Publié le 24 Février 2023

 
ATELIER :
Décrire la musique
 
LECTURE :
La dame qui chante de Colette
 
- à lire en cherchant dans le lien ci-dessous - voir le menu à gauche de la page -
 
 
TROIS SUJETS AU CHOIX
 
1) Un après-midi au Carnaval
Votre personnage est à Nice pour le Carnaval. Il le raconte, y compris par une description de la musique.
 
2) Une citation de Carnaval
Inspirez-vous d’une des citations proposées pour raconter le Carnaval, sans oublier de décrire, en quelques lignes, un air de musique carnavalesque.
Au carnaval tout le monde est jeune, même les vieillards. Au carnaval, tout le monde est beau, même les laids. (Nicolaï Evreïnov / Inventions théâtrales)
C’est souvent après le carnaval que beaucoup d’entre nous mettent leurs masques. (Lume, accueillante scolaire)
En carnaval toute bouffonnerie est bonne. - de Proverbes romains
Tout invite à regarder le carnaval moderne comme une sorte d’écho de fêtes antiques du type des Saturnales. - Roger Caillois, L’Homme et le sacré.
 
3) Votre char de Carnaval
Imaginez votre char de Carnaval avec un ou plusieurs de vos trésors du monde, précédemment racontés dans vos textes, et mettez-y un peu de musique.
🎶
Quelque soit le sujet choisi, pour celles et ceux qui ont gardé le même personnage au fil des ateliers, essayez de faire une transition cohérente avec vos textes précédents. Courage, on en voit le bout !
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LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Voyage

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Publié le 24 Février 2023

 
La symbolique de la fête du Carnaval c’est le passage d’un hiver ténébreux, au lumineux printemps.
Une sorte de renouveau, de résurrection de la nature et de la joie de vivre. Le Carnaval est un signe d’exubérance, de rigolade, d’imagination, de partage. Un exorcisme, un moment de totale liberté autorisant des jours et des nuits de fiesta aux divers messages politiques ou moqueurs, selon les événements en tout genre.
Il est là pour extérioriser son ressenti avant d’entamer les quarante jours de Carême et d’abstinence. Ce qui n’affecte, aujourd’hui qu’une minorité de croyants.
Durant toutes les réjouissances du règne de sa Majesté, Roi des trésors du monde, cette année, les Niçois se métamorphosent. Sous les déguisements les plus audacieux, masqués la plus part du temps, chaque personne se dissimule et endosse l’image d’un fantasme personnel ou se moque des hommes politiques, sans craindre de subir des représailles.
Toutes sortes de traditions se déroulent durant ces jours de liesse. Les batailles de confettis multicolores qui tourbillonnent au gré du vent. Petits bouts de papier qui s’infiltrent dans les moindres recoins de nos vêtements. Depuis quelques années, les bombes aux serpentins collants à l’odeur synthétique.
Créé à l’origine pour berner notables et bourgeois en les envoyant paître aux quatre vents, le «Paillassou», mannequin de paille lancé dans les airs grâce à un drap tendu.
La musique, indispensable au corso, mêle les airs de la fanfare niçoise à celles d’autres pays invités pour l’occasion.
Les sublimes batailles de fleurs, sur la promenade des Anglais, envoûtent les spectateurs subjugués par le charme des Niçoises. Souriantes, elles distribuent gracieusement du mimosa ou des œillets, orgueil de notre Côte d’Azur.
Et oui tout a une fin ! Le roi finit sur un bûcher public. On le brûle en jetant dans les flammes tous les soucis, angoisses ou stress. On évacue le passé récent en souhaitant un avenir meilleur.
 
Cette fête annuelle ne serait pas aussi mondialement connue sans le travail acharné des Carnavaliers durant toute une année pour éblouir nos yeux. Des familles niçoises aux noms, chers à nos cœurs, Sidro, Pignataro, Povigna, Mossa, Faraut et j’en oublie sont présentes depuis plusieurs générations. La Maison du Carnaval, dans le quartier Riquier, ouvre ses portes pour nous faire découvrir le savoir-faire de tous ces artistes durant les journées du Patrimoine.
 
En feuilletant mes albums photos depuis le début des années 1900, je termine cet écrit en vous déclarant que je suis fière d’être Niçarde !
 
Baieta
 
Josiane Martino

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Rédigé par Josiane

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Publié le 23 Février 2023

 
On m’a dit qu’il existait un livre qui racontait le Commencement.
Je l’ai ouvert.
Le paradis, ce jardin extraordinaire fleuri de verts, des parfums exquis,
la respiration de l’insouciance, le chaud du soleil sans couchant.
Des bêtes se conjuguent dans une pluie de beautés arc en ciel.
Dans l’infini, l’homme se distingue plus fort, fortement mâle.
Il marivaude fier et Artaban entre les allées des jours sans nuit, sans bruit.
Il s’ennuie de solitude et de verre à soi.
S’en suivra une créature autre.
Filiforme, forme et fond tellement découpés, hachés.
Taillée d’une main bricoleuse débutante, l’affaire n’aura plus de cage, juste une côte,
et pour l’heure, la boucherie pourra fermer.
Mais très vite grossie du poumon
et refaite de la charpente postérieure, la femme s’en vient.
Elle va, affublée de peu, qu’importe,
elle a si faim et soif de devenir dans l’avenir.
A une pomme trop rouge, elle choisira une orange presque bleue
pour tout de suite conjuguer la saveur du ciel et de la terre.
Lui préférera les fleurs aux fruits, de nature plus jeunes s’entend.
Tandis qu’elle croque dans la pâleur incertaine du lendemain,
lui se laisse attendre, le flanchard. C’est un serpent qui lui l’a sifflée.
On m’a dit que ce sont les pages blanches qui mettraient fin
pour toujours, au trésor des croyances.
 
