MES RÊVES FAMILIERS À MOI !

Publié le 7 Novembre 2020

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante, sente tortueuse qui mène à Mouthier-Haute-Pierre. Bordée de platanes dénudés, les pieds plantés dans la gadouille, les branches tendues vers de noires nuées de pleige semblent hurler : Approchez si vous osez ! Elles osent. Combat dantesque quand le vent entre dans la partie. Il pousse, tire, volte, spirale, plie les plus fragiles, casse à grand fracas les plus graciles. Sous la pluie battante les essuie-glace n’essuient plus rien, la voiture roule trop vite. Un tronc plus faible, blessé, vaincu, abandonne et se couche en travers de la route… Trop tard !

 

Mais aussi…

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante que les autochtones nomment RN 7. Pour nous nordistes, un tapis volant qui nous convoie direct au paradis. En une journée nous passons d’obscurs dégradés de gris vers des bleus mordorés chatoyants. Certains essaient de nous prévenir mais en langue d’Oc quand nous n’entendons que la langue d’Oïl. Alors échanger nos cimicidae apprivoisées pour des aedes aegypti chasseurs de nuit, alliés à des paracentrotus piqueurs intradermiques de jour. Voir nos compagnes à la douce peau d’albâtre se transformer en écrevisses boursouflées, un seul cri : Gast, Paulette fait les valises, on retourne en pays pollué !

 

Ou encore…

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante qui tournicoterait le long d’un rivage de sable blanc dédié à enchâsser la mer turquoise avec ça et là une discrète frange d’écume. Tout le long de la route ombragée, espacés très régulièrement, des bancs sont posés là pour contempler seulement. Un petit nuage de beau temps, lambeau léger de ouate blanche, suit la ligne d’horizon. Je grimpe ! Une mouette m’accompagne. La brise légère souffle d’Est, au pas de sénateur défilent Menton, Monaco, Nice, Cannes. Là, l’oiseau ami vire en piqué serré sur son aile droite. Simultanément je reçois une violente tape sur l’épaule. Qu’est-ce ? Eole, oui, le Dieu en personne, me hurle à l’oreille : Saute, après l’Estérel souffle Mistral !

 

D’autres fois…

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante verticale qui conduit droit au ciel, si vaste, si noir, que je pourrais m’y perdre si je n’apercevais des milliers, des millions de foyers étincelants. Des étoiles tout bêtement, que nenni beaucoup trop près. Non des astéroïdes géocroiseurs habités. Quel étonnant pays… Lancés à des allures folles, ils se doublent, s’entrecroisent, évidemment se heurtent violemment, explosent littéralement en énormes boules de feu qui projettent des éclats à des milliards de lieux à la ronde, une météorite minuscule me fend le cuir chevelu. Quelle imprudence, jamais sur Terre nous n’accepterons une telle conduite disaient les dinosaures !

 

Et même…

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante qui tourne en rond dans ma lucarne carrée. Je peux y voir, revoir et revoir à satiété les docteurs, les professeurs plus émérites les unes que les uns que les autres, nous expliquer, A plus B à l’appui, que l’être humain est mortel, tous, peut-être même toutes, probablement moi y compris. Il faut nous protéger, plus, allez encore plus, vous pouvez le faire. Je le fais. Bouleversé par tant de sollicitude, seul, masqué, cloîtré au fin fond de ma thébaïde, j’ose confier mon désarroi au Père Vidoc. Sèche tes larmes, me dit-il, sans patients, plus de médecins, ces gens défendent leur fond de commerce, quoi de plus naturel !

 

Aimablement suggéré par Monsieur Paul.

 

(…)

Rédigé par Hervé

Publié dans #Rêves

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