Publié le 20 Décembre 2023

 
Personnage
 
Je m’appelle Dominique D…….      
J’ai 60 ans, divorcée depuis quelques années
Je suis de taille moyenne, 60 kg, de longs cheveux longs blonds et les yeux verts.                  
J’étais aide-soignante, et toujours en observation d’une personne fragile à aider.
Je suis née à Paris, « expatriée » à Cannes dans le sud de la France dans mon enfance.
Je porte au poignet les tatouages de mon fils et de mes petites filles.
Je suis hyperactive, passionnée de lecture, peinture et de voyages.    
Je recherche dans cette expédition, qui sera pour moi la première croisière, des découvertes intéressantes, sociales, intellectuelles et maritimes.
Je ne me sépare jamais de mon appareil photo.
 
__________________
 
SUBLIME ET SURPRENANTE CROISIÈRE
 
 
LE COMTE DE PROVENCE
 
Nous sommes le 6 novembre 2023 , il est 12h30 .
Je suis très impressionnée à l’idée de faire cette croisière, la mer n’est pas mon élément favori, mais cela sera une nouvelle aventure.
Le nom de ce « bâtiment » maritime est déjà toute une histoire.
Je ne veux pas être en retard, ma valise, mon sac à dos et je saute dans le tram, direction le port de Nice.
L’embarquement vient de commencer, à première vue il y a des personnes qui sortent de l’ordinaire (j’ai repéré un grand monsieur aux cheveux blancs, petite moustache et un petit accent britannique très amusant).
Le capitaine nous accueille chaleureusement, c’est un homme de taille moyenne, un peu enveloppé, mais très, très volubile.
Après avoir donné mon état civil, ma cabine aura le n° 88 au premier étage, la chambre est sympathique, le minimum et vue mer…
Un regard par la fenêtre, je suis rêveuse, c’est un grand bateau, pas de tangage, enfin j’espère….
Mais pour le moment, je vais discrètement faire un discret repérage sans m’aventurer trop loin, peut-on se perdre sur un tel navire !
Déjà une jeune femme m’interpelle, grande, une chevelure incroyable rousse longs, des yeux verts pétillants, en discutant son accent anglais me plaît, elle est irlandaise de Dublin, je connais alors, peut être une amie de voyage.
 
 

LE DÎNER

Le dîner dans la grande salle est à vingt heures.

Je sors de mon sac à dos deux tenues, une belle robe longue noire le plastron en sequins, et mes talons que je chausse rarement ou bien un ensemble pantalon noir et un bustier en sequin vert.

Un petit coup d’œil par la fenêtre, la nuit est tombée doucement…
De petits coups donnés à la porte, c’est ABBY, la jolie rousse de mon arrivée, qui vient me chercher, vêtue d’une éblouissante robe noire sexy.
Le commandant, très élégant, accueille chacun de nous avec gentillesse et courtoisie, avant d’occuper une place d’honneur.
D’un commun accord, nous prenons place autour d’une table ronde où se trouve déjà Sir Edward un verre de whisky à la main, se levant à notre arrivée, bienvenue chères mesdames.
Nous rejoint Anne Sophie, jeune femme brune, sympathique.
 Le menu est placé à côté de notre assiette.
D’un regard, je découvre cette grande salle, couleur de fond prune et noire, un piano demi-queue blanc se trouve dans un coin où un musicien black commence doucement à élever quelques notes.
Mais revenons au menu, mes papilles se mettent en mouvement à la vue de ces mets raffinés et mon imagination m’emmène autour des couleurs de chacun des plats proposés.
Le vin rouge servi est un millésimé, excellent, proposé par un jeune garçon en livrée.
Des regards discrets fusent de tous côtés, confirmant la réussite du menu.
La femme d’une table voisine a un léger malaise, peut être la chaleur, mais se reprend avec un verre d’eau et son éventail.
Des fragrances subtiles nous émoustillent les narines.
Le repas se termine lentement, certains auront plaisir de se rendre au bar, afin de déguster un digestif.
D’autres lient connaissance avec leur voisins, ou bien se rapprochent du piano qui continue son œuvre de charme, le pianiste MILES joue à demande de certains.
Mon amie ABBY a flashé sur HECTOR, un peu mytho, mais bon c’est... à voir….
Je suis abordée par VALENTINE, de superbes yeux verts, habillée simplement d’un ensemble vaporeux dans les tons brun-doré, un appareil photo porté en bandoulière.
Notre conversation se concentre sur la photo, que j’ai pratiquée, j’ai apporté le mien lui dis-je.
Chemin faisant, nous arrivons au bar, afin de prendre un de leur meilleur whisky.
Sir EDWARD est en grande conversation avec un énergumène noir prénommé OOLALA, relatant de nombreux voyages en commun…
A minuit, je réintègre ma cabine, me jetant sur mon journal de bord, des couleurs, des senteurs, des musiques, hantent encore  mon cerveau tout en ébullition, alors vite à l’ouvrage….. 

 

LA PREMIÈRE ESCALE

Nous devons nous préparer pour la première escale.
BARCELONE, ville emblématique de monuments illustres.
Il fait beau, un peu frisquet, je sors un pantalon, un pull et un blouson, pour être à l’aise mes baskets neuves en prévision de découvrir la ville à pied évidemment.
La mer est calme et l’accostage du paquebot se fait tranquillement, la passerelle est baissée.
Un toc toc, c’est ABBY, mon amie irlandaise qui vient me chercher, elle est accompagnée de VALENTINE et son inséparable Kodak en bandoulière.
La blonde, la rousse et la brune, à nous l’Espagne et les Espagnols, ténébreux aux yeux de braise.
Je ne maîtrise pas cette langue, mais VALENTINE y excelle.
Du coin  de l’œil, j’aperçois HECTOR qui se faufile au milieu des gens, une bousculade, des cris, mais il  arrive enfin près de nous. Bizarre, mais ABBY, très intéressée hier soir,  l’ignore !!! Bon peut être m’en dira-t-elle plus dans la journée !!!
Attendez-moi ! Nous nous retournons comme un ‘seul homme’, c’est ELLIOT, un personnage particulier qui s’essouffle en nous rejoignant « Vous descendez à Barcelone, moi aussi, j’ai toujours rêvé de voir l’œuvre gigantesque de GAUDI et le parc de GÜELL , cela vous ennuierait-t-il que je vous accompagne ? »
D’un regard complice et amusé, nous faisons semblant d’y réfléchir quelques secondes…
-Bien sûr, avec joie, dit ABBY en souriant.
Tous les quatre, d’un pas assuré et les appareils photos à l’affût, nous démarrons notre périple.
A vrai dire l’espagnol est une langue chantante et agréable, les gens se pressent sans se bousculer, on entend de la musique en passant devant les bistrots, les espagnols semblent heureux de vivre.
-Attention à vos sacs, nous dit gentiment une dame âgée, ici à vélo, ils font vite.
Les rues sont très larges, de loin nous apercevons la fameuse SAGRADA FAMILIA de Antoni GAUDI, cet architecte du XIXe siècle.
« Comment faire des photos d’un tout, dit VALENTINE, se contorsionnant, ça y est une, deux, trois de tous les côtés, extérieur, intérieur !!!
Sans qu’il s’en rende compte, ELLIOT, les yeux cernés de khôl et un dentier éblouissant, est pris en photo par VALENTINE, un petit sourire en coin.
-J’ai un plan, s’exclame ABBY, on va suivre des groupes par ci par là !
Nous descendons la RAMBLAS, grande rue remplie de restos/tapas que nous dégustons avec plaisir accompagnés d’un punch, photos !!
Nous arrivons devant le parc GÜELL, avec la grande salamandre à l’entrée, ses magnifiques bancs en mosaïque de toutes les couleurs et, surprise, nous y voyons MAYA détendue, allongée et prise en photo par des touristes….
Une place magnifique, un musée espagnol et encore quelques beautés à découvrir, mais nous ne repartirons pas sans avoir goûté des spécialités comme de petits gâteaux recouverts de sucre glace les Bolduman et Boldugirl, ainsi que les Churros !!! Ah les gourmandes !!!
Nous devons réintégrer le paquebot à 17  heures, à contre cœur..

 

LA LETTRE

En me préparant pour une nouvelle escale, j’aperçois une enveloppe glissée sous la porte, je l’ouvre avec intérêt.
 
Aujourd’hui, le 27 Novembre
Chère Dominique, ne prenez pas ce petit mot pour une proposition déplacée de ma part.
Depuis notre arrivée sur ce magnifique bateau de croisière je vous ai remarquée, un éclair, un coup de foudre m'a envahi.
Votre hyperactivité, votre élégance et surtout le comportement empathique que vous manifesté pour autrui.
Je fais ce voyage afin de faire le point sur ma vie.
J’ai une petite fille, dont la mère est partie dès sa naissance, peut être en suis-je la cause avec mon besoin de plaire.
Ce qui n’est qu’une apparence, en fait, car je suis timide et comme tout timide qui se respecte, j’en fais beaucoup trop.
Je souhaiterais durant ces quelques jours passés « ensemble » mieux vous connaître.
Je ne veux certainement pas que ma proposition vous choque mais peut être prendre un verre ou un café en fin d’après midi au bar, j’en serais heureux.
Je ne sais pas si ma désinvolture vous a plu ou laissée indifférente.                                         
Dans le cas contraire, je ne vous en voudrai pas.
Je ne serai pas étonné si vous me reconnaissez.
 
Bien, dans la journée je vais ouvrir l’œil, mais je pense à quelqu’un en particulier, HECTOR, je lui glisserai un mot sous sa porte.
 
Aujourd’hui, le 27 Novembre
Monsieur, vous avez raison, votre dernière phrase m’a tout de suite fait reconnaître le personnage « tombeur de ces dames », que la gente féminine se plaît à sourire.
Dommage parce que votre laïus était parfait pour charmer une femme forte ou innocente selon son désir.
Je vous souhaite de trouver vôtre âme sœur, qui saura peut-être apprivoiser l’être qui, je pense, peut s’assagir de ses démons, sera-elle libre et capable de vous comprendre…
 
                                                                          DOMINIQUE        
 

UNE MISE AU POINT

Le 11 novembre
 
Mon cher journal de bord, ces quelques lignes d’étonnement au sujet d’un rendez-vous avec le suprême personnage de ce navire… je t’en dirai plus ce soir…
Un toc toc à la porte, j’ouvre et me trouve en présence du second du commandant, une enveloppe impersonnelle blanche à la main. Je pose la question à tout hasard à ce beau messager, mais une réponse énigmatique m’est rendue !
-Tout le monde l’a reçue, me chuchota-t-il avec un clin d’œil.
Notre commandant aurait-il été informé des échanges de mots « doux » envoyés entre Hector et moi.
A moins qu’un vent de friponneries ait envahi les passagers que nous sommes, sur le pont, dans les coursives ou dans des endroits les plus insolites. Cette entrevue sera-t-elle gênante, mettra-t-elle les choses au point entre deux ou plusieurs personnes non conformes à nos désirs ?
Je retrouve mes amies Abby et Valentine qui arrivent hilares.
-Quelle nuit ! me chuchote mon irlandaise aux cheveux flamboyants.
-Que s’est-il passé, lui demandais-je ?
-C’est Hector qui a glissé sous ma porte un mot des plus explicite, je l’attends de pied ferme, mais, entre nous, comment le commandant serait-il au courant ?
-Ah cet homme, si discret, si... si…  mais quel personnage, j’en suis toute retournée, s’exclame Anne-Sophie, déjà un verre de whisky à la main.
Notre hôte arrive, non sans retenue, nous dévisage, respire et posément nous entretient de certains billets reçus…
Non sans mal, chacun de nous les évoquons.
Je redoutais un mal-être, des indiscrétions, mais rien de tel, tout le monde, le plus naturellement, a évoqué ces mots qui se voulaient « doux », à leur manière.
Certaines tenaient un verre dans des mains tremblantes…
Il est dommage que les bons moments sensés égayer notre traversée soient un tantinet troublés par de petits « problèmes » de ce genre .
Mais demain sera un autre jour…

 

LA SOIRÉE D'ADIEU

LE 18 DECEMBRE…….
 
Bonjour mon petit journal, je suis un peu triste car c’est mon dernier jour de croisière. Il fait beau, la mer est d’huile, les mouettes crient leur plaisir de nous voir.

Je profite des suprêmes rayons du soleil sur un transat.

Je ne vois pas Abby ni Valentine et son inséparable kodak, Anne-Sophie se joint à moi pour se remémorer ses quelques jours de dépaysement et d’amitiés rencontrées.
 Hector et Oscar passent devant nous la mine réjouie, un petit salut, un petit sourire….
Le déjeuner est expédié, la préparation de la soirée d’adieu hante nos esprits.
Un bal dans ce magnifique décor, une sublime robe longue, un cavalier oui mais lequel…
La réunion avec la commandant avait eu des effets bienfaisants, car Hector s’était montré d’une insistance mesurée, agréable, voir un brin marquée de tendresse envers moi.
Bon pourquoi pas, mes derniers mots à son égard l’ont peut être touché.
La soirée, cette immanquable participation à cet univers particulier, une musique animée par un jeune artiste de jazz, séduisant avec ses cheveux longs en bataille et son sourire angélique est accompagné de Miles le pianiste.
 Notre table toujours composée de personnages atypiques.
Je suis surprise d’être invitée à danser par Hector, superbe en smoking et nœud papillon.
Ma robe noire, longue, fendue n’en est pas moins sexy….
Une valse à deux ou trois temps, je ne sais plus, une main douce dans mon dos, un parfum boisé.
Je divague, non, je suis bien, je regarde autour de moi, la salle est remplie, c’est un tourbillon de plaisir, un petit baiser dans mes cheveux, sa voix grave….
Non je ne vais pas tomber amoureuse, une amitié peut être plus, le temps le dira, pour le moment nos pas se complètent.
Le commandant est superbe dans son costume, ainsi que son second qui, je pense, a flashé sur une jeune et jolie demoiselle.
 
