Publié le 23 Février 2024

Adeline est restée longtemps derrière la vitre à guetter le retour du propriétaire de la vespa, mais en vain. Les pleurs de son bébé l’oblige à quitter son poste d’observation pour s’occuper de lui .Une fois rassasié, il s’endort et Adeline se précipite vers la fenêtre .Mais là, une terrible déception l’attend : la vespa a disparu ! Adeline est désespérée. Elle avait échafaudé tant de possibilités heureuses et voilà que tout s’effondre à nouveau. Mais on frappe à la porte et l’infirmière qui l’avait consolée la veille entre dans la chambre. Elle vient lui annoncer une bonne nouvelle. Elle lui a trouvé une place dans une maison qui accueille les jeunes mères en détresse. Cette maison est située en pleine campagne, cadre idéal pour se reposer, reprendre des forces et envisager l’avenir avec sérénité. Adeline est tellement fatiguée qu’elle accepte la proposition sans discuter.
Le lendemain un taxi vient les chercher. Adeline ne sait même pas où il va les conduire mais maintenant tout lui est égal… Après deux heures de route la voiture ralentit, bifurque et emprunte un chemin de terre bordé de part et d’autre par des arbres centenaires. Ceux-ci se dressent dans le ciel bleu pour finalement se rejoindre et former au-dessus d’eux, un tunnel de feuillage et de fraîcheur, dans lequel le soleil s’amuse à jouer à cache-cache. Adeline ne peut s’empêcher de baisser la vitre. Aussitôt, un air frais et parfumé lui saute au visage. En levant les yeux elle aperçoit une grande banderole sur laquelle est écrit : « Bienvenue. » La voiture roule maintenant doucement sur une allée de graviers puis finit par s’arrêter. Adeline, émerveillée, n’en croit pas ses yeux. Devant elle, comme par enchantement, vient de surgir la maison de ses rêves. Sur ses murs en pierre court une glycine en fleurs et un parfum enivrant émane de ses jolies grappes mauves. Les fenêtres, largement ouvertes, laissent pénétrer le soleil et la lumière. Un escalier en marbre monte jusqu’au perron où deux magnifiques rosiers semblent monter la garde. C’est alors qu’Adeline remarque, garée au pied de l’escalier, la mystérieuse vespa grise. Elle ne veut pas y croire, pas encore. Mais à cet instant, comme pour conforter le fol espoir qui monte en elle, un homme sort de la maison. Cette fois elle en est sûre : celui qui vient vers elle en agitant la main et en souriant n’est autre que Pierre, l’amour de sa vie, qui l’a quittée un mois avant la naissance et n’a plus donné signe de vie depuis ; Pierre qui a réfléchi, est revenu et lui offre aujourd’hui un magnifique cadeau : la maison dont elle a toujours rêvé. Adeline sait maintenant que l’avenir qui s’ouvre devant eux est plein de promesses.

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Rédigé par Elisabeth

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Publié le 22 Février 2024

 

Le reflet dans la vitrine

 
 
Il était tard déjà, le soir tombait sur la ville. Martine était pressée de rentrer chez elle. Elle s’arrêta pourtant comme hypnotisée devant la vitrine de la galerie de peinture qui faisait le coin de la rue.
 
 
 
Elle connaissait parfaitement ce quartier, elle empruntait chaque jour en sortant du travail la même rue, quelle que soit la saison. Ce n’était pas une artère très animée, ni populaire ni bourgeoise. Quelques commerces alimentaires lui permettaient d’acheter, si besoin, de quoi préparer le repas du soir. C’est ce qu’elle venait de faire à l’instant. Il ne faisait pas bien chaud en cette fin d’automne, son manteau vert en laine n’était pas de trop. Il était temps maintenant d’accélérer le pas.
Jusqu’à présent elle n’avait jamais vraiment prêté attention aux toiles exposées dans la galerie, juste un coup d’œil de temps en temps. Mais aujourd’hui quelque chose d’insolite avait attiré son regard.
Pas de clients à l’intérieur. Un imposant tableau au mur dont elle devinait difficilement la scène. Une atmosphère de solitude poussiéreuse émanait du magasin. Ce qu’elle voyait surtout c’était, dans la vitrine, le reflet de la silhouette d’une femme rousse, d’une quarantaine d’années, plutôt élégante, portant un sac de provisions à la main. Cette vision de femme seule se superposait à celle de la galerie de peinture déserte et peu engageante. Le miroir lui renvoyait de plein fouet la monotonie de sa vie et une image d’elle qu’elle n’aimait pas.
 
Martine venait d’entrer dans un tableau dont elle était le personnage principal, solitaire et songeur. Que pouvait-elle modifier dans sa vie pour que ce paysage se colore et s’anime enfin ? Elle n’en avait pour le moment pas la moindre idée…

L'invitation au spectacle

Quelques jours après le soir où son reflet dans la vitrine avait laissé Martine songeuse, elle reçut une invitation de son amie Bernadette pour assister à un spectacle de danse contemporaine. Drôle d’idée ça ! Qu’est-ce que je vais aller faire là-bas ? Martine préférait de loin les ballets de danse classique et la grande musique. Bernadette le sait bien pourtant!

L’affiche annonçant la soirée représentait un groupe de danseuses et danseurs, pieds nus, en tee-shirts et pantalons noirs. Effectivement rien à voir avec des tutus et des collants! Elle sentit pourtant la curiosité l’envahir pour ces danses où on se contorsionne, où on tape des pieds sur le sol en cadence, les cheveux suivant les mouvements, où les corps expriment sans retenue leur joie d’être vivants. Tiens, tiens, enfin une occasion de sortir de mon ennuyeux quotidien … Il lui revint comme un éclair l’image de sa silhouette solitaire et triste vue dans la vitrine de la galerie de peintures. En frissonnant, elle se replongea dans l’affiche. Les jeunes danseurs endiablés lui donnaient envie de bouger. Martine accepta l’invitation de Bernadette et attendit la date de la soirée avec une sorte d’impatience. Un peu de nouveauté et d’entrain dans ma vie seront les bienvenus. Elle trouva le spectacle bruyant et déconcertant, si différent de ceux qu’elle appréciait jusqu’à présent. Mais quelque chose dans cette joie partagée qui montait de la scène et cette ambiance chaleureuse qui gagnait le public la remplissait d’une émotion qu’elle avait oubliée depuis longtemps. Elle, qui maîtrisait d’habitude si fort ses paroles et ses gestes, sentait son corps lui échapper, parcouru par un besoin irrépressible de suivre la musique et les mouvements des danseurs et de participer à cette allégresse collective. Ce soir j’ai à nouveau vingt ans !

Martine venait de faire le premier pas pour quitter son univers monotone. Elle souriait. Merci Bernadette ! Vivement la prochaine invitation !

