruelle Halle aux Herbes, des hurlements à faire trembler la cathédrale Sainte-Réparate résonnent, rebondissent entre les murs du Vieux-Nice. Une bagarre ? Non, une partie de mourra*.
Au centre de la place, une table, quatre chaises, quatre hommes, des doigts qui bondissent, volent, se dressent, se replient, des mains qui surgissent comme des lames, des cris, des rrrrrr qui rrroulent, des poings qui tapent, s’ouvrent, se ferment, des yeux qui brillent.
Les Sauvaigo sont subjugués.
 
Paul, le père, fixe le joueur le plus vieux. On dirait pépé Ménica à la veillée... la grande table… Des souvenirs d’enfance lui reviennent. Dans la cuisine de sa grand-mère, les cacahuètes grillées au four, son grand-père, son père, les oncles et la mourra. Vuech* ! Bien joué, l’ancien ! Ah, si pépé était là…
Léo, dix ans, ouvre des yeux époustouflés. Trop bien ce truc! Ça existe en jeu vidéo ? Vuech… c’est huit, je crois. C’est quoi les règles ? Papa doit savoir… On pourrait y jouer à la récré avec Ludo... Ouais… la maîtresse, elle va encore dire qu’on fait trop de bruit…
Julia, quatorze ans, soupire en levant les yeux au ciel. Quels débiles ces vieux ! Pas question de publier ça sur Tiktok, trop ringard… C’est quoi ce vuech ? Du niçois à la con, du nissart comme dit papa. Pffff… It’s not my world...
Mélanie, la mère, sourit devant cette exubérance. Uuuuuu… Ça déménage ! Ces mains qui giclent dans tous les sens, de quoi se décoller les faux ongles... Non merci, trop rustique pour ma manucure. Pourvu que Paul ne se prenne pas de passion pour ce jeu. Il a l’air très intéressé, ça m’inquiète… Pas question d’avoir une bande de bramassouns* à la maison… Les mourraire dei quatre cantouns* ont assez gueulé sous ma fenêtre, à Ilonse, quand j’étais jeune. Basta, la mourra !
 
Les parties se succèdent. Les Sauvaigo apprennent qu’ils sont en train d’assister à un championnat estival, le « Gavouot Mourra Tour »*, et que ça va durer jusqu’à la nuit. Va être bruyante la glace chez Fenocchio !
___________________
 
* La mourra se joue à deux ou plus et ne nécessite aucun instrument, autre que les mains. Les deux joueurs se tiennent face à face. Chaque joueur doit, en même temps que son adversaire, ouvrir spontanément l'une de ses mains et lever autant de doigts qu'il le désire, tout en énonçant un nombre de 0 à 10. Le but du jeu est de deviner, d’anticiper le total de doigts des deux mains montrées. Le point est remporté lorsque la somme des doigts dévoilés est donc égale au nombre annoncé.
 
* Vuech : huit
* bramassouns : braillards
* mourraire dei quatre cantouns : les joueurs de mourra des quatre cantons, de l’association « Mourra dei quatre cantouns »
 
* « Gavouot Mourra Tour » : championnat estival de mourra se déroulant en cinq étapes dans les trois villages fondateurs, Pierlas, Thiery et Ilonse, ainsi qu’à Nice et à Levens. A Nice, le championnat a eu lieu aux Arènes de Cimiez, en 2019.
Le situer place Rossetti est une liberté de l’auteure.
 
Mado Cafedjian

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Rédigé par Mado

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Publié le 17 Janvier 2024

Un jour d'hiver, enfoncée dans son fauteuil près d'un bon feu de cheminée, Julie passionnée par la lecture d'un thriller captivant, s'exclame : quelle détente, comme je me sens bien, se dit-elle, mais juste à ce moment précis lui revient à l'esprit cette invitation étrange. J'espère que ce ne n'est pas aujourd'hui. Elle regarde affolée son agenda et bien oui c'est aujourd'hui à 13 h45, qu'a lieu le jeu de Mourra avec Michel et Chloé .
Mais quelle idée saugrenue, pourquoi encore je me suis laissée embarquer, quand on ne sait pas dire non voilà où cela mène à une partie de Mourra – Mourra, mourra, mourra, cela ne me dit rien. Bon ce n'est pas le tout, il est temps de se préparer, l'heure tourne, où ai-je mis l'adresse déjà, là voilà, Jeu de mourra au foyer d'accueil inter-âges, elle relit l'intitulé, jeu de Mourra, « laissons-nous sensibiliser aux traditions ancestrales tout en développant notre intuition dans une ambiance conviviale ». Elle se ravise, cela peut promettre un après-midi sympathique et amusant.
Julie est arrivée, elle ouvre la porte hésitante, Michel en pleine conversation l'accueille à bras ouverts et lui présente des joueurs de longue date.
Il lui explique rapidement les règles du jeu, Julie pense cela ne va pas être facile, étant un peu dyslexique avec une intuition vacillante...
Chloé l'interrompt dans ses pensées ravageuses et tend brusquement la main, Julie compte ses doigts mais reste bouche bée, Chloé dit très et Julie répond pouce.
La panique l'envahit, Chloé l'encourage, recommençons, cela va venir. Julie dit très et Chloé dit neuf. Le compte est bon pour elle.
J'ai besoin de me rafraîchir, dit Julie, Michel va me remplacer.
Julie, accoudée au bar sirotant un jus d'orange, les regarde jouer, les doigts giclent, les bouches s'égosillent, les postillons volent, les yeux se désorbitent, les poings frappent, les tables tremblent, la salle craque, le défoulement est à son comble.
Une avalanche de nombres résonne dans sa tête, un, doui, doui, doui, très, quatre, quatre, quatre, sièi, set, set, set, vuèch, très, très cinq, cinq, cinq , noù, uuuuuuuuuuuuuh !
Julie dans un hurlement généralisé s'en va sur la pointe des pieds.
Ravie d'avoir passé un moment inédit et plein d'entrain, elle remerciera ses amis.
 

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Rédigé par Catherine

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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