APPLAUDISSEZ L'ARTISTE

Publié le 20 Avril 2016

Travail en atelier sur le thème : "La musique"

À partir de la fin d'une nouvelle (anonyme), écrivez ce que se passe avant. Les dernières phrases étant :

"Ses yeux verts, si tristes autrefois, sont maintenant joyeux, brillants, allumés !!!

Il est heureux, pleinement heureux.

Applaudissez l’artiste !"

**********

Aboiement, rugissement, barrissement, martellement, tintamarre de tous les diables, ils s’installent.

Fenêtre ouverte, dressée sur la pointe des pieds j’aperçois le haut d’un chapiteau vert et jaune surmonté du drapeau français.

  • Maman vite, vite maman, laisse-moi aller les voir.

Dans un désordre bien organisé, des camions rouges énormes manœuvrent, des caravanes fleuries s’installent, des chiens savants jappent entre les roues, des ouvriers manient de lourdes masses, plantent des pieux énormes. Sur les rares espaces libre des artistes sautent, jonglent, danses ou jouent qui de la trompette qui du tambour.

Je me faufile sous une remorque, mes longues anglaises blondes balaient mon visage et un peu de boue. Genoux crottés, je me relève et regarde ce grand garçon dégingandé. Un blatèrement guttural me fait sursauter, je suis adossée à la cage du chameau.

Le grand garçon me regarde, sourit, et reprend ses mouvements incompréhensibles. Je m’approche :

  • Bonjour, je m’appelle Babette, et toi ?

  • Mystère.

  • Mystère, ce n’est pas un prénom, j’habite de l’autre côté de la rue.

  • Pourtant c’est le mien et j’habite dans une roulotte.

  • Une vraie roulotte ? Tu peux me faire visiter, j’ai dix ans et toi ?

  • Treize ans, viens, je vais te montrer.

Mystère me prend par la main et m’entraîne dans un dédale qui nous conduit à sa maison, grise, triste, avec de petites roues aux pneus à peine gonflés. Il grimpe sur un escabeau, pousse une porte, entre, me fait signe de le suivre.

  • Voilà. me dit-il, accompagnant cette déclaration d’une vaste, élégante, révérence.

Un lit défait aux draps douteux. Une table encombrée des restes d’un repas, de papiers froissés, de divers objets hétéroclites. Un évier empli de vaisselles graisseuses. Un tantinet crade l’intérieur. Seul un cadre vernis met en valeur la photo d’un trapéziste, muscles proéminents, petite moustache, cheveux noirs gominés.

  • Qui est-ce ? Je lui demande.

  • Mon père parait-il, un grand acrobate de renommée mondiale.

  • Il habite avec toi ?

  • Non, il est parti avant ma naissance avec la caissière. On ne les a jamais revus !

  • Ta maman, elle est où ?

  • Partie après ma naissance avec le dompteur, jamais revue non plus !

  • Tu es seul alors ? Mystère, je comprends maintenant.

  • Mais non tu ne comprends pas. Chaque fois que les gens du cirque parlaient de mon père, de ma mère, ils ponctuaient leurs phrases d’un emphatique « Mystère » Peu à peu ils ont pris l’habitude de m’appeler Mystère.

  • C’est pour ça que tu as l’air triste ?

  • Non, je suis triste parce que je veux faire le numéro de trapèze volant qui fit la gloire de mon père. Le directeur s’y oppose au prétexte que je suis trop jeune, trop inexpérimenté. En fait, il a surtout besoin du grouillot que je suis devenu.

  • Mais que faisais-tu quand je t’ai aperçu ?

  • Je réalisais une acrobatie très dangereuse au trapèze volant… sans trapèze !

  • Je pourrai t’aider, tu veux bien ? Dis-moi ce que je peux faire ?

  • Le ménage ! et il sortit reprendre son entraînement.

Soubrette dans un cirque, pas certaine que maman apprécie ma nouvelle vocation.

Une heure plus tard, l’ensemble à peu près propre, je décide de rentrer à la maison. Je croise Mystère la tête en bas, en équilibre sur un bras, les doigts de pieds écartés ; probablement un exercice virtuel de haute voltige.

Vous devez savoir que si Maman est ma mère, Papa est mon maire, le maire de notre ville quoi ! J’aime bien cette blague et ne me prive jamais de la placer dans une conversation. Généralement elle ne fait rire que moi, mais alors beaucoup rire !!!

Mon papa maire est formidable, je suis sa princesse d’amour et à ce titre, peux tout lui demander.

  • Papa, je voudrai te parler de Mystère

  • De mystère, quel mystère ?

  • Le Mystère du cirque.

  • Il n’y a pas de mystère dans un cirque, ma chérie. Il y a des clowns, des jongleurs, des acrobates, des dompteurs…

  • Et une caissière, oui je sais. Non, je t’explique. Mystère est le prénom…

Je lui racontai mon aventure du matin, et continuai :

  • Tu comprends Papa, je suis certaine que si tu plaidais sa cause auprès du directeur, il lui serait accordé de faire son numéro de trapéziste. D’accord Papa ? Tu vas faire ça pour ta princesse d’amour ?

  • Ma chérie, ce n’est pas aussi simple, mais, mais… qui tente rien n’a rien. Je vais en parler pour faire plaisir à ma princesse d’amour.

En fin d’après-midi, papa rentre du bureau, m’interpelle :

  • Babette, il n’y a plus de Mystère ! Il s’appelle désormais Don Querote, le chevalier du trapèze volant !

  • Merci Papa, oh merci. Un gros bisou de ta princesse d’amour. Je peux aller le lui annoncer ?

  • Va et dépêche-toi, nous allons passer à table.

Je cours à la caravane de Mystère, le trouve assis sur les marches revêtu de ses habits de lumière.

  • Zut ! il sait déjà.

Son numéro brillamment exécuté, le public l’acclame, lui triomphe, salue, moi, j’admire mon héros.

Ses yeux verts, si tristes autrefois, sont maintenant joyeux, brillants, allumés !!!

Il est heureux, pleinement heureux.

Applaudissez l’artiste !

Rédigé par Hervé

Publié dans #Musique

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