C’ÉTAIT AUX FINS DU PARADIS
 
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Adam et Eve claquèrent la porte du Paradis.
Jetés dehors par des pommiers pleins de carpocapse et de pucerons géants.
Ils n’emportèrent que trois fois rien,
pliés en deux quand même à cause d’une immense valise décapotable,
au couvercle en plexi-glace transparent et aux roulettes en peau de serpent.
Une valise remplie du dernier rayon de soleil de l’Eden,
cette lumière perdue à jamais qu’ils pourraient revendre éventuellement
aux enchères à Drouot en cas de besoin.
J’oubliais, les sacs à dos. Deux.
Pleins de Caïn et d’Abel.
Il ne leur fallut que peu de temps pour trouver un véhicule par blablaauto.
A l’époque on ne marchait jamais à pieds.
Après une longue hésitation et une large discussion en famille,
ils prirent le soleil comme pile pour faire face à chacun des hasards.
Tous les soirs ils dépliaient la lune pour trouver le bon quartier
où poser la précieuse valise et se reposer au creux de la confiance.
Un matin, la surprise fut de taille quand, loin de tout,
surgit Monseigneur Koko, tout de prières vêtu.
Très au fait de toutes ces routes qui mènent à Rome,
il montra à la petite famille le chemin de Compostelle,
celui-là même tracé par des générations.
Il est vrai que pour Rome ça ferait un petit détour
mais ils s’engagèrent quand même dans la brèche.
Bientôt ils arrivèrent à Roybon.
Monseigneur Koko aimait bien cet endroit, son petit lac et sa statue de la Liberté.
Souvent il s’y arrêtait et passait la nuit au prieuré.
Quand il traversait le village, il se signait toujours devant le monument,
en souvenir de son ami Saint Romme, un illustre personnage
à qui Fréderic Bartholdi avait fait don de la copie,
conforme à son original de l’entrée du port du Nouveau Continent,
un peu moins imposante certes, mais quand même une belle dame
toute de vert vêtue, le manteau de cuivre repoussé sur un dessous en acier.
Bien vite, Monseigneur Koko gêné par le peu de foi des personnages,
responsable émérite des travaux manuels du prieuré
mais sans charité ni compassion, découragea rapidement notre petite famille.
Ils finirent par quitter l’endroit pour rejoindre l’envers du décor,
à l’autre bout de la terre. New York son port, son île et le chapeau de la Dame.
Une statue ? La liberté, juste une statue ? on s’en meurt du si peu.
 
C’ÉTAIT LA DAME DE FER
 
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Ils se sentaient bien trop à l’étroit Sixième Avenue et quarante-troisième étage gauche.
Caïn avait réussi son doctorat sur l’éclairage des vers luisants. Papa l’avait tellement soutenu.
Quant à Abel il n‘avait pas poursuivi sa licence de chaman et pensait fortement,
avec maman, à commercer du miel, un miel hallucinogène.
Ils s’installèrent en Himalaya dans la vallée haute du Hongu,
une vaste et luxuriante étendue déserte, très peu fréquentée des âmes qui vivent.
Un à-pic de roches roses humides et friables surplombait une profonde jungle
rempli d’essaims, pulseurs comme un caisson de basse.
Un trésor de la nature juste approché par l’unique et intrépide Mauli.
Des abeilles noires, une beauté sauvage. Leur miel, aussi doré qu’un lingot.
Des alvéoles débordantes d’un suc sans pareil.
Des fleurs centenaires aux corolles chatoyantes et aux parfums envoûtants, des rhododendrons surtout.
Toute une équipe de femmes organisées et travailleuses virevolaient entre les cases à remplir.
Pendant que Caïn jouait à la console avec son père en attendant la nuit,
Abel s’occupait, avec un habit de fortune et une échelle lianes, de récolter le précieux breuvage,
souvent en équilibre sur des hésitations
mais tellement accroché à la certitude d’avoir trouvé un autre paradis.
Soudain, un samedi après-midi orageux, une horde de bourdons se posa tout près des ruches.
Des bourdons équarrisseurs aux ailes en K.
Dans un défilé de drapeaux rouges et des fumigènes, les molosses s’agitaient hargneux
et menaçants pour jeter la confusion à nos ouvrières juste rentrées de leur fin de journée.
Heureusement, quelques-unes, quand même payées en heures supplémentaires,
étaient restées sur le pas de porte des essaims pour protéger leurs reines.
Ce ne fut pas suffisant pour certaines qui accouchèrent prématurément et dans la douleur,
de spécimens qui resteraient probablement handicapés du dard à jamais.
La colonie était en péril. Très vite Abel se précipita au secours de ses protégées.
Avec son taser, il fit exploser le nuage des bourdons mais ce n’était pas suffisant.
Alors il pensa à la valise du paradis et au dernier rayon de lumière enfermé par ses parents.
Il n’hésita pas une seconde et tant pis pour les enchères de Drouot.
Dans un éclair foudroyant les bourdons tombèrent comme des mouches.
 
Mais Caïn savait et il s’était tu.
Caïn le traître, savait que monseigneur Koko avait pris sa retraite dans l’autre vallée,
le long de la rivière Hongu, chez son cousin kulung.
 
C’ÉTAIT CHASSEUR DE MIEL
 
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Le temps allant bon an mal an, d’Eve et d’Adam il ne reste plus qu’un monument.
Partis sans égal, venus sans venir, ils ne jouiront jamais du fin mot de l’histoire.
Nous non plus d’ailleurs.
Trahi par son frère, avec des parents sous une dalle, Abel décida de quitter Hongu
pour la Mongolie et Oulan-Bator.
Le long de la piste du Transsibérien, vivait un chaman et son église.
A la fac, on avait déjà dit à Abel qu’il aurait hérité de la fibre chamaniste de sa mère.
Il n’avait conservé que quelques notions de sa licence de l’époque pourtant
il ne mis pas longtemps à convaincre son nouveau maître.
Désormais toutes les nuits de pleine lune, il partait à la rencontre des esprits,
faisant dialoguer l’invisible avec le visible.
Dans le froid polaire, on allumait un grand feu. Abel se vêtait de son plus simple appareil,
la face cachée par un masque de feuilles de tilleul de la région.
Une danse commençait doucement accompagnée de son chant d’incantations, si particulier.
Quand il arrivait tout près de l’Ovoo, des congénères malades fixaient les rubans de couleur
pendant qu’en transe il évoquait les esprits pour leurs guérisons
Lors d’une première divination un lundi après-midi,
Abel entre-aperçut la mitre de monseigneur Koko dévorée par une myriade d’abeilles noires.
Au pied de la falaise il restait très peu du visible de notre homme
écrasé de remords et de regrets pour le miel en pots.
Caïn de son côté, venait de quitter Hongu aussi, plus du tout intéressé par les vers luisants
convertis désormais aux LED et il s’était spécialisé dans le parapluie.
Pour cause, il avait peur de tout ce qui lui tombait dessus. Chauve, bossu, boiteux, célibataire,
plus de points à son permis, et j’oubliais la console, tombée dans le trou.
Lors d’une vision cette fois un samedi après-midi, le courant de pensée de Caïn se jeta violemment
sur Abel qui n’échappa pas à la diablerie meurtrière de son frère.
Une grosse dépression le secoua tellement fort qu’il finit par couler à pic dans son dernier mot.
Depuis ce jour Caïn erre de terres en îles, de mers en continents, prisonnier de son âme
morte d’éternité et de son bracelet électronique.
Ainsi finira le commencement... ou presque … ou pas …?
 
