musique

Publié le 20 Avril 2016

Les objets s'animent dans le cabinet des curiosités...

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La nuit se répand dans le château du baron de Segonzac. La pluie crépite sur les tuiles. Dans le CABINET DES CURIOSITÉS, la pénombre s'installe. C'est l'heure à laquelle les objets s'animent. La pipe de Georges Brassens crachote un nuage bleu :

  • Hum, hum... tu es réveillée ?

La guitare d'Elvis Presley frémit de toutes ses cordes.

  • Maintenant oui, chantonne-t-elle.

  • Entends-tu la pluie sur le toit ? Ça me rappelle le jour où j'ai rencontré Georges, soupire la pipe. C'était il y a longtemps, très longtemps. J'attendais dans la vitrine d'un magasin que quelqu'un veuille bien m'adopter. Le temps menaçait. De gros nuages emplissaient tout le ciel. Je les observais quand un pardessus s'interposa entre eux et moi. Surmontant le pardessus, une moustache, un regard fixé sur moi. Au-dessus du regard, un chapeau. Puis le clic de la porte qui s'ouvre, quelques paroles, une main qui me saisit. Georges, car c'était lui, m'examine, me caresse, me porte à sa bouche et m'achète. À peine sorti du magasin, il bourre ma tête de tabac, craque une allumette. En quelques bouffées, la chaleur, la fumée m'envahissent. Nous flânons, heureux, moi pendu à ses lèvres quand une goutte me frappe, puis une autre, et encore une autre... La pluie nous rattrape, tourbillonne autour de nous ; les gouttes grésillent sur mon foyer, je m'étouffe. Georges tente de me protéger du bord de son chapeau, mais l'eau gicle sur le tabac incandescent. Au moment où j'allais me noyer, un toit providentiel surgit. Une jeune femme magnifique - elle avait quelque chose d'un ange - nous offre un p'tit coin de parapluie. Elle nous accompagne jusque devant la porte de Georges, nous sourit, nous quitte. Il me semble avoir vu alors une larme rouler sur la joue de Georges... à moins que ce ne soit une goutte de pluie... En tout cas, je sais qu'il a fait de cette rencontre une chanson, sauf qu'il s'est donné le beau rôle. Il raconte que c'est lui qui abrite la jeune femme, mais c'est faux ! Je le sais, j'y étais...

La guitare d'Elvis sonne un la de compréhension :

  • Tu sais, Elvis aussi... Écoute ça : il était très jeune et pas encore connu, mais je l'accompagnais déjà partout. Un jour, on a dormi dans une maison qui louait des chambres aux voyageurs. On y est restés quelques temps, on s'y trouvait bien. Le soir, Elvis, me sortait de l'étui, me serrait contre lui et grattait mes cordes de ses doigts experts. La musique jaillissait, je lui offrais des sons nouveaux, puissants, pour porter ses textes. Dans cette maison vivait un jeune garçon aux jambes faibles, cerclées d'un appareillage en métal. Il venait nous écouter, il dansait. Il avait un jeu de jambes plutôt cocasse avec son appareillage. Genoux fléchis, pieds écartés, il tricotait un peu de la guibolle, tout en se déhanchant. Hé bien, tu sais quoi ? Elvis s'est inspiré de cette danse, l'a travaillée, et c'est ce qui a fait une partie de son succès, et aussi de son scandale dans l'Amérique puritaine de l'époque !... L'enfant s'appelait Forrest... Forrest Gump je crois... Il me semble même qu'on a fait un film sur lui...

La guitare se tait dans un vibrato nostalgique. Puff, puff... la pipe souffle un souvenir de fumée. Dans le CABINET DES CURIOSITÉS d'autres objets se racontent. Là-bas, la plume de Jules Verne prend des notes...

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Rédigé par Carmella

Publié dans #Musique

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Publié le 20 Avril 2016

Sur le thème "musique", un fait divers...

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Sous le pavois illuminé, papotent, se bousculent la fine fleur de la société niçoise.

Personnages pittoresques, vous reconnaîtrez ceux que la musique ennuie mais pas les mondanités, les permanentées, les emperlousées, précieuses et ridicules. Vous reconnaîtrez ceux qui vivent de prébendes, l’œil toujours à l’affût, la main prête à happer celle d’un hypothétique mécène. Vous reconnaîtrez peut être le véritable mélomane, vêtu à la va comme je te pousse, qui discrètement gagne le poulailler. Pathétiques, vous direz-vous ? Non pas, humains seulement.

