Publié le 16 Novembre 2021

 

Chère Chantal,

 

Merci encore pour t’être occupée de mes plants et de ma boutique. Grâce à toi, j’ai passé le plus merveilleux des week-ends ! Un week-end amoureux, mais surtout, un week-end de liberté absolue !

Comme une ivresse, la liberté comme une ivresse…

J’avais écrit ces mots sur mon cahier, au début de ce récit, comme un prologue, un espoir, un cri peut-être… C’était avant, dans une autre vie, avant d’oser, avant de le rencontrer, avant de te rencontrer…

Je la pressentais ainsi, la liberté. J’avais raison. C’est ainsi que je l’ai vécue ces derniers jours. La seule différence avec ces quelques phrases tombées de mon ancienne solitude, c’est que je croyais alors que la seule liberté possible était spirituelle, nourrie de mes rêves et de mes pensées.

« Quelque chose qui se dilate dans la poitrine, un envol vers ton paysage intérieur, l’évasion dans ta tête qui te propulse vers tous les possibles. Un idéal de petite fille exaltée... », voilà ce que j’écrivais alors…

Il y a de ça, mais il y a beaucoup plus. Comment te décrire ma liberté toute neuve ?

Un souffle puissant, un torrent de montagne, un été doré, l’odeur du foin coupé, celle de l’iode qui s’immisce, le sac à dos dans la deudeuche, le bruissement vert de la forêt… C’est tout ça, ma liberté. C’est le roseau sur la dune qui se balance au gré du vent, qui s’enracine au plus profond de moi. Et le sable coule, mais je reste debout.

 

Oui, Chantal, je ne me suis jamais sentie aussi libre, comme si j’avais jeté mes vieux habits empesés de contraintes pour courir nue dans la lumière.

D’ailleurs, je me l’étais promis et je l’ai fait : je me suis baignée nue !

Moment de pur délice, la vague sur mon corps, l’écume sur mes seins, le soleil sur ma peau. Comme un animal libre de pudeur, de bienséance, de convenances.

Peut-être l’amour y est-il pour quelque chose ? Est-ce lui qui me rend libre, ou du moins qui agit pour que je me perçoive ainsi? Est-ce que je confonds liberté et bonheur ?

Peu importe, je suis vivante, ouverte à tous les possibles, libre quoi !

 

Tu dois te demander pourquoi cette longue lettre alors qu’il suffit de t’inviter à boire un café pour te raconter tout ça ?

C’est que je ne suis pas sûre de savoir le raconter en paroles, justement. L’écriture permet la réflexion, le temps de choisir les mots, le temps pour toi de les lire.

 

Je t’embrasse de toute mon amitié, et que tout ce bla-bla ne t’empêche pas de venir quand même un de ces jour boire le café sous ma tonnelle…

 

A bientôt..

 

Lucie

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 16 Novembre 2021

 

ATELIER :

Description et description sensorielle

LECTURE :

Extrait de "Se le dire enfin" – Agnès Ledig

SUJET :

Intégrez à votre histoire l'une des photos ci-dessous... ou des deux, si vous le souhaitez...

Le sujet est précisé sous chacune des images...

 

Photo 1 : la 2CV rose

 

A partir de la photo, imaginez une histoire selon que vous ou votre personnage se trouve :

- soit dans la 2CV, en route pour l’aventure et la liberté

- soit sur le trottoir et la regarde passer

Glissez une description de l’image ou d’un paysage dans le texte et ajoutez-y un zeste de description sensorielle en faisant intervenir un ou plusieurs sens...

...

Photo 2 : la jeune femme nue

Elliot Erwitt  - femme nue ile de Syt Allemagne 1968

 

A partir de la photo, imaginez une histoire...

Peut-être cette jeune femme est-elle votre personnage ?

Là aussi glissez une description soit de la jeune femme, soit d’un paysage, ou de ce que vous voulez !

Et rajoutez un zeste de description sensorielle en faisant intervenir un ou plusieurs sens...

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Liberté

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Publié le 16 Novembre 2021


 

A tour de rôle, les membres de l’exploitation agricole commune prennent leurs vacances, chacun part une bonne semaine. Chantal, dernière arrivée, dernière servie, attend son congé avec impatience. Françoise, une cousine qui habite dans les Landes, au bord de mer, l’a invitée. Françoise n’arrête pas de vanter la beauté de sa plage, un petit coin de paradis, selon elle.

