Il est là, allongé sur ce sofa couleur jaune, assorti aux meubles du salon. Lui, il ne bouge pas, ses muscles sont inertes, seules quelques gouttes de sueur brillantes, aux reflets étincelants, semblent donner mouvement à cette image d’un instant arrêté. Elles glissent, descendent, tracent des arabesques sur les joues mal rasées où quelques poils blancs se disputent le territoire avec les quelques survivants de sa jeunesse passée.

Le ventilateur accroché au plafond blafard, tourne, brasse, mélange l’air tiède du dehors. Sur les vieux phonographes, un tourne disque, un gramophone d’un autre âge, diffuse en boucle une chanson, un air d’autrefois.

Le temps semble s’être figé, arrêté ; marque-t-il une pause, s’est il étiré, allongé, délayé, étalé, pour lui ressembler ?

Le temps et lui sont allongés sur ce sofa couleur jaune.

Lui, il est reposé.

Un bon vivant.
Il aligne à son compteur un fatras de conquêtes, bardé de kilomètres. Plus les plats mijotés.
Un sourire enjôleur séducteur prédateur​ .
Tu l'as connu sur les rives d'Azur où tout se joue au paroxysme. Le soleil qui se lève et puis se couche, la lumière qui asperge, inonde éblouit irradie transperce.
Il se fait chef toqué à l'accent ibérique pour concocter le plus beau des mescluns, la plus belle paella.. les crevettes rosissantes, chorizo doux et riz moelleux, coquilles moulées dans l'huile dégoulinante.
Il ouvre sa grande bouche pour​ manger parler chanter siffler déguster râler enjôler.
Tu lui a servi du vin, un vin blanc corsé de Méditerranée.. un choix délibéré, nectar frelaté pour lui tirer les vers du nez.
Pas les vers de Verlaine, ni même ceux de cristal.. ceux qui frétillent et creusent des trous dans l'humeur de l'humus, ceux qui virent les dinosaures, ou pendent au bout d'un hameçon..
Par suite il s'est confié lâché perdu répandu.. comme un sac de vomi qui tombe du bénitier.
Tu en as profité, sans bouder ton plaisir.. exaltant carnassier pernicieux violent subtil.
En lui prenant les mains que tu as​ cajolées embrassées ligotées menottées.
À toi enfin.
Après tous ces voyages, toi l'amie fidèle, l'amie ​ joyeuse sérieuse pompeuse soyeuse, tous ces chemins de traverse, ces étapes imposées à la poursuite d'un rêve, d'une trêve, un chemin fissuré où tu t'étais ​ perdue vendue tordue recluse, ​ au gré de toutes ces fantaisies vilenies, sans oser suggérer une halte un bémol ou bien l'ombre d'un regard.
Le ciel​ bleu rouge, vert ou violet, jaune ou grenat..​ tout ça t' est bien égal.
Le combat a pris fin faute de combattants.
Encore un dernier verre, une dernière cigarette, que tu portes à ses lèvres en un dernier soupir. Il s'affale et gémit en cette ultime partie, celle qui grise et délivre, à l'abri des regards.
Adieu les banquets les couleuvres avalées, au loin les kilomètres d'une torpeur dévastée fatiguée ulcérée révoltée. Le temps venu de l'absolu.

Dimanche 2 février, la Chandeleur ! Et crêpes-party en famille.

Ça s’agite dans la cuisine. Tonton, tatie, papy, mamy, cousins, cousines en approche.. Faut pas traîner.

Le plan de travail est encombré de farine à tamiser, de lait à verser, de beurre à chauffer, de sucre à ajouter, d’œufs à mélanger.

On sort du placard saladier, cuiller, fouet. On touille, on bat, on mixe, on émulsionne.

Sur la table, un peu de farine s’étale, blanche comme la neige, fine comme du talc, légère comme les fleurs de l’amandier.

L’amandier… Il emplit la fenêtre de sa floraison immaculée, aérienne, poétique, magnifique. Mais ce n’est pas le moment de contempler, rêvasser, s’envoler.. Il y a la cuisine à ranger, la vaisselle à nettoyer, la table à dresser.

Tout est enfin prêt. La crêpière attend la flamme de la cuisinière, la pâte à crêpe se repose dans son saladier. Oranges, citrons, sucre, confitures et pâtes chocolatées occupent le centre de la table, encerclés d’assiettes et de couverts. Ne manquent que les invitées et on va saliver, savourer, déguster, bref… se régaler !

