Publié le 25 Janvier 2024

Du rose bonbon
 
Hyacinthe dégustait sa toute première sucette maternelle
ce quatorze juillet 1872.
Elle était attendue et née l’aînée.
Dans ce coin aride et tourmenté par les vents glacés des Highlands,
Hyacinthe, fille de paysans écossais
avait longtemps pioché son avenir dans cette terre natale.
En vain.
On murmurait qu’elle avait fini par planter là sa réalité
et ses voisins qui ne l’aimaient pas beaucoup.
Ils la disait beaucoup le nez crochu et un peu sorcière
tant elle était courbé sur son mauvais caractère.
Un jour, elle disparut et depuis personne ne l’a jamais revue.
 
Ce matin Jo le taxi avait laissé son affaire récente au garage.
Tous les week-end il sortait sa dodoche bouton de rose
garée chez mémé Pitchounette pour un petit tour dans les environs.
Cette fois il irait du côté de Whitebridge,
tout près du lac du Loch Ness.
Jo comme à l’habitude, ne manquerait pas d’enfiler sa combinaison rose.
Au volant de sa deux chevaux, il jouait au gros bonbon
tout assorti à sa carrosserie.
 
On passe…on dépasse… on repasse… ?
Un contour détrempé gisait dans cette eau glauque.
On aurait dit que la tourbe vomissait de ses tripes une inutile décomposition.
Le nez crochu de Hyacinthe surgirait-il d’outre-tombe 
à moins que ce ne soit un pied de nez ?
Jo tira sur la chevillette
du morceau décousu du corps de tête
qui s’échappait de l’antique amas en perdition,
et la bobinette chera mollement sur sa précieuse salopette.
Jo, furieux, recapota fissa la deux chevaux.
Il était temps de quitter au plus vite ce monstre,
Loch Ness ou pas.
Dany-L
 

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Rédigé par Dany-L

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Publié le 25 Janvier 2024

 
Qui ne connaît pas pépé Roro dans le village, eh bien personne !!!
Malgré ses 90 ans, pépé Roro est un homme encore vigoureux et très aimé. Jadis, il devait être un bel homme, car il a de bons restes. Dommage que son dentier bouge en parlant, cependant, on arrive à le comprendre, bien qu'il postillonne pas mal.
Buriné par le soleil, assis au bord de l'eau, tous les jours, il fait travailler ses doigts meurtris par l'arthrose. Il grimace, bougonne lorsqu'il enfonce l'aiguille pour coudre les coussins pour femmes enceintes.
Cela l'amuse grandement de faire les essayages sur un ventre rond tout tendu, devant une jolie jeune femme. Il rêve à sa jeunesse avec une certaine mélancolie où il passait sa tendre enfance. Dans ces moments, il se voit un beau jeune homme faisant du charme aux belles demoiselles. Il les invitait à danser la valse, Les robes virevoltaient. C'était un beau souvenir.
Le soir, sa journée de travail finie, il repart en clopinant tant bien que mal, rentre dans son oikos, descend dans sa chambre au rez-de-chaussée. Là, il lui arrive quelquefois d'ouvrir son vieux coffre en bois, pas tout à fait vieux comme lui, mais  presque, son père lui avait confectionné pour un de ses jolis noël.
Ce coffre contient à ses yeux toute sa richesse. Des alliances de grand-mère, grand-père, mère, parfois il devient nostalgique et se met à songer, à rassembler toutes ces lointaines images pendant de longues minutes. Il y a aussi un paquet épais d'enveloppes ficelées, qui contiennent « Dieu sait » depuis plusieurs décennies, tous les plus beaux mots d'amour, les déceptions amoureuses et d'amitié qu'il a reçu dans sa longue vie, mais ne s'en rappelle plus.
Les jours,où son moral est au plancher, il lui arrive de fouiller au fond du coffre, et sort un petit souvenir, il le scrute, essaie de se rappeler l'histoire de ce talisman, mais peine perdue, il abandonne, car rien ne remonte à la surface. Alors, un peu triste, il referme son coffre, objet inestimable pour lui, il le cajole avec des yeux remplis de larmes, et de ses mains osseuses, le caresse, lui barbote en patois, tout en douceur, une litanie de regrets, mais aussi une demande de pardon d'être devenu vieux, et d'oublier tous les beaux moments de joies passés ensemble.
 
