UNE HISTOIRE D'ANGE

Publié le 11 Février 2018

Qui est-il ? Que fait-il ? A quoi pense-t-il ? Dites-moi, médite-t-il à son passé ? Passé dépassé, à oublier. Se résigner ou se complaire, le poursuivre ou se projeter ! La belle affaire, ce qui est fait est fait. Il va se reprendre et comprendre que le salut est dans le futur. Maintenant il réfléchit. Le miroir de ses mains lui renvoie ses idées, elles prennent formes, se placent, s'alignent dans son cerveau devenu cahier.

 

La lumière gagne sur la nuit qui s'évanouit. Il sort de son sommeil ragaillardi, il a faim, traverse un square, s'arrête devant une buvette. Un soleil matinal éclaire l'espace, sèche la rosée de la nuit déposée sur les pétales des fleurs. Son premier café noir très serré lui fait chaud au cœur, à l'estomac. Chaud à s'en brûler la langue. Cette douleur lui fait comprendre qu'il vit, que la vie peut être belle. Il mord dans son croissant avec enthousiasme, regarde enfin autour de lui au lieu de se concentrer sur son nombril...
 

Que voit-il ? Deux jeunes filles sérieuses se faisant face, murées dans leurs silences. Cette image le renvoie dans son passé, son hier. Il devine leurs peines, leurs lassitudes, leurs tourments, leurs désarrois devant l'incertitude de leurs après. Il s'avance vers elles, les salut poliment, leur offre une consommation, leur demande la permission de s'asseoir à leur table. Elles, interloquées, surprises de la gentillesse de cet inconnu restent coites .

 

Lui, profite de cet instant arrêté dans le temps pour s'avancer une chaise.

Je m'assoie discrètement à la table à coté. Ils ne me voient pas, je suis un ange policier. J'écoute et j'enquête.

 

LUI: Je suis heureux ce matin d'avoir le privilège de commencer cette journée en la compagnie de

deux jolies femmes.

FEun peu pincée : Nous ne vous connaissons pas.

LUI : Qu'à cela ne tienne, je me nomme Gabriel.

FE 2 : Comme l'archange ?

LUI : Comment avez-vous deviné ?

FE 1 qui se déride : C'est une boutade !

LUI : Pas autant que vous le croyez, c'est celui d'en haut qui m'a fait connaître la lumière depuis

peu, je suis là pour vous la transmettre.

FE 2 : Si vous faites partie des témoins de Jéhovah, d'une chapelle ou d'une autre secte, passez votre

chemin.

LUI : Mais non, depuis hier seulement je suis heureux de vivre. J'étais triste, je broyais du noir

comme vous jusqu'à ce que je vous aborde. Regardez-vous, vous commencez à sourire.

Attendez. ( je me parle à moi même : Gabriel, Gabriel, tu as tout compris.) Je m'adresse à

nouveau aux deux inconnues : J' ai compris vos tracas, parlez-vous et tout s'arrangera.

FE1 : Ce n'est pas possible, vous ne pouvez pas savoir, personne ne sait.

LUI : A vos regards, vos attitudes j'ai compris que vous êtes lesbiennes, amoureuses l'une de l'autre

que vous ne savez pas vous l'avouer.

Les deux amies se sourient, s'étreignent, se roulent un patin et s'en vont, enlacées, vers leur destins.

 

Moi, ange policier, je suis discrètement ce drôle de Gabriel et je l'entends s'invectiver : Tu es toujours le même salaud, Satan, ces deux nanas n'étaient pas lesbiennes, tu les as converties.

 

Le Gabriel Satan se dirige vers la place Rossetti, ou en bonne place, est implantée la crèche.

GABRIEL : Salut Joseph, vas tu être père aujourd'hui ?

JOSEPH : Je crois bien que si, regarde, Marie a le ventre qui déborde de partout, le saloupiot

qui est à l'intérieur doit bien peser ses 12 livres.

GABRIEL : Elle est vachement intelligente la Marie, elle va accoucher cette nuit pour Noël,

c'est un signe

 

JOSEPH : Qu'est ce qu'un palmipède a à voir dans tout ça ?

GABRIEL un signe du doigt sur la tempe : je ne te comprends plus, nous nageons en plein

marasme.

JOSEPH : Arrête ton char Satan, je t'ai reconnu, ne viens pas semer la scoumoune dans ma

famille.

GABRIEL : Je ne comprends pas, Marie vierge et enceinte, toi, stérile, c'est un coup tordu

du Tout-Puissant ça, juste pour m'emmerder.

JOSEPH : Tire-toi, Satan, il est 23h 55, les sages mages vont venir l'accoucher.

GABRIEL : Tu perds la boule, elle est déjà couchée.

JOSEPH : Oui, mais il faut qu'elle s'allonge.

GABRIEL : Pourquoi s'allonger, elle n'a rien à dire, juste crier le nom du Père et du Saint-Esprit.

 

A ce moment un orage éclate ; expulsé, Jésus gît sur la paille fraîchement bordée.

