Publié le 20 Avril 2016

Sur le thème : "quand les mots rencontrent la musique..."

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Si la musique pouvait s'écrire avec des mots

Laisse-les s'envoler, le vent les emporte

Dans un tourbillon comme des feuilles mortes

L'orchestre du temps joue en solo

Valse de mots, sur la musique des sons

Pureté de l'âme, douceur d'un violon

Ils forment une chanson que tu fredonnes

Comme un cadeau que la vie te donne

Do ré mi fa sol la si do

Sur les touches noires et blanches du piano

Mes doigts glissent et écrivent

Des phrases d'une émotion interrogative

Là, pas besoin de grammaire

Pour la conjugaison il suffit de quelques accords

En do en fa j'exagère

Il faut quand même un support

Le babillage d'un enfant

C'est de la musique des premiers temps

Où le langage n'était que des sons

De l'origine de la grande explosion

La musique est-elle comme l'espéranto

Un langage universel

Où il suffit de chanter quelques voyelles

En crescendo pianissimo ?

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Rédigé par Bernard

Publié dans #Musique

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Publié le 20 Avril 2016

Un pu de slam pour la musique...

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Je viens pour te parler de mon pays niçois,

Nice y soit célébrée par le slam cette fois.

Je viens te raconter les murs de rouge et d'ocre,

Les beautés, les laideurs, la grandeur, le médiocre.

Je viens te murmurer les embruns de la mer,

La mer qu'on voit danser...♪ sur des affaires pas claires.

Je viens pour « m'embiler » sur toutes les magouilles

De nos pourris du coin qui s'en mettent plein les fouilles.

Je viens pour réciter, pour faire l'inventaire,

Pour inventer du slam plutôt que de me taire.

Y en aurait tant à dire, sais pas où commencer...

Je laisse à la parole toute sa liberté.

Il y a les collines jadis fleuries d'œillets

Où le béton s'étale, en vrac, une vraie pitié !

Il y a la plaine du Var qui a perdu sa « bléa »

Pour un stade de foot dédié aux « cagabléa ».

Il y a du baroque dans les vieilles églises,

Des clochers vernissés qui luisent sous la brise...

Il y a un lavoir patiné par le temps,

Tant battu au battoir des « bugadières » d'antan.

Il y a la mémoire qui plisse au Vieux-Nice,

Hisse passé glorieux vers aujourd'hui trop lisse.

Ségurane s'immisce, miss libératrice,

Authentique ou factice, toujours triomphatrice.

Je viens pour te chanter un pays fantasmé

Où « la mieu bella Nissa » continue de rêver

Sur son passé perdu, errance nostalgique

D'un monde sublimant quelques faits historiques.

Je viens pour me trouver dans ma dualité :

« Quauque mot d'aqui » rédigés en français

Pour que résonnent ici accueil et tolérance

Sous le soleil niçois, sous le grand ciel de France.

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Lexique :

« m'embiler » : m'énerver, me mettre en colère

« bléa » : la blette, très appréciée des niçois... Connaissez-vous la tarte de blettes ?

« cagabléa » : littéralement : chieurs de blettes. C'est ainsi que l'on surnomme les niçois, grands consommateurs de blettes.

« bugadières » : lavandières

« La mieu bella Nissa » : ma belle Nice, titre de « l'hymne national niçois »

« Quauque mot d'aqui » : quelques mots d'ici

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Rédigé par Carmella

Publié dans #Musique

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Publié le 20 Avril 2016

Un soir, nous avons réinventé la goguette :

Très en vogue au 19ème siècle, la goguette consiste à se réunir en petit groupe de moins de 20 personnes pour passer un bon moment et chanter.

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sur l'air des “ Copains d'abord ” de G. Brassens

Non ce n'était pas le Grand Soir mais juste une bouffée d'espoir

Quand un joli dimanche de mai on nous l'a annoncé :

Le président est socialiste, s'en iront les capitalistes,

C'est vers le mieux qu'on va aller, la crise va passer.

Pom pom pom pom...

On avait cru à ces idées, justice sociale, fraternité,

Régulation de la finance pour la douce France ;

Mais tout a été balayé par les lobbies et les banquiers,

Et c'est toujours les travailleurs dans l' collimateur !

Pom pom pom pom...

Faut faire du fric pour actionnaires, traîner les pauvres dans la misère

Pour faire monter le capital ; nous n'irons plus au bal !

On danse devant le buffet vide, notre avenir devient livide,

Le recul des acquis sociaux est notre seul lot !