Métamorphose

Quelques semaines s’étaient écoulées depuis le spectacle de danse contemporaine. Martine en était ressortie transformée, avec une vision plus colorée et agréable de son quotidien. Elle avait le sentiment de commencer une nouvelle étape de sa vie. Quelques changements s’opéraient déjà dans ses habitudes. Elle avait par exemple modifié son trajet aller-retour domicile /travail. Désormais elle empruntait des rues très animées et prenait plaisir à flâner devant les vitrines des commerces de vêtements de luxe ou de décorations. Elle avait troqué son manteau vert à l’aspect démodé contre un vêtement trois quart plus moderne. Fermé par une fermeture éclair, de couleur bois de rose, à la capuche bordée de fourrure blanche, son toucher était doux comme du velours. Il embaumait l’odeur suave de vanille dont Martine se parfumait maintenant. Un vrai cocon douillet.
Sur son nouveau trajet, elle appréciait particulièrement le magasin de décorations d’intérieur et elle s’y arrêtait souvent, juste pour le plaisir des yeux. Mais aujourd’hui son regard avait été d’emblée attiré par une affiche multicolore au format hors norme qui occupait un pan entier de la boutique. Elle avait poussé la porte et était entrée pour l’observer de plus près.

L’affiche représentait un groupe de papillons tous différents qui semblaient prendre leur envol vers la liberté. Il y en avait des grands, des petits, des noir et rouge, des jaune et noir, des tachetés, des zébrés. Martine s’approcha encore un peu plus, mue par une intuition. Cette affiche avait quelque chose à lui dire. Les papillons semblaient quitter leur support, les tiges vertes et fleuries peintes sur le papier, pour sortir de l’affiche en déployant leurs ailes toutes neuves et légères. C’est alors que Martine distingua en bas de l’image des chenilles. Elles paraissaient avancer lentement en ondulant sur les feuilles, certaines velues, aux pattes courtes, grises ou marron, mais toutes dans la même direction, comme les papillons, dans un mouvement ascendant. Elle comprit le message caché dans ce tableau.

 

Elle se surprit à sourire, une bouffée de joie l’envahit. Elle aussi opérait sa métamorphose, de chenille elle était en train de devenir papillon ! Elle imprima dans sa mémoire les moindres détails de l’affiche, bien trop grande pour son salon. Martine se sentait pousser des ailes et une envie de jouer de nouveau avec des pinceaux et des couleurs comme autrefois. Pour commencer, j’irai bien voir cette expo géniale dont m’a parlé Bernadette !

Plénitude

Le temps avait passé vite et avec lui un hiver et un printemps. On était à la fin de l’été. La chaleur avait été suffocante en ville. Martine attendait avec impatience l’arrivée de l’automne. Elle appréciait particulièrement cette saison, plus calme et plus fraiche que la précédente, qui donnait une beauté éclatante à la nature, mêlant les jaunes, orange , roux et rouge dans les feuillages encore touffus des arbres. Que de changements dans sa vie depuis ces derniers mois ! Elle profitait désormais pleinement de ses soirées entre concerts, spectacles et repas au restaurant avec ses ami(e)s. Elle repensait parfois furtivement à la femme solitaire dont elle avait vu avec tristesse le reflet dans une vitrine. Aujourd’hui sa vie trépidante lui convenait bien. Et pourtant…

En ce début du mois de septembre, elle avait brusquement décidé de passer du temps dans la nature. Sac au dos, elle voulait retrouver le calme apaisant de la campagne, seule face à elle-même. Après quelques kilomètres d’une montée plutôt raide, elle se retrouvait là, devant un paysage grandiose.

 

Seuls les chants guillerets et continus des oiseaux et le clapotis frais et clair du ruisseau troublaient la paix qui embaumait le lieu. Quelques rochers gris et peu agressifs affleuraient à travers la mousse douce et ondulante. Martine pouvait entendre son propre souffle apaisé et les battements réguliers de son cœur. Ici la nature était reine mais partageait ses beautés avec largesse aux randonneurs. La jeune femme sentait monter en elle une gratitude et un émerveillement aussi puissants que des vagues bondissantes. Son regard allait se perdre sur les versants de la montagne aux tons dégradés de vert. Quelques arbustes rougeoyants, signes que l’automne commençait, arrêtaient le regard. Le ruisseau coulait à côté d’elle, caracolant sur les cailloux comme un animal capricieux, savourant sa liberté en projetant des gerbes d’écume blanche. Au fin fond de la vallée, quelques toits épars confirmaient que la vie humaine était loin. Le soleil commençait à descendre sur l’horizon, colorant les nuages bas d’une teinte orangée qui contrastait joliment avec le bleu pastel du ciel. Il était temps de rentrer.

Martine reprit son sac à dos et, pensive, se mit en route pour le retour. Je n’aurais jamais envisagé cela il y a un an ! Partir seule en montagne et y trouver cette plénitude… Elle sentit une bouffée de fierté mêlée de joie emplir sa poitrine. Elle pressa le pas.

En bas, elle était attendue. Bernadette l’avait invitée à un spectacle de danse. La jeune femme se souvenait du premier auquel elle avait assisté quelques mois auparavant. Un tournant dans ma vie ce spectacle ! Elle sourit en se rappelant ce moment extraordinaire pour elle. Ce soir, ce sera encore plus génial, François sera là aussi !

 

Mireille

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Publié le 22 Février 2024

 

Le temps avait passé vite et avec lui un hiver et un printemps. On était à la fin de l’été. La chaleur avait été suffocante en ville. Martine attendait avec impatience l’arrivée de l’automne. Elle appréciait particulièrement cette saison, plus calme et plus fraiche que la précédente, qui donnait une beauté éclatante à la nature, mêlant les jaunes, orange , roux et rouge dans les feuillages encore touffus des arbres. Que de changements dans sa vie depuis ces derniers mois ! Elle profitait désormais pleinement de ses soirées entre concerts, spectacles et repas au restaurant avec ses ami(e)s. Elle repensait parfois furtivement à la femme solitaire dont elle avait vu avec tristesse le reflet dans une vitrine. Aujourd’hui sa vie trépidante lui convenait bien. Et pourtant…

En ce début du mois de septembre, elle avait brusquement décidé de passer du temps dans la nature. Sac au dos, elle voulait retrouver le calme apaisant de la campagne, seule face à elle-même. Après quelques kilomètres d’une montée plutôt raide, elle se retrouvait là, devant un paysage grandiose. Seuls les chants guillerets et continus des oiseaux et le clapotis frais et clair du ruisseau troublaient la paix qui embaumait le lieu. Quelques rochers gris et peu agressifs affleuraient à travers la mousse douce et ondulante. Martine pouvait entendre son propre souffle apaisé et les battements réguliers de son cœur. Ici la nature était reine mais partageait ses beautés avec largesse aux

randonneurs. La jeune femme sentait monter en elle une gratitude et un émerveillement aussi puissants que des vagues bondissantes. Son regard allait se perdre sur les versants de la montagne aux tons dégradés de vert. Quelques arbustes rougeoyants, signes que l’automne commençait, arrêtaient le regard. Le ruisseau coulait à côté d’elle, caracolant sur les cailloux comme un animal capricieux, savourant sa liberté en projetant des gerbes d’écume blanche. Au fin fond de la vallée, quelques toits épars confirmaient que la vie humaine était loin. Le soleil commençait à descendre sur l’horizon, colorant les nuages bas d’une teinte orangée qui contrastait joliment avec le bleu pastel du ciel. Il était temps de rentrer.

