SOIRÉE D’ADIEU

Publié le 21 Décembre 2023

 
13/11
Et comme les meilleures choses ont aussi une fin, les vacances ne vont pas tarder à se terminer. Preuve en est, l’invitation du Capitaine pour le gala de clôture qui aura lieu demain soir. Pour promouvoir l’événement l’annonce est prometteuse. Cocktail dînatoire et ambiance jazz sont au programme. A l’affiche un sosie du talentueux guitariste Julian LAGE. Espérons que son récital ne soit composé que d’extraits adaptés à la guitare version solo comme dans « All the sing you are » de Jérome Kern, « So What » de Miles Devis ou encore « Summertime » de Gershwin. Inconditionnel de ce courant musical, je suis littéralement fan de ces nombreux chefs d’œuvres qui ont marqué la jeunesse des années 40 et bercé la mienne. Ma discothèque, qui regorge de vinyles 33 et 45 tours, en est le témoin. Inconsciemment je souris, je suis ravi. Apparemment pas de code couleur imposé, c’est parfait, je n’aime pas me déguiser !
 
14/11
Dans la salle, le rouge écarlate domine et se décline partout, chemins de table, serviettes, lampions et accessoires de décoration divers. Les tables, disposées en « U », sont presque adossées aux murs, laissant juste un espace réservé à l’approvisionnement du buffet. Au centre, juste sous l’énorme lustre de cristal à pampilles, la piste de dance parade, défiant les premiers danseurs. Au fond, une scène improvisée est parée d’un immense triptyque représentant un orchestre de jazz au complet. Cette magnifique peinture, toujours dans les tons de rouge orangé, annonce le thème du soir. De-ci de-là des chaises attendent les spectateurs.
Quelques convives en tenue de soirée discutent à voix basse, d‘autres semblent attendre de la compagnie tandis qu’un petit nombre de fins gourmets balaie du regard les tables garnies des différentes mignardises. Quant à Valentine, elle me fait signe de m’approcher.
-       Bonsoir Mario, qu’avez fait cet AM, je ne vous ai pas croisé, vous m’évitiez ?
-       Pas du tout, je suis resté à bord, je songeais….
-       Vous méditiez ?
-       Exactement ! Mais comment faites-vous pour toujours lire dans mes pensées ?
-      C’est simple, depuis notre excursion je vous sens préoccupé et silencieux. J’en déduis que vous n’avez pas encore trouvé de réponse à ce que vous êtes venu chercher ici. Mais chaque jour suffit sa peine, ce soir, je vous kidnappe !
Et, en empoignant mon bras, j’emboite le pas. Cette jeune femme est aussi perspicace qu’exquise, elle me devine sans chercher pour autant à m’extirper quelques confidences que ce soit sur mon anxiété. Tant mieux car je ne me sens pas encore l’âme confidente. J’aurais pourtant tellement besoin de conseils mais, sincèrement, que pourrais-je attendre d’une personne que je connais à peine fusse-t-elle très appréciée ?
Comme il était possible de l’imaginer, nous n’échappons pas au discours d’usage du Capitaine. Après nous avoir signifié que nous étions l’un des groupes les plus sympathiques qu’il n’ait jamais eu, il nous invite à profiter de la soirée et à se revoir lors d’une prochaine croisière. Mais déjà les premiers accords résonnent nous incitant à participer à la fête. Grand, sportif et beau garçon, le guitariste attire tous les regards féminins. Il entame son répertoire par « Take Five » un standard de jazz suivi par « Blue Bossa ». Cadence effrénée et rythme doux, les titres s’enchaînent pêle-mêle. L’ambiance bat son plein, les rires fusent, les danseurs virevoltent et le buffet fait des heureux.
 
PROLOGUE :
La soirée touche à sa fin et la croisière aussi. Si je n’ai pas forcément noué de liens avec la plupart des voyageurs, je ressors, néanmoins de cette aventure, avec un bilan plus que positif. La complicité avec celle qui m’a rappelé, Sarah, ma fille unique, m’a comblé. Disparue beaucoup trop tôt, elle restera, pour l’éternité, une douloureuse blessure qui ne se fermera jamais et, l’espace de ce court séjour, j’ai retrouvé, grâce à Valentine, cette complicité qui nous liait Sarah et moi. Par ailleurs, si je suis venu avec la ferme intention de découvrir le secret de ma naissance, je suis assez dubitatif quant à poursuivre dans cette voie. Mon vœu le plus cher ? Garder le contact avec celle qui, sans le vouloir, m’a fait réfléchir sur le défi que je m’étais lancé. 
 
 
Christiane
 

Rédigé par Christiane

Publié dans #Ecriture collective

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