NAUFRAGE

Publié le 8 Novembre 2020

Sur la mer bien calme,

De Nice ils sont partis,

Sans voile à la rame,

Jamais on ne les revit.

 

Ceci est une histoire vraie, un drame. La suite, que phantasmes 

 

Premier janvier 1950

 

Vingt et une heures, le Nautilus s'immerge pour un périple d'une année. il est dans les parages, il drague. Le pacha, le capitaine Mamo, photographe expert, au travers d'un hublot, étudie le ventre de la mer. C’est de là qu'est venu le terme de mammographie. Mine de rien, il va, il vient, il explore les fonds marins. De Monaco à Macao, les fonds sont certains, pas seulement au fond des eaux, idem sur les tables des casinos. Mais au fond des océans le « cac 40 » rien ne vaut. Un matelot vêtu d'un paletot, s'étonne devant son hublot. De près ou de loin, il ne voit plus rien. Le Nautilus avance à petits nœuds incertains. Puis une lumière diffuse venue du fond de l'océan, apparaît parmi une variété de poissons inconnus, au milieu de formes d'habitations troglodytes. A cinquante pieds de profondeur le Nautilus vibre de tous ses moteurs. Il faut au plus vite reprendre de la hauteur. Avons-nous découvert l'Atlantide ou naviguons-nous au centre du triangle des Bermudes. Nous le saurons si le sous-marin n'implose pas dans les minutes qui suivent. Le tableau de bord du submersible s'affole, les aiguilles dans les cadrans tournent toutes ensemble, mais pas dans le même sens. Les vibrations s'atténuent, malgré cela le sous-marin ne répond plus aux commandes. Il zigzague, sursaute, avance dans la direction qu'il choisit. Malgré les consignes nous invitant à ne pas faire surface, le sous-marin semble être commandé de l'extérieur. Le périscope ne nous apprend rien, l'obscurité est totale. Nous ne sommes plus maîtres de la situation. Je m'aperçois qu'autour de moi mes camarades ont l'air sournois. Leurs yeux scintillent, ils pétillent avant de s'éteindre, et dans la carrée, ils s'affalent aux quatre coins de cette pièce ovale. Je reste debout stupéfait avant de m'écrouler.

J'ouvre un œil, je suis allongé sur un lit de camp, je regarde autour de moi, Je vois des formes remuer au ralenti. Petit à petit je reprends mes esprits, Je me trouve dans une salle très grande mais basse de plafond. Drôle de plafond, il est irrégulier, taillé à coups de hache me semble-t-il, comme les murs. Cette salle immense, caverne serait plus juste, est en fait un dortoir ou des hommes se lèvent, chuchotent. Je les reconnais, c'est l'équipage du sous-marin. J'allais les rejoindre quand un petit nain vient vers moi. Je dis petit nain volontairement, ce n'est pas un pléonasme, il est moitié plus petit qu'un nain normal. Il s'adresse à moi dans un français châtié :

Je me présente, je suis monsieur Moins. Mon supérieur, monsieur Plus est le président de plusieurs états réunis. Nous sommes des millions d'individus vivant dans ce magnifique pays qu'est l'Atlantide. Une voûte translucide d'une solidité à toute épreuve nous protège d'une éventuelle inondation. Du point culminant de notre territoire nous voyons évoluer les animaux marins. Notre pays est en quelques sortes un aquarium où les visiteurs sont à l'intérieur. Veuillez m 'excuser, je parle trop. Je vous souhaite la bienvenue, vous êtes nos hôtes tant que vous le désirez. Il y a six mois que nous vous avons sauvés, c'était in extremis. Nous avons réparé la machinerie de votre sous-marin, il est prêt à reprendre la mer.

Tout en parlant Mr moins nous amène dans une salle contiguë ou des tables sont dressées. Dressées, c'est beaucoup dire. Elles sont très basses et les sièges sont des coussins posés sur le sol. Une armée de serviteur nous amène des plats avec des mets que nous ne connaissons pas. Appétissants... nous goûtons d’abord du bout des lèvres, puis nous nous régalons car nous avons très faim, et ces plats sont divinement bons. A la fin du repas Mr Moins nous rejoint, il voudrait bien nous faire visiter quelques endroits de ce grand pays, mais hors ces deux pièces construites à notre taille, le reste de l'Atlantide est à l'échelle de ses habitants, il peut nous faire voir sur grand écran des sites typiques construits et ordonnancés de façon géniale. Cela ressemble à d'immenses fourmilières. Ensuite il s'informe du moment où nous désirons reprendre notre voyage pour avoir le temps de préparer le sas afin de remettre le sous-marin à l'eau. Nous décidons du lendemain après le déjeuner. A l'heure dite nous sommes prêts à embarquer. Il nous explique la manœuvre :

Vous entrez dans le sous-marin, vous prenez chacun votre poste, vous ne vous occupez de rien. Je vous indiquerai par radio lorsque vous pourrez reprendre le contrôle des commandes.

Puis, il ajoute cette petite phrase :

Il se pourrait très bien qu'en arrivant chez vous, vous ne vous rappeliez plus cette parenthèse.

 

Nous embarquons après avoir chaudement remercié Mr Moins. Tous les marins gagnent leurs postes, attendent le feu vert avant d'entamer les manœuvres pour relancer les machines. Nous sentons le sous-marin se déplacer lentement sur sa rampe de lancement, une légère secousse et la voix de Mr Moins nous informe que nous pouvons reprendre la maîtrise de notre submersible. Les machines ronronnent, l'altimètre indique moins cinquante mètres, plus aucun trouble dans les cadrans, nous remontons rapidement à moins trente, et reprenons l'itinéraire prévu. Le commandant met à jour le livre de bord. Les hommes de service de nuit prennent leurs repas, vont relayer leurs camarades qui vont dîner en plaisantant avant de regagner leur couchage, avant extinction des feux à vingt-deux heures. Nous respectons notre ordre de mission sans remonter à la surface. Les semaines s'additionnent aux rythmes des exercices prévus et nous voici enfin au bout de notre mission d'une durée d'un an jour pour jour. Mission réussie !

 

Premier janvier 1951 vingt et une heure.

 

A l’approche du port, pour l'accostage, nous sortons le périscope. Soleil couchant !

 

 

PALOU - LOUIS

 

 

 

Rédigé par Louis

Publié dans #Rêves

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article