Martine reprit son sac à dos et, pensive, se mit en route pour le retour. Je n’aurais jamais envisagé cela il y a un an ! Partir seule en montagne et y trouver cette plénitude… Elle sentit une bouffée de fierté mêlée de joie emplir sa poitrine. Elle pressa le pas.

En bas, elle était attendue. Bernadette l’avait invitée à un spectacle de danse. La jeune femme se souvenait du premier auquel elle avait assisté quelques mois auparavant. Un tournant dans ma vie ce spectacle ! Elle sourit en se rappelant ce moment extraordinaire pour elle. Ce soir, ce sera encore plus génial, François sera là aussi !

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Publié le 21 Février 2024

Jacques
Si Jacques avait pu se douter, un seul instant, de ce qui allait lui arriver il n’aurait jamais jeté sa soutane aux orties.
Sa vocation avait failli sans qu’il ne s’en rende compte. Sa foi s’était évaporée dans un désert peuplé d’incohérences qui lui tenaillaient l’esprit. Pourtant, il avait lutté contre cette obligation de désertion mais un sentiment trop fort l’avait poussé à briser ses chaînes.
 
 
Il abandonna sa paroisse et prit la fuite pour se réfugier dans le petit village de montagne qui l’avait vu naître. La demeure parentale semblait avoir attendu son retour. Rien n’avait changé. Des assiettes étaient encore sur la table, et des couverts sagement alignés espéraient reprendre vie et servir à quelque chose.
Derrière la maison, l’atelier, ou son père exerçait le métier de menuisier était toujours rempli d’outils. L’odeur des différentes essences de bois qui imprégnaient encore les murs lui donnèrent l’idée de travailler et de sculpter le bois, pour gagner sa pitance.
Dans le village tout le monde connaissait le petit Jacquot, mais peu connaissaient Frère Jacques. Pour autant on ne l’avait pas écarté et même le curé qui venait dire la messe chaque dimanche et qui savait ce qu’il en était, lui avait offert son aide si nécessaire.
Malgré tout il était seul... Seul avec son âme et un sentiment de culpabilité qui refusait de le quitter. Seul avec des envies que ses vœux passés lui avaient interdit. Seul dans ce atelier ou l’Âme de son père continuait à œuvrer en silence.
Faiblement éclairé par des rayons de soleil habités de poussière de bois tourbillonnant dans leur prison de lumière, Jacques penchait son remord sur l’ouvrage que ses mains s‘appliquaient à réaliser.
Il avait peur ! Mais de quoi ? Ses craintes, même blotties dans les tranchés de son cœur, étaient cernées de barbelés. Il faudra patienter. L’avenir dira ou ne dira pas.
Et si c'était ?

Jacques, malgré son retour dans le cocon réconfortant de son enfance, continuait à trembler intérieurement sans savoir pourquoi.

Il passait ses journées dans le vieil atelier à sculpter des chutes de bois retrouvées sur un monticule d’ouvrages oubliés, certainement destinés à finir en cendres.

Ses mains travaillaient sans lui. Tout à ses réflexions, il finit par s’apercevoir que ses œuvres ressemblaient de plus en plus aux gargouilles qui ornementent Notre Dame de Paris.

 

Sauf aujourd’hui.

Tiens, pensa-t-il... Serais-je capable de reproduire un joli visage d’enfant à la place de ces infâmes démons et autres qui perturbent ma vie ? Qui est-elle ? Je crois bien que je connais cette fillette… Mais oui ! Je sais! C’est la petite fille au vélo qui jouait, ce matin, devant la boulangerie.. Aurais-je du talent ? Je vais le terminer et l’offrir à sa mère, demain, en allant chercher mon pain. Je pourrai peut être lui parler, d’autant plus que cette dame étant veuve, je n’aurais même pas à le confesser à mon ex collègue, quand il vient célébrer l’office chaque Dimanche. Il faut que je retrouve mon âme. Ce portrait va m’y aider, j’en suis sûr.

Cette heureuse circonstance lui redonna une confiance et une sérénité nouvelle. Ses yeux, obstinément fermés sur les choses de la vie, lui offraient maintenant un paysage enchanteur que la rigueur de son passé lui avait interdit d’admirer. Cette lucidité retrouvée lui permit de réfléchir sur son sort… Pourquoi me suis je enfui ? Pourquoi cette hantise que rien ne justifie ? Et si c’était simplement la peur d’exercer un sacerdoce qui n’est pas le mien ? Et si je nettoyais un peu les vitres de mes fenêtres, je verrais défiler les journées du village... Et tout ce qui va avec. J’aurais certainement des réponses à des questions que je n’ose pas me poser pour commencer une vie qui me parle et que je persiste à ne pas entendre.

Jacques en était venu, sans s’en rendre compte, à penser qu’il pourrait devenir un boulanger convenable. Un nouveau futur se dessinait et une flopée d’idées nouvelles se bousculaient dans sa tête. Oui mais...

Peut-être devra-il libérer ses sens, obéir à la nature, faire ce pourquoi il est venu sur terre. Et aussi… Donner la vie, comme on lui a offert la sienne… Mais bon, patience, laissons du temps au temps.

Qui vivra verra. Dieu est là pour ça !

Pourquoi pas !
 
