Publié le 5 Février 2022

 

En italique, des passages empruntés à Nadine, Inge et Bernard

 

Au cœur de la jungle amazonienne,

ce rai qui sourd de presque un soleil,

se fraie un chemin sous la canopée.

Des rayons lumineux irisent les perles d'eau qui dessinent l'humide.


Les rangers de Corinne s'enfoncent dans le sol boueux où se pêle-mêle,

branches mortes lianes en folie et baobabs en hauteur,

des nuées d'insectes, peut être aussi des reptiles en sursis...

 

Corinne, parce ce que sportive et très téméraire a été sélectionnée

parmi un grand nombre de candidats chercheurs.

Elle devra, avec deux autres scientifiques, Yann et John

planter la tente et monter un laboratoire éphémère

pour étudier une nouvelle race de singes

une seule fois aperçue par l'humain,

le singe aux oreilles cousues.

 

Depuis ce matin Corinne se bat avec les éléments.

Elle trace le passage lentement mais méthodiquement,

une carte IGN dans sa main gauche

et une machette très tranchante dans sa main droite.

 

On entend, là haut, tout là haut, des éclats de sons inconnus,

une résonance glauque à un écho macabre, des cris qui percent.

 

Sous cette cathédrale de vert,

les coins de ciel échapperont délibérément à son œil.

 

Quoi qu'il en soit, Corinne n'a pas le temps de se poser des questions.

Elle doit atteindre le plateau Yuzou avant la nuit.

 

Après plusieurs heures de progression elle arrive à un marécage.

Il est habité. On entend des propriétaires en discorde avec les locataires.

Mais qui sont donc ces serpents qui sifflent sur sa tête,

à la Racine des cimes ?

Dans ce paradis perdu aux odeurs d'inconnu,

des corps glissent, d'autres ondulent, quelque uns s'enroulent.

Certains pendent comme des colliers mélangés à des sautoirs.

 

Les coins de ciel échapperont encore une fois à son œil.

Corinne se dit forte de la machette.

Même si ses phalanges vont jusqu'au sang,

ce ne sera que secondaire.

 

Dans cet univers hostile, glaçant et peuplé d'inconnu, elle avance.

Elle devra arriver au plateau Yuzou avant la nuit.

 

Soudain c'est l'angoisse.

Elle ne retrouve plus son GPS ni sa lampe frontale.

Elle en aura vraiment besoin d'ici peu.

Seul, un pâle rayon de soleil couchant caresse désormais son inquiétude.

 

A La moiteur du lieu se mélange le tiède du corps qui transpire

pourtant Corinne continue à lutter avec le vert de la végétation.

Elle ne pense pas, elle ne pense plus, elle avance.

 

Par bonheur ou par hasard

elle finit pas déboucher dans le creusé d'un ruisseau,

des eaux récemment sorties de leur lit qui n'avaient plus sommeil.

 

Là-haut les branches s'écartent sur le ciel.

Le bleu nuit se découpe doucement.

Enfin une ouverture. Le point G du plateau du Yuzou.

 

Aux sueurs froides d'une soudaine peur panique

succèdent le sourire puis le rire, un rire nerveux,

puis un fou rire qui n'en finit pas.

Il résonne, il s'étire, il communique entre les troncs moussus

et les galets qui roulent leurs bosses.

 

Ils ont entendu. D'abord un, puis deux puis d'autres,

les singes tout à coup se manifestent.

Ils se balancent tout en souplesse, loin et haut dans le végétal.

Corinne a d'abord du mal à les apercevoir

mais bientôt ils se rapprochent.

 

Un bébé s'aventure tout près d'elle, les oreilles cousues.

Les parents l'on décidé. Il n'entend plus rien,

pourtant, ils l'aiment leur petit.

 

Ils ne veulent pas, pas tout de suite,

que leur enfant pleure sur le bruit des idées,

perdu parmi les gémissements du monde,

de cette terre qui s'effrite inexorablement,

de ces mers qui passent par dessus bord,

de tous ces êtres qui ne savent plus où ils vont,

ni qui ils sont devenus.

 

Vous êtes peut-être médusés ou simplement surpris

mais vous l'entendez cette histoire,

finalement cette histoire, elle est cousue avec du fil blanc.

 

Un fil, blanc, si ténu qui nous lie chacun, chacune

On tire trop fort. Il boucle sur les nœuds

Il a déjà cassé par endroits laissant un trou naissant

dans la couche raisonnable du monde.

 

La planète devra désormais dérouler une autre bobine,

celle du fil rouge.

Certains se faufilent heureusement entre les guerres,

d'autres entre les cons.

On les veut nombreuses, très nombreuses ces parenthèses

pour sauver le bleu de notre orange

car tapis dans l'ombre, le fil noir attend.

 

Il s'apprêterait à en découdre si jamais...

 

Parfois il suffit d'un rien, trois petites touches de fils de couleur

pour changer la face du monde.

 

Dany-L

 

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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Divers

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Publié le 4 Février 2022

 

Avec, en italique, des extraits de textes de Brigitte, Fernand, Benoit

 

Tout petit déjà, Antoine était compliqué. Il avait beaucoup de mal avec l’autorité. A l’école, il s’ennuyait, ne comprenait pas le but des exercices qu’on lui imposait, refusait la docilité que montraient ses camarades.

Il faut dire que rien n’était simple pour ce petit bonhomme depuis l’enfance. Chaque tâche était rendue éprouvante du fait qu’il n’arrivait pas à gérer toutes les pensées qui l’assaillaient à la minute.

Il se souvient encore de sa sensation de ne jamais être à la hauteur , ce qui l’avait rendu, à la longue, solitaire et hermétique aux moindres critiques.

C’était certain, les murs qu’il avait forgés entre les autres et lui ne pouvaient que le préserver de ce décalage dont il n’avait jamais compris la cause. Tout était comme s’il n’avait pas eu le temps de savourer son innocence et l’inconscience qui l’accompagne. Il savait tout, sans comprendre comment il faisait et cela agrandissait son malaise intérieur. De plus, il était difficile de gérer son hypersensibilité qui amplifiait sa perception des choses, entre le tout et le rien.

Les années passant, Antoine avait trouvé des stratagèmes pour vivre tout simplement et oublier ses débuts difficiles qui lui laissaient le goût amer du jugement d’autrui.

Aujourd’hui, il se tenait là, devant ce spécialiste qui détenait la réponse tant attendue. « Vous êtes haut potentiel M.Segura. »

Antoine se sentit soulagé d’un énorme poids tout d’un coup. Il s’intéressa alors à cette notion de zèbre et décida d’aller se documenter à la bibliothèque. Quelle ironie pour un petit garçon qui détestait rester tranquille devant un livre !

Il comprit que c’était la première fois de sa vie qu’il n’avait pas honte de lui-même. Et il en avait fait du chemin pour savourer ce précieux moment de plénitude.

