Publié le 12 Février 2023

 
Une débauche kitsch de costumes, de décors, de mascarades et de défilés de chars tous plus impressionnants, rutilants les uns que les autres. Cette parade est menée par le groupe Nissa la Bella qui défile avec mauros, cantinières et instruments en cougourdons au sons cristallins mais généreux.
Il est suivi de sa Majesté Carnaval qui représente tout l’imaginaire d’une quête autour du monde et de ses trésors. Cette année, le Roi est plus que séduisant. Notre Sire, haut de huit mètres est blond, barbu et moustachu, aux yeux verts joliment plissés et au sourire en coin. Assis sur le Colisée, ses jambes musclées encadrent le Taj Mahal. Derrière lui se dresse Big Ben. Sa main gauche brandit l’obélisque de la Concorde tandis que la droite tient une pyramide, autour du cou la muraille de Chine. Le Roi est prêt à faire des ravages auprès des courtisanes énamourées. Il avance sous les cris et les applaudissements assourdissants s’élevant des tribunes. Il a le privilège d’être entouré par la Ciamada Nissarda qui fait revivre la tradition du paillassou, avec danses et farandoles sur des airs folkloriques du répertoire niçois.
Et voilà la fanfare de Nice avec le boum boum des tambours aux sons secs, puissants qui marquent la phase des thèmes musicaux. Les fifres ou sifflets aux sons très aigus, les violons à la sonorité éclatante, brillante, envoûtante, le cornet à piston généreux et la timbala (grosse caisse) frappée à la main par une mailloche en cuir qui donne un air grave, assez chaleureux.
Un tintamarre assourdissant qui se mélange aux cris et hourras provoqués par la brigade des agitateurs de tribunes excitant la foule.
Le ciel indigo est animé d’étoiles scintillantes, un parfum de rêves pour cette soirée carnavalesque. Le vent froid n’est pas ressenti, nous sommes collés les uns aux autres sur ces gradins inconfortables, il chatouille juste notre nez d’odeurs sucrés de barbe à papa, ou de chocolat chaud.
Soudain, mon cœur bat la chamade. Immense, flamboyant, le char de l’œuf de Fabergé violet se détache sous les projecteurs qui sillonnent la place Masséna. Un objet précieux ramené de Russie par ma Babouchka, qui fait encore partie de notre trésor familial. L’œuf est ouvert, sur la partie basse une piste de danse aux doux reflets lumineux couleurs pastels. Des airs de Cumba, aux sons simples et enivrants, de Cuarteto, musique populaire au rythme allègre et actif, dirigés par l’orchestre argentin présent au Carnaval de Nice. Des mélodies à la clarinette, accordéon ou guitare qui permettent à la troupe de Buenos Aires de virevolter devant nos yeux ébahis. Le bandonéon prend le relais pour une danse qui fait frémir tout mon corps. Dès les premières notes du tango argentin, un souffle sensuel s’envole sous une pluie de confettis et d’applaudissements.
Après notre rencontre à Paris, Juan-Carlos m’a fait un cadeau royal, il est là, beau comme un astre. Sa partenaire, à la tenue provocante, malgré le balancement de sa tête, a pour lui, un regard étrange et pénétrant qui provoque, en moi, un léger pincement.
La musique est le reflet de l’âme, elle efface mes angoisses et me fait sourire. Ce soir elle est souveraine, les paroles sont vaines, le son est brillant, coloré. La nuit, je le sais, aura un attrait magique, celui d’un murmure enchanté. Le désir doit vibrer tel un concert aux notes tendres et romantiques.
 