Marie ! Elle s’appelle Marie. Dans sa boulangerie, des senteurs de viennoiseries se mêlent à celles de la terre et à la sueur des hommes. La nature fait partie du décor et l’odeur du pain, à peine cuit, confère à ce endroit un sentiment de sécurité à nul autre pareil.
Ah ! La voilà qui revient avec mon pain de campagne, qui a demandé quelques minutes de cuisson supplémentaires.
- Je ne sais comment vous remercier pour le beau cadeau que vous venez de m’offrir. Sophie sera ravie pour son portrait sculpté dans ce bois d’olivier venu de la plaine et si doux au toucher que l’on a l’impression de caresser son visage.
- C’est moi qui vous remercie Marie. J’ai tellement eu de plaisir à représenter votre petite fille, que le résultat de mon travail n’est rien par rapport au sourire de Sophie qui est la plus belle des récompenses que je pouvais espérer.
- Vous savez Jacques, je suis au courant des problèmes qui vous assaillent et combien vous souffrez de cette situation peuplée d’incertitudes. Mais rassurez-vous.Tout vient à point à qui sait attendre et toutes les questions que l’on se pose amènent à leur suite une profusion de réponses propres à satisfaire le commun des mortels. Pour parler de nous... Vous savez que notre village n’est pas riche. De ce fait je participe, comme tant d’autres, à l’entretien de notre petite église. Nous sommes pauvres, mais en fait nous possédons un trésor inestimable depuis la nuit des temps. Et peu de nos concitoyens en connaissent l’origine. Ni la présence d’ailleurs.
- Un trésor ! dites-vous ? Mes parents ne m’en ont jamais parlé…
- Je vous le ferai découvrir. La crypte de l’église jouxte une pièce fermée par une vieille porte en bois, datant de l’époque où ce lieu de culte était encore une chapelle romane. A l’intérieur, une table toute simple occupe le centre de la pièce. Sur cette table, un bougeoir habillé de quatre bougies, une boite d’allumettes entamée et un coffre en bois recouvert d’un drap de coton blanc immaculé reposent dans le calme et le respect du temps passé. A l’intérieur du petit coffre, notre trésor. Un Évangile à la reliure en or massif et argent, parsemée de pierres précieuses. Chaque face de la couverture est décorée d’une croix avec en son milieu un médaillon en émail représentant le saint qui protège notre paroisse depuis des siècles. Quant on ose l’ouvrir, les pages de vélin enluminés sont peuplées de personnages, plus beaux les uns que les autres qui vous sautent à la figure et qui font certainement partie de ceux qui ont donné la foi à nos ancêtres. Chaque texte est une gifle qui vous fait baisser la tête et tendre l’autre joue. Mais cela n’est rien. Le reliquaire, associé à cet ouvrage millénaire et, lui-même, en or serti de pierres et décoré d’émaux, contient un des clous qui ont servi à crucifier le Christ. La salle du trésor n‘est éclairée que par des bougies et leurs lueurs à la fois diffuses et dansantes sanctifient l’éclat de ces objets sacrés. Je suis sûre que le temps que vous passerez avec eux vous fera retrouver le repos de l’âme et la sérénité nécessaire pour exprimer vos sentiments... Ne parlez pas ! Nous sommes seul et seules, vous Sophie et moi. Nous ne serons jamais la Sainte Trinité, mais si chacun et chacune d’entre nous y met un peu de bonne volonté, vous pourriez bien finir par devenir un bon boulanger… Qui sait ?

Retour de bâton

Réfugié dans l’ancien atelier de son père, Jacques commençait à envisager le futur d’une nouvelle vie. Il est vrai que les paroles de Marie l’avaient réconforté et l’ambiance de son environnement était enfin au beau fixe. Le feu de bois qui ronronnait dans le poêle au fond de la pièce chantait une douce mélodie qui l’emmenait, malgré lui, vers une somnolence difficile à refuser. Les fenêtres, enfin nettoyées, lui offraient un paysage printanier que la nature se plaisait à embellir, jour après jour. La vie éclatait partout où portait son regard et une sérénité nouvelle lui promettait un avenir plein de promesses. Mais...

Un sentiment profond et soudain obligea Jacques à ouvrir ses yeux qu’il n’avait d’ailleurs pas souvenir d’avoir fermés. L’atelier s’était évanoui dans une brume malfaisante. Le froid avait envahi son corps. Il se retrouva par terre, comme si quelqu’un l’avait jeté, ordure parmi les ordures, sur une route de terre et de boue glacée. Le paysage qui l’entourait était fait de pics enneigés cernés par des nuages noirs et gris qui se débattaient dans un ciel qui n’en était pas un. Des averses de glace punissaient ce sol ingrat et des larmes aussi acérées que des lames d’acier de Damas traçaient des allées sanglantes sur le visage du gisant.

Que se passe-t-il ? Où suis-je ? Quel est ce personnage tout vêtu de noir qui vient vers moi ? L’ombre sombre s’approcha lentement de lui.
- Te voila enfin Jacques. Me reconnais-tu ? Non ? Pourtant nous sommes intimes.
- Je ne vous ai jamais vu. Pourquoi cette tenue noire et misérable ? Surtout par ce froid sans pitié qui fige notre sang.
- Pourquoi ? Tu devrais le savoir ! Plus qu’un autre ! Jadis je portais une robe blanche éblouissante, j’étais blonde et mes yeux bleus distribuaient un monde enchanteur à qui les regardait. Mes cheveux avaient la couleur des épis fraîchement fauchés, mes ongles étaient des diamants et mon sourire était un collier de perles fines. Maintenant, j’ai des cheveux noirs comme du charbon, mes yeux se perdent dans la noirceur de mon regard et les dépouilles noires de mon vêtement me font ressembler à une créature issue de l’enfer le plus profond. Et tu me demandes qui je suis ? Pauvre imbécile ! Je suis ton âme ! Ce qu’il en reste, ce que tu en as fait... L’abandon du chemin qui était le tien n’a pas abouti à ta délivrance. Tu n’as pas expié tes fautes.
Que croyais-tu? Que Marie allait te sauver ? Elle t’a, malgré tout, donné l’occasion de te repentir devant un livre sacré venu de la nuit des temps. Une relique, témoin du calvaire du Christ, t’a parlé mais tu es resté sourd. Ta seule ambition a été d’embrasser la profession de boulanger. Aucun remord, aucune repentance. Quand il aurait été nécessaire que tu sois un saint tu n’as été qu’un homme.
-Cessez vos reproches, laissez moi tranquille. Je veux retourner dans mon atelier !
Ton atelier ? Rassure-toi, ton corps y est. Toi tu as un chemin à faire. Tu marcheras souvent pieds nus. Tes pensées décideront de l’état de la route. Celle-ci sera longue et pénible. Tu pleureras souvent. Tu prieras haut et fort avec l’espoir d’être entendu, mais parfois les mots se perdent dans l’immensité du ciel. Je vais t’abandonner à ton sort et me dépêcher de revêtir un vêtement immaculé. Pour toi la dette sera lourde à porter. Elle te sciera les épaules… Mais un temps viendra ou une petite lueur te dira « Viens ! »Une porte s’ouvrira. Il te faudra la franchir sans hésiter ! Ou bien...
 
 
Fernand
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Publié le 21 Février 2024

 

Réfugié dans l’ancien atelier de son père, Jacques commençait à envisager le futur d’une nouvelle vie. Il est vrai que les paroles de Marie l’avaient réconforté et l’ambiance de son environnement était enfin au beau fixe. Le feu de bois qui ronronnait dans le poêle au fond de la pièce chantait une douce mélodie qui l’emmenait, malgré lui, vers une somnolence difficile à refuser. Les fenêtres, enfin nettoyées, lui offraient un paysage printanier que la nature se plaisait à embellir, jour après jour. La vie éclatait partout où portait son regard et une sérénité nouvelle lui promettait un avenir plein de promesses. Mais...

