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Publié le 4 Janvier 2020

Enfin, cinq minutes de tranquillité ; laissez-moi vous raconter. Les studios de la Victorine ont décroché le gros lot : une superproduction digne des meilleures années hollywoodiennes, un film fleuve de près de 3 heures, avec musique symphonique, décors grandioses, pyrotechnie, maquettes sophistiquées plus vraies que nature pour certains plans d’ensemble, trucages, incrustations et images de synthèse, dizaines de figurants et belle brochette d’acteurs, le tout au service d’un remake du fameux « Out of Africa » transposé dans les Alpes-Maritimes.

Les premiers rôles sont confiés par la production à deux acteurs à la mode, héros quotidiens d’une série télévisée à sketches diffusée après le journal de 20 heures sur une chaîne publique. De vous à moi, j’aurais préféré de vraies vedettes de cinéma mais, bon… Et pour la réalisation, moi, après le succès phénoménal de mon deuxième long-métrage « Quelques jours à Nice ».

« Monsieur Benhache ?

  • Ah ! Non ! J’ai dit cinq minutes de tranquillité ! Ca peut attendre, non ?

  • OK ; on attend… Cinq minutes… »

Un chantier et un budget colossaux, à donner des sueurs froides dès le réveil. Pour être franc, depuis six mois que je travaille sur le projet, je ne sais plus ce qu’est une nuit paisible et maintenant que le tournage a débuté, je tiens grâce au Tranxène mais, chut, cela reste entre nous, bien sûr.

Tous les plateaux sont réquisitionnés pour ce film. Une armée de charpentiers, menuisiers et décorateurs a créé les différents intérieurs. Ceux de la ferme m’impressionnent particulièrement ; je ne peux m’empêcher d’y ressentir la présence du beau Robert et de l’énigmatique Meryl. Et pourtant, il va bien falloir coller d’autres visages sur les personnages de Karen et Denys !

« Oh ! Ben ! Tu es là ? On a un problème… ». J’hallucine ! Pas moyen de se poser cinq minutes…

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

Bon, je reprends. Comme chaque jour depuis deux semaines que nous tournons les intérieurs, c’est l’effervescence dans les studios. J’ai beau être le chef d’orchestre, je reste toujours impressionné par le nombre de gens qui collaborent pour la réalisation d’un film : une vraie fourmilière en agitation effrénée ! Et cette agitation reste soudain en suspend, comme par magie, entre mes incantations « Moteur ! » et « Coupez ! ».

C’est fou tout ce qui peut encombrer un décor, hors champs ; le spectateur ne peut pas imaginer ! Caméras et projecteurs, bien entendu, mais aussi perches, micros et enregistreurs, ainsi que tables roulantes des accessoiristes et des maquilleuses, sans parler des chaises pour tout ce petit monde. Mais le pire, ce sont les câbles ! Les haubans soi-disant conçus pour stabiliser les pans de décor mais qui restent à guetter votre tête ou vos jambes dans chaque recoin sombre, et les fils électriques. Ah ! Les fils électriques ! Les kilomètres de fils électriques ! J’en ai attrapé une sueur plus froide que froide quand j’ai lu le poste « Câbles électriques » sur le budget du film. Incroyable ; à l’époque du « sans fil » pour tout et n’importe quoi, pour téléphoner, recharger un mobile ou écouter de la musique, le cinéma, lui, reste à l’ancienne, et les électriciens s’évertuent à étaler leurs spaghettis au sol comme autant de pièges pour les pieds distraits.

« Monsieur Benhache ? On peut vous parler ; ça devient urgent…

  • OK, j’arrive ». J’hallucine ! Quel métier de fou…

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

Bien, revenons au tournage. Bon, aujourd’hui, c’était sans risque majeur : quelques scènes de liaison, deux ou trois dialogues en champs-contrechamps et les figurants à piloter dans les scènes d’ambiance ; ça devait aller. D’ailleurs, j’ai plutôt mieux dormi la nuit dernière.

« Monsieur Benhache ?

  • Oui.

  • Je peux vous parler ?... On a un problème… »

Le ton de voix et l’hésitation de mon premier assistant me font frémir ; on doit avoir un gros problème…

« Voilà… En rentrant sur le plateau 3, pour préparer la scène 14, Monsieur Jean a trébuché dans les câbles…

  • Et ?

  • Et il a fait une mauvaise chute…

  • Et ?

  • Et il a entraîné trois projecteurs dans sa chute…

  • Et ?

  • Les projos, ça va aller, on a de la réserve… »

Les projecteurs, je m‘en moque ! Mais à voir sa tête, je crains le pire.

« Et Jean ?

  • Là, il est à l’infirmerie des Studios… C’est pas joli, joli…

  • Mais quelle nouille ! »

Il a beau tenter de me ménager, ce brave assistant, sa dernière réplique me glace le sang. Je me rassieds prestement et respire à fond cinq fois avant de le suivre.

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

Une vision d’horreur m’attend à l’infirmerie : l’acteur esquisse une grimace en guise de salut et s’avance en boitillant. Il arbore un magnifique œil au beurre noir et d’autres hématomes, sa pommette cramoisie a doublé de volume. Au premier coup d’œil, c’est un cauchemar pour les maquilleurs ! Jean bredouille quelques excuses, tente de me rassurer sur son état et me demande juste un peu de temps pour se remettre de son choc.

