Publié le 2 Mai 2024

 

Je l’ai vue, je le vois et je le verrais éternellement. Ce personnage fait partie de moi même et me suit comme mon ombre. Il ne parle jamais, pourtant sa présence est palpable et son silence est criant. Il essaie parfois de fabriquer des mots d’amour, il en ressent le besoin mais il n’a pas les outils nécessaires. S’il insiste dans cette voie il faudra qu’il les modèle à mains nues. Ses doigts pétriront ses sentiments comme un boulanger qui prépare sa pâte à pain avec soin. Saura-t-il le faire ?

Sortis du four, les uns après les autres, il laissera les mots tiédir, parce que la passion dévore celui qui ne sait pas la tenir en laisse. Apprendra-t-il à les dire ? Avec ses lèvres, avec ses yeux et rajouter le cœur pour habiller ses sentiments d’un paquet cadeau ?

Des lèvres le plus souvent closes, ne laissant pas voir des dents habituées à mordre et à déchirer la nourriture plutôt qu’à la déguster. Des yeux qui, tels des fontaines, ruissellent de larmes à la vue de leur entourage et de frustration pour tout ce qu’ils ne voient pas. Et le cœur ? Avec tout ça ? Il bat par habitude, plus pour lui que pour les autres. Même ce organe de vie peut être un muscle égoïste. Il a un rôle à jouer et l’amour ne fait pas partie de ses priorités.

La tête penchée, ce personnage regarde le ciel en l’implorant, mais celui-ci le refuse, son heure n’est pas, tout à fait, venue. Il se perdrait, en cours de route, car aucun phare n’éclairerait son chemin et il errerait sans fin et sans but dans les méandres de l’infinie.

Il tend ses bras vers les nuages. Il les appelle. Il donne l’image d’un arbre décharné, frappé par la foudre. Ses branches privées de feuilles, de fruits et de fleurs essaient d’attraper un bout de ciel, mais ses efforts sont vains. Il va s’écrouler, ses forces l’abandonnent. Le verre du miroir qui raconte ma vie se fend.

Je perd la vue, au loin on m’appelle. Une force irrésistible m’attire. J’ai le temps de voir le miroir se briser… Et la lumière s’éteint.

Tout vient à qui sait attendre.

 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 27 Avril 2024

La nuit étire son manteau sombre sur la ville. Les sept totems, qui ont titillé mon subconscient, entrent en action éclaboussant de leurs faisceaux lumineux multicolores la place Masséna. Il serait raisonnable de rentrer, cependant une irrésistible envie de poursuivre ma balade en nocturne guide mes pas direction le vieux Nice. J’y suis née et j’ai toujours grand plaisir à flâner dans les entrailles de « Nissa la Bella ». Sans but précis, j’emprunte le passage de la Porte Fausse pour entrer dans le cœur de la plus belle ville azuréenne. Malgré sa voûte dorée et ses faux marbres, ce « trait d’union » entre passé et présent, m’a toujours impressionnée. Sombre, parfois mal odorant, je l’ai, quelquefois, qualifié de lugubre. Aujourd’hui, faisant fi de mes craintes, je décide de m’y attarder afin d’admirer la fresque de Sarkis. Soudain, un couple qui se tient par la main, attire mon attention. Lui grand, mince, assez musclé, donne des signes de nervosité évidente. Elle, visage juvénile, teint de porcelaine semble troublée. Ils descendent vivement les escaliers, peut-être un peu trop rapidement pour la jeune fille qui a failli trébucher à ma hauteur. Elle s’insurge mais reçoit, en retour, un regard glacial qui en dit long sur la tension qui les oppose. Sans qu’il n’y prenne garde, elle lâche, de sa main crispée, un petit bout de papier froissé et me lance une œillade affligeante qui m’apostrophe.

