JULIEN, CUISINIER
Publié le 2 Février 2024
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La nuit a été longue, j'ai passé des heures de recherches à élaborer un plat ambitieux, plein de surprises pour le Jury, afin de les étonner, de surprendre leurs papilles.
Moi, Julien, jeune cuisinier d'un village de province, dans la campagne ardéchoise, j'ai enfin eu l'audace de me présenter à ce concours où je vais côtoyer une certaine élite de la cuisine française. Des frissons envahissent mon corps, rien que d'y penser.
De tout jeune, je suis tombé dans les casseroles, comme l'on dit souvent dans le milieu, en observant mes grands-parents cuisiner du matin au soir pour les ouvriers agricoles du coin.
A l'époque, ils étaient très nombreux. Le restaurant était toujours plein, parfois même il fallait rajouter des tables.
Mes grands-parents tournoyaient leur vie entre le jardin et les casseroles. A eux d'eux, ils avaient réussi un savoir-faire inégalé à l'époque du "bon et du beau" dans l'assiette, dans toute la région. Le matin au petit déjeuner, les odeurs de viande, poisson, herbes diverses chatouillaient déjà mes narines. Mon petit déjeuner était toujours très copieux, œuf coque, tartine de pain fait avec la bonne farine du moulin à côté de chez nous, le beurre à la baratte étalé en couche épaisse, les fruits frais du verger, le lait de Suzanne de la ferme en face.
J'étais prêt pour faire le long chemin qui menait à mon école.
Sur la route, souvent des images me revenaient à l'esprit, les couleurs de tous ces ingrédients virevoltaient devant mes yeux.
Mes parents et grands-parents m'ont appris sans jamais me le dire, le goût de l'effort, de la rigueur et du mérite. Je le vivais chaque seconde.
A l'âge de 14 ans, j'ai passé le concours pour intégrer le lycée hôtelier, c'était un choix évident. J'ai grandi et appris cet univers de tout petit, je me glissais souvent entre les tables et j'écoutais les conversations des clients, vanter la cuisine qu'ils dégustaient tous les jours. J'étais très fier. J'avais le sentiment que c'était moi qui avait cuisiné.
Aussi avec le temps, je suis devenu compétiteur et j'y ai vu un moyen de me surpasser. J'ai commencé à faire des petits défis personnels, des concours amateurs, afin de me confronter aux plus performants du moment.
Je m'en sortais pas trop mal, cela me rendait heureux. J'ai réalisé des stages dans des grandes maisons, cela m'a permis de faire mes armes et parfaire mes connaissances du haut métier..
Me voilà enfin prêt pour gravir un échelon de taille.
Je reste un brin songeur, est-ce que je vais pouvoir franchir ce pas de géant ?
Le jour du concours est arrivé, la salle était en ébullition, brouhaha, musique, la foule.
Le temps est resté suspendu pendant trois heures données pour réaliser notre sujet.
La sueur a trouvé son chemin, le long de nos échines.
Enfin le gong a sonné, tout est terminé.
Je brille avec mon étoile, comme un joli arbre de Noël.
Rires et pleurs accompagnent cet exploit bien mérité. J'ai 28 ans