Publié le 17 Février 2023

LE TRÉSOR DE L’AWA MARU
 
Je suis un paquebot japonais gigantesque pour l'époque. Je m'appelle AWA MARU, né en 1941. Je suis la fierté de mon entourage. Je possède une cale très importante et trois étages de cabines, les passagers fortunés profitent des salons spacieux et de fumoirs élégants, meublés de tapisserie japonaises.
Ma mission, je voulais l'accomplir avec courage. Mais d'autres personnes en ont décidé autrement.
C'était la guerre. J'ai été réquisitionné pour la marine impériale japonaise. J'ai servi pour le secours de la Croix Rouge et transporté des vivres aux prisonniers détenus par les Japonais. J'ai fait escale à Singapour pour remplir mes silos d'énormes quantités de riz et autres denrées de contrebande. Fier de mon travail, j'ai pris le large le 28 mars 1945, lorsque le 1er avril, venue des profondeurs de l'océan, une torpille d'un sous-marin américain, m'a pris pour un destroyer et m'a éventré. Ma vie, alors, a été abrégée. J'ai mis toute ma volonté pour essayer de survivre et de ne pas disparaître au fond des abysses.
Des rumeurs sans fondement ont précipité ma chute. Il paraît que je transportais dans mes cales, des pierres précieuses, diamants, or et plus encore.
Mon voyage correspondait aussi à la date de la dernière trace des restes de fossiles de « L'homme de Pékin » à Singapour qui, semble-t-il, était d'une valeur inestimable.
Tout ceci a précipité ma disparition et réglé mon avenir dans les abîmes de l'océan.
Moi, je n'étais simplement qu'un « paquebot-hôpital » sous la protection de la Croix Rouge.
Aujourd'hui, je vaque dans l'univers marin, je voyage dans mes rêves ; autour de moi, quelques espaces ressemblent étrangement aux jardins japonais. De minuscules parcelles d'herbe verte sont semblables aux champs de luzerne où l'on trouve sur terre, parfois, des trèfles à quatre feuilles.
Mes amis sont silencieux, ils viennent se protéger des intrus, dans les méandres de mes milles cachettes.
On ne sait pas grand-chose de moi, je suis une énigme, plusieurs personnes ont tenté de me dépouiller de mes atouts, mais je suis plus malin qu'eux, ils ont perdu la face semble-t-il ? Rien n'a été retrouvé jusqu'alors. Ils se peut aussi, qu'au départ de cette cargaison, la richesse était déjà en lieu sûr. Qui sait ? La société japonaise qui m'a conçu a été très perspicace.
Le mystère reste entier !! Seuls, les miens doivent connaître ce secret.
Dans l'avenir, on écrira peut-être un nouveau chapitre.
GIZEH
Ma Chère Amie,
Je viens d'arriver à destination de mon voyage en Égypte La chaleur est déjà accablante de bon matin. Aussi, je prends la plume pour me reposer un peu, avant d'entreprendre les visites exceptionnelles de ce pays. Je laisse ici mon courrier et, ce soir, je te décrirai toutes les merveilleuses choses que j'aurai vues et arpentées.
Il est 21 heures, après une bonne douche et un bon repas, je reprends mon récit.
Ce matin, un véhicule nous attendait pour nous conduire au complexe pyramidal de Gizeh, situé sur le plateau. Le site est placé sur la rive ouest du Nil à quelques kilomètres du Caire.
Cet édifice nivelé par l'homme, il y a 4500 ans a une forme carrée. Je ne sais pas si tu peux t'imaginer au pied de ce mastodonte. Je me sens un peu comme une fourmi sous une chaleur étouffante, perdue dans un désert de couleur ocre. Lorsque je le regarde, je suis un peu rêveuse..
Comment des hommes, à cette époque, ont pu construire un ouvrage aussi gigantesque...
Le canal reliant le Nil sépare la zone désertique, où je n'aimerais pas me rendre, on n'y voit rien que des montagnes de sable rouge et jaune.
Le chauffeur ce matin, nous a demandé de nous chausser avec des souliers fermés, pour éviter d'attraper, des bactéries semble-t-il assez dangereuses.
Je prends pas mal de photos qui me laisseront quelques merveilleux souvenirs inoubliables, que je te montrerai, car par courrier, je ne peux te décrire les trois plus grandes célèbres pyramides d’Égypte, comme je les vois de mes yeux, celles de Khéops, Khéphren, et Mykérinos. Elles sont toutes faites de calcaire blanc, de granit gris, du basalte ocre, et de mortier.
Lorsque le soleil se couche, c'est une splendeur indescriptible. Les larmes te montent aux yeux devant tant de beauté. La pyramide de Khéops est le tombeau présumé du pharaon de la IVe dynastie.
A l'hôtel, je suis très bien installée, avec tout le confort, même plus. Les employés sont aux petits soins pour moi. Le personnel me demande à chaque instant, si je n'ai besoin de rien. J'ai l'impression par moment d'être une Cléopâtre, avec des jeunes filles à mes pieds.
Entre les couleurs extérieures et intérieures, ce pays te laisse un goût de royaume de lumière et de trésors.
Les jours ont défilé si vite, bientôt le retour, avec une certaine mélancolie, où l'on se verra pour que je te raconte plusieurs petites anecdotes amusantes dans ce pays des milles et une nuit.
                      A bientôt, ma chère amie
Arlette
...
LA PLUIE
 
La pluie l'essentiel de notre vie.
Un trésor, une merveille du monde. Elle est l'équilibre de notre planète bleue. La pluie nourrit, creuse, parcourt des kilomètres pour alimenter nos réserves souterraines.
Quelle joie de la voir tomber du ciel, puis serpenter dans les rivières, claire et transparente, sortir d'une source bienfaisante et abreuver hommes et bêtes.
C'est un immense plaisir de fouler dans la forêt, le tapis humide de feuilles mortes où l'odeur boisée, après l'orage, nous monte dans les narines. La pluie purifie l'air et rend l'atmosphère cristalline. Les gouttelettes d'eau restent suspendues au bord des feuilles brillantes, sous un timide rayon de soleil. Un petit rossignol s'ébroue, joyeux, accroché à une légère branche. Une promenade en forêt par temps pluvieux est un ravissement pour les enfants, une liberté immense de pouvoir sautiller dans une flaque et éclabousser l'entourage dans un éclat de rire. Au loin, on entend le grondement sourd de la cascade qui fait écho sur la montagne d'en face.
Quelle grande joie de cueillir les argousiers bien mûrs, les fraises des bois gorgées de jus sucré et parfumé. Même les escargots sont heureux de sentir la fraîcheur ; on les voit sortir de leur cachette avec leur carapace sur le dos, gambader parmi les herbes détrempées, à l'assaut de plantes vertes et tendres, afin de faire un bon festin.
Enfin, après la pluie le soleil semble vouloir montrer timidement le bout son nez. C'est là que la nature, sortie de sa torpeur de sécheresse, nous montre tous ses atouts. Le feuillage a pris sa douche et se pare de belles couleurs vert tendre, parfois un peu cendré. Les fruits, sous leur couleur rouge vif et jaune citron pendent sur les branches avec une nouvelle tenue. Les troncs rugueux des chênes exhibent leur écorces lumineuses.
La nature est là vivante, elle nous appelle, on respire, on ouvre les poumons. Un sentiment de béatitude nous envahit.
La pluie a du charme si on sait l'apprécier.
Tout là-haut, il fait beau ! Mais le ciel se met à pleurer pour nous dire la grande tristesse de ne plus
pouvoir, si souvent, inonder régulièrement notre vie de ce liquide transparent comme le verre.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, il ne faut plus se permettre de jouer avec lui. Cet élément, si complet en minéraux, attend de nous autant de bienfaits qu'elle nous en a donnés autrefois.
...
 
VACANCES AU PAYS BASQUE
 
Cette année, j’ai décidé de partir quelques jours en vacances dans le sud-ouest de la France.
Après documentation de rigueur, me voilà partie.
Les fêtes de Bayonne sont crées en 1932 sur le mode de l’artisanat traditionnel, ce qui en fait la fierté du pays. Des festivités populaires sont organisées à la fin du mois de juillet, début août, pendant cinq jours et cinq nuits. Avec le temps cette fête deviendra, paraît-t-il, la troisième cérémonie traditionnelle du monde !
Je reste un brin surprise et curieuse. Le ciel est si beau, je choisis de profiter.
 
Sitôt arrivée, je décide de flairer un peu l’atmosphère de la ville. Je vais prendre un bon petit déjeuner dans un petit café familial. Là, le garçon très joyeux, volubile, arbore un habit blanc, avec ceinture, foulard et béret rouge ; il est très beau. Étonnée, je lui demande pourquoi cet accoutrement, il me répond, avec un accent prononcé :
– Hé !! C’est l’habit porté en l’honneur du sang versé par San Firmin, égorgé dans la ville.
Perplexe, je ne crois pas trop à son histoire.
 
Je reprends ma promenade et parcours les ruelles médiévales. Je rencontre une dame âgée qui égrène son chapelet, assise sur une chaise, devant la porte de son commerce. Le fils s’affaire devant un grand poêle où, dans une casserole énorme, mijote un plat dont je renifle les odeurs de poivrons, tomates, piments et bien d’autres ingrédients. Là, la mamie me dit :
– C’est le poulet à la basquaise, sentez, sentez, plus tard vous dégusterez.
Je lui dis :
– Bientôt…
 
Je poursuis ma visite dans les dédales de petits passages très étroits pour aboutir dans une plus grande rue commerçante ; là, un restaurateur, paré de l’habit traditionnel avec un béret rouge de travers, les joues aussi écarlates que son foulard, suant à grosses gouttes, malaxe des ingrédients avec vigueur. Plus loin, le charcutier tout aussi élégant, mais plus serein, découpe des petites tranches de jambon noir de Bayonne. Après dégustation, avec l’accent patois, il me dit :
– Ma petite dame, dans le monde vous ne trouverez pas de meilleur, nos cochons noir c’est quelque chose !!
 
Non loin, une table très longue, montée sur des chevalets, trône devant la devanture du traiteur. Des énormes saladiers remplis d’œufs, salés, poivrés, et partout des petites mains coupent les piments en petits morceaux. Mes yeux se mettent à pleurer, l’envie d’éternuer me prend, je m’éloigne. Une jeune femme avec son bébé dans la poussette me fait signe de me mettre à l’ombre et me raconte que, depuis cinq heures du matin, ils travaillent à modeler la plus grande omelette de piments.
 
Avec émotion, je pense alors à tous ces hommes, femmes, qui n’ont pas dormi et mettent toute leur énergie avec fierté pour nous démontrer leur savoir faire excellent, s’affairent, se brûlent, hument, reniflent tous ces plats pour satisfaire les papilles des habitants et touristes du pays.
 
C’est une chose extraordinaire.
 