  • Et si ce geste inqualifiable n’était pas un manque de civisme !
Je me courbe aussitôt, le ramasse discrètement et le déplie,
  • « Au secours » !
Un frisson parcourt mon échine. L’écriture saccadée, de cet appel à l’aide, laisserait supposer que ces mots ont été griffonné dans la précipitation. Dilemme, intervenir ou passer mon chemin ? J’avoue hésiter, il est tard et, qui plus est, aurais-je du répondant pour faire face à un éventuel danger ? Sans réellement réfléchir aux conséquences, j’emboite leurs pas. Au bas des escaliers ils tournent à gauche, rue de la Boucherie. En ces lieux, la foule est plus dense à la tombée de la nuit, je dois donc m’activer pour ne pas les perdre de vue. Ma première réaction ? Jouer la carte du touriste en quête de photos insolites.
  • Sûrement le réflexe d’une lectrice de polars
Là, tavernes et autres négoces de spécialités locales pullulent et, aux prémices de la nuit, nombreux sont les noctambules à la recherche du plus typique troquet pour se restaurer. Portable en mains, les yeux rivés sur ce binôme mystère, j’essaie de me frayer un passage parmi la nuée de promeneurs qui vont et viennent. Cela dit comment intervenir en cas d’agression ? Je n’ose l’imaginer. Au carrefour de la rue du Pont Vieux ils prennent à droite, rue du Collet. Elle se retourne comme si elle espérait une intercession divine. D’un geste relativement brutal, il la tire, l’enlace et l’embrasse. L’étreinte, qui ne me semble pas forcément appréciée par la demoiselle, me laisse néanmoins pantoise.
  • Me serais-je trompée au point d’attribuer, à ce jeune homme, des intentions malsaines ?
Feignant d’apprécier l’éventaire d’un négoce de tissus provençaux, je les suis du regard. Côte à côte, son bras, posé sur l’épaule de la belle, m’attendrit mais je déjoue rapidement cette mise en scène. Devant un glacier où de nombreux amateurs font la queue, deux policiers sont de faction.
  • Oserais-je les interpeler ? Mais pour les alerter sur quoi ? Je me dois de poursuivre mes investigations avant d’engager quelque action que ce soit. Il faut se rendre à l’évidence, sans aucun élément concret, ce ne sont qu’extrapolations délirantes personnelles.
Quelques secondes plus tard, ils pressent le pas, s’engagent dans la rue Benoit Bunico et bifurquent dans la rue Sainte-Claire. Ce lieu, désertique et sombre à la fois, est loin de me rassurer mais, résignée, je poursuis ma filature en prenant soin de ne pas les rattraper. Investie d’un sentiment d’insécurité, je ralentis jusqu’à ce qu’une certaine distance nous sépare. L’oppression est grandissante aussi je reste à l’affut de tout mouvement suspect. Au fond, à la lueur d’un réverbère, leurs silhouettes se dessinent en ombre chinoise sur le mur d’une vieille bâtisse flanquée d’un porche à ouverture béante. Les voix qui animaient joyeusement la rue commerciale s’estompent peu à peu, ce qui me fait craindre l’isolement ! Alors que j’avance timidement, mes pas, à peine audibles, crissent sur les pavés. Je tends l’oreille lorsqu’un molosse surgit de la pénombre et me fait sursauter. Il aboie si fort qu’il me glace le sang. Pétrifiée et incapable de me mouvoir, je retiens ma respiration. Je suis tétanisée à l’idée qu’il puisse me mordre mais, paradoxalement, il me renifle et s’éloigne sans broncher. Je vis la minute la plus longue de ma vie avec l’impression d’être seule au monde. À une trentaine de mètres de la montée Menica Rondelly qui mène à l’allée François Aragon, je me rends compte que j’ai perdu leur trace. Soudain, je crois deviner leur destination finale,
  • Seigneur ! Le cimetière du Château !
Aucune âme qui vive dans cet endroit macabre. L’obscurité est totale. La gorge serrée, je m’efforce de déceler tout bruit suspect. Mais rien, un profond silence. Mon pouls s’accélère, je peux même entendre les battements de mon cœur. Mon souffle est court, ma main tremblante attrape fébrilement la mini lampe torche accrochée à mon porte-clés. Si la lumière est faible, elle me permet de me diriger jusqu’à l’entrée de la nécropole. Le lourd portail de fer est entrouvert, ce qui n’est vraiment pas de bon augure car il est toujours fermé à cette heure-ci. J’hésite mais, malgré ma frayeur viscérale, aller à son secours me motive à m’engager dans l’allée principale. Tous mes sens en éveil, j’avance furtivement.
  • Mais où sont-ils passés ? J’espère que ce n’est pas trop tard !
Derrière moi, déchirant le silence, le portail racle le sol. On me suit…. Instinctivement je fais un demi-tour sur moi-même. Deux personnes, torche à la main, s’avancent d’un pas décidé. La boule au ventre je prends conscience que je suis prise au piège.
  • Serais-je en mesure de me sortir de ce pétrin ?
Avant de trouver la réponse qui convienne, le fameux duo, caché derrière la stèle d’une tombe, émerge brusquement.
  • Ciel un guet-apens !
Face à quatre agresseurs potentiels, je me sens totalement impuissante et je défaille. 
  • Calmez-vous, Madame, vous êtes en sécurité. Ce n’était qu’un simple pari.
Le ton employé, se veut rassurant mais la colère m’emporte…
  • Mais comment ça un pari ? Ça ne va pas non ? J’ai frôlé la crise cardiaque !
  • Nous vous prions d’accepter toutes nos excuses. Nous avions parié que, dans un monde de plus en plus égoïste, nul ne volerait au secours d’une personne menacée. Et bien c’est raté, vous nous avez prouvé le contraire
J’ai eu du mal à m’en remettre mais, croyez-moi si vous voulez, ma soirée s’est terminée en bonne compagnie, dans un pub devant une assiette de socca et un bon verre de vin.
 