Pom pom pom pom...

La pollution des sols, des mers, nous laisse au cœur un goût amer ;

L'air qu'on respire nous trucide, on mange des pesticides.

On rêve d'un monde apaisé, les animaux en liberté ;

On veut pour seule mélodie le respect d'la vie.

Pom pom pom pom...

Heureusement y a les copains, la goguette et les verres de vin,

Et des chansons, de l'enthousiasme pour vaincre les miasmes.

Comme le petit colibri, chacun doit faire sa partie,

C'est comme ça qu'on sortira du noir qui nous broie.

Pom pom pom pom... ♪♫♫♪♪...

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Rédigé par Carmella Marengo

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Publié le 20 Avril 2016

Petite délire en si... ou plutôt, sans...

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Et si je refaisais le monde ? Et si j'avais un marteau ? Et... ah !si j'étais riche... Et... si on chantait, la, la, la, la... ♪ ♪

Il a suffit que je me penche au bord d'une portée. La clé de sol, envoûtante de circonvolutions élégantes, m'enlace. Je tombe sur son horizon hachuré. Là, une symphonie me happe... me harpe ?

Emportée par une ronde allegro, je valse sur un sol en trémolo sur une corde. Une cascade de croches me fait un croche-patte, je trébuche sur un bémol tout proche. Un dièse me reçoit, fenêtre ouverte sur le la, là, au milieu de la portée. Une suite en farandole de noires cramponnées en triolet, de blanches joufflues comme des bulles, court, saute de ligne en ligne. Tout en bas, tout bas, le do barré résonne, ponctué d'un silence.

Sur le soupir, je fais la pause.

Puis, la musique recommence, bancale. Les notes ont perdu le la, le fa dégringole vers le ré, le mi se hisse jusqu'au do. Une fausse note coupe la mesure ; toute la gamme est en effervescence. Il se passe quelque chose de grave, je crois... C'est au point d'orgue que tout a dérapé. Les notes s'emballent... Il en manque une ! Qui ? Pourquoi ?

Cacophonie sur la portée ; ça s'agite, ça s'entrechoque, ça vocalise : do, ré, mi, fa, sol, la, , do.

Soupir entre la et do ? Le si a disparu ! De triolets en triple-croches, un bourdon se propage...

Et si le si s'en était allé siffler là-haut sur la colline ? Et si c'était ça, refaire le monde ? ♫

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Rédigé par Carmella

Publié dans #Musique

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Publié le 20 Avril 2016

Les objets s'animent dans le cabinet des curiosités...

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La nuit se répand dans le château du baron de Segonzac. La pluie crépite sur les tuiles. Dans le CABINET DES CURIOSITÉS, la pénombre s'installe. C'est l'heure à laquelle les objets s'animent. La pipe de Georges Brassens crachote un nuage bleu :

  • Hum, hum... tu es réveillée ?

La guitare d'Elvis Presley frémit de toutes ses cordes.

  • Maintenant oui, chantonne-t-elle.

  • Entends-tu la pluie sur le toit ? Ça me rappelle le jour où j'ai rencontré Georges, soupire la pipe. C'était il y a longtemps, très longtemps. J'attendais dans la vitrine d'un magasin que quelqu'un veuille bien m'adopter. Le temps menaçait. De gros nuages emplissaient tout le ciel. Je les observais quand un pardessus s'interposa entre eux et moi. Surmontant le pardessus, une moustache, un regard fixé sur moi. Au-dessus du regard, un chapeau. Puis le clic de la porte qui s'ouvre, quelques paroles, une main qui me saisit. Georges, car c'était lui, m'examine, me caresse, me porte à sa bouche et m'achète. À peine sorti du magasin, il bourre ma tête de tabac, craque une allumette. En quelques bouffées, la chaleur, la fumée m'envahissent. Nous flânons, heureux, moi pendu à ses lèvres quand une goutte me frappe, puis une autre, et encore une autre... La pluie nous rattrape, tourbillonne autour de nous ; les gouttes grésillent sur mon foyer, je m'étouffe. Georges tente de me protéger du bord de son chapeau, mais l'eau gicle sur le tabac incandescent. Au moment où j'allais me noyer, un toit providentiel surgit. Une jeune femme magnifique - elle avait quelque chose d'un ange - nous offre un p'tit coin de parapluie. Elle nous accompagne jusque devant la porte de Georges, nous sourit, nous quitte. Il me semble avoir vu alors une larme rouler sur la joue de Georges... à moins que ce ne soit une goutte de pluie... En tout cas, je sais qu'il a fait de cette rencontre une chanson, sauf qu'il s'est donné le beau rôle. Il raconte que c'est lui qui abrite la jeune femme, mais c'est faux ! Je le sais, j'y étais...