C’ÉTAIT LE CRIME PREMIER NE
 
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Cette année la ville de Nice, comme pour chaque Carnaval, a passé de nombreuses annonces pour recherche de conducteur ou conductrice de tracteurs, ceux qui servent à porter les personnages du Carnaval pour les défilés.
Justine et Marius ont retenu l’attention de la Collégiale des Festivités.
Agriculteurs en retraite mais encore verts ils avaient toujours rêvé de voir la mer.
Originaire de Roucouler-les-Bains, ils seraient disponibles pour une semaine voir deux mais pas plus à cause des cochons en demi-pension chez Georgette, la première adjointe de la mairie de Roucouler-les-bains, leur village commun.
  • Dis la Justine, nous z’ont prêté un hôtel de luxe pour ce Carnaval, le 150e y paraît. On a même la télé et un balcon avec deux chaises.
  • Et puis penche-toi un peu. On voit la mer là-bas juste derrière ce palmier. C’est bizarre. Reste plus qu’un trognon.
Peut-être z’ont enlevé les palmes pour les donner aux paysans d’ici à cause du four de cet été ?
  • Le Marius, tu dis n’importe quoi. Occupe-toi donc de remonter le réveil pour 4 heures et n’oublie pas tes cachets. Fait vraiment chaud ici. Tu peux bien quitter tes chaussettes, tu dormiras mieux.
  • Mais z’ont dit, y’a l’appareil pour le chaud et le froid. Là regarde y’a une boîte.
  • Commence pas à toucher tous les boutons. Ouvre plutôt la fenêtre.
Mais dis donc le Marius ça me fait penser, tu as bien fermé le cagibi des cochons ?
  • Pour sûr la Justine.
  • Alors bonne nuit mon Marius.
  • Ce soir z’ai pas eu mon bisou à débordement, ma Justine ?
Le lendemain après un petit déjeuner rapide, un car de ramassage venait prendre nos amis directement dans le parking de l’hôtel en direction du hangar.
Tout était très bien organisé. Les costumes, les accessoires, les grosses têtes et les chars qui étaient alignés dans l’ordre de sortie.
  • Bonjour messieurs dames, moi c’est Jérôme.
  • Nous Marius et Justine pour le char numéro deux. Le char Koko je crois.
  • D’accord je vais vous y conduire. Je vous donne une tablette et un panier garni.
Nos deux amis étaient émerveillés par l’endroit, eux qui n’avaient jamais été plus loin que Roucouler-les-Bains. Une sympathique équipe les avait pris en charge.
Vint le grand moment, faire connaissance avec le tracteur, l’engin de tous les rêves de Marius, lui qui n’avait que le très vieux Fergusson de son père. Justine hésitait tandis que Marius, sa moitié avait déjà ouvert la porte de la machine.
  • La Justine dépêche-toi de monter.
  • C’est un peu étriqué là-dedans et zut, en plus, j’ai oublié de mettre mes bas de contention et…
  • Dépêche-toi de monter la Justine. Le Jérôme m’a tout expliqué pour conduire le tracteur.
Nos joyeux lurons étaient tellement impatients de démarrer, Justine un tantinet inquiète quand même. Marius avait installé sa tablette avec tout le programme sur ses genoux. A Roucouler on disait que Marius est particulièrement doué en informatique. Çà et puis aussi, pour saigner les cochons. Le reste c’était Justine.
Le grand portail du hangar s’ouvrit sous des olas de l’équipe. Première sortie du Carnaval.
Marius les yeux dans le mollet de monseigneur Koko et tout près de l’ourlet de sa soutane, était fou de joie.
Il embraya sur l’avenir juste derrière la cavalerie de Mongolie, un rythme déjà endiablé sur des airs culottés.
Koko était impressionnant. Encore plus laid que dans la vraie vie. Il avait réussi à figurer dans le défilé
étant le seul médaillé encore de ce monde, pour ses excellents pots de miels.
Par ailleurs, il descendrait lui aussi à Nice pour jouir de la plus vue sur la mer du Negraisseco.
Sur le char, des jolies jeunes filles virevoltaient de toutes parts et Marius jubilait des vibrations gratuites et régulières des danses de ces demoiselles, un changement avec celles des trayeuses de Roucouler.
  • Marius, un bisou qui déborde, s’il te plaît… mon chou.
  • Minute La Justine. Mets donc tes yeux en face des trous pour voir dehors et dis-moi si je z’peux avancer un peu sur la gauche. Je dois laisser le passage à la dame de la Police Municipale et son canasson.
  • Voilà tu peux. Dépêche-toi, elle a priorité.
Soudain un grand bruit. Marius tente désespérément de redresser le char. Koko est touché de plein fouet, la mitre toute neuve accrochée à la caténaire du bus électrique. Un énorme soubresaut, une panique sur la zone.
Marius quitte précipitamment la cabine pour constater les dégâts, Koko décapité, la tête qui pend sur l’épaule, la fin d’un règne, le début du purgatoire.
Restera l’homme du Négraisseco. Caïn s’engouffre dans le moins quatre pour récupérer la Porche de Monseigneur Koko. Une ombre se glisse au diable Vauvert du parking.
Soigné et discret, Caïn enfile sa casquette et ouvre la boîte à gants…
 