A.J

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Rédigé par Arlette

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Publié le 24 Janvier 2024

 
ERREUR DE SIECLE...
 
Un jour dans des cités « antiques » où internet n’existait pas, on pouvait interpréter ses désirs de diverses manières.
Un ancêtre, le rêve d’une vie ailleurs tout en s’amusant avec son cerceau ou de nos jours un "HULA HOOP", QUINTUS imagina sans s’énerver ou exploser de colère, comme à son habitude, une rencontre improbable.                                         
Par l’intervention d’une machine à remonter le temps ou, dans son cas, à faire défiler les siècles, par curiosité, pour imaginer sa descendance…
Dans une vie que l’on appellera "contemporaine", son cerveau, brillant d’inventions, tomba sur une télévision, non un ordinateur, quelque chose avec une tablette…
Tapotant au hasard, il tomba sur un site de rencontres.
- Pourquoi utiliser ce genre de machine pour faire la connaissance d’un homme ou d’une femme, est-ce donc si compliqué de parler librement à quelqu’un dans la rue ?
Déambulant avec son éternel cerceau fluo à la main, dans les jardins ou autres lieux très fréquentés, il se faisait remarquer, ridiculiser.
Amusé, QUINTUS osa quelques paroles avec une inconnue qui s’échappa en riant.
Le soir venu, il se connecta au hasard sur internet sans recherche particulière, une femme grande, brune aux yeux marron, ou bien un homme aimable, sportif, on verra bien ce que le destin me réserve…
A moins que son "Génie" préféré, à la connaissance universelle, arrive sur une étoffe oubliée dans son magasin….
 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 24 Janvier 2024

 
Le pan bagnat, quelle découverte ! Laura s’est vraiment régalée à croquer, dans ce pain rond, les crudités variées, aromatisées à l’huile d’olive. Elle aurait voulu goûter à toutes les spécialités niçoises. Devant cet enthousiasme culinaire, Pierre a proposé d’aller manger dans un restaurant niçois un soir de la semaine.
– Et si on allait à La Ratapignata ? J’ai souvenir qu’on sert pour l’entrée une assiette de spécialités niçoises à partager. Et là, mes amis, c’est la fête pour la vue d’abord, puis pour l’odorat et enfin, pour les papilles ! précise-t-il.
 
Rendez-vous fut pris illico et ce soir, voilà Laura attablée devant un plat coloré de rouge, de vert, d’orange, de jaune, un plat couleur d’été. Le mélange des arômes lui titille délicieusement les papilles. Pierre, son chevalier servant, explique :
– Ça, c’est un morceau de pissaladière.
L’odeur vaguement sucrée de l’oignon frit fait son effet. Salivation immédiate ! Laura mord dans la pâte qui craque sous la dent, l’oignon fond dans la bouche avec sa saveur douce, rien que du bonheur !
– Goûte ça, dit Fanny. C’est un beignet de fleur de courge.
Laura s’exécute. Un mets tout en finesse ! Une pointe de basilic cachée au cœur du beignet rehausse son goût discret. Une délicatesse à savourer en pleine conscience.
– Wow ! La cuisine niçoise, je valide à cent pour cent ! s’écrie-t-elle.
– Et le poivron à l’huile, tu as goûté ? demande Théo.
Le poivron à l’huile distille son parfum rouge braisé plein de vitalité. Son goût affirmé se répand en bouche, coule comme du nectar. Juteux, il gicle sous la dent, désaltère autant qu’il régale. Et pourtant, il est aussi feu de bois, fumée.
– Je crois que le poivron à l’huile est un miracle, ajoute Lucy en le savourant. De plus, il s’avère un compagnon idéal pour ce qui suit, à savoir, les panisses !
– Ah ! Les panisses ! renchérit Fanny. Jolies frites compactes et légères à la fois. Tu verras, leur goût un peu noisette réconforte. Elles te remplissent par leur texture croustillante et pâteuse. La panisse, ça occupe la place, ça nourrit par sa délicieuse simplicité. C’est un cocon culinaire enveloppant, une cuisine d’été sous un cabanon, une mère en tablier fleuri et le grésillement de l’huile chaude dans la vieille ‘‘sartaille’’ noire qui fume.
– Quelle description alléchante ! s’exclame Laura en engloutissant à son tour une panisse. La cuisine niçoise, c’est de la poésie, dis donc ! Mais c’est quoi la ‘‘sartaille’’ ?
– C’est la poêle en niçois. Tu sais, ces vieilles poêles noires dont se servaient nos grands-mères. Tu as connu ça dans ta région ?
– Oui, je vois. Par contre le cabanon…
– Un jour, on fera un repas sous celui de mon oncle, promis. En attendant, voici venir les raviolis.
 
