Publié le 5 Décembre 2024
voyage
Publié le 5 Décembre 2024
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Rouler sur les traces d’Agatha Christie à qui il voue un véritable culte
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Chercher l’inspiration pour son prochain roman
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Plus profondément :
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suis-je vraiment fait pour être écrivain ?
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un break avec Hermine ; en ce moment ils ne se comprennent plus
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Publié le 5 Décembre 2024
Joséphine a un rendez-vous à Istanbul
Publié le 5 Décembre 2024
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Le Personnage littéraire : Jean-Baptiste Noël
Jean-Baptiste s'engouffre dans le couloir, trouve sa chambre et s'installe dans son espace élégant minimal fonctionnel ; il proclame pour lui tout seul :
Le luxe ça me botte !!!
Il n'y a plus qu'à se fondre dans la nuit douce-amère afin de voir-venir ; là-dessus ayant sommeil il s'endort.
Alors il reçoit la visite de Arlberg son alter-ego un faune merveilleux habillé d'argent ; celui-ci le titille du bout de sa flûte et Baptiste en frissonne... Vautré de toute son envergure sur le velours rouge du divan Arlberg irradie une lumière léthargique, il observe longuement son dormeur et d' un charme confondu tous deux voguent paresseusement jusqu'aux confins des temps lointains de Carthage ensevelie.
Dans ce regard unique de noyé se dessine paresseusement en mirage, la vibration d'un convoi, un convoi d'éléphants, ces géants impitoyables qui, en passant, écrasent systématiquement des barbares, des bataillons de mercenaires, leurs boucliers en cuir d'hippopotame, leurs chevaux et leurs gens, qui en passant anéantissent insondables et inaccessibles aux fragrances du jasmin mêlées aux émanations des corps décomposés sous l’œil fixe du soleil ; accompagnés en cela par les hurlements déchirants de femmes éventrées d'enfants ensanglantés sous les rapaces criards. Le temps suspendu file à l'allure doucement rythmée du train.... insensé... si chargé... de soupirs et d'histoires... Telle une braise Arlberg en extase s'illumine et...
Cependant, embêté par quelques mouches échappées du contingent, Baptiste grimace un bâillement digne d'un faune et son œil larmoyant goutte, il en frissonne tout du long ; Arlberg a disparu du réseau le laissant entièrement nu mais enrichi d' une moustache souriante et d' un petit bouc tressé d'argent sur le menton. Sur la table de chevet ceci : une salière en cristal ciselé bouchonné d'or l'informe de son passage odorant
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Monsieur Baptiste-Jean Noël, dit le chef d'équipage.
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Jean-Noël le Baptiste c'est cela-même.
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Voilà l'éminent détective Monsieur Hercule Poirot qui vient nous aider dans la résolution de l'affaire du Stradivarius. Excusez notre intrusion mais elle est générale, vous comprendrez !
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Monsieuuuur... dit l'éminence, j'apprends que vous jouez... Aux cartes ??? hummm...qui quand comment où et pourquoi...Quelles sortes de jeux ?
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Non non, vous êtes mal renseigné, je suis un joueur de mots !
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Comment ce-fait-ce?
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Cela se peut pourtant !
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Quelles sortes de mots ?
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Des mots passants et mots de passes démodés du solitaire monte à l'envers du mot à l'endroit ; à compte de mots, celui du jour : je lui dirais des mots bleus, des mots qu'on dit avec les yeux, tous les mots bleus... tous les mots bleus..........
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Et tous ces mots, mon bon, où les entassez-vous ?
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Là-dedans, ils sont là-dedans.
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Ou-Vrez, dit Son Excellence.
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Les mots, où sont les Mots- les- MOTS ??? hurle Hercule au bord de l'apoplexie.
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Ils se seraient échappés dans un murmure...
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Cette rencontre est singulière, merci mon cher !
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Un professionnel mondialement reconnu ?
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Un amoureux fou ?
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Un antiquaire ou un entiché de vieilleries célèbres ?