En fait d’épilogue, mon petit journal, cette traversée aura été un second souffle à ma solitude avec un homme charmant et une amie irlandaise, Abby, que je revois Ici ou ailleurs.
Une expérience positive à laquelle nous repensons encore quelques années après Hector et moi.
 

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 20 Décembre 2023

 
LE 18 DECEMBRE…….
 
Bonjour mon petit journal, je suis un peu triste car c’est mon dernier jour de croisière. Il fait beau, la mer est d’huile, les mouettes crient leur plaisir de nous voir.

Je profite des suprêmes rayons du soleil sur un transat.

Je ne vois pas Abby ni Valentine et son inséparable kodak, Anne-Sophie se joint à moi pour se remémorer ses quelques jours de dépaysement et d’amitiés rencontrées.
 Hector et Oscar passent devant nous la mine réjouie, un petit salut, un petit sourire….
Le déjeuner est expédié, la préparation de la soirée d’adieu hante nos esprits.
Un bal dans ce magnifique décor, une sublime robe longue, un cavalier oui mais lequel…
La réunion avec la commandant avait eu des effets bienfaisants, car Hector s’était montré d’une insistance mesurée, agréable, voir un brin marquée de tendresse envers moi.
Bon pourquoi pas, mes derniers mots à son égard l’ont peut être touché.
La soirée, cette immanquable participation à cet univers particulier, une musique animée par un jeune artiste de jazz, séduisant avec ses cheveux longs en bataille et son sourire angélique est accompagné de Miles le pianiste.
 Notre table toujours composée de personnages atypiques.
Je suis surprise d’être invitée à danser par Hector, superbe en smoking et nœud papillon.
Ma robe noire, longue, fendue n’en est pas moins sexy….
Une valse à deux ou trois temps, je ne sais plus, une main douce dans mon dos, un parfum boisé.
Je divague, non, je suis bien, je regarde autour de moi, la salle est remplie, c’est un tourbillon de plaisir, un petit baiser dans mes cheveux, sa voix grave….
Non je ne vais pas tomber amoureuse, une amitié peut être plus, le temps le dira, pour le moment nos pas se complètent.
Le commandant est superbe dans son costume, ainsi que son second qui, je pense, a flashé sur une jeune et jolie demoiselle.
 
En fait d’épilogue, mon petit journal, cette traversée aura été un second souffle à ma solitude avec un homme charmant et une amie irlandaise, Abby, que je revois Ici ou ailleurs.
Une expérience positive à laquelle nous repensons encore quelques années après Hector et moi.
 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 19 Décembre 2023

Oolala peint par Marie-Thérèse HOARAU

Oolala peint par Marie-Thérèse HOARAU

PREMIER JOUR L’EMBARQUEMENT
 
Ce vendredi de demi-lune, au port de Nice, il ne passait pas inaperçu. Il était même unique de contours sur ce quai dans la file d’attente pour embarquement. Un petit voilier était amarré, perdu entre deux cargos. Sur sa coque en mauvais état on pouvait lire le Cherche Misère.
 
OOlala, chevelure hirsute, oreilles sur un plateau, affublé d’un bouquet de plumes sur la tête et dessiné sur le torse, une trame couturée de couleur cuivre, iI traça un cercle sur le pavé du quai en poussant un hululement rauque et sauta dans l’embarcadère.
Noir de peau, pieds nus et vêtu d’un pagne de bison, il portait sur son épaule une chouette attachée à son cou par une liane découpée à la machette dans un palmier centenaire de son village. En même temps cette liane était un gris-gris des plus chic et des plus tendance en ce moment à Kokopo. OOlala était complètement branchés, du coup.
 
Ils n’étaient pas nombreux, environ une dizaine, tous débarqués de Papouasie, Nouvelle Guinée, pour une croisière en méditerranée, un cadeau de la DEFGHI pour permettre à Flo en contrepartie, de rejoindre la Papouasie en toute sécurité pour une étude poussée de la plante des pieds.
 
Des mots Tok Pisin postillonnaient de la bouche d’OOlala le chef de la tribu, pendant que les autres gonflaient les voiles en langue des signes. Il leur restait encore quelques rites de
kuku kuku que les anciens aimaient honorer pendant leurs ablutions, qu’ils trouvaient ridicules mais néanmoins diablement protecteurs.
 
Passèrent deux jours. OOlala décida de tout quitter. Au mur de pierres et de lierre, il adossa son passé de chef de tribu,. Il cloua les planches du Cherche Misère et il embarqua sur le Comté de Provence, chambre 1809 quatrième étage.
 
/++++++++++/
 
DEUXIÈME JOUR LE REPAS DU CAPITAINE
 
Ce soir il était invité à la soirée du capitaine. Il montrerait sa verve, il en était très fier.
Mimi la chouette s’apprêtait aussi, perché sur une lampe rose, le bec en courant d’air, maniant ses vocalises hululatoires avec grand panache.
Dans une cocotte en fonte, à son creuset, OOlala dû faire revenir avec ail des ours et quelques gouttes de malice, ses champignons hallucinogènes qui avaient pris un peu d’humidité dans le Cherche Misère.
Ensuite il mis de l’ordre dans son coffret à goupillons. Bien alignés ils seraient plus efficaces.
Restait le maquillage. Il bomba le torse pour mieux faire le tour de ses convictions, un si bel effet peint dans les ocres et les framboises. Il était prêt. Ho, lala, comme il était beau !
 
Dans le grand salon étaient déjà installés quelques invités. Gino tenait La Rousseau sur ses genoux pendant que Valentine faisait la gueule. On lui avait dit qu’elle avait des petits... petons. Jean vague, quant à lui berçait son vague à l’âme.
Oolala peu habitué aux rencontres à rencontrer, pris un léger malaise et il dû, d’urgence
se plier à sa transe habituelle, nommée crise des sentiments et…n’ayons pas peur des mots.
 
Il s’accouda au bar avec une tourmente, son amie sirotait un air soupçonneux
avec une paille, penchée sur une perplexité.
En face une indifférence regardait sans le voir, un apathique aux yeux verts.
Entre deux obstinations, une fureur et son garde du corps se précipitèrent sur
ces tas de jalousie pour remplir la poubelle de table de la méprise.
 
Pendant ce temps, on entendait Mimi la chouette hululer une longue prière en latin tandis qu’OOlala, toujours en transe, brandissait son écouvillon au sel gemme, pour éteindre le feux des ondes crochues qui s’enroulaient autour du capitaine. On voyait que notre sorcier avait les poils, son pagne vibrait d’électricité statique à espaces réguliers.
 
Un opiniâtre s’interposa et bondit sur la négligence. Ils s’allièrent avec la brutalité,
l’ambition entre les dents mais une sensibilité invita des charités pour un banc
et ensemble, avec un conciliant et une intègre, ils menèrent avec bienveillance
la médiocrité à son terme et tous s’effondrèrent sur la pétillante tendresse.
 
Le capitaine, dans des débris de voix et ne pouvant recoller les morceaux,
quitta les lieux rapidement.
 
Alors seulement, Oolala pu s’approcher de Maya et lui murmurer à l’oreille
quelques mots de kukukuku. Elle était tellement troublée qu’elle n’arrivait
même plus à faire l‘abeille mais Oolala se sentait tellement bien avec sa croquandise
qu’il en remplit son verre.
Ho, lala, quelle ruche !
 
Oolala parlait peut. Il avait quand même fait quelques années de médecine à Marseille avant de revenir aux traditions de son pays d’origine. Ne lui manquait que des volontaires pour se joindre à lui et à son projet, peut-être deux peut être trois ?. Sur ce bateau apparemment, il pourrait se construire un avenir.
 
/++++++++++/
 
TROISIÈME JOUR UNE ESCALE
 
 
Corne de brume, le signal du débarquement imminent à Marseille, Oolala n’avait pas remarqué cette belle brune aux cheveux long. Elle non plus d’ailleurs, mais il avait suffi qu’il
perde une plume pour qu’elle se retourne, Valentine.
 
Etonnée de découvrir notre ami, dans toute son originalité et pas farouche, Valentine commença par caresser coco qui alla se percher immédiatement sur son sac à dos.
Un signe des forces occultes ? Aurait-elle des prédispositions pour un avenir en magie noire ? la collaboratrice qu’il cherchait depuis longtemps ? Mais oublions.
 
Pour l’heure, Oolala avait une mission à Marseille. Il avait promis à une ancienne collègue de la morgue de passer la voir pour visiter ses nouveaux ateliers de thanatopractrice de la fac de la Timone, bâtiment datant de 1955, pensé par René Egger accompagné des Bâtiments de France. Très en longueur, avec trois ailes perpendiculaires, il s’élève sur 6 étages. Sobre et par soucis d’économie, il restera en béton armé brut. De simples poteaux porteurs, au rez-de-chaussée permettront un meilleur éclairage de l’immense hall d’entrée et de on escalier.
 
Maya voulait déjà immortaliser ce beau port de Marseille avec une première photo. Elle était en équilibre sur le bord de la passerelle, un peu embarrassée des bras. Oolala en un instant prémonitoire eut juste le temps de se précipiter sur l’appareil photo de maya avant qu’il ne chut. Maya admirative et confuse remercia notre ami qui lui offrit galamment son bras, juste pour ne plus tomber…
 
Après une somme d’échanges futiles, Oolala expliqua à Maya le but de son escale.
Toujours au bras de son sauveur et curieuse de tout, Maya se laissa conduire jusqu’à la morgue et au laboratoire de Mme Lenoir. Ce n’était pas rien de résister à l’envie de partir en courant mais notre amie finit par trouver les lieux et leur vision des plus naturels et puis surtout des idées pour sa décoration intérieure.
Elle était forte Maya. La mort comme çi ou comme ça, c’est bien connu, on relativise et puis un bras, une jambe ça ne court pas toujours que les rues. Des photos, encore des photos, en couleur surtout. Maya jubilait. Elle n’avait jamais eu autant matière d’inspiration et elle commençait à vouer une admiration grandissante à ce guide fortuit. Il possédait des compétences originale et hors du commun.
 
Vers 18 heures le moment était venu de reprendre la passerelle. Nos deux voyageurs se quittèrent après une accolade corps à corps, collés dos à dos comme là-bas, chez lui.
Ils échangèrent leurs numéros de chambre. Promis, elle lui montrerait les photo et lui le plus beau de ses goupillons….
 
/++++++++++/
 
QUATRIEME JOUR LA TEMPETE
 
Le lendemain, notre Oolala ne quitta pas sa cabine. Il ne débarquerait pas à Barcelone. Ce samedi de pleine lune serait consacré au culte des ancêtres. Les incantations devaient obligatoirement s’accompagner de petits sacrifices d’animaux. Il partit à la chasse aux mouches. Il les piquait avec sa plume crête de coq avant de leur enlever les ailes pour les offrir au pilon de son goupillon.
En même temps il murmurait des chants traditionnels traduits du lalaitou qu’il distribuerait au bord du jour demain.
Il cacheta un certain nombre d’enveloppes qu’il déposa sous les portes palières de tous les garçons de la croisière. Pour ces dames on verrait ensuite.
 
Oolala était généreux, d’une grande sagesse et toujours prêt à faire le bien.
Une tempête était annoncée. Forte. Il est bien connu que les hommes sont bien plus délicats, souvent des chochottes même, que les femmes. Mais qu’à cela ne tienne, les ancêtres se groupèrent pour que ce moment de forte houle deviennent un doux roulis pour ces messieurs, ébahis.
 
Par contre, une condition, chacun devrait se prier plié en deux et se plier tout court aux lalaitouts du moment de notre ami Oolala et répéter comme un leitmotiv que le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux.
 
Oscar fut le premier à ouvrir la lettre. Très étonné, il frappa à la porte de Sir Edward juste à côté, en train de réviser son prétérit. Sir Edward ne comprenait pas comment avoir de nouveaux yeux. Il mit ses lunettes pour mieux voir mais en vain. Mais non, cher Edward on parle au deuxième degré. Sir Edward ne comprenait toujours pas, il logeait au quatrième étage.
Oscar finit par abandonner Edward, trop compliqué.
 
Tiens, voilà Gino qui s’approchait avec Hector. Ils se dirigeaient vers la cabine d’Oolala pour des explications. Ils avaient pris le raccourci du couloir du capitaine et une porte de cabine était restée ouverte. On entendait le boss jouer aux dames avec Sophie et la partie était presque gagnée. Un peu cavalier notre capitaine mais tellement séduisant disait-elle cramponnée à la vision de son bout du bout… de nez.
 
Au moins-un, au pôle médical, Dominique, Marjolaine, Julie, et encore Valentine étaient au plus mal. Le mal de mer secouait leur volonté. Elles étaient impuissantes. Des haut le cœur avec des envies d’aller-retour à la vue basse, le monde autrement, pâle et défiguré, une découverte pour elles à regarder avec de nouveaux yeux.
 
Mais où sont donc passés les ancêtres ?
On rappela Oolala d’urgence. Il fut obligé de ressortir son meilleur goupillon et de biper Maya.
 
/++++++++++/
 
AU SALON
 
Zut, pas de contact. Le goupillon connecté ne répondait plus. Le wifi était éteint.
Maya qui faisait la gueule ou les ancêtres qui votaient contre ?
 