Le caviste, porte-parole du vigneron, étale ces fûts de vin d’Erouléguy pour la découverte des pieds de vigne de la région, en tenue de rigueur lui aussi, mais déjà pompette.
 
Enfin, au fond de la rue, la boulangerie, à la devanture décorée aux nuances du pays, une grande table remplie de parts de gâteau basque. L’odeur embaume tout l’espace. La jeune vendeuse me décrit la recette de cette spécialité avec enthousiasme et amour, un délice qui fond dans la bouche. Et je vois dans son sourire l’orgueil qu’elle porte, un petit morceau d’édifice pour représenter sa ville.
 
Et pour clore la balade, je ne vous ai pas parlé du Roi Léon. En 1987, les élus décident d’avoir une mascotte et votent pour nommer un sujet, naturellement figure incontournable de Bayonne, un homme un peu simplet dit-on, sympathique, et de plus passionné d’opéra. Ils le dotent d’un gros nez, de cheveux longs et blonds, le font bedonnant et le prénomment Roi Léon.
Mais le Roi Léon est paresseux. Alors, sur la grand place de la mairie, le Maire s’est dessaisi des clefs de la ville, en signe de liberté au peuple. Celui-ci décide tous les matins de se réunir pour réveiller le Roi, à 12 heures. C’est ainsi que, pendant cinq jours sur la place de la mairie aux balcons fleuris de géraniums rouges et blancs, une marée humaine se meut, comme une vague. Cris et applaudissements à tout rompre.
Lorsque le Roi Léon apparaît, petits et grands scandent sa chanson :
 
Debout Léon
Il est l’heure de te réveiller
Pour saluer tous tes sujets
Qui sont émerveillés... etc.…
 
La fête commence, le vin frais pétillant coule à flot, les gorges deviennent pâteuses après un très bon repas festif, pique-nique géant dans les rues, la foule se met en mouvement, brouhaha, grondement, les vaches, alors, sont lâchées, les gens courent dans tous les sens, ils se protègent sous les portes cochères pour ne pas se faire embrocher. Cela représente un certain danger.
 
Le soir venu, avec lui, les musiques, les bals, les fanfares, défilés ambulants, danses traditionnelles. ll y en a pour tous les goûts, sans parler du vin limonade qui coule à flot. A minuit, le feu d’artifice brille dans le noir du ciel en très jolis bouquets de couleurs pour enfin clôturer une fête populaire majestueuse.
 
Ouf !!! Quelle fatigue, j’aimerais pouvoir voler pour soulager mes pauvres genoux. Mais je suis ravie d’avoir assisté à ce spectacle grandiose et suis très heureuse d’avoir pu comprendre ce grand respect et le sentiment d’orgueil que génèrent les habitants pour leur région, et la ténacité de faire revivre, d’année en année, ces coutumes et traditions, fabuleux patrimoine.
...
 
SONS ET LUMIÈRES DU ROI CARNAVAL
 
Cette année Carnaval fête son 150ème anniversaire. Je décide de faire venir ma cousine à Nice et profiter de voir ce spectacle haut en couleurs. A lui tout seul, le char du Roi carnaval contient tous les trésors du monde, les pyramides de Gizeh, les trésors personnels, etc.
Sous un soleil radieux, ma cousine et moi, plongeons dans l'ambiance festive. Dans ses montagnes, comme elle dit, il n'y a pas autant de monde. Elle reste surprise.
Les arlequins et colombines sautent, dansent, tournoient, au beau milieu d'une foule en folie. Des clameurs, des AH ! OH ! montent dans les airs au passage des chars. La musique bat son plein. Tout le long du corso, il y a des personnages rocambolesques. Les masques de dentelles laissent planer le mystère.
Des jeunes artistes jouent sur des instruments à percussions une musique entraînante, sur des rythmes de salsa. Nous participons à l'ambiance générale, avec frénésie. Des groupes venus d'ailleurs, diffusent des mélodies plus légères, qui tintent comme un bruissement, dans une clameur éclatante. Ma cousine est un peu perdue dans ce bruit, mais apprécie.
Des odeurs de barbe à papa, de pommes d'amour, et de pralines chatouillent nos papilles. Cela fait un beau méli-mélo avec les jets de serpentins et confettis qui se collent et s'enroulent comme des toiles d'araignées. Les grosses têtes, comme on les appelle, défilent lentement devant nous, habillées, colorées, faisant pleurer l'accordéon avec des airs coquins, sous des yeux ébahis.
Des violons diffusent une légère vibration de notes qui dansent dans l'air frais du mois de février. Le volume sonore est d'une telle densité que le martèlement des tambours s'envole comme un vent pleurant dans les branches.
Le soleil de la Côte-d'Azur caresse les peaux. Les rires et hurlements font une cacophonie. Les frous-frous soyeux gazouillent, perdus dans un mirage. Les cracheurs de feux déclenchent une luminosité éblouissante.
Le monde bouge, le carnaval aussi, je ne retrouve pas, mon carnaval à moi, où chacun à sa manière participait et contribuait à la réussite de cette grande fête de notre région.
L'illusion s'envole dans l'obscurité. Monsieur Carnaval est mort, dans un joyeux feu de bois. La musique se tait. Le silence reprend sa place.
Ma cousine est très heureuse de sa journée, mais elle veut retrouver ses montagnes le plus vite possible. Ah ! ces montagnards.....
...
TERMINUS VIATICUS
 
Après de nombreuses excursions, flâneries, randonnées et promenades autour de ces merveilles, la fin de mon voyage est là. J'ai pu voir, apprécier et surtout découvrir des trésors qui me laissent rêveuse et m'imprègnent de sentiments divers. Après avoir vécu cet intermède, plein d'émotions et de souvenirs très agréables, ce voyage dans le temps, je crois, laissera l'impression d'avoir reçu dans ma vie un joli cadeau inoubliable.
Mais c'est l'essentiel aujourd'hui qui me mène à ouvrir ma malle à objets précieux, je regarde au fond bien cachés, bien à l'abri, mes trésors à moi, ma richesse de toute une vie personnelle : L'AMOUR , l'amour que je donne et reçois tout au long de mon chemin de halage, et qui m'a permis de passer d'une rive à l'autre joyeusement.
 
Arlette Julien

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Rédigé par Arlette

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Publié le 17 Février 2023

 
Mon histoire se situe entre le temps de l'épiphanie et le carême. Je vais vous raconter....
Je n'ai pas choisi mon titre, « roi », quelques personnes, des élus certainement on décidé que je serais le Roi. Ils ont dessiné ma silhouette, je trône souvent sur un siège, assez bedonnant, souriant, cela ne me plaît pas beaucoup, mais j'ai le droit de rien dire. Quelques années après de bons et loyaux services, j'apprends que l'on va me marier. Vous y croyez ? Je vais avoir une femme ?
J'espère qu'elle sera belle et élégante, je suis le Roi, elle doit me faire honneur, surtout qu'il y a beaucoup de concurrence, de très jolies filles m'entourent, bien habillées, très colorées.
Cette année on m'a paré de mille trésors, avec le soleil, cela va faire des étincelles. Un grand coffre m'accompagne, dans ce coffre bien des richesses, mais des pièces d'or et des diamants ont disparu. J'ai entendu dire que ce trésor était dans la cale d'un paquebot japonais, il se nommait AWA MARU*. J'espère que je n'aurais pas d'ennui avec la justice !! Oh et puis, m'en bati !
Plus quelques jours à plaire, à faire des sourires aux gens qui viennent pour me voir.
Mardi Gras approche, dernier jour du corso, et là, dans un grand feu de joie, au milieu de cris et de musique, je partirai et vous donne rendez-vous à l'an que ven, que se siam pas mai que siguem pas men.
Fin
 
Arlette JULIEN
 
* Référence à l’AWA MARU, cité dans le texte LA SYMPHONIE FANTASTIQUE DES TRÉSORS

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Rédigé par Arlette

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Publié le 17 Février 2023

  

 
LE PHARE D’ALEXANDRIE
 
Sur l’île de Pharos
Un bouclier féroce
Exposé à tous les vents
Il en a fallu du temps
Pour édifier ce bâtiment
Des heures durant
Des maçons prudents
Des tailleurs de pierre
Enthousiastes et fiers
M’ont crânement bâti
Moi, le Phare d’Alexandrie.
 
Eliminé par une secousse
Sans personne à ma rescousse
Besoin à présent de renforts
Pour signaler le port
Et éviter à bien des marins
De sombrer dans un grand bain.
 
A présent les poissons mènent la danse
Sur les vestiges de ma décadence.
LE TAJ MAHAL
 
Maëlle découvrait ces quelques vers inscrits sur l’un des panonceaux de l’exposition consacrée à cette Merveille du Monde disparue. Au fil de ses flâneries dans l’expo, elle se sentit brusquement curieuse de tous ces monuments édifiés, ces surprises de la nature qui formaient le Patrimoine de l’Humanité.
Une idée commença à germer dans sa tête, petit rêve d’abord, vite consolidé par la prise de conscience du « possible », suivie de tergiversations inévitables et enfin l’excitation finale de la décision prise : elle allait partir. Elle avait choisi de découvrir le Taj Mahal.
Obtenir un billet d’avion pour Delhi fut une formalité. Remplir son sac à dos était exaltant. Puis vint le jour où, en montant dans l’avion, son projet de rêve devenait réalité.
 
Jeudi 23 Juillet :
Ça y est ! Je suis calée –c’est le cas de le dire- dans mon fauteuil classe économique du vol à destination de Delhi. Je me laisse peu à peu envahir par une torpeur due à mon réveil très très matinal. Le vol passe ainsi assez vite et me voilà débarquant de l’avion à Delhi, heureuse et excitée. Le temps de passer les contrôles, sortir de l’aéroport et trouver un taxi –ce ne sont pas les sollicitations qui manquent-, me voilà à la réception de l’hôtel où j’avais réservé une chambrette. Un petit tour en rickshaw pour aller m’imprégner de l’atmosphère de la ville et réserver un billet de train pour demain, direction Agra. Je rentre me coucher pour une nuit que j’espère réparatrice : pas question de manquer quoi que ce soit de la journée de demain.
 