Pourtant, Chantal a quelques appréhensions. Ses souvenirs de plage ne sont pas tous bons, loin de là. Elle a connu une plage de galets, bordée par une promenade empruntée par des promeneurs, certes, mais aussi par des voyeurs qui la mettaient très mal à l’aise et l’empêchaient d’enlever le maillot mouillé pour le remplacer par un maillot sec. En plus, s’allonger sur des galets était très inconfortable, il y avait toujours un caillou qui dépassait, qui gênait. A peine enlevé, un autre prenait la relève. Lorsqu’elle avait ainsi déplacé une bonne dizaine de galets sans trouver du confort, elle devait se rendre à l’évidence. Il fallait soit partir, soit supporter stoïquement l’inconfort de la couche. Après avoir opté pour la deuxième possibilité, elle avait rapidement trop chaud, le soleil lui brûlait la peau, il fallait se rafraîchir dans la mer. Mais alors qu’allongée, le poids du corps était reparti sur une surface assez large, en position débout, toutes les irrégularités du sol étaient concentrées sous les pieds, et tout le poids du corps reposait sur eux. Mais ce n’était pas tout. Les galets étaient brûlants, et ne faire que trois ou quatre mètres jusqu’à la mer était un vrai calvaire. Chantal essayait de marcher sur la pointe des pieds, mais perdait alors l’équilibre sur le sol irrégulier.

Chantal a aussi des souvenirs d’une plage de sable, elle aussi bordée par une large promenade, qui ne désemplissait pas d’hommes épiant les baigneuses. Toutefois, pour s’allonger sur la serviette, c’était mieux. C’était même un plaisir d’imposer au sable fin et chaud les formes de son corps. Puis, c’était très agréable de le laisser glisser entre les doigts, des mains et des pieds. Mais à l’heure du pique-nique, quelle galère ! Pour peu qu’il y avait une petite brise, le sable virevoltait pour assaisonner son pain bagnat, ou sa pissaladière. L’appareil digestif des poulets en a besoin, du sable, pensait-elle. Espérons que ce n’est pas non plus mauvais pour moi. Mais n’empêche, c’était désagréable, le sable qui grinçait entre les dents, qui se collait aux doigts badigeonnés d’huile d’olive. Puis, sur une plage de sable, où on peut se mouvoir sans se faire mal, les enfants, et même les jeunes adultes, couraient vite, faisaient un vacarme de diable, jouaient au ballon, au frisbee, qui aboutissait plus d’une fois sur la tête de Chantal. Certes, il y avait aussi du bruit sur la plage de galets, mais il était plus étouffé, plus discret. Le plus dur, c’était le départ. Elle s’asseyait sur la marche la plus haute de l’escalier qui reliait la plage à la promenade, secouait vigoureusement ses vêtements, sa serviette, son sac, ses sandales. Elle essayait de dessabler ses cheveux, ses pieds. Après une dizaine de minutes, elle s’estimait débarrassée du sable mais arrivée à son logement de vacances, elle devait se rendre à l’évidence que ses efforts avaient été vains.

Françoise amène Chantal à la plage dès le lendemain de son arrivée. Elles quittent la petite ville sur des bicyclettes et longent le bord de mer sur environ trois kilomètres. Françoise s’arrête, « c’est ici », dit-elle. Chantal voit bien la mer au loin, mais devant elle se dressent des palissades, qui entourent des plantes assez hautes, souples, qui se plient comme des roseaux en étant fines comme des herbes.

  • Ce sont des oyats, explique Françoise. Ils fixent le sol des dunes pour que le sable se stabilise, qu’il ne parte ni dans la mer, ni vers l’intérieur des terres.

  • Ce n’est pas très joli, répond Chantal, vaguement déçue.

  • Tu vas voir c’est très bien, rassure Françoise, en s’engageant sur un sentier entre deux palissades.

Au bout d’un moment, Chantal s’arrête net. Elle vient d’apercevoir une jeune femme à poil, mais vraiment complètement à poil.

  • C’est une plage nudiste ?

  • Oui et non. C’est une plage nudiste parce que la plupart des gens sont nus. Mais ce n’est pas une plage nudiste officielle.