Corsage froissé, jupe de travers, coiffure en désordre, Juliette reprend sa place derrière la caisse. Le guichet à peine ouvert pleuvent les récriminations.

  • Mais où étiez-vous donc ?

  • Mademoiselle, mon mari et moi piétinons depuis trop longtemps !

  • Mademoiselle, c’est inadmissible, j’attends depuis plus de vingt minutes !

  • Mademoiselle, je vais me plaindre à la direction !

  • Mademoiselle, je vais téléphoner à qui de droit, vous serez licenciée !

  • Mademoiselle, si c’est pas malheureux, me faire attendre, moi !

Juliette sourit, béate. Juliette, une jeune femme splendide si, aujourd’hui, elle n’avait la goutte au nez.

  • Atchoum ! Un énorme éternuement pour toute réponse.

Sans l’heureuse présence de l’hygiaphone, plus d’un chapeau, plus d’une perruque auraient voleté sous la bourrasque.

Commence la distribution des billets.

  • Deux places en corbeille s’il vous plaît.

  • Atchoum ! Trente euros.

  • Trois places, au parterre s’il vous plaît.

  • Sniff, sniff renifle Juliette, 60 euros.

Yeux pleurants, nez coulant, la caissière poursuit son travail ponctué de spasmes.

A la sonnerie, chacun se précipite vers son fauteuil, bousculades, engueulades susurrées à mi-voix, le calme revient, le silence s’établit.

Le rideau frémit

  • Aaah, d’aise du public.

Le rideau se lève sur l’orchestre philharmonique de la paroisse de Saint-Pancrace.

  • Clap, clap. Applaudissements. La tension monte.

Entre le chef d’orchestre.

  • Clap, clap, clap. Applaudissements nourris. L’impatience augmente encore.

Entre le Ténor au bras de la Soprano.

  • Clap, clap, clap - Clap, clap, clap. Explosion d’applaudissements, la folie.

Le chef d’orchestre salue, entraîne dans son mouvement ténor et soprano. Chacun gagne sa place. Le premier violon s’assoie, le chef d’orchestre monte au pupitre, lève sa baguette. La soprano rosit.

Le Ténor redresse sa stature, ouvre grand la bouche

  • Atchoum, Atchoum ! Double magistraux ébrouements.

Contagieuse Juliette ? Allez donc mauvaises langues !!!

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Rédigé par Hervé

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Publié le 20 Avril 2016

Travail en atelier sur le thème : "La musique"

À partir de la fin d'une nouvelle (anonyme), écrivez ce que se passe avant. Les dernières phrases étant :

"Maria était en noir. Une seguiriya triste avait remplacé le dernier fandango."

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Je suis morte un soir d'été, cachée dans les roseaux. Maria chantait quelque part, au loin. Sa voix me parvenait par bribes. J'ai basculé, envolée sur l'écho d'une note, vers un ailleurs apaisé.

J'avais senti la mort approcher - il est des signes qui ne trompent pas. Je l'ai attendue sans regret, point d'orgue à la vie, à la bonne vie caressée de musique, la vie auprès de Maria.

Maria m'a recueillie quand j'avais faim et peur. Elle m'a nourrie, lavée, rassurée et très vite, apprivoisée. Je ne la quittais jamais. Pendant la journée, nous partagions tout ; des balades dans la campagne aux siestes à l'ombre d'un olivier, on nous trouvait toujours ensemble. Le soir, elle chantait, dansait, dans un bar de la plage. Je l'écoutais, couchée sur le sable ; sa voix profonde modulait des sons parfois doux et rauques, parfois puissants comme un cri ; elle me pénétrait jusqu'à l'âme. Il m'est arrivé de soutenir son chant par un hurlement de loup, émotion sauvage tendue vers la lune. Maria tournait alors la tête vers moi, fronçait des sourcils désapprobateurs, mais me souriait avec tendresse.