Vendredi 24 Juillet :
Installée à l’aube dans le train des touristes (il paraît qu’il ne faut pas rater le lever du soleil là-bas), je ferme les yeux en me souvenant de cette image qui m’a hantée durant ma scolarité au Primaire : la reproduction du Taj Mahal ; et bien nous y voilà bientôt ! Je sors du train dans une chaleur déjà étouffante et me dirige vers l’entrée où normalement je devrais retrouver le guide que j’avais réservé. Je préfère de loin écouter un local qui me parle plutôt que de lire un dépliant touristique ou pire, glaner via un moteur de recherche quelques informations sur mon « téléphone intelligent » Non ! Non ! Non ! Je suis là pour en prendre plein les yeux et je ne veux pas en rater une miette.
J’avoue que je suis restée scotchée lorsque je me suis retrouvée au bout du plan d’eau longiligne qui s’arrête au pied du monument. Une émotion terrible. Le voir en vrai est magique, cet édifice recouvert de marbre blanc se reflète dans l’eau. L’ensemble avec sa coupole et ses minarets est tout simplement époustouflant… Avant de commencer la visite à proprement parler, mon guide m’explique qu’il a fallu presque 20 ans pour la construction, avec près de 20 000 ouvriers et –légende ou pas- l’empereur moghol qui a fait édifier ce mausolée pour son épouse aurait fait couper une main à chaque ouvrier pour ne pas que cette œuvre puisse être reproduite.
Sa beauté force au silence, de toutes façons je ne trouve rien à dire, en ce moment j’ai un seul sens : la vue.
La déambulation qui a suivi cette première image me submerge d’émotions, je scrute les détails, j’étudie l’ensemble, j’essaie de me représenter les ouvriers en train de travailler… et je ne réalise toujours pas que je suis vraiment là…
Je crois que je suis en train de passer une des plus belles journées de ma vie.
 
...
L’ATACAMA
 
A peine remise de cette rencontre avec le Taj Mahal, Maëlle est revenue dans son hôtel de Delhi, la tête pleine de beautés et de rêves… Aucune envie de rentrer en France, alors elle a décidé de s’accorder quelques jours supplémentaires en Inde, ce ne sont pas les sites à découvrir qui manquent ici.
 
Mais chaque soir, en rentrant dans sa chambre d’hôtel après une journée bien remplie, une nouvelle envie d’explorations lui monte à la tête, persistante. Elle rêve d’un autre continent qui la fascine depuis le collège, l’Amérique du Sud et plus particulièrement le Chili, cette longue bande de terre qui en longe toute la côte ouest. Son amie Sandra, voyageuse et alpiniste chevronnée lui a longuement parlé de ses nombreux voyages là-bas et de la diversité géographique du pays. Petit à petit l’idée d’enchaîner par une « escapade » chilienne fait son chemin dans sa tête et elle se retrouve un soir à réserver un vol Delhi-Santiago du Chili, vol soumis à de nombreuses escales…
 
L’arrivée à Santiago est mémorable, quelle bascule dans le temps, Delhi sale et joyeusement chahuteuse, Santiago impeccable et assez stricte… Est-ce parce qu’il y a eu une forte immigration allemande ? Du haut du Belvédère de la colline de Saint-Christophe, elle regarde la ville qui s’étend à perte de vue. Elle a décidé que la première étape de son voyage serait San Pedro de Atacama avec comme un triple objectif : le Salar d’Atacama, la Vallée de la Lune et les geysers du Tatio. Le soir même elle s’est préoccupée de trouver un guide qui lui permettrait de réaliser ses prochaines explorations.
 
La vision du Salar d’Atacama est époustouflante : une étendue de sel blanc, comme chauffée à blanc par les rayons du soleil qui brille de mille étincelles. Et cette mosaïque infinie, faite de figures géométriques irrégulières aux bordures surélevées la laisse sans voix. Il est bien entendu interdit d’aller s’y perdre, Maëlle doit se contenter d’observer cet infini blanc en longeant à pied le bord de la route.
 
Sandra lui avait bien recommandé de se rendre à la Vallée de la Lune en fin de journée, lorsque la lumière du soleil accentue les reflets ocres-rougeoyants et la transparence des arêtes des « roches ». Elle a tout bien fait comme il fallait, la voilà qui marche dans ce dédale, au gré de ses envies. Sous ses pas des craquements constants, comme si elle marchait sur des kilos de gros sel. Les roches même semblent fragiles, pour un peu on pourrait peut-être en briser le bout avec les doigts, qui sait ? Et cette lumière indescriptible, du rouge qui flamboie sous le soleil, du rose plus pâle, et le blanc du sel comme une décoration digne de la touche finale du meilleur pâtissier.
 
Elle s’arrête. Écoute. Ça crisse doucement. Elle se laisse envelopper par cette atmosphère irréelle, mais non !!! C’est bien elle qui est là, elle mitraille chaque recoin de ce dédale. Le guide la suit des yeux, elle lui a dit qu’elle voulait être seule pour se fondre dans ces éléments à la fois hostiles et accueillants. Il la surveille, simplement pour la raccompagner vers la sortie de ce labyrinthe magique. La nuit est quasiment là maintenant, et dans le 4x4 qui la ramène à San Pedro de Atacama, elle pense déjà que dans quelques courtes heures il faudra se lever pour assister au lever du soleil sur les geysers du Tatio.
 
Maëlle retrouve Carlo, son guide d’hier, à la réception de l’hôtel à 3 heures et demie du matin. Un peu de route et les voilà arrivés sur un vaste emplacement où sont déjà garés de nombreux véhicules. C’est la meilleure heure pour venir. Maëlle découvre un champ de fumerolles blanches qui contrastent avec le sol gris foncé à cette heure-ci. Elle s’avance prudemment, surtout ne pas s’approcher du bord des mofettes, ces trous d’eau gigantesques dont le rebord est extrêmement friable, sous peine d’être engloutie dans l’eau qui est à environ 80°. Le froid est pourtant assez piquant sur ce plateau. A intervalles irréguliers, le geyser se forme. L’eau monte en une énorme bulle qui éclate vers le ciel en projetant l’eau bouillante. La terre est vivante, on dirait qu’elle respire et qu’elle se débarrasse d’un chaos intérieur indésirable. Maëlle ne se lasse pas de guetter l’eau redevenue tranquille, jusqu’au prochain frémissement annonciateur de la prochaine révolution. Elle en oublie le froid qui lui mordille les joues, tout le reste est soigneusement enveloppé de gants, bonnet, doudoune, pantalon chaud et grosses chaussures.
 
Un peu plus loin, un geyser fontaine crache eau et fumée, on dirait une énorme cheminée posée du sol. Le conduit intérieur est assez fin et l’eau en ressort d’autant plus violemment.
 
Le soleil qui se lève fait ressortir quelques couleurs cachées jusque-là. Le sol est gris, noir et rouge, avec quelques traînées verdâtres. Les fumées sont parfaitement blanches et se découpent devant le ciel déjà bleu.
 
Un peu plus tard, assise à même le sol, un peu éloignée du plateau, Maëlle, submergée par l’émotion de ces deux derniers jours, essuyait une larme qui coulait lentement le long de sa joue droite. Il n’y avait aucun mot qui pouvait raconter ce qu’elle venait de vivre.
...
LA DENTELLIERE
 
Rentrée à Nice, Maëlle avait mis plusieurs jours pour décanter des découvertes-chocs de ce dernier mois. Elle avait opté pour un peu de farniente à la mode sudiste, mais c’était sans compter sur sa bougeotte légendaire.
Pas de passeport, pas de visa, juste un billet de train qui la mènerait au Puy-en-Velay, point de départ de la Via Podiensis, en direction de Santiago (celui d’Espagne cette fois-ci !) Un long cheminement qui lui prendrait presque deux mois… Elle avait du temps. Elle avait envie. Alors pourquoi pas ?
Le tortillard qui se traînait de Saint-Etienne au Puy-en-Velay n’en finissait pas avec ses « escales » mais elle ressentait déjà la pression du TGV Nice-Lyon et de la gare Lyon Part Dieu retomber. Elle se laissait doucement porter en ce début d’après-midi, n’ayant aucune idée de ce qui pouvait bien l’attendre sur ce Chemin.
Arrivée au Puy, elle rejoignit le gîte qu’elle avait réservé et ses affaires installées dans sa chambre, elle partit illico pour une découverte de la ville haute, dédale de rues escarpées sous la cathédrale majestueuse Notre-Dame du Puy.
 
Au détour d’une ruelle, sur une placette à peine plus grande que son salon, Maëlle aperçut une vieille dame assise devant la vitrine d’une échoppe hors du temps. Habillée de noir, la tête penchée en avant, elle était captivée par un ouvrage quelconque autour duquel ses mains s’activaient fébrilement. En s’approchant, Maëlle découvrit que ces mains qui bougeaient sans arrêt prenaient et reposaient des espèces de fuseaux en bois dont elle entremêlait les fils de coton blanc. Un ballet orchestré de main de maître, dont la partition lui semblait aléatoire. La dentellière, par contre, n’avait aucune hésitation. Ses doigts déformés par la vieillesse semblaient fragiles mais elle se saisissait habilement de chaque fuseau-bobine pour le reposer après l’avoir glissé une fois dessus, une fois dessous son ouvrage (à moins que ce ne soit l’inverse) et en reprendre un autre après. La composition de dentelle se faisait petit à petit.
Maëlle était fascinée par la concentration de la vieille dame, qui semblait absorbée dans une bulle intemporelle. Elle imaginait combien d’ouvrages elle avait pu accumuler durant toute sa vie, l’échoppe semblait dater d’un autre monde, sans doute avait-elle pris la suite de sa mère, de sa grand-mère ? Pendant qu’elle se perdait dans ses pensées, de son côté la vieille dame continuait inlassablement, à peine avait-elle levé un instant ses yeux d’un bleu délavé vers Maëlle en lui adressant un sourire timide.
 
En regagnant son gîte, Maëlle se disait que désormais elle verrait d’un autre œil le napperon jauni sur le guéridon de l’entrée chez sa grand-tante. Tant d’heures de travail minutieux forçaient au respect.
...
RETOUR AU CARNAVAL
 
Maëlle avait fait une pause dans son parcours du jour. Son sac à dos posé à ses pieds, elle alluma son téléphone pour regarder ses messages. Celui de son grand ami Laurent lui fit chaud au cœur. Laurent… compagnon de l’enfance, de l’adolescence, de la vie d’étudiant à Nice, des 400 coups et des virées mémorables ; Laurent qui avait quitté Nice pour « monter » à Paris exercer son métier de journaliste et à qui elle avait laissé les clefs de son appartement si l’envie lui venait de revoir la Méditerranée pour quelques jours ou quelques semaines.
 
« Ma Maëlle, je me suis décidé à profiter de ton appartement, même si j’aurais préféré te voir par la même occasion, mais la nostalgie de la Méditerranée, du Château et du Vieux Nice ont balayé mes hésitations. Je me suis rendu compte que le Carnaval commençait cette semaine et je compte bien aller me noyer dans la foule joyeuse et dans ce grand chahut qui entoure tous les corsos. Prend bien soin de toi. Bisous ma belle »
...
A peine descendu de l’avion, le tram avait transporté Laurent directement sur les quais du Port de Nice. L’odeur de la mer et des bateaux a fait ressurgir mille souvenirs d’enfance et, après avoir remonté les marches, il lui avait fallu quelques minutes pour se trouver devant la lourde porte de l’immeuble de Maëlle. Son appartement respirait les voyages, melting-pot international et coloré d’objets chinés, marchandés aux quatre coins du monde. En sirotant son pastis sur le balcon, il regardait la digue du port et le phare qui venait d’allumer son feu rouge. Demain il irait… il ne savait pas où ni dans quel ordre mais pour le moment il se laissait envahir par les souvenirs des Carnavals de son enfance.
 