Je retourne dans ma loge, suivi de mon fidèle assistant qui a au moins le tact de garder le silence. Je me verse une bonne dose de whisky, mon remède de crise pour éviter le syndrome de la rate au court-bouillon. Que faire ? Tout le monde est déjà en place. Le budget du film avait jusqu’ici à peu près normalement dérapé, sans excès ; mais on ne peut pas se permettre quinze jours d’arrêt. Alors ? Adapter le scénario ? Changer d’acteur ? Mission impossible ! La production ne suivra pas ! Surtout, rester calme et réfléchir…
 

« Monsieur Benhache…

  • Attends. Laisse-moi réfléchir… »

Tourner malgré tout les scènes du jour, mais sans contre-champs, histoire de ne pas sombrer dans le film d’horreur ? Non, rien de tout cela ne fonctionne. Il me faut mon acteur, un point c’est tout !

Pour éviter la panique, je me réfugie dans le scénario, je consulte fébrilement le planning, je jette un œil au budget, je brasse du papier ; c’est plutôt la brasse coulée dans les papiers…

« Monsieur Benhache, on a peut-être une solution… »

Mais on frappe à ma loge. Ce n’est vraiment pas le moment ! Je réprime un juron, me précipite à la porte que j’ouvre plus violemment que souhaité, prêt à déverser toute mon angoisse sur le premier venu.

Et je reste stupéfait. J’hallucine ! Ma détresse s’évanouit instantanément : devant moi se tient un Jean souriant, indemne de tout hématome et… rajeuni de… cinq ans peut-être. Miracle ou exploit des maquilleurs ?

« Monsieur Benhache ? Je ne suis jamais très loin lors des tournages de Jean. Alors me voilà ! Qu’est-ce qu’on tourne aujourd’hui ? Vous pouvez me passer un script, celui de Jean est tout taché… »

L’assurance désinvolte du personnage me déconcerte. Oui, bien sûr, physiquement, il pourrait convenir ; avec un brin de maquillage, le spectateur n’y verra rien. Mais… pour ce qui est du jeu d’acteur…

« Mais je me présente, Marc, le frère jumeau de ce maladroit de Jean. Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude, je le remplace de temps en temps. Et personne ne s’en est plaint pour la série TV… Vous pouvez me passer un script ? ».

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

Voilà. Quinze jours ont passé. La production a suivi. Le planning a été tenu. Le tournage s’est bien passé, c’est-à-dire jamais comme prévu mais avec des remèdes à tous les aléas. Les électriciens rangent leurs nouilles au mieux. Jean est maintenant maquillable ; il reprend son personnage. Et moi, je ne tournerai plus qu’avec lui… et sa doublure miracle. Mais, chut, cela reste entre nous bien sûr ; le spectateur ne doit rien savoir…


 

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Rédigé par Benoît

Publié dans #Cinéma

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Publié le 27 Décembre 2019

Jeune comédien venant de Lille, je débarquais sur le quai de la gare de Nice, dans ma poche une adresse et un nom écrits sur une carte de visite. Je repérais un taxi qui me conduisit à l’adresse indiquée.

Et voilà, me voila seul devant ce lieu magique qui allait peut-être m’ouvrir les portes du succès.

L’entrée, une invitation à rentrer de plain-pied dans le monde de l’irréel. Un grand portique blanc et sur son fronton, en lettres bleues comme une formule magique, « Studios de la Victorine ». Je n’ai jamais su qui était Victorine… les deux palmiers plantés de chaque côté semblaient monter la garde et nous rappelaient qu’ici nous étions dans le sud alors, on évite les questions.

Je restais un moment à contempler ce rêve, mon rêve, quand une voix me sortit de ma rêverie :

  • Vous désirez ?

C’était le gardien, je lui expliquais qui j’étais et le pourquoi de ma présence.

Il m’indiqua l’emplacement du studio, deuxième rue sur votre gauche.

Devant moi une sorte d’avenue bordée de bâtiments grimpait vers le sommet. Elle devint pour moi la voie sacrée tapissée de rouge version Cannes ; j’arrivais devant le bâtiment sur lequel était écrit en grosses lettres Studio de tournage.

A peine rentré, le metteur en scène m’accueillit les bras ouverts. Enfin vous voilà, votre loge est au fond derrière le décor. Ma loge, enfin une table, une chaise, loin de ce que j’avais imaginé. Je me regardais dans la glace auréolée de lumière, j’y étais mon premier rôle.

Mon premier rôle dont j’ignorais le scenario ! Au téléphone le metteur en scène m’avait rassuré :

  • Tu verras c’est simple, le scenario tient en quatre pages

En effet, sur la table quatre feuillets semblaient m’attendre. Fébrile, je les ai pris. Le titre me surprit.. « Meurtre à la Victorine ».. j’ignorais que j’allais jouer dans un policier.

Au fur et à meure que j’avançais dans ma lecture, une sueur glaciale me coulait dans le dos. Je relus plusieurs fois pour être sûr de bien comprendre mon rôle. Je devais simplement mourir et pour que cela soit réaliste l’acteur principal devait m’assassiner avec un couteau.

Mon premier rôle serait le dernier. Aussi, quand le metteur en scène cria ‘‘on se dépêche, on va tourner’’, je pris mes jambes à mon cou, oubliant mon rêve, le tapis rouge, les palmiers et le soleil. Je bondis dans le premier taxi pour la gare, pour fuir les projecteurs de la gloire et retrouver la simplicité de l’ombre de ma vie.