Oolala venait d’arriver dans le salon suite à la demande du capitaine, impuissant devant ces dames toutes en nausées. Il paiera sa tournée, promis, si notre ami parvient à des fins de non-recevoir pour ces roulis qui n’en finissent plus.
N’ayant aucun moyen à sa disposition Oolala se vit dans l’unique obligation de travailler manuellement. Il commença par Dominique, volontaire pour pratiquer l’imposition des mains sauf que chez Oolala les paumes devraient frôler toutes les parties saillantes du corps pour que les tentations maléfiques soient jetées à tribord.
Le pari fut réussi pour elle et son mal de mer, sous le regard jaloux du capitaine et c’est étrange, comme c’est étrange… tout de suite le goupillon retrouva son voyant vert et sa wifi, un signe fort des ancêtres à ne pas oublier. Même Gino retraité de la lumière n’avait pas réussi à joindre les deux bouts.
 
Loin dans une forêt de coussins, Sophie semblait dormir, les joues roses et sûrement très fatiguées de sa nuit avec le capitaine. Jean Vague buvait une tasse de camomille à la vanille, Gino siphonnait un whisky tout en racontant à Julie et à Valentine qu’il était en pleine forme à cause de la phrase magique trouvée dans le courrier d’Oolala. Julie, Marjolaine et Valentine avalèrent un cachet. Cet Oolala, un charlatan ou un tripoteur invétéré ?
 
Soudain la chouette s’agita bruyamment, louchant de ses gros yeux ronds sur Oolala en prise avec un manche et son balai oubliés là par le technicien de surface. Les plumes en bataille, le pagne en volume, Il marmonnait avec disait-il, la vision d’un ecclésiastique, un certain Monseigneur Koko tout droit venu de l’enfer avec sa mitre cabossée tenant en équilibre avec ce manche à balai car on lui avait confisqué sa crosse en plaqué or. Il implora notre ami pour qu’il intercède auprès des autorité célestes afin d’obtenir le pardon de son ancien monde. Les échanges durèrent bien un tour de petite aiguille.
 
On ne sut pas la suite de l’histoire car Maya entra bruyamment dans le salon, en colère, avec une enveloppe à la main et un cor au pied. Elle avait trop marché avec sa tête, le long de ses pensées, entre Oscar et Laperousse, ses deux hésitations du moment. Précisons que Maya avec sa bonne dose d’électricité statique attirait une majorité de croisiéristes. Elle provoquait même des pannes dans les circuits Wifi. Détonnant non ?

/++++++++++/

LA FIN DE LA CROISIÈRE

Cette nuit du dernier jour, Oolala voulut une ultime fois profiter de ce moment de demi-lune, pendant que dans le salon, les passagers se déhanchaient sur des airs de disco.
Chacun semblait avoir trouvé sa chacune pour profiter de cette dernière soirée mais Oolala, lui, avait rapidement quitté la piste. Il aurait préféré danser comme en Papouasie, entre hommes, les femmes n’étaient pas conviées, elles devaient faire le lit en attendant le retour des pachas.
Il était allongé sur un transat quand il aperçut Jean Vague tourner au coin du pont. Il s’avançait vers lui d’un pas désabusé, lui aussi peu intéressé par cette dernière et équivoque soirée. Oolala lui proposa de rester en sa compagnie.
Notre ami n’avait jamais eu de discussion avec Jean. Rapidement il comprit qu’il avait du mal à parler, qu’il bégayait. Tard dans la nuit, il lui raconta toute la difficulté qu’il avait de vivre en toute quiétude dans ce monde où pour réussir, on doit être bien propre sur soi, sans une seule tâche qui persiste et signe, sans les lessives jusqu’à faire bouillir.
Notre gourou cherchait un aide de camp depuis longtemps. Il s’était inscrit dans cette croisière pour trouver un ou une partenaire et l’emmener en Papouasie. Là-bas il manquait de sorciers comme il manque de docteurs à Nice. Jean avait vite accepté. Il voulait changer de cap, voir ailleurs, loin très loin d’ici, une porte s’ouvrait, là où sa propre langue n’aurait plus d’importance, là où une autre la remplacerait. Et puis surtout, Oolala avait un sœur célibataire…
Tard ou tôt, et tôt ou tard, des rires et bruits de talons envahirent l’espace tranquille et coupèrent court à la discussion. C’était Valentine avec Gino, bras dessus bras dessous tandis que Julie et Alistair se mélangeaient les caresses du bout des doigts. Sophie arriva à son tour, une potiche bedonnante dans les bras en guise d’un doux matou, tellement hésitante sur ses charmes, plus du tout certaine du croquant de son profil, ni du gonflé de ses lèvres, le sex-appeal complètement en berne, quoi.
Elle fit le tour du pont en virevoltant entre les transats sur un air de tango qui persistait au loin. Dans un hic du bateau et l’alcool aidant, elle perdit l’équilibre et se trouva nez-à-nez avec Jean et Oolala. Ils mâchouillaient un boulette de CBD. En restait une, d’un achat précipité de Jean à sa dernière escale qu’il offrit à cette pauvre Sophie.
Le jour se levait déjà. Chacun regagna sa cabine pour boucler les valises. Oolala finissait de fermer sa mallette à goupillons et de mettre sa chouette en cage quand il entendit frapper à sa porte. Sophie et Jean, quelle surprise. Ils avaient fini la nuit à échanger et pris une grande décision. Jean avait convaincu Julie de partir avec lui, avec eux.
C’est alors qu’Oolala ne put que se plier à une nouvelle transe, une énorme crise de sentiments, la deuxième de la croisière.
Une confiance électrique, alliée à une profonde amitié, ruisselait sur le torse tatoué de notre sorcier. Des sillons de bienveillance creusaient son havre de complicité où petit-à-petit s’engouffra le feu de l’envie. Dans une nuée de frivolités et de transparence, les vêtements virevoltèrent. Des décolletés volcaniques s’emmêlèrent sur fond de caleçon pur coton.
Ils se donnaient le cœur sur la main, des émoustillés plein les sentiments. Les états d’âme se mélangèrent aux chaudes ondes, à corps perdu. Ils finirent par décrocher la timbale.
 
Epilogue :
 
Très amoureuse de son sorcier, Sophie s’installa définitivement auprès d’Oolala. Pendant que notre ami continuait ses cours de médecine par visio, Sophie acheta une cahutte pour se mettre à son compte et ouvrir un atelier de tatouage tandis que Jean, qui maintenant parlait couramment le tok pisin, parcourait la savane avec les goupillons, maintenant tous wifi, en compagnie de sa femme Huu, pour sauver le monde.

 

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Rédigé par Dany-L

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Publié le 19 Décembre 2023

 
Cette nuit du dernier jour, Oolala voulut une ultime fois profiter de ce moment de demi-lune, pendant que dans le salon, les passagers se déhanchaient sur des airs de disco.
Chacun semblait avoir trouvé sa chacune pour profiter de cette dernière soirée mais Oolala, lui, avait rapidement quitté la piste. Il aurait préféré danser comme en Papouasie, entre hommes, les femmes n’étaient pas conviées, elles devaient faire le lit en attendant le retour des pachas.
Il était allongé sur un transat quand il aperçut Jean Vague tourner au coin du pont. Il s’avançait vers lui d’un pas désabusé, lui aussi peu intéressé par cette dernière et équivoque soirée. Oolala lui proposa de rester en sa compagnie.
Notre ami n’avait jamais eu de discussion avec Jean. Rapidement il comprit qu’il avait du mal à parler, qu’il bégayait. Tard dans la nuit, il lui raconta toute la difficulté qu’il avait de vivre en toute quiétude dans ce monde où pour réussir, on doit être bien propre sur soi, sans une seule tâche qui persiste et signe, sans les lessives jusqu’à faire bouillir.
Notre gourou cherchait un aide de camp depuis longtemps. Il s’était inscrit dans cette croisière pour trouver un ou une partenaire et l’emmener en Papouasie. Là-bas il manquait de sorciers comme il manque de docteurs à Nice. Jean avait vite accepté. Il voulait changer de cap, voir ailleurs, loin très loin d’ici, une porte s’ouvrait, là où sa propre langue n’aurait plus d’importance, là où une autre la remplacerait. Et puis surtout, Oolala avait un sœur célibataire…
Tard ou tôt, et tôt ou tard, des rires et bruits de talons envahirent l’espace tranquille et coupèrent court à la discussion. C’était Valentine avec Gino, bras dessus bras dessous tandis que Julie et Alistair se mélangeaient les caresses du bout des doigts. Sophie arriva à son tour, une potiche bedonnante dans les bras en guise d’un doux matou, tellement hésitante sur ses charmes, plus du tout certaine du croquant de son profil, ni du gonflé de ses lèvres, le sex-appeal complètement en berne, quoi.
Elle fit le tour du pont en virevoltant entre les transats sur un air de tango qui persistait au loin. Dans un hic du bateau et l’alcool aidant, elle perdit l’équilibre et se trouva nez-à-nez avec Jean et Oolala. Ils mâchouillaient un boulette de CBD. En restait une, d’un achat précipité de Jean à sa dernière escale qu’il offrit à cette pauvre Sophie.
Le jour se levait déjà. Chacun regagna sa cabine pour boucler les valises. Oolala finissait de fermer sa mallette à goupillons et de mettre sa chouette en cage quand il entendit frapper à sa porte. Julie et Jean, quelle surprise. Ils avaient fini la nuit à échanger et pris une grande décision. Jean avait convaincu Julie de partir avec lui, avec eux.
C’est alors qu’Oolala ne put que se plier à une nouvelle transe, une énorme crise de sentiments, la deuxième de la croisière.
Une confiance électrique, alliée à une profonde amitié, ruisselait sur le torse tatoué de notre sorcier. Des sillons de bienveillance creusaient son havre de complicité où petit-à-petit s’engouffra le feu de l’envie. Dans une nuée de frivolités et de transparence, les vêtements virevoltèrent. Des décolletés volcaniques s’emmêlèrent sur fond de caleçon pur coton.
Ils se donnaient le cœur sur la main, des émoustillés plein les sentiments. Les états d’âme se mélangèrent aux chaudes ondes, à corps perdu. Ils finirent par décrocher la timbale.
 
Epilogue :
 
Très amoureuse de son sorcier, Julie s’installa définitivement auprès d’Oolala. Pendant que notre ami continuait ses cours de médecine par visio, Sophie acheta une cahutte pour se mettre à son compte et ouvrir un atelier de tatouage tandis que Jean, qui maintenant parlait couramment le tok pisin, parcourait la savane avec les goupillons, maintenant tous wifi, en compagnie de sa femme Huu, pour sauver le monde.
 

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Publié le 19 Décembre 2023

 
Personnage
 
Mr Baldino Gino
une quarantaine damée, retraité de l'E D F. Physique agréable, 1,80 m, 80 kg en muscles. Volubile pour cacher son vrai caractère, baratineur, équivoque dans ses préférences amoureuses. Le but de son voyage, retrouver le pays qui l'a vu naître : La Suède.
 
___________________
 
L'EMBARQUEMENT
      
Baldino, optimiste, a réservé une cabine pour deux personnes. Il entre, visionne sa piaule d'un coup d'œil rapide, laisse tomber son paquetage dans un coin, si l'on peut dire car sa carrée est ronde. Le hublot donne vue sur un séminaire, mal barré pour un athée. Simple détail car le bateau quittera le quai dans la soirée pour une de traversée de nuit jusqu'à Marseille. Le mobilier se compose d'un lit en 140, un bureau, deux chaises, un coin toilettes. Il passe un doigt sur la table pour vérifier qu'il n'y est pas de poussière, rassuré sur ce point. D'un côté le séminaire, de l'autre le monument aux morts, heureusement il n'est pas superstitieux.
 
DINER DU COMMANDANT
 
Mr Baldino Gino fut surpris quand il reçut l'invitation pour le dîner du dimanche soir à la table du commandant. Il avait prévu autre chose. Ayant vécu ses années de quatorze à vingt ans dans un quartier typique de Marseille, il voulait rendre visite a quelques connaissances, compères de sorties nocturnes bien arrosées. Son grand-père, grand résistant serait là, s'il vivait toujours.

Donc, ce dimanche matin il s'attife de ses plus beaux habits style 1935 plutôt que 31. Le voilà parti tout guilleret à la pensée de revoir ses potes de 20 ans. Première difficulté, la ville avait évolué. Trouver un bus pour le quartier du Panier lui prit beaucoup de temps. Il arriva tout de même à l'heure de l'apéritif. Le quartier n'était plus ce qu'il avait connu mais il retrouva la vieille taverne toute crado qu'il avait fréquentée, relookée en café restaurant, salon de thé, boite de nuit. Il entra timidement quand il fut interpellé par son prénom. Le bistroquet bien que vieilli l'avait reconnu. Certains vieux copains de maraudes étaient là et jouaient la tournée de momies à la mourra. Puis ce fut les embrassades, les : qu'est ce que tu deviens ?

Il expliqua rapidement qu'il avait hérité une grosse somme en espèces, qu'il se payait une croisière devant l'amener en Suède, mais bourré le jour de la réservation il s'était retrouvé dans une autre direction. Tournées après tournées il resta déjeuner avec ses potes, raconta son parcours avec dérision ; il se souvinrent de quelques coups fourrés à la limite de la légalité. Les heures défilaient quand il se souvint de la réception du soir à la table du commandant. Il pris congé, promis de revenir à la fin de son périple, et arriva au dîner avec vingt minutes de retard.