Il entra alors dans ce magnifique lieu datant probablement du 18ème siècle, dans lequel les livres apportaient chacun un peu de leur âme. Il en ouvrit un et lu un message délicatement calligraphié à la plume, posé sur un bout de papier : « Il était temps que vous compreniez. »

Le palpitant en hausse, Antoine ne put contenir son stress. Lui qui avait appris à le gérer fut tout d’un coup victime de vertiges.

« Qu’on me réveille, s’il vous plaît, que je sorte de cette tourmente ! » hurla-t-il dans son for intérieur.

Il en était d’autant plus perturbé que, n’étant pas du genre à se confier facilement, personne ne connaissait ses doutes et ses démons du passé.

Il sentit que l’on l’observait désormais. A peine le temps de se remettre de ses émotions, il trouva l’énergie pour reprendre ses esprits et défila dans les allées avec pour seul objectif : trouver l’auteur.

Pendant ce temps, un vieil ouvrage se trouvait là, immobile et caché parmi des centaines d’autres bouquins.

Antoine ne se doutait pas une seconde qu’en poussant ce dernier, il ferait le pas qui changerait sa vie à jamais.

« Excusez-moi Madame, serait-il possible de parler au responsable de la sécurité de votre bibliothèque ? »  gémit-il, le teint livide. Pris de paranoïa, le jeune homme se surprit d’ailleurs à se demander si cette dernière ne faisait pas partie de toute cette manigance.

La femme l’emmena au fond de l’établissement en direction de la salle de vidéosurveillance.

Antoine se persuadait qu’enfin il sortirait de cet enfer, quand tout à coup, son intuition guida son regard vers l’angle de la bibliothèque, et ce qu’il aperçut entre les étagères le laissa sans voix.

Dans la plus grande discrétion, une encyclopédie venait de tomber au sol, toute seule.

« Merci, c’est bon, je ne veux finalement pas me prendre la tête pour une histoire de caméra, la vie est tellement courte ! » feignit-il à l’employée.

Puis d’un bond, il observa l’énorme ouvrage et le reposa à sa place initiale.

Un quart de seconde après, il se releva, abasourdi. « Mais où suis-je ? »

Il se situait dans une ruelle quelque part dans le Monde à une époque encore incertaine. Le lieu était obscur et il entendait les sabots des chevaux taper contre les pavés mouillés par l’humidité ambiante.

Il marcha alors dans une ruelle n’inspirant pas confiance, qui serpentait entre deux immeubles aux façades décrépies, sans savoir où ses pas le conduiraient.

Bientôt, il aperçut un château élevé au loin sur une colline et accolé à une bâtisse en pierre blanche. Il pouvait voir une lumière au travers d’une petite fenêtre, signe d’une insomnie ou d’un travail approfondi en cette heure tardive.

Un homme se tenait à sa droite avec un enfant.

« Qui vit là-bas papa ? » demanda le petit garçon.

« François 1er vit ici et tu vois en face, c’est son fidèle ami, Léonard de Vinci en personne. » expliqua le père.

Antoine fit le lien, cette encyclopédie l’avait mené vers l’un des plus grands surdoués de l’Histoire, rien que ça !

Désormais, il marchait jusqu’à sa porte et toqua.

Un jeune homme à moitié dénudé lui ouvrit. Il dégageait un côté mi ange mi démon, mi doux mi insolent provenant à la fois de son jeune âge mais d’une personnalité déjà bien affirmée.

Sous ses airs fantasques, il émanait d’une beauté telle que l’on savait que du sang d’Italie coulait dans ses veines.

Avec des brides d’italien, Antoine lui demanda s’il pouvait parler au grand savant qui logeait en ses lieux.

Le jeune homme lui répondit dans un français maîtrisé. « Vous voulez voir notre fameux génie ! Mais quel culot ! » rétorqua-t-il, puis voyant la gêne dans les yeux d’Antoine, il reprit : « Je vous taquine bien sûr ! Vous êtes l’un des rares à oser faire ce pas, nous étions en train de faire une pause. »

D’un air dubitatif, Antoine suivit ce qu’il supposa être le modèle de De Vinci.

Il arriva dans une superbe pièce où il y trouva des esquisses accrochées au mur, traduisant entre autres ses premières recherches sur l’invention de l’aviation. Son coup de crayon et les mesures mentionnées laissaient percevoir le nombre d’heures à réfléchir à cet ambitieux projet.

A côté se tenaient des livres riches de connaissances, tous laissés entrouverts à des pages dont chacune avait contribuer à alimenter la créativité de Léonard.

Sur la gauche, des peintures d’hommes nus, dont le jeune homme présenté récemment, et des toiles de femmes intrépides qu’il avait reproduites en y ajoutant sa touche rendant l’œuvre unique. Et la mystérieuse Joconde.

« Mais quel honneur d’être ici ! » s’avoua Antoine.

« Je déteste étudier. » lâcha Léonard sur un ton ironique.

Antoine était déjà intimidé mais encore plus en découvrant qu’il était non seulement face à un génie, mais aussi un homme qui utilisait l’humour avec une telle classe et habilité.

« Vous parlez français ? » demanda Antoine.

« Je parle huit langues Monsieur » lui répondit-il avec amusement, « Monsieur comment déjà ? »

« Pardon, je ne me suis pas présenté : Antoine Segura, ravi de vous rencontrer. » exclama sincèrement Antoine.

« Enchanté M.Segura. Que me vaut le plaisir de votre visite ? » s’interrogea De Vinci.

« Excusez ma venue improvisée, j’ai ressenti un besoin de venir, je … »

« J’adore les surprises ! N’est-ce pas cela la vie ? L’imprévu ! » interrompit Léonard.

Puis il poursuivit : « Vous savez Antoine, il ne faut pas avoir peur de la Vie. Chacun de nous avons les cartes en main et les ressources suffisantes pour les jouer, en tirer des conclusions et avancer.

Nous sommes les façonneurs de notre existence, qu’importe notre vécu et la gravité de nos expériences passées. Le secret est d’aimer. Vous voyez, pour ma part, j’aime profondément me remplir de connaissances et les utiliser à bon escient, pour faire progresser les esprits, c’est ma contribution au Monde. Vous pensez que c’est facile pour moi n’est-ce pas ? Que j’ai un don du ciel ?

Trop de personnes mêlent le ciel à tout cela, moi je crois en la volonté qui en sommeille en nous et non à l’extérieur. Je suis comme vous, seulement j’ai appris à mettre mes pensées limitantes en ma faveur et à me concentrer sur ce que j’aime, ce qui prend sens pour moi. J’ai un énorme potentiel, certes, mais que serait-il si je ne croyais pas en moi et ne m’étais pas un peu mon cœur dans chacune de mes recherches ?

Le travail n’est pas qu’extérieur, il est majoritairement introspectif, le reste suivra… Croyez-moi, allez vers vous et aimez, M.Segura, c’est là le but de la Vie. » expliqua le savant.

A ses mots, en l’espace d’une minute, Antoine conscientisa ce qu’il était vraiment venu chercher.