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Rédigé par Bernard

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Publié le 26 Décembre 2019

C'était une idée qui lui trottait dans la tête depuis son enfance. Que de livres lus, de films regardés avec son grand père. Sa grand-mère, durant le festival de Cannes, était secrétaire au bureau des artistes, dans l'ancien Palais, alors le petit garçon avait le droit d'assister à des cocktails ou, se faisant "invisible", à des prises de vues dans la rue pour de futurs films. Puis un jour, le jeune homme a eu l'opportunité de rentrer dans le cercle fermé de la production d'un film à petit budget mais bon, il y a un commencement à tout.

Jules gravit les échelons, il servait du café à droite, à gauche aux acteurs .… Puis devint figurant dans " Le Coup du Parapluie" avec Pierre Richard.

 

Un jour, Jean-Pierre Mocky le remarqua pour des films tournés à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.

Ceci était amusant, son physique très agréable de jeune premier brun aux yeux noirs, lui avait permis d'obtenir un petit rôle, le metteur en scène le précipita dans les Studios de la Victorine à Nice dont la renommée est immense.

Epoque féerique de décors, de montages, d'ambiance folle, des gens déguisés courant dans tous les sens.

En fait, cet endroit a été l'élément déclenchant : devenir metteur en scène, faire tourner les autres, de l'empathie pour certains, tolérance et patience pour certaines actrices capricieuses etc... mais toujours à l'écoute de ses acteurs. Enfin, tout un monde à découvrir dans ces Studios !!

Son prochain film sera la découverte d'un monde égalitaire ou les personnages d'ethnie, de couleur, de société différentes, se retrouveraient afin de construire le monde de demain. Visionnaire, idéaliste peut être naïf, ce qui faisait son charme.

 

Elodie et Sébastien, ses acteurs principaux, doivent faire la rencontre d'un petit garçon, Pierre, débrouillard, vif mais pas encore à l'écoute de son rôle.

Le matin du premier clap arrive, on est lundi 8 heures, le garçonnet doit être présent pour la première scène.

-  On arrête ! dit la première assistante, il n'est pas là !!

-  Bon ! scène suivante, dit Jules, on se dépêche, on perd du temps.. Silence on tourne..

Les acteurs enchaînent les répliques.                                                  

Soudain déboule Pierre, un gros coffret dans les mains.

- Regardez ce que j'ai trouvé, dit-il à qui veut l'entendre.

Mais personne ne prête attention à cette intrusion inopinée.

-  Pause déjeuner, dit l'assistant dans le haut parleur.

Jules, agrippe Pierre par son vêtement.

- Qu'est ce qui c'est passé, tu es inconscient, c'est grave.

-  Regardez ce que j'ai trouvé, dit l'enfant....

 

Du haut de ses dix ans, Pierre est curieux, c'est vrai, mais parfois la curiosité n'est pas un vilain défaut. Elodie, Sébastien et la jeune stagiaire Madeleine entendant les invectives du metteur en scène, accourent.

Le jeune garçon tient dans ses mains un coffret en bois qu'il vient de déterrer près de ce qu'il reste d'une ancienne piscine à moitié ensevelie.

Plein de terre, éventré, crasseux, à moitié ouvert.... Suspense.... Pierre, aidé de Jules, en viennent à bout.

Oh ! L'odeur des photos jaunies ! Des bouts de tissu tachés et une lettre, une sorte de script...

Intéressant, dit Monsieur Benoit comme il aime être surnommé ; le producteur du film s'était approché de ce petit monde.

Il demande à l'enfant la permission de prendre l'objet afin de s'imprégner de cette découverte.

-  Juste ciel ! dit il. Regardez, c'est un scoop, une relique avant de lire la lettre.

 

Moi Léo JOANNON, metteur en scène dirige depuis quelques mois en l'année 1951, le film "ATOLL K", avec comme principaux acteurs américains : Mr Arthur Stanley Jefferson dit Stan et de Mr Oliver Hardy.

C'est une joie et un immense bonheur de pouvoir exercer mon métier dans l’entreprise que sont les studios de la Victorine.

Nous avons fait des miracles en prenant possession de cette piscine pour une scène sensée se dérouler en mer dans une terrible tempête, mais les disponibilités du personnel, les locaux et même le temps.. ( il pleuvait des cordes), se sont mis de la partie.

 

Les autres documents, photos, reliques, conservés dans ce coffret, rescapés depuis soixante-dix ans, attestent la présence de cette équipe.

-  Qu'est ce qu'on fait ? demande Pierre.

Avec précaution Mr Benoît ramasse tout ce qui concerne l'objet et décide de l'apporter à la direction des Studios, afin, il l'espère, que le musée de la Victorine en fasse bon usage.

Qui aurait cru que ce couple d'humoristes américains célèbres aurait foulé le sol de Nice dans les années 1950.. Vingt-cinq ans de carrière, une centaine de films, passant du muet au parlant à partir de 1929 avec tout autant de talent !

 

Le monde du cinéma est surprenant ..... 

 

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Cinéma

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Publié le 22 Décembre 2019

6 heures du matin, enfin presque.

On attend Titi Lupin un parisien côté dans le milieu du cinéma, pour monter à la Victorine.

 

Sur les marches du Méridien, délavées par l'orage, un parapluie s'ouvre, noir.

Enroulée dans son écharpe de soie rouge* et lunettée Guess, Mélanie jette un regard vert et furtif sur la marche la plus basse, celle qui nargue le trottoir.

 

Titi Lupin, elle ne le connaît que par SMS.

Comme elle voudrait faire bonne figure, elle n'a pas maquillé son visage pour juste, se montrer femme aux deux sourires*.

