Publié le 21 Février 2024

– J’ai aimé l’Irlande, l’Allemagne, la Belgique, ou du moins, ce que nous en avons vu. Des pays intéressants, des peuples qui le sont tout autant, mais, curieusement, dans les pays méditerranéens, je me sens chez moi, alors que je suis née et j’ai grandi dans le nord de la France. Curieux, non ? Ce devrait être l’inverse...
Laura, pensive, se remémore son voyage, analyse ses impressions. Pierre sourit.
– Va comprendre… peut-être dans une vie antérieure, tu vivais au bord de la Méditerranée… ou alors, c’est parce que tu m’aimes et tu n’envisages pas une autre vie qu’ici, dans mes bras, répond-il en la soulevant pour l’emporter dans la chambre.
 
Laissons-les à leurs affaires et revenons un peu plus tard…
 
Pierre s’est endormi, comme souvent après l’amour. Laura le regarde. Il est si beau, je l’aime tant… oui, vivre ici avec lui… une vie antérieure… ?
Laura bascule. Vie antérieure, vie antérieure... Deux vocables chuchotés par une voix intérieure... antérieure ? Un souvenir ténu de ce que j'ai dû être... je ne sais pas trop... Patience, ça se précise…
 
Je suis Catarina, non, pas Catarina Segurane, non, Catarina, fille d'Italie, pauvre d'entre les pauvres. Quand j'étais enfant, pour aider les parents à gagner quatre sous, je ne suis pas allée à l'école. Je ne sais ni lire, ni écrire. Je travaille dans les rizières avec d'autres. Sono una mondina. Des journées entières, l'eau jusqu'aux genoux, pieds nus, le dos plié, noué de fatigue. Pour éviter les piqûres d'insectes, les brûlures d'un soleil trop dur, je cache tête et cou sous un foulard et un chapeau à large bord. Chaleur, labeur pénible, exploitée, peu payée... un jour j'en ai eu assez. Avec les copines, on s'est regroupées en ligue contre les patrons. On s'est battues pour nos droits, pour une vie décente et on a gagné ! C'était en... je ne sais plus. Catarina se fond dans la rizière et déjà un autre visage surgit : Antonia...
 
Antonia, drapée dans sa toge antique raconte : j'ai une vie agréable, confortable, auprès de ce riche époux, négociant en huile. Nous possédons une villa sur la colline, entourée d'oliviers, à Cemenelum. Elle est bien située, rien n'accroche le regard. Il coule sans heurts sur le paysage : d'abord, juste au-dessous de nous, sur la ville, puis sur les vignes, les prés, les cultures, et plus bas, au loin, sur le rivage, sur Nikaïa qui accueille les barques des pêcheurs. Ensuite, du bleu jusqu'à l'horizon, du bleu partout. Et du soleil. La villa est parfaite pour inviter, conclure des affaires. Nous recevons des personnes de haut rang pour des fêtes privées très prisées. Lyre, cithare, repas raffiné, c'est le festin des sens. Nos esclaves, bien traités, nous sont fidèles ; ils assurent un service sans défaut. Que la vie est douce dans ce beau pays !
Je vais parfois à des spectacles dans l’arène. J'ai une place réservée, je fais partie des notables de la cité. Aujourd'hui, après les gladiateurs, il y aura les chrétiens contre les lions. Plutôt cruel, j'en conviens. Ils le cherchent aussi, avec leur Dieu unique ! Jupiter, Saturne, Vénus et tous les autres n'approuvent pas cette nouvelle religion. J'ai peur qu'ils ne soient très en colère. Et la colère de Jupiter, avec sa foudre et ses éclairs, cause des ravages terribles dans nos oliviers. Alors, pour éviter ce désastre, je vais au spectacle, je regarde les lions dévorer les chrétiens dans l'arène. Pour que Jupiter, Saturne, Vénus et tous les autres continuent à briller au ciel de la nuit.
 
La nuit... La nuit dissout Antonia, ne laisse que les astres. Seule dans le silence, plurielle dans la conscience, Laura revient d'un voyage étourdissant. Par la fenêtre ouverte, Jupiter, Saturne, Vénus scintillent, et les étoiles balisent les routes perdues…
 

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Rédigé par Mado

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 21 Février 2024

Pétillante, sautillante,
On la danse, on la danse
La polka étourdissante,
Kleptomane de nos sens,
A deux, si enivrante !
 
