MARCELLIN

Publié le 18 Octobre 2019

Synopsis S.F.

 

A douze ans Marcelin est un orphelin rêveur, chasseur de champignons dans la forêt de Montrency. Il sait où les cueillir, ceux sont ses maigres ressources une fois échangés aux bourgeois de la ville contre une écuelle de soupe épaisse ou quelques piécettes.

Alors qu’il s’apprête à couper une trompette de la mort il est surpris par un terrible bruit, un sifflement inconnu, venu d’un autre monde. « Dieu rappelle les siens » est sa première pensée. La terre tremble, les chênes, les hêtres s’entremêlent en tombant dans un vacarme assourdissant, les bouleaux blancs zèbrent les ténèbres. Chevreuils, blaireaux, écureuils fuient en tous sens hurlant des cris déchirants.

Brusquement un silence d’outre-tombe à peine troublé par le bruissement des derniers fuyards dans les fourrés, un épais voile de suie noire couvre toute la nature, et lui aussi. « Dieu est en deuil » est sa deuxième pensée, la troisième « de son étoile, maman ne pourra plus me voir, sans sa protection je vais mourir ».

 

Lové contre la souche d’un frêne cassée, Marcelin se réveille lentement. Dans sa main il serre toujours la craterelle. Une douce chaleur remonte le long de son bras engourdi, il sent le champignon maintenant pourpre étincelant palpiter au rythme de son cœur. Mais la chaleur augmente, les battements s’accélèrent, la forme évolue, grossie, oblongue. Il se lève pour s’apercevoir que les tremblements s’atténuent, l’ardeur diminue, rouge puis rosée la couleur devient opalescente. De cette gangue éclot une sirène d’une taille égale à la sienne. Sa chevelure rousse éclabousse ses épaules jusqu’à ses seins en fleurs de lotus. De son ventre replet part sa queue de poisson vert de gris. Elle baigne dans un limbe de pure clarté.

 

Marcelin a peur, une bulle se forme autour d’eux, imperceptiblement elle s’élève dans la nuit fuligineuse. Mélusine tente de l’attirer, veut le rassurer, Marcelin trépigne, tape contre la paroi, La fée se fâche, explique que ce n’est qu’une fragile bulle de savon, qu’ils ne sont pas encore sortis de l’attraction terrestre, qu’une explosion les ramènerait à leur point de départ. Marcellin s’énerve, lève le bras pour donner une gifle à sa co-bullée. La colère déforme le joli minois, elle lui balance un formidable coup de queue dans un endroit très sensible de l’homme qu’il deviendra plus tard. Prostré, Marcelin coince la bulle, l’empêche de poursuivre son ascension, d’un second coup de queue il est remis à sa place initiale. La progression reprend sa course. L’aube du premier jour interstellaire les surprend, endormis dans les bras l’un de l’autre.

 

Alerté par son septième sens, Mélusine se réveille en sursaut, aperçoit au loin un vaisseau de guerre spatial aztèque, un ancien modèle datant de moins huit cent avant J.C. Heureusement, il est mal placé alors qu’elle a du champ. Rapide, elle suit sa première intuition, pique vers la lucarne formée par les rayons de deux lunes. Le vieil engin n’en a pas suffisamment dans les chaussettes, il tire un antique boulet. Mélusine rit, elle leur fait tout, elle sait que toutes les minutes qui passent lui sont favorables. Assis, Marcelin se demande comment faire pour récupérer ses champignons, il a faim, et sans sa cueillette pas de soupe. Compatissante la sorcière lui explique qu’ils sont sur le chemin de Compostelle, une bourgade située à quelques années lumières sur Andromède où il retrouvera sa Maman.

En l’an de grâce mille deux, quatre jours avant la fête de Pâques, une météorite heurte la terre dans la région des puys. Il faudra un long temps avant que ne repoussent les champignons.

 

Clap de fin !

 

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Rédigé par Hervé

Publié dans #Cinéma

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