Publié le 5 Décembre 2024
Publié le 5 Décembre 2024
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Publié le 5 Décembre 2024
- Bonjour mes amis. J’ai pris la liberté de commander du champagne, dit-il d’un air guilleret.
- Auriez-vous résolu l’énigme ? demanda avec gourmandise Joséphine.
Publié le 5 Décembre 2024
Personnage
LE DEPART
Le train roule depuis quelques heures déjà. La nuit est maintenant tombée. Eugénie qui s’est bien reposée s’apprête pour le repas du soir. Elle a revêtu une longue robe de velours rouge et mis sur ses épaules un châle de dentelle noire parsemée de brillants. Elle s’est maquillée avec soin et ses grands yeux sombres brillent ce soir d’un éclat particulier. Et c’est avec une certaine excitation mêlée d’appréhension qu’elle se dirige à pas lents vers le wagon restaurant.
Le majordome posté à l’entrée s’incline devant elle et s’écarte pour la laisser entrer. Soudain, elle a l’impression de pénétrer dans un autre monde. La pièce baigne dans une atmosphère douce et feutrée : lourdes tentures aux teintes chaudes aux fenêtres, lumière tamisée sur les tables et musique d’ambiance. Les tables de deux ou quatre personnes sont recouvertes de nappes d’un blanc éclatant. Les verres en cristal et les couverts en argent scintillent sous les lumières. Le maître d’hôtel très empressé la conduit à sa table où trois personnes sont déjà installées. Elles se présentent chacune à leur tour : Joséphine Castala, Marco Morassi et Marc de Verneuil.
Eugénie qui n’a pas l’habitude de se lier très facilement étudient ses compagnons de table avec attention. Joséphine avec ses cheveux roux, ses yeux verts et sa tenue colorée lui est plutôt sympathique. Elle a d’ailleurs un avantage à ses yeux en étant moitié française et moitié espagnole comme elle. Marco est certes un très bel homme. Elle le trouve élégant et très raffiné dans son beau costume en alpaga d’un bleu sombre. Il semble très sûr de lui et conscient de son charme. Quand il lui apprend qu’il est un chef d’orchestre renommé elle espère en savoir davantage sur lui Quant à Marc de Verneuil il semble très timide et réservé et peu enclin à converser avec elle.
En attendant le début du service, Eugénie parcourt la salle du regard. Soudain elle croise les yeux clairs de l’homme assis à la table voisine. Ses traits sont réguliers, ses cheveux poivre et sel. Il lui adresse un petit sourire malicieux. Eugénie se sent rougir et troublée détourne vivement le regard. Le repas est agréable, les mets délicieux et le service irréprochable…
Le repas terminé Marco l’invite à boire un verre au bar mais Eugénie décline l’invitation. Elle se sent fatiguée et a hâte de retrouver le calme de son compartiment. Mais avant de quitter la salle elle ne peut s’empêcher de se retourner. L’homme aux yeux clairs lui adresse un petit signe de la main sans se départir de son petit sourire. Eugénie sort précipitamment furieuse de s’être retournée et rejoint rapidement son compartiment.
TERMINUS
Publié le 5 Décembre 2024
Un périple pour de magnifiques paysage, une façon originale de voyager
Nos trois Q se précipitent hors la gare. Ils ont une adresse précise du lieu de leur naissance.
Les voilà qui découvrent, pour la toute première fois, leurs origines. Ne reste de la casbah qu’un abri pour dromadaires. Ils sont bien une dizaine à ruminer en cœur une indifférence à l’approche de nos trois amis qui pénètrent par la béance de la porte et quelle surprise, quelle immense surprise, la plus importante de toute leur existence, celle de découvrir sur le dernier mur de glaise encore debout trois prénoms : Quillian, Quevin, et Quentin 1952.
Une vieille coutume berbère disait que tous les chameaux nés cette année-là devaient porter un nom commençant par Q. Le mystère restera entier sur le pourquoi de cette bévue de leur mère disparue, mais ils auront atteint le but de leur voyage.