Toute ronde, elle tourne
Allègrement, la tarentelle.
Regarde-la bondir
Et pointer du pied
Naturellement, c’est si bien fait !
Toute ronde, elle tourne
Elle virevolte ses jupons
La tarentelle.
La main dans la main
En musique d’accordéon.
 
S’il en est une entraînante
Il s’agit bien du sirtaki !
Rectiligne, bras sur l’épaule
Tableau sautillant
Accélérant la cadence
KO en la terminant
Inondé, transpiré… Épuisant !
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 20 Février 2024

 

La glycine

– Merci ! J’en avais bien besoin !

Paul lève son verre en souriant à madame Leroy. Vêtu d’un bleu de travail, il a passé la matinée à tailler, couper, élaguer, débroussailler. Ce verre d’eau est le bienvenu. D’autant que le plus dur reste à faire.

Jardinier indépendant, il accepte tous les boulots qu’on lui propose. Aujourd’hui, il a tiré le gros lot : madame Leroy, vieille dame aisée, lui a confié son domaine à remettre en état. Un gros travail, mais un gros chèque en perspective qui tombe au bon moment. Il est en plein divorce, sa femme lui réclame une pension exorbitante, il est en recherche d’un appartement assez grand pour y accueillir ses deux enfants ; cette rentrée d’argent va lui permettre de faire avancer les choses.

– Bon, je vais m’attaquer à la glycine, dit-il en rendant le verre vide à madame Leroy.

La glycine est monstrueuse. Elle n’a pas été taillée depuis des années, elle a envahi la façade, a grimpé jusqu’au second étage, s’est glissée sous la gouttière, a soulevé quelques tuiles. Elle s’agrippe, s’incruste partout.

– Va être coton pour la rabattre, murmure Paul en installant son échelle.

Il n’est pas équipé pour ce genre de travail. Pas de nacelle, juste une échelle, une vieille tronçonneuse asthmatique, des cisailles, un sécateur un peu rouillé. Avec précaution, in gravit les barreaux, atteint le sommet de la maison, passe sur le toit pour inspecter les dégâts. Il parvient à couper quelques branches, à libérer la gouttière et remet les tuiles en place.

C’est au moment de retourner du toit sur l’échelle que l’horreur l’assaille. Le vertige ! Incapable de bouger, il reste là, au bord du vide, terrorisé.

La rencontre
 
Madame Leroy comprend tout de suite le problème. D’un petite voix tremblante, elle chevrote :
– Reculez d’un pas et asseyez-vous…
Paul, tétanisé, en est bien incapable. Bloqué, suis bloqué…
Respirez calmement, comme moi, regar…
Paul tombe du toit. Chute quelque peu amortie par le tas de feuilles et branchages qu’il venait d’entasser devant la maison, mais pas assez pour s’en sortir indemne.
Sirène, ambulance, brancard, hôpital. Paul, perdu un temps entre deux mondes, revient dans le réel.
Peux pas bouger… Sa jambe plâtrée l’observe à l’autre bout du lit, son bassin est immobilisé, ses souvenirs remontent en désordre jusqu’à la chute. Madame Leroy… le vertige… je tombe…
La terreur dans ses yeux, puis l’angoisse. Paralysé.. ? Du calme, attends le toubib.. Respire…
Appliquant, un peu tard, les bons conseils de madame Leroy, Paul se détend au rythme de sa respiration. Du regard, il explore son environnement. Hyper clean, la chambre. La porte est restée entrouverte. Quelques blouses blanches passent, un chariot couine, des bribes de bavardage traversent, s’estompent.
 
Soudain, un bolide ! Une fillette sur un fauteuil roulant électrique déboule à toute vitesse dans le couloir. Il l’a juste aperçue. Un bruit de cavalcade accompagne le ronronnement du fauteuil ; un gamin court à côté d’elle. Quelques secondes plus tard, le tapage s’arrête net.
 
 
 
Un roulement doux revient vers lui. La petite en fauteuil passe une roue timide dans la chambre.
– Bonjour Monsieur, qu’est-ce qu’il vous est arrivé ?