Un sentiment profond et soudain obligea Jacques à ouvrir ses yeux qu’il n’avait d’ailleurs pas souvenir d’avoir fermés. L’atelier s’était évanoui dans une brume malfaisante. Le froid avait envahi son corps. Il se retrouva par terre, comme si quelqu’un l’avait jeté, ordure parmi les ordures, sur une route de terre et de boue glacée. Le paysage qui l’entourait était fait de pics enneigés cernés par des nuages noirs et gris qui se débattaient dans un ciel qui n’en était pas un. Des averses de glace punissaient ce sol ingrat et des larmes aussi acérées que des lames d’acier de Damas traçaient des allées sanglantes sur le visage du gisant.

Que se passe-t-il ? Où suis-je ? Quel est ce personnage tout vêtu de noir qui vient vers moi ? L’ombre sombre s’approcha lentement de lui.
- Te voila enfin Jacques. Me reconnais-tu ? Non ? Pourtant nous sommes intimes.
- Je ne vous ai jamais vu. Pourquoi cette tenue noire et misérable ? Surtout par ce froid sans pitié qui fige notre sang.
- Pourquoi ? Tu devrais le savoir ! Plus qu’un autre ! Jadis je portais une robe blanche éblouissante, j’étais blonde et mes yeux bleus distribuaient un monde enchanteur à qui les regardait. Mes cheveux avaient la couleur des épis fraîchement fauchés, mes ongles étaient des diamants et mon sourire était un collier de perles fines. Maintenant, j’ai des cheveux noirs comme du charbon, mes yeux se perdent dans la noirceur de mon regard et les dépouilles noires de mon vêtement me font ressembler à une créature issue de l’enfer le plus profond. Et tu me demandes qui je suis ? Pauvre imbécile ! Je suis ton âme ! Ce qu’il en reste, ce que tu en as fait... L’abandon du chemin qui était le tien n’a pas abouti à ta délivrance. Tu n’as pas expié tes fautes.
Que croyais-tu? Que Marie allait te sauver ? Elle t’a, malgré tout, donné l’occasion de te repentir devant un livre sacré venu de la nuit des temps. Une relique, témoin du calvaire du Christ, t’a parlé mais tu es resté sourd. Ta seule ambition a été d’embrasser la profession de boulanger. Aucun remord, aucune repentance. Quand il aurait été nécessaire que tu sois un saint tu n’as été qu’un homme.
-Cessez vos reproches, laissez moi tranquille. Je veux retourner dans mon atelier !
Ton atelier ? Rassure-toi, ton corps y est. Toi tu as un chemin à faire. Tu marcheras souvent pieds nus. Tes pensées décideront de l’état de la route. Celle-ci sera longue et pénible. Tu pleureras souvent. Tu prieras haut et fort avec l’espoir d’être entendu, mais parfois les mots se perdent dans l’immensité du ciel. Je vais t’abandonner à ton sort et me dépêcher de revêtir un vêtement immaculé. Pour toi la dette sera lourde à porter. Elle te sciera les épaules… Mais un temps viendra ou une petite lueur te dira « Viens ! »Une porte s’ouvrira. Il te faudra la franchir sans hésiter ! Ou bien...
 
 

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Publié le 21 Février 2024

Présentation

Tôt le matin, l’heure de braves écrivains en mal d’aventure où le sommeil dispensé par MORPHEE a été troublé. Déjà la première cigarette de la journée, l’inspiration doit venir c’est un devoir.

 Les toits de PARIS où les gens sont encore endormis, dans leurs chambres, au chaud à l’abri du cercle infernal de la vie. Quelle vue, quelle inspiration, mon dernier rêve d’une parfaite inconnue, traversant le parc avec son petit caniche blanc. Pourquoi les toits de PARIS me font penser à elle, je ne saurais dire, c’est paradoxal. Peut être l’imaginais-je se levant dans un déshabillé rose, des escarpins assortis bordés de plumes. Six heures, cette belle femme se prépare à sortir son petit chien.
 
Comment dois-je m’habiller, moi qui suis encore à moitié réveillé, mettre des habits avantageux, un chapeau pour cacher ma calvitie naissante ? Je me prends par la main et l’esprit libre de toute conversation préparée, je descends de mon perchoir, la tête en folie.
Elle est déjà là, ma belle inconnue, assise sur un banc encore plein de rosée du matin. Je ne vois pas son petit ami, je m’approche lentement, mon cœur bat, c’est malheureusement une entrée en matière. Elle m’a vu, des larmes coulent de ses beaux yeux verts, un petit mouchoir dans la main.
Je me lance, bonjour, je vous vois souvent, lui dis-je, avec votre chien ; que vous arrive-t-il, il n’est pas avec vous aujourd’hui ?
Bonjour, me répondit-elle entre deux sanglots, je vous vois souvent vous promenant les mains croisées dans le dos, vous fondant dans l’atmosphère du parc avec ses arbres protecteurs et ses fleurs souriantes. LUCKY, mon chien, je l’ai emmené hier chez le vétérinaire pour des soins sans gravités. Je l’aime tellement ; mon fils un  jour est revenu avec, rapporté d’un refuge, avant de partir en mission journalistique, tu penseras à moi maman avec LUCKY.
 
Confus, souriant, compatissant, je lui racontais ma vie d’écrivain, l’espoir de terminer mon troisième roman… etc.. etc…
Ah non , mon réveil sonne, il est sept heures, je n’ai pas dormi, si au contraire, mon rêve est encore dans mon esprit.
Le soleil a pointé le bout de son nez et se reflète sur les toits de PARIS  et le SACRE CŒUR qui émerge de la brume matinale sous les couleurs orangées du levant.
Merci MORPHEE, je tiens le début de mon livre, vivement cette nuit je compte sur toi, je vais retrouver Marie, cette belle inspiratrice...
Révélations intimes
 
Revoir ma belle inconnue du parc, GISELLE, une envolée de plaisir.
Moi, l’ours mal léché, toujours dans mes pensées, des idées qui surgissent de mon cerveau et repartent aussitôt, si ma plume ne les pose pas sur un bout de papier.
 
Aujourd’hui c’est le printemps, « notre banc » nous attend…
Une amitié naissante dans un coin du parc à côté d’un massif d’hortensias.
Lucky, son amour de compagnon rétabli, nous accompagne, silencieux.
Mon audacieuse amie a concocté un rendez-vous dans un restaurant style rétro, aux murs discrets, le mobilier d’un autre âge, très cocooning.
Ce soir, je lui ai préparé un poème, j’espère, je souhaite que Giselle appréciera, j’ y ai mis tout mon cœur.
- Cher VINCENT, me dit elle, ses yeux verts pétillants de joie, j’ai pensé a vous toute la nuit, je veux dire le sommeil s’est fait rare, vous avez envahi mon âme de couleurs.
- Nous les peintres, il nous suffit d’un rien pour transformer une idée littéraire, un sourire, une voix grave et un arc en ciel se met à parcourir une toile. Merci pour ce moment particulier.
Ceci dit, voyant arriver les coupes de champagne, je pressens une soirée aventureuse, pleine d’espoir.
Sur la nappe immaculée, une rose rouge nous regarde…
Giselle, dans sa longue robe fleurie, me transporte, je ne suis plus physiquement assis devant elle, mais sur un petit nuage bleu ciel, mon esprit s’envole, je ne l’écoute plus….
-VINCENT - sa voix mélodieuse me ramène à la réalité - je vous ai demandé des nouvelles de votre dernier roman, avance-t-il à votre goût ?
Notre connivence, nos regards, l’effleurement de nos doigts suffisent à nous comprendre.
Mon âme sœur, l’ai-je trouvée !!!!