  • C’est quoi, la différence ?

  • Je pense que quelqu’un les a arrachées, mais au début de l’été, des affiches sont placardées à différents endroits précisant que la nudité est interdite en application de je ne sais quel article du Code Pénal. Donc, officiellement, ce n’est pas une plage nudiste.

  • Et si la police débarque ?

  • Elle n’est jamais venue, elle a bien mieux à faire.

  • Et alors, une plage nudiste officielle, c’est quoi ?

  • Dans ce cas, l’article je ne sais plus lequel du Code Pénal ne s’applique pas. Une association de nudistes a alors conclu un accord avec la Mairie, ou la Préfecture, je ne sais pas, pour que telle ou telle plage soit nudiste.

  • Mais c’est mieux ? Non ?

  • Non, parce ce que parmi les nudistes, tu trouves des vrais intégristes. Pour eux, la nudité est obligatoire sur ces plages, alors que sur cette plage-là, chacun fait comme il veut. Si ça te gêne de te mettre à poil, tu peux garder ton maillot, personne ne te dira rien. On fait juste la chasse aux voyeurs, ceux qui viennent pour reluquer les femmes.

Faut-il le préciser ? Chantal a passé d’excellentes vacances, à poil à partir du deuxième jour.

 

 

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Rédigé par Iliola

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Publié le 15 Novembre 2021

 

Remodeler la parure du regard. Un filtre évanescent aux palettes multiples.

Il marche à présent et pressent le crissement des feuilles d'automne.

L'appel incessant de centaines d'étourneaux qui voltigent et pépient, la murmuration magique qui fait lever le nez en l'air et s'éclaircir le ciel.

Il respire comme si c'était la première fois. L'odeur de l'herbe mouillée lui chatouille les narines. Il vit.

Face à lui, le mur d'un ancien couvent, recouvert d'une vigne ardente au reflet écarlate. Comme la chevelure de cette voisine, au bar. Il oscille entre rêve et réalité.

Ses pas le portent au fil des rues jusqu'à son véhicule, une vieille deuche décapotable de collection, jamais déchue de ses espoirs, qu'il s'est offerte lors d'une vente aux enchères.

Aujourd'hui c'est décidé, le filtre sera rose. Il bat des paupières pour mieux apprécier. Le parking où il s'est garé, une ancienne friche industrielle devenue dent creuse ou terrain vague, se teinte d'une douce lumière rosée, propice à la biodiversité du lieu : aubépine et bouillon blanc, cabaret aux oiseaux ou compagnon blanc, coquelicot et moutarde sauvage, parsemés de ronces odoriférantes.

Il jubile en suivant des yeux cette flore anarchique aux noms évocateurs, lui, le poète marginal, et botaniste en herbe..

Il va rouler jusqu'à plus soif. Peut-être jusqu'aux landes dunaires de ces îles de la Frise qu'il a connues plus jeune.

Du petit port de Honfleur, son havre d'alors, il avait parcouru la route bucolique jusqu'à Amsterdam, ses canaux, ses coffee shop généreux, ses vélos noirs majestueux. Et appris en riant à rétropédaler. Avec une chevelure rousse à ses côtés..

Il avait poussé la chansonnette jusqu'à Texel, l'île aux oiseaux, la plus grande des îles frisonnes, un lieu magique du bout du monde, avec son parc de dunes, ses plages de sable fin, ses plans d'eau à perte de vue, ses aquarium et zoo aux espèces protégées, ses musées d'art, et son phare saisissant. La chevelure gambadait près de lui.

La deuche se dresse devant lui. Il caresse son carrosse couleur de rosé.

Et cherche les clés dans sa poche.

L'invitation au rêve. Respirer.

Humer le silence, l'air du large.