Pendant ce temps, l’affaire du stradivarius a été définitivement résolue. L’inconnu qui a reçu la mallette de Marc de Verneuil, cette nuit-là, n’est plus recherché suite aux aveux de Marco.
Le stradivarius était un faux. Pour sa défense, Marco ne le savait pas. Marc de Verneuil est définitivement acquitté. Finalement l’histoire se termine bien et chacun se retrouve au bar de la gare pour fêter la fin du voyage.
Jeanne a regagné sa sous-pente. Elle se souviendra longtemps de ce moment au commissariat où elle a mangé tous les chocolats à la menthe avec le Divisionnaire.
Bien sûr elle a rendu la broche coccinelle de MPMG qu’elle avait juste empruntée pour le défilé de Quévin, son corsage ayant perdu le bouton du haut.
Depuis, Quillian s’est proposé de lui refaire toutes les boutonnières bien qu’il ait changé d’occupation.
Avec le chauffeur de la locomotive et Louis, désormais plus qu’ami avec Quillian, ils ont ouvert un bar à réglisse, avec bien sûr, des mistrals gagnants. Ils ont acheté une ancienne micheline, diesel pour changer, une vrai boîte à malice pour des défilés tout en dentelles et un peu en latex.
Une belle histoire d’amitié que tout ce petit monde a pu tisser grâce à l’Orient Express.
Publié le 5 Décembre 2024
L’ORIENT EXPRESS
Consignes
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Établir la fiche de votre personnage
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Commencez votre voyage avec cet incipit volé, en partie, à Agatha Christie :
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Avec une série de secousses, le convoi s'ébranla. Les deux hommes se mirent à la fenêtre pour regarder le quai interminable dont les lumières paraissaient glisser lentement devant eux. L'Orient-Express venait d'entamer son long voyage de trois jours à travers l'Europe.... et poursuivez avec votre personnage.
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Créer une ambiance : votre personnage rencontre un ou plusieurs personnages. Racontez la rencontre, les circonstances, repas, escale, etc. Et créer une ambiance de l’endroit où s’est produite cette rencontre
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On a volé le Stradivarius du Chef d’orchestre ! Racontez comment vous l’avez su, l’atmosphère dans le train après ce vol, vos impressions, suppositions et déductions. Vous pouvez faire participer un personnage de votre choix
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La narration policière : Racontez ce que vous avez découvert à propos de la disparition du Stradivarius, éventuellement, faites le point avec ce qui s’est dit dans les autres compartiments en utilisant les éléments de la narration policière : où, quand, comment, pourquoi, qui ? Résolvez l’affaire
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Épilogue
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Fiche personnage
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État civil :
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Sarah De HALBRON
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Née à Varsovie le 14 mai 1917
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Fille unique de Jarod et Sofia De HALBRON, riches négociateurs d’art
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Caractéristiques physiques :
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Blonde, les yeux couleur noisette éclairent son doux visage. Ses cheveux bouclés, mi- longs sont toujours ramenés en chignon
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Avec 1m70, 60 Kg et une taille 40, Sarah est élégante Toujours souriante, douce, aimable
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Traits de caractère :
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Sérieuse, appliquée, discrète
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Respectueuse des contraintes familiales
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Toujours souriante, douce, aimable et respectueuse
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Très proche de sa famille, son père, sa mère
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Avec elle on se sent bien, on peut lui faire confiance ce qui a toujours été un atout dans son métier puisqu’elle a toujours travaillé très dur dans l’entreprise familiale pour réussir et s’imposer dans ce créneau particulièrement masculin. Elle s’est même spécialisée dans l’expertise et à même d’estimer la valeur de chaque œuvre d’art, c’est elle qui en fixe le prix d’achat ou de vente. Pour Sarah, ce n’est pas un « travail » mais une passion
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Objets auxquels elle tient tout particulièrement :
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Une barrette de nacre blanche surmontée d’une saphir, offert pour ses 20 ans. Elle ne la quittera jamais car elle représente le symbole d’un amour interdit
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2 tableaux : « la baie de Douarnenez » d’Eugène BOUDIN, précurseur de l’impressionnisme et « le pont des Concarneau » de Józef PANKIEWICZ, l’un des premiers impressionnistes et symbolistes polonais. Ces œuvres ont une valeur inestimable mais elle avait eu la chance de les acquérir pour une somme beaucoup plus raisonnable lors d’une vente aux enchères où peu d’amateurs s’étaient présentés
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Préférences vestimentaires :
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Jupe longue à mi cheville, veste cintrée et bottines lacées à talons bottiers est sa tenue hivernale préférée tandis que, pour l’été, robe fluide et escarpins
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Toujours assortir ses tenues avec gants, chaussures et sac en cuir de même couleur sans oublier le chapeau
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Loisirs :
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La lecture de romans et d’ouvrages qui touchent de près ou de loin à l’art pictural. Sa préférence ? Le mouvement impressionniste, Boudin, Pankiewicz, Monet, Degas, Renoir.