Par contre, elle a mis ses beaux talons aiguilles pour rehausser son petit moins que rien.

De son court pull mohair s'échappe le brillant de son piercing, cailloux d'un souvenir cuisant de son mentor.

 

6 H 30 Mélanie reçoit un message de son metteur en scène.

Pas le temps de décrocher son portable, plus de batterie.

On va attendre encore un peu. C'est sûrement à cause des grèves.

Trop long. Mélanie a froid. Elle aurait dû mettre son joli manteau cerise.

Mais non, elle est plus sexy comme ça et surtout elle ne veut pas cacher son nombril.

 

Il paraît que Titi Lupin a beaucoup d'humour, un gentleman aux talents plein les poches, volés à son grand-père.

 

7 H Mélanie ferme son parapluie. Il ne pleut plus.

Combien de marches ? Elle en comptera 10 jusqu'à la dernière, vous savez celle qui nargue le trottoir.

Elle se sent obligé d'aborder tout de suite le problème.

Plus bas, elle pourra mieux distinguer le coin de la rue et apercevoir le taxi qui livre enfin notre cher Titi Lupin, à bon port.

Avec une attention toute particulière, elle commence à descendre les marches irrégulières et glissantes. Encore un coup d’œil à gauche et... ah le voilà !

 

Mais quel beau jeune homme tout en prestance et l'allant parfait du monsieur Je sais tout.

Mélanie en reste… là... sur le bord de l'escalier, elle bascule.

Adieu veaux vaches cochons et même les 36 chandelles.

Elle tombe dans des bras prêts à tout. Est ce que le hasard ferait des miracles* ?

Titi LUPIN réussira-t-il à trouver Larsen dans son percing ?

 

A SUIVRE..

*trois œuvres de Maurice Leblanc alias Arsène Lupin

 

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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Cinéma

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Publié le 20 Décembre 2019

Journées Portes Ouvertes de la Victorine aujourd’hui. Charly se faufile dans la foule agglutinée devant l’atelier de menuiserie, contourne le bâtiment, s’assied là, pour jouir du paysage.

Devant lui, le calme, la mer bleue. Les divers bâtiments de la Victorine sont investis par des hordes bruyantes… trop de monde… son âme s’éparpille. Il préfère s’éloigner de ce tapage, rêvasser, se retrouver. Sa main caresse l’herbe maigre auprès de lui, heurte un objet, une galette en métal… une bobine de film !

Que fait-elle là… ?

Son premier réflexe est de se précipiter pour la remettre à un responsable des studios. Il se lève… hésite… Pas de précipitation. Elle ne sembla manquer à personne cette bobine.. elle est vieille, sale… maculée de terre, un peu rouillée ; ça doit faire pas mal de temps qu’elle traîne derrière l’atelier de menuiserie, oubliée de tous.

Charly la glisse dans sa ceinture, referme bien sa chemise par dessus, repart en espérant se composer un air innocent, une présence transparente de badaud. Il évite de regarder les hommes de la sécurité, retourne rapidement vers la sortie, presque en apnée, franchit enfin le grand portique blanc, retrouve la faculté de respirer, ouf !

Dans la quiétude de son appartement tout proche, il peut prendre le temps de détailler la bobine. Pas d’indication, pas de titre. Mais il va vite en savoir plus grâce au matériel de projection hérité de son vieil oncle, projectionniste en son temps au cinéma Idéal, rue maréchal Joffre à Nice, dont il ne reste aujourd’hui que la façade joliment restaurée. Charly installe le matériel, tire les rideaux, charge la bobine. Un vieux film en noir et blanc, hachuré de zébrures, défile sur le mur du salon. Des personnages s’agitent en mode accéléré. Le film est muet. Soudain, Charlot apparaît, avance en gesticulant avec une clé à molette…

 

Tiens, ça me rappelle quelque chose… encore un extrait des Temps modernes.. ? Gros plan sur le visage, comme s’il cherchait à sortir de l’écran.. Ah, non ! Il l’a déjà fait ce coup-là quelque part dans ce recueil…

 

Charlot vocifère en silence, fixe Charly, cherche à lui dire quelque chose. Il lui montre du doigt un détail au fond de l’image, derrière lui… Un détail coloré dans le paysage en noir et blanc… Loin dans la perspective, un minuscule personnage traverse le décor. Vite, des lunettes, une loupe, quelque chose pour agrandir.. Zoom sur la focale du projecteur, l’image se précise.. Brigitte Bardot en bikini vichy rose se promène dans le film de Charlot ! Elle tourne la tête vers lui, lui adresse un clin d’œil mutin et disparaît derrière le bord de l’image. Sa silhouette s’enfuit des regards éberlués de Charlot et Charly, puis le mot ‘‘FIN’’ remplit l’écran. Charly se frotte les yeux… se gratte la tête… rembobine la bobine, revisionne… Il n’a pas rêvé.. scène identique. En voilà une énigme !

Le jeune homme lance une recherche sur Internet. Film BB - Charlot.. Aucun résultat, bien sûr ! Peut-être sur le site de l’Ina.. ? Que dalle ! Retourner à la Victorine pour avoir une explication ? Les Portes Ouvertes ne se sont pas encore refermées. Il a le temps de s’y rendre. L’essentiel étant de ne pas se faire prendre avec la bobine. Un comble ! Va falloir ruser pour la réintégrer dans le site ! La planque dans la ceinture du pantalon ayant fait ses preuves, Charly opte pour cette solution, risquée certes, mais moins que le sac à dos qui sera fouillé à l’entrée.