 

 

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Rédigé par Nadine

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Publié le 13 Novembre 2021

Orage, O désespoir de voir la Sardaigne inondée à la saison des châtaignes. Cette pensée me ramène à mon couple d'insoumis, d'autant qu'un courrier du consulat italien m'informe que Mr et Mme Godrico me rendront visite ce jour. La fenêtre ouverte, je regarde dans la rue, mon instinct m'avertissant de leur proche arrivée. Un bruit fracassant d'échappement libre attire mon attention sur le bas de la rue où je vois apparaître une 2CV rose bonbon, d'une autre époque, qui aurait subi quelques dégradations lors de certaines dérives de manifestations. Un emplacement libre leur permet de se garer, me permettant de profiter de la bonne odeur que dégage la voiture. Le couple s’extirpe de l'habitacle, je leur fais signe de monter. Je les fais rentrer, j'ai du mal à les reconnaître, ils ont rajeuni, ils parlent un français châtié, mais le parfum de Madame, d'une odeur d'eaux des toilettes où l'on n'aurait pas tiré la chasse, envahit tout l'appartement. Heureusement que le goût du café que mon épouse nous sert égaie un peu l'atmosphère ! Puis Mr Godrico prend la parole, il vient revendiquer quelques améliorations dans son statut de personnage de roman. Il n'est pas content de la tournure des événements. Sa demande est un ultimatum, il veut la liberté d'écrire lui-même la suite de mon histoire et me laisser sur la touche. Je me touche, je me pince pour être sûr de ne pas rêver. Je ne sens rien ! Donc je rêve. Et mon rêve se poursuit car je les prends tous les deux par un bras, et je les mets dehors, me retenant difficilement de leur filer un coup de pied aux c.... Mais dans mon rêve, je suis libre de les bousculer pour qu'ils dégringolent les escaliers à défaut de les descendre. C'est ainsi que je me découvre un sixième sens. Je me « sens » bien d'avoir agi ainsi. Pas question d’odeur, mais de satisfaction de soi. Un sentiment de liberté, délesté de deux personnages illusoires.

  Un mot sur la deuxième photo que j'allais occulter.

Autant la 2CV est ringarde, autant cette jolie femme est d'actualité, libre. Si l'on reste dans la gamme des «Citroën» et que cette jeune femme est aussi avenante de face que de dos, elle serait DS. Elle doit s'appeler Claudine, car dans une publicité à la télé, il se répète souvent que Claudine est libre ! C'est bon d'avoir la liberté d'écrire n'importe quoi !

 

 

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Rédigé par Louis

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Publié le 12 Novembre 2021

 

Depuis quelques kilomètres, ça sentait fort la merguez.

Le moteur de la Simca 1000 devait manquer d'un peu d'huile.

Francis et Eric décidèrent de garer leur bébé au plus vite.

Ce petit parking près de la cabane des CRS de Pampelonne conviendrait.

Francis fit le tour de l'affaire. Personne.

Avait juste poussé là quelques brins d'herbe devant la porte bleue comme la Grande, du cagibi, dans un tas de mégots.

Pendant qu'Eric, lui, le pro de la mécanique s'engouffrait sous le capot, Francis trouva ce petit escalier avec cette marche goudronnée tout à fait à son goût pour embrayer sur la méditation.

IL est vrai qu'il est un pro de la débine, Francis.

Mais... quelle ne fut pas sa surprise, oui, là-bas entre deux monticules de sable, oui, blanches des fesses, contrastées cannelle, une dame promenait sa nudité en toute liberté.

 

Elle avait un soutien gorge sans le dos et un tas d'habits dans les bras probablement inutiles pour le moment.

Soudain, un coup de klaxon rappela à Francis qu'il était temps de voir plus loin.

- Si tu savais Eric, je viens de voir sur la plage une fille au moins du signe de la Vierge.

Dans tous les sens de leur horoscope, les signes des gémeaux se mirent à courir mais la belle dame avait déjà disparue.

ns n'ont jamais pu la prendre nue, ni vêtue, dans la Simca 1000.

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Rédigé par Dany-L

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Publié le 12 Novembre 2021

 

Jacques ne savait plus quoi penser. Il était perdu, noyé dans ses indécisions. Le poids de la culpabilité qu'il s'imposait et qui n'avait pas lieu d'être, allait l'écraser sans qu'il ne s'en rende compte. La visite qu'il avait rendu à Marc dans son trou, ne lui avait apporté aucun réconfort, et ses conseils pour atténuer l'angoisse qui le rongeait n'avaient produit aucun effet.

Il ne savait même pas où il se trouvait. Il marchait sans savoir où ses pas le conduisaient. Cette rue, qui serpentait entre des immeubles aux façades décrépies, et où s'entassaient des carcasses de motos et de scooters dépiautés par des marchands de pièces détachées, n'inspirait vraiment pas confiance.