La guitare d'Elvis sonne un la de compréhension :

  • Tu sais, Elvis aussi... Écoute ça : il était très jeune et pas encore connu, mais je l'accompagnais déjà partout. Un jour, on a dormi dans une maison qui louait des chambres aux voyageurs. On y est restés quelques temps, on s'y trouvait bien. Le soir, Elvis, me sortait de l'étui, me serrait contre lui et grattait mes cordes de ses doigts experts. La musique jaillissait, je lui offrais des sons nouveaux, puissants, pour porter ses textes. Dans cette maison vivait un jeune garçon aux jambes faibles, cerclées d'un appareillage en métal. Il venait nous écouter, il dansait. Il avait un jeu de jambes plutôt cocasse avec son appareillage. Genoux fléchis, pieds écartés, il tricotait un peu de la guibolle, tout en se déhanchant. Hé bien, tu sais quoi ? Elvis s'est inspiré de cette danse, l'a travaillée, et c'est ce qui a fait une partie de son succès, et aussi de son scandale dans l'Amérique puritaine de l'époque !... L'enfant s'appelait Forrest... Forrest Gump je crois... Il me semble même qu'on a fait un film sur lui...

La guitare se tait dans un vibrato nostalgique. Puff, puff... la pipe souffle un souvenir de fumée. Dans le CABINET DES CURIOSITÉS d'autres objets se racontent. Là-bas, la plume de Jules Verne prend des notes...

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Rédigé par Carmella

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Publié le 20 Avril 2016

Sur le thème "musique", un fait divers...

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Sous le pavois illuminé, papotent, se bousculent la fine fleur de la société niçoise.

Personnages pittoresques, vous reconnaîtrez ceux que la musique ennuie mais pas les mondanités, les permanentées, les emperlousées, précieuses et ridicules. Vous reconnaîtrez ceux qui vivent de prébendes, l’œil toujours à l’affût, la main prête à happer celle d’un hypothétique mécène. Vous reconnaîtrez peut être le véritable mélomane, vêtu à la va comme je te pousse, qui discrètement gagne le poulailler. Pathétiques, vous direz-vous ? Non pas, humains seulement.

Corsage froissé, jupe de travers, coiffure en désordre, Juliette reprend sa place derrière la caisse. Le guichet à peine ouvert pleuvent les récriminations.

  • Mais où étiez-vous donc ?

  • Mademoiselle, mon mari et moi piétinons depuis trop longtemps !

  • Mademoiselle, c’est inadmissible, j’attends depuis plus de vingt minutes !

  • Mademoiselle, je vais me plaindre à la direction !

  • Mademoiselle, je vais téléphoner à qui de droit, vous serez licenciée !

  • Mademoiselle, si c’est pas malheureux, me faire attendre, moi !

Juliette sourit, béate. Juliette, une jeune femme splendide si, aujourd’hui, elle n’avait la goutte au nez.

  • Atchoum ! Un énorme éternuement pour toute réponse.

Sans l’heureuse présence de l’hygiaphone, plus d’un chapeau, plus d’une perruque auraient voleté sous la bourrasque.

Commence la distribution des billets.

  • Deux places en corbeille s’il vous plaît.

  • Atchoum ! Trente euros.

  • Trois places, au parterre s’il vous plaît.

  • Sniff, sniff renifle Juliette, 60 euros.

Yeux pleurants, nez coulant, la caissière poursuit son travail ponctué de spasmes.

A la sonnerie, chacun se précipite vers son fauteuil, bousculades, engueulades susurrées à mi-voix, le calme revient, le silence s’établit.

Le rideau frémit

  • Aaah, d’aise du public.

Le rideau se lève sur l’orchestre philharmonique de la paroisse de Saint-Pancrace.

  • Clap, clap. Applaudissements. La tension monte.

Entre le chef d’orchestre.

  • Clap, clap, clap. Applaudissements nourris. L’impatience augmente encore.

Entre le Ténor au bras de la Soprano.

  • Clap, clap, clap - Clap, clap, clap. Explosion d’applaudissements, la folie.

Le chef d’orchestre salue, entraîne dans son mouvement ténor et soprano. Chacun gagne sa place. Le premier violon s’assoie, le chef d’orchestre monte au pupitre, lève sa baguette. La soprano rosit.