C’ÉTAIT SOUS LES JUPES
 
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La Porsche, Koko et Caïn filaient à vive allure vers le purgatoire.
Déjà sur signalement,
Il fallait faire vite avant la fermeture des écoutilles par la clé de saint Pierre.
Sur une route désabusée,
caché derrière une virage en épingle et prévenu par Gabriel,
un ange subalterne en képi alluma un grand feu.
Le chauffeur ne put freiner à temps et ils plongèrent dans le brasier.
Cette fois plus de pardon.
En chair et en os dans les flammes,
ils grillèrent leur avenir à jamais dans les feux de l’enfer.
Un adieu et deux urnes de cendres plus loin,
entrechoquées violemment avec les derniers pots de miel
par les Employés de Surface du ciel,
ils prirent la direction des catacombes pour ne pas polluer, bien sûr.
 
C’ÉTAIT SUITE ET FAIM
 
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Les mots sont un trésor, un début à tout à partir de rien.
 
Quand j’écris c’est comme si je dressais une table d’hôte
Et que j’invite tous ceux qui ont plaisir à partager la maison des mots.
 
Je n’écris pas juste pour moi
mais surtout pour m’entretenir avec vous un peu plus longtemps.
 
 
Dany-L

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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 22 Février 2023

 
Ça y est, j’entends des pas qui se rapprochent ! Maintenant je distingue plusieurs voix dont l’une d’elles que je reconnaîtrais entre mille : celle d’Annie Sidro, l’historienne du Carnaval de Nice, qui vient comme chaque année me réveiller. Enfin je vais revoir la lumière du jour, respirer et surtout participer activement à la fête du Carnaval.
Qui suis-je me direz-vous ? Si vous habitez Paris, le Nord de la France ou si vous résidez à l’étranger, mon nom ne vous dira rien. Par contre si vous êtes niçois et amateur de traditions vous me connaissez bien. Je suis « Paillassou » l’une des trois figures emblématiques du Carnaval de Nice ! Certes, je ne suis qu’un pantin rempli de paille mais mon rôle est essentiel. Installé au centre d’un drap tendu par une troupe en habits bariolés, je suis lancé dans les airs et le public, ravi de mes prouesses, compte à haute voix le nombre de rebonds que je parviens à effectuer. Avant le départ, on entend : « un, doi, tres, manda lo pailhasso ! » Ce cri sert à motiver les troupes et allume des étoiles dans les yeux des enfants. Mais quelle est la signification plus profonde de mes vols planés ? En fait, j’ai rassemblé en moi toutes les contrariétés, tous les malheurs de l’année écoulée. En me faisant sauter dans les airs tous ces soucis s’envolent et on peut ainsi commencer la nouvelle année dans la sérénité…
Après deux semaines de fête, je me retrouve le plus souvent dans un triste état. Aussi, avant de regagner pour un an le calme de mon local, je fais un petit stage chez les couturières qui me réparent et me redonnent tout mon éclat. Je peux enfin me reposer avec la satisfaction du travail accompli.
P.S : Conseil pour les touristes en vacances
Il est très possible que, ne connaissant pas notre belle ville de Nice, vous vous perdiez un jour dans le dédale de ses rues. Vous ralentirez sans doute, mais peut-être un peu trop au gré du conducteur niçois qui vous suit ; celui-ci, excédé, se penchera alors à la portière en vous qualifiant de « Paillassou », injure très répandue chez nous et à laquelle je vous conseille fortement de ne pas répliquer…
 

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Rédigé par Elisabeth

Publié dans #Carnaval

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Publié le 21 Février 2023

 
ATELIER :
Associations d’idées et épilogue
 
LECTURE :
Prologue de Dans le murmure des feuilles qui dansent – Agnès Ledig
 
SUJET :

Riche de votre périple, vous terminez votre journal ou récit de voyage par un voyage intérieur vers vos propres trésors.

Vous pouvez placer votre texte sous la plume de votre personnage, ou en faire une conclusion plus intime pour terminer votre histoire.

Si besoin, pour vous aider, faites des associations d’idées avec le mot TRÉSOR, un mot en appelant un autre, puis choisissez quelques éléments qui vous semblent le mieux définir vos trésors personnels les plus précieux et faites un bref épilogue pour terminer votre chasse aux trésors du monde.

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Voyage

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Publié le 21 Février 2023

 
ATELIER :
Focalisation interne et parole rapportée
 
LECTURE :
Extrait de L’homme qui voulait être heureux -  Laurent Gounelle
 
SUJET :
Les fêtes rituelles, les savoir-faire de l’artisanat traditionnel, les spectacles folkloriques, les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres, toutes ces coutumes constituent un fabuleux patrimoine à préserver pour les générations futures. De la confection des tapisseries d'Aubusson à la célébration des morts au Mexique, du tango argentin à la calligraphie chinoise, en passant par la fête des patios de Cordoue, le monde est riche de trésors immatériels.
Choisissez-en un et poursuivez votre journal ou récit de voyage. Utilisez la focalisation interne pour raconter un (ou plusieurs) personnage que vous allez rencontrer. Vous le regardez vivre, vous n’avez pas accès à ses pensées, mais en donnant à voir, vous donnez à comprendre.
Vous pouvez aussi imaginer un dialogue avec un des personnages rencontrés ou rapporter ses paroles.

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Publié le 21 Février 2023

 
ATELIER :
Description sensorielle
 
LECTURE :
L’usage du monde – Nicolas Bouvier
 
SUJET :
Votre personnage poursuit sa quête, son voyage, qui le mène vers un autre trésor du monde, un trésor naturel. Faites le lien avec votre précédent récit et écrivez une nouvelle page du journal de voyage en racontant aussi les bruits, les odeurs, les sensations variées. Si vous le souhaitez, vous pouvez agrémenter votre récit d’un peu de suspense, d’une anecdote, une rencontre, une découverte, etc...

