voyage

Publié le 10 Décembre 2024

 
Suite à une entrevue avec son père, Cécile en sait un peu plus : il semblerait que ce vol ne soit qu'un stratagème pour détourner l'attention du personnel et des voyageurs, car Hercule Poirot himself serait dans ce train et sur une importante affaire.
Cécile en est toute bouleversée ! Son héros, en chair et en os, ici ! C'est sûr qu'avant la fin du voyage, il ressemblera tout le monde pour donner la solution du mystère.
 
En attendant, elle rejoint Joséphine chez Marco Morassi pour leur faire part des derniers éléments. Mais l'affaire se complique encore avec la découverte d'un pendentif en forme de clé d'argent dans la cabine du beau Marco. Cécile est perdue devant tant de choses disparates. Tout lien logique ente les divers éléments est impossible. Cependant, le Marco lui paraît bien trop détendu pour que ce vol en soit réellement un. Il doit être dans la confidence du fameux stratagème... son violon doit être en lieu sûr. D'ailleurs, l'étui retrouvé chez les deux affreux est absolument vide d'empreinte. Aucun violon n'a séjourné la-dedans ! Encore un indice qui n'en est pas un !
Joséphine approuve d'un hochement de tête pensif quand le sifflement strident du tarin les fait sursauter. Un  haut-parleur annonce l'arrivée au terminus dans deux heures et propose aux passagers de se réunir au wagon-bar. Un cocktail d'adieu les attend.
 
Dans la wagon-bar, les conversations se croisent, quelques rires, des chuchotements, des regards en coin, occupent l'espace. M. Hermann Farina et sa fille Anita conversent avec Archibad Fox, Sarah de Albran s'entretient avec Marie-Judith Dupin, de peinture sans doute.
Les trois Q ont troqué leurs kilts pour des pantalons trop courts et tiennent le bar. Ils n'en sont manifestement pas à leur premier verre !
Eugénie Charpentier arrive à son tour, élégante. Jean-Baptiste Noël, dandy magnifique et galant homme, se précipite vers elle, lui offre une coupe de champagne. Marc de Verneuil observe la scène, confortablement installé dans un fauteuil, un whisky à la main.
Luis, le discret, accoudé au comptoir, se marre en voyant entrer la grosse dondon, toujours accompagnée de sa ravissante bonne, Jeanne. Valentin Poésy, le romancier, prend des notes... sans doute pour son prochain roman... faut dire qu'il a sous les yeux une galerie de personnages remarquables !
Joséphine, Cécile et Marco trouvent une table libre.
- Tiens, papa n'est pas arrivé? s'inquiète Cécile.
 
Jean Martin entre à ce moment-là, accompagné d'Hercule Poirot. Yeux exorbités de Cécile qui agrippe le bras de Joséphine. Son regard croise celui de Poirot qui lui fait un clin d’œil, avant de prendre la parole :
- Mesdames, messieurs, tout d'abord, je tiens à vous rassurer sur le sort du violon. Il est en lieu sûr et ce vol, comme certains l'ont déjà compris, n'était qu'une mise en scène pour détourner l'attention d'une affaire sur laquelle M. Martin et moi-même enquêtions. Il y avait, dans ce train, deux individus soupçonnés d'espionnage international. Grâce au flair de M. Martin et de mes petites cellules grises, nous avons pu réunir suffisamment de preuves pour les arrêter. Ils sont sous bonne garde et seront livrés à la police dès notre arrivée. Mais pour l'heure, profitez des derniers instants de votre voyage.
Poirot soulève son chapeau en guise d'au revoir et quitte le wagon. Cécile avale son verre cul sec et en demande un second. Les conversations reprennent, des mots volent, le train siffle.
 
Terminus ! Tout le monde descend et s'éparpille vers son destin. Sur le quai, suivant des yeux la jolie silhouette de Jeanne, le conducteur de la locomotive, Stéphane, reste seul. Cécile le salue avant de quitter à son tour la gare, avec son père. La mission est terminée, les vacances à Istanbul peuvent commencer. Et comble de bonheur, sa motivation secrète, marcher dans les pas de son héros préféré, s'est réalisée au centuple. Il est venu à elle !
 
Durant le voyage, la complicité entre Joséphine et Cécile s'est muée en amitié. Quelques années plus tard, Cécile a démissionné de son salon de coiffure pour monter un projet avec Joséphine, devenue modiste. Cécile invente des coiffures adaptées aux merveilleux chapeaux créés par Joséphine. Leur salon/boutique ne désemplit pas. C'est ainsi qu'elles ont vu défiler les grandes dames dames rencontrées dans l'Orient Express qui, en plus de leur confier leurs têtes, leur confient aussi leurs petits secrets, mais ça, ni la coiffeuse, ni la modiste n'iront vous les dévoiler.
 
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Rédigé par Mado

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Publié le 10 Décembre 2024

 
Atelier :
La narration policière
 
Sujet :
Hercule Poirot est reparti ! Où est-il ? Avez-vous rêvé sa présence ou était-ce réel ?
A-t-il résolu le mystère "Stradivarius" ? A-t-il visité d'autres passagers ?
Racontez ce que vous savez de cette histoire, faites le point avec ce qui s’est dit dans d’autres compartiments en utilisant les éléments de la narration policière : où, quand, comment, pourquoi, qui et résolvez l'affaire.

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 10 Décembre 2024

« Ne cède pas à l'imagination, c'est toujours le pire, elle ne sert que la littérature »*

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l'imagination, Satine n'en manque pas. Une sensibilité artistique exacerbée contrebalancée par une assise solide donnée par une famille aimante et la discipline de la danse.

-Réfléchissons, réfléchissons, se dit-elle en regardant le chat qui la fixe à son tour.

-Sur qui m'appuyer pour résoudre notre affaire à ton avis ? Dois-je me fier au guère Glorieux Pélican et à ses méthodes peu orthodoxes ? Et si je m'adressais à l'homme qui sonde les âmes, ce Mr Sigmund F. ?

-Miaou, miaou. Le chat noir vient se frotter contre Satine , la queue dressée en signe de confiance et d'approbation

« Voyons, voyons , comme dirait mon chef, posons-nous les bonnes questions :

*Vol d'un stradivarius d'une valeur inestimable prêté à un grand chef d'orchestre, Gérard L'Archet

*Affliction du sus cité privé de son instrument, instrument qu'il doit restituer à la fin de sa tournée

*Instrument assurément assuré. S'en assurer

*Autre chef d'orchestre dans ce train, Herbert. Pas très connu le Herbert. Suspect convenable. Un peu convenu, non ?

-Miaou. Le chat approuve les hypothèses émises à voix haute par notre détective en herbe.

Un ballet de serveurs élégants chargés de couvertures en mohair, plaids, pashminas, polochons et coussins en velours Camango , interrompt les réflexions de Satine qui décide de les suivre dans le salon de musique où les conversations vont bon train... Alors que ce dernier , lui, reste immobilisé.

Satine cherche des yeux mais en vain Sigmund. La petite brune de la cabine numéro 13 se précipite affolée sur elle

-Avez-vous trouvé mon Pyrrhus ? Comment se porte-t-il ? A-t-il mangé ?A-t-il dit quelque chose ?