SYNOPSIS

Tout commence le 16 septembre 2019, jour de rentrée pour l’atelier.

Les ‘‘écrivant.e.s’’ se retrouvent autour de la grande table du second étage pour rédiger un recueil sur le thème Le Cinéma.

Les séances ont lieu tous les lundis de 17h à 19h. Elles débutent par un joyeux brouhaha, des échanges, des rires, le temps de s’installer. Chaque fois, un nouveau sujet, inspiré par des répliques, des images, des affiches, des scénarios de films, leur est proposé. Les imaginations font le reste.

Dans la salle silencieuse, la soufflerie de la climatisation bourdonne au plafond. Les stylos effleurent les cahiers d’un bruissement discret. Parfois, un soupir, le tintement d’un téléphone, le bruit menu d’une page que l’on tourne.

Puis vient le temps de la lecture, toujours bienveillant, ponctué souvent de drôlerie. Le recueil prend corps peu à peu, son contenu s’organise, sa mise en page se dessine.

Mais les auteur.e.s sont si productifs ! Les textes sont trop nombreux. Il faut choisir. Chacun doit faire une sélection de ses meilleurs écrits. Quel dilemme ! On aimerait tellement que tout soit édité !

La solution du problème sera virtuelle : tous les textes ainsi que les sujets qui les ont inspirés sont publiés sur le blog de l’atelier :

http://un-atelier-d-ecriture-a-nice.over-blog.com/2019/07/le-cinema.html

Pour clore cette laborieuse saison de travail, en juin, une fête est organisée par AnimaNice Bon-Voyage. Le recueil est gracieusement distribué aux auteurs, aux invités.

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LES PLANS-SÉQUENCES

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LE CASTING

Avec, par ordre alphabétique,

Benoît, Bernadette, Bernard, Brigitte M., Dany-L, Dominique, Évelyne, Françoise M., Françoise S., Gérald, Hervé, Iliola, Jacqueline, Leslie, Louis, Mado, Monique, Nadine, Renée.

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BENOÎT dans :

- Salle 5, à l'étage

- Une belle ardoise

- Quelques jours à Nice

- Histoire de nouilles

- Reprise à 15 heures

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BERNADETTE dans :

- Deux pattes qui ne courront plus, suivi de Deux Pattes merveilleuses

- Mémoire de salle obscure

- Ennui or not ennui ?

- A retenir cette semaine

- L'histoire reconstituée

- Association d'idées

- Ekphrasis - ENTRACTE

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BERNARD dans :

- Mon Héros

- Le Choix

- Quelques notes de musique, suivi de Un Brouillard intense

- Impression

- Dialogue..

- Un négatif qui se révèle!

- Nuances de gris

- Associations d'idées

- Jeune comédien

- Un instant de bonheur

- Scène de film

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BRIGITTE M. dans :

- Grand Ecran

- Dialogue d'acteurs au Paradis (Hommage à Audiard)

- Séance au 7ème ciel !

- Antoine, mon calvaire

- Entracte (d'après Edward Hopper 1963)

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DANY-L dans :

- Protection rapprochée

- Brigitte B

- Le petit-fils d'Arsène Lupin

- Court métrage

- L'entracte

- Photo de rue

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DOMINIQUE dans :

- Le Film

- Dialogue au Paradis entre Lino Ventura, Jean Gabin, Arletty et l'écrivaine

- En cette année du Centenaire des légendaires Studios de La Victorine

- Mémoires d'un Gant, suivi de Les Eclairs

- Mémoires d'un Tapis rouge

- La chute

- Secret d'une vie réussie

- Onirisme dérangeant

- Associations d'idées

- Découverte aux studios de la Victorine

- Entracte

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EVELYNE dans :

- Couleurs

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FRANÇOISE M. dans :

- Cinéma, cinéma !

- A bâtons rompus

- Le Chapeau

- Festival

- Pain et beurre

- Sage Femme

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FRANÇOISE S. dans :

- Le velosolex de Jacques Tati

- Le fauteuil rouge du cinéma disparu

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GÉRALD, lauréat du "Concours de la Nouvelle Sénior" 2019 à Nice avec "Romance inachevée" dans :

- Romance inachevée

- L'Alambiquée

- Serre céleste

- I.N.I.M.I.T.A.B.L.E

- Vent porteur

- Rencontre inattendue

- Les Studios

- Cinéma Passion

- Quelle galère !