« Rares sont les gens qui viennent chez moi. J’impressionne apparemment. Mais vous vous avez eu cette curiosité et cette audace de venir me parler directement en dépit des opinions et de vos peurs.

Je sens que vous et moi avons cette même aptitude à apprendre, et ce soir vous découvrez que vous devez l’accepter et y mettre votre part humaine.

N’ayez pas peur de vos émotions, même les plus désagréables, elles sont vos guides. » poursuivit De Vinci.

« Comment savez vous que c’est ce que j’avais besoin d’entendre ? » dit Antoine subjugué.

« Votre manière d’être et votre façon si gênée de débarquer jusqu’à cette pièce. Je vous sentais en proie à vos doutes, mais faites-en plutôt vos alliés. Car moi , j’ai vu en vous de la conviction, tout le monde en possède mais ne la concrétise pas forcément, et c’est comme si vous vous en excusiez en plus ! » s’amusa le peintre.

Soudain, le jeune modèle fit tomber un ouvrage au sol et le remit à sa place.

Antoine se réveilla, il se tenait avachi sur une des tables de la bibliothèque.

Le temps de réaliser qu’il venait de faire un incroyable voyage dans un subconscient trop longtemps laissé pour compte, il se sentit enfin maître de lui-même et libéré du poids de ses émotions, et décida de se séparer de son enfance, maintenant il pouvait se débarrasser de tout, à l’exception de ce qui faisait vraiment vibrer son âme.

 

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Rédigé par Emma

Publié dans #Confinement

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Publié le 2 Février 2022

La petite lampe vacille. Les reflets sur la page blanche tremblent. L’ombre de l’abat jour ballotté par l’éclat de l’ampoule capricieuse escalade les murs, dégringole et se fixe sur le regard du rédacteur. J’écris avec frénésie (extrait d’un texte de Gerald)

Mon rapport qui pour mon supérieur semblait d’une importance capitale. La moiteur du bureau faisait couler de mon visage de grosses gouttes de sueur, que j’épongeais à l’aide de mon grand mouchoir à carreaux noir et blanc.

Je me remémorais la scène et la vision du cadavre aperçu du pas de la porte pour comme ils m’ont dit ne pas souiller la scène du crime. Elle était allongée en travers du lit. Que faisait elle la loin de son domicile qui d’après ses papiers se situait dans le quartier est de la ville. Pourquoi le chef tenait il à ce que je lui fournisse rapidement une solution à ce crime.

La petite lampe du bureau continuait à vaciller en projetant des reflets sur ma page blanche qui demeurait désespérément vide. Cette affaire, c’était peut-être l’affaire de ma vie, moi inspecteur débutant, je me voyais comme l’éclat de l’ampoule capricieuse escalader les échelons de la hiérarchie. Alors je me suis mis à écrire avec frénésie.

De là ou je me trouvais j’ai pu voir le corps qui était la au beau milieu d’un grand lit, elle était nue et ne bougeait plus. Seul le soleil jouait à faire vivre les ombres dans cette pièce plongée dans un silence de mort. Un de la scientifique, la couvrit avec un drap trouvé dans l’armoire. Un parfum de lavande envahit la chambre me faisant oublier le pourquoi j’étais la.

  • Alors ce rapport il arrive cria le chef depuis son bureau

Je me mis comme les reflets sur la page blanche à trembler en essayant de me rappeler les cours de l’école de police. Ma feuille termina dans la corbeille, que pouvais-je lui dire. Je pris une nouvelle feuille sur laquelle j’écrivis :

  • Elle était morte

Je restais là silencieux devant ces trois mots «  elle est morte » je venais là de rendre un jugement définitif sur la vie de cette jeune femme, que je ne connaissais pas. Pourtant, il avait se dit-il interrogé tous les voisins de l’immeuble. Il se repassa le film de la journée.

Tous les habitants défilent dans sa tête et là il se rend compte qu’il ne sait pas grand-chose d’eux. Depuis le départ de ma femme, je m’étais un peu réfugié dans le travail. Finalement il avait fallu que quelqu’un bouscule ses habitudes pour s’ouvrir aux autres. (Extrait d’un texte de Gerald)

C’est drôle se dit-il il a fallu une morte pour que je retrouve la vie. Le visage de la morte lui revint en mémoire. Elle semblait dormir qui avait osé lui retirer son droit de vivre ? Et lui qui était –il pour qu’en trois mots sans la connaitre il écrive son épitaphe sur un rapport qui allait terminer sur une des étagères poussiéreuses des archives de la criminelle. Non se dit-il ! Je saurais le pourquoi. Il se leva rentra dans le bureau du chef et il expliqua qu’elle ne pouvait pas être qu’un simple numéro dans un dossier non résolu. Il allait reprendre les éléments de l’enquête pour faire la lumière sur cette affaire. Le chef lui donna une semaine pas un jour de plus. Confiant dans sa réussite, il retourna interroger les habitants de l’immeuble.

Personne ne la connaissait !

Personne n’avait entendu quoi que ce soit !

Seule une voisine de palier se souvint, qu’elle pensait avoir entendu mais elle n’en était pas sure un bruit le fameux soir. Tout cela commençait mal, il pénétra dans la chambre après avoir retiré les scellées. Allait-elle lui fournir un début de piste ? Allait-elle parler pour l’aider dans sa quête de la vérité

Il restait là assis dans cette chambre où la lumière du monde pour elle s’était éteinte. Il se laissa envahir par le silence de la pièce que seul le tic tac de la pendule murale venait perturber. Il fouilla, l’armoire et le meuble de bureau.

Tandis que s’élève vers ses narines un bouquet de flaveurs boisées, suave et sauvages à la fois, le bouquet des essences perdues, ce jus amer et tendre où danse à jamais le grand cygne du lac (Extrait d’un texte de Nadine)

La mort du cygne de Saint-Saëns lui revint en mémoire, il imagina cette jeune femme dansant sur la pointe des pieds, tout là haut au paradis. Un bruit de porte le sortit de sa rêverie, ayant fait le tour de la pièce il referma emportant avec lui cette odeur capiteuse de lavande celle la même qu’il avait senti quand il avait découvert le corps. Les indices matériels étaient maigres. Quelques flacons rangés sur l’étagère de la salle de bains. Les parfums de marque Dior, Chanel qui contrastaient avec cette odeur de lavande entêtante l’invitèrent à suivre la piste olfactive.

De retour au commissariat, il relut en détail le rapport du légiste, avait-il oublié un détail ? Il apprit ainsi que la jeune femme était ce que l’on appelle un Nez dans le monde de la parfumerie et qu’elle avait un poste important dans l’entreprise de parfumerie Grassoise.

Le lendemain à la première heure il se rendit à la parfumerie pour en savoir un peu plus. Le directeur effondré lui apprit qu’elle venait de mettre au point un nouveau parfum qui allait bousculer le marché de la haute parfumerie. L’entreprise venait de remporter un marché international.

