Publié le 5 Décembre 2024
voyage
…
Stéphane aux commandes de la "bête"
Je suis né le 27 avril 1950 je m'appelle Stéphane Pierre-Brune cela fait plus de dix ans que je suis employé au chemin de fer. Aujourd'hui pour moi est un grand jour, je vais être aux commandes de la locomotive type 120 mais pas n'importe laquelle, celle qui va entraîner derrière elle un des plus célèbres trains : “L'orient express”.
Pour fêter cet événement j'ai mis mon plus beau bleu de travail ; c'est avec un petit peu d'angoisse que je rejoins la gare de l'Est où, j'en suis sûr, mon coéquipier, Romain le chauffeur, m'attend.
Elle, elle est là, brillante dans la lumière du matin, entourée par les fumerolles de vapeur. Le foyer, alimenté par Romain, laisse entrevoir les boulets de charbon incandescents, Elle est prête.
Un grand coup de sifflet déchire l'espace invitant tous les voyageurs à prendre place dans leur compartiment.
Un regard en arrière, je contemple le ballet des porteurs qui s'affairent à accompagner tout ce parterre du beau monde parisien. Après ce brouhaha de voix, mélanges d'ordres et d'au revoir, un deuxième sifflet annonce le départ.
Romain et moi, nous nous assurons par un dernier regard que le chef de gare restait seul sur le quai en agitant son drapeau pour nous donner le feu vert du départ .
Romain jeta quelques pelles supplémentaires dans le foyer et je fais crier le sifflet en lâchant un grand jet de vapeur, la machine se mit à grincer, les roues firent jaillir des étincelles, la bête, comme nous avions l'habitude de l'appeler, se mit en marche.
C'est avec une série de secousses que le convoi s’ébranla pour entamer son long voyage à travers l'Europe. Les lumières de la ville comme une guirlande paressai glissé devant mes yeux pour disparaitre dans le lointain.
Apparition
Sur les rails luisant sous la lumière de la lune, la machine déchire le voile de la nuit.
La vapeur qui s'échappe, enveloppe l'atmosphère formant un ruban cotonneux entourant les wagons d'un nuage de mystère.
Au rythme du tempo - badaba, badaba - des roues sur les rails, j'actionne le sifflet, cri strident qui, comme un hurlement d'un loup, fait fuir l'animal caché au fond du trou noir des tunnels.
Le paysage défile laissant derrière lui les histoires d'un monde qui lui était inconnu. Dans leur espace entre locomotive et le tandem, les cadrans brillent comme des étoiles et le visage de Romain, éclairé par la lumière du foyer, ressemble à un tableau d'un peintre hollandais.
Le crissement des roues immobilise, le train étape indispensable pour recharger en eau et en charbon, éléments nécessaires pour continuer notre voyage. J'en profite pour sauter sur le quai où seul le chef de gare donne des consignes aux quelques voyageurs qui, comme moi, ont eu besoin de se dégourdir les jambes. Sous le halo d'un réverbère, enveloppée par la brume, elle était là, silhouette fine et fuselée. Son allure, ses habits, tranchaient avec ce que Stéphane avait observé en regardant les voyageurs à la gare de l'Est. Le temps fut de courte durée et déjà Romain, resté à bord, actionna le sifflet annonçant le départ.
C’est avec une série de secousses que le convoi s'ébranla pour repartir faire une nouvelle destination. Stéphane emporta avec lui le souvenir de cette brève apparition en se promettant d'essayer de la revoir au prochain arrêt.
Crissement dans la nuit
Le voyage continue à travers des paysages fantastiques, cartes postales éphémères qui disparaissent dans la nuit, accompagnées par le sifflement aigu du moteur qui se mêle au cliquetis des pistons qui poussent les bielles entraînant avec force la machine vers l'avant ,dans une musique composée du bruit caractéristique de la vapeur à mesure que la pression augmente. Stéphane, comme un capitaine de navire, surveille le bon fonctionnement de sa bête. Romain alimente le foyer en jetant des pelletés de charbon dans le foyer ouvert devant lui.
Soudain, le crissement des roues sur les rails fit jaillir des étincelles éclairant d'une lumière inquiétante le monde de Stéphane. Après quelques centaines de mètres, le convoi s'immobilise au milieu d'une campagne déserte.
Que se passe-t-il ?
Stéphane jeta un œil au cadran, pour comprendre le pourquoi du comment.
Un voyant rouge lui donnera la réponse: un voyageur avait actionné l'arrêt d'urgence.
Stéphane sauta sur le ballast pour aller demander des explications sur cet acte répréhensible.
Le chef de train lui fit un rapport circonstancié sur un vol qui aurait été commis au préjudice d'un certain Marco Morassi.
Le voleur aurait emporté un violon d'une valeur inestimable.
C'est alors qu'un certain Hercule Poirot, détective privé, se présenta spontanément pour, dit-il, élucider cette affaire, car pour lui le violon n'avait pas pu disparaître sans laisser un son ou une trace.
Pendant ce temps, le chef de train essayait de calmer Marco Morassi qui n'en finissait pas de crier au scandale, et fit part à Stéphane qu'il pouvait reprendre le voyage vers sa prochaine destination, Vienne.
C'est avec une série de secousses que le convoi s'ébranla laissant derrière lui son nuage de mystère.
Un violon au charbon
Le paysage défile à la vitesse du train au rythme des pelletées de charbon enfournées par Romain. Stéphane se laisser bercer par le bruit régulier des roues sur les rails. Vienne n'était plus qu'à une heure, étape obligatoire pour permettre à Romain et Stéphane de vérifier « la bête » et de l’approvisionner en charbon et en eau pour le reste du voyage.
Stéphane, les yeux fixés sur les cadrans, sursauta au cri de Romain.
- Regarde ce que j'ai trouvé, là dans le tandem !
Au milieu du charbon apparaissait une caisse métallique qui résonna au coup de pelle de Romain.
Stéphane s'en saisit et la déposa sur le plancher délicatement ; il l'ouvrit et là, devant leur yeux ébahis, le violon scintillait dans son écrin de velours.
- Qu’allons-nous faire, dit Romain.
- Dès notre arrivée à Vienne j'irai avertir monsieur Poirot de notre découverte.
Les lumières de Vienne brillent dans la brume du matin quand Stéphane, suivi par le chef de train, alla retrouver monsieur Poirot.
- Je savais que le violon n'avait pas pu disparaître, murmura monsieur Poirot, voyons l'objet du délit.
La boîte était d'une facture toute simple, ne portait pas d’éléments distincts pour vous donner un indice pour la suite de l'enquête. Monsieur Poirot prit le temps, avec une loupe, de scruter toutes les faces de la caisse et remarqua sur le côté droit une empreinte de main noircie par le charbon. Rien d’exceptionnel pour Stéphane et pourtant Monsieur Poirot s’écria :
- Ça y est je tiens le voleur !
- Comment pouvez-vous affirmer cela, dit Stéphane d'un air étonné.
Monsieur Poirot explique alors que, lors de son enquête, il avait pu remarquer et fut étonné de constater, connaissant la propreté du train, que sur le montant du compartiment numero5 du premier wagon, une trace noire, à peine effacée, comme si l’auteur avait été dérangé et n’avait pas pu supprimer son forfait.