Cinq nounours

Paul attend la visite de Chloé.
Chloé, c’est la petite fille en fauteuil roulant qui a déboulé dans sa chambre lundi dernier. Il a d’abord été surpris de cette intrusion, puis ennuyé, mais la petite bavarde a vite fait de le séduire. Une joie de vivre intacte, malgré son handicap, l’anime. Une résilience admirable. Elle lui a raconté sa chute de cheval, colonne vertébrale brisée, fauteuil à vie, avec un naturel désarmant. Une leçon de vie et de courage qui l’a galvanisé. Après sa visite, il s’est senti plus fort, prêt à entendre le verdict des médecins. Un état que Chloé a entretenu en venant le voir tous les jours.
Hier, la bonne nouvelle est arrivée : il n’aura aucune séquelle, pourra remarcher. Cri de joie de Chloé ; il a eu l’impression qu’elle se réjouissait encore plus que lui. Généreuse Chloé !
 
Elle a douze ans aujourd’hui ; il s’est débrouillé pour lui faire une surprise. Dans sa chambre, il a fait installer, grâce à la complicité de cette bonne madame Leroy, cinq gigantesques ours en peluche de couleurs vives.
Dès qu’elle franchira sa porte, Chloé sera d’abord accueillie par Nounours rose, le nounours acrobate. Tête en bas, il s’est suspendu par une patte arrière à un anneau fixé au plafond. L’autre patte arrière part joyeusement à l’horizontale, en angle droit avec son gros ventre rond, tout douillet de peluche à longs poils roses vifs, et ses deux pattes avant, largement ouvertes en croix, semblent crier : Bienvenue Chloé !
 
A la droite de Nounours rose, Nounours orange, debout, de profil, est en attente. Ses pattes avant sont prêtes à s’ouvrir pour serrer tendrement contre son torse doux et dodu une Chloé émerveillée, du moins, Paul l’espère… et Nounours orange aussi. Il a l’air si vivant avec sa truffe noire qui semble frémir, son œil vigilant et son oreille aux aguets qui percevra sûrement l’arrivée de la fillette.
A gauche de Nounours rose, Nounours rouge fait le pont inversé. En équilibre sur la patte arrière droite et la patte avant gauche, son ventre rebondi, arrondi vers le plafond, il tend ses deux autres pattes à le verticale. Tout en souplesse ce gros bonhomme-nounours ! Au-dessus de lui vole un chapeau noir. Nounours rouge est un jongleur qui n’a pas peur de la difficulté !
Plus loin, Nounours mauve et Nounours vert, debout face à face, leurs corps légèrement inclinés, jouent à la mourra. Paul en a décidé ainsi. Il expliquera le jeu à Chloé et, si elle veut bien, ils y joueront ensemble. Ce sera une journée d’anniversaire mémorable pour la petite…
 
Il inspecte du regard l’installation, une dernière fois. Chloé lui a confié qu’elle adorait les peluches ; elle va être ravie… Vivement qu’elle arrive… Paul reste attentif aux bruits dans le couloir, surtout ne pas rater l’entrée de la petite, la tête qu’elle va faire… Il criera : Bon anniversaire ! dès qu’elle apparaîtra.
Le ronronnement du fauteuil électrique se fait entendre, il progresse, il approche, il est là, il se tait. Chloé, stoppée net sur le pas de la porte, ouvre des yeux stupéfaits, émerveillés.
Bon anniversaire !
Convalescence
 
L’anniversaire de Chloé a été une réussite ; la petite a adopté tous ses nounours, ravie. Ils ont trôné sur le lit, sur la chaise, contre le mur de sa chambre, jusqu’à son départ, deux jours plus tard. A cette occasion, Paul a fait la connaissance des parents de Chloé. Ils ont sympathisé et, à la demande de Chloé, Paul a été invité à faire sa convalescence chez eux, dans leur maison normande.
Quelques jours, gares, sandwiches SNCF, tortillard de banlieue plus tard, Paul embarque dans la voiture avec Chloé et son papa, direction la maison.
 
La route serpente mollement entre haies et forêts. Par moment, l’haleine fraîche de la campagne souffle dans l’habitacle sa bucolique odeur d’herbe coupée. Au sommet d’un butte verdoyante, la voiture s’arrête, les passagers descendent admirer le point de vue.
Tu vois, ma maison c’est celle-là, dit Chloé en pointant son doigt vers la vallée.
 