La bouche pâteuse il donna une excuse bidon sur la raison de ce retard, mais personne ne fut dupe. Le capitaine lui désigna sa place au bout de la table à coté, il le sut après, d'un ancien évêque défroqué pour avoir côtoyé de trop près certaines communiantes. Le capitaine menait la conversation. S'adressant à un convive : Mr le marquis que nous vaut votre présence sur cette croisière ? Sans attendre la réponse il s'adressa à une vieille baderne sourde, la poitrine constellée de médailles de toutes formes et couleurs. Il eut un sourire pour la jeune et jolie secrétaire qui l'accompagnait. Puis ce fut Mr le ministre de.......Mr le sénateur célébrant ses 80 ans, mis en difficulté aux dernières élections, qui parla sans raison de ses problèmes urinaires en prenant comme témoin la ravissante jeune femme qui l'accompagnait. Le procureur de la république rongeait son frein quand le capitaine lui donna la parole. Sans fausse honte il s'expliqua sur son succès dans sa profession et auprès des jolies femmes, en caressant discrètement la poitrine de la jeune femme assise à coté de lui qui, sans cesser de sourire lui claqua une gifle retentissante. Sans se démonter s'adressant à la tablée il dit : Voyez par vous même.

Gino profita de se malaise général pour s'esquiver. Il rejoignit sa cabine, prit une longue douche chaude, termina par deux jets d'eaux froides, se jeta sur son lit sans pyjama et se retrouva entre deux Eves très amoureuses.

L'ESCALE A BARCELONE
 
Le lendemain matin Gino se réveille plus ou moins vaseux, seul dans son lit. Ses deux compagnes de jeux se sont escamotées à l'aube, rejoignant leur cabine en catimini, réjouies de cet intermède en cours de croisière. Gino se rend à la salle où l'on sert les petits déjeuners, où l'ex évêque est déjà attablé, et qui l' invite à s’asseoir à ses côtés. La conversation vient immédiatement sur le programme de la journée, le paquebot faisant escale à Barcelone. L'ex évêque se présente disant se prénommer Fernand. Gino, lui, se dit Gino et la glace est rompue.
Fernand raconte sa journée d'hier passée à la piscine a reluquer (c'est le mot qu'il a employé) les donzelles en maillot de bain une pièce résumée à un confetti qui souligne l'endroit de leur silhouette qu'il ne faut pas regarder. Gino résume sa journée avec ses anciens potes, et sa gueule de bois. Ils décident de déjeuner à bord et descendre en début d'après midi pour visiter Barcelone. Gino lui explique être venu dans une autre vie avec une bande de copains pour faire la fête.
La ville s'étant modernisée il ne reconnaît plus rien. Ils vont à l'aveuglette et leurs pas les amènent devant la Sagrada Familia  toujours en travaux. Gino se souvenant d'une incroyable paella mangée dans une gargote de la vieille ville, ils décident de s' y rendre. Ils ont du mal à s'orienter. Le vieux Barcelone ressemble au vieux Nice, exceptée la langue. Fernand parlant correctement l'espagnol demande son chemin à un gars sympa qui lui indique tout un quartier ayant gardé l'ambiance des années 1960. Superbe ! Vieux immeubles décrépis, ruelles sombres, tavernes d'un autre temps. Ils choisissent une échoppe où aucun touriste n'oserait s'y aventurer. D'un coup Gino se revoie des années auparavant, établé devant une succulente paella au milieu d'une clientèle à mine patibulaire. Il revoie une vieille dame, limite clocharde, édentée, au fond de la salle, attablée seule devant son assiette. Il la revoie boire à la régalade un vin blanc sorti d'une burette qu'elle lève de plus en plus haut. ll fouille du regard les recoins de cette gargote et la revoie la, identique à ses souvenirs. Il se frotte les yeux, incrédule, mais elle est bien là, peut-être une figurante employée pour maintenir le folklore auprès des touristes. Fernand interloqué regarde Gino, statufié, laissant refroidir sa paella. Il l'interpelle et Gino se réveille croyant avoir rêvé. Il lève les yeux, regarde le fond de la salle, et la vieille est toujours là.
Les heures passent, il leur faut maintenant regagner le port. Gino, ébranlé, reste coi, Il remet au lendemain l'explication qu'il doit à Fernand. Ils font quelques pas puis Gino s'arrête, fait demi tour avec Fernand sur les talons qui ne comprend rien à ce revirement. Gino rentre dans la taverne en courant, file au fond ou la vieille continue à siffler son vin à la régalade. Mais oui bien sûr ! Quel con j'ai été, se dit Gino, c'est une automate !

LA LETTRE

Cher Fernand

Ayant reçu une lettre sans signature avec certains mots à consonance espagnole, je présume que c'est toi qui me l'a envoyée. Si non, tu déchires et tu jettes. Tu me laisses entendre que notre connivence pourrait nous amener à avoir des rapports plus intimes et faire l'économie d'une cabine en n'en occupant qu'une. Notre nouvelle amitié me retient pour ne pas te répondre vertement non. Je ne suis pas homo et n'ai pas l'intention de le devenir. Si notre statut d'amis (je dirai camarades) te suffit, je te promets d'oublier ta proposition et d'entretenir notre camaraderie telle qu'elle est à ce jour. Si tu n'es pas l'expéditeur de cette missive, déchire et jette la mienne dans l'océan afin de profiter sans ambiguïté de notre, je me répète, connivence.

Gino

CHÈRE VALENTINE

Chère, ou très chère Valentine selon ce que vous attendez de moi.
 
      C'est avec grand plaisir que je vous rejoindrai ce soir à 19 h au bar.  Je piaffe des quatre fers comme le ferai un jeune cheval que je chevauche lorsque mes occupations me le permettent. J'avais bien remarqué l'intérêt que vous me portiez, subtil clin d'œil ! Les croisières sont sujettes à des rencontres qui affutent des sentiments que l'on divulgue facilement, alors qu'à terre l'approche serait plus subtile. Après l'apéritif nous pourrions dîner ensemble et selon l'entente un petit flirt serait envisageable. Mais ne retenait pas votre soirée car ce soir je suis retenu par les deux gourgandines, compagnes des deux ex grands hommes. Je n'ai rien de prévu pour demain soir. Si vous êtes présente ce soir, ce sera de bon augure pour la suite de la croisière. J'en frétille déjà de plaisir en attendant ce soir 19 heures.
                                                                                                                                                                Déjà votre ................
 

SOIRÉE ÉROTIQUE

      19h, arrivée de mes deux jeunes amoureuses accompagnées de deux copines aussi effrontées qu'elles. Elles se jettent sur les cocktails et se lutinent gentiment, s'échauffent, m'entourent, me frôlent avec attouchements. La soirée s'annonce intéressante. Soudain la porte de ma cabine s'ouvre, apparait Valentine, majestueuse, hautaine, qui ordonne aux deux hétaïres de foutre le camp illico. Son regard pénétrant les subjugue, elles restent coites, muettes. Elles ne sortent pas, elles s'enfuient. Seuls tous les deux, Valentine se sert un verre de raide, s'assoit, sort un jeu de cartes et me demande si je sais jouer au poker. J'acquiesce, lui disant que j'avais pratiqué lors de mes années troubles. Elle précise : poker déshabillé. Elle bat les cartes, je coupe, elle donne. Je gagne par deux fois, Je lui fais enlever ses chaussures, son foulard, puis la roue tourne et je commence à perdre. Elle sourit, se moque et au bout de pas longtemps je me retrouve en slip. Le poste de radio diffuse un slow, elle s'approche de moi, m'enlace, me chauffe, s'écarte et me susurre : déshabillez-moi, déshabillez- moi, pas trop vite, lentement, prenez votre temps. J'obtempère, la voilà presque nue. Elle se détourne de moi, fait glisser lentement sa petite culotte le long de ses jambes, se retourne, je reste coi, sans voix.
 
      Epilogue
                      VALENTINE EST UN HOMME !
 

 

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Rédigé par Louis

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Publié le 19 Décembre 2023

 
      19h, arrivée de mes deux jeunes amoureuses accompagnées de deux copines aussi effrontées qu'elles. Elles se jettent sur les cocktails et se lutinent gentiment, s'échauffent, m'entourent, me frôlent avec attouchements. La soirée s'annonce intéressante. Soudain la porte de ma cabine s'ouvre, apparait Valentine, majestueuse, hautaine, qui ordonne aux deux hétaïres de foutre le camp illico. Son regard pénétrant les subjugue, elles restent coites, muettes. Elles ne sortent pas, elles s'enfuient. Seuls tous les deux, Valentine se sert un verre de raide, s'assoit, sort un jeu de cartes et me demande si je sais jouer au poker. J'acquiesce, lui disant que j'avais pratiqué lors de mes années troubles. Elle précise : poker déshabillé. Elle bat les cartes, je coupe, elle donne. Je gagne par deux fois, Je lui fais enlever ses chaussures, son foulard, puis la roue tourne et je commence à perdre. Elle sourit, se moque et au bout de pas longtemps je me retrouve en slip. Le poste de radio diffuse un slow, elle s'approche de moi, m'enlace, me chauffe, s'écarte et me susurre : déshabillez-moi, déshabillez- moi, pas trop vite, lentement, prenez votre temps. J'obtempère, la voilà presque nue. Elle se détourne de moi, fait glisser lentement sa petite culotte le long de ses jambes, se retourne, je reste coi, sans voix.
 
      Epilogue
                      VALENTINE EST UN HOMME !
 

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Rédigé par Louis

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Publié le 19 Décembre 2023

Personnage :
 
Nom : Monsieur Laperousse
Prénom : Oscar
Age : 51 ans
Poids:69 kg 1m 80
yeux : noirs
Son apparence physique : Très bien mis, costume trois pièces, nœud papillon, cheveux poivre et sel ondulés, sophistiqué, semble imbu de sa personne, délicat dans ses gestes, un peu maniéré.,marié sans enfant très exigeant sur les détails.
 
Caractère : poli, condescendant
Il semble se rendre à Madagascar à la recherche d'une vanille exceptionnelle, pour son industrie de fabrique de pâtisseries .à Paris.
 
Permettez moi de vous dire cela, mais au premier abord, je le sens à l'affût de recherche féminine. Pourquoi ? mystère

 

_______________________

 

LA CROISIÈRE INSOLITE
 
Aujourd'hui, belle journée d'automne, six novembre 13 heures.
Je déambule depuis trente minutes sur le quai, dans l'attente de monter parmi la foule sur le paquebot «  Le Comté de Provence » pour effectuer une belle croisière.
Dans quelques instants, je serais dans ce gigantesque bateau. Les gens commencent à arriver, ils grimpent sur la passerelle, rigolent et semblent très joyeux.
Je fais signe à un officier de bord, pour savoir où me diriger pour trouver le pont de ma cabine. J'arpente de longs couloirs colorés, enfin je parviens à la cabine au rez-de-chaussée.
Au bout du parcours, j'aperçois le personnel de bord au garde à vous, près à nous rendre service au moindre geste, vêtus tous d'un chemisier blanc, jupes ou pantalons et gilet noir et veste munie sur la manche des écussons suivant leur grade. Ils semblent attendre des consignes pour exécuter leur travail dès que tout ce beau monde aura regagné leur mini appartement.
Je rentre enfin dans ma cabine, pas très spacieuse mais correcte, un grand hublot à la largeur raisonnable d'une fenêtre qui me permet aisément de voir l'océan.
La chambre est dotée de placards spacieux, étagères, tout ce qu'il faut pour passer un séjour agréable. On ne peut en demander plus dans un hôtel flottant. Je jette un coup d’œil par la fenêtre ouverte, la mer est d'huile. J'espère que la météo sera favorable à cette traversée, afin d'apercevoir un magnifique balai de dauphins, heureux et joueurs de faire le spectacle de danse devant des spectateurs époustouflés.
Un très joli moment qui restera inoubliable pour moi..
 
 
LE DÎNER
 
Je monte sur le pont pour admirer le départ du paquebot. Appuyé au bastingage, j'aperçois la côte découpée s'éloigner lentement. Des croisiéristes se promènent le long du pont, d'autres allongés sur des transats, sous une légère couverture se reposent. Le balai des va-et-vient est joyeux, mêlés de rires et de cris., cela me permet de-ci delà de faire de rapides connaissances féminines. C'est très  agréable.
Au retour de cette promenade, je trouve dans ma chambre, posé sur la petite table du coin salon, un faire-part pour assister le soir au dîner du Commandant et son équipe. Je décide de me vêtir d'un costume trois pièces avec nœud papillon. Cela fera plus chic.
A 20 heures, le Commandant nous reçoit dans la salle à manger immense et très joliment décorée.
Des tables de huit personnes sont dressées, avec nappes blanches, belles vaisselle, verres de cristal, couverts argentés, tout est fait pour nous recevoir dans les meilleures conditions, digne de cette croisières de luxe.
A ma table, j'aperçois la jolie brune aux yeux vert que j'avais aperçu sur le pont.. Cette jolie femme, grande mince, très élégante est accompagnée d'une amie blonde, pas très jolie, des traits grossiers, mais avec beaucoup de classe.. Elle a du « chien ». Les yeux vert de la belle brune croisent les miens avec une légère insistance. Cela me trouble. En face de moi, Gino Baldino, un peu, lourdaud. Je connais déjà son nom, car un de ces amis l'a interpellé. Cet homme un peu bedonnant, jovial transpire à grosses gouttes.
Après le discours élaboré et courtois du Commandant., les serveurs nous apportent champagne et amuses gueules très finement décorés. Ensuite, le repas est servi, l'entrée, plats, fromages et dessert. Nous partageons entre nous quelques réflexions amusantes sur la tenue du Commandant et ces galons. L'ambiance est volubile, tout cela avec légèreté.
Par instant, je soutiens mon regard sur Valentine, oui elle s'appelle Valentine joyeuse et souriante. Elle rayonne. Je suis happé par sa prestance et sa beauté. Elle me plait vraiment. Avec son appareil photo sophistiqué, toujours auprès d'elle, de temps en temps , elle chatouille l'objectif et prend quelques clichés discrètement par ci par là.
Plus tard dans la soirée, j'apprends qu'elle est la fille d'un diamantaire d'Anvers. Ce n'est pas pour me déplaire. Elle semble être une jeune femme très indépendante. Elle parcours souvent le monde suivant ses contrats.
Avec mon accent un peu British, un petit espoir illusoire d'allier avec sa famille commence à germer dans ma tête.
En face de moi, Gino essaie avec insistance de retenir l'attention de ces demoiselles autour de notre table, mais il semble faire chou blanc « pas pécho comme disent les jeunes ». Dommage pour lui, il semble avoir la générosité de cœur. Mais hélas, sa conversation reste limitée ; ces jeunes femmes sont décontenancées et se détournent de lui pour rigoler et causer entre elles.
Je remplis le verre de Valentine, ces yeux pétillent, elle s'avère apprécier ma présence et s'intéresse à mes conversations. Le repas se poursuit jusqu'au dessert, je n'aime absolument pas la noix de coco.
Qu'importe ! Le diner se termine, à mon grand regret Valentine refuse mon invitation à boire un verre au salon-room.
Il est tard, je rentre dans ma cabine et me met à repenser au repas plutôt basique. J'ai connu mieux, les ingrédients sont de qualités mais ne surprennent pas. Travaillés avec des mets plus raffinés comme la truffe, ou le caviar, cela aurait relevé le choix et la finesse du repas. Je ne fais pas écho à mes constatations, c'est juste une réflexion.
Dans ma tête il y a autre chose qui me préoccupe.
Y aura-t-il une fin heureuse pour moi de cette soirée ? Qui sait ?
 