- Allons de ce pas réveiller le titulaire du lieu.
Accompagné par la police de la gare et après avoir frappé délicatement, la porte s'ouvrit et quel ne fut pas l'étonnement de Stéphane de voir apparaître monsieur Marco Morassi, le propre propriétaire qui, deux heures avant, criait au voleur au voleur à qui voulait l’entendre.
C'est dans le bureau de la gare que Monsieur Marco Morassi avoua avoir voulu faire une arnaque à l'assurance pour combler ses dettes de jeu.
Ce violon était le seul bien qui lui restait et qui avait comme particularité de ne pouvoir être vendu car il était déclaré faisant partie du patrimoine.
Marc Morassi en avait la jouissance pour en jouer lors de ses concerts.
Et c'est la tête basse qu'il fut obligé de suivre la police, sous le regard réprobateur de l’ensemble des passagers.
Stéphane retrouva sa place aux commandes de la bête prête pour le départ, ultime étape vers le Bosphore, vers Istanbul.
La bête au terminus
La bête siffla et lâcha la vapeur comme pour dire : voilà je suis arrivée en cette ville aux nombreux minarets qui, le soir, appellent à la prière.
Romain interpella Stéphane :
- Tu te rends compte, il aurait suffi d'une pelleté pour faire disparaître ce violon dans le ventre de la bête. Sans le savoir, nous avons sauvé une partie de notre patrimoine.
Stéphane, le regard perdu en direction de Sainte-Sophie, hocha la tête pour acquiescer. Il laissa son imaginaire divaguer... et si …..
Lui, le simple mécano qui venait de transporter à travers l'Europe des personnes fortunées et de sauver un objet d'une grande valeur était-il considéré ?
En réponse, le quai, maintenant désert, lui renvoya son silence, un merci que lui seul pouvait apprécier.
Romain le sortit de sa rêverie pour l'inviter à se rendre au restaurant de la gare, pour déguster un couscous maison, et c'est sur un air de violon de Jean-Sébastien Bach, musique qui semblait faire un clin d'œil dans cet environnement oriental, que Stéphane et Romain terminèrent leur soirée en oubliant cette aventure policière passée.
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Publié le 5 Décembre 2024
Fiche de description des personnages
- Nom : Monsieur HERMANN FARINA et sa fille Anita
- Prénom : Edouard né à Genève
- Veuf depuis 10 ans
- Profession : Joaillier réputé en diamants
- 1m78, traits réguliers, cheveux poivre et sel, yeux clairs
- très sûr de lui, attire l'attention, entreprenant
Il a programmé ce voyage pour récompenser sa fille chérie, de la réussite à ses examens, mais cet élan de générosité, à un but, l'exposer à une catégorie de personnes dont le milieu social ferait partie de la noblesse anglaise ou autre. Différent de ce qu'elle fréquente à l'université.
Il n'aime pas ses fréquentations, elle côtoie avec plaisir et détente tout milieu.
D'une pierre deux coups, essayer d'étendre sa clientèle parmi les riches et nobles voyageurs, comtesse, baron, etc...
Fiche de la fille d'Edouard
Nom : HERMANN FARINA
Prénom : Anita, isabelle
née à Lausanne en Suisse 23 ans
Profession ; Étudiante à l'Université pour recherches des maladies exotiques rares
1m75, jolie, traits réguliers, grande, blonde, très dans le vent, yeux bleus comme sa maman, mannequin,
caractère: très indépendante, à peur de rien, entreprenante comme son père. Aime se fondre dans n'importe quel milieu, chrétien, musulman, juif, pauvre, riche, se fait à toute situation.
Elle est très attachée à son père, mais s'adapte mal à ses idées rétrogrades. Aimerait qu'il s'ouvre un peu plus au monde qui nous entoure.
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Anita sur le départ
Avec une secousse légère, je me dérouille, et m'ébranle.
Je me présente , on me nomme "L'ORIENT-EXPRESS" un seul roman d'AGATHA CHRITIE a suffi à faire de moi un mythe, heureux ou malheureux ?
J'ai plusieurs fois disparu dans l'oubli. Finalement mes pères ont jugé qu'il fallait me faire renaître. J'en ai subi des opérations délicates, mais je m'en suis toujours sorti.
Me revoilà, tout brillant comme un sou neuf.
Parait-il que j'ai été le train des erreurs, comme mon nom " Orient Express", je rigole, je n'ai jamais roulé très vite.
Qu'importe le passé. Aujourd'hui je renais fièrement et suis heureux de transporter des belles personnes qui apprécient mon apparence, paré de mes plus beaux atouts.
Une jolie jeune femme, vient de grimper dans mon antre. je vois son regard s'imprégner des beautés qui l'entourent. Je vous laisse, mon travail m'attend.!!!!!
Je monte dans le compartiment que l'on nous a attribué. Je suis vêtue d'une jolie robe fleurie un chapeau agrémenté de dentelles et de fleurs d'un rose léger, qui attire le regard sur ma silhouette.
Pendant que je cherche mon espace numéroté, mon père est déjà en conversation animée avec des personnes installées devant une bouteille de champagne et trinque joyeusement.
Je me dirige au salon, Les sièges de velours rouge, galons or, sont très confortables.
Les tables du salon style art déco, sont recouverts de marqueteries. Les lustres de cristal, sont d'une transparence pure. Les fauteuils recouverts de tissus élégants sont de couleur tendre, bleu et or. Chaque compartiment a de petits détails, ce qui donne un cachet de luxe et de charme supplémentaire.
A cet ensemble s'ajoute une vaisselle de porcelaine fine travaillée subtilement. Le liseré or et bleu nuit rappelle l'ensemble qui m'entoure d'une ambiance feutrée.
Les cuisiniers sont heureux de présenter des mets d'exception.
Une atmosphère chic d'une élégance née m'accapare. Je jette un regard sur l'ensemble du wagon pour me faire une idée des personnes que je vais devoir côtoyer de longues journées.
J'aime prendre mon temps pour regarder autour de moi, admirer aussi les paysages de la nature qui change au fil des kilomètres.
Je me pose sur mon siège, enlève mes gants, interpelle le majordome et me fais servir un thé à la menthe. Cela va me détendre. En bonne connaissance de la petite noblesse, je souris à une dame d'un âge certain, un peu plus loin, un couple d'âge moyen me fait signe de la main pour me souhaiter la bienvenue. En face de moi, une jeune femme d'environ 35 ans, accompagnée d'un jeune homme moustachu, brun les yeux de braise mènent une conversation soutenue. Un peu plus loin, un monsieur très bien mis, fumant la pipe à le nez dans le New York Times. A côté d'eux deux dames, la quarantaine, habillées très élégamment, jacassent à demi-mots poliment.
Dans ce lieu magique tout ce beau monde semble avoir trouver son espace.
Me voilà embarquer pour une grande aventure de liberté. Laquelle ?
La route des découvertes
Après une nuit passée en compagnie du balancement régulier de la machine, j'ai fait quelques rêves. A dix heures, je me dirige vers le wagon restaurant, habillée d'une petite robe bleue en soie, très facile à porter, pour prendre mon petit déjeuner. Je me sens un peu fébrile, mon père n'est pas encore levé. Il a dû veiller très tard hier au soir.