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Les promenades dans la nature
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Contexte :
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En 1937, pour ses 20 ans, le père offre à Sarah un voyage dans l’Orient Express. Pour ses 60 ans, elle renouvelle l’aventure pour la dernière sortie de ce mythique train. Nous sommes le 20/5/1937 et, durant ce voyage, elle se remémore le passé et les souvenirs fusent
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L’histoire (20 mai 1977) : Le parfum du passé
Avec une série de secousses, le convoi s'ébranle. Deux hommes se mettent à la fenêtre pour regarder le quai interminable dont les lumières paraissent glisser lentement devant eux. L'Orient-Express vient d'entamer ce long voyage de trois jours à travers l'Europe.
Vingt et une heure, un dernier regard sur la berge de fer qui s’éloigne de plus en plus vite et je me dirige vers ma cabine. Je ne suis pas la seule à déambuler dans le couloir de ce convoi de légende. Les voyageurs vont et viennent à la recherche de leur couchette. Tapis pourpre et or, boiserie en ébène, huisserie en cuivre rutilant, tout traduit l’opulence. Quarante ans se sont écoulés depuis mon premier voyage, et je suis là, prête à revivre une belle aventure. J’ai hâte de prendre place. Alors que je déambule, valise à la main, cédant quelque fois le passage à certains plus ou moins pressés, une lithographie m’interpelle. Je m’arrête un instant pour admirer « la baie de Douarnenez ». L’œuvre très connue d’Eugène BOUDIN m’a toujours fait rêver. Les voiliers, la mer qui se trémousse sous un ciel légèrement tourmenté. Soudain sollicitée, je me retourne :
- Magnifique ! vous aimez ?
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Comment ne pas apprécier ?
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Marie-Judith DUPIN, désolée de vous interpeler de manière fort cavalière mais je suis fan de l’impressionnisme et, paradoxalement, de l’abstrait également. Bizarre me direz-vous ?
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Pas forcément, quelle qu’elle soit une œuvre d’art est source d’émotion. Je sais de quoi je parle, c’est mon métier, enfin, je dirais plutôt une passion. Sarah De HALBRON, enchantée
Affublée d’un sac à dos, cette jeune femme, qui ne semble pas coller au luxe qui nous entoure, est fort sympathique. Deux générations nous séparent, pourtant, en quelques secondes, l’art pictural nous a réuni. Une discussion amicale s’en suit sur les peintres et leurs œuvres. Juste avant de nous quitter, elle lance :
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Heureusement qu’il ne s’agit pas de l’original…
Devant mon air étonné, elle poursuit :
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Nous venons d’entamer notre fabuleux périple et déjà la police est en alerte ! Il parait que le Stradivarius du Chef d’orchestre a disparu, envolé ! De toute évidence il ne peut pas être bien loin, le train ne s’est pas arrêté, il sera facile de le retrouver.
