ecriture collective

Publié le 21 Décembre 2023

Eliott dessiné par Marie-Thérès Hoarau

Eliott dessiné par Marie-Thérès Hoarau

Personnage :
- ELIOTT HOOKOU : la cinquantaine, 1m65,
- Ouvrier sérigraphiste à Nice
- Personnage lunaire, bien portant, bien pensant
- Prend 1 semaine de vacances histoire de s'éloigner de son univers routinier
- Afin de savoir si Eliott existe quelque part ailleurs.
 
- Eliott travaille dans un sous-sol ; Eliott porte le cheveu court noir, dru, un trait de khôl dont le dessin évolue selon ses humeurs du jour ou ses tendances du moment surligne un sourire éblouissant car, Eliott, habitué du dentiste arbore une denture en or.
-Par confort personnel, Eliott porte un casque colonial en fibres légères, blanc, des lunettes de soleil, un gilet damassé en bourrette de soie bleu-gris qui laisse deviner sous une chemise ample et claire une poitrine généreuse, des pantalons clairs, et pour l'heure à ses pieds, de bonnes spartiates.
-Dans son quotidien, Eliott est un taiseux par la force des choses et du métier ; et se déplace comme une danseuse entre ses pots d'encre, ses outils et sa mécanique, créant autour de lui une ambiance de musique concrète...
...Et le voilà propulsé pour une bonne semaine dans un contexte différent : voix humaines, gentry bourgeoise... soleil aveuglant...
... ici est suggéré un comportement à inventer !!!
 
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PÉRÉGRINATIONS SUR LE FIL DE L'ÉCRITURE
 
L'EMBARQUEMENT
 
Ce lundi 6 Novembre part le « Comté de Provence », bâtiment de plaisance, pour une croisière d'une semaine !
 
-Je me retrouve avec mon bagage sur le wharf à Marseille pour un embarquement imminent ;
 
-à faire la queue... soleil brutal... le vent... les oiseaux ; bruitages, animations, piétinements, voix qui se perdent, interpellations, mouvements continuels de la patience et de la concentration... pour enfin se faire enregistrer et embarquer.
 
-Sur le pont, le capitaine nous accueille chaleureusement car il y a des gens joyeux un peu égarés, un peu fatigués et désireux de se poser au bon endroit ! Les numéros de nos cabines nous sont allégués, le personnel nous guide et distribue quelques flyers à propos des espaces de vie sur cette structure organisée qui est un bateau de plaisance...
 
-J'ai pris une cabine avec balcon en ayant conscience que cet espace sera un lieu de ressources et de récupération ; d'ailleurs,
 
M'étant assise sur ma couchette j'ai eu envie de l'essayer pour une petite sieste, histoire de prendre possession de l'habitacle...
 
 
LE DÎNER DU COMMANDANT
 
-8 Novembre ; ce soir, ne pas oublier le dîner de bienvenue du commandant.
 
-Après-midi sur le pont,... soleil, le sel qui me pique les joues, le vent dans les cheveux, du roulis,...le ronronnement des machines ; on est en mer.
 
-Quand, un peu groggy par les éléments, se présente dans mon champ visuel et olfactif un être étrangement nu et emplumé et qui se déplace dans une sorte de danse martiale, son corps brassant de toute son envergure le ciel, l'air, l'espace en émettant d'un souffle puissant une prière non négociable... Le tout dans un parfum acre et qui m'est inconnu...
Un peu sonné par cet événement je me mets debout échevelé... Je rêve me dis-je... et réintègre ma cabine pour me refaire un look de soirée.
 
-Quant il s'agit de répondre à une invitation à diner je reste perplexe: je préfèrerais ne pas... dirait Bartleby car je n'en retire ni profit ni plaisir sinon pour le moins un risque de gastro me pend au ventre ; mes habitudes alimentaires sont très simples, des fruits du poisson.. frais
Enfin, après l'intermède coloré et odorant vécu sur le pont, j'ai eu l'envie d' avaler 3 bananes
Le restaurant, immense salle, des tablées pour 6 individus, beaucoup de monde, des bourdonnements humains et le commandant tout de blanc vêtu qui se lève et...
 
SILENCE
 
...Son discours de bienvenue à bord du Comté de Provence nous interpelle ; là-dessus le dîner est lancé.
 
-Branle bas de combat... concert de voix, entrechoc des couverts et des verres, appels, rires, le coté stimulant et festif de ce capharnaüm..., mon voisin qui apprécie manifestement son repas, un autre à l'accent du sud avec qui je discute le bout de gras,... très convivial tout ça !
 
-Plus tard les apéritifs et le vin aidant, le ton monte et l'atmosphère devient piquante et lourde, vociférations, une tentative avortée d'une chanteuse sans voix, quelques coassements par ci,quelques aboiements par là font que je me retrouve sur la coursive où, l'esprit redescendu en moi, dans la fraîcheur du soir je remercie le ciel étoilé et le mouvement inchangé des éléments.
 
L'ESCALE-BARCELONE
 
Goliarda très chère
 
Voici venu notre 3ème jour de croisière ; comme j'aimerais ta présence a mon coté bien que tu sois depuis tant d'années l'essence même des éléments.
 
Barcelone... :
 
-non je ne vais pas me promener sur les Ramblas, je ne gère pas bien les bousculades où les pickpockets auraient ma peau... Me voici dans les pas de Pépé Carvalho le brûleur de livres et détective privé hâbleur et gourmet...Tu te rappelles de nos lectures n'est-ce pas et nos déambulations dans les vieilles rues, les passages humides et tordus fréquentés par des greffiers chassieux couverts de puces, félins faméliques puants frôleurs et miauleurs, magie d'une relation alimentée par l'énergie magnifique de ses créateurs espagnols... la vitalité, le rêve et l'absence engendrent d'autres merveilles... la grâce.
 
-Je commence à mettre des noms sur certains personnages de notre voyage, les ayant côtoyés en faisant la gym sur le pont, ou alors au déjeuner, sans oublier monsieur Lala qui fréquente le pont dans la même tranche horaire que Bibi ; ainsi il fait ses ablutions ou ses prières pendant ma séance de Qi-gong, et puis en échangeant à droite à gauche, je rencontre Dominique qui connaît bien Barcelone...
-...Ma belle, Ça te parle la maison de Kafka perchée sur une colline et qui s'érige bleue rejoignant le bleu du ciel ? Ou encore le sanctuaire de Meritxell d'ardoise noire niché au fond de la montagne dans un foutoir de verts... pour moi toute l'Espagne est là, poinçonnée dans la masse par le divin Bofill.
... Je veux déambuler maintenant dans cette cimenterie désaffectée sublimée par l’âme de l'architecte qui a conçu pour son plaisir hors norme ce lieu génial ouvert à l'humanité, aux idées... à la création ...à la poésie, sa….....  Destruction Créative.. : La Fabrica.
 
-J'essaie de ramener pour l'occasion à la surface de ma mémoire les quelques lambeaux d'espagnol qui traînent dans les recoins de ma conscience parce qu'il va falloir avec çà et un guide écrit échanger avec les services de lignes de bus et tramway, le site en question est excentré de la ville de Barcelone...                                                                             Ay, no soy catalan !
 
-Marchons ma Jolie dans les rues antiques bruyamment silencieuses et fraiches où les feuillages tropicaux des arbustes descendent pour nous jusqu 'à terre et bouffent judicieusement le chaud ainsi que la lumière ; nous voilà de cette manière suave, jetés brutalement sur le marché couvert de la Boqueria où l'air semble tellement saturé de parfums, de bruits et de couleurs que nous y sommes happés comme sucés et ensorcelés.
 
ola, Pensar a comprar algunos platanos... para la comida
 
...Tiens je retrouve Dominique au niveau du labyrinthe déroutant du quartier Gaudi : Elle est accompagnée et ainsi elle me propose d'aller visiter le complexe de la Sagrada familia ; le temps de prendre avec mon sourire irrésistible quelques clichés impromptusn passe à ce moment même mon bus.... hasta pronto Dominique... à tout a l'heure, a tout à l'heure tchao t c h a o o o
 
- je disparais vers mon nouveau délire

 

LETTRE EPISTOLAIRE

 
Cher Anonymus,
 
Je suppose que le comité de loisirs du Comté de Provence est à l'origine de cette démarche pour le moins elliptique, ludique, un peu... traître quand même
 
je parle du pli glissé sous la porte de ma cabine ainsi rédigé en cette citation :
 
le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux
 
Étant donné que ce voyage merveilleux a bord du Comté de Provence me met à distance de mon quotidien, cette distance aussitôt accaparée par l'espace énergivore de ma conscience que je tente d'ordonner et d'agencer, je considère ce pli un rien... demandeur.
 
En effet le but donné à mon voyage est justement de perdre un peu du Voir pour donner le temps à Regarder et faire connaissance avec d'autres outils de cognition souvent non sollicités...
 
Voir est ma préférence personnelle disait un certain mexicain... parce qu'un homme de connaissance ne sait que ce qu'il voit
 
A suivre cet argumentaire Voir c'est aussi mordre le soleil dans un abricot épanoui ou verser des larmes à l'écoute du brame du cerf, c'est enfin ressentir le dehors, l'intégrer et améliorer un relationnel avec l'Elément qu'il soit animal ou minéral ou ...
 
A partir de là, Conscience est un nouvel œil ;
 
cher Anonymus, je dirais que je vois depuis que je vous Regarde : votre mot pertinent me touche et m'oblige.... .à une seconde attention vers les mouvements environnementaux qui seraient dans le champ de ma perception.
 
PS : je laisse ce billet à votre agent qui saura faire la jonction jusqu'à vous
 
Toute mes salutations sincères vous accompagnent
 
Eliott H

 

L'APPEL DU COMMANDANT

La nuit en mer... Perdu dans mon transat à contempler la voie lactée... je divague, je suis... Hans Castorp sur sa montagne magique, allongé et sanglé dans le froid d'un hiver éternel au fond d'une terrasse de sanatorium... Comme la vie est simple dit-il en soupirant à la buée.
 
Pour l'heure nous avons à répondre au souhait du commandant de bord d'organiser un briefing autour de cette missive mystérieuse... Une réunion au sommet s'impose !
Notre commandant nous dit être le propriétaire du pamphlet en question et s'informe des retombées occasionnées par son intervention au sein de son équipage ; après tout le commandant émet et son équipage répond ; c'est logique, La Palice ne dirait pas mieux !
 
Cher Anonymus je vous regrette car mes illusions sont sapées et mes rêves aussi, polémiquer pour polémiquer c'est un point de vue qui se défend mais là nous sommes arrivés sur un autre niveau d'entendement n'est-ce pas?
Moi, au point où je me place dans cette croisière, ça m'amuse cette montée d'adrénaline autour d'histoires inventées avec l'ardeur et la vitalité de nos protagonistes qui deviennent de facto des personnages hauts en couleur, exigeant de s'oublier l'un en face de l'autre... intéressant d'imaginer un polar se monter, une pièce de théâtre ou un conte de fée naître de ce matériau informel... Ceci étant, je n'oserais même pas m'y inclure, sauf en élément bionique comme assaisonnement néanmoins salutaire, ne possédant pas pouvoir ou désir d' intriguer... avec son panel de manigances, de minauderies et cachotteries et nœuds et traîtrises outrancières et autres gourmandises stimulantes et fécondes...
... ma curiosité est piquée tout de même bien que je me sente refroidi au cœur de la soufrière mais...
 
Dans le lointain une bouffée d'oxygène me régénère, car il est prévu un arrêt sur Malte.

 

SOIRÉE D'ADIEU

MALTE... LA VALETTE : une escale
 
Que je sois croyant ou libre-penseur mon attirance pour le Sud n'a pas d'odeur dis-je en montant sous un soleil brutal les marches de pierre bordées à droite, à gauche de vieilles dames du XVIIe siècle baroque qui me saluent avec condescendance ; j'arrive fondu devant l'immensité de la co-cathédrale St Jean de la Valette, bâtiment minimaliste dans sa forme, austère sous ce ciel mortel... Le soleil me jette ainsi dans l'ombre silencieuse et scintillante de la nef et là je flotte dans un espace intemporel, informe tant il est doré du sol au plafond et de vide et de plein je flotte sans conscience jusqu'à l'oratoire qui est le but de ma visite ;
Oratoire où se déroule pour toujours et à jamais la tragique décollation de saint Jean (3,20/5,60m) et dans laquelle dit-on, Caravage signe dans le sang de Baptiste son appartenance à l'ordre de Malte. Non pas que je me languisse de Caravage mais çà touche aux viscères je crois... Tout simplement son clair-obscur permanent donne une vérité crue au sang, à la chair et à la matière je dirais même à l'odeur ........ Contemplation...
Je ne sais quand j'arrive à décrocher pour descendre sur le froid du marbre afin de rejoindre les vivants.
Dehors brutal, Malte me prend au corps et m'assigne :
MALTE... démocratie... parlementaire... de type occidental... membre de l'union européenne... zone euro... 2008... langues parlées couramment maltais et anglais...... so, craving for water... J would like just some bananas
 
Après cette rencontre avec Caravage, je me retrouve sur notre bateau ; notre voyage se termine et nous sommes conviés à la soirée de gala avec guitariste, chants et danses, le Comté de Provence assure jusqu'au bout !
Pour ma part je retiens des échanges courtois, des relations légères et stimulantes, des escales qui m'ont conforté dans mes désirs et convictions.
Du monde, de la joie ou une sorte de nostalgie des choses qui finissent ; il me semblerait que des personnes se soient rapprochées, que des liens se soient tissés (en si peu de temps c'est dingue!)
Je remarque un Mr Oolala qui m'a tellement enchanté par son charisme... et son parfum ! Là pour le coup j'observe qu'il arbore comme une anecdote à l'européanisation de son séjour un nœud papillon en soie rouge mettant en valeur ses scarifications que j'aurais ma foi eu du plaisir à effleurer ou... à lire, ceci dit mon regard frôle mieux que mes doigts aveugles ne touchent, aussi je lui décoche un sourire soigneusement doré !!! Pas très loin, voilà l'énergique dame Anne-Sophie dont le chef se trouve ceinturé et orné d'une belle plume de chouette et qui nous dévisage par un regard d'aigle plus convaincant que d'ordinaire... Que de sensations je ressens en mon for intérieur ….......intérieurrr
 
Et vogue la galère ; mes rencontres extra-sensorielles auront enrichi ma mémoire, révélé mes aptitudes à conduire ma mission ! En fermant cette parenthèse de la vie, je pars serein et confiant vers un univers coutumier et rassurant ; je souhaite bonne route à tous les personnages que j'aurais côtoyés ou inventés... je ne sais plus dans le fond et çà n'a aucune importance car la scansion et le souffle du récit finissent par asseoir son texte.
 