Une pluie fine commençait à tomber et les lampadaires de ce quartier perdu essayaient de dispenser une lumière vaguement jaunâtre qui n'arrivait pas à combattre l'obscurité qui s'emparait, tout doucement, de la vie des hommes. Jacques se félicita d'avoir revêtu un imperméable par dessus son beau costume et de s'être chapeauté d'un "bibi" informe trouvé au fond de sa valise.

Tout à ses réflexions, il ne s'était pas rendu compte qu'une voiture roulait au pas, à coté de lui. Intrigué, il ralentit quand, de la voiture, une voix l'interpella.

Alors beau gosse on est tout seul sous la pluie qui ne va pas tarder à se transformer en déluge ? Alors que ma belle deux chevaux rose est disponible et bien plus confortable que ce que l'on pourrait penser de prime abord ?

Jacques regarda avec plus d'attention cette femme à la voix éraillée de quelqu'un qui fume trois paquets de cigarettes par jour.

Je vous remercie madame, mais votre magnifique voiture, que l'on pourrait classer en catégorie "collector " ne m'attire pas.

Tu as tord mon beau. Une si belle opportunité ne se présente pas tous les jours. D'autant plus qu'il fait tellement chaud que j'ai préféré ne pas encombrer mon corps de vêtements superflus. Si ça te choque je peux te montrer mes fesses sur photo, comme quand on consulte un catalogue… Je t'ai remarqué car tu n'es pas à ta place ici. Cette rue n'est pas habitable pour ceux qui se posent trop de questions et toi ce sont les réponses qui vont te faire du mal. Si j'avais un parapluie je te l'aurais donné, mais pour les problèmes qui encombrent ta tête il ne te reste que la liberté de la pensée et encore méfie-toi d'elle, car elle est très difficile à apprivoiser. Allez ! Ciao et porte-toi bien.

La voiture et la paire de fesses virtuelle s’éloignèrent et se perdirent dans une nuit à la fois perfide et accueillante. La pluie qui commençait à tomber dru, faisait remonter du sol une odeur de terre labourée qui donnait l'impression d'être à la campagne, loin de cette ville sans âme où l'on à vite fait de se perdre.

Quelle journée… Jacques se demandait ce qui allait encore lui arriver. François dans son cercueil, Marc dans son trou à rats et moi accroché par une apparition, sans nom, dans un coin de ville proche d'un quelconque cercle de l'enfer de Dante.

Dire que j'ai passé la journée avec le mot liberté à la bouche et que je suis passé par une bibliothèque, où les rats ont toute liberté pour grignoter des ouvrages perdus dans des rayons inaccessibles, par le magasin de Marc où tous les objets ont la liberté de se balader à leur guise, et où j'ai été abordé par une femme nue dont le langage ne laisse aucun doute quand à ses intentions.

Mais, bon Dieu, si tu existes, dis-moi. Que t'ai-je fait pour que tu m'accables à ce point ? Ce matin j'ai mis mon plus beau costume bleu… Oui je sais !! Le seul que je possède. Mais quand même... une chemise blanche, propre, repassée et qui sent la lavande, une cravate noire en soie.. Excuse du peu !! J'ai été jusqu'à cirer mes chaussures, et ça ce n'est pas rien. J'ai respecté un mort, j'ai repris contact avec un camarade d'enfance que je croyais être un ami et maintenant ? Que vais-je faire ?

Liberté, liberté chérie, je crois que tu es un clou et moi le marteau qui tape sur ta tête. Je constate avec effroi, que tu t'enfonces à chaque coup dans un univers où je vais me perdre sans espoir de retour....

Tu veux me dessiner un mouton ?

 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 10 Novembre 2021

 

Son voyage l’avait conduit sur la côte Est. Il était assis sur un banc face à l’océan. Plus loin le phare de Nauset Lighthouse peint par Edward Hopper se dressait fier, hautain, amer, incontournable sur ces rochers qui bordaient les immenses plages de sable à l’accueil trompeur.

Face à lui le vacarme sourd de l’océan, dont le processus sans fin affirmé par le fracas des vagues laissait imaginer lointaines tempêtes et bateaux en perdition.