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Rédigé par Josiane

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 10 Février 2023

 
Maëlle avait fait une pause dans son parcours du jour. Son sac à dos posé à ses pieds, elle alluma son téléphone pour regarder ses messages. Celui de son grand ami Laurent lui fit chaud au cœur. Laurent… compagnon de l’enfance, de l’adolescence, de la vie d’étudiant à Nice, des 400 coups et des virées mémorables ; Laurent qui avait quitté Nice pour « monter » à Paris exercer son métier de journaliste et à qui elle avait laissé les clefs de son appartement si l’envie lui venait de revoir la Méditerranée pour quelques jours ou quelques semaines.
« Ma Maëlle, je me suis décidé à profiter de ton appartement, même si j’aurais préféré te voir par la même occasion, mais la nostalgie de la Méditerranée, du Château et du Vieux Nice ont balayé mes hésitations. Je me suis rendu compte que le Carnaval commençait cette semaine et je compte bien aller me noyer dans la foule joyeuse et dans ce grand chahut qui entoure tous les corsos. Prend bien soin de toi. Bisous ma belle »
A peine descendu de l’avion, le tram avait transporté Laurent directement sur les quais du Port de Nice. L’odeur de la mer et des bateaux a fait ressurgir mille souvenirs d’enfance et, après avoir remonté les marches, il lui avait fallu quelques minutes pour se trouver devant la lourde porte de l’immeuble de Maëlle. Son appartement respirait les voyages, melting-pot international et coloré d’objets chinés, marchandés aux quatre coins du monde. En sirotant son pastis sur le balcon, il regardait la digue du port et le phare qui venait d’allumer son feu rouge. Demain il irait… il ne savait pas où ni dans quel ordre mais pour le moment il se laissait envahir par les souvenirs des Carnavals de son enfance.
D’abord, l’atelier immense où se construisaient les chars. Son père l’amenait de temps en temps le samedi matin, il allait y saluer un ami carnavalier qui se faisait un plaisir de donner mille explications au gamin qu’il était. C’était gris là-dedans dans ses souvenirs, gris mais joyeux, chacun savait exactement ce qu’il avait à faire. Et oui, gris, car avant les peintures et les habits en satin coloré il y en avait du travail pour construire les structures des chars et de leurs personnages de carton-pâte. Il y avait aussi de la musique. Des vieux airs niçois. Laurent tenait fermement la main de son papa et marchait dans l’atelier la tête penchée en arrière et les yeux curieux de tout. Ça s’interpellait – en niçois souvent – , ça criait, ça posait des questions. Un joyeux brouhaha… et à chaque visite Laurent voyait les chars et les grosses têtes qui prenaient forme.
Et puis c’était la première sortie de sa Majesté Carnaval. Les chars passaient dans les petites rues derrière le Port, les habitants du quartier étaient au balcon. Les flonflons commençaient à se roder. Quelques enfants costumés sur les chars, tranquilles pour le moment, jusqu’à arriver sur la « ligne de départ » du corso.
Et là, la foule, le bruit, la musique, les cris des vendeurs de confettis, la mise en place des orchestres et fanfares variées qui lâchaient quelques sons cacophoniques pour se chauffer. Laurent accompagné de sa famille se tenait au bord de la chaussée de l’avenue de la Victoire, au premier rang d’un ruban compact de touristes mêlés aux Niçois. Les chars défilaient à un train de sénateur. Chacun sa musique. Les enfants dansaient, chantaient, jetaient des confettis. Les porte-voix crachaient leur animation.
Laurent n’était pas en reste, avec son frère et ses sœurs. Entre deux chars, une fanfare défilait. Trompettes stridentes, cuivres aux sons pleins et grosse caisse caverneuse qui résonnait dans son ventre… Quel joyeux défilé mais quel bruit aussi ! La musique entraînante qui donne envie de danser, de tourner, de chanter. La musique « locale », des chansons aux paroles tantôt nostalgiques tantôt un peu osées mais en niçois, ça passe mieux !
Ce que Laurent adorait par-dessus-tout, c’étaient les grosses têtes. Des têtes énormes, aux bustes raccourcis, qui défilaient en petits groupes selon un thème bien précis lié à celui du Carnaval, avec de toutes petites jambes qui en dépassaient et un petit trou au niveau du buste par lequel on pouvait deviner la figure de celui qui la portait. Laurent en avait fait l’expérience à l’adolescence, il gagnait ainsi son argent de poche pour partir en vacances avec ses copains pendant l’été. Il adorait courir vers les enfants et s’incliner dans leur direction, risquer quelques pas de danse selon le morceau joué par le char qui le précédait. C’était fatiguant, la « tête » était lourde, il fallait tenir presque deux heures mais Laurent et ses copains rivalisaient d’ingéniosité pour protéger leurs épaules qui soutenaient la structure en bois.
Il y avait aussi l’immanquable lancer de « Paillassou » et tout autour du drap blanc tenu par quelques-uns, des gamins couraient, s’apostrophaient et chantaient pour encourager les lanceurs dans leur décompte de rebonds.
Une cacophonie incroyable, mélange de cris, musiques à fond dans les haut-parleurs, fanfare locale ou étrangère, majorettes. Des farandoles improvisées. Des couleurs, vives, chaudes sous le soleil ou scintillantes lors des corsos nocturnes.
Laurent savait qu’il ne retrouverait pas cette ambiance bon enfant et spontanée de ses souvenirs, mais il irait dès le lendemain soir assister à la première sortie du Roi, de la Reine et de Carnavalon.
 