En continuant ses investigations auprès de ses camarades de laboratoire, il apprit qu’elle travaillait sur la dénaturation de la lavande pour en extraire la quintessence et ainsi libérer l’entreprise des aléas des producteurs de cette fleur. Sa découverte élevait son parfum sur le podium des plus grands.

Au mot lavande, son cerveau se mit en ébullition.

Non le parfum senti dans la chambre, sortait directement d’un super marché et ne pouvait rivaliser avec les grands. L’auteur du crime avait-il voulu lui faire comprendre l’importance de la fleur de lavande dans la réalisation du produit parfum ?

L’enquête devenait limpide, il fallait qu’il s’oriente vers les producteurs de cette fleur emblème de la Provence qui était en relation commerciale avec l’entreprise de Grasse.

Il n’eut pas de mal à trouver ce vieil horticulteur qui avait passé sa vie pour et dans la lavande et que la victime venait de détruire le pourquoi de son existence. Ils s’étaient donné rendez-vous pour essayer de discuter, mais la différence d’âge et la fougue de la jeunesse. Elle, elle écoutait d’une oreille et entendait de l’autre. Il l’a bousculé, elle est tombée sa tête heurtant le sol. Quand il réalisa ce qu’il venait de faire,il l’aspergea du parfum de lavande comme pour lui demander pardon.

Il n’avait pas voulu cela, c’était un accident.

 

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Rédigé par Bernard

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Publié le 2 Février 2022

Tandis que s’élève vers ses narines un bouquet de flaveurs boisées, suave et sauvages à la fois, le bouquet des essences perdues, ce jus amer et tendre où danse à jamais le grand cygne du lac (Extrait d’un texte de Nadine)

La mort du cygne de Saint-Saëns lui revint en mémoire, il imagina cette jeune femme dansant sur la pointe des pieds, tout là-haut au paradis. Un bruit de porte le sortit de sa rêverie, ayant fait le tour de la pièce il referma emportant avec lui cette odeur capiteuse de lavande celle la même qu’il avait senti quand il avait découvert le corps. Les indices matériels étaient maigres. Quelques flacons rangés sur l’étagère de la salle de bains. Les parfums de marque Dior, Chanel qui contrastaient avec cette odeur de lavande entêtante l’invitèrent à suivre la piste olfactive.

De retour au commissariat, il relut en détail le rapport du légiste, avait-il oublié un détail ? Il apprit ainsi que la jeune femme était ce que l’on appelle un Nez dans le monde de la parfumerie et qu’elle avait un poste important dans l’entreprise de parfumerie Grassoise.

Le lendemain à la première heure il se rendit à la parfumerie pour en savoir un peu plus. Le directeur effondré lui apprit qu’elle venait de mettre au point un nouveau parfum qui allait bousculer le marché de la haute parfumerie. L’entreprise venait de remporter un marché international.

En continuant ses investigations auprès de ses camarades de laboratoire, il apprit qu’elle travaillait sur la dénaturation de la lavande pour en extraire la quintessence et ainsi libérer l’entreprise des aléas des producteurs de cette fleur. Sa découverte élevait son parfum sur le podium des plus grands.

Au mot lavande, son cerveau se mit en ébullition.

Non le parfum senti dans la chambre, sortait directement d’un super marché et ne pouvait rivaliser avec les grands. L’auteur du crime avait-il voulu lui faire comprendre l’importance de la fleur de lavande dans la réalisation du produit parfum ?

L’enquête devenait limpide, il fallait qu’il s’oriente vers les producteurs de cette fleur emblème de la Provence qui était en relation commerciale avec l’entreprise de Grasse.

Il n’eut pas de mal à trouver ce vieil horticulteur qui avait passé sa vie pour et dans la lavande et que la victime venait de détruire le pourquoi de son existence. Ils s’étaient donné rendez-vous pour essayer de discuter, mais la différence d’âge et la fougue de la jeunesse. Elle, elle écoutait d’une oreille et entendait de l’autre. Il l’a bousculé, elle est tombée sa tête heurtant le sol. Quand il réalisa ce qu’il venait de faire, il l’aspergea du parfum de lavande comme pour lui demander pardon.

Il n’avait pas voulu cela, c’était un accident.

 

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Rédigé par Bernard

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Publié le 2 Février 2022

 

1) LE BANC

Avec un extrait de Françoise M. pour incipit.

Chaque après-midi quand le temps me le permet je m’assois sur « mon banc » – souvent seul – dans un jardin public parisien ; mais ce jour-là un jeune homme portant un violon s'assied à côté de moi.

Je ne l’ai pas reconnu tout de suite. J’ai juste vu un jean, un pull, des cheveux châtains, des lunettes, la silhouette d’un homme jeune, un violon, ou plutôt son étui, tout ça en l’espace d’une milliseconde. J’ai salué brièvement de la tête et me suis replongé dans mon bouquin.

Mais il avait rompu ma précieuse tranquillité. Sa présence sur ce banc m’empêche de me concentrer sur ma lecture. De plus, je sens son regard insistant sur moi, qui m’examine sans gêne.

Didier… ?

Diable ! Ce jeune homme connaît mon prénom.. Je lève la tête, le dévisage à mon tour.

Euh… oui, mais je ne vois pas trop…

Eric, on était en terminale ensemble.

Comme un abysse. Je tombe tout droit dans des souvenirs que je veux oublier. Le lycée Carnot, la salle de chimie, les éprouvettes… Je le détaille, c’est lui et ce n’est pas lui. Le Eric de ma classe de terminale est un rebelle à cheveux longs, crasseux, fume des joints dans les toilettes, embête les filles, et me persécute dès qu’il en a l’occasion. Mais le Eric qui se tient près de moi sur ce banc est propre, soigné et m’offre un regard amical. Quelle métamorphose ! Et un violon.. ? La seule musique qu’il écoutait à s’en faire péter les tympans était du métal sauvage, guttural, aux lignes de basses tonitruantes.

Je suis content de t’avoir retrouvé, me dit-il. Ça fait longtemps que je te cherche, tu sais. J’ai dû passer par les anciens du lycée, remonter les pistes. Personne ne savait ce que tu étais devenu, où tu habitais. Finalement, c’est Françoise qui m’a renseigné. Tu te souviens de Françoise ?

Françoise, une jolie brune sans histoire, discrète et sympa. Bien sûr que je m’en souviens…

Françoise crèche dans le quartier, me raconte Eric. Elle passe souvent par ce jardin, elle t’a reconnu, sur ce banc avec ton livre. Mais elle n’a jamais osé t’aborder à cause de… tu sais... Je crois bien qu’elle avait le béguin de toi à l’époque.

Première nouvelle ! Dommage que je n’ai pas eu le temps de m’en rendre compte. La colère monte en moi. Je le toise :

Pourquoi t’es là ? Qu’est-ce que tu veux ?