Un jeune homme très élégant, grand, blond, beau garçon, vient me saluer gentiment, avec un charmant accent, et me demande :
- Avez-vous passé une nuit agréable ?
En souriant je lui réponds :
- Dans l'ensemble je dirais oui, le lit est confortable, mais le bruit des roues sur les rails un peu moins.
- Je peux me joindre à vous, pour le petit déjeuner?
Heureuse je lui dis :
- Avec plaisir
Les personnes commencent à arriver, ça parle, ça discute, encore un peu engourdies par l'abandon de la nuit. Mon compagnon de table est très agréable, il me raconte qu'il fait ce voyage en mémoire de son père, qui lui aussi l'avait fait en 1938, mais pas pour les mêmes raisons.
Curieuse et un peu intriguée par ses belles manières délicates, dignes d'une très bonne éducation, je me hasarde à lui demander :
- Que faites-vous dans la vie, médecin, avocat ?
Il me répond :
- Non, je suis le digne fils de mon père, en bon garçon j'ai repris son affaire industrielle, mais pas dans le même secteur. Il m'a transmis son passé. J'ai grandi en internat en Suisse. Et vous ? je suppose que vous êtes encore dans les études?
- Oui je poursuis un doctorat dans la recherche des maladies exotiques rares.
- Bravo !!!
Il me sourit avec des yeux rieurs. Nos mains se frôlent, nos regards se croisent, une légère gène nous envahit.
Il me dit :
- J'espère que j'aurai le plaisir de passer encore un moment aussi délicieux avec vous
- Je pense que cela sera inévitable!
Il sourit.
- Je vous laisse, je retourne dans ma chambre, j'ai des coups de fil à passer.
Je lui tend la main, il se baisse pour faire le baise-main.
Je me dis, ce jeune homme est très bien éduqué, il me plait. C'est mon père, qui sera très heureux, il va jubiler !
Derrière moi, une voix me dit :
- My name is Coco.
Je me retourne, un très beau perroquet de couleurs vives, perché sur le haut d'un fauteuil me regarde avec son grand bec crochu, il répète sans cesse les mêmes mots, je m'adresse à lui et dit :
- My name is Anita.
Il remue sa queue avec gloussement, il semble heureux, sa maîtresse, la dame d'une âge certain environ, très élégante, me dit :
- C'est vos longs cheveux qu'il aime.
On entame une conversation des plus animée, elle me raconte qu'elle fait ce voyage avec son compagnon Coco, à la recherche d'inspiration pour son 6ème roman. Elle se nomme Madame HOWOOD Marguerite, romancière. Elle vit en Angleterre, mais possède une maison en Bretagne à Dinard.
Elle est très gaie, à beaucoup d'humour, pleine de vie. Je prends un réel plaisir à échanger avec elle. Elle aime les arts, la peinture etc..
J'ai croisé mon papa très en forme, il semble joyeux, vient m'embrasser, et me demande si j'ai bien dormi.
La porte du salon restaurant s'ouvre, les deux dames, la quarantaine, très bien habillées, s'installent dans les fauteuils, déjà mon père s'empresse avec galanterie de les installer confortablement.
D'un coup d’œil, le sourire en coin de mon père, m'indique qu'il est déjà en pays de connaissance. Ce qui veut tout dire pour la suite. Il s'attarde auprès d'elles et entame une conversation animée, que celles-ci semblent beaucoup apprécier.
La journée se déroule dans un confort feutré.
Moi, je m'amuse à discuter avec diverses personnes, afin de connaître leur défauts, leur caractère et partageons nos impressions sur divers sujets, mode, politique, environnement etc... Parfois aussi je conteste, ce qui laisse la personne perplexe. Mon caractère affirmé se découvre. Je file les minutes, les heures comme je le sens. Parfois je dérange !!
La nuit le jour se mélange, tous ces personnages roulent vers des découvertes.
Marc de Verneuil, s'assit en face de moi, il est seul à cet instant même, je perçois chez lui une envie de me connaître mieux, par toutes les petites questions subtiles qui me posent.
Je m' amuse de lui et joue à l'ingénue.
Plus tard, j'apprends par le majordome que les deux dames que mon père affectionne font partie de la noblesse du Marquis de Juigné, et se nomment Juliette Leclerc de Juigné et sa cousine, Geneviève Durfort Civrac de Lorges. La première est veuve, la seconde est divorcée.
Elles possèdent à Paris, Lyon, Bordeaux de grandes boutiques d'antiquités,et travaillent avec l'étranger.
Mon père a une idée derrière la tête, je le connais bien, dans les prochains jours je pense qu'il va s'épancher à mon oreille.
Un voyage surprenant
Je regarde le paysage, il change en fonction de l'approche des villes. Les petites routes de campagne s'agitent de véhicules divers, tracteurs, voitures, la vie est là, j'entends battre son cœur. Le rythme de la locomotive ralentit, on dirait qu'elle s'essouffle. Nous devons arriver à Milan dans quelques minutes. Un arrêt prévu.
Marc de Verneuil, se dirige vers moi avec un grand sourire. Certainement le plaisir de me retrouver.
Il cherche mon regard, je reste aimable, souriante mais sans plus. Je suis libre et désire bien le rester pour l'instant, d'autant plus qu'après ce voyage, je suis appelée à voyager dans le monde, cela compliquerait mes projets. Je ne suis pas de l'avis de mon père qui désire que je m'enferme déjà, dans un mariage. Je prends mon temps, et cela viendra au moment voulu. Je veux vivre librement. Marc de Verneuil est un compagnon agréable. J'apprécie pas de pression.
Nous parlons, plaisantons et partageons un bon moment, nos anecdotes. Cela me rend très heureuse.
Je reconnais que Marc est très charmant, il est paisible. Le côtoyer c'est un long fleuve tranquille.
Le train s'arrête avec une brusque secousse, je tombe dans ses bras. Il me retient. on rit.
Au bout du couloir, j'aperçois le jeune homme aux yeux de braise, sortir de sa cabine en courant, sauter sur le quai et rejoindre un homme bien mis, beaucoup plus âgé. Ils s'éloignent rapidement par la porte de la Gare. Je reste un instant perplexe !
- où va-t-il?
- acheter des revues, des cigarettes ?
- où bien sont périple est terminé ?
Le va et vient de nouveaux voyageurs me fait penser à des colonies de fourmis, qui s'agitent dans tous les sens.
Quelques minutes plus tard, en pleine conversation très animée avec Marc, je vois par la fenêtre le beau brun , je me dis :
- Mon instinct ne m'a pas trompée !
Il rejoint sa cabine.
La journée s'est écoulée plutôt agréablement, chacun à trouver une distraction.
L'homme aux yeux de braise, ne se joint pas très souvent au groupe. Aussi, je n'ai jamais pu jusque là, faire la conversation avec lui. Je décide de trouver une occasion pour le côtoyer d'un peu plus près et d'en savoir un peu plus sur lui. Je suis curieuse !!
