Publié le 2 Février 2024

      
            Le jour où j’ai appris que j’avais été sélectionné pour participer à la bataille des fleurs dans le cadre du Carnaval de Nice, un sentiment de joie indescriptible s’empara de moi. Je n’étais plus moi-même. J’étais extrêmement fier de moi ; de manière à ce que, depuis l’annonce de cette nouvelle, j’ai adopté une attitude hautaine envers les autres fleurs. Je ne calculais même plus celles qui n’avaient pas été sélectionnées dont certaines étaient mes bonnes anciennes amies, toujours là pour moi à écouter mes confidences quand ça n’allait pas bien. Que je le regrette maintenant ! J’aurais pu au moins leur dire au revoir avant d’être cueilli. Mais, mon esprit était plutôt préoccupé par le fait d’imaginer les humains que je serai amené à croiser.
Je savais que les jours suivants seraient chargés au niveau des rencontres. Je serai beaucoup déplacé et passé d’une main à l’autre. J’espérais que les gens seraient tous gentils avec moi. Avec le Carnaval, je serai en tout cas entre les mains des professionnels qui sauraient m’entretenir. « Mais, si un jour, après la fête, je tombe entre les mains d’une personne qui n’a rien à faire de moi et me jette dans une poubelle ? » « Si je tombe sur les touristes qui m’amènent dans leur chambre d’hôtel. Puis, le moment de la rentrée arrivée, m’abandonnent là-bas ? » « J’aimerais que la personne qui me possède prenne bien soin de moi et le plus longtemps possible. ». Bref, à force d’être obsédé par toutes ces appréhensions, je n’ai pas réussi à fermer l’œil pendant la nuit précédant la bataille des fleurs. Mais, je n’arrêtais pas de me répéter que malgré mon manque de sommeil, il fallait que je fasse bonne mine devant les spectateurs. Ça augmenterait aussi les chances pour que quelqu’un de bien s’empare de moi.
Le jour J est finalement arrivé. Nous étions très nombreuses à être transportées dans un endroit que je ne connaissais pas du tout. Puis, à être déposées sur les chars. J’avais le cœur palpitant. Pour moi qui n’avais pas quitté mes racines terrestres de toute sa vie, tous ces déplacements étaient secouants.
Alors que notre char était en cours de chargement par un homme d’une quarantaine d’année, une jeune femme nous a rejoint. Elle était très grande et d’une beauté divine ; magnifiquement habillée, coiffée, maquillée et sentait très bon. Bref, elle avait plus l’air d’appartenir à notre espèce qu’à celle humaine : une fleur géante pour tout résumer. En plus, elle était gentille et souriante. J’ai été rassuré. On serait bien traité tant qu’on serait entre ses mains !
A peine arrivée, elle nous a jeté un regard. Puis s’est adressée à l’homme qui chargeait le char : « Je vois que vous préparez nos stars pour leur défilé de tout à l’heure ? ». Alors, là, j’ai senti que mon cœur aller carrément arrêter de battre : « On est des stars qui vont défiler ! ». Cette phrase résonnait sans cesse dans ma tête et je me demandais ce qui allait se passer si je ne serai pas à la hauteur. Soudain, elle s’est emparée de moi et m’a senti. Elle devait entendre mon battement du cœur et être mouillée par ma sueur, c’est sûr. Mais, elle n’a rien dit. Tant mieux ! Ça m’aurait embarrassé devant tout ce monde.
Ses bras étaient chaleureux et réconfortants. Je ne pouvais qualifier le sentiment qu’elle me procurait que de maternel. Pendant les minutes qui ont suivi, j’étais hanté par l’envie qu’elle m’adopte. Comment je pourrais y parvenir ? Je pourrais profiter de mon humidité pour glisser de la main de la personne qui me déposerait dans le char et tomber par terre. Mais, je me suis dit que cela n’arrangerait pas les choses. Je risquerais de rester abandonné et de finir jeté quelque part.
Notre char avait été chargé et avait pris la direction du lieu du spectacle. « Je sais ce que je vais faire : je me contracterai les muscles au maximum. La jeune femme du char qui me verra tellement crispé, se rendra compte de mon manque d’affection et m’adoptera. »
Notre défilé a enfin commencé. Les spectateurs nous ont accueillies par les applaudissements et des acclamations. Je m’étais préparé à plusieurs passages. Je pensais pouvoir examiner les spectateurs, choisir ma famille idéale et m’imaginer installé quelque part dans l’une de leurs pièces.
Pourtant, la réalité était tout autre. J’ai été très vite fixé sur mon sort : à peine le défilé commencé, la jeune femme du char s’est emparé de moi sans même me regarder et m’a impitoyablement jeté en direction du public. En l’espace d’une seconde, je me suis trouvé dans les mains d’un des spectateurs, accompagné de son épouse et d’une dame d’une soixantaine d’année.
Pendant les premières minutes de mon arrivée chez mes nouveaux propriétaires, j’avais la gorge serrée et mes yeux fixaient le sol. Le fait de me trouver dans ce nouvel environnement m’avait brusqué. Puis, j’ai lentement levé ma tête pour regarder le spectacle.
Je voyais des espèces autres que les humains et les fleurs pavaner entre les chars de fleurs. Que faisaient toutes ces méduses et créatures fabuleuses géantes en plein milieu de la bataille des fleurs ? Comment ont-elles pu pénétrer dans les lieux ? J’espère qu’elles ne sont pas affamées au moins. Sinon, ça va être l’hécatombe !
Chez les autres groupes, ça criait, ça parlait et ça rigolait. Mais, mes propriétaires étaient plutôt calmes. Ça parlait peu et ça ne rigolait pas. Je commençais à m’ennuyer et surtout, à me sentir embarrassé par ma passivité. Si j’étais là, n’était-ce pas parce que j’avais une mission à accomplir ?
Les jets de fleurs poursuivaient leurs cours. D’autres fleurs me rejoignaient progressivement. Au début, je rêvais à ce qu’on soit nombreuses pour avoir un peu de compagnie, et puis, nous pouvions peut-être mieux accomplir nos missions à plusieurs qu’en solitaire. Pourtant, à la fin du spectacle, lorsque les fleurs restantes étaient offertes au public, j’aspirais plus à ce que notre nombre reste limité pour qu’on puisse bien s’occuper de chacune d’entre nous. Finalement, la fête s’est terminée et on s’apprêtait à rentrer avec mes nouveaux propriétaires et cinq autres fleurs lorsque nous avons entendu une voix : « Elle est partout cette Carole ! ». Elle s’adressait bien à la dame qui accompagnait mes propriétaires.
Carole les taquinait : « Alors, bien remis de la défaite d’hier ? ». « Allez-y, réjouissez-en avant qu’on vous défonce mercredi ! ».
Carole explique à ses amis que ces personnes sont ses partenaires de jeu de pétanque avec qui une belle amitié était en train de se former.
J’avais un mauvais pressentiment par rapport à mon futur logement. J’aurais été plus rassuré d’être adopté par l’un de ces gens que de me trouver chez mes propriétaires. Après avoir échangé quelques banalités avec Carole et ses amis, nous nous sommes enfin mis en route pour rentrer.
Mes propriétaires séjournaient dans un hôtel à proximité du lieu de spectacle. Une fois rentré, ils nous ont jetées, les autres fleurs et moi sur une table sans même daigner nous mettre dans un récipient. Puis, nous ont totalement ignorées pendant le reste de leur séjour. Mon cauchemar s’était réalisé !
 