2) LE CARREAU CASSÉ

Avec un extrait de Nadine en italique

Eric regarde ses pieds, soupire, ouvre la bouche, la referme... cherche ses mots.

Je suis venu pour qu’on parle de ce qui s’est passé ce jour-là.

J’ai envie de fuir, ça remue trop la douleur, j’ai envie de hurler… Il pose sa main sur mon épaule.

C’est important pour toi et pour moi, faut mettre tout au clair, on vivra mieux après.

Pas l’impression qu’il vive si mal que ça lui, avec son violon ! C’est moi qui aurait dû l’avoir ce violon, c’est moi qui étais admis au conservatoire… J’ai envie de le tuer..

Il ajoute :

Il faut qu’on se rappelle les faits, le comment, le pourquoi.

Le comment, le pourquoi… la salle de chimie… un joli jour de mai ensoleillé. On était en classe devant nos éprouvettes à mélanger des trucs dont j’ai oublié le nom quand, près de moi, s’est approché un léger parfum. Françoise. Tellement belle… elle m’a demandé quelque chose, j’ai répondu, je la regardai en espérant trouver dans son regard un peu plus que de la simple camaraderie.. Pendant ce temps, derrière moi, sans bruit, le mal… Juste une ombre furtive, juste une odeur fugace… imprégnée dans T-shirt crasseux… l’odeur du pétard fraîchement fumé dans les chiottes… l’odeur d’Eric. Je me suis retourné, il était déjà retourné à sa place, il me toisait de son air narquois. Pourtant, j’ai bien senti sa présence dans mon dos. J’en suis sûr.

C’est à ce moment-là qu’est intervenu le professeur :

Mademoiselle, retournez donc à votre table.

Françoise est repartie vers ses tubes et moi, j’ai repris les miens là où je les avais laissés. Je m’en souviens encore : trois pincée de poudre violette dans l’éprouvette de gauche, mélange avec celle de droite et on devrait voir sortir du tube et se répandre sur la table une espèce de fumée blanche. Sauf que cette fois, il n’y a pas eu de fumée. Cette fois, quand j’ai mélangé les deux tubes, il y a eu une explosion.

Je me suis retrouvé assis par terre au milieu des débris, la main droite en sang. Devant moi, le carreau cassé et je ne sais pourquoi, sur le moment j’ai pensé qu’il avait été brisé par une balle tirée par un sniper. Et je voyais les feuilles du platane de la cour qui dansaient dans la brise, indifférentes au carnage. Ce carreau cassé, c’est le seul point tangible auquel je me suis accroché pendant quelques minutes... quelques heures… je ne sais pas, j’étais sourd et sonné.

Puis, les pompiers, l’hosto, l’opération, le handicap. Trois doigts arrachés, ma main droite, ou ce qu’il en reste, inerte. La vie qui bascule… adieu violon, adieu conservatoire.

Je suis resté longtemps prostré, enfermé dans un désarroi insondable.

Aujourd’hui, j’ai retrouvé quelque sérénité mais je rêve à ce carreau cassé. L'impact d'une balle, éphémère et précise, cible hallucinée d'un projectile perdu. Comme pour forcer le destin, mener le corps vers les cimes, échapper à l'enfer de la routine, de la rigueur.. retrouver l'élan vital !

Je n’y suis pas encore à l’élan vital mais j’y travaille et il n’est pas question que cet abruti vienne tout saccager une fois de plus.

3) LES AUTRES

Avec un extrait de Bernard pour la chute

Je le toise :

Tu peux me le dire aujourd’hui, ce que tu as mis dans mon éprouvette, lui dis-je.

Rien, je te jure, c’est pas moi, me répond-il.

Toujours la même musique… c’est pas moi… j’ai rien fait… Pourtant, à l’analyse des débris, on a retrouvé cette poudre dont j’ai oublié le nom, mais qui, mélangée au reste provoque une explosion.

J’ai senti ta présence dans mon dos, lui rétorquai-je.

Oui, je me suis déplacé pour écouter ce que tu racontais à Françoise. J’avais bien vu que tu lui plaisais et je voulais te la piquer.. C’est nul, je sais. J’étais un petit con à l’époque. Mais je n’ai rien mis dans ton tube à essai.

Qui alors ?

Personne. La poudre était dans le tube. Une expérience de la classe avant nous, un tube qui n’a pas été lavé et que tu as pris sans t’apercevoir qu’il n’était pas propre.

Il a l’air sincère, avec son regard droit dans le mien. Je suis ébranlé.. Toutes ces années à le haïr alors qu’il n’y était pour rien…

Il reprend :

Tu sais, ça m’a travaillé cette histoire, et les autres aussi. Avec quelques copains, on a mené l’enquête pendant que tu étais à l’hosto. On comptait t’en parler à ton retour, mais tu n’es jamais revenu en classe. Plus tard, on a su pour ton handicap. On s’est cotisé, on a tapé nos parents, tes voisins, bref, on a récolté suffisamment pour faire fabriquer un archet adapté à ton handicap.

Il ouvre alors l’étui sur un violon magnifique et son archet muni d’un système de fixation.

Je suis abasourdi. Ce type que je croyais mon ennemi.. Je ne sais que dire. Je ne sais même pas si je suis content… Le violon, c’est loin, j’en avais fait le deuil… enfin presque… Je ne suis plus capable d’en jouer.

Vas-y, essaie, me dit-il en me tendant l’instrument, je vais fixer l’archet sur ta main.

Je suis tellement sonné que je le laisse faire. Le violon blotti sous mon menton, l’archet arrimé à ma main, tout est revenu. J’ai fermé les yeux, caressé les cordes.. et la musique, d’abord comme une plainte puis triomphante, comme l’élan vital qui me manquait.

Quand j’ai rouvert les yeux, Eric souriait et devant moi, Françoise. Toujours aussi belle. Elle a applaudi et m’a dit :

Bonjour Didier, je suis vraiment heureuse de te revoir…

Drôle de pincement dans ma poitrine.. Doucement mon cœur, ne t’emballe pas trop vite…

D’autres personnes sont arrivées ensuite dans mon champ de vision. Quelques anciens du lycée que j’ai reconnus peu à peu, et mes voisins avec qui je n’ai guère eu d’échanges jusqu’à présent, juste bonjour, bonsoir dans l’escalier. Comment, pourquoi étaient-ils là ?

Eric a dû entendre ma question muette car il a dit :

Ce sont tous ces gens qui se sont cotisés pour t’offrir ce violon. Alors, maintenant, fini de glander. Tu retournes à tes études de musique, c’est clair ? Tes voisins ont la mission d’écouter si tu fais bien tes exercices tous les jours. Sinon, tu me connais, je peux sévir à nouveau.., rajouta-t-il en m’adressant un clin d’œil.

Je les regarde, tous. Il y a tellement de chaleur, de bienveillance autour de ce banc. Il y a la musique, le bleu du ciel, les feuilles vertes, la robe rouge de Françoise.. comme une promesse...