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Rédigé par Christiane

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Publié le 26 Avril 2024

 
L’air était frais pour la saison... Même froid ! En cette fin de journée du mois de Mai, le ciel clair du matin avait décidé de s’habiller de nuages obscurs comme s’il portait le deuil d’une morne journée qui s’obstinait à ne pas mourir.
Pierre, attablé à la terrasse d’un café, promenait un regard sans vie sur cette avenue aussi déserte qu’un tombeau tout neuf qui attend, avec férocité et gourmandise, qu’une âme perdue vienne répondre à ses appels.
L’esprit occupé à ne rien voir de ce paysage dénué du moindre intérêt, Pierre mit un certain temps à apercevoir, traversant ce début de coucher de soleil, une silhouette qui venait dans sa direction d’un pas ferme et déterminé. Elle se matérialisa et ses lunettes à triple foyer lui donnèrent la réponse. Une femme. Une très belle femme. Très chic, elle portait, avec la nonchalance de l’habitude, des vêtements que l’on peut voir, le plus souvent, lors des défilés des salons des grands créateurs du moment.
Elle s’approcha, lui sourit et demanda, d’une voix de diva…
- Bonjour, puis-je m’asseoir à votre table ?
- Que je sache, Madame, la terrasse est vide et rien ne vous empêche de choisir une table à votre convenance.
- C’est vrai. Mais c’est vous qui m’intéressez et c’est avec vous que je souhaite parler.
- Allons, Madame, trêve de plaisanterie. Je ne suis ni beau ni intelligent et à votre place je ferai très attention à qui j’adresse la parole. Les temps que nous vivons conseillent la prudence. Vous devriez suivre mon conseil.
- Ne croyez-vous pas que les conseils sont barbants et que l’on peut satisfaire son besoin de savoir en toute innocence avec celui qui sait ?
- Celui qui sait ? Dieu merci ! Mille fois merci ! Je suis d’une ignorance crasse et celle-ci fait mon bonheur. Il est hors de question que je lui fasse défaut.
- Voyez-vous cette église en face de nous ? Il paraît que l’ancien prêtre de la paroisse était tellement pieux qu’il a fini son sacerdoce à Rome en tant qu’évêque.
 