D’abord, l’atelier immense où se construisaient les chars. Son père l’amenait de temps en temps le samedi matin, il allait y saluer un ami carnavalier qui se faisait un plaisir de donner mille explications au gamin qu’il était. C’était gris là-dedans dans ses souvenirs, gris mais joyeux, chacun savait exactement ce qu’il avait à faire. Et oui, gris, car avant les peintures et les habits en satin coloré il y en avait du travail pour construire les structures des chars et de leurs personnages de carton-pâte. Il y avait aussi de la musique. Des vieux airs niçois. Laurent tenait fermement la main de son papa et marchait dans l’atelier la tête penchée en arrière et les yeux curieux de tout. Ça s’interpellait – en niçois souvent – , ça criait, ça posait des questions. Un joyeux brouhaha… et à chaque visite Laurent voyait les chars et les grosses têtes qui prenaient forme.
 
Et puis c’était la première sortie de sa Majesté Carnaval. Les chars passaient dans les petites rues derrière le Port, les habitants du quartier étaient au balcon. Les flonflons commençaient à se roder. Quelques enfants costumés sur les chars, tranquilles pour le moment, jusqu’à arriver sur la « ligne de départ » du corso.
 
Et là, la foule, le bruit, la musique, les cris des vendeurs de confettis, la mise en place des orchestres et fanfares variées qui lâchaient quelques sons cacophoniques pour se chauffer. Laurent accompagné de sa famille se tenait au bord de la chaussée de l’avenue de la Victoire, au premier rang d’un ruban compact de touristes mêlés aux Niçois. Les chars défilaient à un train de sénateur. Chacun sa musique. Les enfants dansaient, chantaient, jetaient des confettis. Les porte-voix crachaient leur animation.
 
Laurent n’était pas en reste, avec son frère et ses sœurs. Entre deux chars, une fanfare défilait. Trompettes stridentes, cuivres aux sons pleins et grosse caisse caverneuse qui résonnait dans son ventre… Quel joyeux défilé mais quel bruit aussi ! La musique entraînante qui donne envie de danser, de tourner, de chanter. La musique « locale », des chansons aux paroles tantôt nostalgiques tantôt un peu osées mais en niçois, ça passe mieux !
 
Ce que Laurent adorait par-dessus-tout, c’étaient les grosses têtes. Des têtes énormes, aux bustes raccourcis, qui défilaient en petits groupes selon un thème bien précis lié à celui du Carnaval, avec de toutes petites jambes qui en dépassaient et un petit trou au niveau du buste par lequel on pouvait deviner la figure de celui qui la portait. Laurent en avait fait l’expérience à l’adolescence, il gagnait ainsi son argent de poche pour partir en vacances avec ses copains pendant l’été. Il adorait courir vers les enfants et s’incliner dans leur direction, risquer quelques pas de danse selon le morceau joué par le char qui le précédait. C’était fatiguant, la « tête » était lourde, il fallait tenir presque deux heures mais Laurent et ses copains rivalisaient d’ingéniosité pour protéger leurs épaules qui soutenaient la structure en bois.
 
Il y avait aussi l’immanquable lancer de « Paillassou » et tout autour du drap blanc tenu par quelques-uns, des gamins couraient, s’apostrophaient et chantaient pour encourager les lanceurs dans leur décompte de rebonds.
 
Une cacophonie incroyable, mélange de cris, musiques à fond dans les haut-parleurs, fanfare locale ou étrangère, majorettes. Des farandoles improvisées. Des couleurs, vives, chaudes sous le soleil ou scintillantes lors des corsos nocturnes.
 
Laurent savait qu’il ne retrouverait pas cette ambiance bon enfant et spontanée de ses souvenirs, mais il irait dès le lendemain soir assister à la première sortie du Roi, de la Reine et de Carnavalon.
...
CLAP DE FIN
 
Maëlle allait rentrer à Nice dans quelques jours. Assise sur un des gros rochers qui bordaient le sanctuaire da Virxe da Barca à Muxia. Dans sa tête défilaient toutes ses dernières escapades, toutes ces belles rencontres qui avaient fait son quotidien pendant ces derniers mois.
 
Un trésor que cette découverte de tous ces trésors. Le sentiment de l’enrichissement qu’elle avait acquis n’était pas un vain mot. Elle se souvenait pêle-mêle de quelques instants de discussion avec des enfants chiliens qui l’avaient bombardée de questions curieuses sur son pays, de la grandeur du Taj Mahal et de la pauvreté qui l’entourait pas loin, d’une soirée d’étape sur son chemin de Compostelle, passée à échanger avec un américain amputé des deux jambes qui faisait la route en vélo, de tous ces paysages époustouflants qu’elle avait détaillés de longs moments pour les garder gravés dans sa mémoire, de la Croix du Sud observée dans les ciels nocturnes d’Amérique du Sud dont l’amas d’étoiles s’appelle aussi « la boîte à bijoux »…
 
Elle appréhendait un peu son retour, mais elle rapportait avec elle une « boîte à trésors » d’une richesse inestimable, qu’elle pourrait ouvrir chaque fois qu’elle le voudrait. Et ce n’était pas un rêve.
 
Bernadette Montiglio

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Rédigé par Bernadette

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 16 Février 2023

Après de nombreuses excursions, flâneries, randonnées et promenades autour de ces merveilles, la fin de mon voyage est là. J'ai pu voir, apprécier et surtout découvrir des trésors qui me laissent rêveuse et m'imprègnent de sentiments divers. Après avoir vécu cet intermède, plein d'émotions et de souvenirs très agréables, ce voyage dans le temps, je crois, laissera l'impression d'avoir reçu dans ma vie un joli cadeau inoubliable.

Mais c'est l'essentiel aujourd'hui qui me mène à ouvrir ma malle à objets précieux, je regarde au fond bien cachés, bien à l'abri, mes trésors à moi, ma richesse de toute une vie personnelle : L'AMOUR , l'amour que je donne et reçois tout au long de mon chemin de halage, et qui m'a permis de passer d'une rive à l'autre joyeusement.
 

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Rédigé par Arlette

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 16 Février 2023

 
Maëlle allait rentrer à Nice dans quelques jours. Assise sur un des gros rochers qui bordaient le sanctuaire da Virxe da Barca à Muxia. Dans sa tête défilaient toutes ses dernières escapades, toutes ces belles rencontres qui avaient fait son quotidien pendant ces derniers mois.
 
Un trésor que cette découverte de tous ces trésors. Le sentiment de l’enrichissement qu’elle avait acquis n’était pas un vain mot. Elle se souvenait pêle-mêle de quelques instants de discussion avec des enfants chiliens qui l’avaient bombardée de questions curieuses sur son pays, de la grandeur du Taj Mahal et de la pauvreté qui l’entourait pas loin, d’une soirée d’étape sur son chemin de Compostelle, passée à échanger avec un américain amputé des deux jambes qui faisait la route en vélo, de tous ces paysages époustouflants qu’elle avait détaillés de longs moments pour les garder gravés dans sa mémoire, de la Croix du Sud observée dans les ciels nocturnes d’Amérique du Sud dont l’amas d’étoiles s’appelle aussi « la boîte à bijoux »…
 
Elle appréhendait un peu son retour, mais elle rapportait avec elle une « boîte à trésors » d’une richesse inestimable, qu’elle pourrait ouvrir chaque fois qu’elle le voudrait. Et ce n’était pas un rêve.
 

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Rédigé par Bernadette

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Publié le 15 Février 2023

 
Cette année Carnaval fête son 150ème anniversaire. Je décide de faire venir ma cousine à Nice et profiter de voir ce spectacle haut en couleurs. A lui tout seul, le char du Roi carnaval contient tous les trésors du monde, les pyramides de Gizeh, les trésors personnels, etc.
Sous un soleil radieux, ma cousine et moi, plongeons dans l'ambiance festive. Dans ses montagnes, comme elle dit, il n'y a pas autant de monde. Elle reste surprise.
Les arlequins et colombines sautent, dansent, tournoient, au beau milieu d'une foule en folie. Des clameurs, des AH ! OH ! montent dans les airs au passage des chars. La musique bat son plein. Tout le long du corso, il y a des personnages rocambolesques. Les masques de dentelles laissent planer le mystère.
Des jeunes artistes jouent sur des instruments à percussions une musique entraînante, sur des rythmes de salsa. Nous participons à l'ambiance générale, avec frénésie. Des groupes venus d'ailleurs, diffusent des mélodies plus légères, qui tintent comme un bruissement, dans une clameur éclatante. Ma cousine est un peu perdue dans ce bruit, mais apprécie.
Des odeurs de barbe à papa, de pommes d'amour, et de pralines chatouillent nos papilles. Cela fait un beau méli-mélo avec les jets de serpentins et confettis qui se collent et s'enroulent comme des toiles d'araignées. Les grosses têtes, comme on les appelle, défilent lentement devant nous, habillées, colorées, faisant pleurer l'accordéon avec des airs coquins, sous des yeux ébahis.
Des violons diffusent une légère vibration de notes qui dansent dans l'air frais du mois de février. Le volume sonore est d'une telle densité que le martèlement des tambours s'envole comme un vent pleurant dans les branches.
Le soleil de la Côte-d'Azur caresse les peaux. Les rires et hurlements font une cacophonie. Les frous-frous soyeux gazouillent, perdus dans un mirage. Les cracheurs de feux déclenchent une luminosité éblouissante.
Le monde bouge, le carnaval aussi, je ne retrouve pas, mon carnaval à moi, où chacun à sa manière participait et contribuait à la réussite de cette grande fête de notre région.
L'illusion s'envole dans l'obscurité. Monsieur Carnaval est mort, dans un joyeux feu de bois. La musique se tait. Le silence reprend sa place.
Ma cousine est très heureuse de sa journée, mais elle veut retrouver ses montagnes le plus vite possible. Ah ! ces montagnards.....
 

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Rédigé par Arlette

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Publié le 15 Février 2023

 
Ils se sentaient bien trop à l’étroit Sixième Avenue et 43ème étage gauche.
Cain avait réussi son doctorat sur l’éclairage des vers luisants. Papa l’avait tellement soutenu.
Quant à Abel il n‘avait pas poursuivi sa licence de chaman et pensait fortement,
avec maman, à commercer du miel, un miel hallucinogène
Ils s’installèrent en Himalaya dans la vallée haute du Hongu,
une vaste et luxuriante étendue déserte, très peu fréquentée des âmes qui vivent.
Un à-pic de roches roses humides et friables surplombant une profonde jungle
rempli d’essaims, pulseurs comme un caisson de basse.
Un trésor de la nature juste approché par l’unique et intrépide Mauli.
 