- Clap de fin

- Le tonneau

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HERVÉ dans :

- Cinéma en Amazonie

- Imaginez un dialogue

- Marcellin

- La paire

- Bon pied la route !

- Victorine

- Entracte

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ILIOLA dans :

- La triste histoire de la voiture du Corniaud

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JACQUELINE, sélectionnée lors du "Concours de la Nouvelle Sénior" 2019 à Nice avec "L'unique, la belle, la divine Victorine" dans  :

- Nice la belle

- L'unique, la belle, la divine Victorine

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LESLIE dans :

- Au cinéma

- Titanice

- Fin de vie poussiéreuse

- La Naïveté

- Les associations d'idées

- Coup de foudre à l'horizon

- Les studios de la Victorine

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LOUIS dans :

- Cinéma, cinéma ?

- Cinéma

-Rétrospective

- Casse

- Relâche

- Poème à Gérard Depardieu

***

MADO dans :

- Le Rôle de ma vie

- Un soir au ciné

- Méli-mélo

- La Jactance au Paradis

- Histoire de cinéma

- Passage-éclair

- Mécanique sensible, suivi de Juste une clé à molette

- Charlot, Les Temps modernes, la tendresse

- Paroles d'atelier

-  La fée-ciné

- Mina  minaude

- De fil en images

- Écran noir

- On raconte...

***

MONIQUE dans :

- Juste avant le film

- L'éternité, tu parles !

- Un visiteur un peu encombrant

- Catherine, non !

- Les irréductibles du tapis rouge

- La rédaction

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NADINE dans :

- Dans les limbes

- Tonton Tati

- Festen

- Rêve de Fauteuil

- Ciné-chute

- Imbroglio

- Nouvelle vague

***

RENÉE dans :

- Le fauteuil

- Pierre

- Le billet du cinéphile

- Le mari de la coiffeuse

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LES CADAVRES EXQUIS

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LES IMAGES

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Clap de fin –

Histoire terminée

fatigué

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Il faisait une chaleur étouffante sur ce tournage. On était à la vingt-quatrième prise, tout le monde était épuisé.

Laurent, le metteur en scène « rameutait » ses troupes à l’aide d’un porte-voix. « Allez, mes brebis, disait-il, encore un petit effort, il fait chaud, je sais, le succès est au bout ».

• On peut se baigner un peu, demande Sébastien, j’ai chaud, j’ai soif.

• Non, encore une scène avec toi, après tu pourras aller jouer. Tu es une graine d’acteur, accroche-toi.

Il avait mis l’échelle hors du champ de vision, il n’en avait pas besoin dans l’immédiat.

Sébastien se lamente en sourdine, gémit sans compter. Pour son premier film, il est gâté : un metteur en scène alcoolique et des acteurs « Has been ». C’est bien sa veine ! Il ravale ses critiques, ébauche un sourire.

De toute façon, il a besoin de ce cachet pour payer son loyer, et puis un tournage tous frais payés sur la Côte d’Azur, ça ne se refuse pas…

Et puis il ne faut pas trop se griller sur un tournage, si on veut que notre téléphone sonne régulièrement.

C’est pas tout ça, mais midi sonne… Si on allait casser la croûte ? Ca détendra tout le monde et on repartira d’un bon pied, le ventre plein, suggère Sébastien.

Je suis pour, j’en rêve, un bon plat de pâtes à la sauce tomate, le tout arrosé d’une bonne bière. Allons. Après l’heure c’est plus l’heure.

Là, tu es à ton premier tournage, Sébastien ? Tu as encore beaucoup à apprendre !

Il croyait quoi Sébastien, se la couler douce. Ce n’est pas parce qu’on est sur la Côte d’Azur qu’on se tourne les pouces. Nous les Niçois, nous sommes des bosseurs ! Je baille.

Sacré Seb, cabot en diable et mauvais acteur, il a coulé plus de films à lui tout seul que la Marine française de navires ennemis en mille neuf cent cinq.

Bon, c’est la chaleur qui a dû leur ramollir le cerveau, ils ont tous l’air bourrés. Je crois qu’il va falloir faire la pause.

Allez les gars, on arrête, on reprend dans une heure et vous y allez mollo sur le rosé et la bière !