- Vous voulez parler de Monsignori « Je ne sais pas qui »
- Oui, de Monsignori « je ne sais pas quoi »
 
- Il m’a baptisé.C’est lui qui a imposé mon prénom. Le bruit courrait qu’il avait beaucoup fauté et que sa promotion à Rome venait à point nommée. Il ne répondait à aucune question, surtout à celles qui avaient des rapports avec sa vie privée. Où l’avez-vous connu ?
- Il était si prés de Dieu que ses ouailles ne faisaient plus la différence. Ils arrivaient à se tromper et à prendre l’un pour l’autre…
- Oui ! Surtout les femmes. Toutes celles qu’il entendait en confession. La pénitence était assez originale. Sa réputation a précédé sa mutation. Mais vous n’avez pas répondu à ma question ?
- Il m’a baptisée, moi aussi, et c’est lui qui a choisi mon prénom « Madeleine ». Ce qui laisse supposer que nous ayons, vous et moi, un point commun.
- Vous... Tu veux dire que peut-être... Nous pourrions être frère et sœur ? Enfin demi…
- J’ai eu du mal à te retrouver. Mes moyens m’ont permis de faire appel à des professionnels. C’est d’ailleurs grâce aux problèmes que tu as eu avec la justice que nous avons pu faire le lien.
- Que sais-tu de ma vie ? Toi par contre, tu as l’air de bien te débrouiller.
- Six fois veuve. Ça aide à établir un plan de carrière. Mais parlons de toi. Combien en as-tu tuées? La justice n’a pas les yeux nécessaires pour voir clair ce qui peut paraître obscur, mais moi je n’ai pas besoin de lunettes.
Pierre resta silencieux. Les yeux dans les yeux, il étudia Madeleine. Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête. Que voulait cette greluche ? Etait-elle ou n’était-elle pas ? Que savait-elle vraiment ? Une excitation incontrôlable le prit en otage. Il fallait qu’il se calme. D’autant plus que Madeleine souriait avec une assurance qui l’inquiétait.
- Ta question ne te paraît pas un peu ubuesque ? Dans un cas comme dans l’autre tu prends des risques. Le premier étant de te tromper et d’accuser un innocent d’une série de crimes plus atroces les uns que les autres. Le deuxième étant de risquer ta peau si ce que tu prétends est avéré .
Son sourire ne la quittait pas. Elle prit le parti de s’asseoir. Ses coudes sur la table, elle reposa sa tête dans ses mains et demanda…
- Si tu m’offrais un verre, on continuerait notre conversation familiale de façon détendue, tu ne crois pas ? Si tu veux, je peux répondre à la question que tu ne me poses pas… La dernière que tu as tuée n’a pas encore été découverte. Sa disparition est trop fraîche pour être prise en compte. Deux jours, c’est trop court pour que la justice s’y intéresse. Je sais où elle est, mais je n’appartiens pas à une entreprise funéraire. Laissons faire les ouvriers. Il faut bien que tout le monde vive. Je suis pour le partage des richesses. D’ailleurs, je ne vais pas tarder à me remarier et le promis a de gros moyens. Tellement gros que je vais faire mon possible pour le décharger de ce poids qui pèse si lourdement sur ses frêles épaules.
- Ce qui fera sept. Qu’est-il arrivé aux six précédents ?
- Les hommes sont toujours imprudents. Ils ont tous fait l’erreur de me désigner comme légataire universelle alors que je ne leur avais rien demandé. Que veux-tu ? Si tu donnes le bâton pour te faire battre…
-Je vais rentrer chez moi. Je suis un peu fatigué, nous boirons un verre ensemble une autre fois. Il faut que je digère dans le calme et le silence notre rencontre. Apparemment nous avons vraiment des points communs. Tu sais certainement aussi bien que moi où j’habite. Je suis sûr que je te reverrais.
Pierre se leva de sa chaise et partit sans se retourner. Elle est riche, pensa-t-il et il semblerait que je sois son seul parent. Il faut d’abord que je me renseigne sérieusement. C’est là une grosse affaire, sur deux plans…
Dans un sens, ça me ferait de la peine s’il lui arrivait un accident.
 