Nous nous affaiblissions de plus en plus. Une ambiance morbide régnait. J’ai vainement fait quelques tentatives pour faire de l’animation : aucun signe de sympathie ne se manifestait de la part des autres fleurs. Au fil des jours, elles ont succombé l’une après l’autre. Pour ma part, bien que mon état de santé ait été extrêmement dégradé, j’ai réussi à survire. Je ne saurais pas vous dire mon secret. Peut-être une force intérieure, quelque chose dans mon inconscient qui me rappelait de cesse que la vie m’avait encore réservé de belles surprises.
Du dernier jour passé à l’hôtel, j’ai le vague souvenir d’avoir entendu le bruit des roulettes de valises et la voix de Carole qui disait :« Celle-ci est encore en forme… Mimosa… Ouverture… Harmonie… » Puis, je me suis évanoui.
A mon réveil, je me suis vu confortablement logé dans un vase élaboré en cristal ornant la table basse d’une salle à manger. J’étais bien chez Carole : j’ai reconnu sa voix qui chantait : «….Et nous vivrons toi et moi… Sur ton île aux mimosas… ».
Carole me consacrait beaucoup de temps et prenait gentiment soin de moi. Mon sentiment de confiance envers l’espèce humaine, qui avait complètement disparu, commençait à faire son retour. Je me rétablissais de mes carences au fur et à mesure des jours qui passait.
Un mercredi soir, après sa partie de pétanque, Carole est rentrée accompagnée de ses partenaires de jeu. Elle les avait invités pour l’apéritif. Dès leur entrée, elle m’a pointé du doigt en disant « Voici le seul rescapé du carnaval ».
L’un des invités a répondu :« Il est joli ». Puis, un autre a ajouté : « Il va parfaitement avec ta déco ». Carole a demandé : « Je me demande comment faire pour le faire vivre le plus longtemps possible » et ses amis l’on rassurée : « Ne t’inquiète pas, on te l’expliquera ».
C’était la délivrance. Tous mes chagrins se sont effacés en l’espace de quelques seconds.
Pendant les jours qui ont suivi, Bernard, l’un des partenaires de la pétanque de Carole, appelait régulièrement celle-ci pour demander de mes nouvelles. A chaque fois, je l’entendais donner des astuces pour mieux m’entretenir. De son côté, Carole appliquait minutieusement toutes les astuces.
Ça fait tellement du bien de se sentir bichonné. Je ne m’étais jamais senti si radieux. Aujourd’hui, je peux prétendre être la plus heureuse des fleurs. A mon tour de commander à mes soleils d’apporter lumière et réconfort à mes anges gardiens.
 

