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Publié le 11 Mars 2019

Le saxophoniste se réveille. Au loin, la musique de la fanfare résonne. Il se lève brusquement, saisit son saxo et se précipite vers elle. Il est en retard, le défilé a commencé sans lui. Ce n’est qu’après quelques pas que son cerveau se remet à fonctionner, réalise qu’il dormait à même le sol dans la forêt, récapitule. Voyons… il était dans les temps ce matin quand il est parti pour la fête du village. Il a suivi le chemin habituel, traversé le pré, pénétré dans le bois et puis… le trou noir. Impossible de se souvenir pourquoi, comment il s’est retrouvé allongé au pied du grand chêne, tout courbaturé, l’impression d’avoir été battu.

 

Pointe d’angoisse, son cœur rate un battement. Que s’est-il passé pour qu’il s’endorme ainsi alors que ses camarades l’attendaient pour la parade ?

La musique est de plus en plus forte, elle semble venir vers lui. Curieux… ce n’est pas ce qui était prévu ; le circuit de la parade devait passer par les rues du bourg et terminer par une aubade sur la place... Bizarre cet air, lui non plus n’était pas prévu… Une mélodie sombre, loin des envolées joyeuses de la fête. De longs sanglots de lamentos étreignent l’âme ; la forêt pleure, les oiseaux se sont tus. Quelque chose de terrible, enfoui au fond de sa mémoire, cherche à s’échapper… quelque chose de terrifiant, oublié dans l’enfance… La peur le tétanise… c’est là, ça approche... La malédiction de la forêt ! C’est ça, c’est cette vieille légende que lui racontait sa mère, sans doute pour le dissuader de partir seul en explorateur dans les bois. Soulagement... il respire mieux, rit de lui-même et de ses terreurs d’enfant. Se souvient vaguement de l’histoire…

 

Dans la forêt, se cache la fanfare malicieuse. Il ne faut surtout pas la rencontrer sinon la malédiction se réalise. On se sait pas en quoi elle consiste car tous ceux qui ont croisé la fanfare malicieuse ne sont jamais revenus. Il paraît que la musique larmoie avant de devenir sauvage, hargneuse. Les notes rageuses se déchaînent, les trilles mesquines crient. Soudain, la fanfare se matérialise. Les trompettes tempêtent et grondent, féroces. La grosse caisse casse le tempo à grands coups de baguettes qui meurtrissent le dos. Le gros tuba éructe en ut, renverse le monde de son gros souffle fétide. La forêt magique protège son secret par la musique… Démoniaque poésie… Il n’a pas le temps de comprendre le message. Emporté, secoué, il tombe, inconscient, sous le grand chêne.

 

Quand il se réveille, la musique de la fanfare résonne au loin. Il se lève brusquement, saisit son saxo et se précipite vers elle. Il est en retard, le défilé a commencé sans lui...

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 18 Juin 2018

Un jour, demain, jamais… de suite !

 

Mes chéris à table. Levez vos fesses de vos fauteuils.

Les chaises de ma cuisine vous attendent…

Elles font quatre pieds de grue comme votre Maman adorée qui en fait deux.

Mes chéris dépêchez-vous votre plat préféré va refroidir.

Mes chéris je vous ai concocté votre dîner favori, de bonnes tripes de lapin farcies.

René, tu peux interrompre ta leçon d’anglais et éteindre ton ordinateur. Dépêche-toi.

Hubert, mon amour, éteins ta télé, tu as déjà regardé la météo il y a un quart d’heure. Même le cul de la speakerine n’a pas changé en si peu de temps.

Toby veux-tu ne pas rester sous la table, courre vite à ta panière.