Encore assise, Madeleine commanda son apéritif. Les nuages s’étaient disloqués, la vie renaissait sur l’avenue et elle prit la résolution de se méfier de ce demi-frère. Pierre avait une préférence pour les belles femmes et comme son miroir ne mentait pas, elle savait qu’elle risquait de provoquer en lui une attirance plus mortelle que fraternelle. Elle avait la possibilité de la solution extrême en cas de besoin. L’argent permet tout, il serait déraisonnable de l’oublier.
 
Que voulez-vous, les chiens ne font pas des chats.
 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 24 Avril 2024

 

De ce petit hôtel restaurant de l'avenue Jean Médecin, j'ouvre tous les soirs la fenêtre de la cuisine où je travaille. J'ouvre juste assez pour voir les lumières de la rue. Bizarre ces points, ces tirets; Monsieur m'a dit que c'était trop compliqué à comprendre pour moi. Je suis sûre qu'il n'y comprend rien lui-même. Ça doit être un grand artiste qui a créé ça !

En faisant la vaisselle, je commence comme d'habitude mon rêve éveillé tout en regardant attentivement les illuminations bleues.

Et comme d'habitude, je commence ma prière : "Sainte Marie, mère de Dieu…". C'est l'heure où elle descend la Vierge Marie, elle m'enveloppe de son manteau azur. Elle est là pour me protéger, m'apprendre à aimer et à voir autrement ce qui m'entoure. Elle me tire et m'emmène très très haut vers le ciel turquoise.

Elle fait une pause et me montre notre planète bleue. Mes yeux sont écarquillés. Quelle merveille! Elle me redescend tout doucement. Nous survolons le désert. Là où vivent les Touaregs. Ils nous regardent passer. On ne voit que leurs yeux doux qui sortent du chèche indigo.

Puis, elle me balade au-dessus des superbes dunes en direction du magnifique océan marine.

Mon cœur fond de tendresse en voyant la belle baleine bleue sauter, plonger et ressauter à nouveau en m'aspergeant d'eau.

Au loin, on entend une chanson douce :"Je te dirai les mots qui rendent les gens heureux…".

Réveil soudain. La porte s'ouvre violemment ; "Alors, toujours en train de rêvasser au lieu de bosser ! Tu en veux des bleus sur ta peau de black?". Grand éclat de rire de méchant patron.

Là, je remonte loin, loin du temps de mes arrières, arrières, arrières grands-parents. Dans le champ de coton bleu du reflet du ciel, Les chants langoureux et prenants du gospel commencent.

Puis là une pointe, une douleur au cœur. Toujours ce blues qui revient !

 