En regardant tous mes voisins, je me surpris à penser qu’il était drôle et triste à la fois de vivre à côté des gens pendant des années, sans les connaître, et qu’il suffit d’un rien, trois petites touches de couleurs pour changer notre vie.

...

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Rédigé par Mado

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Publié le 2 Février 2022

 

Avec un extrait de Bernard pour la chute

 

Je le toise :

Tu peux me le dire aujourd’hui, ce que tu as mis dans mon éprouvette, lui dis-je.

Rien, je te jure, c’est pas moi, me répond-il.

Toujours la même musique… c’est pas moi… j’ai rien fait… Pourtant, à l’analyse des débris, on a retrouvé cette poudre dont j’ai oublié le nom, mais qui, mélangée au reste provoque une explosion.

J’ai senti ta présence dans mon dos, lui rétorquai-je.

Oui, je me suis déplacé pour écouter ce que tu racontais à Françoise. J’avais bien vu que tu lui plaisais et je voulais te la piquer.. C’est nul, je sais. J’étais un petit con à l’époque. Mais je n’ai rien mis dans ton tube à essai.

Qui alors ?

Personne. La poudre était dans le tube. Une expérience de la classe avant nous, un tube qui n’a pas été lavé et que tu as pris sans t’apercevoir qu’il n’était pas propre.

Il a l’air sincère, avec son regard droit dans le mien. Je suis ébranlé.. Toutes ces années à le haïr alors qu’il n’y était pour rien…

Il reprend :

Tu sais, ça m’a travaillé cette histoire, et les autres aussi. Avec quelques copains, on a mené l’enquête pendant que tu étais à l’hosto. On comptait t’en parler à ton retour, mais tu n’es jamais revenu en classe. Plus tard, on a su pour ton handicap. On s’est cotisé, on a tapé nos parents, tes voisins, bref, on a récolté suffisamment pour faire fabriquer un archet adapté à ton handicap.

Il ouvre alors l’étui sur un violon magnifique et son archet muni d’un système de fixation.

Je suis abasourdi. Ce type que je croyais mon ennemi.. Je ne sais que dire. Je ne sais même pas si je suis content… Le violon, c’est loin, j’en avais fait le deuil… enfin presque… Je ne suis plus capable d’en jouer.

Vas-y, essaie, me dit-il en me tendant l’instrument, je vais fixer l’archet sur ta main.

Je suis tellement sonné que je le laisse faire. Le violon blotti sous mon menton, l’archet arrimé à ma main, tout est revenu. J’ai fermé les yeux, caressé les cordes.. et la musique, d’abord comme une plainte puis triomphante, comme l’élan vital qui me manquait.

Quand j’ai rouvert les yeux, Eric souriait et devant moi, Françoise. Toujours aussi belle. Elle a applaudi et m’a dit :

Bonjour Didier, je suis vraiment heureuse de te revoir…

Drôle de pincement dans ma poitrine.. Doucement mon cœur, ne t’emballe pas trop vite… D’autres personnes sont arrivées ensuite dans mon champ de vision. Quelques anciens du lycée que j’ai reconnus peu à peu, et mes voisins avec qui je n’ai guère eu d’échanges jusqu’à présent, juste bonjour, bonsoir dans l’escalier. Comment, pourquoi étaient-ils là ?

Eric a dû entendre ma question muette car il a dit :

Ce sont tous ces gens qui se sont cotisés pour t’offrir ce violon. Alors, maintenant, fini de glander. Tu retournes à tes études de musique, c’est clair ? Tes voisins ont la mission d’écouter si tu fais bien tes exercices tous les jours. Sinon, tu me connais, je peux sévir à nouveau.., rajouta-t-il en m’adressant un clin d’œil.

Je les regarde, tous. Il y a tellement de chaleur, de bienveillance autour de ce banc. Il y a la musique, le bleu du ciel, les feuilles vertes, la robe rouge de Françoise.. comme une promesse...

En regardant tous mes voisins, je me surpris à penser qu’il était drôle et triste à la fois de vivre à côté des gens pendant des années, sans les connaître, et qu’il suffit d’un rien, trois petites touches de couleurs pour changer notre vie.

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 1 Février 2022

 

Avec des extraits de Nadine et Inge

LE VOYAGE

Au cœur de la jungle amazonienne… Une moiteur touffue propice à la torpeur… Les rayons lumineux se fraient un chemin sous la canopée, irisent des perles d’eau… Les Rangers de Corinne s’enfoncent dans le sol boueux, où se mêlent brindilles, branches mortes, insectes en errance, reptiles en sursis… Les yeux mi-clos, lèvres frémissantes, les mains rivées sur un lourd sac à dos, elle avance. (Nadine)

Ethnologue de profession, elle a réussi le pari fou de monter une expédition afin de rencontrer une des dernières peuplades isolées du monde au cœur de la forêt brésilienne.

Avec elle trois aventuriers du même acabit. Raphaël le paléontologue, Vigo le cameraman et Diego leur guide.

La clairière, à la lisière de la forêt naissante, les décida pour installer leur campement de nuit. Très vite Corinne réunit quelques branchages pendant que les trois hommes installaient les hamacs en hauteur surmontés de leurs bâches imperméables.

Le soleil léchait l’horizon et les quelques nuages effilochés, étirés à l’infini commençaient à rougir.

Le silence n’était troublé que par quelques feuilles froissées suite au passage d’un singe auquel répondait le cri des perroquets.

Une toile tendue entre les arbres abritait la petite équipe occupée à préparer le repas du soir : une bouillie de maïs et des racines de manioc. Raphaël entama la discussion :

-Voilà dix jours que nous marchons, nous ne devons plus être très loin de la réserve des petits hommes repérée par avion.

Diego enchaîna,

-En fait nous devrions l’atteindre sous quatre jours. Il faudra traverser le fleuve Parra sur des radeaux que nous devrons préparer… Si la chance continue de nous assister.

Vigo qui ne disait rien jusqu’à présent intervint :

-Pourquoi voulez-vous que la chance nous quitte ?

Diego souriait,

- Espérons-le ! Mais leur agressivité est grande vis-à-vis de toute civilisation autre que la leur. Même si le gouvernement a édité, voilà plus de vingt ans, des lois les protégeant. Ces « Lois de la Capitale » qui nous valent tant d’hostilité de la part des responsables présents ici et tant d’obstacles auprès des administrations qui sont supposées les faire appliquer.

Corinne occupée à attiser le feu répondit sans lever son regard des braises,

-Le gouverneur ne plie que lorsque notre supérieur à Porto-Cruz intervient. Et après qui appliquent les décisions prises ? L’aventure c’est pour nous !

Le feu fut ravivé pour prendre le relais du soleil qui ne tarderait pas à disparaître. La nuit tombait très vite sous ces latitudes.

Les hommes se préparaient. Chacun déroulait sa couverture à proximité du foyer et s’allongeait sur un coude dans l’attente de la rituelle boisson du soir : le maté.