 

Quand je pense que le bel Armand voulait m’emmener dîner dans ce petit bistrot si parisien, si près de chez lui. Manger des raviolis, boire du rosé de Provence. On dit qu’il n’y en a plus, mais Armand… Il avait même imité l’écriture de ma mère, une lettre pleine d’émotion, Maman m’appelait auprès d’elle pour son avant dernier soupir. Avant dernier, faut pas assécher l’oued. Hubert aurait gobé, la lettre et l’hameçon avec, il gobe tout ce con. D’ailleurs il a la vigueur sexuelle d’un thon qui aurait traversé deux fois l’Atlantique à contre-courant. Franchement qu’est-ce que je fais là ? Ah oui, les liens sacrés du mariage, pour le meilleur et pour le pire. Il l’a dit Monsieur le curé et dans l’ordre. Le meilleur c’est fait, le pire je le vis. Merci petit Jésus.

Ils me fatiguent, me fatiguent, ras le bol, je vais renverser cette putain de table, un jour, demain, jamais, de suite. Blang !

 

*

Oui Maman, une minute !

Elle le fait exprès j’en suis sûr. Toujours, à chaque fois, elle attend le moment où je vais marquer des points, l’instant où Ninja a repéré le bad boy, va enfin le tuer…

« A table mes chéris ! » Ça ne peut pas être dû au hasard, trop gourde ma génitrice. Et pour manger quoi ? Des tripes de lapin farcies. Plein l’intestin des tripes de lapin farcies, quatorze ans que j’en mange des tripes de lapin farcies. Elle devait déjà en mettre dans mon biberon. Je subodore que le jour de son mariage, sa mère lui a donné une feuille au format A4 imprimée recto seulement « La cuisine pour les très très nulles » Une seule recette à apprendre par cœur. Et l’autre vieux déchet affalé dans son fauteuil à boire de l’alcool et mater des meufs qu’il n’aura jamais. Tu crois qu’il dirait quelque chose, qu’il oserait un mouvement de révolte ? Même pas « Oui mon bébé » « Bien sûr ma puce » pauvre mec, rien dans la culotte, si c’était moi elle en entendrait la vioque. Maurice, lui, sa mère, elle lui dépose un pan bagnat près de son ordi, il peut jouer autant qu’il veut. D’accord il n’est pas le premier de la classe mais à Ninja il fait les meilleurs scores. Personne ne peut le battre, trop fort le cum.

Oui Maman j’arrive !

En fait ici, on m’empêche de vivre ma vie, la vraie vie que je mérite. Impossible de progresser, de devenir une célébrité qui passera à la télé. Ah la tête qu’ils feront, moi je ne les reconnaîtrai pas.

M’évader, je dois fuguer, j’y vais, un jour, demain, jamais, de suite. Bleng !

 

*

 

Oui ma puce, deux secondes !

Tiens, il y avait longtemps, pas moyen d’avoir du temps pour moi, me détendre, siroter un whisky tranquille. Encore sur mon dos à exiger, ici, là, vite, cette femme est un tyran. Je vais lui dire moi où elle peut les mettre ses tripes de lapin farcies. Les tripes de lapin farcies, quinze ans que j’en mange, ça suffit, et ni, ni c’est fini. Et puis elle est trop grosse, les ongles noirs, les cheveux sales, les bas qui plissent. Et puis quand on fait l’amour, une fois l’an, pour notre anniversaire de mariage, elle garde les yeux grands ouverts, compte les fissures du plafond, toujours l’air de dire : au lieu de t’agiter bêtement tu ferais mieux de le repeindre. Au moins ton pinceau servirait à quelque chose d’utile. Bien sûr que c’est à ça qu’elle pense. Je le devine depuis le temps.

J’arrive chérie !

Et l’autre petit con toujours entre deux boutons, presser celui d’acné, écraser celui de la console de jeux. Il croit que je ne vois pas son regard prétentieux persuadé qu’il est d’être un génie. Tu n’as pas encore tué le père pauvre crétin.