A cet instant, Marco Morassi vient vers nous avec le sourire qui accentue sa fossette à son regard et nous annonce à haute voix, que demain il prévoit après le diner, un concert de son répertoire pour nous distraire, mais aussi, lui permettre de répéter les morceaux de musique, qu'il doit jouer à Vienne. Il ne peut le faire dans sa cabine, cela gênerait certains voyageurs.
Marc de Verneuil est apostrophé par Joséphine Castala, qui déploie beaucoup d'énergie, de manières extravagantes pour attirer l'attention de Marc. Celui-ci prend plaisir à la saluer gentiment mais reste un peu figé. Je croise son regard, elle me fusille avec ses yeux verts.
Nous nous dirigeons tous les deux au salon, et là un brouhaha, des voix, des cris nous surprennent, on se regarde !
- Qu'arrive-t-il ? un accident ?
Madame Howood nous dit :
- il paraît qu'il y a eu un vol dans le coffre des objets précieux
- Ah bon! qu'a-t-on volé ?
- Le violon de Monsieur Morassi, il est dans tous ses états
Avec Marc on est stupéfait, qui a bien pu faire cela. Le voleur est-il parmi nous ?
Cette atmosphère jette un froid sur l'ensemble des voyageurs. Mon père est un peu fébrile, car dans son coffre, sa mallette est remplie de diamants.
Pour l'instant le commandant nous empêche d'approcher du lieu, qui a été clôturé par un ruban "ne pas franchir" afin de ne pas polluer les empreintes.
On nous demande de ne pas quitter le train, dans l'attente de la venue des gendarmes.
C'est une drôle d'histoire !!!
On ne s'attendait pas à vivre une histoire pareille.
Un vol mystérieux
La soirée a été longue, les voyageurs se sont appliqués à jouer tout de même, aux échecs, au poker, à la belote, malgré l'atmosphère tendue. Mon père a perdu toute sa verve. Il n'est pas rassuré. Il aimerait ouvrir son coffre, mais après plusieurs tentatives auprès du chef de bord, un non catégorique lui a été retourné.
De tables en tables, de salons en salons, les voyageurs discutent à l'oreille. Certains sont sûrs d'eux, comme s'ils avaient assisté au vol. Ils connaissent le voleur !!!
Quelle inconséquence !! Je suis médusée de voir ces personnes accuser une autre, par le simple fait qu'elle vous déplaise. Cela est insensé.
D'autres bruits courent dans les couloirs, on entend tout et n'importe quoi.
Une femme a été vue. Elle ne fait pas partie des voyageurs connus . Il paraît qu'elle connaît les faits.
Il faut la retrouver....
Mais comment ? bla bla bla !!
Dès l'arrivée du commissaire de police, nous le mettrons au courant.
Quelques minutes plus tard, le commissaire se présente avec ses collègues, ils vont nous interroger.
C'est le détective Hercule Poirot qui prendra le commandement de cette affaire.
Cet homme, toujours courtois, voire obséquieux, a une obsession de l'ordre. Il pose les questions et classe dans sa mémoire infaillible tous les éléments recueillis avec intelligence.
- Vous n'avez aucune idée sur l'identité de cette femme ?
- Non Monsieur.
- Avez-vous vu cette femme dans le train ?
- Où était Monsieur Morassi au moment des faits?
- Je ne sais pas Monsieur.
- Etait-il seul au moment de monter dans le train?
- A-t-il causé avec une personne sur le quai ?
Toutes ces questions fusent, se succèdent. Monsieur Poirot reste toujours stoïque et mystérieux. Ses yeux scrutent la personne qu'il interroge. Il met mal à l'aise.
Je décide d'aller voir Marc de Verneuil, j'ai confiance en lui, Je lui pose la question qui me perturbe :
- Dois-je mentionner que le beau brun aux yeux de braise est descendu du train ? Après tout, je n'ai pas vu d'objet dans ses bras, c'est de la diffamation. Quelle histoire !
Marc est de mon avis, rien n'accuse le beau brun.
- D'ailleurs où est-il ?
Je ne l'ai plus revu.
Quelle sordide mésaventure.. Ce voyage devait être merveilleux, extraordinaire. C'est bien compromis.
L'enquête menée par le détective ne laisse rien paraître de ses sentiments sur les indices qu'il a recueillis. Pour l'instant, le suspense et le mystère sont les éléments clés de cette affaire.
- Pourquoi voler le stradivarius ?
- Pour de l'argent ?
- Est-ce une escroquerie à l'assurance ?
- Veut-on empêcher Monsieur Morassi de se produire à Vienne ?
- La mafia sicilienne serait-elle dans le collimateur ?
Le passé et le présent de Monsieur Morassi semblent être les terrains d'enquête du détective. Pas à pas, il semble avancer sur ce vol. Il se promène, examine les faits et gestes, hume les odeurs de parfum, les distingue les uns des autres.. Le parfum suggère une présence féminine ; de là découle la certitude de son instinct.
C'est Madame Howood qui doit être satisfaite ; tout ce joli bazar va apporter de l'eau à son moulin, voilà une histoire à écrire.
La baronne, après l'agitation de la nuit, a les nerfs à vifs et mon père s'avère être un piètre galant aujourd'hui. Il ne peut la rassurer. Lui-même est tendu comme les cordes d’un violon.
Je me rends compte que cette affaire devient toxique, aussi je décide de penser, pour l'instant, à mon bien-être et apporter un peu de réconfort à mon père qui est très inquiet pour sa valise.
Je poursuis ma journée dans une atmosphère plus légère en compagnie de Marc de Verneuil qui lui reste très zen...
L'histoire d'amour et le Stradivarius
La journée s'étire lentement, troublée par le va et vient de la police scientifique qui continue son travail de recherches.
Je déambule, traîne, admire le paysage verdoyant, lorsque la porte de la cabine double du bel italien s'ouvre. Suzanne s'éloigne en pleurant. Je reste un peu surprise, puis je me souviens, que j'ai perçu des éclats de voix en fin de nuit.
- Se seraient-ils disputés?
Lorsque celui-ci se dirige vers le salon fumoir, il semble très en colère.
Hercule Poirot prend un café et profite de l'aborder.
- Puis-je vous poser quelques questions?
Le jeune homme lève la tête, un peu réticent.
- Puis-je refuser ?
- Non
- Alors allez-y, posez vos questions !
- Comment vous appelez-vous ?
- Corso Garibaldi, né à Naples.
- Etes-vous marié ? des enfants?
- Non.
- Que faîtes-vous dans la vie professionnelle?
- Je suis dans l'import-export, épices, objets d'art.. Je peux y aller maintenant?
Poirot, sans sourciller, tourne les talons en lissant sa moustache, avec un sourire pincé.
Corso se dit :
Ce vol n'arrange pas mes recherches. Cela perturbe mon travail. les voyageurs deviennent méfiants.
Tonton, ne va pas être content de moi. Quelle poisse !
Hercule Poirot, se dirige vers un autre compartiment, mais un doute, une intuition, un mot le titille
le bouscule. Il sourit content de lui.
Suzanne se trouve au salon devant un chocolat chaud réconfortant. Le regard de Poirot est attiré
par l'attitude de cette femme, les yeux perdus dans le vague. Il connait ce comportement.