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Rédigé par Ghislaine

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Publié le 20 Avril 2024

 
Après mon délicieux passage à la confiserie de la rue St François de Paule, je m’aperçois que cette promenade le long des œuvres d’art du tram a duré tout l’après-midi. Il est temps de rentrer à Nice-Nord. L’air est si doux et la mer si proche ! Comment ne pas aller la contempler et respirer son parfum iodé avant de m’enfermer dans un wagon bondé ? Elle est d’un bleu sombre en cette fin de journée. Le bleu et ses nombreuses variantes sont bien connus à Nice ! Je décide de remonter à pied l’avenue Jean Médecin jusqu’à l’Amorse du bleu, œuvre de Yann Kersalé, une succession de points et de traits de différents tons de bleu suspendus entre les deux côtés de la rue. Elle sera sans doute déjà lumineuse puisque la nuit tombe.
Je l’aperçois de loin mais quelque chose d’étrange attire mon regard et mes oreilles. Un doux chant de voix de femmes envahit l’espace, pourtant je ne vois aucune chorale sur l’avenue. Soudain les lumières bleues de l’Amorse se changent en feux d’artifices multicolores. Chaque point, chaque trait devient une rosace éclatante. Je reste bouche bée devant ce spectacle, bercée par la mélodie et émerveillée par les jets de lumières chatoyantes projetés en cascade dans le ciel et rebondissant sur les façades des immeubles. Instant magique que j’ai envie de partager avec les passants. Je me retourne mais il n’y a aucune réaction de leur part. Ils marchent tête baissée ou attendent le tram, la mine fatiguée. Ils ne voient rien, n’entendent rien de cette féerie. Pourtant les pétarades continuent là au-dessus de ma tête, de plus en plus fournies, joyeuses, éclatantes, semblant se répondre les unes aux autres pour réaliser un mystérieux message codé. Ces voix chantantes de femmes venues de je ne sais où continuent à m’enchanter. Serait-ce les sirènes entendues par Ulysse, tellement plus harmonieuses que celles qui résonnent dans la ville chaque premier mercredi du mois !
Les ombres sur les façades se succèdent, s’amplifient, se précisent même. On dirait des bouddhas bedonnants, et, surprise, parmi eux, Ben, oui je le reconnais ! Il porte un chapeau, assis sur un immense cheval de bois. Il me fixe en articulant quelque chose que je ne comprends pas, un nouvel aphorisme sans doute. Quelle fête, quelle ambiance ! L’Amorse du bleu vire aux couleurs de l’arc en ciel et le langage morse des explosions me délivre un message joyeux et endiablé !
Je me sens légère, je plane. Quand soudain quelqu’un pose doucement une main sur mon épaule. « Tout va bien Madame ? » Je redescends sur terre. « Je vous observe depuis un moment, vous fredonnez tout en marchant le nez en l’air, l’air émerveillé et parfois vous poussez des oh ! et des ah ! » Je regarde ébahie cet homme immense qui s’adresse ainsi à moi avec un fort accent grec. Il est curieusement vêtu pour un Niçois et pour la saison : jupe courte, bonnet sur la tête, pieds nus, il sent l’odeur du large et la peau de bête. Ulysse !!!!! Attiré sans doute par le chant des sirènes lui aussi, il a certainement amarré son bateau au port. Jamais je n’aurais imaginé le rencontrer ici à Nice en 2024 !
Finalement « attendre l’impossible » c’est possible !
 

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Rédigé par Mireille

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Publié le 19 Avril 2024

 
Les curieux échanges avec les bouddhas de la place Masséna m’entraînent irrésistiblement vers le centre ville niçois. Depuis cette soirée, le tram me transporte vers un univers irréel. J’ai la sensation de voguer sur un flot musical qui se diversifie au fil de mes déplacements.
En cette fin d’après-midi j’évolue dans un tourbillon romantique au son du «  Beau Danube bleu » incontournable valse viennoise. Étrange coïncidence je me retrouve sous le charme de l’Amorse du bleu, créé par Yann Kersalé, arrêt Jean Médecin. Cette féerie de guirlandes lumineuses aux divers tons bleutés s’agitent sous mes yeux. Sans le moindre vent, elles virevoltent incontrôlables mais avec élégance. Soudain les loupiotes s’animent, traçant des traits, des points, une écriture inconnue qui finit par laisser apparaître quelques mots : Il était une fois…
A ce moment là j’aperçois un halo lumineux qui s’anime dans le ciel obscur. Je reconnais la silhouette d’une femme aux contours harmonieux. Elle porte une robe de grand vent, ses yeux sont en forme de cœur, ses longs cheveux ondulés ont les reflets d’un soleil couchant.
- Qui es-tu ? Un ange gardien !
Pour toute réponse, des rayons dorés glissent sous sa robe en voiles tissés aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ils dévoilent la beauté d’un corps à la peau satinée. Elle frôle de ses ailes mes pensées, sublime moment d’une douce caresse. Ses mains opalines se mêlent aux miennes et glissent entre mes doigts un objet scintillant.
Seul le silence nous entoure, vision magique d’une créature surprenante entourée d’étoiles.
Elle n’a ni le pouvoir de marcher sur terre, ni la parole mais je ressens la chaleur d’un souffle envoûtant.
Elle dépose sur les fils bleus des baisers avant de disparaître dans la nuit éclairée par un croissant de lune.
Est-ce un rêve ? Je n’ose y croire. Pourtant je sais que cette muse m’a insufflé l’ivresse des mots.
En effet je viens d’inscrire le mot « FIN » au scripte dédié au tournage d’un film pour enfants. Il sera mis en scène par la troupe amateur des jeunes cinéastes de la « Porte Fausse ».
De l’ombre à la lumière, il n’y a qu’un pas.
 