Vue d’en haut, c’est une maison de poupée blanche, au toit pentu d’ardoises grises, propice à un cocooning des plus douillets. Une maison réconfortante qui interdit sa porte aux ennuis, bobos et autres malheurs en tout genre. Elle s’est blottie entre deux bosquets vigoureux, gardiens de sa tranquillité. Devant elle, une prairie, comme une nappe de printemps vert, invite au pique-nique, ou à la course pieds nus dans l’herbe moelleuse, ou à la sieste dans la douceur du temps. De grands arbres déploient leurs feuillages épais pour arrêter le regard sur leurs mystères.
Alors, les yeux se lèvent vers le ciel mauve, ondulé de nuages blancs, roses, étalé jusqu’à l’horizon, sombre ligne rectiligne qui les renvoie se perdre sur le fleuve aux méandres calmes, lisses, mauves comme le ciel, bleus comme la mémoire du ciel.
Un paysage de silence coloré pour une convalescence comme une parenthèse précieuse, lovée dans une amitié qui l’est encore plus.
 
Mado
 
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Publié le 20 Février 2024

 
L’anniversaire de Chloé a été une réussite ; la petite a adopté tous ses nounours, ravie. Ils ont trôné sur le lit, sur la chaise, contre le mur de sa chambre, jusqu’à son départ, deux jours plus tard. A cette occasion, Paul a fait la connaissance des parents de Chloé. Ils ont sympathisé et, à la demande de Chloé, Paul a été invité à faire sa convalescence chez eux, dans leur maison normande.
Quelques jours, gares, sandwiches SNCF, tortillard de banlieue plus tard, Paul embarque dans la voiture avec Chloé et son papa, direction la maison.
 
La route serpente mollement entre haies et forêts. Par moment, l’haleine fraîche de la campagne souffle dans l’habitacle sa bucolique odeur d’herbe coupée. Au sommet d’un butte verdoyante, la voiture s’arrête, les passagers descendent admirer le point de vue.
Tu vois, ma maison c’est celle-là, dit Chloé en pointant son doigt vers la vallée.
 
Vue d’en haut, c’est une maison de poupée blanche, au toit pentu d’ardoises grises, propice à un cocooning des plus douillets. Une maison réconfortante qui interdit sa porte aux ennuis, bobos et autres malheurs en tout genre. Elle s’est blottie entre deux bosquets vigoureux, gardiens de sa tranquillité. Devant elle, une prairie, comme une nappe de printemps vert, invite au pique-nique, ou à la course pieds nus dans l’herbe moelleuse, ou à la sieste dans la douceur du temps. De grands arbres déploient leurs feuillages épais pour arrêter le regard sur leurs mystères.
Alors, les yeux se lèvent vers le ciel mauve, ondulé de nuages blancs, roses, étalé jusqu’à l’horizon, sombre ligne rectiligne qui les renvoie se perdre sur le fleuve aux méandres calmes, lisses, mauves comme le ciel, bleus comme la mémoire du ciel.
Un paysage de silence coloré pour une convalescence comme une parenthèse précieuse, lovée dans une amitié qui l’est encore plus.
 
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 20 Février 2024

 

Deux sujets au choix... ou pas... Vous pouvez faire les deux, bien sûr !

- Un monument européen raconte lui-même son histoire
Choisissez un de ces monuments européens célèbres et laissez-le se décrire et raconter quelque anecdote de son histoire, anecdote que vous pouvez inventer.
- Belgique : Manneken-Pis de Bruxelles
- Allemagne : Mur de Berlin
- Italie : Colisée de Rome
- Espagne : Sagrada Família de Barcelone
- Grèce : Le Parthénon d’Athènes
- Finlande : un des rennes du Père Noël ou son traîneau
- Irlande : Le Wellington Monument de Dublin
- Luxembourg : Maus Ketti
 
 
- Écrire une lettre
Créer un personnage, mettez-le soit devant un des monuments cités ci-dessus, soit ailleurs en Europe si vous préférez, et laissez-le écrire une lettre pour raconter son voyage, ses découvertes, ses émotions, le pays ou la ville qu’il est en train de visiter.
Vous pouvez continuer avec votre personnage niçois et le faire voyager en Europe. Dans ce cas, faites une transition avec votre dernier texte.

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 20 Février 2024

Chère Laurence,
 
 
J'espère que tu vas bien depuis notre rencontre à Nice lors de la fête de la musique et que tout se passe bien à Uppsala.
 