Tandis que nous prenons congé, je ressens comme un malaise. Brusquement ce corridor m’oppresse et les lumières tamisées, qui auparavant traduisaient une atmosphère intime, s’avèrent maintenant angoissantes. Instinctivement je presse contre moi mon sac à mains comme si on devait me l’arracher. Diffusée par haut-parleur centralisé, l’information de Marie-Judith DUPIN est confirmée. Il nous est conseillé de regagner rapidement nos places tout en nous annonçant des fouilles en cours. Pendant le court trajet pour rallier mon antre, tous les visages me semblent suspects. Numéro 47, ça y est, j’y suis…..
J'espérais une chambre similaire à celle d’antan et, une fois la porte ouverte, force est de constater que l’ambiance est empreinte de la même élégance intemporelle. Cloisons en bois précieux, tête de lit incrustée de perles, de nacre et de bronze, drap en soie, salle de bain parée de marbre, ma suite murmure le même raffinement que celle d’autrefois. Pour m’octroyer un brin de repos et oublier l’épisode du larcin, je me love voluptueusement dans ce sofa moelleux accolé à la fenêtre. Je contemple ce qui m’entoure lorsqu’un fumet de poisson, qui exhale ses effluves jusqu’à mon compartiment, me caresse délicatement les narines et m’extirpe de mon extase. Cette ambroisie ressuscite quelques vieux souvenirs que je croyais définitivement blottis au fond de ma mémoire. Les yeux mi-clos, je hume cet arôme suave qui me propulse, involontairement, en ce jour merveilleux où….
Le cœur serré, envahie d’une émotion intense, ma vie défile en accéléré pour finir en arrêt sur image.
Vendredi 14 mai 1937, 11h55. Je me souviens précisément de cet instant dans les moindres détails. Père, très précis quant au respect horaire des repas, tapotait à ma porte, me priant de le rejoindre dans le wagon restaurant. Nous devions fêter mes vingt ans à bord de ce monstre légendaire et j’étais impatiente de découvrir la surprise qui m’attendait. Vêtue d’un tailleur de couleur taupe, bottines à talons bordeaux, sac et gants assortis, je coiffais ma tête de cet élégant chapeau sur lequel trônaient, à l’avant de la calotte, deux petites plumes d’autruche rouges. Dans l’allée centrale luxueusement décorée, je me hâtais, tout émoustillée. Dans ma précipitation, je faillis heurter un couple d’un âge certain. L’espace, faiblement éclairé, était étroit mais intime à la fois. Affublé d’un haut de forme et veste queue de pie, Monsieur cédait galamment le passage à Madame. Sa robe de velours pourpre, cintrée à la taille, lui assurait l’élégance d’une grande dame. Je m’écartais poliment pour libérer l’accès tout en m’abstenant d’effleurer cette panne qui paraissait douce et soyeuse. Entrée dans la salle, je fus éblouie. Prévue pour le confort et le raffinement, la salle me parut spectaculaire. Lumière tamisée, verres en cristal, couverts en argent, tables nappées, cet ensemble glorifiait la richesse. Père, déjà installé, me fit signe de m’approcher, ce que je fis. D’un geste assuré, il héla le Maître d’hôtel. Véritable livre ouvert sur la gastronomie française, il réveilla nos papilles. Nous options pour un filet de Saint-Pierre sur crème de fenouil aux baies de rose sublimé par un sancerre sur lie. Peu de temps après, le Chef de brigade, veste d’un blanc maculé, épaulettes dorées, pantalon noir, surgit du fond du wagon, plateau à la main. Grand, mince, il portait avec prestance la tenue exigée mais, les yeux rivés sur le petit paquet doré, négligemment dissimulé sur un coin de la table, je ne lui portais aucune attention particulière. Mon visage irradiait. Père m’accorda un sourire complice qui semblait dire « patience ». Lorsqu’une voix claire et douce annonça :
« Mademoiselle, Monsieur, Alexis pour vous servir, bon appétit »,
Sa voix me fit tourner la tête, nos regards se croisèrent et la béatitude opéra. Lorsqu’il présenta le plat, il frôla ma main. Un frisson envahit mon échine jusqu’à en trembler de la tête aux pieds. Terrassée par mes sentiments soudains, visiblement partagés, nous voilà figés tel une statue en bronze de Rodin. Je n’osais bouger de crainte que mes mouvements désordonnés n’alertent Père. Yeux dans les yeux, nous étions dans un état second. J’avais l’impression de flotter au-dessus des convives. Soudain le silence. Ambiance musicale, murmure de conversations cessèrent, seul un bourdonnement d’oreilles m’étourdissait. Je me noyais littéralement dans le bleu profond de ses yeux.