Des abeilles noires, une beauté sauvage. Leur miel, aussi doré qu’un lingot.
Des alvéoles débordantes d’un suc sans pareil.
Des fleurs centenaires aux corolles chatoyantes et aux parfums envoûtants,
des rhododendrons surtout,
toute une équipe de femmes organisées et travailleuses virevoltants entre les cases à remplir.
 
Pendant que Caen jouait à la console avec son père en attendant la nuit,
Abel s’occupait, avec un habit de fortune et une échelle lianes, de récolter le précieux breuvage,
souvent en équilibre sur des hésitations
mais tellement accroché à la certitude d’avoir trouvé un autre paradis.
 
Soudain, un samedi après-midi orageux, une horde de bourdons se posa tout près des ruches.
Des bourdons équarisseurs aux ailes en K.

Dans un défilé de drapeaux rouges et des fumigènes, les molosses s’agitaient hargneux
et menaçants pour jeter la confusion à nos ouvrières juste rentrées de leur fin de journée.
Heureusement, quelques-unes, quand même payées en heures supplémentaires,
étaient restées sur le pas de porte des essaims pour protéger leurs reines.
Ce ne fut pas suffisant pour certaines qui accouchèrent prématurément et dans la douleur,
de spécimens qui resteraient probablement handicapés du dard à jamais.
 
La colonie était en péril. Très vite Abel se précipita au secours de ses protégées.
Avec son taser, il fit exploser le nuage des bourdons mais ce n’était pas suffisant.
Alors il pensa à la valise du paradis et au dernier rayon de lumière enfermé par ses parents.
Il n’hésita pas une seconde et tant pis pour les enchères de Drouot.
Dans un éclair foudroyant les bourdons tombèrent comme des mouches.
 
Mais Cain savait et il s’était tu.
Cain le traître, savait que monseigneur Koko avait pris sa retraite dans l’autre vallée,
le long de la rivière Hongu, chez son cousin kulung.
C’ETAIT CHASSEUR DE MIEL
 
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Le temps allant bon an mal an, d’Eve et d’Adam il ne reste plus qu’un monument.
Partis sans égal , venus sans venir, ils ne jouiront jamais du fin mot de l’histoire.
Nous non plus d’ailleurs.
Trahi par son frère, avec des parents sous une dalle, Abel décida de quitter Hongu
pour la Mongolie et Oulan-Bator.
Le long de la piste du Transsibérien, vivait un chaman et son église.
A la fac, on avait déjà dit à Abel qu’il aurait hérité de la fibre chamaniste de sa mère.
Il n’avait conservé que quelques notions de sa licence de l’époque pourtant
il ne mis pas longtemps à convaincre son nouveau maître.
Désormais toutes les nuits de pleine lune, il partait à la rencontre des esprits,
faisant dialoguer l’invisible avec le visible.
Dans le froid polaire, on allumait un grand feu. Abel se vêtait de son plus simple appareil,
la face cachée par un masque de feuilles de tilleul de la région.
Une danse commençait doucement accompagné de son chant d’incantations, si particulier.
Quand il arrivait tout près de l’Ovoo, des congénères malades fixaient les rubans de couleur
pendant qu’en transe il évoquait les esprits pour leurs guérisons.
Lors d’une première divination un lundi après-midi, Abel entre-aperçu la mitre de monseigneur Koko dévorée par une myriade d’abeilles noires. Au pied de la falaise il restait très peu du visible de notre homme écrasé de remords et de regrets pour le miel en pots.
Caïn de son côté, venait de quitter Hongu aussi, plus du tout intéressé par les vers luisants
convertis désormais aux LEDs. et il s’était spécialisé dans le parapluie.
Pour cause, il avait peur de tout ce qui lui tombait dessus. Chauve, bossu, boiteux, célibataire,
plus de points à son permis, et j’oubliais la console, tombée dans le trou.
Lors d’une vision cette fois un samedi après-midi, le courant de pensée de Caïn se jeta violemment
sur Abel qui n’échappa pas à la diablerie meurtrière de son frère.
Une grosse dépression le secoua tellement fort qu’il finit par couler à pic dans son dernier mot.
Depuis ce jour Caïn erre de terres en îles, de mers en continents, prisonnier de son âme
morte d’éternité et de son bracelet électronique.
Ainsi finira le commencement... ou presque … ou pas … ?
C’ETAIT LE CRIME PREMIER NE
 
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Hier soir sa majesté carnaval à soufflé son cent cinquantième sur la coulée verte.
Une première.
A l’occasion, j’avais loué une paire d’échasses pour mieux passer outre
le périmètre sans oeilletons de l’Office du Tourisme.
Figure toi que j’avais pris l’idée de me lover dans les bras de Britney Spears
spécialement venue en petite tenue polystyrène et fibres de verre
nous montrer le meilleur de ses atouts maquillés et modifiés gonflés.
Tu sais que je suis épuisé. Depuis ce matin je dois garder l’équilibre,
patienter le boire et le manger dans un serpentin de têtes en buste
sans compter les trilles des langues de belle-mère.
Mais voilà enfin qu’au loin j‘aperçois le char numéro 13.
Il avance doucement, précédé, me semble-t-il par la fanfare des Crapauds de la Mare,
Si, si, c’est écrit sur le programme. Je vous jure.
Donc comme tout arrive à qui sait attendre, et elle vient de le dire,
mais là, pas de chance.
Britney s’incline complètement à mon opposé.
Ma contorsion voire plus, devient nécessaire.
Pas le choix, je passe l’échasse gauche sans problème
par-dessus la clôture plus trop zinguée,
puis je tente la droite et vlan, je glisse sur un confetti bleu
à moins que ce ne soit un vert ?
Penchons-nous un peu,
mais non, c’est un énorme… grain de folie.
Plus loin vers le lendemain, à Pasteur city
dans les courants d’air des couloirs,
des paillassous partout,
des Rois, des Reines défilent en désordre, sans fleurs ni couronne.
Et moi, allongé dans un presque plâtre,
j’ai le masque qui pleure de rire
des toquades coincées encore dans ma caboche,
Britney dans ma poche gauche, une photo découpée dans télé Machin
et Carnaval dans ma poche droite, un billet d’entrée plein tarif signé.
C’ETAIT CARNAVALEMENT VOTRE
 
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Cette année la ville de Nice, comme pour chaque carnaval, a passé de nombreuses annonces pour recherche de conducteur ou conductrice de tracteurs, ceux qui servent à porter les personnages du carnaval pour les défilés
Justine et Marius ont retenu l’attention de la Collégiale des Festivités.
Agriculteurs en retraite mais encore verts ils avaient toujours rêvé de voir la mer.
Originaire de Roucouler-les-Bains, ils seraient disponibles pour une semaine voir deux mais pas plus à cause des cochons en demi-pension chez Georgette, la première adjointe de la mairie de Roucouler-les-bains, leur village commun.
  • Dis la Justine, nous z’ont prêté un hôtel de luxe pour ce carnaval , le 150e y paraît.
On a même la télé et un balcon avec deux chaises.
Et puis penche-toi un peu. On voit la mer là-bas juste derrière ce palmier. C’est bizarre
Reste plus qu’un trognon. Peut-être z ont enlevées les palmes pour les donner aux paysans d’ici à cause du four de cet été ?
  • Le Marius, tu dis n’importe quoi. Occupe-toi donc de remonter le réveil pour 4 heures et n’oublie pas tes cachets. Fait vraiment chaud ici. Tu peux bien quitter tes chaussettes, tu dormiras mieux.
  • Mais z’ont dit, y’a l’appareil pour le chaud et le froid. Là regarde y’a une boîte.
  • Commence pas à toucher tous les boutons. Ouvre plutôt la fenêtre.
Mais dis donc le Marius ça me fait penser, tu as bien fermé le cajibi des cochons ?
  • Pour sûr la Justine.
  • Alors bonne nuit mon Marius.
  • Ce soir z’ai pas eu mon bisou à débordement, ma Justine ?
Le lendemain après un petit déjeuner rapide, un car de ramassage venait prendre nos amis directement dans le parking de l’hôtel en direction du hangar.
Tout était très bien organisé. Les costumes, les accessoires, les grosses têtes et les chars qui étaient alignés dans l’ordre de sortie.
  • Bonjour messieurs dame moi c’est Jérôme.
  • Nous Marius et Justine pour le char numéro deux. Le char Koko je crois.
  • D’accord je vais vous y conduire. Je vous donne une tablette et un panier garni.
Nos deux amis étaient émerveillés par l’endroit eux qui n’avaient jamais été plus loin que Roucouler-les-Bains. Une sympathique équipe les avait pris en charge.
Vint le grand moment, faire connaissance avec le tracteur, l’engin de tous les rêves de Marius, lui qui n’avait que le très vieux Fergsson de son père. Justine hésitait tandis que Marius, sa moitié avait déjà ouvert la porte de la machine.
  • La Justine dépêche-toi de monter.
  • C’est un peu étriqué là-dedans et zut, en plus, J’ai oublié de mettre mes bas de contention et …
  • Dépêche-toi de monter la Justine. Le Jérôme m’a tout expliqué pour conduire le tracteur.
Nos joyeux lurons étaient tellement impatients de démarrer, Justine un tantinet inquiète quand même. Marius avait installé sa tablette avec tout le programme sur ses genoux. A Roucouler on disait que Marius est particulièrement doué en informatique. Ca et puis aussi, pour saigner les cochons. Le reste c’était Justine.
Le grand portail du hangar s’ouvrit sous des olas de l’équipe. Première sortie du Carnaval.
Marius les yeux dans le mollet de monseigneur Koko et tout près de l’ourlet de sa soutane, était fou de joie.
Il embraya sur l’avenir juste derrière la cavalerie de Mongolie, un rythme déjà endiablé sur des airs culotés.
Koko était impressionnant. Encore plus laid que dans la vrai vie. Il avait réussi à figurer dans le défilé
étant le seul médaillé encore de ce monde, pour ses excellents pots de miels.
Par ailleurs, il descendrait lui aussi à Nice pour jouir de la plus vue sur la mer du Negraisseco.
Sur le char, des jolies jeunes filles virevoltaient de toutes parts et Marius jubilait des vibrations gratuites et régulières des danses de ces demoiselles, un changement avec celles des trayeuses de Roucouler.
  • Marius, un bisou qui déborde, s’il te plaît …mon chou.
  • Minute La Justine. Mets donc tes yeux en face des trous pour voir dehors et
dis-moi si je z’peux avancer un peu sur la gauche. Je dois laisser le passage à la dame de la Police Municipale et son canasson.
  • Voilà tu peux. Dépêche-toi elle a priorité.
Soudain un grand bruit. Marius tente désespérément de redresser le char. Koko est touché de plein fouet, la mitre toute neuve accrochée à la caténaire du bus électrique. Un énorme soubresaut, une panique sur la zone.
Marius quitte précipitamment la cabine pour constater les dégâts, Koko décapité, la tête qui pend sur l’épaule, la fin d’un règne, le début du purgatoire.
Restera l’homme du Négraisseco. Caïn s’engouffre dans le moins quatre pour récupérer
la Porche de Monseigneur Koko. Une ombre se glisse au diable Vauvert du parking.
Soigné et discret, Caïn enfile sa casquette et ouvre la boîte à gants…
C’ETAIT SOUS LES JUPES
 