Un plat fumant au fumet alléchant est déposé sur la table. Les raviolis à la daube, dans leur sauce aux champignons, régalent les amis par leur onctuosité, fondants et délicieux.
Et c’est repus qu’ils s’attaquent quand même au dessert : la tourte de blettes. Obligatoire. Spécialité niçoise incontournable ! Le sucre glace leur fait des moustaches blanches, le goût sucré des raisins secs aromatisés au rhum se marie tellement bien avec la blette. Quel mélange étonnant et savoureux !
– Ah, oui ! déclare Laura, la tourte de blettes, j’adopte ! Je n’aurais jamais pensé que la blette ça puisse faire un dessert. Une belle découverte ! Je vais tester de nouvelles recettes en m’inspirant de tout ça et les proposer au resto où je travaille. Il y a de quoi débrider l’imagination d’une cuisinière !
– En fait, la blette, c’est un légume historique à Nice, précise Pierre. D’ailleurs, on appelait les Niçois les Cagabléa, les chieurs de blettes. Pas toujours raffiné, l’humour niçois…
– En effet ! approuve Laura en riant.
Elle se sent bien en leur compagnie et la présence de Pierre accélère les battements de son cœur. Oh oui ! Elle a vraiment fait le bon choix en s’installant à Nice.
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 24 Janvier 2024

 

Dans la cuisine de Fifine, dans le tiroir de la vieille table caché par la toile cirée, un cahier de recettes oublié s’ennuie. Pour passer le temps, il décide de réécrire la recette de la troucha de Fifine – dont le texte initial se trouve ci-dessous – en s’inspirant des Exercices de style de Raymond Queneau.

 
La troucha de Fifine :
 
Faire blanchir le vert de la blette et bien égoutter ensuite.
Dans un saladier, battre les œufs, y ajouter du parmesan râpé, les blettes bien essorées, ail haché, un peu de chapelure. Sel, poivre.
Verser la préparation dans une poêle et cuire à feu moyen en tassant pour obtenir une omelette d’une épaisseur de 2 à 3 centimètres pendant cinq minutes. Retourner l’omelette pour cuire l’autre face.
 
 
A la nissarde :
 
Donner un bulh à la bléa verda et escourre la bien ensuite.
Dintre un saladier, reventouler les œufs, ajustar le parmesan raspat, li bléa bien esquissées, alhet haché, un chicou de chapelure. Sau, pebre.
Manda la préparation dintre la sartaia, cuire à fuech miech-miech en esquissant per ave une meleta d’une épaisseur de 2 à 3 centimètres pendant cinq minutes. Retourner la meleta pour cuire l’autre cousta.
 
 
En ensembles mathématiques :
 
Soit l’ensemble X : œufs, parmesan, vert de blettes blanchi, ail, chapelure, sel, poivre.
Soit l’ensemble Y : poêle, feu moyen
Soit l’intersection des ensembles X et Y en tassant l’ensemble X
Justifiez la cuisson de l’omelette de 2 à 3 centimètres d’épaisseur, recto-verso, pendant 2x5 minutes.
 