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Rédigé par Bernadette

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 10 Février 2023

 
Enfin ! Cette fois ça y est. Les hérauts ont sillonné la ville à cheval avec trompettes et tambours et, dans le fracas des cymbales, ont annoncé l'arrivée dans sa bonne ville de NICE de sa majesté Carnaval.
Le coup de canon de midi nous a rappelé qu'il fallait songer à nous substanter pour tenir le choc. Deux morceaux de pissaladière et cinq francs de socca ont suffi à notre bonheur. Le tout, naturellement, arrosé d'un petit rosé qui ne s'en laisse pas conter.
Le canon a tonné trois fois. Le corso s'anime, les chars peuplés de créatures sorties de l'imagination des carnavaliers sont précédés de fanfares diffusant une musique tonitruante : La Jeunesse Niçoise, dont certains musiciens ont dû voir les deux guerres, L'Echo de la Chaumière, dont les créateurs ont pris l'initiative d'apprendre le solfège aux enfants du quartier, les pompiers avec des musiciens de talent et tant d'autres venus de différents horizons.
Cette musique est vivante, elle nous prend par la main et nous entraîne dans des farandoles sans fin. Certains pays ont envoyé des groupes et des musiciens que nous découvrons avec curiosité. Leur musique peut être rythmée ou suave. Les notes dont ils nous abreuvent sont colorées, c'est parfois, l'écoulement d'une rivière qui furète entre les grosses têtes et parfois un torrent déchaîne entraînant une foule de costumes masqués qui ne sont plus eux-mêmes, comme le permet carnaval, mais des personnages des mille et une nuits. Pour un jour ils sont les rois, rien ne les arrête. La musique les transporte, ils la mangent, ils s'en abreuvent. Ils la vivent sans restriction… Certains s'y noient, l'instant d'un délire, mais retrouvent la surface avec un regain de jeunesse.
Tout ce beau monde participe sans retenue à la liesse générale.
Les cavalcades avec des belles jeunes filles, bien souvent apeurées quand leur monture fait un écart provoqué par une multitude de batailles de confettis. Des chars populaires de divers quartiers, tous plus farfelus les uns que les autres. Tout ce public sur l'avenue de la Victoire, ravi d'assister à ce défilé. Les enfants qui bataillent à coups de serpentins en papier. Ces confettis couvrant le sol en nous donnant l'impression de marcher sur un tapis persan...
Que dire de la journée des plâtres. Sinon que ça permettait de régler quelques comptes en souffrance, surtout si notre voisin avait commis l'imprudence de se vêtir d'un beau costume.
Hé oui mon cher Bastian, si tu m'écoutes, là où tu es, je suis sûr que tu penses comme moi... rien n'a changé. Les êtres humains ont toujours besoin d'un exutoire. Tout le temps du carnaval était une récréation.
Mais çà, c'était avant. Ce que je te raconte n'existe plus. Maintenant le Carnaval est enfermé dans de hautes palissades bien fermées ne permettant pas à un œil curieux de se glisser à l'intérieur. Seuls les clients qui peuvent s'offrir les tribunes ont accès au spectacle.
Tu as bien compris, j'ai dit spectacle et non carnaval.
 