Il s'installe au loin, face à elle, en fumant sa pipe. Il perçoit un désespoir profond, qui permet à un individu de commettre l'irréparable.
Son affaire est, semble-t-il, bouclée?
Anita curieuse, s'approche de Suzanne, elle veut en savoir plus sur l'italien.
-Vous permettez que je m'assois ?
Suzanne semble revenir de loin.
- Oui
Anita se met à discuter gentiment de choses et d'autres. Elle lui parle du voyage, tout à coup elle
explose et me dit :
- Il ne comprend rien, c'est pour lui que j'ai fait cela. Je voulais attirer son attention, mais il ne voit pas que je l'aime.
Je comprends difficilement ce qu'elle bredouille, je lui caresse le bras, pour la calmer.
- Respirez profondément.
Cette réflexion apaise son angoisse. En sanglotant elle me dit :
- A chaque voyage que l'on fait, il sort avec une pétasse qui ne lui apporte rien. Je voulais
l'aider, car son oncle lui a donné une mission importante à faire pour juger sa capacité. Il doit
assurer. Sinon il sera rejeté de la famille.
Je suis un peu perdue, en entendant ces paroles : "La famille le rejettera"
- Ferait-il parti de la mafia Sicilienne?
Pauvre fille, elle me peine. Je sors du compartiment abasourdie, je bascule avec le roulement du
train sur Monsieur Poirot. Il me dit :
-Vous avez croisé un fantôme voleur?
- Et vous?
- Moi j'ajuste, je rassemble un morceau du puzzle, alors poussez cette porte et vous trouverez les précieux indices pour conclure cette affaire.
Il me sourit et baise ma main.
Je file voir Marc pour lui dire que le stradivarius probablement va être découvert.
L'Orient Express va terminer son périple chic.
Ce voyage exceptionnel dans ce train mythique a été quelque peu agité. Mais quel plaisir de voyager dans un milieu cocooning à souhait. Cette découverte a permis à tous les voyageurs de savourer une cuisine d'exception.
Certains voyageurs sont satisfaits de ce circuit magique et sont emballés pour recommencer l'aventure.
Madame Howood est enchantée de l'ambiance vécue avec coco. Cette aventure lui a ouvert l'esprit
pour écrire son prochain livre. Monsieur Marco Morassi a retrouvé son sourire charmeur et embrasse chaleureusement Madame Castala. Lui a-t-il donné un rendez-vous pour plus tard ?
Mon père discute avec Juliette, amitié amoureuse et affaires. L'amour a tellement de visages.
Et moi, je suis enchantée d'avoir pu connaître et entretenir des liens particuliers avec Marc et ça m'a
nourrie de sentiments que je ne connaissais pas encore.
Nous sommes réunis tous au grand salon et mettons déjà en place des retrouvailles pour un autre
grand voyage dans un mois, une année. Peut-être ......
Le train s’arrête Nous voilà arrivés. Poirot me sourit de loin, et amène avec ses hommes, Suzanne
et Corso pour donner une suite administrative à cette affaire.
Nous nous embrassons chaleureusement et on se dit : Arrivederci.
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Publié le 5 Décembre 2024
Durant la fouille, Laurent se retrouve en possession de nouveaux éléments et d'un corde métallique qui n'est pas une corde de violon, mais une tige souple pour lester les rideaux, d'après le professeur Glorieux.
Poirot avait raison... Laurent secoue la tête. Quel drôle de rêve ! Si réaliste que je crois l'avoir vécu... chose parfaitement impossible, Poirot n'existe pas... Il a dit quelque chose sur l'impossible qui devient possible...je ne sais plus...
Situation d'autant plus troublante que Glorieux et peut-être d'autres passagers l'ont rencontré aussi. Tout en inspectant sa cabine, le professeur-agent-détective, en veine de confidences, lui raconte qu'il lui suffit d'une tisane de nénuphar de Saïgon pour que Poirot vienne le visiter. A son avis, il serait un agent triple.
Laurent profite de cet état logorrhéique pour le questionner habilement et se voit confirmer le vol, dans la cabine du chef d'orchestre, la nuit dernière. Quant au bruit mat qu'il a entendu, ce serait, d'après Glorieux, le bruit d'une serrure que l'on crochète. La tige à rideau aurait probablement joué un rôle dans cette affaire.
En même temps qu'il émet cette hypothèse, Glorieux scrute Laurent d'un air suspicieux et fouille de plus belle, mais, aucune trace de violon, ni d'étui.
Laurent, lui, se perd dans la recherche du mobile :
- L'argent ? Non, ce Stradivarius n'est pas vendable. Aucun receleur ne l'accepterait.
- La malveillance ? Qui en voudrait à ce chef d'orchestre ? Serait-il tyrannique avec ses musiciens au point que l'un d'entre eux veuille se venger ?
Hummm, Laurent n'y croit pas.
- L'arnaque aux assurances est peut-être la théorie la plus plausible.
- Ou, la théorie de Poirot : il n'y a jamais eu de violon.
Dans ces deux derniers cas, ce serait Herbert le coupable. Glorieux-Pelican acquiesce.
A ce moment, arrive un télex :
- violon retrouvé dans le compartiment à jouet du train
par l'enfant qu'on croyait enlevé -
- On a enlevé un enfant ? Première nouvelle... qui n'a pas eu le temps de me parvenir.. déjà résolue, ronchonne Laurent. Il ajoute :
- Reste à trouver qui a caché ce violon, là.
L'agent Pélican -professeur Glorieux se gratte la tête.
- J'aimerais bien aller interroger ce maestro, bougonne-t-il.
- Mais, quid de l'étui ? demande Laurent.
Mine interloquée de Pélican qui n'a plus rien de glorieux. Cet étui lui était sorti de la tête. Laurent sourit.
- J'ai ma petite idée, suggère-t-il, suivez-moi.
Ile se dirigent vers la cabine de Sigmund. Depuis quelques temps, le bonhomme se fait trop discret pour ne pas être suspect. La porte est grande ouverte, Sigmund a disparu. La dernière fois qu'on l'a vu, il faisait du mini-vélo sur le quai de la gare. Dans ses appartements, sur un fauteuil, béant et vide, son velours rouge exempt d'empreintes, l'étui.
Poirot avait raison : il n'y a jamais eu de Stradivarius dans cet étui.
Mais il y a un violon dans le compartiment à jouet. Un Stradivarius ?
Les passagers apprendront le fin mot de cette histoire, le soir-même, au wagon-bal : tout ceci n'était qu'une mise en scène pour intriguer, amuser les voyageurs, pour rendre le voyage plus palpitant. Le violon du compartiment à jouet, un instrument bas de gamme pour débutant, le Stradivarius du chef, en sûreté dans le coffre fort secret du train. Le chef Herbert était dans la confidence et le voilà à présent qui entraîne, du bout de son précieux violon, tout ce beau monde dans une gigue endiablée.