Dans le silence de ma chambre, perdue dans mes pensées, un martèlement incessant à ma porte me fait sursauter. Confortablement installée, je peine à me lever. Petit, moustachu, affublé d’un costume d’époque, ce personnage atypique semble bien décidé à interrompre mon intimité. L’individu, que je crois reconnaître, se présente avant que je ne prononce un seul mot :
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Hercule Poirot en service Madame. Je dois fouiller toutes les cabines, je vous prie de m’excuser pour le dérangement
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Oui je sais, le Stradivarius, mais je doute que vous puissiez le trouver ici
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Peut-être, mais je me dois de tout contrôler
Aussi consciencieusement que s’il devait enfiler des perles, il inspecte le moindre petit coin. A mon grand étonnement, et bien que la taille, n’aurait pas permis d’y cacher un objet aussi volumineux, ma valise fut son premier choix. Je n’avais rien à me reprocher néanmoins une certaine culpabilité m’oppressait. Incapable de me rendre complice d’un quelconque méfait, je ne m’expliquais pas ce sentiment étrangement angoissant ? La crainte d’être accusée à tort ? Probablement liée à une sombre affaire vécue dans les années 50. A cette époque nous venions d’acquérir, tout à fait légalement, une petite merveille, une toile d’Henry Jacques Delpy, peintre de l’école Barbizon. Une fois la transaction terminée, un individu malfaisant en revendiquait la légitimité prétextant en avoir été spolié par l’occupant en 1940. Bien décidé à récupérer cette œuvre de manière frauduleuse, ce malfrat nous a contraint à nous justifier ce qui n’a pas été une mince affaire.
A quatre pattes, rien ne semble échapper à ce fin limier. Il scrute avec minutie tous les espaces réduits. Lit, armoire, table basse, toute niche est visitée. Lorsque, en pleine action de recherche, la voix grave de son colistier l’interpelle, il se relève et prend congé. Cet instrument à cordes d’une valeur inestimable, volé ? Je suis perplexe ! Les questions se bousculent. Comment a-t-on pu faire disparaître un objet de cette taille en si peu de temps ? Sachant qu’il n’est absolument pas négociable, quel pourrait en être l’enjeu ? Une demande de rançon ? Encore faut-il pouvoir le cacher en lieu sûr, pas facile ! Monsieur MORESSI aurait-il opté pour une arnaque à l’assurance suite à de grosses difficultés financières ? Pas très malin mais ça s’est déjà vu. Un gag ? C’est loin d’être drôle ! Bref un vrai mystère….
Pendant que j’extrapole différents scénarios, on frappe à nouveau à ma porte.
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Sarah ? c’est Marie-Judith DUPIN, vite, ouvrez-moi….
Surprise, je m’exécute. Essoufflée, les joues écarlates, les cheveux en bataille, elle s’engouffre dans l’entrée en faisant claquer la porte sur le mur. Effrayée, la voilà qui me tend nerveusement un paquet assez encombrant et visiblement empaqueté à la hâte. A bout de souffle, elle a du mal à articuler des mots qui me glacent le sang :
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Il faut le cacher, absolument le cacher
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Mais de quoi parlez-vous ? Marie-Judith vous me faites peur, de quoi s’agit-il ?
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Le Stradivarius, bien sûr. Il faut le cacher et vite, je l’ai subtilisé !