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Rédigé par Fernand

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 9 Février 2023

 
Après la fête de la Befana, Maya et moi avions passé encore quelques semaines en Italie. Le mois de janvier touchait à sa fin et cela avait sonné le moment de rentrer à Nice.
Quelques jours après notre retour, Maya me fit savoir qu’elle aimerait bien assister au défilé du corso de Carnaval qui commençait en ce début de février. « Cette année on fête le 150ème anniversaire du Carnaval, le thème « Roi des trésors du monde » va sûrement t’intéresser aussi ! » avait-elle ajouté avec enthousiasme. Nous décidâmes d’y aller ensemble.
Cela faisait de nombreuses années que je n’étais plus allée me mêler à la foule et partager l’ambiance particulière de cette fête. Je me contentais d’admirer les chars du Roi et de la Reine installés sur la place Masséna durant toute la durée de l’évènement.
La proposition de Maya faisait remonter en moi des souvenirs d’un autre temps.
Le défilé avait déjà commencé quand nous sommes arrivées à proximité du corso et les sons mêlés des fanfares parvenaient jusqu’à nous. Nous approchâmes rapidement pour profiter du spectacle. La foule était dense, les confettis colorés voletaient et les serpentins se déroulaient silencieusement dans une ambiance festive et bruyante. La musique se faisait de plus en plus tonitruante. Juste au moment où nous prenions place en bordure du corso une fanfare militaire défilait. Les cuivres envahirent l’espace, des sons graves qui résonnaient dans tout mon corps, faisaient vibrer l’air environnant, éclataient comme des tonnerres. Le son des cors étaient les plus impressionnants pour moi. Les percussions les précédaient et l’ensemble créait une composition musicale flamboyante.
Un groupe de grosses têtes suivait la fanfare, une s’en détacha et s’approcha de nous. Et soudain je n’étais plus en 2023, mais revenue quelques décennies en arrière. J’étais cette petite fille qui regardait avec étonnement et émerveillement même, ces chars colorés et animés qui défilaient devant elle. Ces personnages de cartons articulés aux costumes chatoyants l’impressionnaient par leur taille. Le bruit des moteurs couverts par les musiques diverses, les danses et les chants des enfants et des adultes qui accompagnaient les chars, le claquement des sabots des chevaux créaient une atmosphère assourdissante et débordante pour elle. Les grosses têtes l’effrayaient un peu quand l’une d’entre elles s’approchait et s’inclinait vers elle pour la taquiner.
Un air de samba brésilienne me tira de cette rêverie mélancolique. Ah ! La Batucada ! J’ai un faible pour ces ensembles de percussion. Je trouve cette musique si chaleureuse et entraînante qu’elle me donne envie de prendre un tambourin et des claves et de m’inviter dans le groupe. Je sentis que Maya appréciait aussi car elle se mit à taper dans les mains en suivant le rythme endiablé. Gagnée par son enthousiasme, je fis comme elle et nous voilà suivant le groupe de musiciens. La musique sud-américaine faisait danser nos corps au son vibrant et cadencé des tambours.
Sourire aux lèvres, je me dis que c’était une bien joyeuse façon de terminer notre magnifique périple qui nous avait menées d’Egypte en Italie en passant par la Normandie.
 

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Rédigé par Mireille

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Publié le 9 Février 2023

 
Marie et Jean ont passé un après-midi au carnaval de Nice. Un bel après-midi de soleil, de musique, de fête, avec les chars gigantesques. Carnaval, Roi des trésors du monde ! C’est le thème de l’année, pour le cent-cinquantième anniversaire de sa Majesté.
Le soir, lovés sur le canapé, un verre à la main, la tête pleine de chants, rires et confettis, ils se remémorent la journée et décident de n’en rien perdre en la consignant dans le carnet de voyage de Marie :
 
Samedi 11 février 2023
 
Ici s’achève ma quête des trésors du monde, à Nice, avec le carnaval. Notre trésor niçois depuis 150 ans.
Il ne reste qu’une page à mon carnet de voyage, juste pour lui. Pour un tour d’horizon complet, je vais aussi y glisser mon vieux texte sur le phare d’Alexandrie, à l’origine de tout ce périple, et relater la conversation que j’ai eue avec Jean au sujet de l’alphabet arménien, autre trésor remarquable. Quelques semaines riches de découvertes, de sensations, et une belle rencontre : Jean, qui est là avec moi pour narrer notre échappée carnavalesque :
 
On a été subjugués par le char du Roi. Assis sur le Colisée, avec une pyramide dans la main, le Taj Mahal au bout des jambes, il est superbe. Derrière le roi, une fanfare arrive. La musique, d’abord battement de la grosse caisse, se structure en approchant. Une marche enlevée, claironnée par les trompettes. Les notes retentissent, rebondissent, claquantes comme un ballon, contre les murs des immeubles, frappent les oreilles. Le tambour rythme la marche de son cœur qui bat. Les nôtres en font autant, nos poitrines comme des caisses claires. Ça tourbillonne, ça s’éparpille, la musique est partout… juste le temps de défiler devant nous. Puis, elle s’éteint, se perd en s’éloignant, d’abord étouffée, puis remplacée par celle d’un char qui s’approche, précédé de quelques grosses têtes. Des confettis multicolores, des serpentins volent, on en a plein les cheveux, les manteaux et les poches. Le corso défile, voici le char de la Reine, magnifique déesse indienne aux bras multiples. Suivent des troupes venues des quatre coins du monde qui dansent en habit traditionnel, et d’autres grosses têtes, et d’autres chars. C’est coloré, pimpant, vivant, bruyant. Les musiques se mêlent, s’enveloppent les unes avec les autres, se fracassent en un joyeux brouhaha.
Le char du Roi repasse, toujours aussi impressionnant. Des heures de travail pour une œuvre magistrale qui sera brûlée à la fin des festivités. Paraît que le monarque emporte ainsi tous les soucis, les choses négatives et le froid de l’année écoulée… Un colosse éphémère, comme le phare d’Alexandrie… Temporalité des choses, finitude… Cela m’a accompagnée tout au long de ce voyage et carnaval, en brûlant, y met le point final.
 