Le père ? Mais pourquoi ai-je dit oui ? J’étais encore saoul de la veille, ma seule excuse. Putain, aujourd’hui je vivrais auprès de la belle Annie. Je coulerais des jours heureux, dorloté comme un coq en pâte. Douce Annie qui m’aime encore, qui m’attend toujours. Son sms « viens !»

Et puis merde, ils me font suer tous les deux, je pars, un jour, demain, jamais, de suite. Bling !

 

*

 

Waf, Waf ! Je ne suis pas beau comme ça ? Tout poisseux, couvert de sauce, les yeux, les oreilles, des tripes de lapin farcies en veux-tu en voilà. Ce n’est pas que ce soit vraiment mauvais mauvais mais j’en ai déjà mangé hier et avant-hier alors ce soir mes croquettes étaient bienvenues mais non encore des tripes de lapin farcies. Sacrée famille, deux de partis, une en pleurs, plus un seul pour me nettoyer. Je vivais heureux, traînais toute la journée avec la bande du quartier. Une poubelle par-ci, un tas d’ordures par-là, quelles rigolades ! Pourquoi m’être laissé adopter ? La promotion sociale peut-être, le plaisir de snober les clodos du bout de la rue sûrement. Quelle désillusion, quelle leçon ! Si je n’ai pas compris, je n’ai rien compris. Je dois retourner avec les miens. Ils puent c’est certain, mais pas les tripes de lapin farcies. Quand ? Un jour, demain, jamais, de suite. Ouah, Ouah !

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Rédigé par Hervé

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Publié le 18 Juin 2018

 

Je suis fatiguée. J’ai mal au ventre. Ma famille autour du lit : mon mari, ma fille, mon fils. J’entends ma fille dire « Maman s’est réveillée ». Mon mari me sourit, se penche vers moi, prend ma main et dit « tu nous as fait une sacrée peur ». Je suis à l’hôpital, c’est évident. Que m’est-il arrivée ? J’hésite à le demander. On devait partir pour New-York. Sommes-nous aux États-Unis ? Non, les enfants ne devaient pas venir, on voulait partir avec des amis. A moins qu’ils ne soient venus d’urgence, vu la gravité de mon état. Mon fils se lève, me dit au revoir, qu’il a un chantier à finir. Tout va bien. Nous sommes en France, mon fils n’a pas de chantier à New York. Il a son comportement habituel, ne pense qu’à son travail. Donc, ce n’est pas trop grave, sinon il se ferait quand même du souci. Au moins je l’espère.

***

Ma femme m’a encore sauvé une fois, sans le savoir, bien sûr. Moi qui ai une peur bleue des avions, moi qui ai pu éviter d’en prendre jusqu’à l’âge de 67 ans, alors que je voyage beaucoup, mais toujours en voiture, en train ou en bateau. Cette fois-ci, je ne voyais plus d’échappatoire. Ma femme rêvait d’aller à New York, ça fait des années qu’elle m’en parle. Nos amis m’ont bassiné, tout organisé, comme d’habitude. Vu mes réticences, quelqu’un a dit que j’avais peut-être peur de l’avion. Ça, je ne pouvais pas l’admettre, je ne pouvais pas l’avouer. Je me sentais ridicule, surtout par rapport aux statistiques. Donc, à bout d’arguments, j’ai consenti à ce voyage stupide. Je souris à ma femme qui vient de se réveiller. Bien joué !

***

Quand ma mère m’avait appelée pour me dire qu’elle avait atrocement mal au ventre, j’ai pensé qu’elle psycho-somatisait, qu’elle avait peur de l’avion, qu’elle n’osait pas le dire à son mari. Pour moi, son corps, ou son esprit, je ne sais pas, s’inventait une maladie. C’est vrai qu’à 65 ans, elle avait fait beaucoup de voyages, mais aucun en avion. Je n’y avais pas pensé avant, tellement leurs destinations me paraissaient évidentes, conformes à leur façon de voyager. Partir, s’arrêter où ils voulaient, quand ils voulaient, sans contraintes, sans planning préétabli, partant avec les affaires de camping, qui seraient utilisées ou pas, selon les circonstances, la météo, les gens rencontrés, leur humeur du moment. En avion, ce n’est pas possible, on ne peut pas s’arrêter en cours de route. Alors, quand elle m’a appelée, ça m’apparaissait comme une évidence. Ma mère a peur de l’avion. Son ventre se rebellait parce que sa tête s’efforçait à dépasser sa peur.