L'ESCALE A BARCELONE

Nous voilà arrivés à Marseille, première escale, il est 17h30 Gino Baldino profite de cette escale pour aller voir des amis de jeunesse et passer une bonne soirée.
Le lendemain au cours du petit déjeuner, accompagné de mes amies féminines, Gino Baldino arrive tout guilleret et nous raconte des histoires à l'emporte-pièce. Il semble avoir passé une nuit à Marseille assez agitée et en très bonne compagnie. Dans les pianos bars il a fait des conquêtes légères, en dansant sur des airs de Salsa. L'ambiance est détendue. Dans la matinée le Commandant vient nous informer que dans trois heures trente, nous allons faire une escale à Barcelone. La conversation se poursuit avec Valentine et Gino sur les endroits typiques à visiter, les cathédrales, les musées renommés, les boutiques intéressantes.
Valentine me demande alors si je veux bien l'attendre pour partir vagabonder dans cette ville que je ne connais pas. J'en suis très heureux. Quant à Gino, il dit devoir retrouver Fernand « l'évêque ».
Me voilà donc décidé, en toute confiance, à poser mes jalons pour me rapprocher délicatement de Valentine.
Quelques heures plus tard, nous déambulons dans le salon en faisant causette par-ci par-là avec d'autres passagers, dans l'attente de l'escale.
Soudain, Valentine s'éloigne en courant sur le pont, son appareil photo dans les mains ; elle bombarde de clichés notre personnage hétéroclite aperçu le jour du départ. Il se nomme paraît-t-il OOLALA. Étonnée par la personnalité de cet homme, son attention est captée vers lui, elle entreprend une conversation mêlée de fous rires joyeux.
Je suis un peu vexé d'être mis à l'écart un instant pour un individu aussi original.
Plus tard, nous débarquons sur les quais inondés de soleil et prenons un taxi pour rejoindre le centre ville. Nous déambulons dans les rues très colorées et bruyantes pour explorer les richesses architecturales d'art et découvrir les œuvres d'Antoni Gaudi, qui fait partie du modernisme catalan.
Valentine est infatigable. Pour souffler un peu, je l'invite à déjeuner dans un restaurant typique barcelonais.
Nous bavardons gaiement, lorsque à la table à côté, nous croisons Julie.
Julie est une femme très fine, mignonne, un peu rieuse. Elle semble heureuse de nous rencontrer. Après quelques gorgées d'alcool, elle s'épanche sur ses déboires amoureux, suivi d'un divorce houleux.
Elle travaille au Tribunal pour subvenir à ses besoins. Mais elle s'ennuie.. Elle rêve de devenir écrivain. Ce voyage lui permet de mettre un pied dans le monde littéraire. En effet, elle a été choisi pour traduire un roman d'Alistair Mc Cann. Peu à peu elle se détend, la générosité de Valentine l'amène à parler chiffons et à oublier pour un instant ses ennuis. Elles semblent s’apprécier. On se dit à plus tard et allons nous promener au magnifique parc « Del Guinarolo » en dégustant une très bonne glace.
Valentine commence, semble-t-il, être en confiance avec moi et me dévoile quelques détails de son adolescence. Moi je lui révèle plusieurs anecdotes de ma jeune enfance.
On a beaucoup ri ; avec quelques gestes anodins, je frôle sa peau, je caresse son bras, elle ne bouge pas, nos regards se croisent et laissent mon âme en suspens..

 

LA MISSIVE MYSTÉRIEUSE

Mon réveil se fait doux et léger, je me lève pleins d'idées pour la journée. En sortant de la douche, je trouve une missive sur la petite table du salon, je suis très surpris. J'ouvre l'enveloppe et lis :
« Le véritable voyage de découverte, ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».
 
Je suis stupéfait et intrigué ! Qui m'écrit cela ? On me reproche mon attitude ? Ou bien on m'interpelle pour que je porte mon attention sur elle ou il. Car elle ou il n'ose pas se manifester ouvertement ? Que de questions !
Je réfléchis. Une idée me vint à l'esprit :
Est-ce la steward qui s'occupe de l'entretien de ma cabine ? Elle me voit souvent choisir avec détail mes vêtements, la couleur de ma cravate, mon nœud papillon, je m’applique de longues minutes devant la glace pour maîtriser ma coiffure. Serait-ce elle que cela dérange ? As-t-elle des idées  vagabondes ? Par instant, je perçois son regard discret sur moi . A plusieurs reprises elle m'a croisé en compagnie de Valentine et remarqué notre complicité. Est-elle jalouse, envie-t-elle son élégance naturelle. ?
Sa silhouette de midinette ne m'a jamais interpellé. Je suis un peu contrarié. Je décide de prendre la plume.
 
Cher Monsieur ou Madame
 
J'ai bien lu votre missive et suis surpris de son contenu prétentieux. Sachez que je n'ai de leçon à recevoir de vous. C'est moi seul qui décide qui je dois ou veux fréquenter. Mes états amoureux ne regardent personne et sont  régis seulement par un charme et un attrait réciproque. Une attraction naturelle nous amène à la séduction, l'un et l'autre. Mon voyage dans mon jardin d'hiver, je le vis dans la grâce et en toute quiétude.
Je suis au regret de vous dire que les sentiments ne permettent pas d'avoir de nouveaux yeux, car lorsqu'on est amoureux on devient aveugle.
A bon entendeur. Je vous salue .
 
Oscar..

 

L’ÉNIGME RÉVÉLÉE

Quelques instants avant la réunion du Capitaine prévue dans le salon, nous entamons avec quelques croisiéristes, un dialogue au sujet de la citation.
Chacun de nous donne son point de vue, sans oublier les émotions, peurs, angoisses, émois que cette lettre a remués en eux.
Entre temps, j'ai fait un aller-retour, plusieurs fois à ma cabine, pour voir si j'avais une réponse à ma lettre.
Il est 14 h 30, le Capitaine est là, toujours bien de sa personne, souriant, un peu gêné tout de même. Il nous met dans l'ambiance et là, il dévoile que c'est lui l'auteur de la mystérieuse missive. Il nous explique sa raison. Il a voulu créer une autre ambiance, beaucoup plus conviviale, une osmose véritable entre les croisiéristes, afin d'apporter un lien plus fort entre nous.
Ouf !! Sitôt, je respire un peu mieux.
Plus tard, je me trouve accoudé à ma fenêtre, mon regard perdu sur l'horizon.. Cette missive, je crois a bousculé plusieurs personnes, les égos ont été mis à rude épreuve, à chacun maintenant de s'y retrouver et poursuivre son voyage.
Mes pensées se brouillent dans ma tête, mais cela n'enlève pas le doute au sujet du comportement de Valentine, avec d'autres hommes. C'est vrai, dès que je l'ai aperçue, un flot d'émotions est monté en moi.
Aussitôt j'ai mis en place une stratégie pour me rapprocher délicatement d'elle. Cependant elle a répondu souvent à mes sollicitations et je pensais être sur la bonne voie, de fonder un état amoureux entre elle et moi pour poursuivre une relation durable et faire un bout de chemin de la vie ensemble.
Je suis perplexe, je pense avoir été très prétentieux.
Cette citation a eu pour effet de m'ouvrir les yeux et me faire retomber les pieds sur terre.
Je ne sais plus quoi penser de son attitude, elle semble agir de la même manière avec moi, qu'envers d'autres personnes.
Mon cœur est contrarié. Je me suis mis dans ma tête une suite heureuse pour ce coup de foudre. Il est vrai que Valentine a ébranlé pas mal de sentiments autour d'elle avec son aura impalpable. Cette jeune femme, belle et pleine de vie, aurait- elle fait du charme à un  autre homme ?
Aurait-elle mis des cœurs en émoi ?
Je la connais un peu, elle est indépendante, mais de là à courir plusieurs « lièvres » à la fois, me fait perdre toute contenance.
J'ai cru voir dans ses yeux illuminés et brillants qu'elle appréciait ma présence, elle recherchait le contact.
Elle était, semble-t-il, heureuse d’être à mes côtés !
Ou bien j'ai été ébloui par sa personnalité, au point de mal interpréter ces petits câlins et sourires. Je ne sais plus quoi penser !
Que veut-elle vraiment ?
Que cherche-t-elle ?
Peut-être simplement un plaisir éphémère ?
Ou bien aime-t-elle séduire ?
Une question me vient à l'esprit : quelle doit être mon attitude lorsque je vais la revoir., continuer à aimer sa présence, ses frôlements, ses doux baisers légers, ses caresses délicates.
Je suis vraiment tracassé et mal à l'aise, et un peu perdu.
Moi, Oscar Laperousse, dirigeant impitoyable d'une très importante affaire industrielle, je me sens devenir un adolescent, dans une phase de rêverie délicieuse. J'aimerais partager tous ces sentiments à fleur de peau, afin de savoir si je dois abandonner, revenir aux affaires matérielles, ou bien devoir prendre la bonne résolution pour l'issue de ce joli rêve.

 

EN ROUTE VERS MADAGASCAR

Après une nuit agitée, je ressasse sans cesse les attitudes de Valentine.
Dans mon esprit perturbé, je revis ses doux gestes envers moi.
Lui faut-il plus de temps pour se rendre compte, si elle éprouve des sentiments sincères ?
Ou bien si s'était simplement un attrait physique un peu plus qu'amical ?
C'est vrai qu'elle a traversé une période difficile.
Lui faut-il plus de temps pour regagner de la confiance ?
Et comprendre ce qu'elle éprouve peut-être pour moi ?
Je décide donc, de prendre une décision radicale.
Je brûle tous mes souvenirs heureux qui dansent dans ma tête et je vais la voir. Dans la conversation, je lui glisse ma carte de visite, avec mon numéro de téléphone personnel, et lui annonce qu'à la prochaine escale « Lisbonne » je quitte la croisière et prend un avion pour Madagascar. Elle me regarde surprise et étonnée, mais ne laisse rien paraître.
J'ai le ventre noué.
« Je te crie avec mon cœur que je t'aime en silence, mais toi tu m'entends pas »
Alors, je me rends à l'évidence.
Mais il me reste un petit espoir qu'en m'éloignant d'elle elle prendra conscience que son cœur penche vers moi.
Aussitôt, je vais à la recherche de Gino Baldino, malgré ma déconvenue, et lui annonce mon départ éminent. Il paraît déconcerté. C'est une personne attachante et je lui dis tout le plaisir que j'ai eu à le rencontrer. Avec un grand sourire il me souhaite une bien belle trouvaille pour la découverte de ma vanille exceptionnelle. Il me dit que si un jour il passe par Paris, il viendra me voir.
Je salue deux ou trois personnes, ainsi que Maya. Je lui souhaite d'avoir le regard ouvert, lorsque l'homme de sa vie se présentera. Elle m'embrasse gentiment.
Je rentre dans ma cabine le cœur en écharpe, pour réunir mes affaires et faire mes bagages.
Un autre horizon lointain m'attend. Une autre vie devant moi.
Après ce doux et joli intermezzo, les affaires reprennent.
 
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Rédigé par Arlette

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 19 Décembre 2023

 
Personnage :
 
Lucas Leblond
35 ans, de taille moyenne, un léger embonpoint.
Contrairement à son nom, il a des cheveux très noirs, coupés courts, yeux noisettes.
Visage agréable, barbe de trois jours.
Célibataire, pizzaiolo. Il a un camion à pizza garé dans le quartier ouest de Nice.
Plutôt discret, mais curieux. Il aime se cultiver, découvrir le monde.
Fasciné par le système des écluses, il rêvait depuis longtemps de faire une croisière fluviale.
Tiendra son journal de bord.
Il garde toujours un petit carnet vert et un stylo prêts à prendre des notes dans sa poche.
 
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LE DÉPART
 
6 Novembre 2023
 
Je commence ici mon journal de croisière sur le Rhône. Départ : Arles
Le Commedia dell'arte, sympathique péniche, m’attendait le long du quai. Quand je suis arrivé pour embarquer, il y avait deux personnes avant moi, une belle jeune femme brune et un homme quelconque. Ils se sont tournés vers moi pour me saluer, et là, j’ai eu un choc, genre coup de foudre. Je n’ai plus vu qu’elle. Superbe, magnifique. J’ai perdu pied, impression de me noyer... Je suis resté là, à couler sans réagir, comme un imbécile. Heureusement, le personnel de bord est intervenu pour nous accueillir ; j’ai retrouvé mes esprits et un peu de dignité.
 