Son ami Miguel l'accompagnait à la guitare. Ses doigts, comme une araignée affamée, couraient sur les cordes, en extrayaient une multitude de sons, soyeux, âpres, chuchotés ou éclatants, secs ou résonnants, toujours harmonieux. Ils enveloppaient la voix et le corps de Maria. Quand elle dansait, sa robe volait sur ses chevilles, ses cheveux frissonnaient le long de son dos. Ses pieds impétueux frappaient l'estrade de bois, ses mains fines s'enroulaient, dessinaient de mystérieuses arabesques, dessinaient la musique intangible.

Le concert terminé, elle venait vers moi, me caressait la joue. Puis elle retournait trinquer avec Miguel, bavardait un moment, riait... Moi, je l'attendais, sereine. Quand elle se levait et repoussait son tabouret, c'était le signal : je savais que l'on allait rentrer. Je me dressais aussitôt pour la suivre.

Mais au fil des ans, marcher devenait difficile. Un jour, une douleur aiguë m'a arraché un gémissement ; j'ai commencé à boiter. Examens, radios, diagnostic : tumeur incurable de la patte arrière. Maria en pleurs. Coups de langue sur sa main pour la consoler – t'en fais pas Maria, je t'aime ; merci pour le bonheur... Plus tard, tu aimeras une autre chienne, tu oublieras... Danse Maria, et chante encore... pour moi...

Les jours suivants, mon état empira. Ce qui m'a chagrinée le plus c'est la peine de Maria, ses yeux anxieux, toujours humides, fixés sur moi. Alors, j'ai pris la décision de mourir loin d'elle pour qu'elle me garde vivante à jamais dans son souvenir.

Je suis partie, bercée de musique. Maria était en noir. Une seguiriya* triste avait remplacé le dernier fandango.

*La Seguiriya ou Siguiriya est un « palo » (style de chant) du flamenco. Il fait partie des chants de base regroupés sous le terme de «cante jondo», se chante accompagné par un guitariste, mais on connaît des versions a cappella. La seguiriya ne se danse pas.

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Rédigé par Mado

Publié dans #Musique

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Publié le 20 Avril 2016

Travail en atelier sur le thème : "La musique"

À partir de la fin d'une nouvelle (anonyme), écrivez ce que se passe avant. Les dernières phrases étant :

"Ses yeux verts, si tristes autrefois, sont maintenant joyeux, brillants, allumés !!!

Il est heureux, pleinement heureux.

Applaudissez l’artiste !"

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Aboiement, rugissement, barrissement, martellement, tintamarre de tous les diables, ils s’installent.

Fenêtre ouverte, dressée sur la pointe des pieds j’aperçois le haut d’un chapiteau vert et jaune surmonté du drapeau français.

  • Maman vite, vite maman, laisse-moi aller les voir.

Dans un désordre bien organisé, des camions rouges énormes manœuvrent, des caravanes fleuries s’installent, des chiens savants jappent entre les roues, des ouvriers manient de lourdes masses, plantent des pieux énormes. Sur les rares espaces libre des artistes sautent, jonglent, danses ou jouent qui de la trompette qui du tambour.

Je me faufile sous une remorque, mes longues anglaises blondes balaient mon visage et un peu de boue. Genoux crottés, je me relève et regarde ce grand garçon dégingandé. Un blatèrement guttural me fait sursauter, je suis adossée à la cage du chameau.

Le grand garçon me regarde, sourit, et reprend ses mouvements incompréhensibles. Je m’approche :

  • Bonjour, je m’appelle Babette, et toi ?

  • Mystère.

  • Mystère, ce n’est pas un prénom, j’habite de l’autre côté de la rue.

  • Pourtant c’est le mien et j’habite dans une roulotte.

  • Une vraie roulotte ? Tu peux me faire visiter, j’ai dix ans et toi ?

  • Treize ans, viens, je vais te montrer.

Mystère me prend par la main et m’entraîne dans un dédale qui nous conduit à sa maison, grise, triste, avec de petites roues aux pneus à peine gonflés. Il grimpe sur un escabeau, pousse une porte, entre, me fait signe de le suivre.

  • Voilà. me dit-il, accompagnant cette déclaration d’une vaste, élégante, révérence.

Un lit défait aux draps douteux. Une table encombrée des restes d’un repas, de papiers froissés, de divers objets hétéroclites. Un évier empli de vaisselles graisseuses. Un tantinet crade l’intérieur. Seul un cadre vernis met en valeur la photo d’un trapéziste, muscles proéminents, petite moustache, cheveux noirs gominés.