J'ai pris quelques jours de congés en Espagne, plus précisément à Barcelone, pour visiter la Sagrada Familia. J'ai eu la chance de pouvoir obtenir un ticket d'entrée car c'est un des monuments le plus couru au monde. Les réservations étaient pratiquement complètes.
Son architecture est flamboyante vue de l’extérieur avec l’élancement de ses tours, la basilique se caractérise par un intérieur à la fois sobre et majestueux.
Cet œuvre est hors du commun, elle pourrait être un décor de science fiction tant par sa modernité que par sa grandeur.
Elle est un génie d'imagination composée de détails inépuisables. J’ai vu tour à tour des cryptes, des chapelles, des clochers, des voûtes, des lettres de pierres entrelacées, des têtes de serpents sortant de dessous les pieds de statues colossales.
 
Quand je suis rentrée à l'intérieur de la basilique, j'ai eu l'impression de pénétrer dans une forêt. J'étais impressionnée par les colonnes massives qui ressemblent aux arbres, éclairées magnifiquement de rouge, de bleu, de jaune grâce aux vitraux. Le bleu est comme enchâssé dans de la glace, au centre d'un blanc lumineux.
Des mains qui se lèvent vers le ciel, des alvéoles, des femmes jouant de la harpe comme dans le ventre d'une montagne à la colonne vertébrale qui s'articule et se désarticule au gré de la musique, des personnages tout en carré et en rondeur formant des fleurs, au cœur desquelles se dessinent des visages, m'enchantent encore. Tout est magnifiquement beau, à l'image de la nature.
 
Sur l'une des trois façades, celle de la passion, Le baiser de Judas donné devant un cadran de chiffres magiques 1-14-14-4//8-10-10-5, le carré de Subirachs, à l'apparence d'un sudoku, font partie de mille choses à découvrir. La pierre est lisse, grumeleuse à certains endroits, comme un gâteau dur en dehors et moelleux au-dedans.
On peut voir des guerriers aux armures et aux épées tailladant la muraille, le Christ attaché au pilier, puis en croix, aux contours flous et esthétiques. Cette façade est remarquable par l'intensité des émotions qu'elle dégage, surtout rendue par la mise en scène extraordinaire de son architecture.
 
Ce monument ne semble jamais finir, il est voué à rester inachevé, sa structure
en arc et chaînettes dentelées, hymne à Dieu, à l'éternel où chaque pierre est une strophe et semble nous interroger sur ce qu'est la vérité.
C'est un livre ouvert qui demande à être lu et relu pour pouvoir comprendre toute la complexité de sa symbolique.
 
Je suis intarissable à son sujet tant je suis émerveillée que j'en oublie même de te demander de tes nouvelles, celles de Justin et de ta petite famille, tes enfants se portent ils bien, Justin se plaît il dans sa nouvelle fonction, Lou comme d'habitude ravi au milieu de sa ferme et des ses animaux et Théo veut il devenir toujours cracheur de feu ? N'as-tu pas trop froid au nord de la Suède à cet époque de l'année ? Chez nous, le carnaval a fait sa première sortie hier et la nature commence sa floraison. J'ai vu des crocus et des orchis géants, on peut dire que le printemps est déjà là, il a de plus en plus hâte de se montrer faut croire qu'il ne sait plus se faire attendre.
 
Je suis impatiente de te lire,
Je t'embrasse très fort.
 
Julie

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Rédigé par Catherine

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 20 Février 2024

 

Jonathan

Le monde se fissure t-il ? La montagne répondit par un craquement sinistre dont le son fit frissonner les arbres des forêts. Un énorme bloc de glace glissa sur le sentier que venait d'emprunter le troupeau de Jonathan. L'énorme amas de terre et de neige s'immobilisa à quelques mètres de lui. Il devint pendant un instant la représentation divine d'un dieu qui, comme au temps de la préhistoire, interpellait les hommes. Un silence religieux, comme une brume impalpable, enveloppa la vallée.

Jonathan se mit à crier pour faire fuir son angoisse puis, devant ce mystère, il posa ses mains sur la face glacée pour en ressentir les vibrations. Ces ondes venues du cœur de la montagne, musique d’un autre âge où naturellement il se mit à prier.