Nous sommes montés à bord. Une dame, la cuisinière, je crois, nous a conduits vers nos cabines.
Ça va être tranquille comme croisière ! Nous ne sommes que trois passagers, en fait que deux, cette ravissante inconnue et moi-même, car, si j’ai bien compris, le petit bonhomme insignifiant serait le pilote de la péniche. Tant mieux ! Ça me va tout à fait cette escapade intime…
La bonne surprise, c’est que la belle inconnue s’installe dans la cabine voisine de la mienne. Elle avait quelques difficultés à ouvrir sa porte, je lui ai proposé mon aide et nous avons pu faire connaissance. Enfin, c’est surtout moi qui parlais, elle, elle est du genre timide… mais tellement belle ! Elle me trouble trop avec ses formes pleines. Et je n’ai pu empêcher mon regard de glisser vers son décolleté appétissant en diable. J’espère qu’elle ne s’en est pas aperçue…
Si j’osais, je me laisserais envisager une romance au long du Rhône…
 
Bon, pas d’anticipation. Restons concentré sur le but de ce voyage : les écluses, le paysage au fil de l’eau, la lenteur, la douceur, la tranquillité. Quel pied !
A peine entré dans ma cabine, j’ai sorti mon carnet pour noter… ce que je suis en train d’écrire.
Ma cabine est agréable. Une petite fenêtre carrée avec des rideaux en vichy rouge, à travers laquelle je peux admirer le paysage, que je verrai bientôt défiler dans toute sa sérénité.
J’ai l’impression d’être dans une maison de poupée ambulante ! Sur la couchette, un édredon moelleux, des coussins douillets, c’est bien plus confortable que chez moi !
La cabine est lambrissée, une lampe rose ajoute à son ambiance reposante. Je sens que ce voyage va être magnifique.
 
Ah ! Ça bouge. Je file sur le pont pour ne rien rater du départ.
 
 
7 novembre 2023
 
J’ai regardé la péniche s’éloigner du quai hier. Arles me regardait partir et j’ai vécu littéralement l’expression ‘‘larguer les amarres’’. Sur le fleuve large, le bateau glissait. On a quitté la ville pour des rives boisées. L’automne dans toute sa splendeur ! Du rouge, du jaune, de l’ocre, de l’or.
Je suis resté longtemps à contempler le paysage, la campagne tranquille. Parfois, j’ai senti la présence de la belle inconnue. Elle allait de l’autre côté du pont, repartait. Mais je n’avais pas envie de lui parler, je voulais juste savourer l’instant lent, mouvant, dans ce ruban d’azur doré.
 
 
UN DÎNER RAFFINÉ
 
8 novembre 2023
 
Ce soir, dîner de bienvenue à la table du commandant, comme sur les grands paquebots.
On s’est retrouvés à 20h dans la salle à manger, la belle inconnue qui ne l’est plus car j’ai appris son nom, Melinda, et Paul, le pilote de la péniche, que je n’ose appeler ‘‘commandant’’, tellement il est quelconque. Rien à voir avec l’image de prestige viril d’un uniforme ! Melinda, elle, est resplendissante. C’est fou l’effet qu’elle me fait ! J’ai du mal à ne pas oublier mon regard sur elle.
 
Nous prenons place autour d’une table de fête toute en nappe blanche et couverts délicats. De la cuisine s’échappent bruits de casseroles et appétissants fumets bientôt matérialisés par de œufs pochés et mousseline de topinambour. C’est écrit sur le menu, sinon, je ne l’aurai jamais trouvé tout seul… Pas mauvais… un peu pâteux sur la langue cette mousseline, vaguement sucrée… étonnant… Des champignons rôtis suivent. Quel délice ! Fondants à souhait. L’odeur boisée des champignons précède leur saveur si particulière, j’adore. Humer d’abord, déguster ensuite, je suis au paradis ! Un vin blanc épanoui, dont j’ai perdu le nom, en sublime le goût.
Melinda, face à moi, semble se régaler aussi. Ses yeux pétillent. Paul sauce son œuf sans faire de manières. Pour un peu, il mettrait sa serviette autour du cou. De temps en temps, il zieute discrètement la belle. Faut dire qu’elle ne passerait pas inaperçue même si on était une vingtaine à table.
 
L’arrivée du saumon et son lit de lentilles me ramènent vers mon assiette. Le mélange est plutôt chouette, les saveurs se marient bien. C’est délicieux, cuisson impeccable. Pourrais-je m’en inspirer pour de nouvelles pizzas.. ? Pizza saumon-lentilles ? Cette idée m’amuse, j’ai légèrement pouffé, ce qui a surpris mes deux compagnons. Alors j’ai expliqué pourquoi ; du coup, ça a détendu l’atmosphère un peu guindée et tout le monde s’est marré.
Et puis, j’ai croisé le regard de Melinda, profond, mystérieux. Je ne sais pas ce qu’elle cache, qui elle est, mais j’ai furieusement envie de le découvrir.
 
Au dessert, entremet coco, mangue, passion, crème fouettée, frais et onctueux, saveurs acidulées exotiques qui explosent sur la langue, aussitôt adoucies par la crème… la cuisinière s’est surpassée, ce soir…
Au dessert, donc, j’avais réussi à faire rire Melinda trois fois et lui arracher quelques phrases. Voix mélodieuse qui m’a fait frissonner alors qu’une chaleur incongrue monte jusqu’à mes joues. J’espère que ça ne s’est pas vu…
Quant à Paul, il est plutôt agréable. On a parlé écluses, ce qui n’a pas eu l’air de passionner Melinda. Ce qui m’inquiète un peu, c’est que j’ai repéré quelques incohérences dans ses explications. J’espère qu’il sait ce qu’il fait… Je vais rester vigilant.
 
En tout cas, j’ai beaucoup aimé cette soirée tranquille. Paul et Melinda sont des compagnons de voyage charmants. Surtout Melinda… serais-je en train de tomber amoureux… ?

 

L'ESCALE EN AVIGNON

9 novembre
 
Aujourd’hui, escale à Avignon. La péniche accoste en douceur. Nous sommes sur le pont, Melinda et moi, prêts à débarquer. Devant nous, le Palais des Papes, monumental, tout en pierres blanches, se dresse au-dessus de la ville. D’abord happé par les hautes tours, le regard tombe ensuite sur les toits aux tuiles rouges avant de couler jusqu’au port où s’affairent quelques plaisanciers.
Les moteurs de la péniche se taisent. Paul nous rejoint. Nous partons tous les trois vers le centre ville. Nous traversons des ruelles encombrées d’étals à touristes. Epices colorées aux odeurs exotiques, marchands de foulards, d’éventails bigarrés, pizzerias, kebab… j’ai l’impression de traverser le Vieux-Nice. La cause touristique rend les vieilles villes interchangeables. Dommage ! Au détour d’une venelle, un pan de palais papal bouche le ciel. Melinda ne peut retenir un Oh ! de surprise ravie et presse le pas. Ce palais l’attire plus qu’un aimant, en tout cas plus que moi. Elle ne me calcule guère. Ce qui me console, c’est qu’elle ne semble pas plus intéressée par Paul qui n’a pas hésité à laisser la péniche à la seule garde de la cuisinière pour nous suivre… enfin, pour la suivre...
Nous débouchons devant une immense place peuplée de touristes. Le palais, impressionnant ! Splendeur médiévale parfaite, bâtie d’arcades, de tours, de créneaux, de murs, de pierres, de murs, de pierres, harmonieux et massif à la fois. Je me sens tout petit devant cet édifice, pour un peu, je retrouverais la foi. Melinda semble l’avoir en elle, la foi. Elle est en contemplation, avec une lumière nouvelle dans ses yeux d’émeraude, comme une joie profonde qui la rend encore plus belle.
Elle nous propose de faire la visite du palais. Je décline l’offre. Ça va prendre trois plombes, je préfère tracer vers le fameux Pont d’Avignon, vestige d’un pont médiéval dont il ne reste aujourd’hui que quatre arches et surtout, j’aimerais trouver un moyen d’aller jusqu’à l’écluse d’Avignon. La voir de la rive avant de la franchir demain en péniche. C’est quand même ce qui m’a poussé à faire ce voyage… Melinda sourit devant mon enthousiasme. Il paraît que lorsque je parle d’écluse, je m’illumine, enfin, c’est ce qu’elle m’a dit. Et ça, ça m’illumine encore plus !
Finalement, Paul et elle iront visiter le palais pendant que je fonce vers l’écluse et on se retrouve pour déjeuner ensemble vers 13h devant le Pont où nous danserons ensemble…
J’ai trouvé un bus, je suis arrivé devant l’écluse, en apnée devant des chutes d’eau tonitruantes. Un vacarme d’écume, de vent, d’embruns de rivière auxquels manque le sel. En amont, c’est tout calme. Une étendue d’eau tranquille, des canaux et l’usine hydroélectrique post-art-déco, classée aux Monuments Historiques. Vivement demain sur la péniche !
A 13h, j’ai retrouvé Melinda et Paul, comme convenu, devant le Pont d’Avignon. Nous avons déjeuné d’une pizza approximative, rien à voir avec mon savoir-faire ! Mais j’ai oublié illico l’absence de saveur de la pseudo-pizza quand Melinda nous a raconté le but de son voyage : elle envisage de devenir bonne sœur et profite de cette croisière sur le Rhône afin d’obtenir les bonnes réponses à ce grand choix de vie. J’en reste sur le cul ! Paul aussi !
Deux ou trois verre de vin plus tard, j’ai réussi à intégrer le truc et c’est à peu près rasséréné que je suis mes compagnons vers le pont. Là, j’ai osé ! J’ai esquissé un pas de danse et tenant la main de Melinda du bout des doigts, genre menuet. Sympa, elle a joué le jeu et a fait de même avec Paul. Puis, on s’est promenés sur le pont, le Rhône magnifique sous nos pieds. Le soleil commence à décliner, le fleuve vire au pourpre, les pierres du Palais des Papes se teintent de rose et d’ocre. Nous repartons vers la péniche dans une lumière dorée presque surnaturelle, d’une beauté qui m’étreint le cœur.
Maintenant, à l’abri dans ma cabine, j’écris pour raconter et surtout garder le souvenir de cette journée. Je ne veux rien oublier.

 

UN AUTRE REGARD

10 novembre
 
Ce matin, glissé sous la porte de ma cabine, il y avait un billet avec cette citation :
Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.
De nouveaux yeux… cela mérite que je m’y arrête. Mon regard sur les choses a-t-il changé en ces quelques jours de navigation ? Peut-être…
 
Le fait de côtoyer ce Paul que j'ai découvert tout empêtré par l’emprise de sa mère me donne à réfléchir, m’incite à plus de bienveillance envers lui. Et Melinda ! Moi, le ‘‘célib’’ endurci, protégeant depuis toujours ma liberté et mon indépendance, je serais prêt à renoncer à tout ça pour elle, elle qui n’a d’yeux que pour Dieu ! Ce voyage lui donnera-t-il de nouveaux yeux à elle aussi ? Des yeux qui me regarderaient moi ? Difficile de rivaliser avec son fantasme divin, mais sait-on jamais…
En tout cas, il me semble que je suis plus ouvert aux autres, enfin, je crois... Car le fait même d’avoir reçu ce message pose question et pourrait vouloir dire tout à fait le contraire… Me préconiserait-on d’être plus à l’écoute d’autrui et moins à celle des écluses ?
 
Les nouveaux paysages se fichent bien de la façon dont on les regarde, mais les gens…
Quels gens, au fait ?
Sur ce petit bateau, nous ne sommes pas nombreux. Qui m’a envoyé ce message ? Procédons par élimination :
- la cuisinière ?… mmm… non, je ne pense pas.
- Melinda ? Aimerait-elle que j’ai de nouveaux yeux, que je la vois comme la nonne qu’elle souhaite devenir et non comme la femme qu’elle est ? Ça sera dur, mais s’il le faut… Cela dit, je ne crois pas que ce soit d’elle, ce message énigmatique. Ça ne colle pas avec le peu que je sais d’elle.
- Paul ? Il ne reste que lui. Il est parfois tellement falot que j’ai du mal à cacher mon agacement. L’aurait-il ressenti ? Voudrait-il de ma part un peu plus d’attention amicale ? A moins qu’il n’ait le béguin de moi… ? Non, vu comment il regarde Melinda, ce n’est pas ce genre de chose qu’il recherche. Ce serait plutôt l’inverse : de nouveaux yeux pour que je regarde ailleurs que sur elle ! C’est sûrement plus probable !
 
Tout bien réfléchi, je penche pour Paul et je vais lui répondre par un petit billet moi aussi :
 
 
                                   Bonjour Paul,
 
J’ai reçu ce matin un message anonyme avec cette citation : ‘‘Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.’’
J’ai réfléchi à sa signification, analysé quel impact cela a sur moi et j’ai envie de partager mes réflexions avec toi.
D’ailleurs, j’ai dans l’idée que c’est toi qui me l’a envoyé. Est-ce le cas ? Serais-tu d’accord pour qu’on en discute ?
Je pense que ce serait une bonne chose pour tous les deux.
 
         Bien amicalement
                                                     Lucas
 
 
Je relis ma lettre… je ne sais pas trop si ça vaut le coup de la lui faire parvenir… Je vais plutôt parler de ce message à tout le monde, tout à l’heure, au salon. En attendant, je file sur le pont, on va franchir l’écluse.