Quelques liens :

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Publié le 21 Février 2023

 
ATELIER :
Le journal ou récit de voyage
 
LECTURE :
Le palais du Grand Khan, Le Livre des Merveilles – Marco Polo
 
SUJET :
- Créer un personnage, placez-le dans un environnement de votre choix et faites en sorte qu’il reçoive le récit précédent – à vous d’imaginer comment : télé, bouquin, rêve, truc surnaturel, rédaction d’un enfant, etc... Il peut même l’avoir écrit ou le lire à son petit-fils, etc.
- A partir de ce trésor disparu (à vous d’imaginer la transition) votre personnage part en voyage, soit réel, soit depuis chez lui à travers un bouquin ou une émission télé, au au ciné, soit par rêve, divagation, vers un trésor du monde bien réel. Il peut aussi partir accompagné.
Ce trésor est une création humaine chère à l’humanité, comme un site remarquable inscrit au patrimoine de l’Unesco par exemple, mais peut être accompagné de trésors moins connus chers à votre personnage.
- Suivant le genre de voyage que vous choisissez, rédigez votre texte sous forme d’un carnet de voyage ou récit de voyage.
Vous pouvez inventer des anecdotes, des aventures pour rendre le récit plus attractif.

Si besoin...

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Publié le 21 Février 2023

 
ATELIER :
Prosopopée
 
LECTURE :
La pipe de Baudelaire
 
SUJET :
Une multitude de trésors ont disparu. Perdus ou volés, ils se cachent quelque part, sous nos pieds, au fond des océans ou sont dissimulés par les hommes. D’autres ont été détruits et sont perdus à tout jamais. Mais, perdus, détruits ou volés, de là où ils sont, certains nous laissent des messages… Choisissez un trésor disparu et laissez-le se décrire et raconter son histoire.
 
Pour vous aider si nécessaire, vous pouvez choisir dans la liste des trésors disparus - voir lien ci-dessous - ou opter pour une des Merveilles du monde, elles aussi perdues, et dont voici la liste :
- Les jardins suspendus de Babylone
- La statue de Zeus à Olympie
- Le temple d’Artémis à Ephèse
- Le mausolée d’Halicarnasse
- Le colosse de Rhodes
- Le phare d’Alexandrie

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Publié le 21 Février 2023

INSTANT
Juste avant que ce soit à moi d’intervenir il n’y avait rien. Je n’existais pas, du moins pas encore. J’ai connu le néant total de toute chose et d’un coup je ressens cette violente propulsion originelle jamais encore généré par cette substance créative qui s’apprête à devenir fertile
Je suis la toute première Seconde engendrée par la création l’univers.
Alors que j’initie mon récit, d’autres secondes s’activent et se projettent au-delà cet espace sans frontière incorporelle. Des particules les escortent dans cette odyssée sans précédent au cœur même de cet océan pluridirectionnel devenu Espace.
Au travers de moi, grandit ce pouvoir immense, sans détour, implacable, et irréversible, il se nomme Temps. A la minute où je vous parle tous deux s’unissent et de cette fusion une puissance inégalée apparaît.
Je navigue sans finalité sur cette étendue neuve. Je croise déjà au large de nébuleuses vaporeuses en train d’éclore, de se dilater dans des proportions incommensurables, arborant des lumières absolument inouïes, aux clartés somptueuses. Je parcours des milliards de kilomètres en un souffle indescriptible, sans fondement propre. Je suis une route sans détour, ni pré-établie. Je fais partie de cet ensemble neuf. Des galaxies s’éclairent tout autour de moi. Je rebondis sur des morceaux à la fois solide et gazeux, la Matière originelle, sur laquelle s’agglutinent des myriades d’atomes et molécules gonflés de Vie. C’est une tempête organique, à la recherche d’étoiles, soleil, de planète déjà en formation, afin de les trouver et les ensemencer.
Mon histoire a déjà une somme incalculable d’heures. Ce qui n’était au départ qu’un étincelle initiale, grandit en moi, se métamorphose en une énergie que j’ignorais posséder.
L’Univers enfle et s’étend sans mesure. La matière se forge et s’agrippe sur toute choses prête à la recevoir. L’Espace et le Temps mutent en un Personnalité unique.
Et moi, la Seconde première, perpétue ma trajectoire éperdue, avec des pulsars, des comètes flamboyantes comme compagnons de route, dans ce voyage sans visa de retour.
Au moment où je m’adresse à vous, je ne sais pas ce qu’il adviendra de tout ça.
Tout ce que je sais, c’est que moi, au tout début j’étais là.
...
TOUS LES INSTANTS D’APRÈS
Quand, exposé dans le vétuste musée des sciences de notre petite ville, j’ai découvert ce bout de météorite biscornu, gros comme orange écrasée, malgré mes à peine 10 ans, j’ai compris que, comme le soufre de l’allumette, ma curiosité s’enflammait d’une étincelle qui durerait, j’en étais presque sûr, pour longtemps, voire toujours.
 
En grandissant, ma part de rêve et d’espace ne me quitta plus. Je me plongeais dans les études et je m’abreuvais de recherche de savoir, mais des myriades questions s’amoncelaient tandis leurs réponses suffoquaient. J’arpentais la fin de mon adolescence et mes livres, l’école devenaient une frontière contraignante.
 
Un matin mon envie de course au trésor, tel un chien qui demande pour sortir jouer, posa sa truffe humide sur un rebord de mon cœur. Une brise légère et tiède jouait avec le tissu des rideaux, les lueurs douces de l’aube naissante, se faufilaient entre les lattes des persiennes, les premières rumeurs citadines bourdonnaient, le goût acidulé et pétillant de l’aventure me réveilla, d’un bond je quittais mon lit. Une douche, un café, mon sac, des fringues, un carnet, mon appareil photo, mon argent économisés dans ma poche, un message pour mes parents pour ne pas qu’ ils s’inquiètent,
(mais quels parents ne s’inquiètent jamais) et me voilà sur le seuil de ma maison que je m’ apprête à quitter.
Je vais le franchir tout va changer, et je repense à mon compagnon le météorite, vestige du fameux big bang.
 