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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 15 Février 2023

 
LE TRÉSOR DE PHAROS
 
Je suis paraît-il, encore aujourd’hui, qualifié de 7ème merveille du monde. Pourtant je n’existe plus depuis bien longtemps maintenant. J’étais un édifice remarquable et même exceptionnel. Ma vie durant j’ai guidé de nombreux marins sur la mer d’Egypte, à l’entrée de la ville d’Alexandrie. J’ai permis à beaucoup d’entre eux de braver les tempêtes et d’échapper au naufrage. Et cela pendant plusieurs siècles. Imaginez ! J’ai été bâti sur l’ordre de Ptolémée 1er au IIIe siècle avant J-C et j’ai fini ma vie au XVe siècle de votre ère !
Les raisons de ma construction ? La première est, bien sûr, celle de toute tour placée comme moi à l’entrée d’un port, donner par mon signal lumineux un repère aux bateaux arrivant à Alexandrie. C’est d’ailleurs parce que j’ai été érigé sur l’île de Pharos que désormais tous les édifices de ce genre s’appellent des phares.
Mais je crois bien qu’une autre raison à ma réalisation colossale, ce fut le désir de Ptolémée 1er de montrer sa puissance. Je mesurais 130 mètres de haut ! C’est extraordinaire n’est-ce pas ? Ils ont mis quinze ans pour m’édifier !
Je rayonnais au propre comme au figuré. Qui n’a pas entendu parler de moi, le phare d’Alexandrie ! Certains m’identifient même parfois à Râ, le dieu égyptien du soleil.
Comment ma vie glorieuse a-t-elle fini ? Eh bien, moi qui avais les pieds sur terre et la tête dans le ciel, moi qui ai consacré toute mon attention à la mer et à ses tempêtes, moi qui ai protégé de toutes mes forces les vaisseaux et leurs équipages chaque nuit pendant plus de dix-sept siècles, j’ai senti un jour, en 1480 je crois, que mon corps de pierre se mettait à trembler. Ce n’était pas tout à fait nouveau, j’avais déjà perçu quelques fois des frémissements de l’île sous ma base, mais rien de bien inquiétant. Là, le tremblement, faible au début, s’est amplifié rapidement, ma lanterne s’est mise à vaciller, je ne comprenais pas ce qui se passait. Des fissures sont apparues sur mon corps robuste. La mer s’est déchainée, je ne pouvais plus rien contrôler. Le bruit des vagues qui venaient cogner contre les rochers en contre-bas était assourdissant et totalement inhabituel, tout comme le grondement lugubre qui montait de la ville d’Alexandrie et de partout. Soudain ce fut la nuit totale et moi, le phare géant, symbole de puissance et de force, je me suis écroulé pierre après pierre et elles ont roulé avec fracas dans la mer.
Mais je suis entré dans la postérité et aujourd’hui, plus de cinq cents ans après cette fin tragique, on parle encore de moi. La preuve !
 
LE MONT-SAINT-MICHEL
 
Maya est une de mes amies depuis longtemps, plutôt aventurière, elle aime les voyages non organisés et souvent en solitaire.
Lors de notre dernière rencontre il y a quelques semaines, je lui ai parlé de mon atelier d’écriture du lundi et notamment de mon texte sur le phare d’Alexandrie. Maya sait que je suis fascinée par ces tours. Voyant mon enthousiasme, elle m’a demandé si elle pouvait lire ce que j’avais écrit à propos de ce monument aujourd’hui disparu. Et c’est là qu’elle s’est exclamée, un sourire aux lèvres : « Je crois que je tiens mon prochain voyage ! »
Quelques jours après, je reçois une carte postale représentant le phare de Cordouan. Et ces quelques mots écrits par Maya au dos de l’image : « Ce n’est pas le phare de l’île de Pharos mais celui-ci est tout de même hors normes ! » La photo me donne envie d’en savoir un peu plus sur ce phare dont j’ai bien sûr déjà entendu parler. Il se trouve à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde. Haut de plus de 60 mètres, ce qui est déjà beaucoup, il est loin de rivaliser avec le phare d’Alexandrie ! Mais sa particularité est d’être situé en mer. Et je me dis que cela doit être vraiment impressionnant pour les gardiens notamment lors des tempêtes !
Deuxième carte postale de Maya quelques jours plus tard et deuxième image de phare. Visiblement elle a longé la côte atlantique, la voilà en Bretagne. Cette fois, c’est le phare de Créac’h situé sur l’île de Ouessant, reconnaissable à ses bandes noires et blanches. Décidément, j’aurais bien apprécié ce voyage moi aussi ! « C’est le phare le plus puissant d’Europe » a écrit Maya,  «Savais-tu qu’il a deux lanternes superposées et une portée de soixante kilomètres ? » Et puis en tout petit, elle a écrit : « Je serai bientôt en Normandie… »
Je me mets à attendre la prochaine carte. Ces trois petits points me laissent songeuse. Moi, si je faisais ce périple, j’irai voir le Mont Saint-Michel. Ou plutôt revoir, car j’y suis déjà allée il y a bien longtemps et ce lieu m’a laissé un souvenir indescriptible. Comment dire ce que ce site a éveillé en moi ? De l’éblouissement devant cette abbaye appelée « la Merveille », construite à la demande de l’archange saint Michel il y a plusieurs siècles, puis agrandie et restaurée. Du plaisir à parcourir les charmantes ruelles du village. De l’émotion en pensant au lourd passé de l’édifice qui servit de prison. De l’enchantement en contemplant la beauté du paysage environnant quand le regard parcourt la baie à marée basse. La seule ombre à ce tableau de souvenirs reste la grande fréquentation du lieu, peu propice au recueillement.
La troisième carte postale de Maya réveille en moi des sentiments mélangés. On y voit la stature imposante du Mont au moment des grandes marées, comme un phare au milieu de la mer dont la lanterne serait la statue dorée de Saint Michel terrassant le dragon.

...

IL LAGO MAGGIORE
Maya ne m’avait pas donné de ses nouvelles pendant plusieurs jours après sa visite au Mont-Saint-Michel. Puis je reçus un texto d’elle me disant qu’elle traversait la France en diagonale depuis la Normandie. Elle envisageait même de passer par l’Italie du Nord avant son retour à Nice. Elle avait écrit : « Tu m’as tellement parlé de cet endroit magique qu’il faut que j’aille le voir de mes propres yeux ». J’ai compris tout de suite à quel lieu Maya faisait allusion. Je lui avais décrit la région sud du lac Majeur entre le Piémont et la Lombardie avec force détails et avec tout l’enthousiasme que cet endroit avait fait naître en moi quand je l’avais découvert quelques années auparavant.
Et voilà que tous les souvenirs des moments heureux passés au bord du lac Majeur me revinrent pêle-mêle intensément en mémoire. La première fois qu’il m’était apparu au détour de la route après plusieurs heures de voiture au départ de Nice, cela avait été comme un coup de foudre. Enfin il était là ! Sa couleur verte reflétant la nature environnante et son calme avaient ravi mes yeux, quelque chose d’impalpable s’en émanait et j’ai su à cet instant là que cette rencontre allait donner un autre sens à ma vie.
Il avait plu souvent en fin de journée lors de mes séjours à Angera, petite ville italienne au bord de l’eau. Au crépuscule, de la fenêtre de l’hôtel ouverte sur le lac, j’aimais écouter le bruit de la pluie tombant sur les larges feuilles des bananiers, le crépitement des gouttes sur l’eau, et sentir l’odeur âcre de l’herbe mouillée. Dans le silence de la nuit, ce murmure me berçait, le lac me paraissant plus sombre, presque noir.
La journée, je prenais souvent la navette pour aller sur l’autre rive et découvrir ses pittoresques petits villages. Certains, comme Arona, étaient animés les jours de marché par les commerçants et leurs voix italiennes chantantes et je me mêlais avec plaisir à cette ambiance chaleureuse. D’autres étaient plus tranquilles mais tout aussi charmants, comme Belgirate. Celui-ci me plaisait particulièrement avec son église bleue que l’on apercevait de loin, son joli restaurant aux jardinières fleuries qui embaumaient l’air et son tiramisu un régal pour les papilles !
Mais la beauté du lac Majeur je l’ai surtout trouvée éclatante quand, de Stresa, j’ai pris le bateau pour aller aux îles Borromées. Trois îles bien différentes, telles des bijoux posés sur l’eau dans ce décor magnifique qui enchante le visiteur. Je me souviens des parfums des jardins d’isola Bella et d’isola Madre et de la saveur des plats de poissons dégustés sur l’isola dei Pescatori dans un sympathique restaurant au bord de l’eau.
Je trouvais tellement de charme aux petits ports endormis le long des berges, juste quelques barques souvent, dont certaines même prenaient l’eau. Elles semblaient se laisser porter avec douceur et confiance par le clapotis de cette onde paisible. A certains endroits il était facile d’approcher la rive et de toucher l’eau, elle était fraîche et pure sous mes doigts et je m’étais contentée d’y plonger une main et un pied.
Dans cet environnement grandiose entre plan d’eau et montagnes, les belles villas d’époque parsemées sur les rives me faisaient rêver et naître en moi une imagination débordante.
Je me sentais inspirée par leur stature imposante, entourée de jardins verdoyants qui descendaient parfois jusqu’au lac ou par leur ressemblance à de petits châteaux de conte de fée. Et j’inventais, derrière leurs volets souvent fermés, des histoires romanesques de couples valsant sur les parquets cirés.
Maya allait donc découvrir ce lieu qui est devenu pour moi comme un trésor, inspirant et émouvant. Je sentis alors le besoin irrépressible d’y retourner pour revivre toutes ces sensations, poursuivre l’écriture de ce roman commencé là-bas et retrouver cette ambiance italienne, celle de la terre de mes ancêtres. En un instant ma valise à roulette fut remplie. Demain j’irai rejoindre Maya, je reverrai il Lago Maggiore et j’entendrai à nouveau le capitaine de la navette annoncer « Prossima fermata ! »
...
LA BEFANA
J’avais donc rejoint mon amie Maya à Angera au bord du lac Majeur. Nous étions au début du mois de janvier. L’Épiphanie approchait. En France on trouvait déjà des galettes dans les boulangeries. J’étais descendue bien sûr au même hôtel que lors de mes précédents séjours. J’avais noué des liens amicaux avec les hôteliers Louisa et Mattéo qui parlaient parfaitement le français. Ce jour-là nous avions fait, Maya et moi, une balade dans les rues d’Angera et nous avions remarqué dans plusieurs boutiques, sans en comprendre la raison, de grosses chaussettes de laine colorées qui décoraient les vitrines.
En rentrant à l’hôtel, je sentis une bonne odeur de biscuits et je rejoignis Louisa dans sa cuisine. Il y avait sur la grande table toutes sortes de bonbons et de confiseries. Louisa semblait très affairée. Mattéo un sourire aux lèvres vint me saluer. Louisa, elle, resta penchée sur sa préparation.
– Comme ça sent bon Louisa, que nous prépares-tu pour le dessert de ce soir ? demandai-je, les narines réjouies.
– Des biscuits bien sûr, ce sont des befanini ! me répondit-elle souriante en levant la tête. Mais désolée, ils ne sont pas pour les clients.
Devant ma mine interrogative et un peu déçue, Louisa s’empressa de me rappeler que nous étions le 5 janvier et qu’en Italie ce jour-là on prépare la fête de la Befana.
– Ah oui ! J’en ai souvent entendu parler, m’écriai-je. Peux-tu m’en dire plus sur ce personnage du folklore italien ? C’est une sorcière n’est-ce pas ?
Louisa afficha un grand sourire et se mit à me raconter la légende de la Befana, tout en surveillant la cuisson des biscuits et en commençant à remplir de bonbons quelques grosses chaussettes de laine. « Tiens !, me dis-je, les mêmes que dans les vitrines d’Angera »
Befana vient du mot Epifania. On la représente comme une vieille femme, au physique ingrat et à l’allure négligée, qui se déplace sur son balai. Selon la légende, dans la nuit du 5 au 6 janvier, la Befana vient distribuer aux enfants sages des bonbons et aux enfants plus turbulents du charbon.
Je demandais alors à Louisa comment une sorcière pouvait faire des cadeaux aux enfants. Elle se mit à rire en me précisant : « C’est une gentille femme en fait, elle n’a de sorcière que son physique, c’est pour cela qu’on croit qu’elle est méchante avec son dos bossu, son nez crochu, ses vêtements peu soignés et même le balai qui lui sert de monture, mais elle est souriante et aime faire des cadeaux aux enfants ».
Louisa ajouta que cette fête était très populaire et très attendue par les petits italiens qui accrochent des grosses chaussettes à leur porte le 5 janvier au soir et qui ont hâte d’être au matin du 6 pour déguster les biscuits et les friandises.
– Et ceux qui reçoivent des morceaux de charbon alors ? fis-je remarquer.
– Rassure-toi, aujourd’hui on fabrique des bonbons à la réglisse ! me répondit Louisa avec un clin d’œil.
J’étais ravie de cette conversation et je réussis à obtenir un befanini lorsque Louisa les sortit du four, sous le regard amusé de Mattéo qui me trouvait sans doute un peu gamine.
La nuit venue, Maya et moi sommes allées scruter le ciel au-dessus du lac dans l’espoir de voir passer sur son balai la gentille sorcière aux souliers cassés et au chapeau pointu portant son sac plein de confiseries.
...