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Rédigé par Josiane

Publié dans #Ville

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Publié le 19 Avril 2024

 
ATELIER :
Assonances et allitérations
 
LECTURE :
Monologue du graveur des Merveilles – Michel Butor
 
SUJET :
Choisissez un des tableaux, et traduisez l’écriture particulière des artistes en renforçant le propos par quelques assonances et allitérations.
Henri Michaux

Henri Michaux

Henri Michaux

Henri Michaux

Martine Estibotte

Martine Estibotte

Max Ernst

Max Ernst

Max Ernst

Max Ernst

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LES TEXTES

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Après les textes, nous avons tenté un calligramme collectif avec un extrait de nos textes respectifs. Si le résultat laisse à désirer, nous, on s'est bien amusées ! 😀

ATELIER 4 : Les signes

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 19 Avril 2024

Un vieux chien désespéré court, il parcourt la route…
Chien qui tourne, chien perdu ; sous un pont il cherche des odeurs, sans succès…quel malheur ! D’une voiture on l’a jeté sans pitié. Son maître, un peu fou, ne voulait plus s’encombrer d’un vieux toutou.
Le chien, plein d’amour, croit encore au retour dans sa maison près de la rivière, là où des poissons nageaient entre les pierres…Pour eux, la liberté, pour lui seulement des regrets… Il a si faim, ce matin. Il pense à son doux foyer, lorsque la cheminée fumait, ça sentait le poulet grillé, des os à ronger elle lui donnait… « Elle », c’était un ange qui l’aimait…

 

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Rédigé par Annie

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 18 Avril 2024

 
Aujourd'hui j'ai l'âme vagabonde. Je décide de me déplacer avec le tram, en compagnie des citations de BEN, pour me rendre à la Gare de Nice, avenue Thiers.
Je m'assieds près d'une fenêtre, mon esprit est en transit très lointain.
Au milieu des teintes bleues de Kersalé, ma raison erre dans une époque phosphorescente. Les lampadaires imposent un mouvement de couleur bleu, qui s'étalent le long du trajet, par des jeux de lumières qui créent des formes étoilées multiples et imaginaires.
Je vois au travers des vitres des ombres chinoises qui laissent. percevoir des personnages sympathiques. Je m'endors doucement par le roulement des roues sur les rails comme du morse. Je rentre dans un songe plutôt réel, déjà vu.
Je suis au milieu des montagnes avec des sommets encore enneigés, quelle beauté !!
Voyage aventureux et féerique.
Je suis accompagnée d'un homme, que je ne connais pas, équipé d'un anorak très chaud, bonnet, gants, chaussures de montagne, pitons, mousquetons attachés à la taille, il me dit :
- Prête ? en avant...
- Qui ? moi, pour aller où ?
Il me répond :
- Là-haut.
Une brume voile mon regard, je lève les yeux vers le ciel, alors, j'aperçois le sommet de la Junfrau " le toit de l'Europe", voyage redoutable et aventureux, mais oh combien merveilleux. J'en suis impressionnée.
Je reste saisie un instant et dis :
- Je ne crois pas pouvoir faire ce sommet, je n'ai jamais grimpée aussi haut en altitude.
Il ne m'écoute pas, comme si je n'existais pas.
Le spectacle rendu, si doux à mes yeux, m'offre la Junfrau dans la vallée berlinoise. Il me donne le courage d'affronter le géant. En haut, le dôme majestueux, dominant le lac de Thoune, est le paradis des amateurs d'aventures.
Timidement je commence à marcher, marcher, marcher, sans m'arrêter, le vent me caresse les joues, mon souffle est court, mais cela va très bien, j'en suis très surprise.
L'homme grimpe sans parler. Je transpire, malgré le froid sec, mes doigts sont bien irrigués. Après plusieurs heures de marche, nous atteignons le bas de la voie pour atteindre le sommet. Eh voilà que l'homme déroule un gros ballon muni d'un d'un siège de bois, il se déploie et nous emporte vers le sommet. Je suis abasourdie.
Je souris malgré mon angoisse, en regardant le vide sous mes pieds.
Quelques minutes plus tard, nous apercevons le sommet de la Junfrau et de l'Eiger, tout près, avec une vue époustouflante sur toutes les Alpes berlinoises.
Quelle splendeur !!
J'en ai le souffle coupé ! Je me sens très émue devant ce panorama sublime.
Baignant dans une joie indicible, j'entends...
- Madame, Madame, réveillez-vous !
Je sursaute, le contrôleur me dit :
- C'est le terminus
- Oh zut, j'ai raté mon arrêt ! excusez-moi, j'ai dû rêver !!!
Après l'extase, le plancher des vaches, plus sûr, me ramène à la réalité, je descends du tram. Autour de moi, les lampadaires illuminés brillent dans la nuit et me donnent l'impression d'être dans les étoiles
Ce voyage avorté a été très court, mais d'une splendeur féerique, presque surnaturel.
 