L’air était envahi par des effluves d’embruns, d’algues. Les hautes herbes de la dune ondoyaient, du sable s’échappait de sa main après cette poignée qu’il venait de ramasser et qu’il caressait avec sensualité. Tout le portait à la rêverie.

Il ne sut pas à quel moment elle s’était engagée sur le sentier. Et pourtant elle était là se dirigeant d’un pas assuré vers la plage déserte en contre bas. Sac et affaires sous un bras, serviette tenue avec désinvolture par l’autre main, elle avançait, décidée, longue chevelure blonde au vent, nue, fesses blanches exposées à un soleil éparpillé traduisant une décision récente de s’exposer en cette tenue.

L’espace d’un instant il se sentit au paradis. Il leva les yeux et au-delà de la dune, personne, rien, hormis des mouettes rieuses et le fracas incessant de l’océan. Il s’y reprit à deux fois et conclut qu’ils étaient tous les deux dans les bras du hasard.

Aussitôt le personnage féminin de son manuscrit lui revint en mémoire. Ce personnage qui faisait partie de sa vie avec qui il discutait si souvent. Il aurait pu continuer comme cela des années, c’était lui qui le voulait, et puis, voilà que tout se détraquait. Il n’aura pas fallu grand-chose pour que toute cette histoire s’envole. Un rien. Un passage furtif.

Osera-t-il l’aborder, elle qui vient de s’allonger face à l’océan ? Pourra-t-il dominer sa peur ? La peur de l’indisposer, la peur de ne pas la comprendre ?

Rater ce que le hasard lui proposait.

L’inconnue se retourna. Les marques blanches sur sa peau étincelaient comme l’écume de vagues au soleil de midi. Son regard croisa le sien. Elle l’avait bien remarqué malgré son détachement apparent. Il lui sembla qu’un sourire s’installait.

Au delà les vagues s’alanguissaient et semblaient vouloir retourner vers cet océan qu’elles n’auraient jamais dû quitter. Leur aventure se terminait pourtant sur cette plage, dessinant une frontière floue, imprécise, là où la mer s’achève.

Il se leva et ses pieds nus crissèrent sur le sable imprimant des empreintes qui déjà disparaissaient…

 

 

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Rédigé par Gérald

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Publié le 10 Novembre 2021

 

Il lui arrivait parfois de rêver qu’elle marchait le long d’une plage de sable. Le vent jouait avec ses cheveux en les échevelant à sa guise, elle fermait les yeux pour sentir la chaleur du soleil et les senteurs des embruns déposés sur sa peau. Doucement, elle se déshabillait, nue, abandonnant au milieu des herbes folles ses vêtements, alors elle pénétrait dans l’eau et s’allongeait sur le sable mouillé. Les vagues, délicatement comme un amant, caressaient son corps. Ce corps, ces cheveux qu’elle ne pouvait plus montrer.

Elle poussa un cri, NON !

Elle se réveilla. La plage, le vent, les vagues avaient disparu, la laissant seule devant sa réalité, une grille bleue devant les yeux.

Elle se mit à pleurer, ses larmes avaient un goût salé.


 

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Rédigé par Bernard

Publié dans #Liberté

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Publié le 10 Novembre 2021

Ophélie était, des trois jeunes gens, celle qui était restée enfermée le plus longtemps. Les deux garçons, copains de lycée, avaient fugué ensemble en fin de classe de première, à l’âge auquel la révolte contre les parents entraîne de grosses bêtises. A vingt ans à peine, et après une fugue de quelques mois dans les sous-sols parisiens, ils venaient de passer malgré eux plus de deux ans avec la communauté. C’est au début de leur périple en deux-chevaux qu’ils avaient raconté à Ophélie comment un rabatteur du Grand Maître les avait repérés sur les quais du Métro Parisien, là où ils s’étaient rapidement réfugiés après avoir fui l’Internat du Lycée. Ils s’étaient joints par curiosité à deux ou trois personnes qui écoutaient le discours racoleur de cet homme de belle apparence, ils avaient hoché la tête pour approuver ses paroles, lui avaient souri, avaient échangé entre eux des regards complices : la perspective d’être logés et nourris gratis, de pouvoir enfin se doucher, les avait décidé à le suivre. Ils ne savaient pas que le besoin de plaire à cet inconnu les conduirait en définitive vers une restriction de leur liberté individuelle. Ils en avaient un peu assez de se cacher, de faire la manche pour manger, de se laver rarement. Etre libre, un rêve enthousiasment, mais la pénibilité de la vie de SDF leur sautait maintenant au visage. C’est ainsi qu’ils s’étaient retrouvés dans la voiture de l’homme, en route vers les montagnes vosgiennes, vers un lieu sans nom, loin de leurs familles et de la civilisation.