Au même instant, dans le couloir, le célèbre détective belge tambourine à ma porte en vociférant :
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Police, ouvrez comtesse ou je défonce la porte
Le vacarme assourdissant d’un trio d’illuminés en fête me libère d’une situation rocambolesque. Quel cauchemar ! Je m ‘éveille en sueur. La pluie martèle le hublot, les éclairs zèbrent le ciel tandis que le tonnerre mène la danse. J’ai vraisemblablement dû m’endormir blottie dans les bras d’Alexis. Le train file à vive allure et ronronne à une cadence régulière. Vingt-deux heures, il est temps d’aller dîner. Devant le miroir je redresse quelques mèches rebelles, retouche le maquillage de mes lèvres et m’enveloppe d’un foulard Hermès. Offert par Alexis en 1937, il ne me quitte jamais. La faim me tenaille et, tout en me dirigeant vers le wagon restaurant, je ne peux m’empêcher d’ironiser. « Sérieusement, comment aurai-je pu rencontrer le personnage de fiction fétiche d’Agatha CHRISTIE ? Et pourquoi « comtesse » ? Mais oui bien sûr…. Dans le roman, posé sur ma table de chevet, Vera ROSSAKOFF est la comtesse russe dont Hercule POIROT tombe amoureux. Enfin tout s’explique ! » Amusée, souriante, je presse le pas et croise deux jeunes gens d’un retour dînatoire animé. Pour leur laisser le passage, je m’appuie contre une petite alcôve. La porte s’entrebâille sous la pression de mon corps. Instinctivement, j’ouvre et, éberluée, je repère, parmi un tas de cartons, un boite triangulaire noire qui ressemble étrangement à un étui de violon. Scellé sur la coque, un écu en étain sur lequel on peut lire « Marco MORASSI ». Le mystère s’épaissit. J’avance ma main et la retire aussitôt de crainte d’y laisser mes empreintes. Mais alors, que faire ? Impossible de faire marche arrière comme si je n’avais rien vu. Seule dans ce couloir, je cherche une solution lorsqu’une voix brise le silence et me fige sur place :
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Voulez-vous que je vous aide ?
Telle une coupable, je trésaille. L’angoissante sensation d’être faussement accusée. Je cherche des mots explicites, crédibles pour éviter toute suspicion mais, une fois retournée, c’est le choc. « Alexis ! ». Les cheveux poivre et sel, témoins des années passées, mais la même coiffure, les mêmes yeux bleus, la même douceur dans le regard, la même démarche, la même allure et surtout la même voix. J’ai tellement souhaité cette rencontre que j’en tremble. L’émotion est trop forte, je suis paralysée et complètement perdue. Et allez savoir pourquoi, je réponds :
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Oui, je veux bien, merci
Alors que je nous imagine mariés, avec enfants et petits-enfants peut-être, bref heureux ensemble, une dame, élégante comme une gravure de mode, l’appelle :
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Georges, attends-moi
Telle une fumée de cigarette, mon rêve s’évanouit en quelques secondes. Je reste sans voix, déboussolée et déçue mais, quelque part, j’étais soulagée.
Après les présentations d’usage, Sarah, Georges et la belle inconnue empoignent le coffret et ouvrent le couvercle. Bien en évidence sur la doublure de velours pourpre, une note sur laquelle est inscrit « Stéphane PIERRE-BRUNE ». L’air soucieux, Georges, contrôleur dans la Norwich Union assurance, se précipite sur son téléphone. Quelques instants plus tard, l’énigme est quasi résolue. Stéphane PIERRE-BRUNE, était fiché comme malfaiteur notoire. Il restait à dévoiler un complice pour formaliser l’arnaque. L’enquête révéla plus tard qu’il s’agissait de Marco MORASSI. Ruiné par des placements hasardeux, Marco MORASSI visait la fraude à l’assurance.