FANFARES ET BATUCADA AU CARNAVAL

Après la fête de la Befana, Maya et moi avions passé encore quelques semaines en Italie. Le mois de janvier touchait à sa fin et cela avait sonné le moment de rentrer à Nice.

Quelques jours après notre retour, Maya me fit savoir qu’elle aimerait bien assister au défilé du corso de Carnaval qui commençait en ce début de février. « Cette année on fête le 150ème anniversaire du Carnaval, le thème « Roi des trésors du monde » va sûrement t’intéresser aussi ! » avait-elle ajouté avec enthousiasme. Nous décidâmes d’y aller ensemble.
Cela faisait de nombreuses années que je n’étais plus allée me mêler à la foule et partager l’ambiance particulière de cette fête. Je me contentais d’admirer les chars du Roi et de la Reine installés sur la place Masséna durant toute la durée de l’évènement.
La proposition de Maya faisait remonter en moi des souvenirs d’un autre temps.
Le défilé avait déjà commencé quand nous sommes arrivées à proximité du corso et les sons mêlés des fanfares parvenaient jusqu’à nous. Nous approchâmes rapidement pour profiter du spectacle. La foule était dense, les confettis colorés voletaient et les serpentins se déroulaient silencieusement dans une ambiance festive et bruyante. La musique se faisait de plus en plus tonitruante. Juste au moment où nous prenions place en bordure du corso une fanfare militaire défilait. Les cuivres envahirent l’espace, des sons graves qui résonnaient dans tout mon corps, faisaient vibrer l’air environnant, éclataient comme des tonnerres. Le son des cors étaient les plus impressionnants pour moi. Les percussions les précédaient et l’ensemble créait une composition musicale flamboyante.
Un groupe de grosses têtes suivait la fanfare, une s’en détacha et s’approcha de nous. Et soudain je n’étais plus en 2023, mais revenue quelques décennies en arrière. J’étais cette petite fille qui regardait avec étonnement et émerveillement même, ces chars colorés et animés qui défilaient devant elle. Ces personnages de cartons articulés aux costumes chatoyants l’impressionnaient par leur taille. Le bruit des moteurs couverts par les musiques diverses, les danses et les chants des enfants et des adultes qui accompagnaient les chars, le claquement des sabots des chevaux créaient une atmosphère assourdissante et débordante pour elle. Les grosses têtes l’effrayaient un peu quand l’une d’entre elles s’approchait et s’inclinait vers elle pour la taquiner.
Un air de samba brésilienne me tira de cette rêverie mélancolique. Ah ! La Batucada ! J’ai un faible pour ces ensembles de percussion. Je trouve cette musique si chaleureuse et entraînante qu’elle me donne envie de prendre un tambourin et des claves et de m’inviter dans le groupe. Je sentis que Maya appréciait aussi car elle se mit à taper dans les mains en suivant le rythme endiablé. Gagnée par son enthousiasme, je fis comme elle et nous voilà suivant le groupe de musiciens. La musique sud-américaine faisait danser nos corps au son vibrant et cadencé des tambours.
Sourire aux lèvres, je me dis que c’était une bien joyeuse façon de terminer notre magnifique périple qui nous avait menées d’Egypte en Italie en passant par la Normandie.
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L’AMITIÉ, UN TRÉSOR INESTIMABLE
Les dernières semaines avaient été riches de découvertes et de moments agréables partagés avec mon amie Maya. Le lien qui nous unissait depuis de nombreuses années s’en trouvait renforcé. Je retrouvais dans cette relation tout l’aspect précieux de l’amitié qui avait toujours été essentiel pour moi depuis l’enfance : complicité, bienveillance, joie du partage, respect et confiance réciproques. L’amitié, la vraie, ne pâtit ni du temps ni de la distance. Je fis part à Maya de ces réflexions lors de la pause-café qui suivit notre après-midi au Carnaval. Elle fut visiblement émue de mes paroles et me confia qu’elle aussi attachait de la valeur à notre relation.
L’amitié, pour Maya comme pour moi, était un refuge chaleureux, une île merveilleuse, un trésor du monde.
 
Mireille SANTICCIOLI
 

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Rédigé par Mireille

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 15 Février 2023

 
Les dernières semaines avaient été riches de découvertes et de moments agréables partagés avec mon amie Maya. Le lien qui nous unissait depuis de nombreuses années s’en trouvait renforcé. Je retrouvais dans cette relation tout l’aspect précieux de l’amitié qui avait toujours été essentiel pour moi depuis l’enfance : complicité, bienveillance, joie du partage, respect et confiance réciproques. L’amitié, la vraie, ne pâtit ni du temps ni de la distance. Je fis part à Maya de ces réflexions lors de la pause-café qui suivit notre après-midi au Carnaval. Elle fut visiblement émue de mes paroles et me confia qu’elle aussi attachait de la valeur à notre relation.
L’amitié, pour Maya comme pour moi, était un refuge chaleureux, une île merveilleuse, un trésor du monde.
 

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Publié le 15 Février 2023

 

LE TRÉSOR DE CHILDÉRIC Ier

Childéric 1er succéda en 457 à son père Mérovée. C’était un guerrier barbare, courageux et conquérant, au service des Romains. En 457 il devint roi des Francs. Au fil des ses conquêtes, il amassa peu à peu le trésor que je suis, du moins ce qu’il en reste aujourd’hui. Toute sa vie il veilla jalousement sur moi et je me sentais en sécurité. Quand il mourut, son fils Clovis respecta ses volontés et décida de l’enterrer selon les rites romains. Je me retrouvai donc avec lui dans une tombe, sous plusieurs mètres de terre. Je pensais que je ne reverrais jamais le jour. Mais c’était sans compter sur l’énergie de cet ouvrier de Tournai et de sa pioche qui, en 1653, durant des travaux de démolition, mit à jour le caveau et son précieux contenu dont l’anneau d’or à l’effigie du roi franc…

La nouvelle se propagea rapidement et Léopold Guillaume d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas, me récupéra. Quand en 1656 il partit pour Vienne, je faisais partie du voyage. A sa mort je devins la propriété de Léopold 1er et de la maison d’Autriche. On aurait pu s’arrêter là mais, pas du tout ! Pour remercier Louis XIV d’avoir apporté son aide à l’armée impériale on lui remit le trésor. J’étais très heureux car je retrouvais ma terre natale et une prestigieuse demeure : la bibliothèque royale. J’allais enfin pouvoir me reposer. Mais la vie en avait décidé autrement et mon périple était loin d’être terminé. En effet, dans la nuit du 5 au 6 novembre 1831, des cambrioleurs pénétrèrent dans le cabinet des médailles et s’emparèrent de moi. La majeure partie des éléments qui me composait fut fondue et le reste jeté dans la Seine…

Aujourd’hui, il ne reste comme preuve de mon existence passée, que quelques répliques du fameux anneau d’or. Une bien triste fin pour un trésor aussi prestigieux !

LE COLISÉE

Ma petite fille vient de partir pour le collège. Elle a laissé son exposé d’histoire sur le bureau pour le relire ce soir. De quoi s’agit-il ? Le titre attire mon attention : « Le trésor disparu de Childéric 1er ». Curieuse, je lis l’introduction : « Childéric était un guerrier téméraire et conquérant au service de Rome »…

Rome, ma première destination choisie quand j’avais décidé de voyager après avoir pris ma retraite. Rome, un rêve devenu réalité au printemps 2012. Je ferme les yeux un instant pour essayer de retrouver la magie de ma rencontre avec l’un de ses trésors inestimables : le Colisée. Je me souviens de l’émotion ressentie en le voyant pour la première fois. Il se dressait immense, majestueux, flamboyant dans le soleil couchant de cette fin de journée. Il portait bien son nom ce colosse de pierres haut de 57m ! Pourtant le temps ne l’avait pas épargné : les incendies, les tremblements de terre, les guerres avaient réduit à néant une partie de son édifice. Mais, même en ruines aujourd’hui, ce géant de plus de 2000 ans captivait toujours les foules.

