Le chien du Negresco

Publié le 28 Décembre 2016

Version 1

Le chien du Negresco

 Je lui avais bien dit que porter son collier en diamant me serait préjudiciable. Tout le monde me snobe du coup. Non mais qui sont les patrons ici ? hein ? Non mais alors ! J’ai le droit de porter ma fortune autour du cou si j’en ai envie, non ? Tout travail mérite salaire, surtout quand on dirige 150 salariés et qu’on engendre 18 millions d’euros de chiffre d’affaires. Obligé de fourrer mon nez partout, dans les moindres recoins, de vérifier la luisance des poignées de cuivre, la transparence des vitres et vitrines sans compter la propreté du sol. Contrôler c’est avant tout le maître mot du patron. Et je contrôle, tête haute et collier de diamant droit devant. Savoir bien recruter aussi fait partie des tâches du patron. Moi, Patron, je n’embauche pas sur CV mais au feeling. Soit je sens les gens soit je ne les sens pas et c’est à tchao bonsoir. Pas besoin de parler plusieurs langues, une seule suffit : l’éducation. Et qui dit éducation, dit hygiène corporelle entre autres. Dans un établissement comme le nôtre, c’est ultra important la propreté et même de sentir le parfum. Un parfum discret, cela va de soi, afin de ne pas gêner l’odorat de nos clients. Je le sens tout de suite si le candidat a une haleine de phoque ou d’ultrabrite. Et si c’est le phoque, je ne peux pas m’empêcher de faire une grimace. Bon, c’est l’heure de la pause. Enfin, je vais pouvoir aller mes dégourdir les jambes sur la Prom’, déjeuner face à la mer. Un bel homme s’approche de moi. Je le sens bien lui. Il me caresse la tête. Il est gentil. Je lui lèche les mains…. Alors le toutou, c’est donc toi l’héritier du Negresco ?

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Version 2 :

Le travailleur incognito

Sous prétexte que je n’ai pas fait HEC, le conseil d’administration ne veut pas que j’interfère dans les affaires de l’hôtel. C’est à peine croyable ! Je suis le propriétaire quand même ! Bon d’accord, un des propriétaires parmi trois ! Mais que c’est vexant ! Je me mets à la place de Largo Winch, ou de Paris Hilton, enfin non là ce n’est pas un bon exemple. Bref, vous seriez content, vous, d’être un patron de paille ? Moi avec mon sale caractère, assurément non. J’embrase la paille ou la tricote ! Ils ne veulent pas m’apprendre ? Soit ! Je travaillerai tout de même dans MON entreprise, MAIS au black ET en douce. Les royalties peuvent tomber, j’aurai la conscience tranquille. Non mais, pour qui me prennent-ils, ses sous-fifres…pfff… Alors, je contrôle. Derrière leur dos, mais je contrôle tout quand même. C’est épuisant. Debout du matin jusqu’au soir à inspecter les moindres courbes et recoins de l’établissement, à vérifier la brillance des objets en cuivre, en argent, et en je ne sais quel autre métal, puis la transparence des vitres sans compter la propreté du sol allant jusqu’au paillasson des chambres. Je me sens obligé de fourrer mon nez partout comme si de rien n’était, comme un espion. Quoi ? moi ? Que fais-je là ? Mais rien, Monsieur, mais rien, je n’ai pas fait HEC, moi, Monsieur, je ne fais rien et ne sais rien. Je suis petit moi, Monsieur. Au revoir Monsieur. Et je retourne sur mes talons bien décidé à continuer mon inspection. Je me fais mon idée à moi du personnel embauché. Au feeling. Soit je sens les gens, soit je ne les sens pas et à ce moment- là j’ai envie de leur dire « A ciao Bonsoir ». Pas besoin de parler plusieurs langues, une seule suffit : l’éducation. Et qui dit éducation, dit hygiène corporelle entre autres. Dans un établissement comme le nôtre, c’est ultra important la propreté et même de sentir le parfum. Un parfum discret, cela va de soi, afin de ne pas gêner celui de nos clients, qu’on suit à la trace, entre nous... Je le sens tout de suite si le candidat a une haleine de phoque ou d’ultrabrite. Et si c’est le phoque, je ne peux pas m’empêcher d’éternuer. Mon Dieu ! Comment ont-ils pu l’embaucher celui-là ! pfff… A midi on sort sur la Prom avec les deux autres propriétaires de paille. Je leur fais le compte rendu de mes inspections et ils savent tout de suite si nous sommes en droit d’être satisfaits. Dans la foule que nous croisons, un homme s’approche de moi. Il me caresse la tête. Il est gentil. Je lui lèche les mains…. Alors le toutou, c’est donc toi l’héritier du Negresco ?

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Rédigé par Marie

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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