  • Qui est-ce ? Je lui demande.

  • Mon père parait-il, un grand acrobate de renommée mondiale.

  • Il habite avec toi ?

  • Non, il est parti avant ma naissance avec la caissière. On ne les a jamais revus !

  • Ta maman, elle est où ?

  • Partie après ma naissance avec le dompteur, jamais revue non plus !

  • Tu es seul alors ? Mystère, je comprends maintenant.

  • Mais non tu ne comprends pas. Chaque fois que les gens du cirque parlaient de mon père, de ma mère, ils ponctuaient leurs phrases d’un emphatique « Mystère » Peu à peu ils ont pris l’habitude de m’appeler Mystère.

  • C’est pour ça que tu as l’air triste ?

  • Non, je suis triste parce que je veux faire le numéro de trapèze volant qui fit la gloire de mon père. Le directeur s’y oppose au prétexte que je suis trop jeune, trop inexpérimenté. En fait, il a surtout besoin du grouillot que je suis devenu.

  • Mais que faisais-tu quand je t’ai aperçu ?

  • Je réalisais une acrobatie très dangereuse au trapèze volant… sans trapèze !

  • Je pourrai t’aider, tu veux bien ? Dis-moi ce que je peux faire ?

  • Le ménage ! et il sortit reprendre son entraînement.

Soubrette dans un cirque, pas certaine que maman apprécie ma nouvelle vocation.

Une heure plus tard, l’ensemble à peu près propre, je décide de rentrer à la maison. Je croise Mystère la tête en bas, en équilibre sur un bras, les doigts de pieds écartés ; probablement un exercice virtuel de haute voltige.

Vous devez savoir que si Maman est ma mère, Papa est mon maire, le maire de notre ville quoi ! J’aime bien cette blague et ne me prive jamais de la placer dans une conversation. Généralement elle ne fait rire que moi, mais alors beaucoup rire !!!

Mon papa maire est formidable, je suis sa princesse d’amour et à ce titre, peux tout lui demander.

  • Papa, je voudrai te parler de Mystère

  • De mystère, quel mystère ?

  • Le Mystère du cirque.

  • Il n’y a pas de mystère dans un cirque, ma chérie. Il y a des clowns, des jongleurs, des acrobates, des dompteurs…

  • Et une caissière, oui je sais. Non, je t’explique. Mystère est le prénom…

Je lui racontai mon aventure du matin, et continuai :

  • Tu comprends Papa, je suis certaine que si tu plaidais sa cause auprès du directeur, il lui serait accordé de faire son numéro de trapéziste. D’accord Papa ? Tu vas faire ça pour ta princesse d’amour ?

  • Ma chérie, ce n’est pas aussi simple, mais, mais… qui tente rien n’a rien. Je vais en parler pour faire plaisir à ma princesse d’amour.

En fin d’après-midi, papa rentre du bureau, m’interpelle :

  • Babette, il n’y a plus de Mystère ! Il s’appelle désormais Don Querote, le chevalier du trapèze volant !

  • Merci Papa, oh merci. Un gros bisou de ta princesse d’amour. Je peux aller le lui annoncer ?

  • Va et dépêche-toi, nous allons passer à table.

Je cours à la caravane de Mystère, le trouve assis sur les marches revêtu de ses habits de lumière.

  • Zut ! il sait déjà.

Son numéro brillamment exécuté, le public l’acclame, lui triomphe, salue, moi, j’admire mon héros.

Ses yeux verts, si tristes autrefois, sont maintenant joyeux, brillants, allumés !!!

Il est heureux, pleinement heureux.

Applaudissez l’artiste !

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Rédigé par Hervé

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Publié le 15 Avril 2016

La déchirure. Les pleurs. Les larmes séchées.

Les larmes disparues. Les larmes, désespérées.

Plus tard dans la vie, très tard dans la nuit.

Rythme, bruits, sueur, tabac, boite de nuit.

 

Michel Delpech chante :

« Je suis venu te dire que je m'en vais 
Et tes larmes n'y pourront rien changer » 

 

Rendez-vous des solitaires reclus,

Rendez-vous des toujours exclus.