Publié le 5 Décembre 2024
Pierre sortit de sa cabine après s’être reposé, avec l’intention d’aller retrouver Mathilda et son fils. A peine venait-il de refermer sa porte qu’il constata une effervescence inhabituelle dans le couloir du train. Des passagers, par groupes de deux ou trois, discutaient des évènements de la matinée. Des bribes de phrases ou de conversations, des exclamations lui parvenaient aux oreilles au fur et à mesure qu’il tentait de se glisser en s’excusant entre les voyageurs qui l’empêchaient presque de poursuivre son chemin. Chacun avait l’air de savoir mieux que les autres ce qu’il s’était exactement passé. Et pourtant, à surprendre leurs paroles, il semblait bien à Pierre que peu de gens connaissaient la vérité.
Apparemment presque tous avaient été interrogés soit par la police Roumaine, soit par Hercule Poirot, ou même par les deux. Pierre entendait voltiger des mots ou des morceaux de phrases qui démontraient bien que diverses opinions avaient vu le jour dans l’Orient – Express.
Déjà, certains, conscients de leur statut social au-dessus de la moyenne, avaient été vexés des soupçons pesant sur chaque passager.
Pierre dépassa deux messieurs à l’air imbu de leur personne :
- Vous imaginez, moi, le meilleur avocat d’Istanbul, avoir été soupçonné du vol d’un violon, même si c’est un Stradivarius ! Comme s’il fallait que je le vole pour m’offrir un vulgaire instrument de musique. Je possède une fortune assez conséquente pour m’offrir tout ce que je désire…
- Je suis bien de votre avis, mon cher Maître ! J’ai moi-même à ma disposition l’Orchestre de l’Opéra de Budapest – le Chef d’Orchestre étant un ami proche – c’est un honneur pour lui de me faire plaisir lorsque je l’invite avec ses musiciens à venir interpréter de grandes œuvres dans mon château Hongrois. Alors, être interrogé par de vulgaires policiers Roumains, Je n’ai pas vraiment apprécié, c’est un manque de délicatesse !
Un peu plus loin, un groupe de dames :
- Oui, je vous le confirme, ma chère, on m’a dit que cette histoire de vol a été inventée de toutes pièces : de source sûre, l’étui du Stradivarius était vide lorsque M. Herbert Von Poulen l’a mis dans sa cabine…
- Ce doit être pour toucher l’assurance, c’est une escroquerie, il n’y aucun doute…
Deux hommes Turcs, reconnaissables à leur caftan traditionnel :
- Moi, je vais en informer mon ambassade. L’attitude de la police Roumaine est innommable, elle n’a pas le droit de traiter de cette manière d’honnête citoyens Turcs…
- Chez nous, les policiers qui se conduiraient de cette façon seraient aussitôt incarcérés, croyez-moi !
Plus Pierre avançait dans le couloir, plus le mécontentement était palpable. Apercevant le Chef de train avec sa belle tenue marine et or un peu plus loin, il eut une idée : il fallait absolument qu’une annonce faite aux passagers rétablisse la vérité : le Stradivarius avait été retrouvé, et l’enfant n’avait jamais été kidnappé ! Le Chef de train, s’étant rendu compte de la grogne ambiante, venait justement de contacter par téléphone le Directeur Général de l’Orient-Express pour lui demander des instructions. Après avoir rassuré Pierre, il prit son porte-voix pour faire l’annonce concernée.
Un observateur aurait pu voir sur le visage des voyageurs, apparaître d’abord de l’incompréhension, puis du soulagement, et même un sourire rassuré.
Aussitôt après la déclaration de l’homme en uniforme, Pierre fut amusé de constater la vitesse à laquelle l’atmosphère se détendit parmi les personnes rencontrées.
Il arriva enfin devant la porte de la cabine occupée par Mathilda et Osman. La mine satisfaite, il frappa deux coups secs, bien décidé à relater à la jeune femme tout ce qu’il avait entendu dans le couloir de l’Orient- Express.
Publié le 4 Décembre 2024
Après la fouille infructueuse de leurs cabines, Joséphine et Cécile décident de mener l'enquête. Cécile, grande admiratrice de Poirot, prend les choses en main :
- Faisons marcher nos petites cellules grises. Pour résoudre cette affaire, il faut répondre à quelques questions essentielles. Première question : où le vol a-t-il été commis ?
- Dans la cabine de Marco, répond Joséphine.
Cécile consigne sur un cahier ce premier élément et ajoute :
- Quand a-t-il été commis ?
- Hier soir, en début de nuit.
Cécile sourit.
- Voilà des réponses fermes et concises comme je les aime. Un peu plus compliqué, maintenant : comment le vol a-t-il été commis ?
Hésitation des deux jeunes femmes...
- Il paraît qu'Eugénie Charpentier a vu une silhouette s'éloigner dans le couloir, la nuit dernière, précise Joséphine.
- Elle a aussi entendu du bruit, moi aussi d'ailleurs, renchérit Cécile. C'est peut-être le bruit d'une serrure crochetée. Ça y ressemble.
- Donc, pour répondre à la dernière question, on pourrait dire : par effraction ? demande Joséphine.
Cécile approuve, note le fait sur son cahier.
- Arrive la question : pourquoi ?
- Facile, répond Joséphine. Ce violon est hors de prix. Si le voleur réussit à le vendre, il sera riche.
- A moins que ce ne soit par jalousie, malveillance, s'interroge Cécile. Quelqu'un qui veut nuire à notre beau musicien.
Joséphine reste pensive.
- Deux mobiles éventuels, ça double les suspects, murmure-t-elle.
- Et si on allait voir du côté des deux types bizarres, suggère Cécile.
Les deux jeunes femmes longent le couloir, furtives, comme les espionnes en herbe qu'elles sont.
De toute façon, papa n'est pas loin, se dit Cécile, il veille, je le sais.
La cabine des deux bonshommes est grande ouverte. Sur un fauteuil, béant et vide, comme pour les narguer, l'étui du violon. Mais les deux suspects, introuvables.
- Anita Hermann m'a dit qu'elle avait vu un homme sauter sur le quai pour en rejoindre un autre. Ils seraient partis tous les deux par la porte de la gare, dit Joséphine.
- Oh, la la ! Ça se complique, se lamente Cécile. Je suis un perdue devant tous ces indices. Et toi, qu'en penses-tu ? Un vol ou une arnaque à l'assurance ? Et qui a fait le coup ?
Publié le 4 Décembre 2024
Jeanne se faufile dans le couloir à pas feutrés vers la cabine de Sarah, frappe doucement à sa porte.
Elle est un peu surprise, regarde illico derrière son épaule. Jeanne la petite ouvrière est une habituée des larcins dans les casiers de l'usine, elle sent de suite que quelque chose n'est pas normal.
Elle s'excuse, demande du fil et une aiguille pour un raccommodage urgent de la gaine de Madame. Il ne lui faut que quelques secondes pour découvrir que cette chère Sarah a piqué des objets glanés de-ci de-là dans le train.
Il est vrai qu'en tant que négociatrice d'art, elle n'aura aucun mal à tout refourguer sous le manteau.....
Jeanne est déçue, ce n'est pas ici qu'il faut chercher, elle récupère fil et aiguille, remercie, s'éclipse pour continuer sa petite enquête.
Elle va chez les trois Q, qui ont peut être eu la folle envie de s'amuser en piquant le violon de cet homme un tantinet trop sûr de lui.
