Publié le 14 Janvier 2023

 

Je vivais enfermé dans le château de Montségur à l’abri d’une caisse en bois. Moi, le trésor des Cathares, de trésor je n’avais que le nom, j’étais composé d’un simple calice dans lequel Jésus-Christ aurait bu. Je n’avais de valeur que pour ces gens qui voulaient vivre en paix, entre le Bon Dieu et le Diable.

Mes fidèles vivaient dans le sud ouest de la France à l’abri des forteresses de Montségur, Peyrepertuse, Carcassonne, Queyribus et pourtant ils déclenchèrent la jalousie de la Papauté qui voyait en eux des hérétiques à la vraie foi. Le pape lui-même organisa une croisade pour combattre ses ennemis. Les villes, les forteresses tombèrent sous les coups du seigneur de Montfort, commandant en chef de ce que l’on appellera la croisade des Albigeois. Il fit brûler sur le bûcher femmes, hommes et enfants au nom de la chrétienté.

Moi je fus sauvé par un jeune qui allait devenir un « Parfait », il m’emporta en fuyant Montségur et me cacha dans une crypte d’un château.

Aujourd’hui, tout le monde me recherche, je suis, comme mon cousin le trésor des Templiers, devenu l’objet de convoitise d’historiens, de chercheurs qui voient en moi un objet de sciences occultes possédant des pouvoirs magiques pour les uns et de richesse pour la cupidité des autres. Pourtant je ne suis qu’un simple calice en métal blanc, aujourd’hui je porterais le nom de gobelet.

Ma valeur n’est que spirituelle et mon regret c’est de penser à tous ces gens qui sont morts pour moi sur le bûcher sans connaître la vérité.

 

 

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Rédigé par Bernard

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 14 Janvier 2023

 

Childéric 1er succéda en 457 à son père Mérovée. C’était un guerrier barbare, courageux et conquérant, au service des Romains. En 457 il devint roi des Francs. Au fil des ses conquêtes, il amassa peu à peu le trésor que je suis, du moins ce qu’il en reste aujourd’hui. Toute sa vie il veilla jalousement sur moi et je me sentais en sécurité. Quand il mourut, son fils Clovis respecta ses volontés et décida de l’enterrer selon les rites romains. Je me retrouvai donc avec lui dans une tombe, sous plusieurs mètres de terre. Je pensais que je ne reverrais jamais le jour. Mais c’était sans compter sur l’énergie de cet ouvrier de Tournai et de sa pioche qui, en 1653, durant des travaux de démolition, mit à jour le caveau et son précieux contenu dont l’anneau d’or à l’effigie du roi franc…

La nouvelle se propagea rapidement et Léopold Guillaume d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas, me récupéra. Quand en 1656 il partit pour Vienne, je faisais partie du voyage. A sa mort je devins la propriété de Léopold 1er et de la maison d’Autriche. On aurait pu s’arrêter là mais, pas du tout ! Pour remercier Louis XIV d’avoir apporté son aide à l’armée impériale on lui remit le trésor. J’étais très heureux car je retrouvais ma terre natale et une prestigieuse demeure : la bibliothèque royale. J’allais enfin pouvoir me reposer. Mais la vie en avait décidé autrement et mon périple était loin d’être terminé. En effet, dans la nuit du 5 au 6 novembre 1831, des cambrioleurs pénétrèrent dans le cabinet des médailles et s’emparèrent de moi. La majeure partie des éléments qui me composait fut fondue et le reste jeté dans la Seine…

Aujourd’hui, il ne reste comme preuve de mon existence passée, que quelques répliques du fameux anneau d’or. Une bien triste fin pour un trésor aussi prestigieux !

 

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Rédigé par Elisabeth

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 14 Janvier 2023

 

Beaucoup parlent de moi, mais peu m'ont approché. Dans ma cache, au fin fond des tunnels, creusés sous le castel de Montségur, je vois rarement le jour. Lorsque des visiteurs viennent jusqu'à moi, la lueur dispensée avec parcimonie par leur lampe à huile ne dégage aucun reflet de métal précieux. Je suis un trésor spirituel. Je dispense la bonne parole à l'occasion des cérémonies propres à la religion prônée par les Parfaits et les Parfaites qui ont fait don de leur vie pour donner la consolation à la population de Montségur. Ils viennent jusqu'à moi pour s'abreuver aux textes des manuscrits anciens qui vont les conforter dans leur foi. Tous ces fidèles, qui subissent depuis neuf mois un siège qui va les obliger à se rendre aux armées du Pape, ont choisi leur sort. Pas un seul ne se pliera à cette religion qui revêt d'or et de pierreries ses inquisiteurs avides de richesse et de privilèges. Ils ne cessent de les accuser d'hérésie alors qu'ils ne vivent que pour aider et assister dans la foi ceux qui tendent les mains et qui implorent miséricorde.

J'entends le bruit d'une clef qui parle à la serrure qui protège ma porte. Deux hommes reviennent. A leur vêtement de misère je reconnais des Parfaits. L'un d'eux ne m'est pas inconnu, c'est Bastian. Important au niveau de la hiérarchie et fortement respecté par ses pairs, Bastian a certainement été investi d'une mission capitale. Déjà, par la porte laissée ouverte, j'entends les chants d'espoir de tous ces humains qui vont, en procession, vers le bûcher qui les attend. Aucun d'eux ne renoncera à sa foi.

Bastian prit son comparse par les épaules et le regarda fixement dans les yeux.

« Fabien ! Nous devons fuir et emporter avec nous le trésor que nous ont légué nos ancêtres pour le mettre à l'abri des papistes. Notre devoir nous impose de permettre à nos enfants survivants de pouvoir se pencher sur l'héritage des anciens. »

Mettre le trésor à l'abri ? C'est de moi qu'il parle. Moi, la parole de leur père. Moi le détenteur des mots qui donnent l'espérance. Où vont-ils me cacher ? Reverrai-je le jour ? Vont-ils encore s'agenouiller devant moi pour retrouver la vérité ?

Bastian s'empare vivement de moi et me range dans un grand sac de cuir usagé dont l’odeur forte sent les années passées de sa vie. Il me charge sur ses épaules puissantes et nous partons par un sentier abrupt qui nous éloigne de cette fumée montant vers un ciel accueillant, un ciel paré d’un bleu merveilleux pour recevoir ces âmes si pures.

Dans ce sac je n'entends plus rien, je suis aveugle et les soubresauts du chemin me bercent. Je m'endors, c'est le mieux que j'ai à faire. Mais je sais que je me réveillerai au moment voulu et que j'illuminerai encore les yeux de ceux qui porteront leurs regards sur moi. Quant à ceux qui me cherchent, je les laisse rêver au trésor qui est et qui n'est pas.

A chacun ses phantasmes et les rêves seront bien gardés.


 

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Rédigé par Fernand

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 12 Janvier 2023

 
 
On m’a dit qu’il existait un livre qui racontait le Commencement.
Je l’ai ouvert.
 
 
Le paradis, ce jardin extraordinaire fleuri de verts, des parfums exquis,
la respiration de l’insouciance, le chaud du soleil sans couchant.

Des bêtes se conjuguent dans une pluie de beautés arc en ciel.
 
 
Dans l’infini, l’homme se distingue plus fort, fortement mâle.
Il marivaude fier et Artaban entre les allées des jours sans nuit, sans bruit.
Il s‘ennuie de solitude et de verre à soi.

S’en suivra une créature autre.
Filiforme, forme et fond tellement découpé, haché.
Taillée d’une main bricoleuse débutante,
l’affaire n’aura plus de cage, juste une côte.
Et pour l’heure, la boucherie pourra fermer.
 
 
Mais très vite grossie du poumon, et refaite de la charpente postérieure,
la femme s’en vient.
Elle va affublée de peu,
qu’importe, elle a si faim et soif de devenir dans l’avenir.
 
A une pomme trop rouge, elle choisira une orange presque bleue
pour tout de suite conjuguer la saveur du ciel et de la terre.
Lui préférera les fleurs aux fruits, de nature plus jeune s’entend.
 
 
Tandis qu’elle croque dans la pâleur incertaine du lendemain,
lui se laisse attendre, le flanchard. C’est un serpent qui lui l’a sifflé.
 
 
On m‘a dit que ce sont les pages blanches qui mettraient fin
pour toujours
au trésor des croyances.
 
 
 
 
Dany-L
 
 

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Rédigé par Dany-L

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Publié le 12 Janvier 2023

 

« Élégant, gigantesque, robuste, indestructible, Rome a-t-il construit une œuvre pareille ? »

C'est ce qu'a déclaré Cléopâtre lorsqu'elle m'a présenté à César. C'est la seule fois où j'ai cru apercevoir un semblant de sourire sur son visage. Je m'en rappelle encore. Je suis le phare d'Alexandrie construit en 300 avant JC. Voilà seize siècles que j'existe.

Je ne suis pas encore une des merveilles du monde, mais tout le monde m'admire.

Il faut dire que les dieux se sont penchées sur mon berceau. Le plus grand mathématicien jusqu'à aujourd'hui, Euclide, a mis en application son postulat de géométrie tout en guidant l'architecte dans ma construction. Équilibre, inébranlable, proportions sans failles pour les trois étages...

Bon ! J'arrête il vaut peut-être mieux vous raconter mon histoire !

 

Le soleil se lève dans la douceur de l'orient lumineux. Les pierres s'animent...

Les meilleures pierres de granit d’Égypte, les clavetages en plomb fondu les plus judicieux pour assembler ce mastodonte.

Un premier étage carré, pyramidal de soixante-dix mètres de hauteur.

Une rampe intérieure accessible aux hommes et aux bêtes pour approvisionner en papyrus, herbes sèches, huile de combustion le deuxième étage octogonal de trente-quatre mètres où tout est transporté à dos d'hommes vers le troisième étage cylindrique. Et là brûle le feu permanent, de jour comme de nuit, visible cinquante lieues à la ronde.

Cent trente cinq mètres de hauteur, vous vous rendez compte du jamais vu !*

Il faut dire que la côte ici est plutôt plate, rectiligne, parfois même elle se confond avec un mirage, mais les récifs tranchants, immergés sont bien là pour rappeler qu'il ne faut pas la longer mais bien s'en éloigner.

Tous les capitaines de navires savent depuis des siècles qu'il faut rester en mer jusqu'à ce qu'ils m'aperçoivent. Alors il faut naviguer face à mon repère, manœuvrer à quatre-vingt dix degrés et se diriger vers ma lueur salvatrice.

Combien de cris de joie ai-je entendus lorsqu'ils franchissent la passe de l’îlot de Pharos où l'on m'a construit et apportent toutes sortes d'offrandes à la statue gigantesque de Ptolémée pour le remercier de sa bienveillance.

Finis les dangers, les angoisses. Je suis là sous la protection de Zeus pour apporter espoir et salut aux navigateurs.

Je suis une légende vivante. Les tempêtes de Méditerranée, ciel noir, coups de tonnerre, éclairs, déferlantes, Poséidon sait bien qu'il y aura toujours LE phare d'Alexandrie pour guider ces malheureux à bon port !

Encore une journée passée avec le bonheur d'entendre les clameurs de l'équipage de ce « nave onerariae » chargée de marchandises passer le goulet de Pharos.

Le soleil se couche dans le rougeoiement de quelques nuages épars. Les vaguelettes s'alanguissent le long du quai nord. Le vent de la mer arrive avec son murmure caractéristique. La nuit s'installe, calme. Un air d'éternité...

Un grondement sourd venu d'on ne sait d'où s'installe, s'amplifie. Les vaguelettes s'agitent… frétillent... Sur le quai nord des fissures apparaissent… Quelques clavettes en plomb fondu s'échappent… Ptolémée vacille. Nous sommes en 1303...

 

* Il faudra attendre des siècles avant qu'un gratte ciel de New-York le surpasse avec le « Singer Building » et ses 187 mètres. Construit en 1908 et démoli en 1968 !

 

 

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Rédigé par Gérald

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Publié le 11 Janvier 2023

 
Je suis paraît-il, encore aujourd’hui, qualifié de 7ème merveille du monde. Pourtant je n’existe plus depuis bien longtemps maintenant. J’étais un édifice remarquable et même exceptionnel. Ma vie durant j’ai guidé de nombreux marins sur la mer d’Egypte, à l’entrée de la ville d’Alexandrie. J’ai permis à beaucoup d’entre eux de braver les tempêtes et d’échapper au naufrage. Et cela pendant plusieurs siècles. Imaginez ! J’ai été bâti sur l’ordre de Ptolémée 1er au IIIe siècle avant J-C et j’ai fini ma vie au XVe siècle de votre ère !
Les raisons de ma construction ? La première est, bien sûr, celle de toute tour placée comme moi à l’entrée d’un port, donner par mon signal lumineux un repère aux bateaux arrivant à Alexandrie. C’est d’ailleurs parce que j’ai été érigé sur l’île de Pharos que désormais tous les édifices de ce genre s’appellent des phares.
Mais je crois bien qu’une autre raison à ma réalisation colossale, ce fut le désir de Ptolémée 1er de montrer sa puissance. Je mesurais 130 mètres de haut ! C’est extraordinaire n’est-ce pas ? Ils ont mis quinze ans pour m’édifier !
Je rayonnais au propre comme au figuré. Qui n’a pas entendu parler de moi, le phare d’Alexandrie ! Certains m’identifient même parfois à Râ, le dieu égyptien du soleil.
Comment ma vie glorieuse a-t-elle fini ? Eh bien, moi qui avais les pieds sur terre et la tête dans le ciel, moi qui ai consacré toute mon attention à la mer et à ses tempêtes, moi qui ai protégé de toutes mes forces les vaisseaux et leurs équipages chaque nuit pendant plus de dix-sept siècles, j’ai senti un jour, en 1480 je crois, que mon corps de pierre se mettait à trembler. Ce n’était pas tout à fait nouveau, j’avais déjà perçu quelques fois des frémissements de l’île sous ma base, mais rien de bien inquiétant. Là, le tremblement, faible au début, s’est amplifié rapidement, ma lanterne s’est mise à vaciller, je ne comprenais pas ce qui se passait. Des fissures sont apparues sur mon corps robuste. La mer s’est déchainée, je ne pouvais plus rien contrôler. Le bruit des vagues qui venaient cogner contre les rochers en contre-bas était assourdissant et totalement inhabituel, tout comme le grondement lugubre qui montait de la ville d’Alexandrie et de partout. Soudain ce fut la nuit totale et moi, le phare géant, symbole de puissance et de force, je me suis écroulé pierre après pierre et elles ont roulé avec fracas dans la mer.
Mais je suis entré dans la postérité et aujourd’hui, plus de cinq cents ans après cette fin tragique, on parle encore de moi. La preuve !
 

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Rédigé par Mireille

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Publié le 10 Janvier 2023

 

ZDRASTVOUÏTIE (bonjour), j’ai été conçu, enfin élaboré par « mon  père » KARL au début du XIXe siècle à Saint PETERSBOURG. Une grande famille de joailliers qui était très appréciée du tsar Alexandre III ainsi que de son fils Nicolas II et, par la suite, par sa femme, la tsarine, et les dames de la cour.

Le petit Nicolaï, passait souvent le bout de son nez par la porte entre ouverte de l’atelier de son père.

- Ne touche à rien, lui demandait ce dernier, je travaille.

Mais les maquettes, les bijoux, les bouts de tissus, les perles qui participent à mon élaboration, faisaient briller les yeux du petit garçon. Moi, LOeuf à la poule, le premier phénomène d’une longue lignée d’une cinquantaine, j’ai été d’une grande complexité. Karl se lissait sa moustache et se grattait le peu de cheveux qui lui restaient en pestant, car des perles tombaient et roulaient sous son établi. Des dessins et des plans effacés et recommencés.

Un jour, un ami proche de Karl et amateur de joaillerie lui fit une commande d’un œuf.

- Le tsar a entendu parler de ta passion et serait heureux et honoré de te recevoir afin de contribuer à un éventuel achat, lui dit-il.

J’ai l’oreille fine, si, si j’ai des oreilles… Moi ! criais-je.

Karl se lissant à nouveau la moustache croyait à une blague, il rougissait. Moi, dans ses mains, j’étouffais... Hé ! lâche-moi, réfléchis et dis oui, je suis prêt.

Quelques semaines plus tard, je fus présenté au tsar NICOLAS II, à la tsarine A. FEDOROVNA et aux dames de la cour. Certaines personnes étaient surprises, d’autres dubitatives.

- Bien, très bien ! s’exclama le tsar s’adressant à Karl. Combien en voulez-vous cher monsieur ? Cet Œuf de Poule incrusté de pierres précieuses sera le premier de ma collection, soyez en certain.

Moi je ne savais pas comment me comporter, je ne bougeais pas, me laissant admirer. Entre nous, j’étais une copie du premier de mes frères, mais chut ! ne le dites à personne ; le bébé ayant fait suer de travail et d’amour mon père Karl était caché dans son antre de trouve-tout.

Les années qui suivirent furent un enchantement de grâce et de subtilité, le travail de Karl FABERGE est et sera mondialement connu et apprécié, j’en suis certain.

Au début, je n’était qu’un œuf tout bête, puis je me suis paré de luxe et de beauté.

DO SVIDANIA (au revoir), je laisse à Dominique le soin de parler de sa visite au musée FABERGE à Saint PETERSBOURG, d’où elle a rapporté un magnet, un œuf bien sûr...


 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 10 Janvier 2023

 

On m’appelait le phare d’Alexandrie. J’ai servi de guide aux marins pendant des siècles. Tous les soirs un homme montait à mon sommet pour raviver le feu. Et moi, fier, dressé au bord de la Méditerranée, j’éclairais la nuit, j’envoyais la lumière jusqu’au bout de la mer, jusqu’au bout de la Terre, veilleuse nocturne pour les habitants de la ville.

Un jour, j’ai senti vibrer sous mes pieds. C’était léger, je ne me suis pas méfié. De toute façon, qu’aurais-je pu faire, scellé sur la roche ? Ce petit tremblement fut suivi d’une secousse terrible. Tout mon socle a vacillé, mon faîte s’est décroché. Un grondement, un rugissement digne d’un grand fauve m’a encerclé, la mer m’a attaqué pendant qu’autour de moi, la ville s’écroulait. Une autre secousse est arrivée, encore plus forte. Elle a descellé mes pierres blanches, je me suis effondré, des vagues terrifiantes m’ont avalé.

Depuis je gis, éparpillé, au fond de la mer. L’algue, le sable ont peu à peu recouvert les morceaux de moi. Je ne sais plus si c’est ma base, mon centre, mon sommet qui raconte mon histoire. Drôle de sensation d’être ainsi éclaté…

Moi, symbole de puissance, haut de plus de cent mètres, j’étais altier et magnifique. J’étais l’une des sept Merveilles du monde antique, orné de statues roses, resplendissant de jour comme de nuit, et me voilà aujourd’hui déchu et disloqué ; je ne sers plus que de cachette aux petits poissons.

Il y a quelques années, un espoir insensé m’a traversé. Des plongeurs ont retrouvé quelques pierres de mon corps. Tous mes autres débris ont alors essayé de crier, de bouger, de se manifester de toutes les manières possibles pour qu’on nous repêche et qu’on me reconstruise. En vain. Personne ne les a entendus, ni vus. Les plongeurs sont repartis, je suis resté au fond de l’eau. La mer, mon tombeau… Je me croyais immortel, je n’étais qu’éphémère.

Un matin de soleil, alors que la lumière dansait entre deux eaux, j’ai vu passer une bouteille, sans doute jetée à la mer par un poète car elle ne contenait que quatre vers, mais qui ont résonné très fort en moi :

Le Temps qui, sans repos, va d'un pas léger,

Emporte avecque lui toutes les belles choses :

C'est pour nous avertir de le bien ménager

Et faire des bouquets en la saison des roses.

Il m’a semblé important de vous les transmettre, juste pour vous dire de rester tout le temps en éveil devant les trésors que le monde vous offre. Moi, je repars vers l’oubli.

 

 

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Rédigé par Mado

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 9 Janvier 2023

« La tradition, l’authentique » Le chef ne cessait de le rappeler. Ici pas de sushis ou alors revisités de fond en combles en pyramide de la mer avec algues iodées, saveurs subtiles, acidulées.

La cuisine du Grand Hôtel un premier janvier à midi, c’est quelque chose. Une brigade de vingt personnes, toutes coordonnées comme un concerto de Mendelssohn.

Victor a été embauché comme extra pour les fêtes. Après on verra, lui avait-on dit, pourtant son curriculum vitae en disait long.

Les volailles parfumées, les rôtis frétillants, les desserts onctueux ça ne sera pas pour lui, pour l’instant.

Il épluchait, coupait en dés, en lamelles, pleurait avec les oignons, courait d’un atelier à l’autre.

Les poulardes rondes, craquelées laissaient s’échapper des fours l’odeur poivrée des échalotes. Les effluves acidulés des citrons et oranges râpés flottaient de ci de là. Les poêlées de petits légumes exhalaient un parfum subtil, lumineux, rappelant les campagnes d’où ils avaient été cueillis le matin même.

-Victor, l’huile de betterave vinaigrée pour les dos de chevreuil c’en est où ?

La poêle frétille déjà. On le regarde de travers, le feu est trop fort ;

-Alors Victor il faudra le dire combien de fois ?

-Victor les beignets d’épinards ça avance ? Il doit préparer les feuilles, les détacher une à une, les glisser dans l’eau bouillante salée quelques secondes et les faire sauter au dernier moment.

-Elles doivent rester craquantes dans la pâte à beignet, n’oublie pas la fleur de sel, légère la main, très légère, t’as pigé ?

Le rôti de bœuf Charolais enveloppé de son nuage de fines herbes s’impose, domine, régale toutes les narines, pas de doutes c’est bien lui la vedette.

Plus loin le saucier termine sa préparation avec câpres, jaune d’œuf haché menu, persil et huile de pépins de raisin pour accompagner le pot au feu.

-PAS COMME CA ! Victor sursaute… A FEU DOUX ! Ce n’est pas pour lui, c’est la cheffe pâtissière qui soigne le parfum suave de sa crème à la vanille pour ses Saint-honoré. Elle goûte. Le parfum envoûtant de l’épice fait déjà rêver. Madagascar, l’aventure, les bâtons de vanille qui sèchent sous les canisses avant d’être emballés dans les sacs de cotons et voyager par le canal de Suez.

-Victor, tu rêves ? La tarte au citron renversé, tu n’as rien à faire ?

Les fonds de tartes sortent des fours diffusant aussitôt leur odeur noisette. La crème est légèrement répandue au chinois et se termine par un coulis de chocolat laissant envisager un enchantement des papilles. Va-t-on oser y planter sa petite cuillère ?

Le serveur franchit la porte va et vient de la cuisine.

-La cinq attend sa commande !

-Oui, oui, on arrive, c’est quoi déjà ?

-Poireaux-vinaigrette !

-Quoi ?

-Ben oui, poireaux-vinaigrette ! Des habitués chef, l'atelier d'écriture au grand complet avec Mado, des écrivains amateurs m'ont-ils précisé mais moi je pense que c'est la crème de la crème...

Le chef relit la fiche aimantée au dessus du piano ;

-On a affaire à des originaux ! Poireaux-vinaigrette un jour comme aujourd’hui ?

Le serveur attend avec son plateau de l’autre côté de la desserte. Les yeux dans le vague, il égrène :

-« La douceur épicée du vinaigre balsamique, l’humilité lumineuse des poireaux dans la force de leur jeunesse, les effluves de campagne, les oliviers et cette délicieuse huile qui me rappellent la ferme de mon enfance… » Voilà ce que m’a dit Mado !

Le chef sans voix, mains sur son tablier, écoute en silence, puis,

-Victor les poulardes doivent être arrosées tu ne sens pas cette odeur caramélisée ?

-Bon sang, ces artistes me font perdre la tête. Pour la cinq, vous y rajoutez une coupe de champagne pour chacun et vous leur direz que c’est le Grand Hôtel qui offre l'ensemble.

-Victor tu vas me préparer cette vinaigrette aux petits oignons ! N’oublie pas cerfeuil et persil, concassées les feuilles pour garder leur saveur, pas broyées, hein ?

En s’endormant cette nuit là, Victor se dit qu’il devra raconter cette histoire…

 

Gérald IOTTI

 

Bonne année à tous. N'abusez pas trop de poireaux-vinaigrette tout de même...

Je vais essayer mon italien de quat'sous :

« Una cosa è certa, quella facenda andrà lontano...Speriamo ! »

 

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Rédigé par Gérald

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Publié le 3 Janvier 2023

LA NOUVELLE

Ce projet consiste à explorer les codes de la nouvelle. Il se déroulera en trois ateliers dans lesquels nous aborderons le schéma classique de la nouvelle, la nouvelle in media res avec analepse, le journal intime et l’écriture épistolaire.

Premier atelier lundi 21 novembre.

 

LES ATELIERS

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LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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