La porte lumineuse

« Mon Dieu toi qui as fait le monde donne-moi une réponse à ce mystère ».

 

Il resta là un moment, entouré par le silence, lorsqu'il entendit son ami qui s'approchait faisant crisser les pierres du chemin.
Alors Jonathan se leva et, comme un somnambule, il se dirigea vers le sommet de la montagne. Traversant une porte lumineuse encadrée par deux grandes colonnes de pierre rappelant les colonnes d'Hercule.
 
Allait-il trouver au-delà de ce passage la réponse à sa question ?.
Le sablier du temps s'était-il arrêté ?
Jonathan ne le sut pas, la voix de son ami résonnait dans sa tête
  • Ça va réveille-toi
  • C'est moi ton ami
Enfin doucement, il ouvrit les yeux et il sut !
Que le monde son monde ne pouvait exister sans amour ni amitié.
La montagne lui avait parlé en lui montrant sa blessure, ce bloc de neige et de pierres était un appel au secours, il devait la protéger de la folie des hommes.

Pierres préhistoriques

Fini le temps de l’estive, Jonathan redescendit vers son village juché sur les pentes de la montagne où le temps s'écoule au gré des saisons. Un nouvel instituteur s'était installé au village, depuis son absence. C’est au café, que Jonathan fit sa connaissance. Entre les deux hommes un courant de sympathie s'installa. C'est comme cela que Marcel lui parla de sa découverte et de ses inquiétudes. Un soir, il lui montra les objets qu'il avait découverts au cours d'une ballade dans la montagne. Une pierre longue et polie en forme de hache taillée dans un silex de couleur sombre.
Jonathan l’a pris dans ses mains pour en sentir la douceur, il en ressentit comme sur le bloc de glace, une vibration, une musique venue d’un monde lointain. Il ferma les yeux la pierre lui parla.
- Je suis la quintessence de ton toi ce maillon ce relais indéfini qui depuis que le monde est monde se passe de génération en génération
- C’est une hache du néolithique, s’exclama Marcel.
Jonathan sorti de son rêve
- Et cette pierre grise que tu vois là, c’est un chopper l’ancêtre en quelque sorte du marteau, c’est avec lui que les hommes de la préhistoire tallaient les silex pour en faire des flèches, des bifaces et tout objet utile à leur vie.
- Je suis sûr que l’on doit en trouver encore la haut.
- Mais je suis inquiet car le site est menacé. Une entreprise Américaine d’extraction de gaz de schistes à l’intention d’exploiter le lieu. Ce qui va entrainer un désastre écologique du coin, une catastrophe pour le village.
Jonathan, qui ne connaissait rien à la préhistoire, compris que c’était la le message qu’avait voulu lui donner la montagne.
- J’ai un ami d’enfance Marc qui travaille au service archéologique de la métropole. Je suis sur qu’il va pouvoir nous aider. Je le contacte des demain.
Et c’est comme ça que Marcel, Jonathan et le représentant du service archéologique se rendirent sur les lieux. La aux bords de la falaise de nombreux éclats de silex jonchés le sol ce qui laisser entrevoir à l’expert archéologue l’importance de la découverte de Marcel. A son retour dans son service, l’archéologue fit interdire le lieu au public. Pour Jonathan et Marcel, c’était une première victoire qu’ils fêtèrent le soir au café.
Ce n’était qu’un début car il fallait encore lutter contre la puissante entreprise d’extraction du gaz de schistes.
Le combat allait être long et difficile, mais comme David devant Goliath les deux hommes n’avaient pas peur.
Les deux pierres venues du fond des âges avaient réussie à faire vibrer leurs cœurs et comme les chevaliers de l’ordre du temple, ils allaient partir en croisade, pour la sauvegarde de ce patrimoine et de leur montagne.

La montagne

Le temps des combats contre le géant américain était terminé. Marcel et Jonathan avaient gagné, toute la région était devenue un parc naturel et le site archéologique, un lieu de visite pour touristes.
Aujourd'hui, ils avaient décidé de rendre visite à leur amie, cette montagne pour qui ils s'étaient tant battus. Assis au bord du lac, ils contemplent cette cathédrale de pierre qui s'élève vers les cieux. Devant eux, les éboulis de pierre comme autant de larmes versées par cette vieille dame semblaient la protéger. Aujourd'hui, elle souriait et dans l'eau verte du lac, elle se mirait ; le vent entre les roches sifflait une mélodie du bonheur. Jonathan prit son carnet et se mit à écrire.
 