Choux blanc, les trois frangins sont déjà bourrés, la chambre est sens dessus-dessous, impossible que ce soit eux.
Mince alors, vais aller voir le conducteur qui doit avoir quelques planques que lui seul connait. Il a l'air brave, honnête, mais en a peut-être ras la casquette de tous ces snobinards qui le regardent de haut. Il en connait du beau monde, le Stéphane, pour la revente...
Jeanne, culottée comme pas deux, donne de grands coups sur la porte pour se faire entendre, il y a un tel vacarme au poste de pilotage. Stéphane est ravi d'avoir de la visite et quelle visite... lui qui en a rêvé la nuit dernière. Au bout de quelques minutes de babillage, elle se dit : impossible que ce soit lui, à moins qu'il ne cache bien son jeu.
C'est encore choux blanc.
Jeanne réfléchit, oui oui cela lui arrive, elle va à la cabine de Marco où c'est le branle-bas de combat !!
Allez savoir pourquoi elle y va, un sixième sens peut-être, sait-on jamais, Marco serait-il le fautif, un homme qui se vole pour récupérer l'argent de l'assurance, enfin profiter de la vie sans être constamment par monts et par vaux...
Publié le 4 Décembre 2024
Les propos de Benjamin ont fait sourcilier Hercule POIROT, un regard discret vers l'agent de sécurité, qui prend note sur son petit carnet.
Soudain Ivanovna fait une apparition retentissante, c'est un affront s'exclame-t-elle, cette intrusion dans ma cabine à cinq heures du matin pour un violon!
Exaspéré, POIROT intervient, sortant la liste des passagers, demande à cette personne le numéro de sa cabine.
-Pardon, lui répondit cette dernière, prenant un air outragé, vous savez qui je suis, Monsieur!
-Justement répond POIROT, je ne sais pas, nous ne savons pas d'où vous sortez, pour le moment vous êtes une passagère clandestine.
Faisant irruption de sa cabine Monsieur MORASSI, ayant vaguement entendu une altercation, malgré des sentiments partagés entre colère,et chagrin, l’œil faiblement rougi , son pyjama à moitié ajusté, relève le doute et avoue humblement être en couple avec Ivanovna et Milena, de vieilles connaissances artistiques, rencontrées à Saint Pétersbourg, il y a quelques années.
-Très bien !
D'une seule voix, Hercule et l'agent de sécurité convient ces individus à se rendre au bureau du responsable.
Tout en vociférant des paroles désobligeantes, la petite troupe se met en marche.
Très digne dans son rôle d'accusateur, POIROT échafaude des suspicions les plus folles sur la perte de l'objet de valeur, volé, subtilisé, caché !!
-A présent, tous les trois il faut parler, dire la vérité sur la disparition du stradivarius, afin de rétablir une ambiance convenable dans le train.
Un silence, une concertation, des regards, des bouches ouvertes, prêt à parler, des soupirs, des larmes coulant doucement.
-En fait, monsieur MORASSI prend la parole, c'est une idée saugrenue, digne d'un mauvais film, je suis ruiné, pauvre de moi ! imaginez la suite..
Et vous mesdames, comment, pourquoi s'aventurer dans un tel voyage, de cette manière, puis s'adressant à son acolyte, POIROT demande confirmation d'un appel à la police des frontières.
Stéphane Pierre-Brune apparaît, souriant brandissant un paquet, je l'ai trouvé !!!!
Publié le 4 Décembre 2024
Quelle Journée ! Depuis ce matin l’information qui tenait le haut du pavé s’appelait » Stradivarius « . Sa disparition inexpliquée était le sujet principal des discutions de salon. On avait déjà donné un nom à cette affaire : Le mystère du train des milles et une aventures. Les uns et les autres s’épiaient et argumentaient à qui mieux mieux leurs idées les plus folles. Ils avaient, tous, repéré un suspect qui, à leurs yeux, ferait un coupable idéal. Le problème c’est qu’ils avaient chacun le leur et ne voulait pas en démordre.
Marc de Verneuil et Joséphine Castala s’affrontaient dans un débat qui allait, si on peut dire, bon train.
- Regardez celui-ci Marc ! J’ai entendu son nom : Jean-Baptiste Noël. Il paraît sympathique, mais il dit, à qui veut l’entendre, que c’est grâce à un gros gain au jeu qu’il a pu s’offrir ce voyage. Gagner, c’est un fait, mais au jeu on perd souvent et pour se refaire il faut parfois user de moyens quelque peu…
- Oui, bien sûr. Mais en faisant preuve d’une imagination débordante,nous pourrions trouver sans peine, une motivation suffisante à chacun d’entre nous. Tenez, en voilà un autre qui a le don de passer inaperçu. Il parle très peu, uniquement par obligation. Convenez que ce sont là des comportements incompatibles avec les espérances que l’on peut attendre de ce voyage. Gaspard m’a dit qu’il s’appelait Jean Martin. Le nom le plus porté en France. La meilleure façon d’être anonyme, ne trouvez vous pas ?
- Resservez moi du champagne Marc... Mais je crois bien que notre célèbre détective au nom de légume, fait son apparition.
- En effet. Et Gaspard l’accompagne. Ce garçon me fait de la peine. Il tremble de tous ses membres. Ne dirait-on pas que ce train lui appartient ?
En effet, le serveur vint à eux accompagné par un monsieur rondelet, court sur patte et affublé d’une moustache en guidon de vélo. Bien mis de sa personne il portait, encore, des guêtres en cuir beige sur des chaussures bien cirées.
- Monsieur de Verneuil, permettez moi de vous présenter Monsieur Hercule Poirot qui a accepté de mettre ses compétences, en la matière, au service du maestro Marco Morassi.
- Soyez le bienvenu à notre table Monsieur le détective. Je vous présente Mademoiselle Joséphine Castala qui embellit, par sa présence, mon état de célibataire renfrogné.
- Renfrogné. Je suis d’accord, mais ce n’est pas son seul défaut. Il en a tellement que la liste serait trop longue et vous perdriez patience Monsieur Poirot.
- Merci pour votre accueil. J’ai décidé de m’entretenir avec chacun des passagers pour me faire une idée sur la raison de leur présence. Car voyez-vous l’affaire est d’importance et mes petites cellules grises ne demandent qu’à travailler. Un Stradivarius ! Convenez que j’étais obligé de laisser mes vacances de côté pour résoudre cette énigme.
- Comment voyez vous la chose ? demanda Joséphine. Un vol dans le secteur sécurisé du train et le premier jour du voyage voilà qui n’est point commun n’est-ce pas ?
- Joséphine a raison. L’employé de la compagnie a posé, lui-même, l’étui dans le coffre fort destiné aux objets précieux et la porte n’a pas été forcée.
- Ah mes amis, vous pensez beaucoup et vous pensez bien. Il est encore trop tôt pour affirmer quoi que ce soit, mais les circonstances de ce vol me rappellent une affaire qui avait défrayée l’opinion en son temps. Le mystère de la chambre jaune.
- Une chambre jaune. Quelle horreur. Je ne pourrais jamais dormir dans un habitat pareil ! s’exclama Joséphine.
