Publié le 18 Novembre 2019
J’ai chaud, je suffoque, la poussière me brûle les yeux. Depuis combien de temps suis-je ici ? Des jours, des mois voire des années que je suis laissé de côté, que l’on m’a posé là puis oublié.
Quelle tristesse, moi qui aie connu la gloire…
J’ai été tant désiré, convoité et admiré. J’ai été capable de faire basculer la vie d’un acteur, du jour au lendemain, de l’ombre à la lumière, de l’anonymat à la notoriété. Merveilleux n’est-ce pas ? Tout ce potentiel en moi, magique et en même temps effrayant. J’ai le pouvoir de changer radicalement la vie de quelqu’un.
Après, à elle ou à lui de voir ce qu’il peut faire avec ce cadeau de la vie : se faire connaître, jouer avec les plus grands réalisateurs, multiplier ses cachets par dix, voyager en jet privé et manger dans les meilleurs restaurants du monde, que sais-je moi ? Faire tout ce qu’on a envie de faire quand on est une star.
Mais alors comment en suis-je arrivé là ?
On m’a fabriqué avec dévotion et, on m’a fait briller, on m’a caché bien à l’abri pour me protéger. Puis j’ai été placé dans un coffre-fort dans le noir avec quelque autres de mes semblables. Ce ne fut pas la meilleure période de ma vie. Je suis claustrophobe.
Puis vint le grand jour de la cérémonie et j’ai revu la lumière, j’ai entendu la musique, j’ai vu la foule, j’ai ressenti l’euphorie. Tout le monde me regardait et m’admirait. Ce fut le plus beau jour de ma vie ; Lorsqu’on m’a déposé dans ses mains ce fut l’apothéose, il me souleva très haut pour que tout le monde puisse me voir : il y eu l’éblouissement des flashs et le tumulte des applaudissements. Comme j’étais fier !
Puis la joie et la fierté de mon propriétaire ont laissé la place à la routine et à l’habitude. En quelques années j’ai changé de place, vitrine éclairée, déménagement, table du salon, déménagement, table du salon, déménagement, étagère dans l’entrée, déménagement, tout en haut au-dessus de l’armoire de la chambre. Plus personne ne me voit ni même ne m’aperçoit. Quelle triste fin de vie.
Mais il faut voir le bon côté des choses, j’ai été heureux, j’ai eu mon heure de gloire.
Merci à toi César de m’avoir permis d’exister.