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Rédigé par Marie-Thérèse

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 21 Décembre 2023

PERSONNAGE 
 
Mario Deglisiano
 
60 ans, né en Toscane
Vit à Nice depuis son enfance
Menuisier ébéniste
1,75m, costaud, carrure imposante, divorcé, baroudeur
Caractère engagé, déterminé, combatif, pugnace, à tendance à aller au bout des choses.
Plutôt solitaire.
Motivation :
né sous X, il veut retrouver ses racines en Toscane.
Passionné d’Histoire et plus particulièrement le guerre de 39/45.
Allure générale :
Habillement style ‘‘écrivain’’, écharper autour du cou, chemise à carreaux.
 
_________________
 
SUR LES TRACES D’UN PASSÉ
 
 
L'EMBARQUEMENT
Aujourd’hui est le grand jour, le grand voyage, celui qui me permettra, je l’espère, de répondre aux multiples questions qui ont troublé ma vie. Sur le quai, je me range dans la file d’attente. Je suis pourtant arrivé assez tôt pensant être dans les premiers mais il n’en est rien, une bonne trentaine de passagers me devancent. J’ai tellement attendu cet instant que quelques minutes supplémentaires ne changeront rien. Ticket d’embarquement et carte d’identité à la main, j’avance lentement mais j’en profite pour admirer ce magnifique paquebot. Majestueusement accolé au quai, il semble attendre patiemment la montée de tous les passagers avant de s’aventurer au large.
Une légère brise caresse mon visage tandis que des effluves marines effleurent mes narines. Je ne peux imaginer les raisons profondes des autres voyageurs mais, en ce qui me concerne, ce tour de Méditerranée, avec en autre une escale à Spesia, a un objectif bien précis, celui de découvrir mes racines et d’élucider le mystère qui a entouré ma naissance. Tout émoustillé, je ferme les yeux quelques secondes pour profiter au maximum de cet instant magique et tant attendu.
En moins de temps que ce que je n’avais prévu je me retrouve sur le pont. Une partie de l’équipage, uniforme blanc, épaulettes bleu-marine et sourires radieux, nous accueille. J’ai l’impression de tourner un épisode de « la croisière s’amuse ». Gracieusement, l’hôtesse me dirige vers l’aile A. J’avais réservé une cabine avec vue sur la grande bleue et, cerise sur le gâteau, avec balcon. Je ne suis pas le seul à chercher la A, une magnifique jeune femme, bien trop jeune pour moi, cherche aussi. Un sourire complice mais respectueux promet un voisinage agréable.  Ça y est, j’y suis. Après avoir négligemment jeté mon bagage sur le lit j’explore, enchanté, l’espace que m’est réservé durant cette croisière.
 
LE DÎNER
8/11 : Ouf ! Ravi d’être rentré. Deux jours seulement depuis notre départ et déjà le repas du commandant. Ces manifestations me fatiguent même si, je dois l’avouer, quelques personnages m’ont amusé. Au milieu de cette salle immense, somptueusement éclairée par des lustres en cristal, des tables ovales magnifiquement dressées au centre desquelles une table fastueusement décorée nous attendait. Nappes blanches parsemées de pétales de roses, petits bouquets de fleurs multicolores, verres sur pied, vaisselle des grands jours et couverts en nombre, le décor était raffiné. Devant chaque verre le nom de l’invité. Par chance j’étais à côté du Capitaine, ce qui m’a valu d’être servi juste après lui. Un orchestre composé de cinq musiciens, confinés dans un angle de la salle, diffusaient un panel d’extraits musicaux très variés. Dès le début de « in the moon » de Glenn Miller, une irrésistible envie d’inviter une convive pour danser le boogie woogie, mais je n’en fis rien.  Pour l’occasion les tenues de soirée, pampilles et strass étaient de mise. On se serait cru sur le Titanic avant qu’il ne coule bien évidemment. Certains arboraient une élégance naturelle tandis que d’autres se forçaient pour l’obtenir, ridicule !  Un des convives a particulièrement attiré mon attention. Les cheveux blancs, le regard vif et une posture élégante, il me faisait penser à Sean Connery. J’ai appris, au cours de la soirée, qu’il se nommait « Sir Edouard James Nottinghale ». A la venue du Capitaine, les discussions cessèrent laissant présager l’ouverture des festivités. Arborant un uniforme impeccable, il leva son verre et prononça un bref discours de bienvenue. A la vue du menu on ne pouvait que saliver cela dit, je me demande souvent pourquoi utiliser des termes pompeux pour décrire des plats somme toute assez simples. « Jus de réduction de vin » ? Sauce ! Par ailleurs, le fait de présenter lentilles et topinambours pour un dîner de gala m’a surpris, néanmoins, force est de constater que ses légumes d’antan sont assez savoureux et reviennent à la mode. Inconditionnel de saumon, j’attendais avec impatience qu’il soit servi en priant que ce poisson, si délicat, soit cuit à point. Et ce fut le cas ! Quand je pense que ma voisine l’a délaissé après en avoir picoré quelques miettes, un vrai gâchis ! Pourtant un moelleux incomparable et une saveur exceptionnelle, j’en ai encore l’eau à la bouche. Je doute qu’il y ait eu un « maître fromager » à bord mais, n’étant absolument pas fan de douceurs, je me suis littéralement jeté sur les fromages.  Un plateau gourmand, rempli de couleurs et de saveurs. La croute fleurie légèrement duveteuse du Bray Picard aux graines de lin et le gouda séché mais craquant ont titillé mes papilles. Copieusement servi, je n’osais en reprendre quand, soudain, le serveur me sentant fin connaisseur, s’est discrètement approché, pour me tendre à nouveau l’assortiment.

L'ESCALE

9/11 : Demain, le grand jour, notre première escale ! Et oui, La Spezia, me voilà ! Porte d’entrée des « cinque terre », tu m’as souvent fait rêver.  Cela dit l’espoir de retrouver quelques indices sur mes origines m’ont davantage boosté à m’engager dans cette aventure plutôt que l’idée de visiter ces cinq merveilles agrippées à flanc de falaise face à la grande bleue. Je ne sais pas si l’occasion de flâner dans les ruelles de Riomaggiore, Manarola, Corniglia ou autres sites touristiques se présentera, mais, ce qui est sûr, c’est que je vais m’atteler à dénicher cette fameuse adresse que j’ai jalousement gardée. Ha, j’oubliais, je ne sillonnerai pas, rues et ruelles, seul, une magnifique jeune femme, qui répond au nom de Valentine, m’accompagnera. Il s’agit de ma voisine de cabine avec qui j’ai immédiatement sympathisé lors de l’embarquement. Passionnée d’images, elle m’a invité à déambuler dans la ville à la recherche de clichés insolites. Cela dit, rassure-toi, je te confierai toutes nos péripéties citadines.
 
10/11 Comme prévu, je l’ai retrouvée, sur le pont. Arborant une tenue plutôt sportive, elle était quand même d’une élégance déconcertante. L’air était vivifiant, les premiers rayons du soleil se pointaient timidement à l’horizon et la ville commençait à s’éveiller. Au loin, le moteur de quelques pointus annonçait le retour d’une pêche nocturne. Nous avions décidé de décoller dès la première heure afin de maximiser le temps qui nous était imparti. Plan de la ville et carnet de route soigneusement élaboré la veille en poche, nous étions prêts pour une virée touristique dans le golfe des poètes. Rien que l’appellation, une invitation au voyage et déjà tout un programme ! Si je lui ai fait confiance pour nous dénicher quelques incontournables curiosités à capturer, j’avais néanmoins négocié un passage au 210 Via Prione, lieu situé à proximité du Castello San Giorgio inscrit sur sa liste. Tout en cheminant, elle parlait de son métier avec une telle passion qu’on ne pouvait s’empêcher d’imaginer que ce n’était pas un simple gagne-pain mais un hobby. Je n’avais jamais interprété la photographie comme de l’art et pourtant, de chacune de ses paroles, se dégageait l’expression artistique. A l’affût du moindre indice émotionnel elle était prête à dégainer son appareil pour immortaliser une porte ancienne sculptée, une tourelle en pierre vieillie par le temps ou un enfant assis sur un banc. Tout était prétexte pour créer une œuvre d’art. Sans la connaître vraiment je me sentais assez proche d’elle. Vraisemblablement notre goût commun pour rechercher la perfection dans une profession qui nous passionnait. Et la magie d’une caresse sur une pièce de bois précieux, veiné à souhait, avant de se transformer sous le jouc d’un outil me traversa l’esprit. Je restais silencieux et, perdu dans mes pensées, je buvais ses paroles. Nous entrions dans le grand marché couvert, Piazza Cavour, lorsqu’elle s’interrompit pour m’interroger :  
-       Et vous ? me dit-elle, qu’espérez-vous trouver à La Spezia ?
Elle fût littéralement surprise par la seule réponse qui me vint à l’esprit :
-       Retrouver ma famille !
Étonnée, elle tourna son regard vers moi et, tandis que ses grands yeux verts semblaient attendre une suite à mes propos, je cherchais une échappatoire.  Nous n’étions pas assez intimes pour que je lui divulgue mon secret et, avant que je ne décoche une quelconque répartie, je fus sauvé par le gong. Une foule bruyante, odorante et pittoresque nous entourait. Nous avancions difficilement dans ce marché aux couleurs locales en nous frayant un passage au milieu des badauds lorsqu’elle s’arrêta net à la vue d’un balcon en fer forgé. Datant sûrement du siècle dernier, il m’a fait penser à celui de Roméo et Juliette et j’avais bien l’impression qu’elle aussi. Surpris par cette cohue, j’esquivais momentanément une situation embarrassante. Après quelques prises de vue choisies au dédale de ces rues typiquement italiennes, nous voilà prêts à affronter le chapelet d’escaliers qui mènent au Castelo San Giorgio. Je me doutais, qu’une fois en haut, une vue à couper le souffle sur la ville récompenserait nos efforts sportifs cependant je n’osais m’y aventurer. Coincé entre deux haies de petits immeubles, ce ruban de larges marches, semblait s’agripper à leur façade colorée. Mon hésitation n’a pas échappée à Valentine. Prétextant commencer à souffrir dans ses nouveaux tennis, mon adorable binôme m’entraine vers le funiculaire. Se mettre en difficulté pour éviter que je ne perde la face, une stratégie tout en finesse qui m’a laissé bouche bée ! Le château majestueusement imposant trônait au sommet de la colline. D’une meurtrière on pouvait admirer un panorama exceptionnel sur la ville et la baie de la Spezia. Tandis que je devinais son impatience à découvrir la salle qui abritait jalousement ses trésors depuis des décennies, je cherchais une astuce pour m’esquiver. Je voulais retrouver « l’adresse » en solo et, pour cela, il me fallait argumenter :
-       Si je n’osais rompre le charme, je…..
Sa réponse ne se fit pas attendre :
-       Je vous en prie, Sergio, allez-y.
-       Comment avez-vous deviné ?
-       Vous avez interrogé votre montre à quatre reprises, inutile d’être un fin limier pour lire dans vos pensées. Foncez, on se rejoindra plus tard.
Je fus à nouveau bluffé par autant de perspicacité et, en un temps record, je lui faussais compagnie. J’arpentais la rue Prion pour atteindre le numéro 210. Un petit immeuble avec une façade ocre, un peu vieillot mais bien entretenu. Le seul accès, une porte d’entrée qui ne s’ouvrait qu’à l’aide d’un digicode ou d’un vigik et, sur le parlophone, aucune trace de BERLINO, le nom de mon contact ! Ma déception était telle que j’avais du mal à réfléchir. Les yeux rivés sur la platine, une voix que je reconnaissais me fit sursauter :
-       Il ne vous reste que deux solutions. Soit, vous actionnez l’un des six noms qui figurent sur la platine, soit vous déclarez forfait.
J’avais été pourtant très évasif néanmoins elle avait sûrement deviné mon mal être.  Médusé, je lui répondis en souriant :
 
-       La seconde me semble raisonnable, demain sera un autre jour, rentrons
Se promettant de terminer cette journée par une balade nocturne sur le port Mirabello, nous nous sommes quittés, exténués certes mais ravis.

CITATION

11/11
Filtrant au travers du voilage de ma fenêtre, un rayon de soleil m’invite au réveil. Courbatu au coucher me voilà en pleine forme ce matin. D’humeur joyeuse et des idées plein la tête, instinctivement je souris. Valentine y est sûrement pour quelque chose. Artiste dans l’âme, cette jeune femme est drôle, perspicace, érudite et surprenante à la fois. Une génération nous sépare et cette différence d’âge, qui devrait par logique nous opposer, semble à contrario être une force. Elle a la fougue et le dynamisme et moi, la stabilité et la sagesse.  Je me sens bien en sa compagnie.
Perdu dans mes pensées mon attention est soudain détournée. Une enveloppe passe énergiquement sous le seuil de ma porte. Intrigué je l’ouvre brusquement pour surprendre le coursier mais, à ma grande surprise, personne ! Le message est anonyme et son contenu est surprenant. Une citation de Marcel Proust ! :
 
 « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
J’avoue ne pas réellement comprendre son contenu ! Ce mot m’est-il réellement adressé ? J’en doute mais, si tel était le cas, je crois en deviner l’auteur.  Hier, à plusieurs reprises, Valentine a fait preuve d’une intelligence hors du commun. Elle semblait lire dans mes pensées comme dans un livre ouvert. M’aurait-elle invité à un voyage introspectif ? Ma réponse à sa question sur ce que j’attendais de mon séjour à la Spezia et mon comportement face au 210 de la rue Prione, ont dû lui suggérer mon mal être ou, tout au moins, lui dévoiler mon hésitation. Il est vrai qu’après avoir atteint l’âge de comprendre ce que l’on ne m’avait jamais caché, connaître mon origine biologique était devenu une priorité. Malgré tout, les raisons profondes qui me poussaient à me lancer ce défi m’étaient et sont, aujourd’hui encore, inconnues. La curiosité ? Éventuellement mais ce ne peut pas être la seule motivation. La perspective d’être passé à côté d’une vie meilleure ? J’en doute. Choyé, aimé, mon enfance a été heureuse ce qui a contribué à me façonner, à forger ma personnalité, à influencer la manière dont je perçois les éléments qui m’entourent. En bref je pense avoir réussi ma vie. Alors pourquoi ? J’hésite ! Une chose est sûre, le passé ne peut être changé de ce fait est-il judicieux de le raviver au risque qu’il ne se dévoile douloureux ? Selon un certain adage, l’herbe est toujours plus verte dans le pré qui jouxte le nôtre mais ce n’est qu’un simple mirage. Et si à l’horizon, les montagnes paraissent de couleur beaucoup plus pâle que celle sur laquelle on se trouve. Est-ce pour autant la réalité ? Pas du tout !  L’art pictural nous explique que cette différence d’interprétation n’est autre que « la perspective aérienne ». Ce qui signifie que selon notre angle de vision, la perception des éléments est obligatoirement faussée. 
 
Alors, dois-je poursuivre ou pas ? Profitons de cette croisière pour y réfléchir longuement mais à cet instant précis, je me dois d’accrocher, à la poignée externe de ma porte, une réponse à cette missive :
 
« A la personne qui m’a glissé un mot sous ma porte
 
J’aurais grand plaisir à vous rencontrer afin d’échanger sur les différents sens qu’il soit possible d’imaginer à la citation de Marcel PROUST, alors je vous invite à vous identifier et à venir me rejoindre, vous serez le ou la bienvenu (e)
 
Signé Mario DEGLISIANO »
 

LA REQUÊTE DU CAPITAINE

12/11
Comme je n’ai plus qu’à attendre la suite des évènements, il faut me hâter si je ne veux pas rater le petit déjeuner. J’emprunte le long couloir qui mène à la salle de restauration lorsque je croise Maya et Gino qui viennent d’en sortir et qui m’informent que le Capitaine souhaite nous rassembler dans l’auditorium à 10h précise. Instinctivement je consulte ma montre, 9h35 ! Curieux, je presse le pas car je ne veux pas être en retard. Un café noir et un croissant plus tard, me voici à l’endroit prévu et à l’heure. Ils sont tous là, s’interrogeant sur les raisons de cette soudaine réunion. Aurait-elle un lien avec la « citation » ? Une question que tous les participants ont dû sûrement se poser. Les échanges allaient bon train lorsque le Capitaine a fait son entrée.
 
  •   « Bonjour à tous, je vous remercie d’avoir répondu présent à ma requête. Nous sommes là pour élucider un mystère. Comme certains d’entre vous, j’ai aussi reçu le message anonyme et je souhaiterais que l’auteur, s’il se trouve parmi nous, se dévoile et nous explique quel en était le but ».
 
Un silence solennel et de furtifs regards inquisiteurs laissaient à penser que l’initiateur de cette correspondance ne faisait pas parti de notre groupe. Surprenant ! Heureusement que ma réponse n’était pas adressée à une personne en particulier, j’aurais été bien embêté !
 
Souhaitant inhiber certaines fausses intentions qu’on lui avait attribuées, le Maître de séance poursuivit :
 
 
  • « Je tiens à préciser que mon statut d’officier de la Marine m’oblige à un protocole bien précis ce qui m’impose notamment d’exclure toute aventure sentimentale avec une croisiériste. Si mon attitude a pu, d’une façon ou d’une autre, paraître ambiguë à certaines d’entre vous, sachez, Mesdames, que je m’en excuse mais il n’en est rien. Je suis désolé de le préciser mais il est impératif d’endiguer toute équivoque »
 
Il faut avouer que cette tirade a jeté un froid puis, le malaise dissipé, les conversations fusèrent entre les participants sans que rien de concret n’aboutisse pour autant.
 
Néanmoins, force a été de constater qu’Anne-Sophie et Marjolaine semblaient gênées par cette précision. Auraient-elles fait quelques allusions ou propositions de ce genre à notre commandant ? Je n’osais l’imaginer ! Cependant après un divorce et de grands enfants autonomes, la première aurait pu vouloir goûter à quelques plaisirs sans lendemain quant à la seconde, son vécu insipide aurait pu justifier pleinement d’une incitation afin d’obtenir quelques attentions particulières masculines. A moins que ce ne fut Hector, le dragueur de service. Ce serait bien son genre, histoire d’embrouiller les pistes et de se rapprocher de quelques dames esseulées à rassurer ! Mais ce ne sont que d’hypothétiques extrapolations.  Alors, sans aucun indice réel je clôture cette page de mon journal par :
 
« Que penser de cette mascarade ? Ce qui est certain, c’est que nous resterons dans le flou artistique le plus complet et qu’il nous faudra s’armer de patience jusqu’à ce que le transcripteur de cette citation refasse surface et soit plus loquace et explicite. »

SOIRÉE D'ADIEU

13/11
Et comme les meilleures choses ont aussi une fin, les vacances ne vont pas tarder à se terminer. Preuve en est, l’invitation du Capitaine pour le gala de clôture qui aura lieu demain soir. Pour promouvoir l’événement l’annonce est prometteuse. Cocktail dînatoire et ambiance jazz sont au programme. A l’affiche un sosie du talentueux guitariste Julian LAGE. Espérons que son récital ne soit composé que d’extraits adaptés à la guitare version solo comme dans « All the sing you are » de Jérome Kern, « So What » de Miles Devis ou encore « Summertime » de Gershwin. Inconditionnel de ce courant musical, je suis littéralement fan de ces nombreux chefs d’œuvres qui ont marqué la jeunesse des années 40 et bercé la mienne. Ma discothèque, qui regorge de vinyles 33 et 45 tours, en est le témoin. Inconsciemment je souris, je suis ravi. Apparemment pas de code couleur imposé, c’est parfait, je n’aime pas me déguiser !
 
14/11
Dans la salle, le rouge écarlate domine et se décline partout, chemins de table, serviettes, lampions et accessoires de décoration divers. Les tables, disposées en « U », sont presque adossées aux murs, laissant juste un espace réservé à l’approvisionnement du buffet. Au centre, juste sous l’énorme lustre de cristal à pampilles, la piste de dance parade, défiant les premiers danseurs. Au fond, une scène improvisée est parée d’un immense triptyque représentant un orchestre de jazz au complet. Cette magnifique peinture, toujours dans les tons de rouge orangé, annonce le thème du soir. De-ci de-là des chaises attendent les spectateurs.
Quelques convives en tenue de soirée discutent à voix basse, d‘autres semblent attendre de la compagnie tandis qu’un petit nombre de fins gourmets balaie du regard les tables garnies des différentes mignardises. Quant à Valentine, elle me fait signe de m’approcher.
-       Bonsoir Mario, qu’avez fait cet AM, je ne vous ai pas croisé, vous m’évitiez ?
-       Pas du tout, je suis resté à bord, je songeais….
-       Vous méditiez ?
-       Exactement ! Mais comment faites-vous pour toujours lire dans mes pensées ?
-      C’est simple, depuis notre excursion je vous sens préoccupé et silencieux. J’en déduis que vous n’avez pas encore trouvé de réponse à ce que vous êtes venu chercher ici. Mais chaque jour suffit sa peine, ce soir, je vous kidnappe !
Et, en empoignant mon bras, j’emboite le pas. Cette jeune femme est aussi perspicace qu’exquise, elle me devine sans chercher pour autant à m’extirper quelques confidences que ce soit sur mon anxiété. Tant mieux car je ne me sens pas encore l’âme confidente. J’aurais pourtant tellement besoin de conseils mais, sincèrement, que pourrais-je attendre d’une personne que je connais à peine fusse-t-elle très appréciée ?
Comme il était possible de l’imaginer, nous n’échappons pas au discours d’usage du Capitaine. Après nous avoir signifié que nous étions l’un des groupes les plus sympathiques qu’il n’ait jamais eu, il nous invite à profiter de la soirée et à se revoir lors d’une prochaine croisière. Mais déjà les premiers accords résonnent nous incitant à participer à la fête. Grand, sportif et beau garçon, le guitariste attire tous les regards féminins. Il entame son répertoire par « Take Five » un standard de jazz suivi par « Blue Bossa ». Cadence effrénée et rythme doux, les titres s’enchaînent pêle-mêle. L’ambiance bat son plein, les rires fusent, les danseurs virevoltent et le buffet fait des heureux.
 
PROLOGUE :
La soirée touche à sa fin et la croisière aussi. Si je n’ai pas forcément noué de liens avec la plupart des voyageurs, je ressors, néanmoins de cette aventure, avec un bilan plus que positif. La complicité avec celle qui m’a rappelé, Sarah, ma fille unique, m’a comblé. Disparue beaucoup trop tôt, elle restera, pour l’éternité, une douloureuse blessure qui ne se fermera jamais et, l’espace de ce court séjour, j’ai retrouvé, grâce à Valentine, cette complicité qui nous liait Sarah et moi. Par ailleurs, si je suis venu avec la ferme intention de découvrir le secret de ma naissance, je suis assez dubitatif quant à poursuivre dans cette voie. Mon vœu le plus cher ? Garder le contact avec celle qui, sans le vouloir, m’a fait réfléchir sur le défi que je m’étais lancé. 
 
 
Christiane
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Rédigé par Christiane

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Publié le 21 Décembre 2023

 
13/11
Et comme les meilleures choses ont aussi une fin, les vacances ne vont pas tarder à se terminer. Preuve en est, l’invitation du Capitaine pour le gala de clôture qui aura lieu demain soir. Pour promouvoir l’événement l’annonce est prometteuse. Cocktail dînatoire et ambiance jazz sont au programme. A l’affiche un sosie du talentueux guitariste Julian LAGE. Espérons que son récital ne soit composé que d’extraits adaptés à la guitare version solo comme dans « All the sing you are » de Jérome Kern, « So What » de Miles Devis ou encore « Summertime » de Gershwin. Inconditionnel de ce courant musical, je suis littéralement fan de ces nombreux chefs d’œuvres qui ont marqué la jeunesse des années 40 et bercé la mienne. Ma discothèque, qui regorge de vinyles 33 et 45 tours, en est le témoin. Inconsciemment je souris, je suis ravi. Apparemment pas de code couleur imposé, c’est parfait, je n’aime pas me déguiser !
 