C’était le travail de Diego. Corinne appréciait particulièrement ce moment de détente,

-Quelle bonne idée, d’avoir pensé à apporter ces feuilles de maté. Depuis mon arrivée dans ce pays, j’avoue avoir succombé à ce petit plaisir du soir.

Les buissons à proximité remuèrent. L’alignement à l’ombre des grands arbres fut bousculé. Des formes humaines semblèrent se dessiner au travers des feuillages. Corinne essaya de rassurer la petite équipe. Les ballots déchargés étaient protégés par de grandes feuilles pour l’humidité de la nuit. De l’un d’eux dépassaient des instruments de musique.

-Jouons décida t’elle. J’ai lu qu’ils étaient très sensibles à la musique. Une parole supérieure peut-être ? Et puis, il est bien connu que la musique adoucit les mœurs. Les notes de la flûte et de la guitare s’élevèrent en une mélodie harmonieuse, apaisante.

Au travers des buissons, les formes humaines, parfaitement visibles maintenant, s’étaient accroupies, arcs et flèches entre les jambes, écoutaient, envoutées par l’intensité émotionnelle du Clair de lune de Debussy.

Pour combien de temps…

...

LA PISTE
Le jour se levait sur la jungle. Matéo une tasse de maté en main regardait la brume de la nuit se dissiper. La forêt grouillait de vie furtive, battements d’ailes, fuites précipitées, aras rouges et bleus traversant la piste avec leurs cris désapprobateurs. Seuls les singes s’étaient éloignés depuis longtemps de cette saignée. La transamazonienne se traçait dans la poussière et la fureur.

C’est la route de la fuite en avant. L’immense ruban qui traverse le brésil d’Est en Ouest, ondule de Belem à Patajà, serpente jusqu’à Santarem au travers de terres rouges et grises. C’est la route de ceux qui fuient la misère, les propriétés minuscules, les inondations qui ne fertilisent rien. Brusquement un col, une possibilité de s’installer : Mon Dieu, on est enfin arrivé !

Matéo est géomètre-topographe sur cet immense chantier. C’est lui qui dirige toutes les équipes du kilomètre 1600. Deux cent kilomètres en pleine jungle pour rejoindre la section Manaus à Realidade.

-Bon sang ! Ces camions-citernes qui auraient dû être là depuis deux jours ! Nous n’avons que trois jours de carburant pour tous ces engins !

Il va relancer la logistique, sachant qu’il se heurtera toujours à la même réponse.

-Ils sont partis Matéo ! Mais vous connaissez mieux que nous l’état de la piste non ? Alors ils vont arriver, patientez.

Il ne peut s’empêcher de penser avec tendresse à Corinne. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle se lance dans cette aventure ? Ils étaient si bien ensemble. Il a suffit d’une brouille, insignifiante pour lui et qui aura provoqué ce point de non retour chez elle. Partie un matin pour retrouver ces peuplades reculées.

-Ce sont eux qui sont dans le vrai, lui avait-elle dit, pas vous avec vos moyens démesurés. Qu’elle lui manquait. C’était peut être pour ça qu’il était toujours en colère.

Ayant saisi une paire de jumelles Matéo aperçut le manège d’un bull qui abattait un énorme Hévéa Brasiliensis

-Mais qu’est ce qu’il fait celui là ?

Quand on pense à l’envolée des prix du caoutchouc !

Il descendit quatre à quatre l’escalier de son bungalow. Le fracas des énormes V12 Caterpillar s’installait.

Il fallait avancer un maximum avant la saison des pluies. Les fossés de part et d’autre ne suffiraient pas à absorber les trombes d’eau récurrentes.

Son quatre/quatre rejoignit très vite la zone de l’incident.

-Eh ! Arrêtez-vous, qu’est ce que vous faites ?

Le chauffeur surpris stoppe son engin et sort de la cabine.

-Patron, avec le talus, il ne demandait qu’à tomber cet arbre. A la première pluie il sera en travers de la route !

Matéo dût en convenir, la remarque était pertinente. Pourtant combien d’hectares défrichés de part et d’autre qui devaient accueillir ces paysans, voulus par le gouvernement, et qu’on ne voyait pas. Un arbre de plus ça l’interpellait.

-Alors ? Questionna le chauffeur, Je fais quoi ?

-Evidement, finissez proprement le travail !

Rageur, il claque la porte de sa voiture et retourne au campement. Face à lui le convoi de camions-citernes arrive avec force appels de phares dans le jour déjà installé.

Le premier camion s’arrête, des hommes courent. On descend un individu titubant, à moitié conscient.

- Encore un accident, bon sang des fous furieux ces chauffeurs, ils se croient tout permis.

-Je l’ai trouvé sur le bord de la piste, disait le chauffeur.

Matéo s’approche du groupe et reconnaît…Diego.

Leurs regards se croisent, Diego essaye de parler,

-Ah ! Matéo…Corinne… Les autres… Il faut y aller…Les tirer de là…

On le laisse se reposer, on lui donne à boire. Matéo ressent une très grande douleur dans la poitrine et le pire de tout c’est qu’il la pressentait depuis le début de cette aventure. Diego veut raconter.

Une voix saccadée... Le premier contact assez accueillant…Le campement découvert invisible sous les feuillages…Les enfants qui courent vers eux freinés par les mères et puis le sorcier qui voyait ça d’un mauvais œil…La caméra cassée… L’équipe jetée au fond d’une case en attendant l’avis des esprits… Lui avait réussit à s’échapper au petit matin.

Matéo attendra le rétablissement de Diego. Il ira, il faudra traverser la petite rivière en contre bas, et s’enfoncer dans la jungle…

La nuit se passe mal, il a un sommeil agité.

La brise se lève, elle ne tarde pas à s’imposer.

Elle descend des montagnes toutes proches et transporte avec elle une odeur de terre mouillée…

Ce n’est pas encore le cas ici pourtant des signes annonciateurs ne trompent pas, de fines gouttelettes commencent à tomber éclaboussant la poussière de la piste. Brusquement à quelques pas du bungalow, un coup de vent d’une vigueur inattendue fait virevolter les poussières en mini tornades et ébranle porte et fenêtres.

Les branches des arbres pratiquement immobiles jusqu’alors se mirent à remuer comme pour débarrasser les feuilles des gouttes qui les dérangent.

Puis il commence à pleuvoir pour de vrai, sans mesure. Le déchaînement de l’orage a interrompu tous les autres bruits. Le silence relatif fait ressortir le crépitement de la pluie de plus en plus intense.

Par endroits, la piste est traversée de ruisseaux en cru qui s’échappent vers les terrains en contre bas et se répandent parmi les herbes couchées…

L’horizon apparaissait illuminé par les éclairs qui déchirent le ciel tandis que roule le tonnerre…

« Il était comme paralysé, hypnotisé par tout ce vacarme. Il y prêtait toute son attention, cherchant à comprendre. Il se mentait à lui-même, il avait déjà tout compris. La rivière était sortie de son lit, elle s’était transformée en torrent, qui charriait avec elle tout ce qui se trouvait sur son chemin. » (Inge)

Et pourtant il faudra la traverser. Il trouvera la force et les moyens…

...