 
En tanka :
 
Vert de blette cuit
avec œufs et parmesan
ail et chapelure
dans la poêle recto-verso
la troucha dans dix minutes
 
 
En haïku :
 
Blettes et huile d’olive
œuf, parmesan, ail, chapelure
– troucha vite cuite.
 
 
En sonnet :
 
Faites cuire le vert de blette, et puis bien l’essorer.
Prenez un saladier, ajoutez-y la blette,
Le parmesan râpé, les œufs en omelette,
Sel, poivre et chapelure, huile d’olive, ail haché.
 
Dans une poêle chaude, mais sans la faire brûler,
Versez cet appareil et tassez en galette.
Au bout de cinq minutes, retourner l’omelette
Et laissez mijoter pour cuire l’autre côté.
 
Vous obtiendrez ainsi une belle troucha
D’une épaisseur moyenne de quelques centimètres,
A manger chaude ou froide, vous avez tous les choix.
 
A table ou en pique-nique, elle vous fait le repas,
Si vous la faites grande et d’un beau périmètre,
L’omelette à la blette de mon pays niçois.
 
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Rédigé par Mado

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Publié le 24 Janvier 2024

René GALANT (1914-1997) Joueur de pétanque à Cannes
 
Deux sujets au choix... ou pas... Vous pouvez faire les deux, bien sûr !
 
Monologue intérieur
Choisissez un jeu traditionnel niçois : pétanque, mourra, pilou… et racontez la partie selon quelques points de vue différents : un joueur, son adversaire, un spectateur, un enfant, un passant, etc. En y glissant quelques phrases en monologue intérieur.

 

– Un personnage dans un jeu niçois
Choisissez un narrateur, en « je » ou en « il ».
Créez un personnage et placez-le devant ou dans un jeu niçois.
Décrivez brièvement l’endroit où tout cela se déroule, racontez la partie, les impressions de votre personnage, les rencontres éventuelles qu'il va faire.
 

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 24 Janvier 2024

J'avais quatre ans lorsque je suis arrivée ici chargée des larmes de mes parents. Je m'appelle Naydée, je viens d'un pays de soleil et d'exil.
Aujourd'hui j'ai dix ans, j'aime ma ville d'adoption et mon collège. Ce que je préfère, c'est la récré. Avec mes copains-copines nous jouons à toutes sortes de jeux : les classiques comme 1,2,3 Soleil ; cache-cache, colin maillard et des jeux plus niçois. Y'en a un où je suis franchement super bonne, c'est la Mourra. Une sorte de chifourmi mathématique.
J'ai été sélectionnée pour participer au championnat inter classes organisé par Mademoiselle Désir et Monsieur Petitgrand, mes profs d'E.P.S. et d'histoire.
Le grand jour est arrivé !
La cour de récré telle une arène ; ne restent en piste que ma classe de 6ème D et celle de 5ème E. Les autres ont toutes été éliminées. Pas entraînées et trop nulles.
Autour de nous, les supporters, nos afficionados comme dit Mme Pimienta ma prof d'espagnol.
Nous en sommes à la dernière manche du dernier match.
C'est à moi, la capitaine, de jouer. Je me concentre et je souris à mes quatre vaillants coéquipiers : Léonie, Valentine, Jules et Solal.