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Rédigé par Fatemeh

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 2 Février 2024

 
      

   L'anxiété visible sur son visage n'augurait rien de bon pour son classement dans ce rallye. La prochaine épreuve était la descente du mont Gros sur Monaco avec arrivée au bas du mont des Mules. Les derniers classés partaient les premiers, lui étant provisoirement cinquième s'impatientait assis dans sa voiture de série. La singularité de cette course étant de conduire sa propre voiture de tous les jours. Certaines portions de route, étant surtout des lacets, étaient visibles du point de départ. Mon favori, celui de la photo, que je nommerai Antoine pour garder son anonymat, fébrile attendait son tour.

Quelques pilotes pourtant chevronnés avaient mal négocié certains lacets plus difficiles à aborder en descente qu'en course de côte. Trois, deux, un, c'est son tour de partir que j'avais anticipé.

   Je venais de m'élancer avec mon parapente, gardant une bonne distance entre lui et moi. Sachant que je le suivrais il n'était pas perturbé par ma présence dans les airs. Je pus faire quelques photos sur des passages demandant de réelles capacités de pilotage. Il perdit quelques secondes dans le mont des Mules, deux lacets successifs abordés un peu trop vite l'obligeant à ralentir pour reprendre adhérence au sol. La fin de course se fit sans encombre. Puis l'attente avec impatience, car de l'arrivée nous ne voyons pas le tracé la descente. Ayant des obligations à Nice je ne pus attendre la fin de course pour connaitre les résultats. Je le saurai dans la soirée en téléphonant à Antoine. 
                          

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Rédigé par Louis

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 2 Février 2024

Je me pose un instant, afin de respirer à pleins poumons dans la fraîcheur du petit matin. Je ferme la porte du restaurant, monte l'escalier pour aller me reposer quelques heures avant de prendre la route pour rejoindre le lieu prestigieux, élégant et mystique où se déroule le fameux concours « du meilleur ouvrier de France à Paris ».
La nuit a été longue, j'ai passé des heures de recherches à élaborer un plat ambitieux, plein de surprises pour le Jury, afin de les étonner, de surprendre leurs papilles.
Moi, Julien, jeune cuisinier d'un village de province, dans la campagne ardéchoise, j'ai enfin eu l'audace de me présenter à ce concours où je vais côtoyer une certaine élite de la cuisine française. Des frissons envahissent mon corps, rien que d'y penser.
 