Toi mon amie
Ma montagne chérie
Aujourd’hui je suis en paix
Le monde les hommes t'ont épargnée
J’ai entendu ton message
En évitant le ravage
De cette entreprise américaine
Tu vois aujourd'hui je n'ai plus de haine
 
Jonathan déchira la feuille de son carnet. Il forma une boule sous le regard interrogateur de Marcel et, sous un cairn, il l'enterra.
Alors le ciel se Zébra de nuages comme une écriture des dieux, la montagne venait de lui dire merci.
Il était temps de rentrer et de laisser ce monde de silence s'enfoncer dans la nuit.
Marcel ne sut jamais ce que Jonathan avait écrit. Mais la montagne, un soir, une nuit, est venue sur sa fenêtre lui déposer une petite pierre, un caillou scintillant de mille feux comme les étoiles dans les cieux.
 
Bernard
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Publié le 20 Février 2024

Le temps des combats contre le géant américain était terminé. Marcel et Jonathan avaient gagné, toute la région était devenue un parc naturel et le site archéologique, un lieu de visite pour touristes.
Aujourd'hui, ils avaient décidé de rendre visite à leur amie, cette montagne pour qui ils s'étaient tant battus. Assis au bord du lac, ils contemplent cette cathédrale de pierre qui s'élève vers les cieux. Devant eux, les éboulis de pierre comme autant de larmes versées par cette vieille dame semblaient la protéger. Aujourd'hui, elle souriait et dans l'eau verte du lac, elle se mirait ; le vent entre les roches sifflait une mélodie du bonheur. Jonathan prit son carnet et se mit à écrire.
 
Toi mon amie
Ma montagne chérie
Aujourd’hui je suis en paix
Le monde les hommes t'ont épargnée
J’ai entendu ton message
En évitant le ravage
De cette entreprise américaine
Tu vois aujourd'hui je n'ai plus de haine
 
Jonathan déchira la feuille de son carnet. Il forma une boule sous le regard interrogateur de Marcel et, sous un cairn, il l'enterra.
Alors le ciel se Zébra de nuages comme une écriture des dieux, la montagne venait de lui dire merci.
Il était temps de rentrer et de laisser ce monde de silence s'enfoncer dans la nuit.
Marcel ne sut jamais ce que Jonathan avait écrit. Mais la montagne, un soir, une nuit, est venue sur sa fenêtre lui déposer une petite pierre, un caillou scintillant de mille feux comme les étoiles dans les cieux.

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Publié le 19 Février 2024

 
Je suis fatiguée, si fatiguée de connaître une période de construction qui dure autant. Je suis flattée d’être la plus importante église inachevée du monde, mais j’aimerais bien être achevée… je suis née en 1882, et il faudra encore une dizaine d’années avant que je puisse me considérer comme terminée. Mon nom m’a été attribué dès le début, je m’appelle Sagrada Familia, Sainte Famille. C’est un nom très flatteur, j’en suis fière, mais il me semble que je suis en contradiction avec moi-même. Au début, je devais être une réplique de la maison de la Vierge Marie et de Joseph de Nazareth. Et regardez ce que je suis devenue aujourd’hui… Je suis loin de la modeste demeure de Marie et Joseph, Je pense que Gaudi a changé d’objectif au fil du temps, il est devenu sans doute plus ambitieux, pour lui et pour moi ! Il a voulu que j’aie dix-huit tours, ça dépasse tout ce qui a été construit en matière d’églises à ce jour ! Il a voulu faire de moi un hymne à Dieu, un rêve entre l’humain et le divin… Je reconnais que mon architecture est exubérante, inattendue dans ses excès. Vous, amis touristes venus du monde entier, vous ne m’oublierez jamais, vous ne verrez jamais ailleurs une église aussi exceptionnelle. Moi qui étais plutôt timide dans ma jeunesse, je me suis habituée maintenant aux réactions des visiteurs, à leurs exclamations de surprise et d’admiration devant mon physique atypique, mélange de style néogothique et de modernisme catalan. J’espère seulement que mon apparence les aidera à prier sincèrement, et qu’ils n’oublieront pas que je suis avant tout un lieu de culte, et pas seulement un monument à visiter par curiosité. Dans ce cas, j’aurais réussi ma mission sur terre.
 