En ce temps n’y avait rien et une seconde après…
Quelle Seconde Magique ce dût être ! Belle, mystérieuse, quasi mystique, qui fait tout basculer et propulse, sur une trajectoire, une perpétuelle marche avant à l’image de ce caillou, voyageur interstellaire, minuscule miette d’univers, qui aura traversé l’insondable Espace nous surplombant pour conclure son embardée loufoque sur notre Terre, dans une pièce mal éclairée et poussiéreuse et enfin parader devant mon regard d’enfant émerveillé jusqu’à la fin de mon temps à moi, notre temps à nous tous.
 
Et je suis parti. Bus, train de banlieue et grande ligne, au gré des jours, des semaines des mois, copie tracée sur papier calque de la particule primaire lancée dans le cosmos primitif, j’abordais mon odyssée dans ma galaxie terrienne.
Durant la principale partie de mon avancée, j’ai bourlingué au cœur palpitant de fortunes éparses, mon appétence en évidence, comme une baïonnette posé bout du canon, quand le moment arrive pour partir au front.
Mes champs de bataille, c’était un globe de presque 40 000km d’un point à l’autre.
Mon passeport en poche, les frontières devant moi décuplèrent encore plus mon énergie cinétique.
 
Bien des lieux, monuments, méritent d’être vus. Le soleil couchant sur les pierres blanches en granit du château d’Amboise, les odeurs de pins l’été dans les gorges du Tarn, bien des œuvres sont à découvrir : Radeau de la Méduse, le couronnement de Napoléon, des livres d’Irving, Pagnol, Bradbury ou Simon valent une lecture paisible, ne serait ce qu’une fois. Mais moi, l’émotion qui m’a chopée, me chope et me chopera toujours en refermant les crocs de ses mâchoires sur mon cœur, en jouant de lui comme un simple bout de barbaque, lorsque je me retrouve face à de ses vestiges de notre passé antique, autant « d’astéroïdes » édifiés par la main humaine qui, après une traversée en funambule sur fil de plomb des siècles et millénaires, s’érigent en conteur des légendes d’autrefois. J’aimerais vous décrire avec justesse ce qu’on ressent quand à la sortie du canyon forgé par une rivière fossile il y est milliers d’années, on voit la ville Pétra dans le désert de Jordanie, sculptée dans la roche rouge témoignage d’une civilisation nabatéenne disparue.
 
Si vous saviez tout ce que mes yeux ont vu.
Si vous saviez tout ce que mes yeux ont vu. J’en deviendrais vite intarissable.
Et si je dois vous causer de mes déserts, celui du Yémen, celui de Namibie, de la grande plaine du Dakota, les Moaï de l’Île de Pâques, le Colisée de Rome, le Mur d’Adrien, Stonehenge, le temps me manquera.
Les hommes, la société, les civilisations vont, viennent, naissent grandissent meurent et se remplacent l’une par l’autre, mais leurs histoires, leurs mémoires subsistent au travers les pierres qu’elles taillent et laissent sur le bords de notre course éperdue dans le feu de notre existence.
Et si c’est ça que ma pierre spatiale, celle de ma jeunesse, cherchait à me dire… ?
...
DES ÂMES, DU VENT ET DE LA POUSSIÈRE
De nouveau sur la route et encore une fois ma trajectoire en diagonale.
On a quitté Oaxaca au Mexique, le souvenir de mon séjour ne me lâche pas d’un pouce. Au départ j’étais juste en transit là-bas, à la recherche d’un moyen de transport pour me rendre au Pérou. J’avais trouvé une chambre dans une pension de famille, pour me reposer, chez Ana-Lucia. Toute la ville se préparait à El Dias del Muertos, la Fête des Morts. Chaque année, au début de Novembre, on invite l’âme des défunts à festoyer et danser avec les Vivants. Des costumes de squelettes envahissent les rues sur des rythmes endiablés. La Mort est moquée et tournée en dérision et les Âmes des Trépassés qui la côtoient depuis, sont accueillies à bras ouverts.
Chaque famille honore ses disparus, prépare des offrandes à leurs égards en confectionnant des plats et des pains spéciaux à la farine de maïs, décorés de figurines en terre. Ana-Lucia m’a convié à m’asseoir à sa table au côté de sa famille, pour partager leur festin destiné à saluer la mémoire de son mari, Fidel, qui venait de les quitter. Autour de moi, certains tapaient contre les murs ou avec un marteau sur des marmites, toutes les portes et fenêtres demeuraient grandes ouvertes, pour que l’Esprit des Disparus ne rentre pas la maison. On a mangé du Molé et des Tacos, on a bu de la Cerveza et du Mescal.
Tout autour de moi aucune tristesse, juste une allégresse ambiante de se retrouver à nouveau réunis entre vivants et présences invisibles. Tout ce monde chantait, riait, au son des mariachis. Ana-Lucia m’a regardé et m’a demandé, en buvant une gorgée de tequila :
– C’est Pour Fidel ! C’est ta première Fêtes des Morts ?
– Oui, chez moi, la Toussaint ça n’a rien a voir, j’ai répondu.
Et elle enchaîne :
– Pour nous ce sont des jours importants, on retrouve durant quelques heures celles et ceux qui voyagent ailleurs dans ce pays voisin transparent. On ne les voit pas mais ils sont là, crois-moi.
Elle a tourné les talons pour repartir en dansant vers la cuisine.
Près de moi, Miguel, son frère :
– Si tu avais connu Fidel, je pense que vous vous serez bien accordés. Vous avez la même attitude rêveuse. Si tu avais pu les voir ensemble, je leur disais toujours, toi et Ana-Lucia, Madre de Dios, à vous deux vous êtes la personne parfaite.
Puis, il ajoute :
– Je vais t’expliquer la véritable histoire de cette journée. Il faut remonter très loin dans le temps et l’espace. Dans les croyances précolombiennes, bien avant les Aztèques, quand on mourrait on effectuait un voyage qui durait quatre ans, au cours duquel l’Esprit du mort devaient traverser neuf mondes et surmonter de multiples épreuves, pour parvenir enfin au Mitlàn, le lieu du repos éternel, faire partie d’un tout. Et une fois l’an, ils reviennent nous saluer ; et nous avec tout ça on les salue en retour.
 