Marie regarde Jean, lui sourit. La fête, la musique, elle les porte en elle depuis qu’elle l’a rencontré.
 
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 8 Février 2023

 
-Mamma, je suis en retard. Aide moi à m'habiller !
-Tu devrais dire te déshabiller, Maria !
-Mamma, s'il te plaît ; Beija-flor m'attends !
 
Beija-flor c'est une des plus grandes écoles de samba de Rio, et on connaît le succès de ces écoles au carnaval de Rio. La préparation des spectacles, c'est une année de travail pour la recherche de nouveaux rythmes, de nouvelles sonorités, de nouveaux costumes.
Fernanda est descendue de sa favela entraînée par sa fille Maria. Machinalement elle pose le diadème piqué de fleurs d’Amazonie, assemble le bustier avec ses ailes d'animaux fantasmagoriques au dos et les balconnets de face qui sculptent le corps de Maria. Elle doit en convenir, la petite est douée pour la danse sous toutes les musiques.
L'orchestre débute. Tous les rythmes sont fouillés, revisités. Très vite l'envoûtement s'installe comme un parfum suave, doux qui pénètre au plus profond de l'âme.
Bossanova, Frevo, Maracatu, Forro Nordestinien et surtout l'harmonie phare : la Samba.
Un rythme très puissant s'impose. Une musique lumineuse s'installe. Aussitôt, le soleil entre à gros bouillons par les fenêtres. Pourtant à l'extérieur de la Quadra de ce quartier éloigné des lumières de Copacabana, quelques lampadaires diffusent un éclairage blafard dans la nuit Brésilienne.
La flûte coule comme une chimère dans cette forêt de fureur. L'accordéon syncopé s'envole, s'efface, s’effeuille, s'égaille. Les cuivres balancent, décollent, s’effacent, s'évanouissent comme une vague capricieuse. Les percutions. Ah ! Les percussions qui nous glissent des fourmis dans les jambes, balancent, cadencent, scandent, installent l'harmonie générale, envoûtent le corps des danseurs. Rythmes d'un autre âge. Force qui vient du passé. Triomphe de tous les obstacles : la Vie quoi !
Le corps de Maria suit, précède, intègre toutes ces influences. Elle est comme possédée. Ses hanches, ses bras, ses jambes, son torse, ses mains subliment la musique, ensorcellent les spectateurs, enivrent les ultimes réticents.
La chorégraphe du groupe lève un bras. Immédiatement la magie se tait. Le silence s'installe.
-Maria je pense que tu peux rejoindre la Sambista da Comissäo de Frente.
La Sambista da Comissäo de Frente c'est le fin du fin. C'est le groupe de danseurs qui précède le char de l'école et qui effectue, sur le thème choisi, des danses en habits de lumière. Mais il faudra répéter encore et encore, s'améliorer sans cesse si l'on veut rester en tête.
Maria a les yeux dans les étoiles.
Allez ! On reprend !
Le grand jour, je devrais dire la grande nuit arrive. Les paillettes étincellent et le corps des danseurs est plus en valeur sous les projecteurs. La tradition veut que les meilleurs passent en dernier. Sur la plage d'Ipanema, la foule est là, immense, chaloupée, déjà conquise. Indifférente, peut-être, à cette lune qui illumine la baie de Rio sous le sourire bienveillant du Corcovado.
Les Cariocas se déchaînent. Les percussions charment, hypnotisent, ensorcellent, possèdent le public. Le charme s'installe.
Le char de l'école Beija-Flor apparaît précédée de la Sambista da Comissäo de Frente. Fernanda dans les gradins ne voit que Maria. Les danseurs se démènent.
Le roulement des percussions en impose, le parfum des instruments à vent se glisse furtif, diffuse son arôme léger, aérien, englobe les jambes qui se retrouvent plus légères, les hanches qui ondulent, les mains ouvertes qui diffusent le don de ce succès. La féerie c'est ici.
La foule hurle son bonheur d'être là, vibre à chaque figure des danseurs. Maria passe devant sa mère et ne la reconnaît pas.
Fernanda se penche vers sa voisine,
-C'est Maria, ma fille, vous savez ?
Brazil… Brazileo… Je te chanterai dans mes vers,
                              Je suivrai cette fille en habits de lumière…
 
Ah ! Eternel Roberto Gil...
 

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Rédigé par Gérald

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 8 Février 2023

 
Me voilà de retour à Nice, juste à temps pour les festivités de Carnaval qui débutent demain Samedi 11 Février. Son thème, «  Les trésors du Monde », va me permettre de clore mon carnet de voyage commencé quelques semaines plus tôt.
 