Lors de la visite, je m’étais assise un moment en haut des gradins. Des noms me revenaient soudain à l’esprit : César, Néron, Spartacus, Gladiator… Je devenais tout à coup le spectateur de cette splendeur passée. J’entendais les cris de la foule monter jusqu’à moi. Qui acclamait-elle ? Ce gladiateur courageux qui se battait pour rester en vie ? Ce conducteur de char qui franchissait la ligne d’arrivée en vainqueur ? Ce chrétien qui allait mourir pour défendre sa foi ? Je réalisais soudain que le Colisée, l’un des plus beaux symboles de la grandeur de Rome, avait été aussi le théâtre de violences, de cruautés, de souffrances…

La visite était terminée. Avant de sortir, je me retournai pour le contempler une dernière fois et graver en moi son image. Je voulais garder de lui le souvenir d’un chef-d’œuvre capable de traverser le temps et de susciter l’admiration de tous ceux qui, comme moi, avaient eu la chance de le contempler.

Pour être sûre de revenir un jour dans la ville éternelle je n’avais pas oublié avant de partir, d’aller jeter une pièce de monnaie dans la fontaine de Trevi (dos à la fontaine, de la main droite par-dessus l’épaule gauche) en espérant que mon vœu serait exaucé…

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LA CHUTE DE LA DRUISE

En revenant de mon voyage à Rome je décidai de m’arrêter chez ma fille dans la Drôme, une région que je ne connaissais pas encore.

Le lendemain de mon arrivée, ma fille décida de m’emmener découvrir la chute de la Druise située dans le magnifique massif du Vercors. Nous partîmes tôt le matin. La route serpentait dans une forêt de sapins et de mélèzes d’un vert sombre. Les virages succédaient aux virages pour arriver enfin au village d’Ansage, un endroit bucolique avec ses prés verts, ses troupeaux de vaches dont les cloches tintaient allègrement. Après avoir dépassé le village, on emprunta un petit sentier qui s’enfonçait dans la forêt. A la chaleur de la route succédait une fraîcheur agréable. Une odeur de terre mouillée chatouillait agréablement mes narines. De part et d’autre du sentier, de jolies violettes se cachaient sous l’herbe tendre et leur délicat parfum flottait dans l’air. Puis, le sentier se mit à descendre brusquement et devint très escarpé. Pour ne pas glisser, je m’accrochais aux buissons qui me griffaient les mains. Je percevais au loin le bruit de la cascade. Plus on se rapprochait, plus il devenait assourdissant et, soudain, elle apparut. Pour l’admirer, il fallait lever la tête. L’eau qui jaillissait du haut de la falaise venait se fracasser sur les rochers soixante-dix mètres plus bas dans un bouillonnement d’écume. Le souffle qui en résultait parsemait notre visage de fines gouttelettes, une sensation vraiment agréable. Puis l’eau s’apaisait et, après avoir sautillé sur les cailloux dans un léger clapotis, elle finissait sa course au milieu des rochers. On découvrait alors un lagon aux eaux translucides légèrement bleutées, véritable invitation à la baignade. Je ne pus résister à la tentation d’y tremper les pieds mais je les retirai très vite : je ne pouvais plus bouger mes orteils paralysés par le froid…

Je me souviens bien de cette magnifique journée. Même les sandwichs que nous avions apportés avaient un goût différent au milieu de cette nature préservée : on les savourait et chaque bouchée était un plaisir renouvelé.

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LES SANTONS DE PROVENCE
Je quittai la Drôme après un séjour des plus agréables. Je décidai de ne pas reprendre l’autoroute mais de rejoindre Nice par la mythique Nationale 7. Je pourrai ainsi profiter du paysage et m’arrêter selon mes envies. J’avais d’ailleurs l’intention de faire une halte à Saint-Maximin-la-Sainte-Beaume et de rendre visite à Enika Eygazier, maître santonnier. C’est grâce à elle que je possède une collection de santons magnifique que j’enrichis à chacune de mes visites.
Me voilà arrivée chez Enika. Je pousse la porte de son atelier et pénètre dans son royaume. Elle est assise devant sa grande table et me tourne le dos. Absorbée par son travail minutieux, elle ne m’a pas entendue. Pour ne pas la déranger, je vais faire un tour dans la salle d’exposition pour admirer les œuvres terminées qui sont rassemblées dans une crèche géante. J’ai l’impression de retrouver des amis de longue date, ceux qui ont enchanté les Noëls de mon enfance. Grasset et Grassette, les vieux, avancent main dans la main en s’abritant sous leur grand parapluie rouge. Ils sont amoureux comme au premier jour. Le Ravi, lui, est toujours à la même place, les bras en l’air. Son sourire béat est la preuve de son ravissement. Mais voilà le tambourinaire qui s’approche. Comme il est élégant avec son feutre à larges bords ! Il conduit la farandole au son du galoubet et du tambourin. Je ne peux m’empêcher de fredonner quelques notes. Monsieur le Maire, lui, a revêtu ses plus beaux atours : écharpe tricolore et haut de forme. Il se tient très droit et semble fier de son rôle de premier magistrat. Il m’intimide un peu. Ce n’est pas le cas du Pistachié que je trouve sympathique et amusant avec ses gilets superposés, de toutes les couleurs et de longueurs différentes. J’aperçois près de l’étable, les bergers et leurs moutons et, au-dessus de celle-ci, l’ange Boufaréou appelé ainsi à cause de ses joues rebondies à force de jouer de la trompette. Même si tous ces santons sont mes préférés, je n’oublie pas d’aller saluer le bûcheron chargé de son fagot de bois, le meunier avec son sac de farine, le rémouleur et sa meule pour aiguiser les couteaux et la lavandière avec son savon de Marseille et son battoir. Mais, aujourd’hui, je suis venue pour un personnage en particulier. Il est inquiétant et peu sympathique, certes, mais il manque à ma collection : c’est le bohémien. Il se tient un peu à l’écart mais il ne passe pas inaperçu avec sa cape noire, son foulard rouge et son couteau qui étincelle à la ceinture. Il me fait un peu peur et me fascine à la fois…
Enika a fini de travailler et vient me rejoindre. Elle est ravie de mon choix. C’est avec une grande délicatesse qu’elle range mon nouveau trésor dans une boîte, après l’avoir enveloppé dans un papier de soie. Je repars heureuse et le cœur léger. Les santons représentent pour moi l’art de vivre en Provence. Ils évoquent, parfois avec un peu de nostalgie, des personnes ou des métiers aujourd’hui disparus mais que, grâce à eux, on n’ oubliera jamais.
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LE CARNAVAL DE NICE ET LES TRÉSORS DU MONDE

Me voilà de retour à Nice, juste à temps pour les festivités de Carnaval qui débutent demain Samedi 11 Février. Son thème, «  Les trésors du Monde », va me permettre de clore mon carnet de voyage commencé quelques semaines plus tôt.

Mais ce soir je suis fatiguée. Aussi je me couche tôt et je m’endors aussitôt…

Je suis sur l’avenue Jean Médecin au milieu d’une foule colorée, bruyante et joyeuse. En jouant des coudes, je me fraie un chemin et je réussis à trouver une place au bord de la chaussée pour jouir pleinement du spectacle. Le premier char qui descend lentement l’avenue arrive enfin à ma hauteur. A ma grande surprise, je découvre que le personnage principal n’est autre que Childéric Ier.

Celui-ci, assis sur un magnifique cheval noir dont la crinière flotte dans le vent, contemple avec fierté le trésor répandu à ses pieds : bagues, épées, lances brillent de mille feux. Les pièces d’or lancées en l’air par des soldats en armure retombent sur le sol dans un joli tintement semblable à des notes de musique qui volent dans les airs.

Je suis encore sous le charme quand le deuxième char entre en scène. Il est précédé par le son puissant, guerrier et solennel des trompettes qui emplit mes oreilles. Je lève la tête : à plus de dix mètres de haut, immobile et majestueux, le Colisée nous écrase de sa superbe. J’entends tout autour de moi des cris d’admiration. A l’avant du char, des gladiateurs miment un combat sans merci. Une musique forte et lancinante accompagne chacun de leurs gestes. Elle est aussi froide et tranchante que la lame de leur glaive qui luit au soleil. Par moment, le son d’un gong retentit. Les vibrations de cet instrument résonnent au plus profond de mon être et pénètrent dans toutes les cellules de mon corps. Je suis comme transportée.

Le char s’éloigne à son tour et celui qui le suit de près est un véritable enchantement. Une cascade saute de rocher en rocher au milieu d’une végétation luxuriante. Une multitude de bruits l’accompagnent dans sa course : le clapotis de l’eau sur les pierres, le murmure du vent dans les feuilles, le gazouillis des oiseaux sur les branches et le bourdonnement des abeilles butineuses. Ils se mélangent avec grâce pour devenir une symphonie délicate, véritable hymne à la nature : la chute de la Druise est encore plus belle que dans mes souvenirs !

Mais je n’ai pas le temps de rêver. Une musique retentit au loin. Je la reconnaîtrais entre mille car elle fait partie de ma vie depuis ma naissance. Elle est légère, joyeuse, entraînante. Elle sautille, virevolte et me donne envie de danser. En me penchant un peu j’aperçois les santons de la crèche qui avancent à petits pas. Arrivés devant moi ils se prennent par la main pour effectuer une farandole endiablée. Les spectateurs autour de moi frappent dans les mains pour marquer la cadence et je ne peux m’empêcher de les imiter. Le tambourinaire, un fort joli garçon, très élégant avec son pantalon blanc et sa ceinture rouge nouée autour de la taille me fait un signe de la main et m’invite à les rejoindre. Je ne me fais pas prier.

Alors que je m’apprête à entrer dans la danse… Le téléphone sonne et me réveille en sursaut. Je réalise alors que tout cela n’était qu’un rêve, mais quel joli rêve ! Je suis un peu déçue mais je me console vite : dans quelques heures j’ai rendez-vous avec Sa Majesté Carnaval qui va me raconter l’histoire des « Trésors du Monde ». Tout un programme !

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MA MALLE AUX TRÉSORS
Mon voyage dans le temps, riche en émotions et découvertes, a pris fin. Mais il me reste des souvenirs inoubliables qui vont enrichir ma malle aux trésors personnelle bien remplie. On y trouve déjà : un petit village niché dans la verdure, témoin immobile et muet de mes vacances passées et qui garde jalousement entre ses murs une partie de ma jeunesse ; un grand lac aux eaux turquoises où je viens me ressourcer encore aujourd’hui ; une plage de sable fin qui s’étend à perte de vue, lieu favori de mes promenades estivales ; et, pas très loin d’ici, mon joli jardin en restanques, un vrai paradis pour tous ceux qui aiment lire ou écrire à l’ombre des arbres.
Tous ces trésors sont inestimables à mes yeux. Ils ont, au fil du temps, rendu ma vie plus riche et plus belle. Aujourd’hui je les partage volontiers avec ceux que j’aime.
 
ÉlisabetH CUILLERIER


 

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Rédigé par Elisabeth

Publié dans #Trésors du monde

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