LA RUSE

Des hommes travaillent, courbés. Pantalons jusqu’aux chevilles, chemisettes nouées à la taille, chapeaux de paille…La tenue apparaît humanisée pour des esclaves arrachés à leurs destins.

Lorsqu’ils aperçoivent le petit convoi, un signe de la main et le travail reprend.

A la vue du père Raphaël en robe de bure, tous sont rassurés. Le convoi s’arrête enfin sur la placette centrale, face à « l’église » bâtie de pierres et couverte d’une toiture de palmes. Sur le côté une tour un peu plus haute munie à son sommet d’une cloche, don d’un précédent convoi, et recouvert lui aussi de palmes.

Un peu plus loin un local sommaire, plutôt un hangar sans murs mais couvert des mêmes palmes ressemble à une école.

Frère Pia apparaît sur le seuil de « son » église et souhaite la bienvenue aux voyageurs.

-Vigo, Dieu soit loué, tu es de retour, et s’apercevant de l’équipage au complet,

-Tu as réussi. Bienvenue à San Miguel. Vigo s’agenouille et embrasse les mains de frère Pia.

Père Raphaël prend la parole :

-Je me nomme Raphaël de las mesas et je suis père Dominicain. Père Arana, notre supérieur, a décidé de m’envoyer ici pour vous seconder.

-Dieu du ciel, tout cela pour notre petite mission ? Notre rôle de protecteur de ces malheureux serait-il enfin reconnu ?

-Vigo m’a fait part de votre manque de beaucoup de choses. Nous avons un petit chargement pour essayer de le combler et j’y ai rajouté…Père Raphaël soulève la bâche d’une des mules et décroche un petit tonnelet de vin de messe.

-Voilà ce qui doit manquer à vos offices !

-Trop… C’est trop… Dieu que cette journée soit bénie. Mais j’en oublie l’hospitalité, entrez, entrez vous reposer !

Soudain un brouhaha, des cris, un mouvement de panique…

Matéo ouvre les yeux. Un groupe de singes hurleurs se poursuit là-haut sous la canopée.

La moustiquaire sur son hamac de lianes est déjà recouverte de ces maudits moustiques. Il fallait s’en protéger toute la journée. Lorsqu’il marchait il avait équipé son chapeau d’un voile dont le bas se glissait dans sa chemise à la manière des éleveurs d’abeilles.

En tournant la tête, il aperçoit Diego et les quatre autres volontaires qui préparent le repas du matin. Un bol de soupe lyophilisée et un maté. Il ne fallait pas être trop difficile. En s’étirant, le hamac bouge et les moustiques s’envolent pour se reposer aussitôt sur le voile.

-Tu penses qu’il pourrait s’agir de descendants d’esclaves échappés après le démantèlement des missions Dominicaines ?

Diego ne réponds pas.

-Comment peuvent-ils imaginer qu’une femme leur veut du mal ?

-On peut tout imaginer Matéo, tout !

Diego a trouvé des pieds de cannes à sucre sauvages, Il débite avec sa machette des bâtonnets que l’on pourra sucer durant toute la journée.

-Les coups de fatigue seront plus faciles à supporter, précise t-il…

Matéo s’extirpe de son hamac. Ses bottes ont été placées à l’envers sur des piquets afin d’éviter termites et serpents. Il les secoue et les enfile…

Les cours de « survie en milieu hostile » obligatoires avant de postuler pour la Transamazonienne lui revenaient en mémoire. Diego s’adresse à tous :

-Aujourd’hui il faudra avoir les idées claires. On n’est pas loin de leur campement.

Le groupe d’hommes marche en silence depuis quelques heures, feuillages qui fouettent les visages, fusils à l’épaule. Seul Matéo s’est équipé de son revolver avec la ferme intention de ne pas l’utiliser. Diego, en tête, lève le bras. Il désigne d’une main ce qui ressemble à un piège. Une liane courbée enfouie sous les feuilles précédée de pics acérés dépassant du sol.

D’une voix chuchotée il précise son idée :

-Ils nous attendent par ici, et bien on ne va pas les décevoir !

Le sac à dos est posé au sol. L’appareil est fixé au tronc d’un arbre, la molette est tournée sur le maximum.

Diego fait signe de reculer et de prendre un autre chemin. Chacun s’exécute en silence.

Un peu plus tard, une clairière apparaît au travers des feuillages. De vagues huttes, des arbres abattus, un feu de campement. L’équipe s’accroupit cachée par des buissons à l’opposé du chemin avec le piège. A l’extérieur d’une case, Matéo aperçoit Corinne qui se repose assise à même le sol. Elle est intriguée par une suite de petites couleurs… rouge, bleu, jaune… rouge, bleu, jaune qui tournoient sur un tronc d’arbres au sol. Le laser de Matéo insiste en silence. Elle finit par découvrir l’origine de ces couleurs bizarres qui tournent sans cesse. Un grand espoir l’envahit.

Deux des hommes de la forêt ont remarqué cette anomalie. Visiblement ils se posent des questions tout en regardant le visage impassible de Corinne. Ses deux compagnons l’ont rejoint.

Brutalement la Chevauchée des Walkyries du film Apocalypse Now hurle à tue-tête au travers des bois. Les cors impriment les esprits, les violons augmentent le côté tragique, irréel de la chevauchée. Les hommes sont stupéfaits, ahuris. Après un instant d’hésitation ils décident de se regrouper et de s’approcher arcs en main de cette drôle de chose.

Le minuteur du magnétophone lié au tronc d’arbres s’était déclenché.

Diego, Matéo se précipitent tant bien que mal vers la hutte. Corinne et ses deux compagnons courent vers eux.

-Vite, vite, on y va, notre équipe est en couverture !

Le groupe au grand complet s’enfuit dans la jungle à l’opposé des walkyries…

Ce soir là, « Elle se sent comme enveloppée par lui, même plus, elle se sent imprégné de lui, de sa gentillesse. Avant de s’endormir, elle décide que la prochaine fois, elle le laissera faire, elle lui rendra même son baiser. C’est bien de faire l’amour, si c’est avec amour » (Inge)

 

Gérald IOTTI

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Rédigé par Gérald

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Publié le 1 Février 2022

Avec un extrait de Inge

 

Des hommes travaillent, courbés. Pantalons jusqu’aux chevilles, chemisettes nouées à la taille, chapeaux de paille…La tenue apparait humanisée pour des esclaves arrachés à leurs destins.

Lorsqu’ils aperçoivent le petit convoi, un signe de la main et le travail reprend.

A la vue du père Raphaël en robe de bure, tous sont rassurés. Le convoi s’arrête enfin sur la placette centrale, face à « l’église » bâtie de pierres et couverte d’une toiture de palmes. