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Publié le 5 Décembre 2017

La vieille musicienne.

Le dos à l'église, pas de porte à fermer pour empêcher le froid d'entrer. Derrière les grilles, la vieille musicienne conjure son sort. Son archet va et vient sur sa contrebasse dont le vernis s'en est allé. Elle joue, joue dans la rue pour quelques pièces de monnaie qui vont améliorer sa misère d'aujourd'hui.

Les sons graves s'envolent comme une prière pour les passants, son regard perdu, pas de partition tout est dans sa tête. Elle se souvient du temps, où, en habit de gala, elle jouait avec les plus grands orchestres, Varsovie, Paris, New York. La vie était belle, elle, jeune et insouciante, n'a pas remarqué que chaque jour amène son lot de concurrents. Elle, vieillissante, un jour fut remerciée, finies les soirées à l'opéra. Aujourd'hui elle survit, parfois ses doigts la trahissent quand le froid de l'hiver est là. Pourtant dans sa tête c'est toujours le printemps. La musique lui apporte la chaleur et le bonheur quand, dans ses bras, elle sent son instrument, Bach devient son amant. Plus personne n'existe, joue jusqu'au soir descendant. Alors elle referme sa valise, le dos courbé elle rentre. Demain sera un nouveau jour, elle sera là, la musique la tient debout, c'est son grand amour.

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Rédigé par Bernard

Publié dans #Musique et Danse, #Ecrire sur des photos

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Publié le 5 Décembre 2017

LE RÊVE

-Tu n'as pas fait tes gammes et révisé ton morceau Arthur, dit la maman gentiment, tu rêves encore ...

- Elle ne m'a pas répondu la lune, dit le petit garçon, tu crois qu'elle m'entend, c'est son deuxième croissant, quand elle sera pleinement entière et qu'elle me regardera avec ses yeux bienveillants, je découvrirais son secret .… enfin j'espère.

-Tu fais encore ce rêve, mon chéri !!!

- Parle-moi de papa s'il te plaît !

- Il y a quelques années, c'était la folie ; à chaque représentation le public lui jetait des bouquets de fleurs, mais oui des fleurs, je sais c'est curieux pour remercier un jeune pianiste de récompenser son jeu si émouvant par des roses, toujours jaunes, qui représentaient une grande amitié, parfois des jeunes filles lui lançaient une rose rouge ; ces fleurs arrivaient à faire un tapis aux pieds de cet ensorceleur… Germain, ton père pianotait avant de savoir parler et arrivait tant bien que mal, se dandinant vers l'instrument et lorsque ta grand mère se lançait dans des valses, il dansait et ses petits pieds essayaient de suivre la musique.

- Papa est parti trop tôt, dit Arthur !!!  Tu as vu, maman, la photo que j'ai trouvée, c'est lui, il est devenu ami de la lune et quand arrive la nuit, je les imagine tous les deux me dire bonne nuit, avant de m'endormir. Maman raconte encore, encore ...

- J'ai connu ton père au conservatoire, mais après 15 ans de musique classique, il est parti parcourir le monde.

- Il est revenu en France car mamie était malade.

- On s'est revus, puis, peu de temps après, à l'occasion de la saint Valentin (la fête de amoureux), l'opéra avait organisé un concert pour cet événement !!!

- Et c'est là que papa et toi vous vous êtes mariés.

- Oui... malheureusement il était malade, il souffrait beaucoup son cœur battait souvent très fort.

- Et je suis né.. hein .. hein ?

- Oui mon cœur et la suite tu la connais.

- Papa m'avait appris les notes et les gammes, je ne serais jamais aussi doué que lui, dit Arthur, songeur.

- Tu as le temps, le conservatoire m'a confié et que tu étais très prometteur. N'oublie pas que dans quelques semaines, pour Noël, tu participes à une représentation avec l'école. Courage, reprends ton entraînement mon cœur.

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Musique et Danse, #Ecrire sur des photos

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Publié le 4 Décembre 2017

 

 

Le chef d’orchestre se retourne, baisse sa baguette et sourit, amusé. Il ne s’y attendait pas à celle-là ! Le Boléro de Ravel mène à tout ! C’est comme ça quand l’opéra s’exporte hors les murs. Un concert en plein air, la musique prend ses aises. Oh ! Les têtes des mélomanes guindés !

Figurez-vous que, devant la scène, deux jeunes gens se lancent dans un twist furieusement sixties. La robe de la jeune fille virevolte, les genoux du garçon tricotent et détricotent sous le pantalon clair. Spectacle d’autant plus étonnant qu’ils ont un petit air timide très attendrissant, un petit air de romance… charmante. Autour d’eux, la chaleur monte, l’ambiance devient africaine. Peu-être est-ce la couleur de leur peau brune qui provoque cette sensation.. ?

 

En tous cas, leur intervention séduit tous les spectateurs, même les amateurs de musique métal qui lèvent leur poing, index et annulaire dressés, en hurlant « bravo les petits » de leur voix la plus gutturale.

Le Boléro de Ravel a bien du mal à couvrir le vacarme, surtout quand un jazzman s’installe au piano pour une improvisation aussi surréaliste que cette histoire sans queue ni tête.

 

Un accroc dans l’espace-temps, une dimension inconnue, un coup de baguette de Harry Potter, allez savoir…

 

Le délire se poursuit avec le chat à la flûte traversière. Oui, oui, un joli petit matou se dresse devant le chef d’orchestre et joue « Au clair de la lune ».

 

 

La lune l’écoute, se lève, se pose au sommet de la montagne avec son pianiste, lui répond en une cascade de rondes aussi blanches qu’elle.

 

 

 

Un moment de grâce, de poésie absolue, un moment de rêve, dans le fauteuil poussiéreux de l’opéra, porté par le Boléro de Ravel.


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Rédigé par Mado

Publié dans #Musique et Danse, #Ecrire sur des photos

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Publié le 4 Décembre 2017

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