Le soir commençait à tomber, tout le monde s’est mis en route, on est parti vers le cimetière pour se retrouver sur la tombe de Fidel. De partout, des bougies, de la musique, la fumée odorante du copal, sorte d’encens à base de résine et sciure de bois, et des bouquets de cumpasuchil, ses fleurs orange, spécifiques pour cette célébration.
On est restés là, jusqu’au lever du jour, et on est rentrés.
La tête alourdie par la bière et trop de tequila, je buvais un café très fort pour me réveiller.
Ana-Lucia se tenait près de moi, en fumant une cigarette. Toujours son petit sourire au coin des lèvres, elle me demande :
– Pourquoi le Pérou ? Il y a une Chiquita, une femme qui t’ attends là-bas ?
– Oui, j’ai répondu, mais pas comme tu l’imagine !
Et comme les effluves de l’alcool ingurgité tout au long de la journée précédente stagnaient encore dans mes cellules et que la caféine n’agissait pas encore, en pleine désinhibition, je me suis mis à lui raconter ma vie, mon histoire obsédante avec les vieux cailloux de du cosmos, ma fascination pour les ruines du passé, la véritable raison de mon odyssée.
Et je lui parlais du Pérou, des géoglyphes mystérieux du désert de Nazca et de Maria.
Tous ces alliés complices qui ont, un soir, pris en otage ma curiosité maladive, expliquant ma position actuelle en temps et heures sur ce bout d’espace terrestre.
 
Voilà plusieurs mois, dans ma chambre d’auberge de jeunesse de Vik, en Islande, à quelques mètres d’une plage de sable et galets noirs, minuscules fragments de la lave basaltique qui recouvre la région, je ne trouvais pas le sommeil. Je passais d’une chaîne à l’autre sur ma télé sans savoir, d’un coup je tombe sur un vieux reportage en noir et blanc, le visage patiné par le temps de Maria Reiche la dame de Nasca, et son désert insolite inondèrent ma fenêtre cathodique.
Il y a plus de 2000 ans, au Sud du Pérou, le peuple Nazca, ancêtres des Incas, gravaient dans ce désert où il n’y a presque pas de vent, où il ne pleut presque jamais, des œuvres monumentales et, aussi incroyable que cela puisse paraître, cette relique humaine est demeurée secrète durant plusieurs siècles. A la fin des années 20, des archéologues grimpent une colline observent dans cette vallée de curieux sillons, ils n’y prêtent peu d’attention, pensent que ce sont justes d’anciens chemins d’irrigation. En fait ils ignorent encore qu’ils viennent de mettre à jour un trésor du monde, passé et actuel. Le reportage montra alors une vision aérienne en noir et blanc du site et les figures apparurent, un homme stylisé de plus de 30 mètres, un colibri, un singe, un poisson. Et Maria repris sa narration, elle avoua que depuis son arrivé, dans les années 40, elle avait répertorié plus de 800 lignes dont certaines s’étalent sur plusieurs kilomètres et des centaines de gravures titanesques, passant chaque jour à les dessiner, classer et à les balayer toutes ces lignes au fur et à mesure.
 
Imaginer, son corps voûté, courbé par l’âge, suivant chaque trace avec son balai, pour éloigner cette poussière du temps, figée sur ce morceau de monde…
Bien des théories, par la suite, furent échafaudées, des plus farfelues aux plus hypothétiques, mais c’est Maria qui, à force de les côtoyer, a révélé leurs véritables fonctions, un gigantesque horoscope céleste à destination des dieux.
La région était oubliée, voire juste un point sur la carte, mais tout son travail colossal accompli à remis à jour et rendu célèbre ce pays désertique. Son combat pour la préservation aboutit le jour elle réussit à le faire classer au patrimoine de l’humanité. Aujourd’hui, elle repose juste en face de ses lignes.
 