De tout jeune, je suis tombé dans les casseroles, comme l'on dit souvent dans le milieu, en observant mes grands-parents cuisiner du matin au soir pour les ouvriers agricoles du coin.
A l'époque, ils étaient très nombreux. Le restaurant était toujours plein, parfois même il fallait rajouter des tables.
Mes grands-parents tournoyaient leur vie entre le jardin et les casseroles. A eux d'eux, ils avaient réussi un savoir-faire inégalé à l'époque du "bon et du beau" dans l'assiette, dans toute la région. Le matin au petit déjeuner, les odeurs de viande, poisson, herbes diverses chatouillaient déjà mes narines. Mon petit déjeuner était toujours très copieux, œuf coque, tartine de pain fait avec la bonne farine du moulin à côté de chez nous, le beurre à la baratte étalé en couche épaisse, les fruits frais du verger, le lait de Suzanne de la ferme en face.
J'étais prêt pour faire le long chemin qui menait à mon école.
Sur la route, souvent des images me revenaient à l'esprit, les couleurs de tous ces ingrédients virevoltaient devant mes yeux.
Mes parents et grands-parents m'ont appris sans jamais me le dire, le goût de l'effort, de la rigueur et du mérite. Je le vivais chaque seconde.
A l'âge de 14 ans, j'ai passé le concours pour intégrer le lycée hôtelier, c'était un choix évident. J'ai grandi et appris cet univers de tout petit, je me glissais souvent entre les tables et j'écoutais les conversations des clients, vanter la cuisine qu'ils dégustaient tous les jours. J'étais très fier. J'avais le sentiment que c'était moi qui  avait cuisiné.
Aussi avec le temps, je suis devenu compétiteur et j'y ai vu un moyen de me surpasser. J'ai commencé à faire des petits défis personnels, des concours amateurs, afin de me confronter aux plus performants du moment.
Je m'en sortais pas trop mal, cela me rendait heureux. J'ai réalisé des stages dans des grandes maisons, cela m'a permis de faire mes armes et parfaire mes connaissances du haut métier..
Me voilà enfin prêt pour gravir un échelon de taille.
Je reste un brin songeur, est-ce que je vais pouvoir franchir ce pas de géant ?
Le jour du concours est arrivé, la salle était en ébullition, brouhaha, musique, la foule.
Le temps est resté suspendu pendant trois heures données pour réaliser notre sujet.
La sueur a trouvé son chemin, le long de nos échines.
Enfin le gong a sonné, tout est terminé.
Je brille avec mon étoile, comme un joli arbre de Noël.
Rires et pleurs accompagnent cet exploit bien mérité. J'ai 28 ans
 

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Rédigé par Arlette

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 2 Février 2024

 
Dimanche 4 Février. Il est dix-huit heures. Adeline, allongée sur son lit d’hôpital, rencontre pour la première fois celui qu’elle vient de mettre au monde. L’infirmière vient de le déposer entre ses bras avant de se retirer sur la pointe des pieds. Adeline n’arrive pas à le regarder, pas encore. Elle est épuisée par tous les efforts qu’elle a dû fournir et pour l’instant elle n’a qu’une envie : dormir. Mais ce petit être qui repose sur elle ne l’entend pas ainsi. Il hurle depuis qu’il est arrivé. Adeline ne sait pas ce qu’elle doit faire pour le consoler. Elle se sent seule, abandonnée. Si au moins quelqu’un était là pour la conseiller, l’aider, l’entourer. On lui avait toujours dit que la naissance d’un enfant était la plus belle chose au monde. Mais se retrouver là, toute seule avec cet enfant dans les bras, est une émotion trop forte pour elle et elle ne peut pas empêcher ses larmes de couler. Mais peu à peu elle retrouve son calme et réalise alors que son bébé a cessé de pleurer. Il s’est finalement endormi, sa petite main agrippée à la sienne. Adeline est bouleversée ! Elle se penche en avant et le regarde pour la première fois …

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Rédigé par Elisabeth

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Publié le 1 Février 2024

 

Le ciel était zébré d’éclairs, une pluie fine, intense, assombrit ce lieu mythique du cinéma français. Les studios de la Victorine de Nice vont retrouver leur éclat d’antan. Malgré l’immense chantier, en ce lundi de janvier, une grande effervescence règne sur les plateaux de tournage d’une série policière.

Toutes les équipes s’affairent pour les dernières mises au point. Le décor est en place, le son est réglé, juste un problème pour l’ajustement des lumières.
Olivier doit se contenter d’une loge rudimentaire aménagée dans un des couloirs, mais il reste imperturbable. Acteur connu et adulé par les femmes, il déclame son texte à haute voix devant un miroir afin de couvrir la rumeur chargée d’invectives qui pourrait le déconcentrer.
 