14/11
Dans la salle, le rouge écarlate domine et se décline partout, chemins de table, serviettes, lampions et accessoires de décoration divers. Les tables, disposées en « U », sont presque adossées aux murs, laissant juste un espace réservé à l’approvisionnement du buffet. Au centre, juste sous l’énorme lustre de cristal à pampilles, la piste de dance parade, défiant les premiers danseurs. Au fond, une scène improvisée est parée d’un immense triptyque représentant un orchestre de jazz au complet. Cette magnifique peinture, toujours dans les tons de rouge orangé, annonce le thème du soir. De-ci de-là des chaises attendent les spectateurs.
Quelques convives en tenue de soirée discutent à voix basse, d‘autres semblent attendre de la compagnie tandis qu’un petit nombre de fins gourmets balaie du regard les tables garnies des différentes mignardises. Quant à Valentine, elle me fait signe de m’approcher.
-       Bonsoir Mario, qu’avez fait cet AM, je ne vous ai pas croisé, vous m’évitiez ?
-       Pas du tout, je suis resté à bord, je songeais….
-       Vous méditiez ?
-       Exactement ! Mais comment faites-vous pour toujours lire dans mes pensées ?
-      C’est simple, depuis notre excursion je vous sens préoccupé et silencieux. J’en déduis que vous n’avez pas encore trouvé de réponse à ce que vous êtes venu chercher ici. Mais chaque jour suffit sa peine, ce soir, je vous kidnappe !
Et, en empoignant mon bras, j’emboite le pas. Cette jeune femme est aussi perspicace qu’exquise, elle me devine sans chercher pour autant à m’extirper quelques confidences que ce soit sur mon anxiété. Tant mieux car je ne me sens pas encore l’âme confidente. J’aurais pourtant tellement besoin de conseils mais, sincèrement, que pourrais-je attendre d’une personne que je connais à peine fusse-t-elle très appréciée ?
Comme il était possible de l’imaginer, nous n’échappons pas au discours d’usage du Capitaine. Après nous avoir signifié que nous étions l’un des groupes les plus sympathiques qu’il n’ait jamais eu, il nous invite à profiter de la soirée et à se revoir lors d’une prochaine croisière. Mais déjà les premiers accords résonnent nous incitant à participer à la fête. Grand, sportif et beau garçon, le guitariste attire tous les regards féminins. Il entame son répertoire par « Take Five » un standard de jazz suivi par « Blue Bossa ». Cadence effrénée et rythme doux, les titres s’enchaînent pêle-mêle. L’ambiance bat son plein, les rires fusent, les danseurs virevoltent et le buffet fait des heureux.
 
PROLOGUE :
La soirée touche à sa fin et la croisière aussi. Si je n’ai pas forcément noué de liens avec la plupart des voyageurs, je ressors, néanmoins de cette aventure, avec un bilan plus que positif. La complicité avec celle qui m’a rappelé, Sarah, ma fille unique, m’a comblé. Disparue beaucoup trop tôt, elle restera, pour l’éternité, une douloureuse blessure qui ne se fermera jamais et, l’espace de ce court séjour, j’ai retrouvé, grâce à Valentine, cette complicité qui nous liait Sarah et moi. Par ailleurs, si je suis venu avec la ferme intention de découvrir le secret de ma naissance, je suis assez dubitatif quant à poursuivre dans cette voie. Mon vœu le plus cher ? Garder le contact avec celle qui, sans le vouloir, m’a fait réfléchir sur le défi que je m’étais lancé. 
 
 
Christiane
 

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Rédigé par Christiane

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Publié le 20 Décembre 2023

 

Personnage :

Anne-Sophie Rousseau 47 ans divorcée 2 enfants
Décoratrice d'intérieur, taille moyenne, élancée,  brune yeux marron.
Créatrice 
Pointilleuse limite maniaque,
Désireuse de découvrir des nouvelles matières, des univers nouveaux pour ses projets futurs en décoration d'appartements.
Motivation profonde : reprendre sa vie en main après séparation difficile et émancipation de ses enfants.
 
_____________________
 
LA CROISIÈRE QUI A CHANGÉ MA VIE
 
 

EMBARQUEMENT

Me voilà sur la passerelle du Comté de Provence et ai le cœur qui bat la chamade car c'est mon premier voyage en.mer. Suis folle de joie à l'idée de découvrir de nouveaux paysage et, grande première : la vie en communauté sur l'eau.
En arrivant pont numéro 3 où je vais passer mon séjour, je bouscule un monsieur qui ne semble pas apprécier de prendre un coup de sac à dos.
Je lui souris, il grogne, je souris à nouveau et là miracle il me répond par un petit hochement de tête signifiant tu es pardonnée mais ne recommence pas (ce doit être un noble !).
Je prends possession de ma minuscule cabine que je devais partager avec une autre passagère qui a annulé au dernier moment. Suis ravie d'éviter une salle de bain jonchée de serviettes humides les miennes comprises.. et des tas de petits désagréments venant d'une parfaite inconnue.
La cabine bien que petite est très bien agencée avec même un plateau de bienvenue contenant des chocolats, des petits biscuits et de quoi se faire un thé ou un café.
Le sol est en bois verni sombre comme j'aime,  chaque petit espace conçu pour y ranger nos affaires arrivées avant l'embarquement.
J'ose dire pour le moment un.petit paradis sur l'eau.
 
 
LE DÎNER A LA TABLE DU CAPITAINE
 
Après la séance photos avec un capitaine blasé, je me dirige vers ma table déjà occupée par d'autres convives.
Je jette un œil distrait au menu qui semble me convenir parfaitement.
Une coupe de champagne plus tard, je regarde ce qui se passe à ma table et surtout je me demande si ma robe n'est pas un brin trop habillée mais bon je l'ai achetée pour l'occasion et me sens bien dedans ce qui est le principal.
Face à moi un gentleman tiré à 4 épingles avec un langage ampoulé me souhaite un bon appétit. Je l'ai plusieurs fois croisé sur le pont en grande conversation avec d'autres passagers mais il dénote de par ses vêtements et ses manières.
De toute façon il est trop vieux pour moi et n'envisage pas de le ramener dans ma cabine !!
L'entrée arrive délicieuse, odorante et on n'entend que le cliquetis des couverts ce qui signifie que tout ce beau monde apprécie.
A ma gauche, une femme d'une cinquantaine d'années semble empotée devant son assiette mais sa gêne s'évanouit rapidement et elle engloutit le plat en quelques bouchées gourmandes.
 Elle  me semble un brin isolée l'ayant croisée plusieurs fois regardant avec envie ce qui se passait sans oser franchir le pas pour participer aux activités, quel dommage !!
Elle porte une robe mal coupée et de grosses boucles d'oreilles dignes d'un perchoir à oiseaux !!
Le plat arrive dans un fumet qui donne l'eau à la bouche, moi qui adore le saumon je me régale.
Le noble face à moi n'arrête pas de se tamponner délicatement la bouche ne n'y laisser aucune trace de  gras, cela m'amuse.
A côté de ce monsieur, une charmante femme la quarantaine parle joyeusement à la tablée et j'apprends qu'elle exerce le même métier que moi mais voyage pour d'autres motivations.
Elle est charmante et d'agréable compagnie car parfois malgré le surbooking des journées, on se retrouve esseulée.
A droite de la décoratrice un homme, la quarantaine lui aussi, a du mal à se faire comprendre car le pauvre bégaie et si on le regarde n'arrive plus à en placer une correctement !!
Il a un regard gentil et me questionne sur ma venue mais mon petit doigt me dit qu'il cherche une nana !!
Le fromage arrive mais passe mon tour préférant me réserver pour le désert.
Je regarde les autres convives, certains se gavent d'autres chipotent mais nombre d'entre eux dégustent les yeux brillant de bonheur;
La femme à ma gauche enfourne fromage et pain ce qui semble lui procurer beaucoup de plaisir.
Je lui souris, elle à l'air heureux et c'est super !
Face à moi l'homme reluque les femmes beaucoup plus nombreuses que les hommes et a l'embarras du choix bien que celles-ci restent indifférentes à ses regards de braise.
Le dessert arrive et même après un bon repas, on a tous tendance à se jeter dessus sauf le british qui chipote avec son petit doigt en l'air ce qui m'agace vraiment !!
Nous ne sommes pas du même monde mais je m'en moque.
La soirée se termine joyeusement pour tout le monde car ce fut un  honneur suprême de  manger à la table du capitaine que j'ai juste entraperçu grâce à sa casquette.

 

ESCALE A TUNIS AVEC UN BEAU MEC !

Julie et moi, après avoir sympathisé, décidons de profiter de l'escale ensemble à Tunis avec Alistair son éditeur qui lui a offert la croisière contre la traduction de son roman.
Beau mec le Alistair et il le sait !!
Nous descendons au port de la Goulette qui est très animé avec de grands immeubles en toile de fond.
Le bleu est partout avec le ciel, la mer et les maisons et il règne un bruit infernal entre les chauffeurs de taxi qui hurlent, les vendeurs à la sauvette attirés par le touriste et la foule qui nous entourent, on ne s'entend plus !!
Alistair nous escorte : une femme à chaque bras et nombreux sont ceux qui lui jette des regards envieux !!
Nous nous faufilons dans les rues de Tunis aux noms tels qu'avenue de Carthage, avenue de France et décidons de découvrir les lieux grâce aux ruelles avec de jolies maisons colorées et des portes en bois de toute beauté.
En marchant, nous discutons et Julie me parle de son rêve, celui de devenir écrivaine et peut-être quitter Nice et partir au bout du monde.
Alistair en parfait gentleman nous écoute en souriant et nous propose d'aller déjeuner au restaurant El Mrabet bien connu à Tunis pour sa déco, son personnel accueillant et ses succulents plats.
Je n'ai pas très faim mais me régale d'une brick au thon, d'un tajine aux cinq légumes et d'un mhalabiya aux pêches le tout arrosé d'un délicieux thé à la menthe.
Alistair nous parle de sa vie à New York et nous propose même de lui rendre visite à l'occasion why not !!!
Je me dis que Julie et lui formerait un beau couple et vois bien qu'ils se jettent des regards en coin.
Après le repas nous décidons d'aller à la Grande Mosquée El Zitouna et peut-être au musée national du Bando.
Je suis séduite par la beauté de Tunis et j'ai envie de rentrer dans toutes les boutiques d'où débordent des tissus colorés, de la belle vannerie et des tas de petits objets de déco qui me donnent  envie d'aller dans les souks de la Médina pour m'imprégner  à fond de cette ville et son ambiance si particulière, mais malheureusement avons trop peu de temps.
Je ne regrette nullement la compagnie de Julie et d'Alistair, ils sont d'agréable compagnie et nous avons tous les trois le sourire aux lèvres en rejoignant le bateau.
Julien semble avoir oublié ses tracas quotidien, Alistair remercie le ciel de l'avoir choisi comme traductrice et moi j'admire l'architecture, les couleurs, les matières et compte bien m'en inspirer dès mon retour pour honorer mes prochaines commandes et pourquoi pas changer de déco de mon, appartement.
Retour sur le bateau avec la tête pleine de souvenirs ...

 

PETIT MOT SOUS LA PORTE DE MA CABINE
 
Mon très cher Capitaine,
 
Quel plaisir d'avoir reçu ce petit mot de votre part car en réfléchissant depuis un bon moment, j' imagine qu'il vient de vous.
Les regards que vous me coulez à chaque fois que je vous croise en disent long et vous avez raison : ce véritable voyage sera de mieux connaitre l'homme que vous êtes et de vous voir avec de nouveaux yeux.
Vous semblez tellement distant et pourtant si proche que cela me déstabilise bien que je sache désormais que vous brûlez d'envie de venir me rejoindre dans ma cabine le peu de temps que cette croisière vous accordera...
Je vais aller, mon très cher Capitaine, droit au but en laissant, après dîner, la porte de ma cabine ouverte afin que nous puissions continuer cette conversation en buvant un verre pour me griser un peu.
Votre uniforme fait tourner bien des têtes féminines mais je sais désormais que la mienne vous attire comme un aimant.
Mon très cher Capitaine je me languis déjà de vous.
 
A ce soir certainement.
 
Anne-Sophie
 

CONVOCATION DU CAPITAINE

Le capitaine n'est pas venu dans ma cabine mais il a convoqué les voyageurs car il semblerait que bon nombre d'entre eux aient reçu le même message.
Je suis un peu gênée mais bon il en a vu d'autres !!!
Je me rapproche du 1er petit groupe formé par Oolala qui sent les épices, de Marjolaine ravie d'avoir reçu ce gentil billet qui lui donne les joues roses. Elle porte pour l'occasion une robe décolletée jusqu'au nombril, des gros bisous en toc et un rouge à lèvres grenat qui déborde presque jusqu'à son nez. Elle est souriante et cela donne du baume au cœur de la savoir heureuse.
Sir Edward reste la mine sombre dans son coin et cette réunion lui déplait fortement.
Le capitaine expose les faits à savoir que le même message a été glissé sous la porte de nombreuses cabines et il demande au petit malin de se désigner. Cela m'amuse on se croirait dans une cour d'école primaire et tout le monde se regarde en "chien de faîence".
Il est évident que personne ne va se dénoncer et cette réunion ne sert qu'à réunir les passagers autour d'un verre alcoolisé.
Oolala rigole en disant que nous avons, nous autres, des drôles de manières car chez lui on ne fait pas ce genre de simagrées, on va directement au but !!!
On boit tous trop pour masquer notre malaise et le Capitaine que je croyais être l'auteur du message glissé sous ma porte me regarde d'un air hautain et là je baisse les yeux en ayant un peu honte mais cela ne dure pas très longtemps...
Je me demande tout de même qui a bien pu m'écrire ce petit mot et quel est le but du jeu mais bon je prends ça à la légère et m'enfile une 4ème coupe de champagne cul sec !!!!
J'ai envie de m'amuser et tout le reste je m'en moque maintenant et aimerais même finir ce moment en dansant.

 

DERNIER SOIR

Je me prépare pour notre soirée d'adieu vêtue d'une jolie longue robe rouge et d'escarpins à hauts talons de la même couleur.
En arrivant dans le salon j'entends une guitare électrique et au bout de celle-ci, un beau musicien tout de rouge vêtu lui aussi.
Les femmes tournent toutes autour, je me  dirige vers le bar pour m'envoyer direct deux coupes de champagne !!
Je me sens observée par Oolala et le trouve bien attirant ce soir avec ses tatouages et ses muscles saillants.
Je me dirige vers lui et me dis qu'un peu d'exotisme ne me ferait pas trop de mal pour clôturer en beauté cette croisière.
Je l'invite à danser et vois bien que je ne lui suis pas du tout indifférente et en plus il sent bon la vanille.
Je me laisse aller au seul plaisir d'évoluer sur cette entrainante musique.
Julie de son côté à conclu avec Alistair et elle partira c'est évident avec lui aux USA;
Marjolaine danse avec Jean langoureusement et elle compte bien profiter de sa dernière soirée de célibataire.
Sir Edward invite Maya qui n'ose refuser mais en fin de compte elle y prend bien du plaisir car elle adore danser.
Dominique qui ne veut pas être en reste invite Hector plus que ravi et, étonnamment, se déplace sur la piste dans le tempo ;
Oolala me chatouille avec ses plumes et après deux autres coupes de champagne je m'imagine entrain de les lui enlever une à une !!
Une chose est sûre, on ne va pas rester toute la soirée à se trémousser sur la piste car lui comme moi avons envie de nous isoler dans une cabine pour apprendre à mieux nous connaitre !!
Nous nous éclipsons, mais au préalable je vais saluer la joyeuse compagnie et donne à certains mon numéro de téléphone;
 
Trois ans plus tard :
Je vis en Papouasie avec Oolala avec qui je me suis mariée selon les rites de son pays et nous envisageons de revenir en France pour y monter un atelier de danses sacrées pour lui et un de décoration avec des matériaux de récupération pour moi.
Nous ne nous quittons pas d'une plume et avons eu des nouvelles de Marjolaine qui a refait sa vie et nage dans le bonheur, de Julie qui a épousé son bel écrivain et vient de terminer son premier roman, de Maya qui a retrouvé Pablo et passe beaucoup de temps avec lui, de Valentine qui est devenue une photographe talentueuse et reconnue, de Jean qui ne bégaie plus depuis cette fameuse croisière mais des autres rien car avons tous pris un chemin différent.
Ce fut une belle et riche expérience pour nous tous.....
 
_______________________
 

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 20 Décembre 2023

 
Je me prépare pour notre soirée d'adieu vêtue d'une jolie longue robe rouge et d'escarpins à hauts talons de la même couleur.
En arrivant dans le salon j'entends une guitare électrique et au bout de celle-ci, un beau musicien tout de rouge vêtu lui aussi.
Les femmes tournent toutes autour, je me  dirige vers le bar pour m'envoyer direct deux coupes de champagne !!
Je me sens observée par Oolala et le trouve bien attirant ce soir avec ses tatouages et ses muscles saillants.
Je me dirige vers lui et me dis qu'un peu d'exotisme ne me ferait pas trop de mal pour clôturer en beauté cette croisière.
Je l'invite à danser et vois bien que je ne lui suis pas du tout indifférente et en plus il sent bon la vanille.
Je me laisse aller au seul plaisir d'évoluer sur cette entrainante musique.
Julie de son côté à conclu avec Alistair et elle partira c'est évident avec lui aux USA;
Marjolaine danse avec Jean langoureusement et elle compte bien profiter de sa dernière soirée de célibataire.
Sir Edward invite Maya qui n'ose refuser mais en fin de compte elle y prend bien du plaisir car elle adore danser.
Dominique qui ne veut pas être en reste invite Hector plus que ravi et, étonnamment, se déplace sur la piste dans le tempo ;
Oolala me chatouille avec ses plumes et après deux autres coupes de champagne je m'imagine entrain de les lui enlever une à une !!
Une chose est sûre, on ne va pas rester toute la soirée à se trémousser sur la piste car lui comme moi avons envie de nous isoler dans une cabine pour apprendre à mieux nous connaitre !!
Nous nous éclipsons, mais au préalable je vais saluer la joyeuse compagnie et donne à certains mon numéro de téléphone;
 
Trois ans plus tard :
Je vis en Papouasie avec Oolala avec qui je me suis mariée selon les rites de son pays et nous envisageons de revenir en France pour y monter un atelier de danses sacrées pour lui et un de décoration avec des matériaux de récupération pour moi.
Nous ne nous quittons pas d'une plume et avons eu des nouvelles de Marjolaine qui a refait sa vie et nage dans le bonheur, de Julie qui a épousé son bel écrivain et vient de terminer son premier roman, de Maya qui a retrouvé Pablo et passe beaucoup de temps avec lui, de Valentine qui est devenue une photographe talentueuse et reconnue, de Jean qui ne bégaie plus depuis cette fameuse croisière mais des autres rien car avons tous pris un chemin différent.
Ce fut une belle et riche expérience pour nous tous.....
 

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Rédigé par Véronique

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Publié le 20 Décembre 2023

 
Personnage
 
Je m’appelle Dominique D…….      
J’ai 60 ans, divorcée depuis quelques années
Je suis de taille moyenne, 60 kg, de longs cheveux longs blonds et les yeux verts.                  
J’étais aide-soignante, et toujours en observation d’une personne fragile à aider.
Je suis née à Paris, « expatriée » à Cannes dans le sud de la France dans mon enfance.
Je porte au poignet les tatouages de mon fils et de mes petites filles.
Je suis hyperactive, passionnée de lecture, peinture et de voyages.    
Je recherche dans cette expédition, qui sera pour moi la première croisière, des découvertes intéressantes, sociales, intellectuelles et maritimes.
Je ne me sépare jamais de mon appareil photo.
 
__________________
 
SUBLIME ET SURPRENANTE CROISIÈRE
 
 
LE COMTE DE PROVENCE
 
Nous sommes le 6 novembre 2023 , il est 12h30 .
Je suis très impressionnée à l’idée de faire cette croisière, la mer n’est pas mon élément favori, mais cela sera une nouvelle aventure.
Le nom de ce « bâtiment » maritime est déjà toute une histoire.
Je ne veux pas être en retard, ma valise, mon sac à dos et je saute dans le tram, direction le port de Nice.
L’embarquement vient de commencer, à première vue il y a des personnes qui sortent de l’ordinaire (j’ai repéré un grand monsieur aux cheveux blancs, petite moustache et un petit accent britannique très amusant).
Le capitaine nous accueille chaleureusement, c’est un homme de taille moyenne, un peu enveloppé, mais très, très volubile.
Après avoir donné mon état civil, ma cabine aura le n° 88 au premier étage, la chambre est sympathique, le minimum et vue mer…
Un regard par la fenêtre, je suis rêveuse, c’est un grand bateau, pas de tangage, enfin j’espère….
Mais pour le moment, je vais discrètement faire un discret repérage sans m’aventurer trop loin, peut-on se perdre sur un tel navire !
Déjà une jeune femme m’interpelle, grande, une chevelure incroyable rousse longs, des yeux verts pétillants, en discutant son accent anglais me plaît, elle est irlandaise de Dublin, je connais alors, peut être une amie de voyage.
 
 

LE DÎNER

Le dîner dans la grande salle est à vingt heures.

Je sors de mon sac à dos deux tenues, une belle robe longue noire le plastron en sequins, et mes talons que je chausse rarement ou bien un ensemble pantalon noir et un bustier en sequin vert.

Un petit coup d’œil par la fenêtre, la nuit est tombée doucement…
De petits coups donnés à la porte, c’est ABBY, la jolie rousse de mon arrivée, qui vient me chercher, vêtue d’une éblouissante robe noire sexy.
Le commandant, très élégant, accueille chacun de nous avec gentillesse et courtoisie, avant d’occuper une place d’honneur.
D’un commun accord, nous prenons place autour d’une table ronde où se trouve déjà Sir Edward un verre de whisky à la main, se levant à notre arrivée, bienvenue chères mesdames.
Nous rejoint Anne Sophie, jeune femme brune, sympathique.
 Le menu est placé à côté de notre assiette.
D’un regard, je découvre cette grande salle, couleur de fond prune et noire, un piano demi-queue blanc se trouve dans un coin où un musicien black commence doucement à élever quelques notes.
Mais revenons au menu, mes papilles se mettent en mouvement à la vue de ces mets raffinés et mon imagination m’emmène autour des couleurs de chacun des plats proposés.
Le vin rouge servi est un millésimé, excellent, proposé par un jeune garçon en livrée.
Des regards discrets fusent de tous côtés, confirmant la réussite du menu.
La femme d’une table voisine a un léger malaise, peut être la chaleur, mais se reprend avec un verre d’eau et son éventail.
Des fragrances subtiles nous émoustillent les narines.
Le repas se termine lentement, certains auront plaisir de se rendre au bar, afin de déguster un digestif.
D’autres lient connaissance avec leur voisins, ou bien se rapprochent du piano qui continue son œuvre de charme, le pianiste MILES joue à demande de certains.
Mon amie ABBY a flashé sur HECTOR, un peu mytho, mais bon c’est... à voir….
Je suis abordée par VALENTINE, de superbes yeux verts, habillée simplement d’un ensemble vaporeux dans les tons brun-doré, un appareil photo porté en bandoulière.
Notre conversation se concentre sur la photo, que j’ai pratiquée, j’ai apporté le mien lui dis-je.
Chemin faisant, nous arrivons au bar, afin de prendre un de leur meilleur whisky.
Sir EDWARD est en grande conversation avec un énergumène noir prénommé OOLALA, relatant de nombreux voyages en commun…
A minuit, je réintègre ma cabine, me jetant sur mon journal de bord, des couleurs, des senteurs, des musiques, hantent encore  mon cerveau tout en ébullition, alors vite à l’ouvrage….. 

 

LA PREMIÈRE ESCALE

Nous devons nous préparer pour la première escale.
BARCELONE, ville emblématique de monuments illustres.
Il fait beau, un peu frisquet, je sors un pantalon, un pull et un blouson, pour être à l’aise mes baskets neuves en prévision de découvrir la ville à pied évidemment.
La mer est calme et l’accostage du paquebot se fait tranquillement, la passerelle est baissée.
Un toc toc, c’est ABBY, mon amie irlandaise qui vient me chercher, elle est accompagnée de VALENTINE et son inséparable Kodak en bandoulière.
La blonde, la rousse et la brune, à nous l’Espagne et les Espagnols, ténébreux aux yeux de braise.
Je ne maîtrise pas cette langue, mais VALENTINE y excelle.
Du coin  de l’œil, j’aperçois HECTOR qui se faufile au milieu des gens, une bousculade, des cris, mais il  arrive enfin près de nous. Bizarre, mais ABBY, très intéressée hier soir,  l’ignore !!! Bon peut être m’en dira-t-elle plus dans la journée !!!
Attendez-moi ! Nous nous retournons comme un ‘seul homme’, c’est ELLIOT, un personnage particulier qui s’essouffle en nous rejoignant « Vous descendez à Barcelone, moi aussi, j’ai toujours rêvé de voir l’œuvre gigantesque de GAUDI et le parc de GÜELL , cela vous ennuierait-t-il que je vous accompagne ? »
D’un regard complice et amusé, nous faisons semblant d’y réfléchir quelques secondes…
-Bien sûr, avec joie, dit ABBY en souriant.
Tous les quatre, d’un pas assuré et les appareils photos à l’affût, nous démarrons notre périple.
A vrai dire l’espagnol est une langue chantante et agréable, les gens se pressent sans se bousculer, on entend de la musique en passant devant les bistrots, les espagnols semblent heureux de vivre.
-Attention à vos sacs, nous dit gentiment une dame âgée, ici à vélo, ils font vite.
Les rues sont très larges, de loin nous apercevons la fameuse SAGRADA FAMILIA de Antoni GAUDI, cet architecte du XIXe siècle.
« Comment faire des photos d’un tout, dit VALENTINE, se contorsionnant, ça y est une, deux, trois de tous les côtés, extérieur, intérieur !!!
Sans qu’il s’en rende compte, ELLIOT, les yeux cernés de khôl et un dentier éblouissant, est pris en photo par VALENTINE, un petit sourire en coin.
-J’ai un plan, s’exclame ABBY, on va suivre des groupes par ci par là !
Nous descendons la RAMBLAS, grande rue remplie de restos/tapas que nous dégustons avec plaisir accompagnés d’un punch, photos !!
Nous arrivons devant le parc GÜELL, avec la grande salamandre à l’entrée, ses magnifiques bancs en mosaïque de toutes les couleurs et, surprise, nous y voyons MAYA détendue, allongée et prise en photo par des touristes….
Une place magnifique, un musée espagnol et encore quelques beautés à découvrir, mais nous ne repartirons pas sans avoir goûté des spécialités comme de petits gâteaux recouverts de sucre glace les Bolduman et Boldugirl, ainsi que les Churros !!! Ah les gourmandes !!!
Nous devons réintégrer le paquebot à 17  heures, à contre cœur..

 

LA LETTRE

En me préparant pour une nouvelle escale, j’aperçois une enveloppe glissée sous la porte, je l’ouvre avec intérêt.
 
Aujourd’hui, le 27 Novembre
Chère Dominique, ne prenez pas ce petit mot pour une proposition déplacée de ma part.
Depuis notre arrivée sur ce magnifique bateau de croisière je vous ai remarquée, un éclair, un coup de foudre m'a envahi.
Votre hyperactivité, votre élégance et surtout le comportement empathique que vous manifesté pour autrui.
Je fais ce voyage afin de faire le point sur ma vie.
J’ai une petite fille, dont la mère est partie dès sa naissance, peut être en suis-je la cause avec mon besoin de plaire.
Ce qui n’est qu’une apparence, en fait, car je suis timide et comme tout timide qui se respecte, j’en fais beaucoup trop.
Je souhaiterais durant ces quelques jours passés « ensemble » mieux vous connaître.
Je ne veux certainement pas que ma proposition vous choque mais peut être prendre un verre ou un café en fin d’après midi au bar, j’en serais heureux.
Je ne sais pas si ma désinvolture vous a plu ou laissée indifférente.                                         
Dans le cas contraire, je ne vous en voudrai pas.
Je ne serai pas étonné si vous me reconnaissez.
 
Bien, dans la journée je vais ouvrir l’œil, mais je pense à quelqu’un en particulier, HECTOR, je lui glisserai un mot sous sa porte.
 
Aujourd’hui, le 27 Novembre
Monsieur, vous avez raison, votre dernière phrase m’a tout de suite fait reconnaître le personnage « tombeur de ces dames », que la gente féminine se plaît à sourire.
Dommage parce que votre laïus était parfait pour charmer une femme forte ou innocente selon son désir.
Je vous souhaite de trouver vôtre âme sœur, qui saura peut-être apprivoiser l’être qui, je pense, peut s’assagir de ses démons, sera-elle libre et capable de vous comprendre…
 
                                                                          DOMINIQUE        
 

UNE MISE AU POINT

Le 11 novembre
 
Mon cher journal de bord, ces quelques lignes d’étonnement au sujet d’un rendez-vous avec le suprême personnage de ce navire… je t’en dirai plus ce soir…
Un toc toc à la porte, j’ouvre et me trouve en présence du second du commandant, une enveloppe impersonnelle blanche à la main. Je pose la question à tout hasard à ce beau messager, mais une réponse énigmatique m’est rendue !
-Tout le monde l’a reçue, me chuchota-t-il avec un clin d’œil.
Notre commandant aurait-il été informé des échanges de mots « doux » envoyés entre Hector et moi.
A moins qu’un vent de friponneries ait envahi les passagers que nous sommes, sur le pont, dans les coursives ou dans des endroits les plus insolites. Cette entrevue sera-t-elle gênante, mettra-t-elle les choses au point entre deux ou plusieurs personnes non conformes à nos désirs ?
Je retrouve mes amies Abby et Valentine qui arrivent hilares.
-Quelle nuit ! me chuchote mon irlandaise aux cheveux flamboyants.
-Que s’est-il passé, lui demandais-je ?
-C’est Hector qui a glissé sous ma porte un mot des plus explicite, je l’attends de pied ferme, mais, entre nous, comment le commandant serait-il au courant ?
-Ah cet homme, si discret, si... si…  mais quel personnage, j’en suis toute retournée, s’exclame Anne-Sophie, déjà un verre de whisky à la main.
Notre hôte arrive, non sans retenue, nous dévisage, respire et posément nous entretient de certains billets reçus…
Non sans mal, chacun de nous les évoquons.
Je redoutais un mal-être, des indiscrétions, mais rien de tel, tout le monde, le plus naturellement, a évoqué ces mots qui se voulaient « doux », à leur manière.
Certaines tenaient un verre dans des mains tremblantes…
Il est dommage que les bons moments sensés égayer notre traversée soient un tantinet troublés par de petits « problèmes » de ce genre .
Mais demain sera un autre jour…

 

LA SOIRÉE D'ADIEU

LE 18 DECEMBRE…….
 
Bonjour mon petit journal, je suis un peu triste car c’est mon dernier jour de croisière. Il fait beau, la mer est d’huile, les mouettes crient leur plaisir de nous voir.

Je profite des suprêmes rayons du soleil sur un transat.

Je ne vois pas Abby ni Valentine et son inséparable kodak, Anne-Sophie se joint à moi pour se remémorer ses quelques jours de dépaysement et d’amitiés rencontrées.
 Hector et Oscar passent devant nous la mine réjouie, un petit salut, un petit sourire….
Le déjeuner est expédié, la préparation de la soirée d’adieu hante nos esprits.
Un bal dans ce magnifique décor, une sublime robe longue, un cavalier oui mais lequel…
La réunion avec la commandant avait eu des effets bienfaisants, car Hector s’était montré d’une insistance mesurée, agréable, voir un brin marquée de tendresse envers moi.
Bon pourquoi pas, mes derniers mots à son égard l’ont peut être touché.
La soirée, cette immanquable participation à cet univers particulier, une musique animée par un jeune artiste de jazz, séduisant avec ses cheveux longs en bataille et son sourire angélique est accompagné de Miles le pianiste.
 Notre table toujours composée de personnages atypiques.
Je suis surprise d’être invitée à danser par Hector, superbe en smoking et nœud papillon.
Ma robe noire, longue, fendue n’en est pas moins sexy….
Une valse à deux ou trois temps, je ne sais plus, une main douce dans mon dos, un parfum boisé.
Je divague, non, je suis bien, je regarde autour de moi, la salle est remplie, c’est un tourbillon de plaisir, un petit baiser dans mes cheveux, sa voix grave….
Non je ne vais pas tomber amoureuse, une amitié peut être plus, le temps le dira, pour le moment nos pas se complètent.
Le commandant est superbe dans son costume, ainsi que son second qui, je pense, a flashé sur une jeune et jolie demoiselle.
 
En fait d’épilogue, mon petit journal, cette traversée aura été un second souffle à ma solitude avec un homme charmant et une amie irlandaise, Abby, que je revois Ici ou ailleurs.
Une expérience positive à laquelle nous repensons encore quelques années après Hector et moi.
 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 20 Décembre 2023

 
LE 18 DECEMBRE…….
 
Bonjour mon petit journal, je suis un peu triste car c’est mon dernier jour de croisière. Il fait beau, la mer est d’huile, les mouettes crient leur plaisir de nous voir.

Je profite des suprêmes rayons du soleil sur un transat.

Je ne vois pas Abby ni Valentine et son inséparable kodak, Anne-Sophie se joint à moi pour se remémorer ses quelques jours de dépaysement et d’amitiés rencontrées.
 Hector et Oscar passent devant nous la mine réjouie, un petit salut, un petit sourire….
Le déjeuner est expédié, la préparation de la soirée d’adieu hante nos esprits.
Un bal dans ce magnifique décor, une sublime robe longue, un cavalier oui mais lequel…
La réunion avec la commandant avait eu des effets bienfaisants, car Hector s’était montré d’une insistance mesurée, agréable, voir un brin marquée de tendresse envers moi.
Bon pourquoi pas, mes derniers mots à son égard l’ont peut être touché.
La soirée, cette immanquable participation à cet univers particulier, une musique animée par un jeune artiste de jazz, séduisant avec ses cheveux longs en bataille et son sourire angélique est accompagné de Miles le pianiste.
 Notre table toujours composée de personnages atypiques.
Je suis surprise d’être invitée à danser par Hector, superbe en smoking et nœud papillon.
Ma robe noire, longue, fendue n’en est pas moins sexy….
Une valse à deux ou trois temps, je ne sais plus, une main douce dans mon dos, un parfum boisé.
Je divague, non, je suis bien, je regarde autour de moi, la salle est remplie, c’est un tourbillon de plaisir, un petit baiser dans mes cheveux, sa voix grave….
Non je ne vais pas tomber amoureuse, une amitié peut être plus, le temps le dira, pour le moment nos pas se complètent.
Le commandant est superbe dans son costume, ainsi que son second qui, je pense, a flashé sur une jeune et jolie demoiselle.
 
En fait d’épilogue, mon petit journal, cette traversée aura été un second souffle à ma solitude avec un homme charmant et une amie irlandaise, Abby, que je revois Ici ou ailleurs.
Une expérience positive à laquelle nous repensons encore quelques années après Hector et moi.
 

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 19 Décembre 2023

Oolala peint par Marie-Thérèse HOARAU

Oolala peint par Marie-Thérèse HOARAU

PREMIER JOUR L’EMBARQUEMENT
 
Ce vendredi de demi-lune, au port de Nice, il ne passait pas inaperçu. Il était même unique de contours sur ce quai dans la file d’attente pour embarquement. Un petit voilier était amarré, perdu entre deux cargos. Sur sa coque en mauvais état on pouvait lire le Cherche Misère.
 
OOlala, chevelure hirsute, oreilles sur un plateau, affublé d’un bouquet de plumes sur la tête et dessiné sur le torse, une trame couturée de couleur cuivre, iI traça un cercle sur le pavé du quai en poussant un hululement rauque et sauta dans l’embarcadère.
Noir de peau, pieds nus et vêtu d’un pagne de bison, il portait sur son épaule une chouette attachée à son cou par une liane découpée à la machette dans un palmier centenaire de son village. En même temps cette liane était un gris-gris des plus chic et des plus tendance en ce moment à Kokopo. OOlala était complètement branchés, du coup.
 
Ils n’étaient pas nombreux, environ une dizaine, tous débarqués de Papouasie, Nouvelle Guinée, pour une croisière en méditerranée, un cadeau de la DEFGHI pour permettre à Flo en contrepartie, de rejoindre la Papouasie en toute sécurité pour une étude poussée de la plante des pieds.
 
Des mots Tok Pisin postillonnaient de la bouche d’OOlala le chef de la tribu, pendant que les autres gonflaient les voiles en langue des signes. Il leur restait encore quelques rites de
kuku kuku que les anciens aimaient honorer pendant leurs ablutions, qu’ils trouvaient ridicules mais néanmoins diablement protecteurs.
 
Passèrent deux jours. OOlala décida de tout quitter. Au mur de pierres et de lierre, il adossa son passé de chef de tribu,. Il cloua les planches du Cherche Misère et il embarqua sur le Comté de Provence, chambre 1809 quatrième étage.
 
/++++++++++/
 
DEUXIÈME JOUR LE REPAS DU CAPITAINE
 
Ce soir il était invité à la soirée du capitaine. Il montrerait sa verve, il en était très fier.
Mimi la chouette s’apprêtait aussi, perché sur une lampe rose, le bec en courant d’air, maniant ses vocalises hululatoires avec grand panache.
Dans une cocotte en fonte, à son creuset, OOlala dû faire revenir avec ail des ours et quelques gouttes de malice, ses champignons hallucinogènes qui avaient pris un peu d’humidité dans le Cherche Misère.
Ensuite il mis de l’ordre dans son coffret à goupillons. Bien alignés ils seraient plus efficaces.
Restait le maquillage. Il bomba le torse pour mieux faire le tour de ses convictions, un si bel effet peint dans les ocres et les framboises. Il était prêt. Ho, lala, comme il était beau !
 
Dans le grand salon étaient déjà installés quelques invités. Gino tenait La Rousseau sur ses genoux pendant que Valentine faisait la gueule. On lui avait dit qu’elle avait des petits... petons. Jean vague, quant à lui berçait son vague à l’âme.
Oolala peu habitué aux rencontres à rencontrer, pris un léger malaise et il dû, d’urgence
se plier à sa transe habituelle, nommée crise des sentiments et…n’ayons pas peur des mots.
 
Il s’accouda au bar avec une tourmente, son amie sirotait un air soupçonneux
avec une paille, penchée sur une perplexité.
En face une indifférence regardait sans le voir, un apathique aux yeux verts.
Entre deux obstinations, une fureur et son garde du corps se précipitèrent sur
ces tas de jalousie pour remplir la poubelle de table de la méprise.
 
Pendant ce temps, on entendait Mimi la chouette hululer une longue prière en latin tandis qu’OOlala, toujours en transe, brandissait son écouvillon au sel gemme, pour éteindre le feux des ondes crochues qui s’enroulaient autour du capitaine. On voyait que notre sorcier avait les poils, son pagne vibrait d’électricité statique à espaces réguliers.
 
Un opiniâtre s’interposa et bondit sur la négligence. Ils s’allièrent avec la brutalité,
l’ambition entre les dents mais une sensibilité invita des charités pour un banc
et ensemble, avec un conciliant et une intègre, ils menèrent avec bienveillance
la médiocrité à son terme et tous s’effondrèrent sur la pétillante tendresse.
 
Le capitaine, dans des débris de voix et ne pouvant recoller les morceaux,
quitta les lieux rapidement.
 
Alors seulement, Oolala pu s’approcher de Maya et lui murmurer à l’oreille
quelques mots de kukukuku. Elle était tellement troublée qu’elle n’arrivait
même plus à faire l‘abeille mais Oolala se sentait tellement bien avec sa croquandise
qu’il en remplit son verre.
Ho, lala, quelle ruche !
 
Oolala parlait peut. Il avait quand même fait quelques années de médecine à Marseille avant de revenir aux traditions de son pays d’origine. Ne lui manquait que des volontaires pour se joindre à lui et à son projet, peut-être deux peut être trois ?. Sur ce bateau apparemment, il pourrait se construire un avenir.
 
/++++++++++/
 
TROISIÈME JOUR UNE ESCALE
 
 
Corne de brume, le signal du débarquement imminent à Marseille, Oolala n’avait pas remarqué cette belle brune aux cheveux long. Elle non plus d’ailleurs, mais il avait suffi qu’il
perde une plume pour qu’elle se retourne, Valentine.
 
Etonnée de découvrir notre ami, dans toute son originalité et pas farouche, Valentine commença par caresser coco qui alla se percher immédiatement sur son sac à dos.
Un signe des forces occultes ? Aurait-elle des prédispositions pour un avenir en magie noire ? la collaboratrice qu’il cherchait depuis longtemps ? Mais oublions.
 
Pour l’heure, Oolala avait une mission à Marseille. Il avait promis à une ancienne collègue de la morgue de passer la voir pour visiter ses nouveaux ateliers de thanatopractrice de la fac de la Timone, bâtiment datant de 1955, pensé par René Egger accompagné des Bâtiments de France. Très en longueur, avec trois ailes perpendiculaires, il s’élève sur 6 étages. Sobre et par soucis d’économie, il restera en béton armé brut. De simples poteaux porteurs, au rez-de-chaussée permettront un meilleur éclairage de l’immense hall d’entrée et de on escalier.
 
Maya voulait déjà immortaliser ce beau port de Marseille avec une première photo. Elle était en équilibre sur le bord de la passerelle, un peu embarrassée des bras. Oolala en un instant prémonitoire eut juste le temps de se précipiter sur l’appareil photo de maya avant qu’il ne chut. Maya admirative et confuse remercia notre ami qui lui offrit galamment son bras, juste pour ne plus tomber…
 
Après une somme d’échanges futiles, Oolala expliqua à Maya le but de son escale.
Toujours au bras de son sauveur et curieuse de tout, Maya se laissa conduire jusqu’à la morgue et au laboratoire de Mme Lenoir. Ce n’était pas rien de résister à l’envie de partir en courant mais notre amie finit par trouver les lieux et leur vision des plus naturels et puis surtout des idées pour sa décoration intérieure.
Elle était forte Maya. La mort comme çi ou comme ça, c’est bien connu, on relativise et puis un bras, une jambe ça ne court pas toujours que les rues. Des photos, encore des photos, en couleur surtout. Maya jubilait. Elle n’avait jamais eu autant matière d’inspiration et elle commençait à vouer une admiration grandissante à ce guide fortuit. Il possédait des compétences originale et hors du commun.
 
Vers 18 heures le moment était venu de reprendre la passerelle. Nos deux voyageurs se quittèrent après une accolade corps à corps, collés dos à dos comme là-bas, chez lui.
Ils échangèrent leurs numéros de chambre. Promis, elle lui montrerait les photo et lui le plus beau de ses goupillons….
 
/++++++++++/
 
QUATRIEME JOUR LA TEMPETE
 
Le lendemain, notre Oolala ne quitta pas sa cabine. Il ne débarquerait pas à Barcelone. Ce samedi de pleine lune serait consacré au culte des ancêtres. Les incantations devaient obligatoirement s’accompagner de petits sacrifices d’animaux. Il partit à la chasse aux mouches. Il les piquait avec sa plume crête de coq avant de leur enlever les ailes pour les offrir au pilon de son goupillon.
En même temps il murmurait des chants traditionnels traduits du lalaitou qu’il distribuerait au bord du jour demain.
Il cacheta un certain nombre d’enveloppes qu’il déposa sous les portes palières de tous les garçons de la croisière. Pour ces dames on verrait ensuite.
 
Oolala était généreux, d’une grande sagesse et toujours prêt à faire le bien.
Une tempête était annoncée. Forte. Il est bien connu que les hommes sont bien plus délicats, souvent des chochottes même, que les femmes. Mais qu’à cela ne tienne, les ancêtres se groupèrent pour que ce moment de forte houle deviennent un doux roulis pour ces messieurs, ébahis.
 
Par contre, une condition, chacun devrait se prier plié en deux et se plier tout court aux lalaitouts du moment de notre ami Oolala et répéter comme un leitmotiv que le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux.
 
Oscar fut le premier à ouvrir la lettre. Très étonné, il frappa à la porte de Sir Edward juste à côté, en train de réviser son prétérit. Sir Edward ne comprenait pas comment avoir de nouveaux yeux. Il mit ses lunettes pour mieux voir mais en vain. Mais non, cher Edward on parle au deuxième degré. Sir Edward ne comprenait toujours pas, il logeait au quatrième étage.
Oscar finit par abandonner Edward, trop compliqué.
 
Tiens, voilà Gino qui s’approchait avec Hector. Ils se dirigeaient vers la cabine d’Oolala pour des explications. Ils avaient pris le raccourci du couloir du capitaine et une porte de cabine était restée ouverte. On entendait le boss jouer aux dames avec Sophie et la partie était presque gagnée. Un peu cavalier notre capitaine mais tellement séduisant disait-elle cramponnée à la vision de son bout du bout… de nez.
 
Au moins-un, au pôle médical, Dominique, Marjolaine, Julie, et encore Valentine étaient au plus mal. Le mal de mer secouait leur volonté. Elles étaient impuissantes. Des haut le cœur avec des envies d’aller-retour à la vue basse, le monde autrement, pâle et défiguré, une découverte pour elles à regarder avec de nouveaux yeux.
 
Mais où sont donc passés les ancêtres ?
On rappela Oolala d’urgence. Il fut obligé de ressortir son meilleur goupillon et de biper Maya.
 
/++++++++++/
 
AU SALON
 
Zut, pas de contact. Le goupillon connecté ne répondait plus. Le wifi était éteint.
Maya qui faisait la gueule ou les ancêtres qui votaient contre ?
 
Oolala venait d’arriver dans le salon suite à la demande du capitaine, impuissant devant ces dames toutes en nausées. Il paiera sa tournée, promis, si notre ami parvient à des fins de non-recevoir pour ces roulis qui n’en finissent plus.
N’ayant aucun moyen à sa disposition Oolala se vit dans l’unique obligation de travailler manuellement. Il commença par Dominique, volontaire pour pratiquer l’imposition des mains sauf que chez Oolala les paumes devraient frôler toutes les parties saillantes du corps pour que les tentations maléfiques soient jetées à tribord.
Le pari fut réussi pour elle et son mal de mer, sous le regard jaloux du capitaine et c’est étrange, comme c’est étrange… tout de suite le goupillon retrouva son voyant vert et sa wifi, un signe fort des ancêtres à ne pas oublier. Même Gino retraité de la lumière n’avait pas réussi à joindre les deux bouts.
 
Loin dans une forêt de coussins, Sophie semblait dormir, les joues roses et sûrement très fatiguées de sa nuit avec le capitaine. Jean Vague buvait une tasse de camomille à la vanille, Gino siphonnait un whisky tout en racontant à Julie et à Valentine qu’il était en pleine forme à cause de la phrase magique trouvée dans le courrier d’Oolala. Julie, Marjolaine et Valentine avalèrent un cachet. Cet Oolala, un charlatan ou un tripoteur invétéré ?
 
Soudain la chouette s’agita bruyamment, louchant de ses gros yeux ronds sur Oolala en prise avec un manche et son balai oubliés là par le technicien de surface. Les plumes en bataille, le pagne en volume, Il marmonnait avec disait-il, la vision d’un ecclésiastique, un certain Monseigneur Koko tout droit venu de l’enfer avec sa mitre cabossée tenant en équilibre avec ce manche à balai car on lui avait confisqué sa crosse en plaqué or. Il implora notre ami pour qu’il intercède auprès des autorité célestes afin d’obtenir le pardon de son ancien monde. Les échanges durèrent bien un tour de petite aiguille.
 
On ne sut pas la suite de l’histoire car Maya entra bruyamment dans le salon, en colère, avec une enveloppe à la main et un cor au pied. Elle avait trop marché avec sa tête, le long de ses pensées, entre Oscar et Laperousse, ses deux hésitations du moment. Précisons que Maya avec sa bonne dose d’électricité statique attirait une majorité de croisiéristes. Elle provoquait même des pannes dans les circuits Wifi. Détonnant non ?

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LA FIN DE LA CROISIÈRE

Cette nuit du dernier jour, Oolala voulut une ultime fois profiter de ce moment de demi-lune, pendant que dans le salon, les passagers se déhanchaient sur des airs de disco.
Chacun semblait avoir trouvé sa chacune pour profiter de cette dernière soirée mais Oolala, lui, avait rapidement quitté la piste. Il aurait préféré danser comme en Papouasie, entre hommes, les femmes n’étaient pas conviées, elles devaient faire le lit en attendant le retour des pachas.
Il était allongé sur un transat quand il aperçut Jean Vague tourner au coin du pont. Il s’avançait vers lui d’un pas désabusé, lui aussi peu intéressé par cette dernière et équivoque soirée. Oolala lui proposa de rester en sa compagnie.
Notre ami n’avait jamais eu de discussion avec Jean. Rapidement il comprit qu’il avait du mal à parler, qu’il bégayait. Tard dans la nuit, il lui raconta toute la difficulté qu’il avait de vivre en toute quiétude dans ce monde où pour réussir, on doit être bien propre sur soi, sans une seule tâche qui persiste et signe, sans les lessives jusqu’à faire bouillir.
Notre gourou cherchait un aide de camp depuis longtemps. Il s’était inscrit dans cette croisière pour trouver un ou une partenaire et l’emmener en Papouasie. Là-bas il manquait de sorciers comme il manque de docteurs à Nice. Jean avait vite accepté. Il voulait changer de cap, voir ailleurs, loin très loin d’ici, une porte s’ouvrait, là où sa propre langue n’aurait plus d’importance, là où une autre la remplacerait. Et puis surtout, Oolala avait un sœur célibataire…
Tard ou tôt, et tôt ou tard, des rires et bruits de talons envahirent l’espace tranquille et coupèrent court à la discussion. C’était Valentine avec Gino, bras dessus bras dessous tandis que Julie et Alistair se mélangeaient les caresses du bout des doigts. Sophie arriva à son tour, une potiche bedonnante dans les bras en guise d’un doux matou, tellement hésitante sur ses charmes, plus du tout certaine du croquant de son profil, ni du gonflé de ses lèvres, le sex-appeal complètement en berne, quoi.
Elle fit le tour du pont en virevoltant entre les transats sur un air de tango qui persistait au loin. Dans un hic du bateau et l’alcool aidant, elle perdit l’équilibre et se trouva nez-à-nez avec Jean et Oolala. Ils mâchouillaient un boulette de CBD. En restait une, d’un achat précipité de Jean à sa dernière escale qu’il offrit à cette pauvre Sophie.
Le jour se levait déjà. Chacun regagna sa cabine pour boucler les valises. Oolala finissait de fermer sa mallette à goupillons et de mettre sa chouette en cage quand il entendit frapper à sa porte. Sophie et Jean, quelle surprise. Ils avaient fini la nuit à échanger et pris une grande décision. Jean avait convaincu Julie de partir avec lui, avec eux.
C’est alors qu’Oolala ne put que se plier à une nouvelle transe, une énorme crise de sentiments, la deuxième de la croisière.
Une confiance électrique, alliée à une profonde amitié, ruisselait sur le torse tatoué de notre sorcier. Des sillons de bienveillance creusaient son havre de complicité où petit-à-petit s’engouffra le feu de l’envie. Dans une nuée de frivolités et de transparence, les vêtements virevoltèrent. Des décolletés volcaniques s’emmêlèrent sur fond de caleçon pur coton.
Ils se donnaient le cœur sur la main, des émoustillés plein les sentiments. Les états d’âme se mélangèrent aux chaudes ondes, à corps perdu. Ils finirent par décrocher la timbale.
 
Epilogue :
 
Très amoureuse de son sorcier, Sophie s’installa définitivement auprès d’Oolala. Pendant que notre ami continuait ses cours de médecine par visio, Sophie acheta une cahutte pour se mettre à son compte et ouvrir un atelier de tatouage tandis que Jean, qui maintenant parlait couramment le tok pisin, parcourait la savane avec les goupillons, maintenant tous wifi, en compagnie de sa femme Huu, pour sauver le monde.