Trouvant ensuite une once d’évasion dans mon sommeil paradoxal, je fis des rêves peuplés de traits entremêlés et animaux au contours bizarroïdes. A mon réveil, l’aube pointait son museau, une évidence me pétrifia, il fallait que je parte, que je découvre par moi-même, ce fragment d’histoire démesuré. Après la traversée d’une mer, d’un océan et d’un continent, je touche presque qu’au but. Quand j’ai fini de lui parler de tout ça, Ana-Lucia a jeté sa cigarette, a fixé ses yeux dans les miens, elle a juste dit :
– En route je t’emmène là-bas.
Guatemala, Nicaragua, Équateur, Colombie, notre périple touche presque à son but.
On roule toujours, on a quitté Lima depuis six heures.
Le soleil se dandine tout en haut du vieux combi Volkswagen pour que la chaleur dans l’habitacle s’en donne à cœur joie. J’ai très soif, on a fini les dernières bouteilles d’eau et nos sodas qui, même tièdes et éventés, nous auront bien dépannés. Pas de station-service ou de drugstores en vue. La Pan Americana, long serpent de bitume, s’étale devant nous au milieu du sol aride et rien qui bouge.
Mon dos accuse le coup de ce voyage interminable, les amortisseurs du véhicule, s’ils existent encore et au vu du ressenti de mes lombaires, ils ne servent plus à rien. Sans doute aussi vieux et usés que cet espace au visage lunaire que nous parcourons.
A côté de moi, mains scotchées au volant, pied figé sur l’accélérateur pour mieux faire couiner les roulements à bille du moteur, Ana-Lucia, ma conductrice et guide imprévue, n’arrête pas de sourire et me regarde en fredonnant les paroles d’une chanson qui bourdonne dans la radio :  Cuando el viaje acabe, tal vez sea feliz...
Avec mon espagnol sud-américain un peu bancal ça se traduit ainsi : quand le voyage sera terminé, peut être que je serai heureux. Devrais-je me sentir tout à coup concerné, moi qui parcourt notre monde depuis si longtemps ?
Et elle éclate de rire, comme pour me narguer. Le vent de la vitesse qui s’engouffre par la vitre absente de sa portière se joue de ses longs cheveux noirs grisonnants, comme les filaments désordonnés d’une comète espiègle.
Je m’assoupis quelques minutes. Un coup de frein, me secoue, je me cogne contre ma vitre.
Ana-Lucia se tient hors du fourgon. Je la rejoins.
– Regarde ! Sur le sol, m’intime-t-elle.
Et je regarde, de part et d’autre de la nationale, un long sillon coupé par le goudron. Sans un mot, nos pensées se rejoignent, et on suit l’une d’elle. Elle escalade la pente d’une colline, on adopte en parallèle cette même trajectoire, et on arrive, avec elle, tout au sommet. Les pierres roulent sous nos pas, il fait chaud, l’atmosphère ambiante est sèche. Et puis il y a ce petit sifflement, ce mince filet de vent qui flirte avec les rochers chauffés à blancs. Et puis je sens une main qui se met à serrer très fort mon avant-bras. Je regarde Ana-Lucia, elle pointe son doigt, mes yeux suivent cette direction et dans ce presque silence, comme figé dans une sorte d’Espace-Temps, je les parcours, les paupières grandes ouvertes, ébahi. Les Lignes de Maria, elles partent dans toutes les directions, de manières précises et mystérieuses. Inimaginable de songer un seul instant que des milliers d’années auparavant des personnes aient pu concevoir pareil ouvrage, le témoin silencieux d’une épopée humaine aujourd’hui disparue.
Tout à coup Ana-Lucia éclate de rire.
– Et ta Maria elle a balayé tout çà ?
On est restés là, jusqu’au coucher du soleil, on avait faim, soif, on avait besoin d’une bonne douche, on a repris la route jusqu’à la ville. On a laissé le soir venir, recouvrir une fois de plus le désert de ses secrets et sa légende. A mesure que la voiture s’éloignait, j’ai compris que, parfois, on passe son temps a chercher des réponses qu’on ne trouvera sans doute jamais, que certaines doivent restées ainsi, irrésolues et clandestines.
Il était temps pour moi, de rentrer.
...
AMAZONIA
 
Le soir tombe sur Copacabana, le Corcovado et son Christ en béton se drapent d’orange. Depuis le début de mes voyages, c’est bien la première fois que le mal de chez moi se manifeste. Comme un petit mordillement, sur le bord de ma carte mémoire qui sauvegarde mes souvenirs originels.
Le soleil se barre de plus en plus. Au loin, en pleine perpendiculaire de ma chambre d’hôtel, une autre lumière s’allume, électrique, une carapace fluorescente d’un insecte chimérique. Un rugissement s’échappe de ses poumons translucides et tout d’un coup ça se met à cogner, comme la pulsation d’un cœur, aux battements de plus en plus réguliers, de plus en plus sourds, de plus en plus forts. Pareil au feulement d’un tigre subitement revenu à la vie, ce qui n’était que rumeur devient clameur, ce qui n’était que murmure devient bruit. Le sambodrome explose et Rio se réveille. Le tempo des batucadas claquent. Les sifflets enflamment l’espace. De ma rambarde, je distingue le haut des gradins, qui se soulève, balance, sans interruption, comme la crête en écumes multicolores d’une vague emportée par le tumulte frénétique et incandescent des rythmes de la Samba des Cariocas.
Et d’un coup l’espace-temps me téléporte à un moment de mon enfance, du carnaval dans ma ville, pas le corso qui défilait dans le centre, non, celui qui s’animait dans mon quartier. Un carnaval fait de bric et de broc, où la farine remplaçait les confettis. Où on se masquait avec des bouts de cartons, se déguisait en costumes de feuilles crépons. Un seau vide devenait un tambour sur lequel on tapait avec des baguettes en bouts de cagettes. On slalomait entre les grosses têtes biscornues en papier mâché et les caddies de supermarché transformés, pour l’occasion, en chars royaux. Et cette cohue bringuebalante terminait son périple tonitruant sur la place du marché, dans un tintamarre ahurissant et dissonant.
Quand tout le monde s’en allait, il ne restait plus sur le trottoir comme une espèce de neige volatile et vaporeuse, prête à s’envoler aux premières bribes de vent.
Je reviens de mon voyage extra-temporel, devant moi la fête redouble de danses, de sons endiablés d’une foule qui se déchaîne. Ça hurle, ça chante, ça crie.
Le bruit c’est la vie. Ici encore plus qu’ailleurs. Et la nuit commence à peine...
...
DES RÊVES DE POUSSIÈRE
Après avoir tant parcouru ce monde du nord au sud, d’est en ouest, me revoilà revenu à mon point de départ, le seuil de ma porte retraversé en sens inverse. Après avoir parcouru tant de lieux des plus peuplés aux plus désertiques, côtoyé des personnes des plus solitaires aux plus chaleureuses. Je me remémore chaque paysage, chaque visage.
Plusieurs jours se sont écoulés depuis mon retour, le regard accroché à ma tasse de café, posée sur cette table pleine de poussière, que j’arrive toujours pas à ôter, comme si elle conservait en elle le témoignage fossilisé de ma si longue absence.
Après avoir vécu tout ça, je déchiffre au travers toutes mes trajectoires, toutes ces lignes, ces traces qui j’ai suivies, que les véritables trésors, ils subsistent, sur une île éperdue qui flotte quelque part à l’intérieur de nous.
Qu’il n’existe aucune richesse, que ce soit sur cette Terre, dans un quelconque recoin inexploré de l’UNIVERS, sur une galaxie inaccessible, que cette fortune de vivre, respirer, et sentir cette pulsation unique, qui se nomme Cœur.
Que le meilleur voyage qui soit, que l’on doive entreprendre, c’est celui d’apprendre à le connaître. La direction la plus ultime, demeure celle qui nous mènera toujours à lui. Je repense à cette chanson qui dit :
« C’est pas moi qui est fait des voyages, c’est les voyages qui m’ont fait… »
A présent à vous de faire le votre de Voyage…
 
Jean-Michel ANDREIS

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Rédigé par Atelier Ecriture

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