Mais ce soir je suis fatiguée. Aussi je me couche tôt et je m’endors aussitôt…
Je suis sur l’avenue Jean Médecin au milieu d’une foule colorée, bruyante et joyeuse. En jouant des coudes, je me fraie un chemin et je réussis à trouver une place au bord de la chaussée pour jouir pleinement du spectacle. Le premier char qui descend lentement l’avenue arrive enfin à ma hauteur. A ma grande surprise, je découvre que le personnage principal n’est autre que Childéric Ier.
 
Celui-ci, assis sur un magnifique cheval noir dont la crinière flotte dans le vent, contemple avec fierté le trésor répandu à ses pieds : bagues, épées, lances brillent de mille feux. Les pièces d’or lancées en l’air par des soldats en armure retombent sur le sol dans un joli tintement semblable à des notes de musique qui volent dans les airs.
Je suis encore sous le charme quand le deuxième char entre en scène. Il est précédé par le son puissant, guerrier et solennel des trompettes qui emplit mes oreilles. Je lève la tête : à plus de dix mètres de haut, immobile et majestueux, le Colisée nous écrase de sa superbe. J’entends tout autour de moi des cris d’admiration. A l’avant du char, des gladiateurs miment un combat sans merci. Une musique forte et lancinante accompagne chacun de leurs gestes. Elle est aussi froide et tranchante que la lame de leur glaive qui luit au soleil. Par moment, le son d’un gong retentit. Les vibrations de cet instrument résonnent au plus profond de mon être et pénètrent dans toutes les cellules de mon corps. Je suis comme transportée.
 
Le char s’éloigne à son tour et celui qui le suit de près est un véritable enchantement. Une cascade saute de rocher en rocher au milieu d’une végétation luxuriante. Une multitude de bruits l’accompagnent dans sa course : le clapotis de l’eau sur les pierres, le murmure du vent dans les feuilles, le gazouillis des oiseaux sur les branches et le bourdonnement des abeilles butineuses. Ils se mélangent avec grâce pour devenir une symphonie délicate, véritable hymne à la nature : la chute de la Druise est encore plus belle que dans mes souvenirs !
 
Mais je n’ai pas le temps de rêver. Une musique retentit au loin. Je la reconnaîtrais entre mille car elle fait partie de ma vie depuis ma naissance. Elle est légère, joyeuse, entraînante. Elle sautille, virevolte et me donne envie de danser. En me penchant un peu j’aperçois les santons de la crèche qui avancent à petits pas. Arrivés devant moi ils se prennent par la main pour effectuer une farandole endiablée. Les spectateurs autour de moi frappent dans les mains pour marquer la cadence et je ne peux m’empêcher de les imiter. Le tambourinaire, un fort joli garçon, très élégant avec son pantalon blanc et sa ceinture rouge nouée autour de la taille me fait un signe de la main et m’invite à les rejoindre. Je ne me fais pas prier.
 
Alors que je m’apprête à entrer dans la danse… Le téléphone sonne et me réveille en sursaut. Je réalise alors que tout cela n’était qu’un rêve, mais quel joli rêve ! Je suis un peu déçue mais je me console vite : dans quelques heures j’ai rendez-vous avec Sa Majesté Carnaval qui va me raconter l’histoire des « Trésors du Monde ». Tout un programme !
 

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Rédigé par Elisabeth

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Publié le 8 Février 2023

 
Cette année, j’ai décidé de partir quelques jours en vacances dans le sud-ouest de la France.
Après documentation de rigueur, me voilà partie.
Les fêtes de Bayonne sont crées en 1932 sur le mode de l’artisanat traditionnel, ce qui en fait la fierté du pays. Des festivités populaires sont organisées à la fin du mois de juillet, début août, pendant cinq jours et cinq nuits. Avec le temps cette fête deviendra, paraît-t-il, la troisième cérémonie traditionnelle du monde !
Je reste un brin surprise et curieuse. Le ciel est si beau, je choisis de profiter.
 
Sitôt arrivée, je décide de flairer un peu l’atmosphère de la ville. Je vais prendre un bon petit déjeuner dans un petit café familial. Là, le garçon très joyeux, volubile, arbore un habit blanc, avec ceinture, foulard et béret rouge ; il est très beau. Étonnée, je lui demande pourquoi cet accoutrement, il me répond, avec un accent prononcé :
– Hé !! C’est l’habit porté en l’honneur du sang versé par San Firmin, égorgé dans la ville.
Perplexe, je ne crois pas trop à son histoire.
 