- C’est vrai Mademoiselle, mais comme tous les mystères, il avait été éclairci et je pense que celui qui nous préoccupe aujourd’hui ne tardera pas à l’être. J’ai rencontré un de mes amis, Sir Archibald Fox, ancien officier au service de sa majesté. Il est en train de faire activer ses relations pour me donner un renseignement qui a une importance capitale dans cette affaire.
- Un Anglais ?
- Oui, mais qui vit en France et en Italie, selon ses humeurs. Ce qui fait qu’il a de nombreuses relations dans ces pays. Dès que j’aurais la réponse à ma question je serais en mesure d’en donner une autre quant à l’affaire qui nous concerne.
- Voilà le maestro qui s’approche du bar. Il a l’air moins abattu que ce matin. Se serait-il fait une raison ?
- Monsieur de Verneuil, il a tout simplement reçu la réponse de son assurance. Et apparemment celle-ci semble lui convenir.
Un petit sourire effleura sa moustache et ses yeux se firent rieurs…
- Allons monsieur Poirot, vos petites cellules vous ont certainement fait une confidence…
- Mademoiselle, restons logiques. Pour qu’un objet précieux disparaisse d’un coffre fort, faut-il encore qu’il y ait été mis. Toute la question est là. Bientôt nous aurons la réponse et Poirot pourra continuer ses vacances .
Publié le 3 Décembre 2024
Ça sentait pas bon. Pas bon du tout. Des deux côtés de l’Atlantique, les polices et les justices commençaient à collaborer. Et ce qu’elles découvraient, c’était pas de la bibine, c’était du lourd, du très lourd.
« Un nombre incalculable d’escroqueries - Xavier avait retenu cette phrase d’un des articles le concernant qui avait fait la une d’un journal en France - dont beaucoup ont entraîné la ruine de leurs victimes et, pour certaines d’entre elles, leur suicide. »
Et en Amérique, c’était du même tonneau. Y’avait plus le choix. Fallait partir. Et vite. Ça serait vraiment trop con, désormais si près du but, si près de la vie dont il avait toujours rêvé, de se faire coffrer pour passer ensuite le restant de son existence au trou.
Alors, dès qu’il fut informé du départ de l’Orient Express, il embarqua. Non qu’il eut quelque goût pour ce train de bourges, comme il disait. Non, le luxe et tout ces trucs, il n’en avait plus rien à foutre. Dans son ancienne vie, il avait baigné là-dedans, pas jusqu’au cou, non, mais jusque par dessus la tête. C’était simplement que les riches, on les suspecte beaucoup moins que les autres et donc, c’était plus sûr de passer par là. Et puis, ce putain de train partait vers l’Est, là où justement, il voulait aller. Ses amis n’avaient pourtant cessé de l’avertir : fais gaffe, tu sais, les cocos, ils aiment pas l’argent et ils aiment encore moins les riches, et puis là-bas, on t’estourbit comme toi tu écrases un cafard, fais vraiment gaffe, Xavier !
Ils arrêtaient pas de lui bourrer le mou avec ça. Et c’est vrai que c’était juste, tout ce qu’ils disaient.
C’était aussi beaucoup pour ça qu’il avait jeté son dévolu sur la Yougoslavie. Tito c’était un coco, mais pas un coco aligné, pas un pour et dur, un du genre qui te fait fusiller illico parce que t’as un début de commencement de désaccord avec lui. Et si la Yougoslavie c’était pas possible, y’avait toujours la Roumanie. Bon, Ceausescu avait l’air passablement chtarbé, c’est vrai, mais il avait pris ses distances avec les Soviets, puis avec les Chinois, ce qui atteste une certaine souplesse d’esprit. Et avec les gens comme ça, c’est toujours plus facile de négocier. Et puis, si rien ne marchait, il serait toujours temps de foutre le camp dans une république bananière, en Afrique ou ailleurs.
Xavier se promit de bientôt reprendre ses réflexions, mais ce dont il avait envie maintenant, c’était de se dégourdir les jambes et de prendre un peu l’air. Il avait entendu qu’une partie d’échec devait avoir lieu ce jour dans un compartiment attenant au sien. De plus, il était prévu qu’elle débute à seize heures, soit un quart d’heure de plus que l’heure qu’indiquait sa montre. Il décida donc à aller y voir de plus près.
Publié le 3 Décembre 2024
Le paysage défile à la vitesse du train au rythme des pelletées de charbon enfournées par Romain. Stéphane se laisser bercer par le bruit régulier des roues sur les rails. Vienne n'était plus qu'à une heure, étape obligatoire pour permettre à Romain et Stéphane de vérifier « la bête » et de l’approvisionner en charbon et en eau pour le reste du voyage.
Stéphane, les yeux fixés sur les cadrans, sursauta au cri de Romain.
- Regarde ce que j'ai trouvé, là dans le tandem !
Au milieu du charbon apparaissait une caisse métallique qui résonna au coup de pelle de Romain.
Stéphane s'en saisit et la déposa sur le plancher délicatement ; il l'ouvrit et là, devant leur yeux ébahis, le violon scintillait dans son écrin de velours.
- Qu’allons-nous faire, dit Romain.
- Dès notre arrivée à Vienne j'irai avertir monsieur Poirot de notre découverte.
Les lumières de Vienne brillent dans la brume du matin quand Stéphane, suivi par le chef de train, alla retrouver monsieur Poirot.
- Je savais que le violon n'avait pas pu disparaître, murmura monsieur Poirot, voyons l'objet du délit.
La boîte était d'une facture toute simple, ne portait pas d’éléments distincts pour vous donner un indice pour la suite de l'enquête. Monsieur Poirot prit le temps, avec une loupe, de scruter toutes les faces de la caisse et remarqua sur le côté droit une empreinte de main noircie par le charbon. Rien d’exceptionnel pour Stéphane et pourtant Monsieur Poirot s’écria :
- Ça y est je tiens le voleur !
- Comment pouvez-vous affirmer cela, dit Stéphane d'un air étonné.
Monsieur Poirot explique alors que, lors de son enquête, il avait pu remarquer et fut étonné de constater, connaissant la propreté du train, que sur le montant du compartiment numero5 du premier wagon, une trace noire, à peine effacée, comme si l’auteur avait été dérangé et n’avait pas pu supprimer son forfait.
- Allons de ce pas réveiller le titulaire du lieu.
Accompagné par la police de la gare et après avoir frappé délicatement, la porte s'ouvrit et quel ne fut pas l'étonnement de Stéphane de voir apparaître monsieur Marco Morassi, le propre propriétaire qui, deux heures avant, criait au voleur au voleur à qui voulait l’entendre.
C'est dans le bureau de la gare que Monsieur Marco Morassi avoua avoir voulu faire une arnaque à l'assurance pour combler ses dettes de jeu.
Ce violon était le seul bien qui lui restait et qui avait comme particularité de ne pouvoir être vendu car il était déclaré faisant partie du patrimoine.
Marc Morassi en avait la jouissance pour en jouer lors de ses concerts.
Et c'est la tête basse qu'il fut obligé de suivre la police, sous le regard réprobateur de l’ensemble des passagers.
Stéphane retrouva sa place aux commandes de la bête prête pour le départ, ultime étape vers le Bosphore, vers Istanbul.