***

Ça y est. C’est fini. Ma mère a été opérée. On lui a enlevé un bout des intestins, nécrosé, disait le chirurgien. Toute à l’heure elle s’est réveillée. Elle va se rétablir vite. C’est quand même une drôle d’histoire. Hier soir, vers dix heures, mon père a sonné chez moi pour me dire qu’il devait amener ma mère à l’hôpital. Elle insiste, elle a très mal, me disait-il. Je pensais qu’on allait certainement lui donner des calmants, vu qu’ils devaient partir pour New York ce matin. Je ne m’inquiétais pas trop, me disant qu’ils seraient certainement de retour avant minuit. En fait, mon père a téléphoné vers deux heures du matin, disant que ma mère devait être opérée dans la matinée, que New York, c’était cuit. Ce matin, on s’est tous retrouvés à l’hôpital, attendant la fin de l’opération, les informations du chirurgien et enfin le réveil. Tout s’est bien passé, le chirurgien nous avait déjà rassurés. Je pense que mon père lui en veut à mort. Lui qui rêvait tellement de ce voyage.

***
 

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Rédigé par Iliola

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Publié le 12 Juin 2018

ATELIER n°4

 

En respectant les critères définis d’évaluation de la nouvelle, analyse du texte :

 

ÇA Y EST, C’EST FAIT

Frédérique-Sophie Braize

Ça y est, c’est fait

Je dois le faire.
Avant la rentrée.
Il faut que j’y arrive.
Avant de retourner à la fac.
À vingt ans, je ne veux plus être le seul puceau de la bande ; j’en ai assez qu’on me mette en boîte. Il ne reste que quelques jours, mais je peux encore y parvenir. J’ai remarqué que Kessy a changé d’attitude. Après trois semaines, elle semble enfin baisser sa garde — moi qui prenais les Anglaises pour des filles faciles !
Ce soir, je vais jouer le tout pour le tout.
Pendant que mes parents fêteront leurs vingt ans de mariage au restaurant, je vais lui dire que je suis tombé amoureux d’elle, et que je voudrais que ma première fois se passe avec elle. On m’a dit que les filles sont sensibles à ce genre d’aveux. Ça devrait la décider.
Au fond, je ne l’aime pas.
Je ne la trouve pas belle non plus, mais septembre approche et le temps presse. En attendant, j’imagine mes mains sur ses gros seins crémeux, ses cuisses ouvertes dévoilant son intimité, mon sexe entrant en elle avec ardeur, s’enfonçant loin. Je veux pénétrer sa chair sans jamais revenir en arrière.
Je rêve du moment où je pourrais enfin me dire : Ça y est, c’est fait. Philippe, tu n’es plus puceau.
*
Ça y est, c’est fait.
Je l’ai fait.
28 août 1989, moi, Kessy Carter, j’ai perdu ma virginité.
À dix-huit ans.
Avec le père.
J’aurais préféré avec le fils, mais je rentre dans trois jours et Phil ne semble pas s’intéresser aux filles. C’est un rêveur. Je crois qu’il est gay.
Pas comme son paternel.
Quel dragueur celui-là !
Ces Français ont une juste réputation de roi des baratineurs. Sous prétexte de m’accompagner à l’agence de voyage pour acheter mon billet retour, Max s’est ménagé un tête à tête avec moi. Il m’a dit qu’il était fou de moi, que j’étais belle. Qu’il valait mieux que ma première fois se passe avec un homme expérimenté, et qui me respecte de surcroît. Je lui ai rendu ses baisers. Sa main s’est frayée un chemin sous ma robe. J’ai voulu parler de sa femme, mais il n’avait pas envie de gâcher ce moment en mentionnant Béatrice.
Alors j’ai dit « oui ».
Il a été doux, mais je n’ai pas aimé.
Parce qu’il trouvait que j’étais bizarre après, il m’a achetée une glace à la vanille sur le chemin de la maison. Je me suis dépêchée de lécher les coulures sur le cornet pendant que du liquide dégoulinait entre mes jambes.
*
Ça y est, c’est fait.
J’ai trompé ma femme.
Depuis le temps qu’on ne couche plus ensemble, ça devait arriver.
Et puis quelle idée d’inviter la correspondante de Philippe en vacances chez nous !
Trois semaines qu’elle agite ses fesses devant moi.
Sacrées Anglaises ! À dix-huit ans, elles ont l’air d’en avoir vingt-cinq.
Je conduisais Kessy à l’agence pour son billet d’avion quand j’ai senti le désir bouillir dans mes veines. Je me suis garé dans un endroit tranquille. Je l’ai regardée dans les yeux, lui ai passée la main dans la nuque et c’est elle qui m’a embrassé — quelque chose comme un fruit sucré, écrasé sur la bouche. Je n’ai pas mis longtemps à la convaincre. J’ai juste failli débander quand elle a parlé de Béatrice, mais je me suis repris en me concentrant sur son profond décolleté qui dévoilait des seins comme des meringues accolées par de la crème. Je me suis dit : Max, c’est ton jour.
J’ai allongé Kessy dans la voiture. Relevées par le siège, ses hanches étaient plus hautes que sa tête. Dans cette position, elle ne pouvait guère bouger. Je l’ai prise, sans la meurtrir. Je me suis senti vivant, animé de passion. Comme à vingt ans.
Je ne comprends pas pourquoi Philippe n’a pas cherché à être dessalé par sa correspondante. Je commence à avoir des doutes à propos de mon fils. Je crois qu’il a dû faire une chose sale et qu’il n’est pas à l’aise. Et Béa qui ne se doute de rien. Je n’ose pas imaginer sa réaction quand elle va savoir qu’il est homo.
*
Ça y est, c’est fait.
Mon fils a enfin sauté le pas.
Avec sa correspondante.
Du moins, j’espère. Car elle part dans trois jours, et après, il sera trop tard. Mais à voir le trouble de Kessy, je ne pense pas me tromper.
Quelles affranchies, ces Anglaises ! Leur réputation n’est pas surfaite. Elles ont l’aplomb, le déluré qui plaît aux hommes ; elles sont toutes plus avancées pour les choses de la vie. Rien à voir avec mon garçon qui donne dans le sentimental.
Je dois admettre que je suis soulagée que Philippe ait écarté les cuisses d’une fille, même si ce n’est pas la plus jolie. J’ai bien cru que ça n’arriverait jamais. Je commençais à croire qu’il aimait les hommes, et je ne me voyais pas annoncer ça à son père. Insupportable pour quelqu’un avec des valeurs, comme Max.
Je ne peux toutefois m’empêcher de penser : tel père, tel fils, car, à la décharge de Phil, on ne peut pas dire que Max soit porté sur le sexe. Quand je l’ai rencontré, il était encore puceau. À vingt-six ans, il y avait de quoi se poser des questions.
Je crois qu’il me reste reconnaissant de l’avoir déniaisé.
Quelle bonne idée j’ai eu de prétexter un échange linguistique pour sortir Phil de cette impasse, et éviter ainsi une crise familiale.
Plus tard, ils me remercieront.
J’en suis certaine.

ÇA Y EST, C’EST FAIT Frédérique-Sophie Braize

Écriture :

Une famille de quatre personnes, le père, la mère et deux enfants font une sortie ensemble : promenade, restaurant, pique-nique, fête quelconque… Sexe et âge des enfants au choix.
Faites un texte à « quatre voix » dans lequel chacun des personnages vivra la même situation, mais avec des pensées différentes.
But de l’exercice : pouvoir décrire une même situation sous plusieurs points de vue.

LES TEXTES :

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 12 Juin 2018

Le Père

 

Ça y est, j'ai enfin réussi a caser toute la famille et les bagages dans la voiture.

Nous pouvons partir.

Je suis calme, pourtant Bernadette m'a fatigué, elle m'a gonflé avec toutes ses recommandations.

As-tu fermé le gaz, coupé l'électricité et j'en passe et des meilleures.

Enfin comme si c'était la première fois que nous partions en vacances. Je ne suis plus un gamin, j'ai quarante-trois ans, merde ! Bon c'est vrai j'ai oublié de changer la vitre étoilée par l'impact d'une pierre. J'ai dû lui raconter une histoire, elle m'a cru c'est l'essentiel. Elle tiendra bien jusqu'à notre retour.

Vivement ce soir, je pourrais mettre les pieds dans l'eau.

Bon maintenant concentre-toi sur la route.

 

 

La Mère

 

Ça y est, j'ai enfin réussi, c'est fou comme une femme est obligée de penser à tout dans une maison. Ce n'est pas deux enfants que j'ai, mais trois.

A chaque fois que nous partons en vacances, je suis obligée de faire une liste et vérifier que Jacques a bien fait les choses, c'est un vrai gamin ; il faut dire que sa mère la coucouné jusqu'à notre mariage. Parfois j'ai l'impression, qu'il se moque de moi. Je le laisse parler son histoire de vitre... s’il savait que la veille j'avais pris conseil auprès du mécano...

Vivement ce soir où je me laisserai me surprendre à ne rien faire dans cet hôtel ou tout est compris.

Bon, maintenant je vais me concentrer sur la route et sur Jacques ; c'est un bon conducteur mais bon, je préfère garder un œil sur sa conduite.

 

 

Le fils

 

Ça y est, me voilà assis sur la banquette arrière du côté de la vitre étoilée. Je n'ai rien oublié, enfin... maman n'a rien oublié, il faut dire que je l'ai bien aidée. Maman a tout organisé, je ne pouvais pas compter sur papa, je l'attendais râler après maman. Le seul moment où ils ont été d'accord, c'est quand je leur ai demandé:

- Elle est solide la vitre ?

Ils m'ont répondu:

- Oui, tu ne risques rien.

Vivement ce soir, je vais retrouver mes cousins à l'hôtel.

Bon, maintenant, je vais me concentrer sur la route, en regardant le paysage à travers ma vitre étoilée et laisser faire mon imaginaire.

 

 

La fille

 

Ça y est, me voilà assise à côté de mon grand frère, sanglée dans mon siège. L'avantage quand on est la plus petite, c'est que l'on ne vous demande rien. Du haut de mes trois ans, je les regardais tous s'agiter. Maman comme un capitaine donnait des ordres à papa. Papa, pestait après elle, je ne comprenais pas tout, surtout quand papa disait:

- Je n'ai plus trois ans !

Robert mon grand frère se faisait crier par maman car il voulait tout emporter le vélo, la tablette, ses soldats.

Vivement ce soir ! J'allais enfin connaître l'hôtel et surtout mes cousins.

Bon, maintenant, je vais me concentrer. J'ai mon Doudou, ma sucette, je vais me laisser bercer par le ronron de la voiture et la radio de Papa...


 

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Rédigé par Bernard

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Publié le 12 Juin 2018

Ça me gonfle ce pique-nique en famille ! Quand je pense que les copines sont à la plage ! Je suis sûre que cette garce de Léna va me piquer Yann… Mais qu’est-ce que je m’en tape, moi, des oiseaux, des arbres, de la campagne ! Vivement que je sois majeure pour faire ce que je veux !

Anniversaire… ma sœur, 10 ans… Elle a voulu qu’on pique-nique tous les quatre… Quelle idée ! Et je n’ai même pas mon smartphone ! Souhait de cette chipie. Rien que tous les quatre dans la nature, au milieu de rien ! Comme si elle ne se serait pas plus amusée avec des amies de son âge ! Elle a l’air de s’emm… Bien fait ! Si ça se trouve, elle a voulu cette sortie exprès pour me faire chier, cette garce !

 

***

 

J’ai 10 ans aujourd’hui et je suis trop contente ! J’aime bien cet endroit. C’est joli, il y a des oiseaux, des fleurs dans le pré. Ça sent bon. J’ai bien fait de demander ce pique-nique en famille. Au moins, ici, on est vraiment ensemble, on peut se parler. A la maison, il y a toujours la télé et papa qui veut suivre le journal. Ma sœur et maman n’ont jamais le temps... Bon, pour l’instant, y a pas grand-monde qui parle ! Maman s’affaire dans les paniers, papa rêvasse, ma sœur boude. Je lui ai gâché un plan plage, je crois. Pour une fois, elle pourrait faire un effort et s’occuper un peu de moi… c’est mon anniversaire quand-même !!

 

***

 

Ça fait longtemps qu’on ne s’était plus retrouvé comme ça, tous les quatre. Elle a eu une bonne idée, la petite. Elle avait envie qu’on soit rien que nous, qu’elle a dit. Peut-être que je ne lui accorde pas assez d’attention… Si j’avais un fils, ce serait différent, je l’emmènerai au match, on ferait des trucs de mec ensemble. Mais deux filles, deux princesses délicates… Je ne sais pas trop comment leur parler… Je ne les connais pas en fait ! Terrible constat ! Je ne connais pas mes propres enfants !

Finaude, la petite… Elle a fait en sorte de m’en faire prendre conscience… Elle a l’air contente d’être là ; je jouerai avec elle après le repas. Peut-être que la grande participera… ? A seize ans, on est encore un peu une enfant, non… ?

 

***

 

J’espère que ce pique-nique sera tel que la puce l’espère ! Rien que tous les quatre… On n’est jamais rien que tous les quatre… La grande est plus souvent sur son smartphone qu’avec nous, mon mari se laisse happer par la télé, moi, j’ai toujours un milliard de choses à faire, je ne suis jamais à ce que je suis en train de faire, j’anticipe déjà sur ce qui reste à faire… bref, je ne suis pas là non plus et la petite s’isole dans son monde. Faut absolument qu’on partage davantage, qu’on rigole tous ensemble. Ça fait des plombes que ça ne nous est plus arrivé… Je me demande même si ça nous est arrivé un jour ! Je ne m’en souviens plus… Je n’avais pas réalisé à quel point on s’était perdus, tous. Il a fallu qu’on se pose ici, hors les murs, littéralement, pour comprendre… Faut que ce pique-nique soit une réussite. Pas gagné avec la grande qui fait le tête… Elle aimerait être ailleurs, c’est sûr ! A seize ans, on est égoïste… surtout quand on est amoureuse… ce que je crois… Bon, prenons les choses en main :

 

Les filles, dépliez la nappe. Papa, occupe-toi des boissons… on va se régaler !

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Rédigé par Mado

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Publié le 31 Mai 2018

ATELIER n°3

 

En respectant les critères définis d’évaluation de la nouvelle, analyse du texte :

 

ICEBERG

Fred Kassak

Écriture :

PORCHE, une contrainte de l'Oulipo : 

Prenez un mot. Non, non, pas n’importe quel mot. Un mot qui a un parfait homophone, et que le mot et son homophone soient de genres différents.
Par exemple : lit (un lit, une lie), général (un générale, une générale), statue (un statut, une statue). Vous éviterez plainte (une plainte, une plinthe).