 

BALTAZAR : Jésus, Marie, Joseph. ….. Joseph marie Marie, ainsi le petit aura de vrais parents.

 

Sur ce, les rois mages déposent leurs présents achetés d'hier, et l'offrent au futur roi de Judée. Ils ne s'attardent pas car l'étoile file comme une météore. Peur de se perdre, ils chamellent sur leurs dromadaires qui blatèrent sur des cons venus jusqu'ici, ou là.

 

Dans tout ça, que devient le narrateur ange policier ? Il erre au petit bonheur la chance. La chance surtout, dans la vue d'un drôle de couple. Lui, regarde ailleurs, la poitrine gonflée, le ventre surtout. Elle, entre deux âges, cheveux courts ; la lanière d'un sac en bandoulière souligne le galbe d'un sein, joli, ce qui ne gâte rien. Le visage paré d'un sourire serait agréable, mais non ! Cheveux courts, sourcils tombants, paupières tombantes, lèvres tombantes, cou très bien dessiné. Un rien l'embellirait. Quels rapports entre ces deux personnages ? Je dépose mon corps dans un fourré et je vais les humer, écouter leurs monologues.

 

 

 

 

 

 

 

LUI : Elle s'accroche, elle s'accroche.

ELLE : J'aspire a être seule, il est là dans sa bulle. Je n'en peux plus, je vais me casser, oui, partir.

LUI : N'a-t-elle pas encore compris que je ne la supporte plus, vais-je devoir la tuer ? Oh, Seigneur, donne-moi la solution.

 

Je vais récupérer mon corps, ces deux corniauds me fatiguent, ils monologuent alors qu'il y a des dialogues. Je les ai laissés mais ils m'obsèdent. Vont-ils se rabibocher ou en venir aux mains, jeux de vilains ? Vilains loups qui vont manger le petit Poucet. Atchoum dans un éternuement fait fuir le prédateur. Lequel de dépit va s'en prendre au chien de berger qui ne s'en laisse pas compter et n'en fait qu'un bouchée. Les moutons et les brebis sont à la fête, ils mangent la méchante bête. L'agneau, au bord de la rivière, prêt à céder à l'appétit d'un louveteau, d'un coup de pattes le jette à l'eau et rejoint la curie avant de rentrer dans la bergerie. Je m'égare, suspends mon soliloque et je me retrouve comme un gland déposé au hasard près d'un champ. Chants d'oiseaux, défilé d'étendards en rafales me coupent le sifflet brusquement, me sortant de mon ahurissement.

L'affaire et dans le lac

Je n'ai pas le temps de germer. Celui d'en haut, mon supérieur plus que hiérarchique me tire de ma latente béatitude en lançant un : debout, cinglant comme un coup de fouet... Une disparition inquiétante sur les approches du lac du Boucher, près de Cayres, m'est divulguée sous le sceau du secret, pour ne pas inquiéter la population, prête à croire les esprits malins, ou autres balivernes racontées à voix basses le soir au coin de la cheminée.

 

La pureté de l'air et de l'eau réunis dans un bleu transparent, vue à travers un miroir, ne se prête pas à une tragédie. Pourtant ! Dans le crépuscule de la veille, une ancienne grange restaurée en auberge fut entourée d'une brume rougeâtre dûe au soleil couchant. Cette brume s'épaissit comme une motte de beurre lorsque l'on baratte le lait. Un coup de tonnerre, de Brest, les plus énigmatiques, puis le silence s'abat tel un aigle sur sa proie, renforçant l'ampleur de l'explosion dans ce lieu d'autant plus tranquille que les mauvais génies, elfes, gnomes, lutins malins ont disparu en même temps que les feux de cheminées des soirs de veillées. Mon enquête s'avère ardue tout autant que difficile. Je cogite en parcourant le sentier le long de la berge. Le surnaturel a-t-il son mot à dire dans ce pays, ou la légende dit qu'un ovni (oiseau vert nuisible insoumis) se serait désintégré telle une ogive nucléaire, venue du fin fond d'un pays asiatique, cherchant des terres nouvelles pour y cultiver du riz. Insensé dans cette région ou la pomme de terre est reine. Le raisonnement d'un tam tam sous les mains d'un sénégalais n'est rien à coté du mien. Eurêka, disait un personnage célèbre en se plongeant dans une baignoire : je me mouille. Moi aussi, car j'ai une solution, est-ce la bonne ? Je vous laisse juge. J'hésite, je tergiverse, je vous vois baver comme des crapauds courant derrière des rainettes. Je me dirige vers l'endroit ou trônait l'auberge. Un énorme trou, rond parfait, d'un diamètre d'au moins deux cent mètres. D'une telle profondeur que l'on aperçoit avec difficulté dans le fond la bâtisse apparemment intacte. Un mini tremblement de terre ciblant uniquement cette ancienne grange, où, des mauvais esprits venaient célébrer des messes noires.

C 'est depuis cet événement que cette région s'appelle : le puits de dôme.

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Rédigé par Louis

Publié dans #Ecrire sur des photos

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