Je reprends ma promenade et parcours les ruelles médiévales. Je rencontre une dame âgée qui égrène son chapelet, assise sur une chaise, devant la porte de son commerce. Le fils s’affaire devant un grand poêle où, dans une casserole énorme, mijote un plat dont je renifle les odeurs de poivrons, tomates, piments et bien d’autres ingrédients. Là, la mamie me dit :
– C’est le poulet à la basquaise, sentez, sentez, plus tard vous dégusterez.
Je lui dis :
– A bientôt…
 
Je poursuis ma visite dans les dédales de petits passages très étroits pour aboutir dans une plus grande rue commerçante ; là, un restaurateur, paré de l’habit traditionnel avec un béret rouge de travers, les joues aussi écarlates que son foulard, suant à grosses gouttes, malaxe des ingrédients avec vigueur. Plus loin, le charcutier tout aussi élégant, mais plus serein, découpe des petites tranches de jambon noir de Bayonne. Après dégustation, avec l’accent patois, il me dit :
– Ma petite dame, dans le monde vous ne trouverez pas de meilleur, nos cochons noir c’est quelque chose !!
 
Non loin, une table très longue, montée sur des chevalets, trône devant la devanture du traiteur. Des énormes saladiers remplis d’œufs, salés, poivrés, et partout des petites mains coupent les piments en petits morceaux. Mes yeux se mettent à pleurer, l’envie d’éternuer me prend, je m’éloigne. Une jeune femme avec son bébé dans la poussette me fait signe de me mettre à l’ombre et me raconte que, depuis cinq heures du matin, ils travaillent à modeler la plus grande omelette de piments.
 
Avec émotion, je pense alors à tous ces hommes, femmes, qui n’ont pas dormi et mettent toute leur énergie avec fierté pour nous démontrer leur savoir faire excellent, s’affairent, se brûlent, hument, reniflent tous ces plats pour satisfaire les papilles des habitants et touristes du pays.
 
C’est une chose extraordinaire.
 
Le caviste, porte-parole du vigneron, étale ces fûts de vin d’Erouléguy pour la découverte des pieds de vigne de la région, en tenue de rigueur lui aussi, mais déjà pompette.
 
Enfin, au fond de la rue, la boulangerie, à la devanture décorée aux nuances du pays, une grande table remplie de parts de gâteau basque. L’odeur embaume tout l’espace. La jeune vendeuse me décrit la recette de cette spécialité avec enthousiasme et amour, un délice qui fond dans la bouche. Et je vois dans son sourire l’orgueil qu’elle porte, un petit morceau d’édifice pour représenter sa ville.
 
Et pour clore la balade, je ne vous ai pas parlé du Roi Léon. En 1987, les élus décident d’avoir une mascotte et votent pour nommer un sujet, naturellement figure incontournable de Bayonne, un homme un peu simplet dit-on, sympathique, et de plus passionné d’opéra. Ils le dotent d’un gros nez, de cheveux longs et blonds, le font bedonnant et le prénomment Roi Léon.
Mais le Roi Léon est paresseux. Alors, sur la grand place de la mairie, le Maire s’est dessaisi des clefs de la ville, en signe de liberté au peuple. Celui-ci décide tous les matins de se réunir pour réveiller le Roi, à 12 heures. C’est ainsi que, pendant cinq jours sur la place de la mairie aux balcons fleuris de géraniums rouges et blancs, une marée humaine se meut, comme une vague. Cris et applaudissements à tout rompre.
Lorsque le Roi Léon apparaît, petits et grands scandent sa chanson :
 
Debout Léon
Il est l’heure de te réveiller
Pour saluer tous tes sujets
Qui sont émerveillés... etc.…
 
La fête commence, le vin frais pétillant coule à flot, les gorges deviennent pâteuses après un très bon repas festif, pique-nique géant dans les rues, la foule se met en mouvement, brouhaha, grondement, les vaches, alors, sont lâchées, les gens courent dans tous les sens, ils se protègent sous les portes cochères pour ne pas se faire embrocher. Cela représente un certain danger.
 
Le soir venu, avec lui, les musiques, les bals, les fanfares, défilés ambulants, danses traditionnelles. ll y en a pour tous les goûts, sans parler du vin limonade qui coule à flot. A minuit, le feu d’artifice brille dans le noir du ciel en très jolis bouquets de couleurs pour enfin clôturer une fête populaire majestueuse.
 