Le grand portique blanc lui semble menaçant à présent. Les palmiers qui l’entourent se penchent vers lui, inquisiteurs. Barrière.. vigile… sac à dos… c’est bon, allez-y… ouf !

Poussé par une énigmatique intuition, Charly repart vers l’atelier de menuiserie, le contourne, s’assied exactement au même endroit que ce matin. Près de lui, la trace de la bobine, un cercle dans l’herbe couchée et jaunie. Picotement sournois dans la nuque, un drôle de truc se tortille dans son ventre… Bobine maléfique… Il la pose délicatement, comme pour éviter de la réveiller, dans l’empreinte qu’elle a laissée, décide de s’en aller sans demander son reste quand une voix murmure :

Tu ne peux pas, c’est trop tard, tu en es à présent..

Cœur en vrille tombé droit dans les genoux, système pileux hérissé sur un frisson d’épouvante. Il scrute autour de lui. Il est seul. Seul derrière le bâtiment, cerné de crépuscule.

Ne crains rien, susurre la voix, tu es juste de l’autre côté, du côté magique, irréel, fantastique du cinéma. Moi, je suis l’atelier de menuiserie. Souviens-toi, la fée-ciné m’a donné la parole pour les Journées Portes Ouvertes, mais ne peuvent l’entendre que ceux qui sont passés de l’autre côté, comme toi. Reprends la bobine, apporte-la à la régie, tu comprendras ton destin.

Charly, incapable d’une pensée rationnelle, obéit. A la régie, on l’accueille chaleureusement. La bobine est installée, le projectionniste jubile. Le film se déroule, Charlot arrive avec sa clé à molette, BB suit dans son bikini, puis Charly s’avance, un canotier sur la tête, blouson en jean sur le dos.

Eurêka ! On a trouvé notre détective ! s’écrie le projectionniste.

Charly, effaré, le regarde sans comprendre.

Quel détective ? Je ne sais pas ce qui se passe. L’atelier de menuiserie m’a parlé, je suis dans la bobine, c’est quoi ce délire ? demande-t-il, la voix enrouée.

C’est la fée-ciné. Elle rôde à la Victorine, en ce moment. Elle t’a choisi pour le premier rôle d’une série que nous allons tourner ici. Comme Colombo et son imper, ou capitaine Marleau et sa chapka, tu seras Charly, le détective au canotier et blouson en jean. La bobine, c’est sa façon de communiquer avec nous. C’est comme ça qu’ont débuté Charlot et BB. C’est à ton tour aujourd’hui.

Vous me faites marcher.. !

Pas du tout. Tu sais bien que tout est possible au cinéma. C’est comme dans les livres, tout peut arriver, il suffit de le décider… ou d’inventer une fée-ciné pour s’amuser… n’est-ce pas, ‘‘écrivante’’ de l’atelier ?

 

Zut, je suis démasquée. Je repars à nouveau sur la pointe des pieds derrière l’écran de mon PC, derrière la page de mon cahier...

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 17 Décembre 2019

Nouvelle sélectionnée lors du Concours de la Nouvelle Sénior 2019 à Nice

 

Ils étaient venus, ils étaient tous là**, réunis autour de Louis Nalpas et Serge Sandberg, deux producteurs, créateurs de la Victorine dont ils avaient accompagné les premiers pas, et fait tourner la tête tant et tant de fois.  

 

Combien de journées échevelées n'avaient-ils pas vécues ensemble ! Combien de tensions et de griseries aussi. 

 

Dans leurs yeux, le passé, ses ombres, ses lumières, et dans la boîte à trésors de la Victorine - leur hôtesse -, cent ans de souvenirs, dont elle égrenait le chapelet avec joie et mélancolie pour le plus grand plaisir de ses hôtes - scénaristes, actrices, acteurs, metteurs en scène et autres passionnés de cinéma qui, pour certain(e)s, lui devaient leur célébrité -.   

 

Alors qu'ils se pressaient autour d'elle, attentifs aux moindres anecdotes pouvant leur rappeler leur jeunesse, elle s'approcha de Louise Lagrange et lui offrit une Orchidée en esquissant un pas de danse, puis, reconnaissant  Prévert, Carné, Christian Jaque, Vadim, Truffaut, et même les boucles noires exubérantes d'Alla Nazimova - la star entre les stars du cinéma muet -,  elle leur lança un sourire.

 

Ah, la fameuse Alla au corps serpentin, et ses inimitables œillades ! Elle la revoyait pendant le tournage de "La Dame aux camélias", chaloupant langoureusement dans l'escalier d'honneur parmi une foule d'invités en habits d'apparat, puis s'installant dans le salon du Comte de Varville, leur pygmalion d'un soir incarné par Arthur Hoyt.

 

"Oiseau de nuit, aurore passagère, désirée de tous", Alla, dans le rôle principal, attirait tous les regards, dont celui de Rudolph Valentino, dans le rôle d'Armand Duval, qui ne tarda pas à succomber à son magnétisme. Ses sentiments pour elle allaient-ils trouver un écho ?  Suspense ! Car, comme chacun sait, souvent Amour varie, et les chemins qu'il emprunte sont mystérieux.  

 

Profondément émue, en repensant à ce tournage qui avait semblé si éprouvant pour l'héroïne, la Victorine écrasa une larme furtive.