-Toujours consigné cabine numéro 13 Madame. Il a dit Miaou, miaou à plusieurs reprises. De ce côté pas d'inquiétude. Question nourriture, le voilà gavé d'un excellent foie gras. Vous devriez surveiller son alimentation. Je ne vois pas M. Sigmund ?

Une voix masculine, celle de Laurent Delaplace répond :

-Ce cher M. F. a décidé d’aérer ses neurones et ses poumons. Il est descendu avec son mini vélo sur la voie. Un besoin urgent de faire de l'exercice. Il m'a confié une missive à votre attention. La voici

Sauf votre respect, et en dépit de la consigne de rester consigné jusqu'à nouvel ordre, je suis parti longer les rails avant que mon esprit dans cette atmosphère délétère ne déraille.
Je fais confiance à votre sens de l'observation. Fiez-vous à votre intuition et à ce chat noir, Pyrrhus. Il en sait long. Réfléchissez Mademoiselle, réfléchissez, déduisez, solutionnez.
Pas d'erreur d'aiguillage. Très peu de mystère dans cette affaire . Bien à vous. Sigmund F.

Satine sort du salon.

Une intuition, une prémonition, un pressentiment, le flair, l'instinct....Oh la la, voilà que Pélican déteint sur moi.

Cabine numéro 13, elle passe chercher Pyrrhus en chantonnant. Aussi féline que le félin elle se dirige vers la cabine 17. Satine tend l'oreille, toque à la porte, trois petits coups suivis de trois autres plus vigoureux et entre sans attendre une invitation qui ne vient pas dans le compartiment où ronfle paisiblement l'agent Pélican. Satine le secoue un peu, puis un peu plus, puis devant l'absence de réaction y va fortissimo. Glorieux sursaute, tressaute et saute hors de sa couchette. Face rubiconde, il a dû avoir trop chaud dans son pyjama laineux à damiers roses et verts, il ôte sa capuche et ses bouchons d'oreille, tentant de reprendre ses esprits.

Pyrrhus, oreilles et queue en plumeau dressées, manifeste sa colère , marquant un réel antagonisme à l'encontre du petit homme ou de son accoutrement ou de l'ensemble.

-Asseyons-nous et devisons cher Monsieur Pélican. Avez-vous été visité par votre ami Hercule Poirot ? Et ce petit somme de près de deux heures a-t-il eu vertu tant divinatoire que réparatrice ?

-Eh bien demoiselle Satine, la situation dans mon rêve semblait tarabiscotée, confuse, amphigourique, embrouillée et aussi nébuleuse que mon état présent. Il faudrait sûrement que je m'y remette car ces derniers mots prononcés comme un mantra : «  Tu détiens la clé du mystère, tu détiens la clé du mystère, tu détiens la clé du mystère » me laissent dubitatif, voire perplexe.

-Pas question Pélican.

Miaou agressif de Pyrrhus . Traduire par Pas question. Et le voilà qui bondit dans un recoin du compartiment et s'arrête devant le coffre fort dont est équipé e chaque cabine.

-Rien n'a été volé agent Pélican. Le voleur c'est vous. Vous avez tout simplement oublié que dans votre désir de protéger le précieux instrument, vous l'avez, sans en avertir M. L'Archet, placé dans le lieu qui vous paraissait le plus sûr, le mieux protégé, à savoir sous votre garde attentive et vigilante.

- Un léger instant de distraction somme toute, Mademoiselle Satine, n'est-il point ?

 

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Rédigé par Odile

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Publié le 10 Décembre 2024

 
Mais donc, que diable  signifie ce télex ! Un violoncelle retrouvé alors qu’il s’agit d’un violon à l’origine, il se serait transformé ? Et qui est cet altiste Azuréen ? Peut-être qu’au prochain arrêt du train on aura des réponses à ces questions saugrenues ou du moins des explications.
En attendant, je dois revenir au fait et garder la tête froide, la seule manière de fonctionner est la rationalité, m’en tenir à la consigne. Consultons l’agenda, inspection des lieux à 10 heures aux peignes fins pour faire plaisir au chef de train et à 16 heures, partie d’échecs où je me sais un adversaire invincible.
Il est déjà l’heure, il est temps de me mettre au travail, tous ces wagons se ressemblent et sont dans un désordre épouvantable, allons à l’essentiel. Tiens, un petit morceau de velours rouge qui aurait appartenu à l’étui du stradivarius, un morceau de volute, une mentonnière, une cheville, une clef de fa, puis de sol, étrange cimetière d’instruments de musique, je ne rentrerai pas bredouille, mais mon esprit fait des siennes, il déraille. Que nous réserve le wagon n°7 ?
Un violon, mais il est posé comme un jouet d’enfant, ce n’est pas la peine d’en faire état. Voilà que j’éternue et mon asthme me reprend, diantre des poils de chats ! Aucun animal ne doit être accepté dans ce train sous peine d’amende ou d’emprisonnement selon l’article n°21 des chemins de fer, il ne manquerait plus qu’un chien et ce serait la fin des haricots, il n’a qu’à bien ce tenir ce propriétaire animalier, cela sent le trafic à plein nez. Un parfum de rose obscure s’échappe du wagon n° 6, c’est le wagon d’un magicien et d’une cartomancienne en voyage de noce, il doit leur être facile de transformer un violon en violoncelle d’un coup de baguette magique ! Je ne dois pas m’égarer, l’important est que Herbert n’assiste pas au concert et pour cela une erreur d’aiguillage ou un peu de poudre d’explosif dans l’étui à violon, ou peut-être encore un peu de pavot des jardins serait la solution. Et pour éviter tout cela, je compte bien sur l’intervention de l’agent triple « Impossible is nothing » héliporté de Belgique pour la circonstance.
- Avez-vous trouvé des indices, demande le chef de train.
- Non, que de vagues broutilles sans intérêts, mais je continue mes investigations, soyez-en sûr, répond Monsieur Glorieux, inspecteur Pélican ZKTT d’un air détaché.
 

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Rédigé par Catherine

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Publié le 9 Décembre 2024

 

 
Atelier :
La narration policière
 
Sujet :
Racontez ce que vous avez découvert à propos de la disparition du Stradivarius, éventuellement, faites le point avec ce qui s’est dit dans d’autres compartiments en utilisant les éléments de la narration policière : où, quand, comment, pourquoi, qui. Résolvez l'affaire.

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 9 Décembre 2024

 
Malgré l’heure tardive, encore sous le choc, Marco décide d’alerter le responsable du wagon. Ce dernier très perturbé par un vol dans ce train prestigieux lui conseille de prendre un peu de repos. Il l’assure de son soutien, lui promet que personne ne quittera le train avant le dénouement de l’enquête.
Aux premières lueurs du jour, Marco les traits fatigués, le visage blême est tiré de ses réflexions par des coups secs et répétés à sa porte. Une femme, en tailleur strict, à l’aspect revêche, les cheveux noués en chignon bas se présente en franchissant le seuil :
- Clara Carletti, Chef adjoint de la sécurité ! M. Morassi on m’a rapporté votre problème. Quand avez-vous constaté le vol ? Pourquoi ne pas avoir placé votre stradivarius dans un des coffres prévus pour les objets de valeur ? Soyez explicite dans vos réponses s’il vous plaît.
Marco surpris par le ton glacial lui explique la situation en gardant tout son calme. Son esprit semble pourtant distrait ! Il ne peut s’empêcher de remarquer que le regard de Clara lui est étrangement familier.
Elle l’écoute tout en prenant des notes, l’interrompant souvent pour obtenir plus de détails et finit par lui dire :
- Ne vous inquiétez pas, notre équipe fera tout pour mener à bien cette affaire, elle rajoute :  M. Morassi parfois une ombre du passé peut réserver des surprises…
Marco, décontenancé, fronce les sourcils. Il n’a pas le temps de réagir que Clara esquisse un sourire énigmatique et poursuit :
- M. Morassi qui était au courant de la présence de ce stradivarius dans votre cabine ?
Pris de cours, il répond :
- Tout le monde je suppose, je suis un violoniste et un Chef d’orchestre reconnu !
Pour quelles raisons me posez-vous toutes ses questions, c’est moi la victime, réplique t-il d’un ton agacé !
- Les victimes sont parfois la clé de leurs propres mystères … à bientôt M. Morassi, dit-elle en tournant les talons.
L’affaire s’est répandue dans tout le train, elle alimente toutes les conversations. L’angoisse est palpable parmi les voyageurs contrariés et inquiets. Les compartiments sont fouillés très minutieusement.
Dans le même temps, Josépine Castalda qui a passé sa soirée avec Marco est longuement interrogée. Mme Carletti Clara ne la ménage pas, elle a l’air de s’acharner sur elle cherchant la faille. Les dires de Marco clarifient la situation, l’alibi est solide, elle est écartée de tout soupçon.
Soulagée, Joséphine s’empresse de retrouver Marco qui paraît étonnamment détendu. Elle le remercie de l’avoir mise hors de cause et lui propose de l’aider à éclaircir cette affaire. La présence de Joséphine à ses côtés lui redonne le sourire.
Une jeune femme discrète observe le couple avec un intérêt croissant. Passionnée de faits mystérieux, Cécile Martin décide de leur apporter son aide. Ce trio inattendu commence par examiner la cabine de Marco. Des traces de talons féminins sont visibles sur la moquette, un pendentif en forme de clé en argent est retrouvé coincé sous le pied de la table en marbre ! A qui appartient-il ?
De son côté, Clara Carletti s’enorgueillit d’ un complot divinement mené. Elle se sent fière de cette intrigue qu’elle va, avec tact, commencer à dévoiler. Elle fait courir la rumeur que, durant ses interrogatoires, une présence intrigante parmi les employés va lui permettre de dénouer l’enquête.
La jeune soubrette au service de Mme Roger Martin du Gard va créer la surprise en faisant une étonnante révélation.
 
 

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Rédigé par Josiane

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Publié le 8 Décembre 2024

 

Durant le petit déjeuner les conversations vont bon train. Chaque voyageur émet son opinion. Toutes les hypothèses sont évoquées, même les plus loufoques .Eugénie, elle, reste silencieuse. Elle se sent un peu mal à l’aise en pensant à ce dont elle a été témoin durant la nuit. Mais pour l’instant elle ne veut pas en parler. Alors que tout ce beau monde s’apprête à sortir du wagon-restaurant, le contrôleur intervient et fait une annonce : Tous les passagers sont priés de rejoindre le grand salon à 10h précises où les attendra le chef de la sécurité responsable du voyage. Celui-ci récoltera tous les témoignages qui pourront servir à l’enquête. Mais en attendant l’heure de la réunion les voyageurs sont invités à rejoindre leur compartiment et de ne pas en sortir.

Eugénie est contente de retrouver le calme de sa cabine et de plus avoir à afficher la sérénité qui n’est qu’apparente. En effet elle ne sait toujours pas ce qu’elle doit faire et attend la réunion avec une certaine anxiété.
10 heures : tous les voyageurs sont maintenant installés dans le salon et attendent l’arrivée du chef de la sécurité. La porte s’ouvre brusquement et l’homme qui pénètre dans la pièce se présente : « Je suis Herman-Farina Edouard chef de la sécurité de l’Orient-Express. Je suis chargé de l’enquête concernant le vol du stradivarius et je m’engage à le retrouver avant notre arrivée à Istanbul.
Eugénie n’en croit pas ses yeux ! L’homme qui vient d’entrer n’est autre que le bel inconnu aux yeux clairs qui l’avait tant troublée la veille au soir. Mais aujourd’hui le sourire malicieux a disparu et le regard est froid et distant. Pendant qu’elle se remet de ses émotions M. Herman précise que certains passagers seront convoqués individuellement pour des précisions supplémentaires. Eugénie apprend avec effroi qu’elle en fait partie. Serait-elle suspectée et pour quelles raisons ?...
En début d’après-midi Eugénie se retrouve dans le salon mais seule cette fois. Elle est terrifiée à l’idée de se retrouver en face du chef de la sécurité. Quand il entre dans la pièce il la salue froidement et s’installe en face d’elle. Ses yeux bleus la transpercent. L’interrogatoire débute aussitôt.
-Que faisiez-vous hier soir entre 22h et minuit trente ?
-J’étais dans mon compartiment. Je me suis couchée tôt car j’étais fatiguée.
-Pourquoi avoir quitté la soirée alors que vous étiez invitée à la poursuivre au salon par M.Morassi ?
-Je n’en avais pas envie. Est-ce répréhensible ?
-En temps normal non. Mais cette nuit un vol a été commis et vous êtes la seule à avoir rejoint votre compartiment situé d’ailleurs à côté de celui de M.Morassi.
-Oui en effet mais cela fait-il de moi une voleuse ?
-Je n’ai jamais dit cela. J’enquête seulement. Quand vous avez rejoint votre compartiment n’avez-croisé personne ?
-Non personne.
-Et quand vous vous êtes couchée n’avez-vous rien entendu ? Des bruits, des vois ?
-Non j’étais fatiguée et je me suis endormie aussitôt.
-Bon pour l’instant je veux bien vous croire mais si quelque chose vous revient venez m’en parler.
Eugénie ressort de cet entretien épuisée. Elle est devenue l’une des principales suspectes. Pourquoi n’a-t-elle rien dit tant qu’elle le pouvait. Il faut absolument qu’elle identifie ce visiteur nocturne. Mais ce ne sera pas chose aisée…

 

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Rédigé par Elisabeth

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Publié le 7 Décembre 2024

 
DELAPLACE Laurent
48 ans
Célibataire
Réalisateur de films
Grand, élégant, cheveux bruns grisonnant, yeux noisette, sportif.
Cherche à réaliser le film parfait. Fais ce voyage car a le projet de mettre en scène une intrigue se déroulant dans l'Orient Express.
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Le départ
Avec une série de secousses, le convoi s'ébranla. L'Orient-Express venait d'entamer son long voyage de trois jours à travers l'Europe.
Laurent Delaplace se met à la fenêtre, un peu pour regarder défiler le quai, beaucoup pour observer les allées-venues des passagers, s'imprégner de l'atmosphère et, peut-être, trouver des acteurs pour son prochain film.
Réalisateur depuis plus de vingt ans, il n'a jamais produit de chef d’œuvre, jamais eu de palme d'or à Cannes. Il compte bien y parvenir pour son prochain long métrage : une intrigue dans l'Orient Express. D'où ce voyage.
Le roulement du train rythme sa pensée, l'encourage, comme une promesse. Quelques idées affleurent, qu'il note aussitôt sur son carnet bleu. Le bruit d'une porte qui s'ouvre lui fait lever la tête. Il a juste le temps d’apercevoir une ravissante jeune femme entrant dans sa cabine. Vision fugitive, romantique, magnifique, à reproduire impérativement devant caméra. Carnet bleu, il note.
Le couloir est désert à présent. Tous les passagers ont rejoint leur cabine. Laurent en fait autant. Une cabine somptueuse qui l'attend, avec des rideaux en velours, une couchette, lit spacieux, confortable, douillet, aux oreillers gonflés de plumes douces et aux draps les plus soyeux qui soient. Des dorures pour souligner la chaleur de l'acajou. Grand luxe.
 
Le train a quitté la ville, file à présent dans la campagne. Le paysage, doucement vallonné, se teint de rose dans les couleurs mordorées du couchant. L'heure du dîner approche. Laurent troque ses vêtements de voyage conte un élégant costume, se fend d'un nœud-papillon, se dirige vers le wagon restaurant.
Devant des œufs brouillés...
Le wagon restaurant accueille Laurent dans la lumière douce, chaude, des lampes Gallé.
Des tables de deux et quatre personnes sont alignées, rigoureusement rectilignes, contre les parois. Chaises au dossier de cuir fauve, nappes blanches, vaisselle raffinée... luxe, calme et volupté... Petit bouquet de fleurs fraiches sur chaque table. Leur parfum subtil se perd dans le fumet puissant des œufs brouillés aux truffes, déposés devant quatre convives à la gaité gourmande. Au bout de leur table, des rideaux de velours rouge encadrent une fenêtre noire de nuit.
Le wagon bruisse de murmures, conversations discrètes, quelques rires viennent parfois éclater l'atmosphère feutrée. Un serveur à la veste blanche impeccable s'approche de Laurent, l'invite à s’assoir à une table pour deux, face à un homme au bouc soigné qui le salue d'un hochement de tête.
 
L'homme semble timide. Laurent se présente, engage une conversation qui tourne plutôt au monologue. Sigmund, c'est le nom de l'individu, parle peu, observe beaucoup. Il le scrute de son regard perçant...? profond...? inquisiteur...? empathique..?. bienveillant...? impossible à définir. Il s'y passe trop de choses sous la surface. Laurent en reste quelque peu déstabilisé. L'arrivée des plats fait diversion. Les hommes dégustent, à leur tour, les œufs brouillés... autant que le silence. Mais la parole revient s'immiscer dans le repas. L'homme sait trouver les mots incitant aux confidences. Sans l'avoir voulu, Laurent se surprend à raconter sa vie, ses projets, à cet inconnu. Sentiment de s'être fait manipuler, d'autant que Sigmund n'a rien révélé sur lui-même.
 
Quel est donc le pouvoir terrible de cet homme ? Comment a-t-il fait pour provoquer cette envie, ce besoin, ce truc pas maîtrisé qui l'a poussé à se livrer ? 
Laurent ne sait pas l'analyser, il s'en veut. Mais une idée germe : pourquoi ne pas utiliser les compétences de ce monsieur pour l'aider à recruter les personnages de son film ?
Un violon au p'tit dej !
Le lendemain, au petit déjeuner, c'est l'effervescence. Laurent traverse la wagon, assailli de mots jetés en vrac, qu'il intercepte au passage : précieux... introuvable... cette nuit...
Il s'installe à sa table. Sigmund n'est pas encore là. Tant mieux, sa compagnie, sans être désagréable, n'a pas été... comment dire... sereine. Cette façon de lui tirer les vers du nez sans avoir l'air d'y toucher... pas question que ça recommence. Et cette idée stupide de le faire participer au casting, non, oublie ça, Laurent, tu te débrouilleras très bien tout seul.
Laurent s'apprête à déguster son café quand un vieux monsieur, à la table voisine l'interpelle :
-  Professeur Glorieux, bonjour. Vous avez entendu quelque chose cette nuit ?
- ... ?, répond Laurent l'air ahuri.
- Vous n'êtes pas au courant ! On ne parle que de ça depuis ce matin. On a volé le Stradivarius du chef d'orchestre !
- Cette nuit, ajoute une jolie brune aux yeux noirs qui se présente sous le nom de Sophia.
- Quelqu'un aurait entendu un bruit mat, précise la superbe jeune fille aux yeux violets prénommée Satine.
 
Un bruit mat... Laurent frissonne. Un bruit mat l'a visité cette nuit, un bruit étouffé, un bruit inquiet, du genre qui s'immisce sournoisement dans la conscience et vous réveille tourmenté. Puis, le silence, rythmé par le roulement des roues métalliques sur les rails. Lancinant, comme une mise en garde. Mais pas que... Un truc cherche le chemin de sa mémoire, un truc furtif, vu en passant tout à l'heure, alors qu'il se rendait au wagon restaurant pour le petit déjeuner. Un truc chopé du coin de l’œil. Un truc qui s'est logé dans son inconscient, dirait Sigmund. Il saurait le déloger, lui... L'étui ! C'est ça, c'est un étui de violon ouvert, vide, tapissé de velours rouge, aperçu... zut, il ne sait plus où. Il refait le chemin dans sa tête, en vain.
- On va fouiller toutes les cabines, on va tous nous interroger, lui annonce le professeur Glorieux.
- Oui, je m'en doute, soupire Laurent.
 
Son petit déjeuner avalé, Laurent repart vers sa cabine. Un rayon de soleil frappe le couloir de lumière, frappe d'un minuscule éclair son œil. Quelque chose brille sous sa porte. Comme un brin de ficelle d'or. Un bijou ? Il saisit délicatement l'objet, tire sur cette ficelle métallique qui s'allonge, s'allonge... Coincée sous sa porte, une corde de violon ! A croire qu'on l'a mise exprès ici pour le faire accuser ! Mais la ficelle, c'est le cas de le dire, est un peu grosse. Comment un enquêteur pourrait croire qu'un voleur de violon soit assez stupide pour laisser un tel indice ! Il l'espère, du moins.
Laurent panique. Que faire : raconter les faits au risque d'être soupçonné ou se débarrasser de cet objet ? mais où ? Et qui a intérêt à le faire accuser ? qui le connaît dans ce train ? pourquoi ? qui a volé le violon ?
Cette corde pose trop de questions. Accablé, Laurent entre dans sa cabine pour attendre les enquêteurs. Dans son désarroi, une once de frénésie... il tient là un bout de scénario pour son prochain film...
Poirot entre en scène
En attendant la fouille de sa cabine, Laurent s’installe dans un fauteuil, la corde de violon entre ses doigts, pour réfléchir aux divers éléments de cette affaire :
- un bruit mat
- un étui vide
- une corde de violon
- un violon absent
Fais marcher tes petites cellules grise… si seulement…
Il lui faudrait bien un Hercule Poirot pour l’aider à y voir clair !
 
A force de tourner et retourner les choses, d’élaborer des hypothèses farfelues, d’envisager des scénarios débiles, il se perd dans une brume ouatée, dans laquelle son esprit divague, flottant comme une algue entre deux eaux. C’est là, dans ce carrefour entre la conscience et l’espace-temps, qu’apparaît l’unique, le grand, l’incontournable, l’inégalé détective : Hercule Poirot !
 
Laurent reçoit l’apparition en plein cœur. Son ventre se tord, sa poitrine se noue, sa gorge se serre. Yeux écarquillés, sueurs froides, teint blafard, bouche ouverte, il est incapable de prononcer le moindre mot. Poirot s’en charge :
– Mon bon monsieur, vous raisonnez à l’envers. Me permettez-vous de donner mon point de vue ?
– Avec plaisir, bredouille Laurent qui peine à retrouver quelques couleurs et quelques neurones.
– Commençons par le commencement, propose Poirot. Ce bruit mat, ne serait-ce pas celui d’un étui de violon que l’on referme d’un coup sec ? Un bruit inquiet, avez-vous dit dans le texte précédent…
Hercule sourit :
– Hé oui, je lis par-dessus votre épaule. Comment croyez-vous que je sois venu jusqu’à vous ?
– Justement, je me posais la question. Je vous croyais un personnage de roman…
– Vous l’êtes aussi, mon cher !
Regard éperdu de Laurent...
– C’est impossible, je dois rêver…
– L’impossible ne peut se produire, donc l’impossible doit devenir possible, malgré les apparences, rétorque Poirot à ce pauvre Laurent en complète désintégration. Mais ne nous égarons pas. Ce bruit inquiet est en fait un bruit pressé. Pressé de s’enfuir avec un soi-disant violon.
– Un soi-disant violon ?!!
– Oui, un soi-disant violon. Ne vous fiez pas à cet agent Pelican qui perd la mémoire. Tournez-vous plutôt vers ce passager, dans la cabine d’en face, un homme perspicace, observateur, rationnel. Il a résolu le mystère : le capitonnage de l’étui ne porte aucune trace d’instrument. Flambant neuf, jamais servi ! Donc, il n’y a jamais eu de Stradivarius.
– Mais… mais… comment le savez-vous… ?
– J’enquête, j’écoute, je réfléchis.
– Certes, mais la corde, elle existe bien, elle ! Alors ?
Poirot prend son air mystérieux et malicieux.
– Oui, oui, elle existe… là, maintenant. Mais pour comprendre, changez de point de vue, mon cher. Ne vous voyez plus comme une personne réelle, mais comme un personnage dans une histoire sans queue ni tête. Alors, vous comprendrez.
Laurent, déboussolé, se prend la tête entre les mains.
– Je ne comprends rien et j’ai la migraine.
Poirot soupire. Sa moustache lustrée, impeccable, frémit, le coin de son œil se plisse, il s’amuse bien, le bougre !
– Cette corde n’est qu’un indice stupide, sans intérêt, laissé par l’auteure de cette histoire en manque d’imagination. Elle ne sert à rien, oubliez-la, explique-t-il. Quand le professeur Glorieux, l’agent Pélican si vous préférez, viendra inspecter votre cabine, elle ne sera plus là, ou il ne la verra pas. Au revoir, cher M. Delaplace, ajoute Poirot en inclinant son chapeau avant de disparaître, juste au moment où on frappe à la porte.
Le professeur Glorieux entre pour l’inspection.
La gigue du violon
Durant la fouille, Laurent se retrouve en possession de nouveaux éléments et d'un corde métallique qui n'est pas une corde de violon, mais une tige souple pour lester les rideaux, d'après le professeur Glorieux.
Poirot avait raison... Laurent secoue la tête. Quel drôle de rêve ! Si réaliste que je crois l'avoir vécu... chose parfaitement impossible, Poirot n'existe pas... Il a dit quelque chose sur l'impossible qui devient possible...je ne sais plus...
Situation d'autant plus troublante que Glorieux et peut-être d'autres passagers l'ont rencontré aussi. Tout en inspectant sa cabine, le professeur-agent-détective, en veine de confidences, lui raconte qu'il lui suffit d'une tisane de nénuphar de Saïgon pour que Poirot vienne le visiter. A son avis, il serait un agent triple.
Laurent profite de cet état logorrhéique pour le questionner habilement et se voit confirmer le vol, dans la cabine du chef d'orchestre, la nuit dernière. Quant au bruit mat qu'il a entendu, ce serait, d'après Glorieux, le bruit d'une serrure que l'on crochète. La tige à rideau aurait probablement joué un rôle dans cette affaire.
En même temps qu'il émet cette hypothèse, Glorieux scrute Laurent d'un air suspicieux et fouille de plus belle, mais, aucune trace de violon, ni d'étui.
Laurent, lui, se perd dans la recherche du mobile :
- L'argent ? Non, ce Stradivarius n'est pas vendable. Aucun receleur ne l'accepterait.
- La malveillance ? Qui en voudrait à ce chef d'orchestre ? Serait-il tyrannique avec ses musiciens au point que l'un d'entre eux veuille se venger ?
Hummm, Laurent n'y croit pas.
- L'arnaque aux assurances est peut-être la théorie la plus plausible.
- Ou, la théorie de Poirot : il n'y a jamais eu de violon.
Dans ces deux derniers cas, ce serait Herbert le coupable. Glorieux-Pelican acquiesce.
A ce moment, arrive un télex :
 - violon retrouvé dans le compartiment à jouet du train
par l'enfant qu'on croyait enlevé - 
 
- On a enlevé un enfant ? Première nouvelle... qui n'a pas eu le temps de me parvenir.. déjà résolue, ronchonne Laurent. Il ajoute :
- Reste à trouver qui a caché ce violon, là.
L'agent Pélican -professeur Glorieux se gratte la tête.
- J'aimerais bien aller interroger ce maestro, bougonne-t-il.
- Mais, quid de l'étui ? demande Laurent.
Mine interloquée de Pélican qui n'a plus rien de glorieux. Cet étui lui était sorti de la tête. Laurent sourit.
- J'ai ma petite idée, suggère-t-il, suivez-moi.
Ile se dirigent vers la cabine de Sigmund. Depuis quelques temps, le bonhomme se fait trop discret pour ne pas être suspect. La porte est grande ouverte, Sigmund a disparu. La dernière fois qu'on l'a vu, il faisait du mini-vélo sur le quai de la gare. Dans ses appartements, sur un fauteuil, béant et vide, son velours rouge exempt d'empreintes, l'étui.
Poirot avait raison : il n'y a jamais eu de Stradivarius dans cet étui.
Mais il y a un violon dans le compartiment à jouet. Un Stradivarius ?
Les passagers apprendront le fin mot de cette histoire, le soir-même, au wagon-bal : tout ceci n'était qu'une mise en scène pour intriguer, amuser les voyageurs, pour rendre le voyage plus palpitant. Le violon du compartiment à jouet, un instrument bas de gamme pour débutant, le Stradivarius du chef, en sûreté dans le coffre fort secret du train. Le chef Herbert était dans la confidence et le voilà à présent qui entraîne, du bout de son précieux violon, tout ce beau monde dans une gigue endiablée.
Terminus
Le lendemain de ce bal mémorable, Laurent se réveille l'esprit léger. Pendant la soirée, il a fait connaissance avec Sofia, une ravissante brunette, comédienne de son état. Il lui a parlé de son projet de film à bord de l'Orient Express, lui a proposé un rôle. La jeune femme est très intéressée. De leur discussion passionnée est née l'ébauche d'un scénario : mettre en scène leur voyage et le faux vol du Stradivarius.
Excité par l'idée, Laurent commence à échafauder intrigue, séquences, plans de coupe dans sa tête, tout en se dirigeant vers le wagon restaurant pour un petit déjeuner avec Sofia, avec qui il passera la journée pour peaufiner le projet "Orient Express". Au fil de leurs discussions, la décision de faire jouer tous les passagers, y compris Pirrhus, l'adorable matou de Sofia, se précise. Quant à Herbert, il fera la musique du film, uniquement au violon, bien sûr !
En fin d'après-midi, un haut-parleur annonce l'arrivée à Istanbul dans deux heures et propose aux passagers de se réunir au wagon-bar. Un cocktail d'adieu les attend.
 
Dans le wagon-bar, les conversations se croisent ; quelques rires, des chuchotements, des regards en coin occupent l'espace. Le professeur Glorieux, alias agent Pélican ZKTT entonne "Ce n'est qu'un au-revoir", sans grand succès. Devant ce flop, l'agent Kathéter 4 Ter lui fait signe de la boucler. Satine Mahé s'entretient avec ce drôle de type, Xavier, que Laurent n'apprécie pas du tout. Un plante-merde capable de lui foirer le film, hors de question de le recruter, celui-là.
Pierre est aux petits soins pour Osman et sa maman. Sigmund F, confortablement installé, un whisky en main, observe en silence. Sofia et Laurent le rejoignent. Satine ne tarde pas à en faire autant, ainsi que le professeur Glorieux et Pierre.
Xavier s'éclipse, suivi par l'agent Kathéter 4Ter, pendant que Laurent expose le projet conçu avec Sofia, projet qui a eu l'heur de plaire à un producteur présent dans le train. L'idée séduit, les questions volent, les cartes de visite s'échangent... le train siffle.
Terminus, tout le monde descend.
 
Epilogue
Un an plu tard, du fond de sa prison où les agents Pélican ZKTT et Kathéter 4Ter l'ont envoyé, Xavier, qui se morfond devant la télé, sursaute. Sur le tapis rouge du Festival de Cannes, Laurent Delaplace, ses comédiennes et comédiens, Sofia avec son chat Pirrhus en laisse, Satine, Glorieux, Sigmund, Pierre et le petit Osman montent les marches, vers la Palme d'Or.
 
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Rédigé par Mado

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Publié le 7 Décembre 2024

 
L’agent Pélican ZKTT
Le professeur Glorieux, retraité de l’Université, rejoint son wagon-lit, il l’inspecte minutieusement dans tous ses recoins, il sort une loupe pour regarder si aucun acarien ou poil de chat ne traînent sur une des banquette. Il fait enlever le tapis perse qui recouvre le plancher d’acajou, nul ne sait pour quelle raison. Le plafond est en cuir embossé. L’inspection terminée, il chantonne un air d’opéra tout en enlevant son costume trois pièces pour s’allonger sur le lit et puis ensuite s’envelopper dans les draps soyeux. Il tire les rideaux de velours rouge, admire la tapisserie des gobelins. Il range son semi-automatique pour commander une bouteille de champagne Moët et Chandon, fait sauter la capsule en argent et ensuite se fait servir du foie gras, un turbot sauce verte, plusieurs pâtisseries toutes plus raffinées les unes que les autres. Il est maintenant tellement détendu qu’il ne se souvient plus la raison de ce voyage et pour quelle mission est-il là. Il se ressaisit, il doit retrouver l’homme au chapeau et à la moustache grisonnante, la description est floue, certainement due à ses pertes de mémoire temporaires, ce qui est sûr c’est qu’il s’agit d’un chef d’orchestre réputé qui ferait escale à Prague dont la vie se trouve en danger, cette mission lui pèse car il n’en voit pas les enjeux, ce qui lui déclenche des quintes de toux inopinées ou des tics de la paupière gauche. Il a pensé arrêter ce travail qui le perturbe mais chaque fois il se dit ce sera pour l’année prochaine. Il allume la lampe Émile Gallé et sous cet éclairage doux et enveloppant, il se laisse aller à la contemplation des vitraux, ce moment est comme hors du temps, rien ne peut arriver de terrifiant, croit-il. Il enfile alors un smoking et ajuste sa cravate pour se rendre au wagon bal. Muni de la gazette du jour il arpente d’un bon pas le couloir. Se croyant arrivé, il ouvre la porte d’un geste franc et tombe nez à nez avec un homme au regard perçant qui fume un cigare ; bouleversé il referme la porte aussi sec en marmonnant une excuse et se met en quête cette fois-ci de trouver le bon wagon ; ayant frôlé la crise d’asthme, l’envie de danser commençait à le quitter.
L’agent Pélican ZKTT au wagon bal
Puis il avance, une musique laisse échapper des notes lointaines qu’il voit scintiller devant ses yeux comme des étoiles, elles voltigent, la musique, qui lui est inconnue, l’accapare, un peu lancinante, soporifique, le berce et le transporte dans un autre monde. Elle est à la fois rythmée par un piano et par un joli son de flûtes. Il lui semble même reconnaître le son d’un luth. Il n’est pas très amateur de musique sauf de la grande musique, la seule qu'il écoute à temps perdu, dans le refuge de son appartement.
Cependant encouragé par un couple qui le précède et qui lui ouvre la porte tout en s’extasiant d’une soirée toute prometteuse. Leur tenue est légère, par contraste il se sent comme engoncé, il entre un brin hésitant. L’endroit est sombre, seules des bougies ou des lanternes disposées par ci, par là éclairent la scène, six danseuses couvertes de paillettes et de foulards dansent la danse du ventre. Les spectateurs sont allongés sur des coussins et applaudissent à tout rompre. Il cherche un endroit où s’asseoir confortablement et dans le calme, il distingue des petites tables recouvertes de mosaïques et des tabourets moelleux. Il s’assit, une jeune femme à sa droite le dévisage, il finit par lui adresser un mince sourire. « Mettez-vous donc à l’aise » lui dit-elle ; à contre cœur il ôte son veston « l’odeur de musc m’incommode, je sens que je vais étouffer » « respirez lentement, je vais vous servir une boisson à base de fleur d’oranger qui va vous apaiser » Il se laisse aller et sombre dans une douce torpeur ; subitement enthousiaste il entame une conversation.
La jeune femme parle de sa passion pour le Rags shargi car elle est danseuse et comédienne à l’occasion, elle adore le son du oud, elle en parlerait pendant des heures. Lui essaie de partager sa passion pour le violoncelle et son plaisir pour les grands classiques. Elle lui dit « dès que l’occasion se présente, j’accepte volontiers de danser une valse. », « J’en suis ravi et dans ce cas je ne manquerai pas de vous inviter. »
Prétextant une urgence, il se leva. Elle s’enquit aussitôt « Mon frère est chef d’orchestre, si vous le désirez je vous le présenterai lors d’un apéritif, demain si cela vous convient.»
Agent Pélican ZKTT la suite...
Son rendez-vous tourne à l'obsession, demain 11 heures, il ne va pas en dormir de la nuit, il rumine jusqu'à ce qu'il croise Mademoiselle Satine,sa voisine de cabine, il essaie de faire bonne figure, combien de fois l'a-t-il croisée dans la journée.
Décidément il y a trop d'intrigues et toujours pas de nouvelles de l'agent double Kathéter 4 ter, il aurait dû recevoir un télex dans la nuit du 23 au 22 mais toujours rien à ce jour. Sa cabine est devant ses yeux, enfin arrivé, il rentre et s'endort. A 11 heures pile, il est dans la voiture bar à l'autre extrémité du train, d'un geste de la main, il interpelle le steward et demande un cognac, il cherche la jeune femme rencontré la veille mais apparemment elle n'est pas encore là, ni son frère d'ailleurs. Il regarde les joueurs tous absorbés par leurs parties d'échecs, de backgammon ou par le jeu si célèbre de cartes italien Scopa.
Il contemple ensuite les articles de voyage à l'achat quand un grand tumulte parvient jusqu'à lui, des hurlements percent ses tympans déjà si fragiles, la police va intervenir dit le steward, Monsieur soyez sans crainte, je vous offre un second cognac. Il se rassoit quand dans l'embrasement de la porte il reconnu sa compagne de table, rouge de colère qui se dirige droit sur lui, excusez mon retard mais Herbert s'est fait voler son stradivarius, comprenez c'était plus qu'un instrument pour lui, c'était son âme, il vibrait ensemble de toutes leurs cordes au plus profond de leur sonorité. Herbert est livide, il est comme mort et je suis bouleversée. Laissez-moi vous offrir un verre, tout cela va finir par s'arranger, un Stradivarius ne peut pas disparaître comme cela, comment vous appelez-vous ? Agatha mais je ne comprends pas, je vous en supplie faites quelque chose pour lui. Une réunion était entrain de se dérouler dans un wagon plus loin.Il se sentit obliger d'intervenir auprès d'Herbert pour le calmer, il prit une allure théâtrale, le salua très dignement et se lança dans des tirades qui ne lui étaient pas familières. Herbert demeurait dans tous ses états. Cependant il le raccompagna à sa cabine.
L’agent Pélican ZKTT...
Agatha est reparti rejoindre son ami Hercule. Une rumeur court qu’il est défectif anglais et que sa devise est « l'impossible ne peut se produire donc l’impossible doit devenir possible malgré les apparences ».
L’agent Pélican se gratte le crâne, il sent qu’il perd le contrôle de la situation. Il doit rencontrer absolument l’agent Kathéter 4 Ter pour savoir si ce fameux Hercule Poirot ou Poteau ne serait pas l’agent triple « Impossible is nothing » car dans ce cas il ne serait pas judicieux d’intervenir, surtout qu’il a des doutes concernant une demoiselle Satine, charmante à fortiori, mais extravagante à souhait, qui semble mener un drôle de double jeu. Il repart ,complètement désemparé, renvoyer un nouveau télex pendant que Herbert se lamente devant sa cabine : oh ciel ! Oh mon violon ! Oh ma vie ! O ! la prunelle de mes yeux, que vais-je devenir sans toi ?
 
L’agent Pélican, entendant cette complainte, revient sur ses pas et interpelle Herbert :  
- Hercule, pardonnez-moi, Herbert, quand a lieu votre concert ?  
- Dans trois jours à Prague.
- Et de quel concert s’agit-il ?
- La symphonie fantastique de Berlioz au Théâtre National.
- Mais bien entendu vous ne pouvez pas jouer sans votre stradivarius, objet sacré.
- Monsieur Glorieux, je me dois de mener ce concert coûte que coûte car Hector Berlioz lui-même assistera à cette première représentation ainsi que tous mes proches. Ce sera une fête et un honneur pour moi, pour ma famille et pour mes amis.
- Ma question va vous sembler étrange, mais connaissez-vous des personnes qui en veulent à votre vie ?
 
Herbert reste muet. L’agent Pélican reprit :
- Mais rendez-vous compte du risque que vous prenez à orchestrer cette fantastique symphonie, mais pourquoi fichtre… je m’emballe, excusez mon emportement, je suis fragile et j’ai eu beaucoup d’émotions ces temps-ci, tous ces évènements me troublent et c’est pour cette raison que je vais vous paraître insistant mais êtes-vous sûr que vous n’avez aucun ennemi ?
- Bigre ! Je suis le plus célèbre chef d’orchestre jamais connu de toute l’Europe, je suis apprécié de tous et de toutes, bon cette comédie a suffisamment duré, vous m’importunez, je vais rejoindre Agatha.
 
Un télex parvient enfin à l’attention de l’agent Pélican :
 
violoncelle retrouvé
Altiste azuréen à Berlin
Yééé, yééé, yééé...
 
Signé, votre dévoué KTTER .
L'agent Pélican ZKTT fait l'inspection
Mais donc, que diable  signifie ce télex ! Un violoncelle retrouvé alors qu’il s’agit d’un violon à l’origine, il se serait transformé ? Et qui est cet altiste Azuréen ? Peut-être qu’au prochain arrêt du train on aura des réponses à ces questions saugrenues ou du moins des explications.
En attendant, je dois revenir au fait et garder la tête froide, la seule manière de fonctionner est la rationalité, m’en tenir à la consigne. Consultons l’agenda, inspection des lieux à 10 heures aux peignes fins pour faire plaisir au chef de train et à 16 heures, partie d’échecs où je me sais un adversaire invincible.
Il est déjà l’heure, il est temps de me mettre au travail, tous ces wagons se ressemblent et sont dans un désordre épouvantable, allons à l’essentiel. Tiens, un petit morceau de velours rouge qui aurait appartenu à l’étui du stradivarius, un morceau de volute, une mentonnière, une cheville, une clef de fa, puis de sol, étrange cimetière d’instruments de musique, je ne rentrerai pas bredouille, mais mon esprit fait des siennes, il déraille. Que nous réserve le wagon n°7 ?
Un violon, mais il est posé comme un jouet d’enfant, ce n’est pas la peine d’en faire état. Voilà que j’éternue et mon asthme me reprend, diantre des poils de chats ! Aucun animal ne doit être accepté dans ce train sous peine d’amende ou d’emprisonnement selon l’article n°21 des chemins de fer, il ne manquerait plus qu’un chien et ce serait la fin des haricots, il n’a qu’à bien ce tenir ce propriétaire animalier, cela sent le trafic à plein nez. Un parfum de rose obscure s’échappe du wagon n° 6, c’est le wagon d’un magicien et d’une cartomancienne en voyage de noce, il doit leur être facile de transformer un violon en violoncelle d’un coup de baguette magique ! Je ne dois pas m’égarer, l’important est que Herbert n’assiste pas au concert et pour cela une erreur d’aiguillage ou un peu de poudre d’explosif dans l’étui à violon, ou peut-être encore un peu de pavot des jardins serait la solution. Et pour éviter tout cela, je compte bien sur l’intervention de l’agent triple « Impossible is nothing » héliporté de Belgique pour la circonstance.
- Avez-vous trouvé des indices, demande le chef de train.
- Non, que de vagues broutilles sans intérêts, mais je continue mes investigations, soyez-en sûr, répond Monsieur Glorieux, inspecteur Pélican ZKTT d’un air détaché.
L'agent Pélican ZKTT au terminus
La fin du voyage approche. Un pot de départ est prévu en fin d’après-midi. L’inspecteur Pélican a hâte d’arriver et n’a pas très envie de s’éterniser, il salue quelques personnes à la va vite, Mademoiselle Satine, Monsieur Christophe, Sofia, Mathilda, Pierre, Osman, Xavier et bien d’autres personnes croisées ici ou là. Comme pris d’un élan d’euphorie il se met à chanter à tue-tête « Ce n’est qu’un au revoir... » et s’arrête au milieu de la chanson car personne ne l’écoute, tous étant absorbés par une conférence cinématographique. Quelqu’un lui crie quelque chose tout en gesticulant, mais il n’en croit pas ses oreilles ni ses yeux, il semble apercevoir l’ombre de Kathéter mais il se rappelle soudainement qu’une partie d’échecs l’attend, qui le consolera de l’indifférence des passagers. Il s’installe au bord d’une table et voit, en chair et en os cette fois-ci, l’agent Kathéter 4 ter près d’une plante qui lui cache la moitié du visage, il s’approche de lui comme d’un revenant et lui dit :
- C’est bien toi KT, que fais-tu là ?
Kathéter le regarde à son tour :
- Je dois t’’entretenir car la fin est proche ; pour cela j’ai créé un jeu facile qui demande que très peu de concentration, cela nous permettra d’échanger quelques pièces tout en bavardant sans attirer l’attention. Voilà, le meurtre aura lieu quand les cloches sonneront, cependant entre-temps, il y a eu une conspiration, une guerre des agents secrets et j’ai perdu tous mes contacts, pour rien arranger, les chefs d’orchestres à éliminer se sont multipliés et font partie d’un gang « tout est à faire». Je ne sais pas comment on en est arrivé là, mais ce qui est sûr, c’est que l’on doit disparaître le plus rapidement possible.
Le train ralentit, les passagers commencent à descendre leurs bagages et à se diriger vers la sortie. Terminus du train.
 
Ils seront arrêtés à Constantinople. L’inspecteur Pélican sera relâché, faute de preuves et coulera une paisible retraite. L’agent Kathéter 4ter, lui fera six mois d’enfermement, puis s’engagera dans l’armée et deviendra par la suite marchand financier.
 
Le 20 mai 1977, L’orient express fera son ultime voyage entre Paris et Istambul avec Herbert et Agatha à son bord se rendant à l’Opéra de Paris.
 
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Rédigé par Catherine

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Publié le 7 Décembre 2024

 

Le train express

Sigmund en a rêvé de ce voyage, il veut se noyer dans la foule des gens huppés, lui qui fait grise mine au quotidien..
Il a laissé ses bagages à la maison, voulant errer léger en quête d'esprit élevé.
Il vagabonde un moment d'un wagon à l'autre, ayant perdu son billet, et curieux de découvrir les lieux.
Il opte pour un dortoir de luxe, un petit lit qui lui rappelle son tour du monde en solo et en transat.
Il choisit le lit du haut pour un meilleur point de vue, espérant sans le dire qu'une jeune âme se faufile nuitamment dans celui du bas.
Serait-il timide …?
Il pose son maigre baluchon sur la petite table, examine les fines dorures du lit, les tapisseries rouges et or qui lui rappellent sa collection de timbres. Ses yeux s'égarent vers le hublot recouvert de paillettes, bordé de vitraux translucides.
Il rêve.
Il veut cueillir le monde, le décoder comme son ami Alan, génie perceur du code Enigma.
Lui, c'est l'âme qui l'émeut.
Après quelques secousses, le convoi s'ébranle…
Les lampadaires s'éloignent, le quai parisien semble fuir un passé douloureux.
Ses yeux se voilent, la bête de fer s'enfonce sur les rails tortueux.
L'Europe se fissure sous ses yeux hallucinés. Il veut raconter l'épopée du passé.
Un choc soudain.. quelqu'un frappe à la porte, une silhouette sombre et muette, haut de forme vissé sur un crâne chauve, un journal éventré dans les mains.
Il entre et jette un œil furtif dans la cabine, semble déçu et s'excuse aussitôt.
J'ai du faire erreur…
Il se tourne, recule, comme effrayé par la lourdeur de la mission dont il est investi.
Mais peut-être…?
Sigmund caresse son bouc qui se mue en barbiche pour mieux saisir sa perplexité.
Un curieux drille… susurre-t-il à son ombre, qu'il côtoie toujours avec plaisir. Un duo gagnant, ombre et lumière, qu'il nomme en secret Alter et Ego.
Il se rassemble et décide de partir à la conquête de l'Est, de cette humanité ferroviaire…
Une mission ardue autant qu'exaltante. Une mouche éternue près de lui, il l'assomme sans un mot..

L'Express en folie
 
Zig est curieux de tout, il veut croquer le fruit, la vie. Il sillonne la coursive d'un pas nonchalant, espérant croiser le fil de la renommée. Zig est plein d'espoir. Il croise les doigts et fait craquer ses jointures, signe d'une forte agitation.
À l'orée du bar restaurant, une douce émanation vient flatter ses narines, un mélange sensuel, épicé, zeste citronné, aux effluves vanille et chocolat.
Une glace…celle de son enfance, au pied du manège enchanté, perdu au fond des bois, quand sa mère, une matrone affable et translucide, lui narrait au creux des yeux ces histoires affolantes qui l'enchantaient.
Il hume avec délice. Le bar exhale le halo d'une fumée vertigineuse, qu'il suit du regard, tentant de le happer.
Une main secoue son épaule. Il se tourne agacé, et se trouve face à un géant hirsute et basané, sourire jovial sur les lèvres, qui lui suggère la pub pour Banania. Il plisse les yeux, l'image se dissout dans le flou. A sa place, le crâne chauve agrémenté de petites lunettes le toise avec raideur. Il tient un archet dans sa main gauche, un journal froissé dans la droite.
Bonjour monsieur… je cherche les toilettes ?
Zig est soucieux. L'homme semble dissocié, une part négligée, l'autre élégante.
Sûrement un bipo qui s'ignore.
Mais voyons… les toilettes sont occupées… répétition privée de 13h à 15h, puis une visio tinder de 5 à 7… vous avez rendez-vous ?
L'homme le dévisage incrédule. Il fixe le rideau derrière Zig, une étoffe lourde au ton violine, damassée de jaune… un gros cordon tissé le tient à l'écart des passagers… et un îlot de flammes semble le ronger sans vergogne.
Au feu ! crie l'homme chauve, dont le crâne fume tout autant que son journal.
Zig se précipite, veut sauver le journal, préserver l'intégrité des nouvelles qu'il héberge. C'est le Huffington Post, fiable et cosmopolite, police de caractères 12 pouces type boogaloo, dont les majuscules s'envolent en caractères gras sur un paragraphe affolé, qui annonce le naufrage du Lusitania, suite à un torpillage. Les temps sont durs en 1915.
Zig n'en croit pas ses yeux. Il scrute sa montre connectée, observe les battements plaintifs de son pouls, jette un œil au bar et hèle la serveuse, une danseuse athlétique aux yeux de serpent. Il commande un spritz. Complice malicieuse, elle lui désigne un extincteur. Le feu se faufile sans âme dans les coulisses puis s'éteint en feulant.
L'agent double essuie son front.
 

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Rédigé par Nadine

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