Soudain, on frappe à la porte. Merde ! On ne peut jamais être tranquille.
Visiblement contrarié, il hurle :
- Entrez ! Ah ! C’est vous Cindy ! dit-il en radoucissant le ton. Une petite beauté avant les sunlights ?
Intimidée par la prestance d’Olivier, elle s’empresse de s’occuper de sa chevelure bouclée.
Ce dernier laisse vagabonder son esprit. Il finit par s’emporter sur ces ploucs de scénaristes qui intègrent une scène d’étreinte ponctuée d’un baiser dans un film d’action…
- S’il vous plaît Monsieur, cessez de vous agiter, je vais finir par vous couper.
A ce moment là, un brouhaha étrange s’intensifie, le haut parleur retentit :
- Qui êtes-vous ? Que faites-vous sur le plateau ? C’est interdit !
Olivier regarde la scène. Dans la pénombre il a juste le temps de voir une homme vêtu d’un imperméable et d’un chapeau,
 

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Rédigé par Josiane

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Publié le 1 Février 2024

 

Si Jacques avait pu se douter, un seul instant, de ce qui allait lui arriver il n’aurait jamais jeté sa soutane aux orties.

Sa vocation avait failli sans qu’il ne s’en rende compte. Sa foi s’était évaporée dans un désert peuplé d’incohérences qui lui tenaillaient l’esprit. Pourtant, il avait lutté contre cette obligation de désertion mais un sentiment trop fort l’avait poussé à briser ses chaînes. Il abandonna sa paroisse et prit la fuite pour se réfugier dans le petit village de montagne qui l’avait vu naître. La demeure parentale semblait avoir attendu son retour. Rien n’avait changé. Des assiettes étaient encore sur la table, et des couverts sagement alignés espéraient reprendre vie et servir à quelque chose.

Derrière la maison, l’atelier, ou son père exerçait le métier de menuisier était toujours rempli d’outils. L’odeur des différentes essences de bois qui imprégnaient encore les murs lui donnèrent l’idée de travailler et de sculpter le bois, pour gagner sa pitance.
Dans le village tout le monde connaissait le petit Jacquot, mais peu connaissaient Frère Jacques. Pour autant on ne l’avait pas écarté et même le curé qui venait dire la messe chaque dimanche et qui savait ce qu’il en était, lui avait offert son aide si nécessaire.
Malgré tout il était seul... Seul avec son âme et un sentiment de culpabilité qui refusait de le quitter. Seul avec des envies que ses vœux passés lui avaient interdit. Seul dans ce atelier ou l’Âme de son père continuait à œuvrer en silence.
Faiblement éclairé par des rayons de soleil habités de poussière de bois tourbillonnant dans leur prison de lumière, Jacques penchait son remord sur l’ouvrage que ses mains s‘appliquaient à réaliser.
Il avait peur ! Mais de quoi ? Ses craintes, même blotties dans les tranchés de son cœur, étaient cernées de barbelés. Il faudra patienter. L’avenir dira ou ne dira pas.
 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 1 Février 2024

 

1980 dans un orphelinat d'Europe de l'est, Andreï subissait sa énième punition.

Ce garçonnet de huit ans au joli visage, clair de peau, les cheveux en broussaille, yeux marrons bordés de longs cils avait commis un grave délit aux yeux du directeur.
Cet  homme froid, austère et cruel exerçait ses pleins pouvoirs sur des enfants terrorisés sauf Andreî, abandonné dès la naissance. 
Ce gamin faisait tout pour se faire remarquer et exister quitte à que ce soit aux travers les punitions.
Aujourd'hui il avait osé ricaner devant le directeur et après avoir reçu une paires de claques et un tirage d'oreilles bien douloureux, il devait rester au coin pendant deux longues heures sans bouger en gardant les mains croisées derrière le dos.
Ce petit être cabossé par la vie dès sa naissance allait-il devenir un homme insensible et violent ou, grâce à la résilience, un être sensible et  aimant ?
Andreî ne se posait jamais ce genre de question sur son avenir et se contentait d'avancer, de rester fier sans jamais au grand jamais verser une seule larme bien qu'il souffrait terriblement en son for intérieur d'une extrême solitude et d'un immense manque d'amour et de tendresse.
 

 

En jouant au dur, il se forgeait une carapace qui l'empêchait de sombrer et plus il s'endurcissait, plus le directeur le détestait et le lui faisait savoir par des coups de plus en plus violents et des punitions de plus en plus dures...

 

 
 

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Ecrire sur des photos

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