 

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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 19 Décembre 2023

 
Cette nuit du dernier jour, Oolala voulut une ultime fois profiter de ce moment de demi-lune, pendant que dans le salon, les passagers se déhanchaient sur des airs de disco.
Chacun semblait avoir trouvé sa chacune pour profiter de cette dernière soirée mais Oolala, lui, avait rapidement quitté la piste. Il aurait préféré danser comme en Papouasie, entre hommes, les femmes n’étaient pas conviées, elles devaient faire le lit en attendant le retour des pachas.
Il était allongé sur un transat quand il aperçut Jean Vague tourner au coin du pont. Il s’avançait vers lui d’un pas désabusé, lui aussi peu intéressé par cette dernière et équivoque soirée. Oolala lui proposa de rester en sa compagnie.
Notre ami n’avait jamais eu de discussion avec Jean. Rapidement il comprit qu’il avait du mal à parler, qu’il bégayait. Tard dans la nuit, il lui raconta toute la difficulté qu’il avait de vivre en toute quiétude dans ce monde où pour réussir, on doit être bien propre sur soi, sans une seule tâche qui persiste et signe, sans les lessives jusqu’à faire bouillir.
Notre gourou cherchait un aide de camp depuis longtemps. Il s’était inscrit dans cette croisière pour trouver un ou une partenaire et l’emmener en Papouasie. Là-bas il manquait de sorciers comme il manque de docteurs à Nice. Jean avait vite accepté. Il voulait changer de cap, voir ailleurs, loin très loin d’ici, une porte s’ouvrait, là où sa propre langue n’aurait plus d’importance, là où une autre la remplacerait. Et puis surtout, Oolala avait un sœur célibataire…
Tard ou tôt, et tôt ou tard, des rires et bruits de talons envahirent l’espace tranquille et coupèrent court à la discussion. C’était Valentine avec Gino, bras dessus bras dessous tandis que Julie et Alistair se mélangeaient les caresses du bout des doigts. Sophie arriva à son tour, une potiche bedonnante dans les bras en guise d’un doux matou, tellement hésitante sur ses charmes, plus du tout certaine du croquant de son profil, ni du gonflé de ses lèvres, le sex-appeal complètement en berne, quoi.
Elle fit le tour du pont en virevoltant entre les transats sur un air de tango qui persistait au loin. Dans un hic du bateau et l’alcool aidant, elle perdit l’équilibre et se trouva nez-à-nez avec Jean et Oolala. Ils mâchouillaient un boulette de CBD. En restait une, d’un achat précipité de Jean à sa dernière escale qu’il offrit à cette pauvre Sophie.
Le jour se levait déjà. Chacun regagna sa cabine pour boucler les valises. Oolala finissait de fermer sa mallette à goupillons et de mettre sa chouette en cage quand il entendit frapper à sa porte. Julie et Jean, quelle surprise. Ils avaient fini la nuit à échanger et pris une grande décision. Jean avait convaincu Julie de partir avec lui, avec eux.
C’est alors qu’Oolala ne put que se plier à une nouvelle transe, une énorme crise de sentiments, la deuxième de la croisière.
Une confiance électrique, alliée à une profonde amitié, ruisselait sur le torse tatoué de notre sorcier. Des sillons de bienveillance creusaient son havre de complicité où petit-à-petit s’engouffra le feu de l’envie. Dans une nuée de frivolités et de transparence, les vêtements virevoltèrent. Des décolletés volcaniques s’emmêlèrent sur fond de caleçon pur coton.
Ils se donnaient le cœur sur la main, des émoustillés plein les sentiments. Les états d’âme se mélangèrent aux chaudes ondes, à corps perdu. Ils finirent par décrocher la timbale.
 
Epilogue :
 
Très amoureuse de son sorcier, Julie s’installa définitivement auprès d’Oolala. Pendant que notre ami continuait ses cours de médecine par visio, Sophie acheta une cahutte pour se mettre à son compte et ouvrir un atelier de tatouage tandis que Jean, qui maintenant parlait couramment le tok pisin, parcourait la savane avec les goupillons, maintenant tous wifi, en compagnie de sa femme Huu, pour sauver le monde.
 

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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 19 Décembre 2023

 
Personnage
 
Mr Baldino Gino
une quarantaine damée, retraité de l'E D F. Physique agréable, 1,80 m, 80 kg en muscles. Volubile pour cacher son vrai caractère, baratineur, équivoque dans ses préférences amoureuses. Le but de son voyage, retrouver le pays qui l'a vu naître : La Suède.
 
___________________
 
L'EMBARQUEMENT
      
Baldino, optimiste, a réservé une cabine pour deux personnes. Il entre, visionne sa piaule d'un coup d'œil rapide, laisse tomber son paquetage dans un coin, si l'on peut dire car sa carrée est ronde. Le hublot donne vue sur un séminaire, mal barré pour un athée. Simple détail car le bateau quittera le quai dans la soirée pour une de traversée de nuit jusqu'à Marseille. Le mobilier se compose d'un lit en 140, un bureau, deux chaises, un coin toilettes. Il passe un doigt sur la table pour vérifier qu'il n'y est pas de poussière, rassuré sur ce point. D'un côté le séminaire, de l'autre le monument aux morts, heureusement il n'est pas superstitieux.
 
DINER DU COMMANDANT
 
Mr Baldino Gino fut surpris quand il reçut l'invitation pour le dîner du dimanche soir à la table du commandant. Il avait prévu autre chose. Ayant vécu ses années de quatorze à vingt ans dans un quartier typique de Marseille, il voulait rendre visite a quelques connaissances, compères de sorties nocturnes bien arrosées. Son grand-père, grand résistant serait là, s'il vivait toujours.

Donc, ce dimanche matin il s'attife de ses plus beaux habits style 1935 plutôt que 31. Le voilà parti tout guilleret à la pensée de revoir ses potes de 20 ans. Première difficulté, la ville avait évolué. Trouver un bus pour le quartier du Panier lui prit beaucoup de temps. Il arriva tout de même à l'heure de l'apéritif. Le quartier n'était plus ce qu'il avait connu mais il retrouva la vieille taverne toute crado qu'il avait fréquentée, relookée en café restaurant, salon de thé, boite de nuit. Il entra timidement quand il fut interpellé par son prénom. Le bistroquet bien que vieilli l'avait reconnu. Certains vieux copains de maraudes étaient là et jouaient la tournée de momies à la mourra. Puis ce fut les embrassades, les : qu'est ce que tu deviens ?

Il expliqua rapidement qu'il avait hérité une grosse somme en espèces, qu'il se payait une croisière devant l'amener en Suède, mais bourré le jour de la réservation il s'était retrouvé dans une autre direction. Tournées après tournées il resta déjeuner avec ses potes, raconta son parcours avec dérision ; il se souvinrent de quelques coups fourrés à la limite de la légalité. Les heures défilaient quand il se souvint de la réception du soir à la table du commandant. Il pris congé, promis de revenir à la fin de son périple, et arriva au dîner avec vingt minutes de retard.

La bouche pâteuse il donna une excuse bidon sur la raison de ce retard, mais personne ne fut dupe. Le capitaine lui désigna sa place au bout de la table à coté, il le sut après, d'un ancien évêque défroqué pour avoir côtoyé de trop près certaines communiantes. Le capitaine menait la conversation. S'adressant à un convive : Mr le marquis que nous vaut votre présence sur cette croisière ? Sans attendre la réponse il s'adressa à une vieille baderne sourde, la poitrine constellée de médailles de toutes formes et couleurs. Il eut un sourire pour la jeune et jolie secrétaire qui l'accompagnait. Puis ce fut Mr le ministre de.......Mr le sénateur célébrant ses 80 ans, mis en difficulté aux dernières élections, qui parla sans raison de ses problèmes urinaires en prenant comme témoin la ravissante jeune femme qui l'accompagnait. Le procureur de la république rongeait son frein quand le capitaine lui donna la parole. Sans fausse honte il s'expliqua sur son succès dans sa profession et auprès des jolies femmes, en caressant discrètement la poitrine de la jeune femme assise à coté de lui qui, sans cesser de sourire lui claqua une gifle retentissante. Sans se démonter s'adressant à la tablée il dit : Voyez par vous même.

Gino profita de se malaise général pour s'esquiver. Il rejoignit sa cabine, prit une longue douche chaude, termina par deux jets d'eaux froides, se jeta sur son lit sans pyjama et se retrouva entre deux Eves très amoureuses.

L'ESCALE A BARCELONE
 
Le lendemain matin Gino se réveille plus ou moins vaseux, seul dans son lit. Ses deux compagnes de jeux se sont escamotées à l'aube, rejoignant leur cabine en catimini, réjouies de cet intermède en cours de croisière. Gino se rend à la salle où l'on sert les petits déjeuners, où l'ex évêque est déjà attablé, et qui l' invite à s’asseoir à ses côtés. La conversation vient immédiatement sur le programme de la journée, le paquebot faisant escale à Barcelone. L'ex évêque se présente disant se prénommer Fernand. Gino, lui, se dit Gino et la glace est rompue.
Fernand raconte sa journée d'hier passée à la piscine a reluquer (c'est le mot qu'il a employé) les donzelles en maillot de bain une pièce résumée à un confetti qui souligne l'endroit de leur silhouette qu'il ne faut pas regarder. Gino résume sa journée avec ses anciens potes, et sa gueule de bois. Ils décident de déjeuner à bord et descendre en début d'après midi pour visiter Barcelone. Gino lui explique être venu dans une autre vie avec une bande de copains pour faire la fête.
La ville s'étant modernisée il ne reconnaît plus rien. Ils vont à l'aveuglette et leurs pas les amènent devant la Sagrada Familia  toujours en travaux. Gino se souvenant d'une incroyable paella mangée dans une gargote de la vieille ville, ils décident de s' y rendre. Ils ont du mal à s'orienter. Le vieux Barcelone ressemble au vieux Nice, exceptée la langue. Fernand parlant correctement l'espagnol demande son chemin à un gars sympa qui lui indique tout un quartier ayant gardé l'ambiance des années 1960. Superbe ! Vieux immeubles décrépis, ruelles sombres, tavernes d'un autre temps. Ils choisissent une échoppe où aucun touriste n'oserait s'y aventurer. D'un coup Gino se revoie des années auparavant, établé devant une succulente paella au milieu d'une clientèle à mine patibulaire. Il revoie une vieille dame, limite clocharde, édentée, au fond de la salle, attablée seule devant son assiette. Il la revoie boire à la régalade un vin blanc sorti d'une burette qu'elle lève de plus en plus haut. ll fouille du regard les recoins de cette gargote et la revoie la, identique à ses souvenirs. Il se frotte les yeux, incrédule, mais elle est bien là, peut-être une figurante employée pour maintenir le folklore auprès des touristes. Fernand interloqué regarde Gino, statufié, laissant refroidir sa paella. Il l'interpelle et Gino se réveille croyant avoir rêvé. Il lève les yeux, regarde le fond de la salle, et la vieille est toujours là.
Les heures passent, il leur faut maintenant regagner le port. Gino, ébranlé, reste coi, Il remet au lendemain l'explication qu'il doit à Fernand. Ils font quelques pas puis Gino s'arrête, fait demi tour avec Fernand sur les talons qui ne comprend rien à ce revirement. Gino rentre dans la taverne en courant, file au fond ou la vieille continue à siffler son vin à la régalade. Mais oui bien sûr ! Quel con j'ai été, se dit Gino, c'est une automate !

LA LETTRE

Cher Fernand

Ayant reçu une lettre sans signature avec certains mots à consonance espagnole, je présume que c'est toi qui me l'a envoyée. Si non, tu déchires et tu jettes. Tu me laisses entendre que notre connivence pourrait nous amener à avoir des rapports plus intimes et faire l'économie d'une cabine en n'en occupant qu'une. Notre nouvelle amitié me retient pour ne pas te répondre vertement non. Je ne suis pas homo et n'ai pas l'intention de le devenir. Si notre statut d'amis (je dirai camarades) te suffit, je te promets d'oublier ta proposition et d'entretenir notre camaraderie telle qu'elle est à ce jour. Si tu n'es pas l'expéditeur de cette missive, déchire et jette la mienne dans l'océan afin de profiter sans ambiguïté de notre, je me répète, connivence.

Gino

CHÈRE VALENTINE

Chère, ou très chère Valentine selon ce que vous attendez de moi.
 
      C'est avec grand plaisir que je vous rejoindrai ce soir à 19 h au bar.  Je piaffe des quatre fers comme le ferai un jeune cheval que je chevauche lorsque mes occupations me le permettent. J'avais bien remarqué l'intérêt que vous me portiez, subtil clin d'œil ! Les croisières sont sujettes à des rencontres qui affutent des sentiments que l'on divulgue facilement, alors qu'à terre l'approche serait plus subtile. Après l'apéritif nous pourrions dîner ensemble et selon l'entente un petit flirt serait envisageable. Mais ne retenait pas votre soirée car ce soir je suis retenu par les deux gourgandines, compagnes des deux ex grands hommes. Je n'ai rien de prévu pour demain soir. Si vous êtes présente ce soir, ce sera de bon augure pour la suite de la croisière. J'en frétille déjà de plaisir en attendant ce soir 19 heures.
                                                                                                                                                                Déjà votre ................
 

SOIRÉE ÉROTIQUE

      19h, arrivée de mes deux jeunes amoureuses accompagnées de deux copines aussi effrontées qu'elles. Elles se jettent sur les cocktails et se lutinent gentiment, s'échauffent, m'entourent, me frôlent avec attouchements. La soirée s'annonce intéressante. Soudain la porte de ma cabine s'ouvre, apparait Valentine, majestueuse, hautaine, qui ordonne aux deux hétaïres de foutre le camp illico. Son regard pénétrant les subjugue, elles restent coites, muettes. Elles ne sortent pas, elles s'enfuient. Seuls tous les deux, Valentine se sert un verre de raide, s'assoit, sort un jeu de cartes et me demande si je sais jouer au poker. J'acquiesce, lui disant que j'avais pratiqué lors de mes années troubles. Elle précise : poker déshabillé. Elle bat les cartes, je coupe, elle donne. Je gagne par deux fois, Je lui fais enlever ses chaussures, son foulard, puis la roue tourne et je commence à perdre. Elle sourit, se moque et au bout de pas longtemps je me retrouve en slip. Le poste de radio diffuse un slow, elle s'approche de moi, m'enlace, me chauffe, s'écarte et me susurre : déshabillez-moi, déshabillez- moi, pas trop vite, lentement, prenez votre temps. J'obtempère, la voilà presque nue. Elle se détourne de moi, fait glisser lentement sa petite culotte le long de ses jambes, se retourne, je reste coi, sans voix.
 
      Epilogue
                      VALENTINE EST UN HOMME !
 

 

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Rédigé par Louis

Publié dans #Ecriture collective

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