Rendez-vous des envies sans retours,

Rendez-vous des bannis de l’amour.

 

Michel Delpech chante :

« Je suis venu te dire que je m'en vais 
Tes sanglots longs n'y pourront rien changer » 

 

Etrange lueur dans la pénombre.

J’observe ton visage sombre.

Ton visage, tes yeux, le vert luit.

Par tant de beauté, je reste ébahi.

 

Michel Delpech chante :

« Je suis venu te dire que je m'en vais 
Tu t'souviens des jours heureux et tu pleures »

 

Tu souris. Je m’approche, tu te lèves.

Toute proche, tu me colles, je rêve.

Prends ma main, m’entraine danser

Lèvres contre lèvres, un slow serré.

 

Michel Delpech chante :

« Je suis venu te dire que je m'en vais 
Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais » 

 

Mes yeux brillent, mes larmes ont séché.

Un grand éclat de rire, tu t’es éloignée.

Déchirure du cœur, vais souffrir longtemps.

Dehors pas pleurer, dedans un torrent.

 

Michel Delpech chante :

« Oui je t'aimais, oui mais 
Je suis venu te dire que je m'en vais »

 

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Rédigé par Hervé

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Publié le 14 Avril 2016

Quand les mots rencontrent la musique, s’éveillent les vibrations, vibrations de l‘ouïe, vibrations de l’esprit.

Moi je suis la note, do, ré, mi, fa, sol, la, si, do, peu importe, rehausser le mot est mon seul boulot.

Moi je suis le mot, juste une parole pour soutenir la note qui s’envole allégretto.

Moi je suis la note, je me moque que le mot soit de l’argot, du jargon militaire ou le chant de ma mie.

Moi je suis le mot, le mot choisi pour dire joie et souffrance, espoir ou amour.

 

Quand les mots rencontrent la musique, nous devenons chansons, opéras, chants ou sérénades

Quand nous devenons chansons, nous entonnons chansons à boire, chansons à mourir ou douces ballades.

Quand nous devenons opéras, lyriques, épiques, ou ballets, nous ornons d’or les palais impériaux.

Quand nous devenons chants, nous trillons comme l’oiseau-lyre ou bruissons tel un ruisseau.

Quand nous devenons sérénade, nous contons à une belle les gracieux poèmes de l’amour.

 

Quand les mots rencontrent la musique, naissent nos héros, cantatrices, ténors, chanteurs ou troubadours.

Quand naissent nos héros, cantatrices, divas, atteignent d’impossible do dièse à la septième octave.

Quand naissent nos héros, ténors, barytons, nous ensorcellent au plus profond de nos cœurs.

Quand naissent nos héros, chanteurs et pop stars mettent le feu à des stades en fureur.

Quand naissent nos héros, les troubadours vont par les châteaux réciter aubade à l’amour.

 

Quand les mots rencontrent la musique, naît l’union sacrée du rêve et de l’amour.

 

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Rédigé par Hervé

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Publié le 18 Février 2016

Description sensorielle

***

Joseph connaît parfaitement la musique. Il ne faut pas lui en raconter. Ce n’est pas pour rien qu’il est chef de l’orchestre symphonique municipal. Il serait plutôt « fortissimo » dans ses relations avec ses collègues, pour la bonne cause évidement. Tout son orchestre le reconnaît comme compétent. Il se rappelle qu’il avait été, comme eux, amateur passionné. Eux, s’entraînent trop peu dans la salle des fêtes. C’est à la maison qu’ils répètent le plus souvent. Dans la salle à manger avec pupitre, partition et instrument, sous les effluves d’une poêlée d’oignons qui rissolent, lorsque les enfants sont à l’école. Lui, avait à cœur de les tirer vers le haut ; aussi, n’est-il pas peu fier de proposer l’ouverture du Barbier de Séville de Rossini dans le kiosque à musique du jardin public. Catherine, la maîtresse d’école viendra avec ses élèves. Les parents ont donné leur accord.

La petite Emilie, veut toujours tout savoir, elle la bombarde de questions.

-Oh, la la ! Toutes ces questions ! On verra plus tard répond Catherine.