 

AU SALON

10 novembre au soir
 
Ça y est, j’ai franchi l’écluse !
Comme il n’y avait pas d’éclusier, avec Melinda nous avons ouvert les vantelles aval pour vider le sas, puis ouvert les portes. La péniche est rentée dans l’écluse, on a refermé les vantelles aval. Puis on a manœuvré sur les vantelles amont pour remplir le sas. Le bateau montait tranquillement le long des quai. Il fallait tout de même le sécuriser par des cordages pour qu’il ne heurte pas les bords de l’écluse. Une fois le niveau d’eau atteint, on a ouvert les portes amont, la péniche est sortie de l’écluse, alors on refermé les portes, la péniche est venue accoster au ponton d’attente pour nous récupérer et nous sommes repartis. Fascinant ! Ce système d’eau qui monte, qui descend, ça m’épate toujours autant ! J’en oublierai même le message anonyme reçu ce matin.
 
Mais Paul a enquêté. Il nous rassemble tous au salon, la cuisinière, Melinda et moi, et nous apprend que l’on a tous reçu, ce message.
– Alors qui ? Et pourquoi ? demande-t-il.
– Est-ce vraiment important de le savoir ? répond la cuisinière. Après tout, ça a mis un peu de piment dans cette croisière. En tout cas, moi, ça m’a fait réfléchir et sortir de mes casseroles.
– Vous avez raison, ajoute Melinda. Moi aussi, ça m’a fait réfléchir…
Son regard se perd quelque part très loin. Cette citation a dû l’emmener vers quelques rivages secrets ou divins...
– Moi, dis-je, j’ai cru que c’était Paul qui m’avait adressé ce message.
Melinda sursaute, rougit. Peut-être pensait-elle que c’était moi qui lui avais envoyé cette citation… J’ai croisé son regard un peu perdu et quelques petits bruits incongrus, genre flatulences intempestives, se sont alors faufilés parmi nous. Instant de gêne dans le salon... Melinda a pété.
Je reprends vite la parole :
– J’ai imaginé plusieurs hypothèses, mais elles sont tellement débiles que je n’ose vous les soumettre..
S’ensuit alors un échange décousu, vite clos quand la cuisinière nous dit :
– C’est peut-être l’inconnu qui est monté à bord pendant l’escale. Je l’ai trouvé devant la cabine de Paul. Le genre ermite en robe de bure, ou un moine peut-être. Je lui ai demandé ce qu’il faisait là, il ne m’a pas répondu, alors je l’ai raccompagné sur le quai.
Paul s’énerve :
– Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Pourquoi tu ne me l’a pas dit ?
– Pour ne pas t’inquiéter ! Tu es tellement stressé… J’ai vérifié qu’il n’emporte rien et je l’ai mis dehors. Fin de l’histoire.
– Peut-être aurait-il aimé naviguer avec nous pour nous montrer la lumière et il nous a laissé son message à la place… ? suggère Melinda.
Cette idée me laisse pensif..
– Nous serions les nouveaux yeux d’un ermite, quelle idée poétique ! dis-je.
Paul conclut :
– Soit, va pour l’inconnu puisque personne ne se dénonce.
 
C’est ainsi que se termine l’anecdote « citation anonyme ». Ça me va.
En tout cas, mes nouveaux yeux m’ont permis de percer un autre secret de Melinda : quand elle est émue, elle pète. Toute une série de petits pout pout pout. C’est trop mignon !
 
SOIRÉE D'ADIEU
12 novembre
 
L’énigme de la citation résolue, nous avons continué le voyage. Avec Melinda, on a profité du paysage, accoudés au bastingage. On a bavardé comme de vieux camarades, elle m’a parlé de sa foi, des questions dont elle n’a pas encore la réponse, et moi, je lui ai parlé de mon camion à pizza, tellement plus terre à terre, mais quand je l’ai invitée à venir en déguster si elle passe par Nice un de ces jours, elle a souri ; j’ai pris ça pour un oui.
On a vu apparaître la ville de Valence, notre prochaine escale. On a débarqué, Paul s’est joint à nous, bien sûr ! Tous les trois, on a visité la cathédrale de fond en comble. Melinda est un guide hors pair. Elle connaît son affaire et nous a tout expliqué. L’escale a été courte, juste une demi-journée. L’après-midi on a repris la route, ou plutôt le fleuve. Demain, fin du voyage, on arrivera à Lyon. Je sens déjà poindre une once de nostalgie… vite oubliée quand Lucie, la cuisinière, nous annonce une soirée d’adieu jazzy. Voilà qui est intrigant !
Un mystère vite résolu : Un musicien est monté à bord à Valence. C’est le neveu de Lucie, guitariste de son état, qui propose d’animer la soirée en échange de son transport jusqu’à Lyon. Why not ? Un peu de musique pour finir le voyage, quelle belle surprise !
 
Le soir, après le dîner, le musicien s’est installé avec son matériel dans le salon. Un jeune mec, genre beau gosse, chemise rouge, guitare rouge, avec juste ce qu’il faut de barbe et de cheveux pour être sexy. Manquerait plus qu’il ait du talent ! Je me sens nul avec ma calvitie naissante, mon embonpoint qui s’affirme et mon four à pizza pour unique talent. Melinda semble déjà subjuguée… Je vais la lui faire avaler sa guitare !
Et puis, il a commencé à jouer, un air tout tranquille qui se promène, nous promène, on s’est laissés porter. Il a enchaîné ainsi des standards connus, des airs de sa composition, toujours dans une ambiance intimiste, propice aux conversations paisibles.
Paul nous a rejoint, on a discuté tous les trois au son du jazz, de tout, de rien, de nous, de notre rencontre… puis, la musique est devenue plus entraînante, on a eu des fourmis dans les jambes et nous voilà partis à nous trémousser tant bien que mal sur du be-bop. On devait former un trio plutôt comique à en croire la mine hilare du guitariste! On s’est bien amusés. Fous-rires quand Paul s’est emmêlés les bras pour faire pirouetter Melinda, fous-rires devant mes pas de danses hybrides entre twist et sirtaki. Melinda nous a accordé, à tour de rôle, quelques pseudos-rocks ou assimilés. J’ai fait au mieux, mais je crois que j’étais plus proche du pire ! L’important, c’était la lumière dans les yeux de Melinda. Pas besoin de boule à facettes, son regard plein de joie a suffi pour illuminer la soirée. Plus tard, la musique s’est faite douce, j’ai pris Melinda dans mes bras et on a dansé, comme bercés, serrés l’un contre l’autre. Un moment suspendu, où le cœur se dilate, gonflé de musique et d’amour. J’ai eu du mal à redescendre du nuage enchanté.
La soirée s’est terminée comme elle a commencé, avec des musiques faites pour converser, un verre à la main, ambiance cosy, détente… On a échangé nos adresses, nos téléphones, nos mails, enfin, tout ce qu’on a pu échanger pour rester en contact, se donner mutuellement des nouvelles et pourquoi pas se donner rendez-vous, un jour, plus tard… Melinda nous promis de nous faire part de sa décision au sujet du noviciat. J’attends déjà ses messages…
Les dernières notes de musique s’égrènent. La guitare se tait, le musicien salue. Finalement, il est très bien ce guitariste, on l’a applaudi et je suis même allé le remercier pour sa prestation. La soirée a été parfaite.
Maintenant, dans ma cabine, j’essaie de ne rien perdre de tout ça, de tout consigner dans mon petit carnet. De retour chez moi, je mettrai tout au propre pour en faire un récit de voyage. Mais pour l’heure, il est temps d’aller dormir. Demain, on arrive à Lyon, tout le monde descend. J’irai passer quelques jours chez des potes et je repartirai en train pour rejoindre Nice.
Bye, bye la croisière sur le Rhône, bye, bye le Commedia dell'arte, ça pique un peu du côté du cœur, ce soir…
 
 
Epilogue
 
Plus d’un mois s’est écoulé avant que je reçoive des nouvelles de Melinda et Paul. C’est arrivé aujourd’hui, 18 décembre, sous forme de cartes de vœux pour Noël.
Melinda, de sa belle écriture fine, m’apprend qu’elle est entrée au couvent et qu’elle est à présent sûre de son choix. Je m’y attendais et je crois même que je suis content de sa décision. Cet amour est si particulier que je ne peux envisager d’autre forme que platonique. Il est né sur un fleuve, il continuera d’irriguer ma vie, je le sais, et elle le sait aussi. J’aurais eu trop peur de le gâcher, le banaliser, si on était partis dans une relation de couple. Je préfère le garder ainsi, immatériel et immuable, doré comme la lumière du soleil sur le Rhône.
Quant à Paul, il m’apprend qu’il a envoyé balader son insupportable mère et m’invite à passer Noël dans une auberge tout près d’un certain couvent, avec messe de minuit chantée par les novices. Je crois que ça être le plus beau Noël de ma vie !
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Rédigé par Mado

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 19 Décembre 2023

Personnage :
Nom : Vagues
Prénom : Jean
40 ans, célibataire Niçois
Ouvrier à la compagnie de l’eau
Allure, mince de face, arrondi de profil
Beau gosse devant sa glace
A tendance à bégayer donc difficile à comprendre
Motivation de la croisière : aller à la rencontre des vagues dont il porte le nom et vérifier que Hokusai ne lui a pas menti.
 
_____________________
 
 
DIFFICULTÉ D’ÉLOCUTION
 
 
EMBARQUEMENT
 
Oh putain, me voila à Marseille loin de leur centre ville.
Je viens de garer ma voiture devant la gare maritime et je suis là, dans la queue pour embarquer. Le contrôle des billets fini je me retrouve devant cet énorme bateau haut de cinq étages « Le Comté de Provence ». La passerelle débouche dans un grand hall ou une multitude de personnes m’accueille comme si j’étais un ministre. Cabine 1808 4ème, étage par l’ascenseur de droite, m’indique une charmante hôtesse. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur un long couloir ; me voilà seul à la recherche de mon chez moi. 1808, j’ouvre et là, devant mes yeux éblouis, je contemple cet espace qui sera pour une semaine mon appartement.
Un grand lit tiré à quatre épingles, un coin télévision et surtout un balcon d’où je pourrai voir les vagues qui viendront jouer et mourir devant l’étrave du bateau.
Je fais le tour du propriétaire ; dans un placard bien rangé tout le matériel de sauvetage, gilet orange fluo, un sifflet tout est prévu en cas de naufrage, enfin, tout pour vous rassurer. C’est comme dans les avions quand l’hôtesse vous mime les gestes à faire en cas d’incident... à croire que les transports en commun sont dangereux.
Sur la table un dépliant plan du bateau, je vais prendre le temps de visiter cet immense paquebot.

 

LA TABLE DU COMMANDANT

Le bateau est impressionnant. Moi qui n’ai jamais quitté mon quartier, je découvre un monde que j’ignorais, salle de jeux, magasins de luxe où l’argent coule à flot il y a même des salles de sport, c’est plus grand que mon quartier.
 
De retour à ma cabine je découvre un mot, une invitation pour assister au repas du soir à la table du Commandant. Un vent de panique se mit à souffler dans ma tête.. comment vais-je m’habiller et surtout comment vais-je me comporter à table... ? Moi qui n’ai connu que la cantine de la Compagnie des Eaux heureusement je me plonge sur Google pour découvrir un tuto sur la bienséance de ce genre d’invitation.
 
Waouh ! Moi qui ne lis jamais, le menu à lui seul équivalait à un roman. Peuplé de mots et de phrases inconnus à mon vocabulaire. A la cantine le fromage n’était pas affiné, il était servi dans son emballage et l’entremet passion et crème fouettée chez nous il s’appelait Yaourt. Le repas fut succulent J’ai gardé dans ma bouche le gout de ce saumon poêlé sur son lit de lentilles arrosé d’une émulsion homardine. C’est dans cette ambiance de saveur, de parfum que je fis connaissance des différents passagers qui avaient embarqué au départ de Nice. Beaucoup de femmes que le commandant se fit un plaisir de nous présenter.
 
Ma timidité maladive due à mon handicap m’empêcha de prendre part à la discussion, mais je gardais en mémoire les noms, surtout des femmes, afin, je me le promettais comme dans le film Les Bronzés, de conclure avant la fin de la croisière.
J’écoutais Valentine parler de photo, de modèle de pose et qui me regardait comme si j’étais un top model.
A ses côtés, Julie, traductrice au tribunal de NICE, n’arrêtait pas de parler avec un petit homme qui semblait être un de ses collègues.
A mes côtés, Maya, discrète malgré la multitude de colliers et de bracelets multicolores qu’elle porte à ses poignets, ne me parle que de son ancien amour un certain Pablo.
Prés du commandant, Dominique, avec un fort accent parisien, montre ses tatouages qu’elle a aux poignets.
Me trouvant un peu éloigné de Marjolaine, je n’ai pu apprécier sa beauté qui lui valut un premier prix à un concours.
A ses côtés, Anne Sophie n’arrêtait pas de ranger ses couverts, signe de maniaquerie.
 
De retour dans ma cabine, je m’empressais de bien noter sur mon carnet pour ne pas oublier tous les noms de ces femmes, toutes belles à mes yeux, me promettant : demain j’attaque ! Je me mis devant la glace pour m’entrainer à les aborder :
- Bon bon bon jou jour, je je je m’ap appelle Je Je Jean.
 
Il fallait se rendre à l’évidence les femmes sont comme les vagues, je n’arriverais jamais à les maitriser.