Ouf !!! Quelle fatigue, j’aimerais pouvoir voler pour soulager mes pauvres genoux. Mais je suis ravie d’avoir assisté à ce spectacle grandiose et suis très heureuse d’avoir pu comprendre ce grand respect et le sentiment d’orgueil que génèrent les habitants pour leur région, et la ténacité de faire revivre, d’année en année, ces coutumes et traditions, fabuleux patrimoine.
 

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Rédigé par Arlette

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 8 Février 2023

 
Un petit bonjour, mon journal, aujourd’hui je vais rester à Nice pour me reposer.
NON, le carnaval de ma ville va bientôt s’y dérouler, alors, alors… Le thème de cette année complète mes pérégrinations précédentes.
Le Carnaval de Nice est le plus grand de France et l’un des plus célèbres du monde. Thème de l’année : « LE ROI DES TRÉSORS DU MONDE », festivités, fleurs, costumes spectaculaires. Jolies filles sur les chars jetant des fleurs par ci par là, à la grande joie du public, des enfants aux plus âgés, contents de rentrer chez eux avec un souvenir de ces belles journées.
 
Pour rendre hommage à ce Carnaval particulier, des chars représentant différents monuments mondiaux défilent. La musique, parlons-en, c’est un tout, me direz-vous, on ne dissocie pas toujours la vue des couleurs, des gestes, des sons assourdissants de la part des notes bruyantes, des fanfares, des cris arrachés aux jeunes personnes sur les chars colorés, attirant le public, de leur voix qui se veulent les plus haut perchées accompagnées de sourires gigantesques offrant leurs plus beaux atours.
 
Je viens d’apprendre que le nouvel hymne du Carnaval est « La Marche du ROY », crée par un niçois, gagnant au concours de mai 2021, et arrangé par un musicien niçois également, associant jazz et classique, le tout avec un chœur d’enfants du lycée René CASSIN .
Le char de RIO par exemple, nous entraînerait dans une samba endiablée. Celui de l’Inde, la musique la plus gestuelle sur des sons répétitifs et agréables.
 
La citation « Au carnaval tout le monde est jeune, même les vieillards. Au carnaval tout le monde est beau, même les laids. » est d’une logique imparable, les personnes âgées, le temps d’une journée de folie, réagissent à des réactions inopinées de jeunesse.
Les masques ont pour mission de nous dissimuler pour une raison avouable ou non, mais il y a ceux qui choisissent des masques laids par plaisir de choquer ou d’effrayer. Le Carnaval sera toujours une question de sens, la vue des couleurs, la senteur des fleurs, l’ouïe des sons que l’on peut interpréter selon son humeur, le toucher imperceptible ou puissant des confettis qui s’envolent au grès du vent, et le dernier, et non des moindres, celui de déguster ces magnifiques pommes d’amour et autres gourmandises.
 
E VIVA NISSA LA BELLA !
 

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 8 Février 2023

 
Nice, ville de carnaval ! Mais que reste-t-il du carnaval populaire, grotesque volontairement, créé pour les Niçois du peuple, personnages rustiques. Je ne suis pas contre le progrès, le changement. J'ai assisté au fil des ans à son évolution, les cavalcades ont disparu mais les chars sont devenus des œuvres d'art. Les grands panneaux noirs ont encerclé de plus en plus la place Masséna au pied de laquelle ont poussé des gradins pour touristes fortunés. De fête populaire le carnaval est devenu interdit aux Niçois. Les anciens n'y vont plus. Les plus jeunes s'essaient à resquiller, mais impossible, les forces de l'ordre encerclent tout le parcours du défilé.
Malheureusement, un certain soir de 14 juillet, ils étaient ailleurs. Oui, la ville s’embellit, la promenade du Paillon est une réussite, le changement s'accélère. On démolit des théâtres construits quelques années auparavant. On plante de la verdure le long des trottoirs pour compenser tant soit peu le bétonnage de l'ouest de la ville.
 
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Ils sont venus à Nice pour voir et entendre le carnaval. Ils ont payé cher pour des places dans les tribunes. La musique envahit la place Masséna bien avant le défilé. Des bruits haut perchés, des sons d'instruments inqualifiables dans ce brouhaha. Évidemment chaque char, chaque groupe a son orchestre. Les oreilles morflent, car peut-on encore nommer musique cet entrelacement de sons d'instruments différents qui ne jouent pas le même morceau. Heureusement il y a les lumières vives, violentes, les couleurs chamarrées des personnages plus que grimées qui circulent en se faufilant entre les chars. Le roi du carnaval est magnifique, habillé richement de vêtements multicolores, animé par une machinerie invisible mais efficace, il salue ses sujets du haut de son trône.
 

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Rédigé par Louis

Publié dans #Trésors du monde

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