Le jour « J » arrive. Les chaises sagement alignées sont bousculées, raclent le sol au gré des arrivées. Les enfants s’installent au premier rang. Quelques sièges valdinguent, vite redressés. Rires et cris se télescopent dans un joyeux brouhaha. La marchande de barbe à papa avec son grand tablier s’affaire. Les effluves caramélisés s’envolent vers ce petit monde. Certains trahis par leurs moustaches blanches attirent copains et copines qui salivent d’impatience et finissent par picorer le nuage cotonneux.

Les jardiniers municipaux se sont surpassés. Les fleurs embaument le paysage comme une rhapsodie de Gershwin. Flûtes, hautbois, clarinettes harmonieusement remplacés par Arômes, Pétunia trompettes et Bignones en grappes.

Catherine tente de mettre bon ordre à sa troupe agitée. Caresse les têtes, redresse une chaise, signale une veste à terre, essaie de lire le programme. Au loin, le bruit des moteurs s’estompe, renvoi un écho affaibli. Le silence s’installe.

L’orchestre s’entraîne sur un mouvement. Joseph tape de la baguette sur son pupitre.

Toc…Toc…Toc…Stop…stop. Tous les musiciens s’exécutent.

-Gustave, c’est quoi la note « sotto voce » qui débute le deuxième mouvement ?

-Un mi bémol Joseph !

-Oui et tu as joué quoi ?

-Un mi bémol Joseph !

-Non Gustave, c’est un mi naturel que tu as joué !

Gustave interpellé, essaie de se justifier :

-Pourtant, je vous jure chef que…

-Ta, ta, ta ! Ne jures pas et joue moi un mi bémol !

-On reprend…Trois…quatre…

L’orchestre recommence le passage et Bing, Gustave nous remet un mi naturel !

-Gustave, bon sang, tu te fous de moi, ce n’est pas possible ? Concentre-toi. Bon, fais-moi un mi bémol ! Gustave se lève et sa clarinette étincelante libère le mi recherché.

-Voilà ! Alors, tu vois quand tu veux… Allez, on reprend…Toc…toc…Trois…Quatre… Les moustachus soufflent dans les embouchures, les joues se cuivrent par l’effort. Patatras, nouveau passage foireux…

Joseph voit rouge. Sa baguette cogne le pupitre. La mélodie s’éteint « decrescendo ».

Par les…Par les… « Par les clochettes d’Apollon ! »

La maîtresse surprise, réagit aussitôt :

-Oh, les enfants bouchez-vous les oreilles !

Emilie ne comprends plus rien. On nous avait dit de bien ouvrir nos oreilles et voilà qu’on nous demande de les fermer ! Elle dit n’importe quoi cette maîtresse !

Les musiciens interloqués par cette anecdote se regardent. Les croches, les noires, les blanches, le crescendo, le vivace, ils connaissent, alors ce mi …Puis brusquement les épaules sursautent, secouées d’un formidable fou-rire qui se communique au public. L’antidote est trouvé. Joseph, très digne, ajuste sa veste, se racle la gorge et lève sa baguette.

-Bon, on reprend ! Toc…Toc…Trois…Quatre… Le passage scabreux est absorbé avec talent. Gustave s’est surpassé.

La représentation peut débuter. Le silence des spectateurs n’est perturbé que par le bruissement impertinent des feuillages.

L’ouverture, l’air de Figaro si connu, s’élance, entraînant, cantabile, allegretto, appuyé, aimable… Les moustachus se démènent. Les hautbois répondent aux cors, les petites mains contribuent à rendre la mélodie « légato ». Les violons comme des canaris, glissent des notes « pizzicato ». Les clarinettes confirment la légèreté du morceau. Le rêve s’empare des spectateurs.

La mélodie se termine sur une envolée fortissimo et caressante. Le public est subjugué. Applaudissements, bravos fusent. Joseph rayonne. Catherine regarde son petit monde qui applaudit à tout rompre. Elle surprend le regard appuyé d’Emilie. Elle s’attend à tout. La question ne tarde pas :

-Maîtresse c’est qui Apollon ? Rassurée, elle lui répond :

-C’était un Dieu Grec de beaucoup de choses et entre autres de la musique !

-Ah bon !… Et les clochettes alors, c’est quoi ?

-Ah ! Toi, tu n’en rates pas une !

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Rédigé par Gérald

Publié dans #Musique

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