Annie TIBERIO

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Rédigé par Annie

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Publié le 18 Février 2024

Lou Ray

En troupeau, au jour d’aujourd’hui,
Tout le monde est de sortie.
Fini l’enfermement dans cette salle
et nos idées chauffées blanc sale.
 
Dans ce pré d’élevage, à cheval sur les mots,
chacun fait le gros dos, un lourd fardeau.
Quand certaines ruminent
D’autres, en aparté, fulminent.
 
La Mado, l’avion, elle l’a pris,
une petite valise et vive Tahiti,
Laissant là les écrits fumants
Incendier l’atelier de leurs gaz hilarants.
 
Elle reviendra tard dans l’envie,
quand nos nuées de vieilles mouches
auront brisé leurs ailes, saint Nitouche,
le long des écrits plumetis.
 
Marginaux, on broute toujours la consigne
pour ne garder que la racine.
On le vœux, l’herbe sous le pied,
malgré les affaires, entre nous mal lavées,
jamais ne nous sera coupée.

Grève

Maintenant bien bio-ressourcée

Depuis l’incartade en champs les chevaux
Avec l’orgeat, sa paille et la grève, je suis tombée
Sur Clément De La Fourrière, style aristo.
 
L’homme menait à mal, les biens
Ceux de la campagne de ses ancêtres.
On écrirait plus l’histoire, les liens.
Les tracteurs se conduisent tout seuls, piètres.
 
Voilà comment jouer aux concours de circonstances,
Le premier prix d’une beauté paysanne, césar du volant
Suffit d’accorder sa cotte avec la machine en toute élégance.
Mais je regrette, tu n’as pas de beaux yeux, Clément.
 
Sur le podium numéro un, elle a gagné le tandem.
Celui de l‘élastique toi et moi rapprochés, ficelés
Je réfléchis, le regard vertige. Entre nous, un dilemme.
Se laisser sauter ou brouter encore les mots de l’atelier ?

L'objet du débat

Elle les laisse tituber dans le bio de l’eau claire du ruisseau.
De très verts, ils passeront au dorée fané
Elle a rendez-vous à la ville, tracteur en main, tôt.
Le cresson, elle n’a plus le temps de le poêler.
 
Depuis son acné, elle noue ces bouquets de verdure.
Les élastiques n’ont plus de secrets quand elle dépote.
Elle nous exagère l’acide folique et les vitamines pures.
Comme j’aime le nasitort. Je suis toute à sa botte.
 
Elle refuse le saut de l'ange du haut de ses amours
Même au bord du gouffre quand les liens se tendent
Elle préfère écrire la nature de ses doigts gourds,
Libre et cultivée le long des tiges fragiles et tendres.
 
Mais l’aristo insiste, la bouche pleine de babillage,
Clément De La Fourrière se gausse, je le jure primesautier.
Vont-ils tomber dans le velouté du potage
ou échanger ses clés à pipe au fond de l‘atelier ?

 

Panthéon

Dans un concert de moissonneuses le long de la Seine
Elle se faufile avec sa machine à godet pleine de verdure
Une faucheuse la double, place nette sur l’amitié, Jo entre en scène
Il manifeste, il va se noyer dans le flot des dettes, fluctuat nec mergitur.
 
Loin du bruit des contestations, le Panthéon tourne la boule.
Perpétuel mouvement, il nous vertige la terre sur elle même
On l’a contrarié les forces. Sur son axe, il devient maboule.
Tu pendules de Foucault, régulier au bout de ton fil d ‘acier, à même.
 
Elle gyre de la tête, la belle paysanne, Jo a quitté sa casquette
Dans un mouvement de balancier leurs regards se croisent.
Un rotation suffit souvent pour que des sentiments forts s’apprêtent
Elle l’a embrassé rouge sang sous un ciel turquoise.
 
Puis elle a mis bas le Panthéon et élevé l’honneur de Jo au rang de chevalier.
Ils ont mélangé leur agriculture de valeur et planté le début de leur bonheur
de pied ferme et d’amour de leur métier.
Ensemble, ils parieront sur l ‘avenir, le reste finira en apesanteur.
 
 
Dany-L

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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Ecrire sur des photos

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