Le symbole divin

Je me pose des questions, mon cerveau va exploser.
Pourquoi des sentiments étranges m’envahissent, mon esprit vagabonde et ma plume parcourt les pages blanches… Puis soudain…
Mon ami MORPHEE vient m’aider à me retrouver, pensais6je, la nuit, le sommeil, autre chose…
Rapidement mon corps Se relâche, je me trouve dans l’eau entouré de LOTUS, ces fleurs sublimes, épanouissement de bonheur, rose merveilleux, intense et reposant, dégageant une fine fumée d’encens, cette fragrance envoutante, une musique d’ambiance.
Je suis bien, allongé sur les grandes feuilles de ces fleurs de pays lointains, de petites bulles rigolotes crépitent autour de moi.
Une petite voix enveloppante me parle de mon livre, de ma plume, puis GISELLE me rejoint, vêtue d’une robe longue turquoise, fendue, coiffée d’un couvre-chef conique, fermé par un ruban? accessoire traditionnel.
Ma belle amie s’approche, les mains jointes ; « NAMASTE » me dit-elle souriante, se penchant légèrement.
Mon soleil est arrivé, un fantasme...
 
Soudain, je me vois, non, je me réveille, ah non MORPHEE, traitre, tu m’as abandonné…
Je me jette sur ma feuille, prends mon stylo et écris, écris.
L’évasion spirituelle, l’apprentissage d’un monde ZEN, je me souviens de deux lotus, je crois peut être mon bel amour et moi, nous partageant ce moment de l’âme.
Oserais-je parler du « Songe d’une Nuit d’été » de SHAKESPEARE musique de MENDELSSOHN, ils étaient là en spectateurs invisibles…..

Un voyage insensé

La vie, un ruban bleu, sinueux sur lequel notre tendresse glisse sereinement.
La couleur de l’amour divin de Neptune et ses naïades, surprenant par leur légèreté, des bulles de sourires éclatant plaisamment, comme une peinture surréaliste.
 
 
Où allons-nous en voyage, le bateau des souvenirs glissant sur une onde pure et mélancolique jusqu’à la mer apaisante ?
Mais à notre entrée, dans ce phénomène aquatique que l’on pensait accueillant, nous nous retrouvons pris dans un tourbillon de colère et d’indignation, les petits rochers avoisinants ne respirent plus, submergés par ce déchainement de vagues monstrueuses, laissant une écume de bouche ouverte au vent mauvais.
Tout à coup, ma chair ressemble à la peau d’une volaille apeurée.
L’astre du jour s’étire de milles couleurs, donnant un semblant de chaleur virtuelle, le ciel, les pauvres nuages s’embrouillent en une composition de rouge intense, le jaune éclate comme un œuf ayant perdu sa consistance, le violet audacieux semble contrôler ces effets de colère des éléments.   
Serrant Gisèle, ma bien aimée, dans mes bras puissants de tendresse, nous regardons intensément comme contraints d’obéir à un avenir incertain.
La verdure des collines bienveillante est bientôt loin de notre espace visuel et sensoriel, l’odeur de la pluie dans l’herbe mouillée du bord de l’eau, les canards et autres habitants de l’onde pure, sont restés à l’abri des tourments de l’humain dérangeant.
Des idées me submergent, des couleurs explosent, je le vois dans les yeux de ma belle, ses pupilles se dilatent, son souffle est haletant.
Nos corps vibrent de terreur et de respect que la nature troublante nous offre.
Des photos captivantes, prises miraculeusement entre chaque effets éblouissants de la mer déchainée, devenue noire de mépris, redevient comme ayant changé de peau.
Le repos, des étincelles argentées sautant de-ci de-là, le soleil a réussi à dompter son amie, de ses rayons multicolores.  
La sérénité revient, la promesse de jours heureux, d’une vie faite de compromis et d’attentions audacieuses d’un amour naissant.      
 
Dominique
___________________________________
 

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Publié le 21 Février 2024

 
La vie, un ruban bleu, sinueux sur lequel notre tendresse glisse sereinement.
La couleur de l’amour divin de Neptune et ses naïades, surprenant par leur légèreté, des bulles de sourires éclatant plaisamment, comme une peinture surréaliste.
 
 
Où allons-nous en voyage, le bateau des souvenirs glissant sur une onde pure et mélancolique jusqu’à la mer apaisante ?
Mais à notre entrée, dans ce phénomène aquatique que l’on pensait accueillant, nous nous retrouvons pris dans un tourbillon de colère et d’indignation, les petits rochers avoisinants ne respirent plus, submergés par ce déchainement de vagues monstrueuses, laissant une écume de bouche ouverte au vent mauvais.
Tout à coup, ma chair ressemble à la peau d’une volaille apeurée.
L’astre du jour s’étire de milles couleurs, donnant un semblant de chaleur virtuelle, le ciel, les pauvres nuages s’embrouillent en une composition de rouge intense, le jaune éclate comme un œuf ayant perdu sa consistance, le violet audacieux semble contrôler ces effets de colère des éléments.   
Serrant Gisèle, ma bien aimée, dans mes bras puissants de tendresse, nous regardons intensément comme contraints d’obéir à un avenir incertain.
La verdure des collines bienveillante est bientôt loin de notre espace visuel et sensoriel, l’odeur de la pluie dans l’herbe mouillée du bord de l’eau, les canards et autres habitants de l’onde pure, sont restés à l’abri des tourments de l’humain dérangeant.
Des idées me submergent, des couleurs explosent, je le vois dans les yeux de ma belle, ses pupilles se dilatent, son souffle est haletant.
Nos corps vibrent de terreur et de respect que la nature troublante nous offre.
Des photos captivantes, prises miraculeusement entre chaque effets éblouissants de la mer déchainée, devenue noire de mépris, redevient comme ayant changé de peau.
Le repos, des étincelles argentées sautant de-ci de-là, le soleil a réussi à dompter son amie, de ses rayons multicolores.  
La sérénité revient, la promesse de jours heureux, d’une vie faite de compromis et d’attentions audacieuses d’un amour naissant.      
 

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Publié le 21 Février 2024

Voyage

Couché sur le flanc, je rêve. Je ne sens plus la rugosité des cailloux sous mon corps. Je ne sens plus le froid. Plus de douleurs. Mon unique sac soutient ma tête.

Devant moi, un tapis de prières et un verre. Au cas où une généreuse y laisserait une pièce. Recroquevillé, je somnole en regardant la douce fumée sortir de ma pipe. Je suis rassuré. Dans ma poche, je sens ma deuxième dose pour ce soir.

 

Les volutes montent en tourbillon. Quel calme! Comme ça m'apaise. Je n'entends plus les cris, les moqueries… Je n'ai plus de peine. Indifférent à tout. Même pas faim, même pas triste, même pas mal. Besoin de rien, à part de cette odeur qui me transporte.

Et soudain, le voyage commence. Des couleurs m'apparaissent, des têtes ; maman est là. Elle me caresse. Elle m'aime et me le dit. Je suis si bien. Je pars. Je vole.

Dans ce pays où aucune aide n'est accordée aux miséreux, ainsi se traîne de rue en rue, Saïd, le chibani, comme il est surnommé dans son village.

Le séisme

 

Cette nuit, tout a tremblé. Magnitude 7°9, ils l'ont dit par téléphone arabe car les radios ne marchent plus. Un éboulis monstrueux à la place des maisons, des montagnes. Ça ne change rien pour Saïd. Il dort en plein air. Petit sourire sardonique. - Moi, rien ne m'y tombe sur la gueule !

Autour de lui, tout le monde s'affaire. La moquée est encore debout. Il la regarde ébahi. - Ouili, ouili, ouili, il est encore là-haut, le muezzin !

 

Les berbères tout de blanc vêtus avec leur chèche sur la tête courent de tous les côtés. Ils essaient d'extirper les corps des décombres. On entent hurler. Les chèvres, les moutons sont tous éparpillés. Le puits où les habitants peuvent prendre l'eau est recouvert de rochers. Saïd cherche le caïd du village. Mais il est déjà parti avec sa famille. Tous les quatre sur leur pétrolette. - toi, ties courageux! Toi, ties jamais là quand il faut aider!

La Croix-Rouge est arrivée. La distribution d'eau et de pains a commencé. Une jolie blonde en blouse blanche s'approche de lui. Elle lui sert à boire et à manger toute souriante. Saïd ne comprend rien à ses paroles si douces et réconfortantes. Il se sent heureux malgré le chaos ambiant. Il se remet à rêver. - oh! La belle gazelle. J'y suis sûr, elle m'aime. Elle veut me guérir. Qu'Allah m'écoute pour une fois.

La théière

Après le violent séisme, le petit village de Saïd commençait à se reconstruire. L'armée avait envoyé les soldats pour aider à enlever les décombres. Des tentes s'installaient ci et là. Les habitants rebâtissaient avec courage leurs maisons en terre battue. Saïd aidait à droite, à gauche. Toujours prêt à donner un coup de main. Lorsqu'il travaillait, son regard bifurquait vers la gazelle. Elle était restée avec eux. Elle soignait les blessés.
Chaque jour, après le substantiel repas, tout le monde s'installait en rond autour du feu pour le rituel du thé. Saïd se faisait un honneur de le préparer. La jolie infirmière le suivait des yeux avec intérêt.
Il prenait amoureusement la théière que lui avait laissée sa maman. Argentée, son ventre rond ciselé se casait bien sur les braises. Sur le côté, l'anse était gravée aux initiales de sa famille. Il ne la rinçait jamais pour qu'elle garde son goût de thé vert. Par contre, il adorait la frotter et la faire briller.
Il la posait sur le feu, lorsque l'eau commençait à bouillir, il rajoutait le thé. Ensuite, il prenait le cône de sucre qu'il cassait avec son marteau et le rajoutait à l'eau. Et, en dernier, les feuilles de menthe bien fraîches.
Aussitôt, la théière devenait vivante. Une odeur s'en dégageait. De la fumée sortait de son bec verseur. Les narines des hommes se dilataient. Les regards étaient hypnotisés. Moment de bonheur pour ces pauvres gens.
Un autre cérémonial commençait alors. Saïd prenait un verre, le remplissait de liquide puis le refaisait couler dans la théière. Ceci deux ou trois fois. Puis, il commençait le service en levant bien haut la théière au-dessus du verre. Le liquide doré coulait tout mousseux. Les berbères buvaient avec des grands "slurp!" de satisfaction. La gazelle souriait à Saïd. Théière, tu es magique !

Le village

Le soir venu, leur substantiel repas terminé, les berbères se réunissaient près des tentes pour la veillée. Les soignants s'installaient avec eux. Ils avaient tous trouvé un langage commun : mi- français, mi- arabe, mi- anglais. Saïd s'installait avec son infirmière. Il adorait lui racontait la vie du village.

"Tu regardes mon village dans ta tête? Il est couleur ocre comme la terre. La terre qui sent si bon. J'adore la faire couler entre mes doigts. Tu vois des tours, des maisons, des petites et des grandes, de toutes les tailles comme dans une grande famille de frères et sœurs. Au loin, le minaret, c'est lui le chef : on se tourne vers lui tous les soirs avant le coucher du soleil.
Lorsque tu y pénètres, tu es vite dans un labyrinthe. Promène-toi, n'aie pas peur. Les portes sont souvent ouvertes. Invitation permanente à y entrer, à partager un thé, un pain, un repas. Nous sommes les rois de l'hospitalité. Là, une femme accroupie avec sa robe colorée. Avec son pilon, elle écrase les épices. Le son en résonne dans toute la vallée. Une odeur forte et agréable s'en échappe. Elle te regarde avec ses yeux de biche bordés de khôl et te sourit.
Plus loin, des jeunes filles rient aux éclats avec des bambins à peau mate et aux cheveux bouclés. Tendres enfants ! Là-bas, le four en pierre chauffe. Les pains y sont déposés sur les parois. Avec une pelle, un homme le ressort cuit et doré. Et toujours cette odeur ! Il t'en fait goûter ; une texture tendre qui te fond dans la bouche.
Vois en haut, sur les tours, les cigognes sont là. Leurs nids de paille débordent. Toutes blanches, elles sont les reines du village et te toisent de là-haut.
Là, la mosquée, c'est l'heure de la prière. Les babouches sont déposées à l'entrée. On voit les pieds nus des hommes courbés, puis relevés avec leurs mains dressées, puis debout. Une gymnastique de foi inébranlable.
Et la médina. La marchandise dégouline des rayons, des caftans, des ceintures, des pots, des bijoux ça crie, ça marchande. Chacun vante ses produits. Plus loin, le marché. Les morceaux de viande pendent, les fruits et légumes sont savamment rangés et attirent l'œil. Le marchand ouvre pour toi la pastèque, le melon pour t'y faire goûter. Le liquide sucré coule dans ta bouche et te rafraîchit.
Jolie infirmière, quand il se sera reconstruit, tu reviendras. Tu rentreras dans le hammam avec les femmes. Je mettrai de côté pour toi le plus beau des riads, ma gazelle. Il est beau mon village. Il me manque."
Ghislaine
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Rédigé par Ghislaine

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Publié le 21 Février 2024

 

Le soir venu, leur substantiel repas terminé, les berbères se réunissaient près des tentes pour la veillée. Les soignants s'installaient avec eux. Ils avaient tous trouvé un langage commun : mi- français, mi- arabe, mi- anglais. Saïd s'installait avec son infirmière. Il adorait lui racontait la vie du village.

"Tu regardes mon village dans ta tête? Il est couleur ocre comme la terre. La terre qui sent si bon. J'adore la faire couler entre mes doigts. Tu vois des tours, des maisons, des petites et des grandes, de toutes les tailles comme dans une grande famille de frères et sœurs. Au loin, le minaret, c'est lui le chef : on se tourne vers lui tous les soirs avant le coucher du soleil.
Lorsque tu y pénètres, tu es vite dans un labyrinthe. Promène-toi, n'aie pas peur. Les portes sont souvent ouvertes. Invitation permanente à y entrer, à partager un thé, un pain, un repas. Nous sommes les rois de l'hospitalité. Là, une femme accroupie avec sa robe colorée. Avec son pilon, elle écrase les épices. Le son en résonne dans toute la vallée. Une odeur forte et agréable s'en échappe. Elle te regarde avec ses yeux de biche bordés de khôl et te sourit.
Plus loin, des jeunes filles rient aux éclats avec des bambins à peau mate et aux cheveux bouclés. Tendres enfants ! Là-bas, le four en pierre chauffe. Les pains y sont déposés sur les parois. Avec une pelle, un homme le ressort cuit et doré. Et toujours cette odeur ! Il t'en fait goûter ; une texture tendre qui te fond dans la bouche.
Vois en haut, sur les tours, les cigognes sont là. Leurs nids de paille débordent. Toutes blanches, elles sont les reines du village et te toisent de là-haut.
Là, la mosquée, c'est l'heure de la prière. Les babouches sont déposées à l'entrée. On voit les pieds nus des hommes courbés, puis relevés avec leurs mains dressées, puis debout. Une gymnastique de foi inébranlable.
Et la médina. La marchandise dégouline des rayons, des caftans, des ceintures, des pots, des bijoux ça crie, ça marchande. Chacun vante ses produits. Plus loin, le marché. Les morceaux de viande pendent, les fruits et légumes sont savamment rangés et attirent l'œil. Le marchand ouvre pour toi la pastèque, le melon pour t'y faire goûter. Le liquide sucré coule dans ta bouche et te rafraîchit.
Jolie infirmière, quand il se sera reconstruit, tu reviendras. Tu rentreras dans le hammam avec les femmes. Je mettrai de côté pour toi le plus beau des riads, ma gazelle. Il est beau mon village. Il me manque."
 

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Publié le 21 Février 2024

– J’ai aimé l’Irlande, l’Allemagne, la Belgique, ou du moins, ce que nous en avons vu. Des pays intéressants, des peuples qui le sont tout autant, mais, curieusement, dans les pays méditerranéens, je me sens chez moi, alors que je suis née et j’ai grandi dans le nord de la France. Curieux, non ? Ce devrait être l’inverse...
Laura, pensive, se remémore son voyage, analyse ses impressions. Pierre sourit.
– Va comprendre… peut-être dans une vie antérieure, tu vivais au bord de la Méditerranée… ou alors, c’est parce que tu m’aimes et tu n’envisages pas une autre vie qu’ici, dans mes bras, répond-il en la soulevant pour l’emporter dans la chambre.
 
Laissons-les à leurs affaires et revenons un peu plus tard…
 
Pierre s’est endormi, comme souvent après l’amour. Laura le regarde. Il est si beau, je l’aime tant… oui, vivre ici avec lui… une vie antérieure… ?
Laura bascule. Vie antérieure, vie antérieure... Deux vocables chuchotés par une voix intérieure... antérieure ? Un souvenir ténu de ce que j'ai dû être... je ne sais pas trop... Patience, ça se précise…
 
Je suis Catarina, non, pas Catarina Segurane, non, Catarina, fille d'Italie, pauvre d'entre les pauvres. Quand j'étais enfant, pour aider les parents à gagner quatre sous, je ne suis pas allée à l'école. Je ne sais ni lire, ni écrire. Je travaille dans les rizières avec d'autres. Sono una mondina. Des journées entières, l'eau jusqu'aux genoux, pieds nus, le dos plié, noué de fatigue. Pour éviter les piqûres d'insectes, les brûlures d'un soleil trop dur, je cache tête et cou sous un foulard et un chapeau à large bord. Chaleur, labeur pénible, exploitée, peu payée... un jour j'en ai eu assez. Avec les copines, on s'est regroupées en ligue contre les patrons. On s'est battues pour nos droits, pour une vie décente et on a gagné ! C'était en... je ne sais plus. Catarina se fond dans la rizière et déjà un autre visage surgit : Antonia...
 
Antonia, drapée dans sa toge antique raconte : j'ai une vie agréable, confortable, auprès de ce riche époux, négociant en huile. Nous possédons une villa sur la colline, entourée d'oliviers, à Cemenelum. Elle est bien située, rien n'accroche le regard. Il coule sans heurts sur le paysage : d'abord, juste au-dessous de nous, sur la ville, puis sur les vignes, les prés, les cultures, et plus bas, au loin, sur le rivage, sur Nikaïa qui accueille les barques des pêcheurs. Ensuite, du bleu jusqu'à l'horizon, du bleu partout. Et du soleil. La villa est parfaite pour inviter, conclure des affaires. Nous recevons des personnes de haut rang pour des fêtes privées très prisées. Lyre, cithare, repas raffiné, c'est le festin des sens. Nos esclaves, bien traités, nous sont fidèles ; ils assurent un service sans défaut. Que la vie est douce dans ce beau pays !
Je vais parfois à des spectacles dans l’arène. J'ai une place réservée, je fais partie des notables de la cité. Aujourd'hui, après les gladiateurs, il y aura les chrétiens contre les lions. Plutôt cruel, j'en conviens. Ils le cherchent aussi, avec leur Dieu unique ! Jupiter, Saturne, Vénus et tous les autres n'approuvent pas cette nouvelle religion. J'ai peur qu'ils ne soient très en colère. Et la colère de Jupiter, avec sa foudre et ses éclairs, cause des ravages terribles dans nos oliviers. Alors, pour éviter ce désastre, je vais au spectacle, je regarde les lions dévorer les chrétiens dans l'arène. Pour que Jupiter, Saturne, Vénus et tous les autres continuent à briller au ciel de la nuit.
 
La nuit... La nuit dissout Antonia, ne laisse que les astres. Seule dans le silence, plurielle dans la conscience, Laura revient d'un voyage étourdissant. Par la fenêtre ouverte, Jupiter, Saturne, Vénus scintillent, et les étoiles balisent les routes perdues…
 

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Rédigé par Mado

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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