Le Ténor redresse sa stature, ouvre grand la bouche

  • Atchoum, Atchoum ! Double magistraux ébrouements.

Contagieuse Juliette ? Allez donc mauvaises langues !!!

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Rédigé par Hervé

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Publié le 20 Avril 2016

Travail en atelier sur le thème : "La musique"

À partir de la fin d'une nouvelle (anonyme), écrivez ce que se passe avant. Les dernières phrases étant :

"Maria était en noir. Une seguiriya triste avait remplacé le dernier fandango."

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Je suis morte un soir d'été, cachée dans les roseaux. Maria chantait quelque part, au loin. Sa voix me parvenait par bribes. J'ai basculé, envolée sur l'écho d'une note, vers un ailleurs apaisé.

J'avais senti la mort approcher - il est des signes qui ne trompent pas. Je l'ai attendue sans regret, point d'orgue à la vie, à la bonne vie caressée de musique, la vie auprès de Maria.

Maria m'a recueillie quand j'avais faim et peur. Elle m'a nourrie, lavée, rassurée et très vite, apprivoisée. Je ne la quittais jamais. Pendant la journée, nous partagions tout ; des balades dans la campagne aux siestes à l'ombre d'un olivier, on nous trouvait toujours ensemble. Le soir, elle chantait, dansait, dans un bar de la plage. Je l'écoutais, couchée sur le sable ; sa voix profonde modulait des sons parfois doux et rauques, parfois puissants comme un cri ; elle me pénétrait jusqu'à l'âme. Il m'est arrivé de soutenir son chant par un hurlement de loup, émotion sauvage tendue vers la lune. Maria tournait alors la tête vers moi, fronçait des sourcils désapprobateurs, mais me souriait avec tendresse.

Son ami Miguel l'accompagnait à la guitare. Ses doigts, comme une araignée affamée, couraient sur les cordes, en extrayaient une multitude de sons, soyeux, âpres, chuchotés ou éclatants, secs ou résonnants, toujours harmonieux. Ils enveloppaient la voix et le corps de Maria. Quand elle dansait, sa robe volait sur ses chevilles, ses cheveux frissonnaient le long de son dos. Ses pieds impétueux frappaient l'estrade de bois, ses mains fines s'enroulaient, dessinaient de mystérieuses arabesques, dessinaient la musique intangible.

Le concert terminé, elle venait vers moi, me caressait la joue. Puis elle retournait trinquer avec Miguel, bavardait un moment, riait... Moi, je l'attendais, sereine. Quand elle se levait et repoussait son tabouret, c'était le signal : je savais que l'on allait rentrer. Je me dressais aussitôt pour la suivre.

Mais au fil des ans, marcher devenait difficile. Un jour, une douleur aiguë m'a arraché un gémissement ; j'ai commencé à boiter. Examens, radios, diagnostic : tumeur incurable de la patte arrière. Maria en pleurs. Coups de langue sur sa main pour la consoler – t'en fais pas Maria, je t'aime ; merci pour le bonheur... Plus tard, tu aimeras une autre chienne, tu oublieras... Danse Maria, et chante encore... pour moi...

Les jours suivants, mon état empira. Ce qui m'a chagrinée le plus c'est la peine de Maria, ses yeux anxieux, toujours humides, fixés sur moi. Alors, j'ai pris la décision de mourir loin d'elle pour qu'elle me garde vivante à jamais dans son souvenir.

Je suis partie, bercée de musique. Maria était en noir. Une seguiriya* triste avait remplacé le dernier fandango.

*La Seguiriya ou Siguiriya est un « palo » (style de chant) du flamenco. Il fait partie des chants de base regroupés sous le terme de «cante jondo», se chante accompagné par un guitariste, mais on connaît des versions a cappella. La seguiriya ne se danse pas.

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Rédigé par Mado

Publié dans #Musique

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Publié le 20 Avril 2016

Travail en atelier sur le thème : "La musique"

À partir de la fin d'une nouvelle (anonyme), écrivez ce que se passe avant. Les dernières phrases étant :

"Ses yeux verts, si tristes autrefois, sont maintenant joyeux, brillants, allumés !!!

Il est heureux, pleinement heureux.

Applaudissez l’artiste !"

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Aboiement, rugissement, barrissement, martellement, tintamarre de tous les diables, ils s’installent.

Fenêtre ouverte, dressée sur la pointe des pieds j’aperçois le haut d’un chapiteau vert et jaune surmonté du drapeau français.

