Publié le 17 Mars 2022
Elle a disparu. Tout simplement, comme l'odeur d'un feu de bois qui nous quitte après avoir fuit l'âtre qui lui avait donné naissance. La fumée s'était échappée en trouvant son chemin à travers les tuiles cassées d'un toit qui n'en était plus un.
Les murs en torchis de cette masure ne justifiaient pas la nécessité d'une porte. Un simple rideau suffisait. En l'écartant, je savais si l'aurore naissante était l’ambassadeur du dieu soleil, et si ses rayons bienfaisants allaient inonder de lumière les gouttes de rosée qui se déposeraient sur les pétales des fleurs sauvages qui s'étaient installées dans le décor qu'elles avaient choisies autour de ce misérable logis.
Si l'astre divin avait choisi de prendre un repos mérité, le ciel perdrait sa robe bleue et, venues d'on ne sait où, des nuées noires, éclairées furtivement par des éclairs, viendraient prendre leurs parts du festin. Tout un chacun saurait alors que l'hiver venait de remplacer l'automne.
Chaque fois que mes yeux se noient dans ces images qui participent à ma vie, je me rends compte de la fugacité de chaque saison et du peu de poids qu'elles représentent face à la nature qui m'entoure.
Le silence de la forêt m'apprend que la vie ne s'est pas encore réveillée. Ce instant de sérénité et du repos de l'âme ne devrait jamais s'éteindre. Malheureusement l'instant, comme son nom l'indique, ne dure qu'un instant. Allons ! Les souvenirs ne sont qu'un livre d'histoire dont les pages se tournent à grande vitesse et que l'on n'a pas toujours envie de consulter. Il est temps de retrouver la réalité, même si nous savons que notre vie n'est qu'un court passage dans le carrousel de l'existence.