Maman est dans la foule, total délire. Elle s'est habillée comme une pompom girl avec mes couleurs préférées, jaune fluo et vert pomme acide.
« Allez ma fille !! Alleeez ! Oui, c'est ça 6 et 4 ça fait 10. Bravooo et 0 plus 0 c'est toujours zéro et pas la tête à Pierrot. Tu vois, Naydée, je connais mes classiques français même si je ne le parle pas si bien.»
J'ai un peu honte des vannes pourries de ma mère mais beaucoup plus de joie à entendre son rire.
Pour gagner le set, il faut aller à 15 avec 2 points d'écart.
Mlle Désir annonce le score. C'est serré : 7 pour mon équipe et 5 pour la 5ème E.
Nous devons creuser l'écart. Je sens que Valentine et Jules flanchent. Toujours à la traîne ces deux-là.
Je fais signe à M. Petitgrand qui arbitre le match pour réclamer une pause réglementaire de 1minute30.
Une bonne bourrade dans les cotes de Jules pour activer son circuit énergétique et un hug plus bisous à Valentine qui manque de confiance en elle. Elle veut confirmation : « 2 et 2 ça fait bien 4. »
Allez, j'y retourne. J'entends maman qui, sur le ton de la confidence, dit au monsieur à sa gauche : « C'est ma fille la capitaine. Et en plus, Monsieur, nous ne sommes pas niçois, mais ça nous empêche pas d'être des champions »
Dernier score annoncé par Mlle Désir 13 pour nous 9 pour eux.
Excitation silencieuse du public, oui, oui...
Suspense, frissons, encouragements...
A vous de jouer à la Mourra maintenant.
 
Odile BONY
 

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Rédigé par Odile

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Publié le 24 Janvier 2024

 

Oh, comme j’étais heureux à côté de mon mur ensoleillé. Les fleurs me caressaient le ventre et les geckos se doraient au soleil à mes côtés. La belle vie ! Je serai bien resté là toute mon existence, mais figurez-vous qu’un jour, une face barbue et chevelue s’approcha de moi. Un monstre aux yeux noirs. Il me souleva, me mit à la hauteur de sa grosse tête et prononça les paroles qui allaient changer ma vie : « parfait. Il est bien gros celui-là. Il sera parfait pour le festin. »

Le festin, quel festin ? Allais-je finir comme les tomates, les haricots, les radis qui partaient et qu’on ne revoyait jamais ? Il en était fait de moi et de ma tranquillité. De grosses mains me posèrent dans un panier où je tombais nez à nez avec des compères de toutes tailles et de toutes formes : certains bedonnants, d’autres au long cou, des petits tordus et des épanouis, certains un peu pâles, d’autres d’une belle couleur de terre. Nous formions une sacrée colonie. Et nous voici transbahutés de-ci de-là jusqu’à une grande bâtisse. Une face ronde et rougie avec de grands yeux bleus nous regardait : « très bien, je vais les préparer. » Nous nous mîmes à trembler. C‘était malheureux de nous voir tous essayant d’aller au fond du panier, les petits s’y glissant habilement.

D’une main ferme, on s’empara de moi et avec une peau de chamois, on me caressa le ventre. Je me surpris à ronronner comme un chat, enfin intérieurement, une cucurbitacée est bien incapable de ronronner ! Ensuite, une autre main me prit et me roula dans tous les sens, puis entrepris de percer ma paroi. Aie, ouille, ça ne va pas non ? Mais impossible de bouger. Elle perça encore quelques trous de tous les côtés puis inséra une petite bougie par l’un d’entre eux.

Deux jours plus tard et après ce traitement quelque peu inadapté, nous nous retrouvâmes tous dans le bruit et la lumière. De nombreux lampions illuminaient les oliviers. Moi, j’étais entouré de quelques beaux spécimens, des amis, la bougie avait été allumée et je brillais de mille feux.

Des yeux s’éclairaient en me regardant, souvent des têtes plus petites. On me touchait, on criait : « je veux celui-là ! » Du coup, je me rengorgeais. Ah, la célébrité, quel bonheur ! On entendait de la musique, l’accordéon et le pétadou. On riait, on chantait. Et moi, étoile sous les étoiles, je me sentis comblé.

Brigitte SAGOT

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Rédigé par Brigitte S.