 

Dans quels états ne s'était-elle pas mise alors pour rehausser ses atours ? Décors modernes et stylisés, fenêtres en forme de hublots, dentelle de toiles d'araignée suspendue au dessus des amoureux pour illustrer le piège dans lequel ils allaient finir par tomber.

 

Depuis, combien d'eau avait coulé dans son Paillon natal, combien de vagues l'avaient bercée, combien de mouettes, goélands et cigales lui avaient récité leurs journées, lui offrant sans compter leurs bouquets de rêves, et lui vantant les délices de la Méditerranée, berceau de tant d'artistes, tant de pinceaux et de plumes ?

 

Ne fallait-il pas continuer à célébrer ses richesses, ses cadres magiques, intérieurs ou extérieurs, sur fond de mer et montagnes, torrents et rivières, lauriers et mimosas, rues tortueuses, villas désuètes ou cossues, châteaux ou folies, vallées et solitudes rocailleuses, où l'azur semblait avoir inventé la lumière et vouloir la réinventer chaque jour ; où, selon les heures, les couleurs naissaient, hésitaient, tremblaient, rivalisaient de légèreté et douceur, sublimant parfums et saveurs ; où terre, mer et ciel étaient aquarelles.

 

Sentant la nostalgie l'envahir, elle se ressaisit, demanda l'attention de ses hôtes, et prit la parole :

 

"- Chères amies, chers amis,

Vous ne pouvez imaginer à quel point je suis touchée de vous voir si nombreux ici ce soir, pour célébrer mes cent ans.  C'est un immense honneur que vous me faites.

Du fond du cœur : Merci !   

 

"Je ne vous infligerai pas un long discours ; laissez-moi simplement souligner la présence parmi nous de Monsieur Tati, que vous connaissez tous bien."

 

"Grand poète de la pellicule, Monsieur Tati a eu l'extrême gentillesse d'organiser le tournage du film auquel nous allons assister, dans un instant - un film se jouant du temps et surtout de mon passé, qu'il s'agit, non pas d'enterrer, mais de faire vivre et revivre -.

 

Merci, Monsieur Tati, et, encore une fois, merci à toutes et à tous d'être là ! "

 

Trois coups retentirent sur le plateau dont le rideau s'ouvrit lentement, et une caméra se braqua sur des personnages hétéroclites vêtus, qui selon la mode des années 1920, qui selon celle des années 50, voire 60, 70 ou plus, jusqu'à nos jours. A chaque époque sa façon de s'habiller, se maquiller, s'exprimer, se mouvoir.

 

La surprise fut telle, que le silence se fit immédiatement, uniquement interrompu, au fil du tournage, par une succession de musiques, bruitages, effets spéciaux, monologues ou dialogues, selon les époques revisitées.   

 

Mises en lumière tour à tour par le chef électro, tandis que défilaient en surtitrage les noms des différents films exhumés pour l'occasion, les stars concernées, installées sur des plateaux mobiles apparaissant ou disparaissant selon les instructions du régisseur,  en réinterprétèrent les moments cultes.

 

Au fil de leurs gestes, mimiques, mots ou cascades, se devinaient sur les visages des spectateurs, joie, émerveillement, tristesse, rires, ou cris de frayeur sagement réprimés, afin que chacun put s'imprégner du jeu des acteurs et lire, à mesure que se déroulait le tournage :

 

"Elle en a vu la Victorine, la belle, l'unique, la divine Victorine, depuis son Âtre muet, jusqu'à son Beau rivage, en passant par les Visiteurs du soir, et les Enfants du paradis faisant l'Ecole buissonnière, jetant Des Fleurs sur la mer, et des Confettis, avec Manon, et puis Fanfan ; Fanfan et sa Tulipe, et même Mon oncle...

 

Allaient-ils à Monte Carlo, goûter aux Jeux interdits, ou à Macao, l'enfer du jeu ?

 

Ah ! devenir Crésus, s'offrir mille Sacs de billes, fuir le Gendarme de Saint Trop, vivre d'Amour et d'eau fraîche, se rouler dans les Sables, sous La Lumière d'été, au goût d'éternité ; et partir, partir, vers l'Ile d'amour, en rêvant de Madame Récamier.

 

Partir sur Le Bateau d'Emile, en pleine Mare Nostrum, savourer La Vie de bohème telle Une Anglaise romantique, l'Arlésienne, la Folle de Chaillot, ou encore Félicie...

 

Mais, chut ! Les Enfants regardent... ! Au revoir  l'An 40, Le Corniaud, Le Masque de fer, échoués sur une Ile sans amour, avec le Diable au cœur.

 

Au revoir, et surtout,  Ne nous fâchons pas, autant en emporte le temps...

 

D'ailleurs, que lui importe le temps, L'Âge sans pitié, à la belle, l'unique, la divine Victorine ! Qu'il ose lui mettre La main au collet, le temps ! S'imaginer pouvoir un jour, une nuit peut-être, - fût-ce une Nuit du vendredi 13 - Cracher sur sa tombe !

 

Le passé va, le passé vient, mais Le Passé ne meurt pas, et elle ne mourra pas non plus, la belle, l'unique, la divine Victorine, car pour elle, la flèche du temps est une ronde, et son cœur jamais, au grand jamais, elle ne le laissera battre La Chamade, encore moins battre en retraite. Non, son cœur, il continuera à battre, battre encore, battre toujours, comme un tambour, au rythme de ses succès passés et futurs, non loin de sa Baie des anges,  son Beau rivage, où l'on a vu flâner Don Quichotte, Brice de Nice, Romanetti, Catherine, Tarakanova.