 

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Rédigé par Arlette

Publié dans #Ville

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Publié le 18 Avril 2024

Une graphie fantasque comme une offrande au temps qui passe..
La plume coule, sculpte, creuse, déchire et traverse l'espace.
Des bulles, des yeux, des silhouettes alanguies, des danseurs souriants, bras
levé vers les cieux, tête d'oiseau, bec curieux. Un message qui essaime et
suspend les sens.
Il s'agit de la vie.
La plume s'envole.. une fleur qui se terre et s'arrache,
un lapin penaud qui s'obstine et folâtre,
une portée échevelée dont les notes prennent vie,
un orage à venir, la terre en broussaille, le souffle chaud d'Orient,
des pieds qui s'agitent et pressent le pas. Un silence.
Le voile qui brouille le feu, la musique oblique qui s'infiltre et s'insurge.
Humer les sons comme on flaire la vie, l'esprit libre, la Rose des Vents,
et puis cocher les cases comme on dit maintenant, s'entendre sans toujours
attendre, brouiller les pistes d'un air narquois, monter les marches, lever la
tête, sourire, un gribouillis ténu comme ressort éternel..
Tu valses, sautilles, épluches les pétales en fronçant les sourcils, une larme,
des vagues en goguette, un pied de pupitre pour partition éplorée.
Une bande dessinée sans phylactère, un silence insolent.
Et puis la marche en cadence, pied et point liés dans un cercle incongru,
et l'oiseau qui s'échappe.
La foule au contour oiseux, les jambes et les yeux noirs,
la continuité au trait éthéré, les serpents acerbes aux crocs joyeux.
Une peinture rupestre de la vie qui sort du marbre.
Liqueur soyeuse d'une latitude sans limite.
Tu ris. Un nouveau chapitre où l'humain est virgule, point dans l'air, parenthèse
effrénée.
Tout est dit, passé présent futur, il faut tout réinventer.
Les tâches s'accumulent, se pressent deviennent lavis aux couleurs inconnues.
Il faut diluer encore, pencher la page changer le moule puis les caractères.
Un alphabet gothique, une parure improbable.
Toujours changer, le mouvement invincible de la vie. Inscrit noir sur blanc depuis
la nuit des temps. Laisser une trace pour une petite éternité.
Une bulle de liberté au milieu du marasme. Un livre précieux qui pourfend
l'uniforme. Le chemin de traverse qui effleure la folie et s'enfonce dans la
vague immobile et désuète.
Tu y crois, elle existe, c'est ta vie, elle est tienne. Les rhizomes se rebellent et
fusionnent.
Retour à la coda. Une bulle en suspens..

 

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Rédigé par Nadine

Publié dans #Ecrire sur des photos

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