Leur enthousiasme du début s’était brutalement envolé lorsqu’ils avaient réalisé qu’ils étaient véritablement prisonniers, surveillés à tout moment par les gardes du corps qui gravitaient autour du « Grand Maître ». Leur situation s’avérait bien pire qu’à l’Internat de leur Lycée parisien : peu de possibilités d’échanger avec les autres jeunes, de la nourriture juste suffisante pour ne pas mourir de faim, et surtout cette obligation d’étudier des prières et des mantras qui leur faisait regretter les cours de Maths ou de Français de leur professeurs ! Et même s’ils ne voulaient pas l’avouer, ils souffraient d’être privés de leurs familles. Pour qu’on les laisse tranquilles, ils jouaient le jeu de la Communauté : c’était la seule manière de ne pas subir de réflexions ou de punitions…Comme elle était loin, cette Liberté recherchée en fuguant !

Ophélie était heureuse d’être avec ces deux copains, si forts, si courageux, qui la faisaient rire ! Il y avait tellement longtemps qu’elle n’avait pas ri, elle avait presque oublié que ça existait, le rire… Ils essayaient de se diriger vers le Midi en empruntant le plus possible des petites routes pour éviter de rencontrer des gendarmes. Antony leur prouvait jour après jour ses talents de chauffeur. Thomas prenait parfois le volant, ça ne rassurait pas la jeune fille. Il n’était pas un expert de la conduite. En outre, Ophélie ayant fait de la banquette arrière son domaine, il lui adressait constamment dans le rétroviseur des regards énamourés au lieu de se concentrer sur la route. Elle avait un véritable talent pour commenter avec humour et une note de poésie la beauté des paysages traversés, ce qui agrémentait leur voyage et les réconciliait avec la Liberté enfin retrouvée. Elle avait même composé quelques strophes à la manière de Paul Eluard pour décrire leur périple et évoquer leur amitié. Ils déclamaient tous trois ces vers à tue-tête, enthousiastes, tout en avalant les kilomètres :

 

« Sur les journées de souffrance

Sur l’espoir et l’insolence

Sur les rêves de nos consciences

J’écris ton nom

 

Sur le passé effacé

Sur la lumière éclatée

Sur l’infini espéré

J’écris ton nom

 

Sur les prairies les bosquets

Sur les fruits acidulés

Sur les insectes dorés

J’écris ton nom

 

Sur cette chaude amitié

Sur le besoin d’être aimés

Sur notre Trio sacré

J’écris ton nom

Liberté »

 

Ils roulaient maintenant au milieu de roches rouges impressionnantes, ils sentaient déjà l’air de la mer. Bien sûr, ils devaient s’arrêter de temps en temps pour faire la manche, avec plus ou moins de succès, mais jusqu’à maintenant ils avaient pu mettre un peu d’essence dans la voiture, et s’acheter du pain, en complément des quelques fruits cueillis sur le bord du chemin. Ils avaient l’intention de rejoindre un oncle d’Antony, qui possédait une ferme dans la vallée de la Roya. Installé là depuis sa jeunesse, il élevait des chèvres, et vendait sur les marchés de la région ses légumes bio et de délicieux petits fromages qui avaient fait sa réputation. Antony était venu deux ou trois fois les étés précédents pour l’aider, bien sûr, mais aussi pour aller se baigner parfois sur la côte avec les jeunes voisins. Il était certain qu’ils seraient bien accueillis, tous les trois, et que le brave homme les aiderait à faire un retour vers une vie plus normale, sans émettre de jugement sur leur fugue. Il servirait de lien avec leurs parents, qui seraient sans doute heureux d’avoir enfin de leurs nouvelles. Ce serait peut-être le début d’une nouvelle vie…

 

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Rédigé par Annie

Publié dans #Liberté

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