 

Tandis que se refermait le rideau et s'éteignaient les caméras, la Victorine, rayonnante,  rangea sa boîte à trésors, puis après avoir rendu hommage à ses fondateurs, créateurs, stars, mécènes et tous ceux et celles sans qui elle n'aurait jamais pu exister, les invita à célébrer avec elle tous ses prochains anniversaires, Arbres de Noël, et autres Nuits américaines, en promettant leur Eternel retour :

 

Un éternel retour auquel chacun se prit à croire, lorsque apparut, dans un grand tourbillon, sous une pluie d'étoiles, Jeanne Moreau, chantant d'une voix chaude et sensuelle :

 

"Elle en a vu la Victorine,

l'unique, la belle, la divine Victorine

près de la Grande Bleue, perchée sur sa colline.

Elle en a vu tourner des stars et des bobines...

 

Et maintenant, elle sait tant et tant de choses

que pour elle, on se prend à rêver, on ose

imaginer mil et une métamorphoses,

un futur enchanteur, un avenir grandiose

 

digne du septième art qu'elle n'a jamais cessé

d'aimer, chanter, célébrer depuis qu'elle est née,

courtisée par les six autres arts, ses aînés,

se nourrissant de rêve et de réalité.

 

Ah ! briller avec elle, voir ses soleils d'or

scintiller dans les yeux, sublimer les corps,

toucher l'invisible, ses multiples aurores,

transformer le monde en mille métaphores,

 

réfléchir sur la vie, à travers ses miroirs,

reflets de nos âmes quelquefois si noires,

en pleurer, en rire, s'imprégner d'histoires, 

en tourner les pages, grises ou jubilatoires.

 

Elle en a vu la Victorine,

l'unique, la belle, la divine Victorine.

Du haut de ses cent ans, depuis son origine,

c'est le temps qu'elle dessine, nos vies qu'elle illumine."

 

Ces derniers mots à peine éteints sur ses lèvres, chacun trinqua à la santé de la Victorine, et, reprenant cette chanson à sa façon, se mit à danser avec son voisin, sa voisine. C'était un très joli soir, un joli soir d'été***

 

Qu'importaient les aiguilles du temps ! Oui, la Victorine qui, pendant des années, avait si bien su faire honneur à Nissa la Bella, son grand soleil d'or, ses accents du sud,  méritait de vivre et revivre, d'avoir de nouveaux amoureux, prêts à la faire tourner, tourner encore, tourner toujours.

 

 ***

 

* Les passages en italique et parfois aussi en caractères gras, correspondent aux titres de films tournés à la Victorine, ou à des paroles extraites de ces films. Si un certain nombre desdits films ont été cités ici, le but n'a pas été d'en dresser une liste exhaustive

 

** clin d'oeil à Charles Aznavour : cf sa chanson "Ils sont venus, ils sont tous là"...

 

*** clin d'oeil à Jacques Prévert :  cf "A l'enterrement d'une feuille morte".

 

 

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Rédigé par Jacqueline

Publié dans #Cinéma

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Publié le 17 Décembre 2019

Il est six heures,  la lune s'endort,

le soleil sort, les volets s'ouvrent,

les portes baillent, Nice s'étire ;

la mer chante, les galets applaudissent,

la promenade s'éveille, les joggers joggent,

un chiwawa trotte, et sa maîtresse en laisse ;

les deux roues slaloment, le jour s'étend,

les chaises s'allongent.

 

Sur la Colline, au cimetière,

à l'ombre de l'Histoire, les pierres songent.

Gambetta, Lautner, Goscinny et les autres,

où êtes-vous ? Les âmes vagabondent,

le château se terre, le petit train sifflote, 

on s'aère, on batifole, 

en bas, au monument aux morts,

vent de souvenirs, recueillement,

les esprits planent, les chapeaux volent.  

 

Dans les bras de la baie des anges,

le ciel se mire, le ciel s'admire :

bleu Chagall, bleu Matisse,

sirènes de Dufy, reflets de Klein... 

Au loin, les voiliers dansent,

la Corse, l'Espagne sourient,

l'Italie aussi.

 

D'est en ouest, dans les rues,

des quatre roues vrombissent,

les vitrines s'animent, les cafés s'attablent,

odeurs de croissants et petits noirs.

Les trottoirs s'étalent,

des gens courent, d'autres flânent.

 

Gare du Sud, ambiance Lisboa.

Libération, Cours Saleya,

dans le giron des saisons,

les marchés s'égosillent.

Valse des sens, bouquets de légumes, 

farandoles de fruits...

les yeux salivent, les fleurs se pâment.

De l'étal des poissonniers

s'envolent des cris, des poissons,

des goélands gloutons.

 

Place du Palais, la Justice s'agite,

effets de manches en coulisses.

Place Sainte Réparate,

arts en tous genres des âmes et des corps.

Sainte Gourmandise, pardonnez nos péchés,

priez sous les clochers.

 

Place Garibaldi, rue de la République,

chorégraphie urbaine.

Rue Bonaparte, Vieux Nice, rue piétonne,

bistros, bars, cafés, restos, jazz,

tentations en tous coins, accents de toutes couleurs,

spectacles de rues, sens sens dessus dessous.

Nice s'ébaudit, Nice s'encanaille,

d'un théâtre l'autre, du port aux Arènes,

du kiosque à musique à l'Opéra,

La beauté est une fête,  Nice un slow, un blues,

un slam, un tango, un requiem, une symphonie.

 

Sur le Paillon ciel dans l'eau, immeubles renversés.

Place Masséna, Apollon médite, Apollon regarde

la foule pressée, pendant que certains scrutent

ce qu'un papillon voilerait.

Décence oblige ou préjugés :

à tête bien faite, pièces discrètes...

De ce trop peu, Apollon s'excuse, quoique...

Merci les Grecs.

 

Porte Fausse, la fontaine chantonne :

"Que Nice s'éveille,

que Nice s'étire ou se retire,

il y est toujours l'heure

d'y savourer la vie,

d'y goûter au bonheur.

Que Nice s'éveille,

que Nice s'étire ou se retire,

laissez passer les souvenirs,

laissez parler les rêves"

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Rédigé par Jacqueline

Publié dans #Cinéma

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Publié le 16 Décembre 2019

Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Cinéma

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Publié le 16 Décembre 2019

ATELIER 10 : NOUVELLES EN ATELIER

 

La nouvelle en atelier. Deux paragraphes par séance.

 

L’HISTOIRE SE PASSE AUX STUDIOS DE LA VICTORINE

 

Atelier 10-b : la suite

 

1) Selon le contenu du dernier paragraphe (voir atelier 10-a), imaginez les conséquences sur le tournage et la suite de votre histoire. Gardez, si possible, pour cadre les studios de la Victorine, concoctez quelques péripéties, mettez-y du suspense… et terminez votre histoire comme vous voulez.

 

2) Pour éclaircir cette affaire (voir atelier 10-a), vous menez l’enquête. Racontez vos péripéties, mettez-y du suspense. Gardez, si possible, pour cadre les studios de la Victorine et terminez votre histoire comme vous voulez.

 

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Cinéma

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Publié le 10 Décembre 2019

WESTERN – cheval – chapeau – cow-boy – sueur – saloon – barbe – colt – gabardine – récompense – shérif – cigarette – hors-la-loi – prison

 

Western, ça me fait penser bien sûr au cinéma. Les bons d’un côté, les truands de l’autre… et la brute alors ? Elle est pour le moment assise au comptoir, sur un immense tabouret de bar dans un saloon enfumé. Son cheval est attaché devant les portes battantes à clairevoie. Elle (la brute) sirote un whisky et tire sur sa clope en alternance.

Le shérif rentre, son étoile récemment astiquée brille sur sa poitrine. Son colt est bien accroché à sa ceinture. Il apporte une affichette sur laquelle la photo du hors-la-loi (aujourd’hui on dirait un délinquant) surplombe le montant de la récompense versée à qui le rapportera mort ou vif bien entendu.

Le shérif apercevant la brute tranquille lui décoche un regard chargé de suspicion. Le tout enrobé d’un air lancinant joué à l’harmonica.

Mais même avec la musique, on pourrait entendre une mouche voler.

 

 

DESSIN ANIME – image – couleur – rire – Walt Disney – animal – féerie – rêve – gag – divertissement – enfance – happy end

 

C’était quand j’avais été sage… autant dire que ça ne dépendait que de moi en fait -je le réalise maintenant- que mon père me prenait par la main pour traverser le « babazouk » et après une marche d’une vingtaine de minutes, on arrivait de l’autre côté de la colline du Château, direct dans la queue du ro

C’était parti pour le dernier Walt Disney à l’affiche. Un moment de joie, de rêve, de rire et de fantaisie. Des animaux qui parlaient. Des histoires simples, mais toujours un peu moralisatrices quand même. Et oui, Bambi n’a pas écouté sa maman et il se retrouve dans la forêt en flammes. Et oui, Blanche Neige a mangé une pomme que lui avait donnée sa belle-mère et elle en fait un malaise. Et oui, le Petit Chaperon Rouge discute avec le loup et il se retrouve en mauvaise posture arrivé chez sa Mère-Grand. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Que des ennuis.

Mais bon, il y avait toujours un heureux dénouement et tous ces dessins animés ont enchanté mon enfance.

 

 

FESTIVAL DE CANNES – tapis rouge – starlettes – limousines – spots – acclamations – foule – réalisateurs – applaudissements – film – robe de soirée – paillettes – service d’ordre - smoking – paparazzi – journalistes

 

« LE » Festival. Celui qui cause des embouteillages à n’en plus finir. Qui draine sur un tout petit territoire la planète cinéma. Des foules massées derrière les barrières pour tenter d’apercevoir quelques starlettes déversées au bord du tapis rouge, bardées de bijoux, sanglées –ou non- dans leurs robes à perles cousues sur des tissus chatoyants, maquillées comme des voitures volées, aux sourires tellement crispés qu’ils ne paraissent pas vraiment naturels. Les vraies stars se montrent plus discrètes, je dirais plus naturelles ; l’habitude des caméras sans nul doute.

L’histoire se répète année après année, pour soutenir et encourager cette industrie du cinéma, ces films qui nous feront rêver, pleurer ou frémir tout au long de l’année.

Mais pour le moment, je pose le premier pied sur le tapis rouge, à la limite du malaise, timide que je suis. Les flashs crépitent pourtant personne ne me connaît. « Selfies interdits », il y a des pancartes. Dommage, je n’aurai pas beaucoup de preuves pour raconter aux copains comment je me suis retrouvée là un soir de Mai 2019 pour la présentation du dernier film de Ken Loach « Sorry we missed you ».

 

 

Bernadette

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Rédigé par Bernadette

Publié dans #Cinéma

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