Durant la poursuite de notre voyage des affinités virent le jour. Chaque arrêt marquait une page d’un livre ouvert sur l’aventure de ce train de luxe. Certains, vantaient les beautés de l’Italie, Rome et son colisée, Pise et sa célèbre tour penchée, Naples et sa côte Amalfitaine. D’autres juraient par tous les diables que rien au monde ne détrônerait la tour Eiffel et la cathédrale Notre Dame. Quant à ceux qui avaient déjà bourlingué bien au-delà des frontières européennes, ils étaient loin de rester muets. Bref, un circuit touristique complet sans les visites. Le terminus fut l’occasion d’une halte prolongée durant laquelle quelques amitiés naquirent. Ma complicité artistique avec Marie-Judith DUPIN se révéla le déclencheur d’une virée majestueuse dans la seule ville au monde qui embrasse les deux continents, l’Europe et l’Asie. Loin de l’impressionnisme, le Palais Topkapi, la basilique Saint-Sophie avec ses mosaïques byzantines furent un ravissement. Férues de découvertes, nous n’imaginions pas quitter Istanbul sans admirer les rives du Bosphore depuis la mer. À l’appontement de Kabakas, Georges et sa compagne, nous ont rejoint. Nous voilà embarqués, tous les quatre, sur le ferry. Je le trouvais pâle, l’air assombri. Je m’efforçais d’éviter son regard, terrifiée à l’idée de m’évader à nouveau dans les méandres de mes désirs inassouvis passés. Tout au long de la traversée de ce détroit, qui relie la mer Noire à la mer de Marmara, Yali et palais ont défilé sous nos yeux émerveillés. Seul Georges semblait, détaché, soucieux. Assise à ses côtés, je fus soudain bouleversée. Je n’en croyais pas mes yeux. Mon pouls s’accélérait et tandis que mon sang se glaçait, des frissons parcouraient mes membres à la vitesse de l’éclair. Au-delà de cette étrange ressemblance, la petite fossette nichée au coin de la commissure de ses lèvres venait de le trahir. Était-ce une hallucination ? Une illusion ? Un désir profond que ce soit réellement lui ? Une coïncidence ? Impossible, la fovéa mentalis est rarissime, ce ne peut être qu’Alexis ! Comment contenir mes émotions alors que les souvenirs me rattrapaient. Pourquoi feindre d’ignorer les sentiments qui jadis nous liaient ? D’un geste brusque je dénouais le foulard attaché autour de mon cou. Le caresser me rassurait. Au même instant je sentais la pression de son étreinte et son doux baiser lorsqu’il me l’avait offert. Dans un état second, impossible de réfléchir. Devant mon expression hagarde de chien battu, Georges vint soudain à mon secours :
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Tu l’as gardé ? Depuis tout ce temps ?
Pétrifiée je me risquais à répliquer :
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Témoin d’un amour sincère et profond, il ne m’a jamais quitté
Libéré d’une situation qui pesait, Georges poursuivit :
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Pour la seconde fois le hasard nous réunit. Je suis bien Alexis, le serveur de 1937. Je n’ai jamais cessé de t’aimer et, pour te retrouver, j’ai arpenté plus d’une fois les rames de l’Orient Express. Dès que je t’ai aperçue, je n’avais qu’une idée, te prendre dans mes bras. Mais après tant d’années, avais-je le droit de m’immiscer dans ta vie ? Je restais à distance pour nous éviter de nouvelles souffrances mais continuer à te côtoyer sans oser me dévoiler devenait un véritable supplice.
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Non Georges, ta femme….
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Je ne suis pas marié, c’est ma nièce qui m’accompagne. Depuis toujours, allez savoir pourquoi, elle m’appelle Georges
Le visage de Sarah s’était illuminé. Radieuse, elle murmura :
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Chut ! Profitons de l’instant présent. Écoutons la blessure de nos cœurs se cicatriser.
Les yeux embués d’émotion, Sarah s’approcha d’Alexis. Il enroula tendrement les bras autour de ses épaules. Une légère brise marine caressait leur visage mais ils restaient là, blottis l’un contre l’autre. Tandis que le moteur du bateau ronronnait doucement, les reflets du soleil couchant se noyaient dans les flots sombres du Bosphore.
Main dans la main, il semblerait qu’une nouvelle vie commence pour Sarah et Alexis…
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