Construisez alors une phrase comprenant le mot choisi, mais en prenant bien garde qu’à l’oreille, les deux sens du mot possibles soient précisément tous les deux possibles et que la phrase conserve, lorsqu’on l’entend, une parfaite ambiguïté.

Cela contraint l’auteur à inventer une syntaxe, une construction particulière et qui doit déboucher sur un double sens possible de la phrase.

Par exemple
Pour réussir un banquet, il faut ficeler les bardes.

http://oulipo.net/fr/contraintes/porche

 

LES "PORCHE" DE L'ATELIER

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 31 Mai 2018

Depuis hier je suis majeur. A cette occasion mon père m'a donné distraitement un doigt de whisky pour fêter mon anniversaire, pendant qu'il parlait « d'art majeur » avec un ami qui je crois avait servi dans l'armée en tant que  sergent « majeur ». Ce dernier, une guitare à la main, me proposa de m'expliquer la gamme majeure et ses modes. Je déclinai sèchement tout en me demandant où était passé « le majeurdome » qui s'était occupé de moi pendant la majeure partie de mon enfance. J'aurais bien aimé qu'il me file une bouteille de whisky .Un des seuls principes qu'il m'avait inculqué était « il ne faut pas montrer les fautes d'autrui avec un doigt sale ». Sa fille se déguisait en « majeurette » lors des fêtes communales.

Ce cocktail dînatoire se passait dans notre demeure estivale.
Si mon père pensait que j'allais rester ici toute la soirée il se mettait le doigt dans l'oeil. Je ne connaissais pas la majeure partie de ses amis qui me semblaient tous à moitié demeurés
Soudain je vis arriver tout essoufflé le « majeurdome » la main bandée. Il nous expliqua qu'il avait un panaris à l'ongle de son majeur droit et le médecin l'avait mis en demeure de garder la chambre au moins une journée.Je l'accompagnai jusqu'à celle-ci tout en me demandant où il avait pu attraper cette infection. Sans doute avait-il enlevé ses gants blancs au mauvais moment et au mauvais endroit.

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Rédigé par Françoise

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Publié le 28 Mai 2018

 

 

Le devenir des tribus – tributs dépend des mères – maires.

 

Pour explorer la vie, il ne faut pas jeter l’encre – l’ancre.

 

Toutes les voies – voix mènent aux champs – chants.

 

Les relents d’odeur corporelle émanent des salles – sales.

 

La poésie libère les maux – mots.

 

Pour les petits, grands sont les pairs – pères.

 

Ces petits tètent leur laie – lait comme des cochons.

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Rédigé par Mado

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Publié le 14 Mai 2018

Chaque après-midi quand le temps me le permet je m’assois sur « mon banc » – souvent seul – dans un jardin public parisien ; mais ce jour-là un jeune homme portant un violon s'assit à côté de moi. Nous nous saluâmes et échangeâmes quelques mots. M'enhardissant je sortais de ma poche un vieux bouquin écrit en arménien avec à la dernière page quelques portées de musique .
Ce livre je l'avais toujours vu à la même place sur un rayon de la bibliothèque de mes parents, entre un livre de poésie de Peter Balakian et une biographie de Komitas, créateur de l'école nationale arménienne de musique. Mon
grand-père avait dû mettre ces 2 livres dans sa valise lors de son départ d'Arménie pour s'exiler en France. J'envisageais de le vendre à un bouquiniste des bords de Seine.
Je lui demandai s'il pouvait me jouer ce petit morceau. Ravi il accepta et le joua. Je trouvai qu'il avait bien du talent. Il me demanda si je pouvais le lui prêter quelques jours pour qu'il puisse en faire une photocopie. Je lui donnai avec joie, heureux que ce vieux bouquin ait une nouvelle vie. Papa si tu me vois tu dois être content pensai-je et je
riais en me disant que les vieux messieurs sont bien sentimentaux.

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Rédigé par Françoise

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