JEUNE COMÉDIEN

Publié le 27 Décembre 2019

Jeune comédien venant de Lille, je débarquais sur le quai de la gare de Nice, dans ma poche une adresse et un nom écrits sur une carte de visite. Je repérais un taxi qui me conduisit à l’adresse indiquée.

Et voilà, me voila seul devant ce lieu magique qui allait peut-être m’ouvrir les portes du succès.

L’entrée, une invitation à rentrer de plain-pied dans le monde de l’irréel. Un grand portique blanc et sur son fronton, en lettres bleues comme une formule magique, « Studios de la Victorine ». Je n’ai jamais su qui était Victorine… les deux palmiers plantés de chaque côté semblaient monter la garde et nous rappelaient qu’ici nous étions dans le sud alors, on évite les questions.

Je restais un moment à contempler ce rêve, mon rêve, quand une voix me sortit de ma rêverie :

  • Vous désirez ?

C’était le gardien, je lui expliquais qui j’étais et le pourquoi de ma présence.

Il m’indiqua l’emplacement du studio, deuxième rue sur votre gauche.

Devant moi une sorte d’avenue bordée de bâtiments grimpait vers le sommet. Elle devint pour moi la voie sacrée tapissée de rouge version Cannes ; j’arrivais devant le bâtiment sur lequel était écrit en grosses lettres Studio de tournage.

A peine rentré, le metteur en scène m’accueillit les bras ouverts. Enfin vous voilà, votre loge est au fond derrière le décor. Ma loge, enfin une table, une chaise, loin de ce que j’avais imaginé. Je me regardais dans la glace auréolée de lumière, j’y étais mon premier rôle.

Mon premier rôle dont j’ignorais le scenario ! Au téléphone le metteur en scène m’avait rassuré :

  • Tu verras c’est simple, le scenario tient en quatre pages

En effet, sur la table quatre feuillets semblaient m’attendre. Fébrile, je les ai pris. Le titre me surprit.. « Meurtre à la Victorine ».. j’ignorais que j’allais jouer dans un policier.

Au fur et à meure que j’avançais dans ma lecture, une sueur glaciale me coulait dans le dos. Je relus plusieurs fois pour être sûr de bien comprendre mon rôle. Je devais simplement mourir et pour que cela soit réaliste l’acteur principal devait m’assassiner avec un couteau.

Mon premier rôle serait le dernier. Aussi, quand le metteur en scène cria ‘‘on se dépêche, on va tourner’’, je pris mes jambes à mon cou, oubliant mon rêve, le tapis rouge, les palmiers et le soleil. Je bondis dans le premier taxi pour la gare, pour fuir les projecteurs de la gloire et retrouver la simplicité de l’ombre de ma vie.

Rédigé par Bernard

Publié dans #Cinéma

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