  • Maman vite, vite maman, laisse-moi aller les voir.

Dans un désordre bien organisé, des camions rouges énormes manœuvrent, des caravanes fleuries s’installent, des chiens savants jappent entre les roues, des ouvriers manient de lourdes masses, plantent des pieux énormes. Sur les rares espaces libre des artistes sautent, jonglent, danses ou jouent qui de la trompette qui du tambour.

Je me faufile sous une remorque, mes longues anglaises blondes balaient mon visage et un peu de boue. Genoux crottés, je me relève et regarde ce grand garçon dégingandé. Un blatèrement guttural me fait sursauter, je suis adossée à la cage du chameau.

Le grand garçon me regarde, sourit, et reprend ses mouvements incompréhensibles. Je m’approche :

  • Bonjour, je m’appelle Babette, et toi ?

  • Mystère.

  • Mystère, ce n’est pas un prénom, j’habite de l’autre côté de la rue.

  • Pourtant c’est le mien et j’habite dans une roulotte.

  • Une vraie roulotte ? Tu peux me faire visiter, j’ai dix ans et toi ?

  • Treize ans, viens, je vais te montrer.

Mystère me prend par la main et m’entraîne dans un dédale qui nous conduit à sa maison, grise, triste, avec de petites roues aux pneus à peine gonflés. Il grimpe sur un escabeau, pousse une porte, entre, me fait signe de le suivre.

  • Voilà. me dit-il, accompagnant cette déclaration d’une vaste, élégante, révérence.

Un lit défait aux draps douteux. Une table encombrée des restes d’un repas, de papiers froissés, de divers objets hétéroclites. Un évier empli de vaisselles graisseuses. Un tantinet crade l’intérieur. Seul un cadre vernis met en valeur la photo d’un trapéziste, muscles proéminents, petite moustache, cheveux noirs gominés.

  • Qui est-ce ? Je lui demande.

  • Mon père parait-il, un grand acrobate de renommée mondiale.

  • Il habite avec toi ?

  • Non, il est parti avant ma naissance avec la caissière. On ne les a jamais revus !

  • Ta maman, elle est où ?

  • Partie après ma naissance avec le dompteur, jamais revue non plus !

  • Tu es seul alors ? Mystère, je comprends maintenant.

  • Mais non tu ne comprends pas. Chaque fois que les gens du cirque parlaient de mon père, de ma mère, ils ponctuaient leurs phrases d’un emphatique « Mystère » Peu à peu ils ont pris l’habitude de m’appeler Mystère.

  • C’est pour ça que tu as l’air triste ?

  • Non, je suis triste parce que je veux faire le numéro de trapèze volant qui fit la gloire de mon père. Le directeur s’y oppose au prétexte que je suis trop jeune, trop inexpérimenté. En fait, il a surtout besoin du grouillot que je suis devenu.

  • Mais que faisais-tu quand je t’ai aperçu ?

  • Je réalisais une acrobatie très dangereuse au trapèze volant… sans trapèze !

  • Je pourrai t’aider, tu veux bien ? Dis-moi ce que je peux faire ?

  • Le ménage ! et il sortit reprendre son entraînement.

Soubrette dans un cirque, pas certaine que maman apprécie ma nouvelle vocation.

Une heure plus tard, l’ensemble à peu près propre, je décide de rentrer à la maison. Je croise Mystère la tête en bas, en équilibre sur un bras, les doigts de pieds écartés ; probablement un exercice virtuel de haute voltige.

Vous devez savoir que si Maman est ma mère, Papa est mon maire, le maire de notre ville quoi ! J’aime bien cette blague et ne me prive jamais de la placer dans une conversation. Généralement elle ne fait rire que moi, mais alors beaucoup rire !!!

Mon papa maire est formidable, je suis sa princesse d’amour et à ce titre, peux tout lui demander.

  • Papa, je voudrai te parler de Mystère

  • De mystère, quel mystère ?

  • Le Mystère du cirque.

  • Il n’y a pas de mystère dans un cirque, ma chérie. Il y a des clowns, des jongleurs, des acrobates, des dompteurs…

  • Et une caissière, oui je sais. Non, je t’explique. Mystère est le prénom…

Je lui racontai mon aventure du matin, et continuai :

  • Tu comprends Papa, je suis certaine que si tu plaidais sa cause auprès du directeur, il lui serait accordé de faire son numéro de trapéziste. D’accord Papa ? Tu vas faire ça pour ta princesse d’amour ?