 

L'ESCALE

Après une nuit de navigation, nous voila arrivés à Barcelone, capitale de la Catalogne, réputée pour son art et son architecture. Tous les passagers se pressèrent sur la passerelle pour aller prendre le bus qui devait nous emmener dans le centre ville. Me voila assis prés de Maya à l’avant du car, j’écoutais ma voisine qui n’arrêtait pas de me décrire le paysage qui s’offrait devant nous, elle avait l’air de bien connaitre la ville. On passa devant le jardin « Guell » célèbre parc avec ses bancs en mosaïque, le musée Picasso qui possède 4000 œuvres de l’artiste. Maya ne tarissait pas de renseignements, bien sûr elle n’oubliait pas de parler de son Pablo avec qui elle avait arpenté la célèbre rue « La Ramblas ». Moi j’étais admiratif devant tant de connaissances. N’osant pas l’interrompre, je haïssais mon handicap qui m’empêchait de lui parler. Mes mots, mes phrases restaient enfermés à l’abri de ma tête, le seul endroit où je me sentais comme les autres.
Comme toute les capitales, la circulation était dense et je profitais de ces moments pour prendre des photos des rues grouillantes de monde.
Maya me demanda ;
- Vous êtes bien silencieux, ça ne va pas ?
Je voulu lui répondre, mais elle était déjà entrain de décrire la « Sagra Famillia » devant laquelle le bus se gara.
Nous voilà à l’intérieur de cette cathédrale, monument inachevé du génie Antoine Gaudi. Nous étions devant la statue de la Vierge Marie et je ne sais pas ce qui se passa dans ma tête, je me mis à chanter l’Ave Maria de Gounod. Le groupe se retourna, Maya écarquilla les yeux, Valentine poussa un Oh ! en découvrant qu’en chantant, je ne bégayais pas ; ils m’écoutèrent en silence et me regardèrent avec des yeux nouveaux.
L’heure passa et nous regagnâmes notre bateau. Je retrouvais ma cabine avec un sentiment de joie.
Aujourd’hui j’avais pu me faire entendre en oubliant mon handicap. La soirée s’annonçait belle.

 

MESDAMES...

Je me remettais doucement de mes émotions de cette journée à Barcelone en regardant le bleu profond de la Méditerranée quand un bruit attira mon attention, comme si quelqu’un voulait rentrer dans ma cabine. Je quittais mon balcon et j’allais ouvrir, personne ! Je regardais dans le couloir, il était vide. Je me suis dis "tu entends des bruits" et je refermais ma porte ; le léger courant d’air fit s’envoler un petit bout de papier. Je le ramassais et j’allais le jeter dans la poubelle quand en le dépliant je pus lire : « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux »
Texte écrit à la main, cette phrase me plongea dans des méandres de réflexions, par qui et pourquoi ?
Et si ce billet m’était destiné ? Je décidais alors de répondre, réponse que j’afficherai sur le tableau prévu à cet effet à l’entrée du restaurant.
Mais répondre à qui ? Là était le problème car le petit mot était, bien sûr, anonyme. Alors ma décision fut prise : j’allais écrire à toutes les femmes présentes sur ce bateau. Voila ce que fut ma réponse :
 
En réponse à votre petit mot que j’ai eu le plaisir de trouver glissé sous ma porte et qui m’a laissé pantois.
Ne sachant pas qui en est l’auteur et ne voulant pas faire d’impair, permettez que je m’adresse à vous mesdames, objets de mes tendres pensées. Vous qui m’avez écouté chanter en oubliant l’espace d’un instant mon handicap.
Lorsque je prononce vos prénoms, j’entends Rimbaud, Hugo, Verlaine et les autres, récitant des mots d’amour que j’aimerais pouvoir vous dire, mais, hélas, rien ne sort de ma bouche, tout est silence. Hier vous m’avez regardé avec, dans les yeux, des étincelles qui ont illuminé ma nuit.
Alors je peux bien vous l’avouer, je ne peux regarder une femme sans penser à l’amour, vous découvrir, vous parcourir comme un promeneur dans un merveilleux paysage. Venir juste un instant rêver sur le rivage de vos yeux.
Alors Valentine, Dominique, Maya, Marjolaine, Julie et Anne Sophie, je vous regarde. Vous êtes mes nouveaux paysages et pourtant je sais que je resterai le Jean, celui dont les mots se bousculent sans jamais s’arrêter.
Mais aujourd’hui à la Sagra Famillia, je me suis senti beau et heureux dans le reflet de vos yeux.
 
Signé
Jean Vagues

 

AU SALON

  

Je marchais dans ce long couloir quand, j’entraperçus une porte ouverte. J’ai osé me glisser à l’intérieur. La cabine était plongée dans une lumière tamisée, elle était là ! Le visage masqué,  un déshabillé noir laissait entrevoir le galbe de son corps aux courbes parfaites. Invitation à l’amour et dans ces moments-là, moi le bègue, j’utilise le langage des yeux et des mains.
Elle se laissa faire, me laissant jouer de son corps comme si elle devenait entre mes mains un violoncelle dont j’étais le musicien et je ne sais combien dura ma symphonie et combien de temps dura notre échange ; je ne pourrais le dire. Mais juste à un moment un voile passa dans ses yeux et d’un seul coup, elle fut submergée par une vague de plaisir qui la secoua, juste avant de s’endormir.
Je la laissais là, étendue sur le lit et doucement, je refermais la porte de sa cabine dont le numéro avait été effacé comme pour garder son anonymat.
Qui était-elle ? Valentine, Dominique, Maya, Marjolaine, Julie ou Anne Sophie, je ne le saurais jamais.
 
Car, soudain, on tapa à ma porte et quelqu’un cria :
« C’est l’heure Monsieur de votre rendez-vous pour votre massage »,
Qui, quoi, comment !
Je sortis de mon rêve, j’étais là, seul allongé sur mon lit. Entre mes mains, ma réponse au message mystérieux que j’avais écrit à toutes ces dames, je ne l’avais pas accrochée sur le tableau prévu à l’entrée du restaurant. Je n’avais pas osé leur dire ma vérité.
 
Mais une chose est sûre dans le silence de mes mots, je venais de comprendre en repensant à mon rêve et en relisant la légende qui accompagnait le tableau de Hokusai.
La Vague ? « Elle est le lien entre le ciel et la terre, la source unique de la vie, le symbole, là aussi, de la pureté et de la purification. Selon la tradition Chinoise et Taoïste, l'eau est Yin, tout comme le féminin, ce qui est souple, réceptif, patient, capable de porter et de faire naître la vie. »
Je suis une vague, je m’appelle Vagues, je suis la vie.
Juste avant de me rendre à ma séance de massage, je me rendis à la convocation du commandant nous invitant à nous rendre au salon situé à l’avant du bateau. J’arrivais, tout le monde était là, assis autour d’une grande table ovale une coupe de champagne posée devant chaque invité.
Le Commandant prit la parole :
" Bonjour soyez les bienvenues, si je vous ai convoqué aujourd’hui c’est pour vous parler de ce billet mystérieux qui circule sur mon navire. J’espère que cela ne perturbe en rien le plaisir de votre croisière.
Dans ce billet, il est dit le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais avoir de nouveaux yeux.
J’imagine que vous avez du vous poser mille questions. Je dois vous avouer que j’en suis l’auteur. Commandant d’un navire de croisière, c’est voir beaucoup de monde sans jamais les rencontrer, il en est de même pour l’ensemble des passagers.
On vit une semaine ensemble, d’escale en escale on se fabrique des souvenirs de paysages, de monuments et puis arrive le dernier jour, tout le monde débarque pour reprendre sa vie chacun de son coté.
C’est pour cela que je vous ai écrit ce billet, pour que vous puissiez vous interroger : QUI ?
Pourquoi ? Aujourd’hui il me semble que vous avez de nouveaux yeux, vous vous regardez les uns les autres et pour certains vous établissez de nouvelles relations.
Le monde, les paysages sont là, vous pourrez revenir les voir.
J’espère avoir réussi à vous faire rencontrer et à vous découvrir les uns les autres.
Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente croisière pleine de rires et d’amitié. En vous souhaitant une bonne santé."
 
Un silence tomba sur le salon lorsque le commandant cessa de parler, quand Oolala brisa ce silence par un rire tonitruant, on s’est tous regardés et tous en chœur, en levant notre verre, nous avons remercié le commandant.
En moi-même je me suis dis : heureusement que je n’ai pas déposé ma réponse, et, en même temps; dans mon for antérieur je remerciais le Commandant, car grâce à lui et au mystère des rêves, je savais pourquoi je m’appelais Vagues ; en ce qui concerne mon bégaiement je suppose que cela vient du sac et du ressac sur les galets des plages de Nice...

 

SOIRÉE D'ADIEU

Voila la croisière s’achève et pour la dernière soirée, le commandant a invité tout le monde pour une boom comme on disait dans le temps.
La pièce était plongée dans une demi-obscurité, une boule à facette envoyé des éclats de lumière. Sur l’estrade un orchestre de jazz un orchestre s’évertuait à mettre l’ambiance en jouant des airs des années 70. Je remarquais le guitariste avec sa guitare rouge qui me rappela celle que l’on m’avait offert pour mes 20 ans. Je me dirigeais vers le bar ou je me commandais un Whisky avec glace pour me donner une contenance.
De mon poste d’observation je vis arriver Valentine, quelle femme sûre d’elle, de son charme, une robe moulante laissant imaginer le galbe de son corps. Puis arriva Anne Sophie ; j’aime son côté désinvolte qui tranche avec le côté un peu snob de Marjolaine. La soirée commençait doucement, j’en étais à mon deuxième whisky quand arriva Maya qui, de loin, me fit un sourire de connivence ; en repensant à mon rêve je me posais la question : est-ce que, ce n’était pas elle derrière le masque ?
Oolala vient s’asseoir, j’aimais bien ce personnage un peu fou ; il faut dire que c’est le seul prénom que je n’avais pas de difficulté à prononcer. Il nous a apporté une note d’exotisme pendant cette croisière. Mon complexe me faisait tenir à l’écart de tous les hommes, eux qui par leur éloquence charmaient toutes ces dames. Dominique et Julie jouaient les midinettes, quand le guitariste à la guitare rouge fit une annonce : « Qui veut venir chanter ? »
D’un coup je sentis sur moi le regard de toutes les dames qui m’invitait à dire Moi !
Me voila sur scène le micro à la main. Je commençais par « la maladie d’amour » un clin d’œil à mon handicap puis ce fut un récital des années 70, Johnny, Delpech, Michel Fugain et même pour terminer Hugues Aufray avec un « hissez haut » repris par toute la salle. La soirée se termina sous les applaudissements et les embrassades. Deux heures du matin me voila seul de retour dans ma cabine.
 
Epilogue
 
Cela fait maintenant cinq ans que je suis de retour chez moi. Et là, allongé sur les galets de la Promenade, j’écoute le bruit des vagues, le sac et le ressac qui me rappellent le temps où mes mots se heurtaient pour sortir. Suite à cette croisière, j’ai été voir un spécialiste pour les problèmes d’élocution, un orthophoniste ; aujourd’hui je vous en parle facilement, il y a cinq ans je n’aurais pu dire que le o. Je me suis marié avec une jeune femme au doux nom de Maya. La vie parfois s’amuse à nous jouer des tours Cette croisière fut pour moi une prise de confiance en moi en m’exprimant en quelques mots  d’une manière fluide et non chaotique : aventure, joie, amour, tristesse et caresses, la réponse au pourquoi de ma vie.
 
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Rédigé par Bernard

Publié dans #Ecriture collective

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Publié le 19 Décembre 2023

 
Voila la croisière s’achève et pour la dernière soirée, le commandant a invité tout le monde pour une boom comme on disait dans le temps.
La pièce était plongée dans une demi-obscurité, une boule à facette envoyé des éclats de lumière. Sur l’estrade un orchestre de jazz un orchestre s’évertuait à mettre l’ambiance en jouant des airs des années 70. Je remarquais le guitariste avec sa guitare rouge qui me rappela celle que l’on m’avait offert pour mes 20 ans. Je me dirigeais vers le bar ou je me commandais un Whisky avec glace pour me donner une contenance.
De mon poste d’observation je vis arriver Valentine, quelle femme sûre d’elle, de son charme, une robe moulante laissant imaginer le galbe de son corps. Puis arriva Anne Sophie ; j’aime son côté désinvolte qui tranche avec le côté un peu snob de Marjolaine. La soirée commençait doucement, j’en étais à mon deuxième whisky quand arriva Maya qui, de loin, me fit un sourire de connivence ; en repensant à mon rêve je me posais la question : est-ce que, ce n’était pas elle derrière le masque ?
Oolala vient s’asseoir, j’aimais bien ce personnage un peu fou ; il faut dire que c’est le seul prénom que je n’avais pas de difficulté à prononcer. Il nous a apporté une note d’exotisme pendant cette croisière. Mon complexe me faisait tenir à l’écart de tous les hommes, eux qui par leur éloquence charmaient toutes ces dames. Dominique et Julie jouaient les midinettes, quand le guitariste à la guitare rouge fit une annonce : « Qui veut venir chanter ? »
D’un coup je sentis sur moi le regard de toutes les dames qui m’invitait à dire Moi !
Me voila sur scène le micro à la main. Je commençais par « la maladie d’amour » un clin d’œil à mon handicap puis ce fut un récital des années 70, Johnny, Delpech, Michel Fugain et même pour terminer Hugues Aufray avec un « hissez haut » repris par toute la salle. La soirée se termina sous les applaudissements et les embrassades. Deux heures du matin me voila seul de retour dans ma cabine.
 
Epilogue
 
Cela fait maintenant cinq ans que je suis de retour chez moi. Et là, allongé sur les galets de la Promenade, j’écoute le bruit des vagues, le sac et le ressac qui me rappellent le temps où mes mots se heurtaient pour sortir. Suite à cette croisière, j’ai été voir un spécialiste pour les problèmes d’élocution, un orthophoniste ; aujourd’hui je vous en parle facilement, il y a cinq ans je n’aurais pu dire que le o. Je me suis marié avec une jeune femme au doux nom de Maya. La vie parfois s’amuse à nous jouer des tours Cette croisière fut pour moi une prise de confiance en moi en m’exprimant en quelques mots  d’une manière fluide et non chaotique : aventure, joie, amour, tristesse et caresses, la réponse au pourquoi de ma vie.
 

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