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Publié le 24 Janvier 2024

 
       Grand comme une plante qui aurait confondu l’hiver et le printemps pour se lancer à l’assaut du ciel, Stéphane, du haut de ses douze ans, était un séducteur qui s’ignorait... De moins en moins. Il avait tout d’un Duduche mais son grand sourire et ses yeux pétillants incitaient à ne pas se fier à une première impression qui ne reflétait pas la vérité. Trop têtu pour reconnaître les bienfaits de la scolarité, il se contentait de manipuler dans sa poche un ancien dé à coudre que lui avait offert sa grand-mère pour ses six ans. Tu verras, lui a-t-elle dit, il te portera bonheur. Ne le quitte pas une seconde et ton avenir sera assuré. Il croyait dur comme fer à ces paroles et cela le confortait dans ses convictions. Il n’en ferait pas plus et tout viendrait à point à l’instant voulu. Il avait sauvé son dé une fois des griffes de son chat qui s’amusait avec. Celui-ci, gros matous ronchonneur et gourmand, prenait ses aises sur le canapé du salon qu’il avait conquis de haute lutte à l’ensemble de la famille. Stéphane et lui étaient complices et le même cynisme les animait. Lorsqu’on les appelait, ils formaient, à eux deux, une barrière infranchissable.
                Qui grondait Stéphane prenait le risque d’un vilain coup de griffes.
                Qui hurlait après le chat se heurtait à l’opprobre de Stéphane.
                Les deux formaient la paire, gare à ceux qui voudraient l’ignorer.
 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 24 Janvier 2024

Personnage :
Nom-prénom : DE SERIGNY Victor
Sexe/âge : Homme de 46 ans
Traits physiques : Haute taille, musculeux, lèvres charnues, front dégagé, yeux kakis, cheveux épais châtain, élégance naturelle
Traits psychologiques, caractère : Ponctuel, rigoureux, exigeant, manque de patience, aventureux, sentimental.
Métier : Architecte
Epoque : contemporaine, passée, future ? : 19ème siècle
 
Objet :
Nom : Viole de gambe
Age : Cinquante ans
Valeur : inestimable
Lieu où il se trouve : Dans mon salon
A quoi il sert : jouer
Caractéristiques : Difficile à accorder
Epoque : contemporaine, passée, future ? 17ème siècle
 
__________________________
 
De Serigny Victor, architecte de renom, habitait à Paris à la fin du 19ème siècle dans un appartement luxueux. Cet homme grand, aux épais cheveux châtain, avait une élégance naturelle. D’un caractère plutôt rigoureux et exigeant, il n’en était pas moins un être sensible et parfois même sentimental. Il aimait organiser des fêtes chez lui, réunir ses amis et partir à l’aventure. Mais sa passion, c’était la musique. L’écouter surtout, car il avait une connaissance limitée des instruments tout en les admirant. On pouvait voir, par exemple, dans son salon une viole de gambe du 17ème siècle, qu’il avait achetée chez un antiquaire.
Victor de Serigny avait eu un coup de cœur pour cet objet dont il ignorait le nom exact quand il l’avait aperçu dans la vitrine de la boutique. Il chinait pourtant régulièrement. A quarante-six ans, il avait une vie aisée et aimait collectionner les beaux objets. Celui-ci lui avait paru non seulement beau mais mystérieux. Il ressemblait de loin à un violoncelle. Victor se disait qu’un violoncelle à la fin du 19ème siècle se voyait plutôt dans un orchestre que dans un magasin d’antiquités. Curieux il avait poussé la porte pour voir de plus près cet instrument visiblement ancien. De près l’instrument était encore plus admirable, sa forme élégante, son bois précieux, ses courbures délicates et ses décorations raffinées. Il devait être d’une valeur inestimable, s’était dit l’architecte. Effectivement l’antiquaire lui confirma que cet objet, une viole de gambe, avait traversé des décennies et fait danser des femmes et des hommes de la haute société aux 17ème et 18ème siècles. Aujourd’hui, remplacé par d’autres instruments à corde, il finissait sa vie là, désaccordé et difficilement réparable.
Victor De Serigny avait alors décidé d’acquérir cette merveille au prix exorbitant et de la placer dans son salon où elle faisait l’admiration de ses invités.
 

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Rédigé par Mireille

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