  • Ma chérie, ce n’est pas aussi simple, mais, mais… qui tente rien n’a rien. Je vais en parler pour faire plaisir à ma princesse d’amour.

En fin d’après-midi, papa rentre du bureau, m’interpelle :

  • Babette, il n’y a plus de Mystère ! Il s’appelle désormais Don Querote, le chevalier du trapèze volant !

  • Merci Papa, oh merci. Un gros bisou de ta princesse d’amour. Je peux aller le lui annoncer ?

  • Va et dépêche-toi, nous allons passer à table.

Je cours à la caravane de Mystère, le trouve assis sur les marches revêtu de ses habits de lumière.

  • Zut ! il sait déjà.

Son numéro brillamment exécuté, le public l’acclame, lui triomphe, salue, moi, j’admire mon héros.

Ses yeux verts, si tristes autrefois, sont maintenant joyeux, brillants, allumés !!!

Il est heureux, pleinement heureux.

Applaudissez l’artiste !

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Rédigé par Hervé

Publié dans #Musique

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Publié le 15 Avril 2016

La déchirure. Les pleurs. Les larmes séchées.

Les larmes disparues. Les larmes, désespérées.

Plus tard dans la vie, très tard dans la nuit.

Rythme, bruits, sueur, tabac, boite de nuit.

 

Michel Delpech chante :

« Je suis venu te dire que je m'en vais 
Et tes larmes n'y pourront rien changer » 

 

Rendez-vous des solitaires reclus,

Rendez-vous des toujours exclus.

Rendez-vous des envies sans retours,

Rendez-vous des bannis de l’amour.

 

Michel Delpech chante :

« Je suis venu te dire que je m'en vais 
Tes sanglots longs n'y pourront rien changer » 

 

Etrange lueur dans la pénombre.

J’observe ton visage sombre.

Ton visage, tes yeux, le vert luit.

Par tant de beauté, je reste ébahi.

 

Michel Delpech chante :

« Je suis venu te dire que je m'en vais 
Tu t'souviens des jours heureux et tu pleures »

 

Tu souris. Je m’approche, tu te lèves.

Toute proche, tu me colles, je rêve.

Prends ma main, m’entraine danser

Lèvres contre lèvres, un slow serré.

 

Michel Delpech chante :

« Je suis venu te dire que je m'en vais 
Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais » 

 

Mes yeux brillent, mes larmes ont séché.

Un grand éclat de rire, tu t’es éloignée.

Déchirure du cœur, vais souffrir longtemps.

Dehors pas pleurer, dedans un torrent.

 

Michel Delpech chante :

« Oui je t'aimais, oui mais 
Je suis venu te dire que je m'en vais »

 

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Rédigé par Hervé

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Publié le 14 Avril 2016

Quand les mots rencontrent la musique, s’éveillent les vibrations, vibrations de l‘ouïe, vibrations de l’esprit.

Moi je suis la note, do, ré, mi, fa, sol, la, si, do, peu importe, rehausser le mot est mon seul boulot.

Moi je suis le mot, juste une parole pour soutenir la note qui s’envole allégretto.

Moi je suis la note, je me moque que le mot soit de l’argot, du jargon militaire ou le chant de ma mie.

Moi je suis le mot, le mot choisi pour dire joie et souffrance, espoir ou amour.

 

Quand les mots rencontrent la musique, nous devenons chansons, opéras, chants ou sérénades

Quand nous devenons chansons, nous entonnons chansons à boire, chansons à mourir ou douces ballades.

Quand nous devenons opéras, lyriques, épiques, ou ballets, nous ornons d’or les palais impériaux.

Quand nous devenons chants, nous trillons comme l’oiseau-lyre ou bruissons tel un ruisseau.

Quand nous devenons sérénade, nous contons à une belle les gracieux poèmes de l’amour.

 

Quand les mots rencontrent la musique, naissent nos héros, cantatrices, ténors, chanteurs ou troubadours.

Quand naissent nos héros, cantatrices, divas, atteignent d’impossible do dièse à la septième octave.

Quand naissent nos héros, ténors, barytons, nous ensorcellent au plus profond de nos cœurs.

Quand naissent nos héros, chanteurs et pop stars mettent le feu à des stades en fureur.

Quand naissent nos héros, les troubadours vont par les châteaux réciter aubade à l’amour.

 

Quand les mots rencontrent la musique, naît l’union sacrée du rêve et de l’amour.

 

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Rédigé par Hervé

Publié dans #Musique

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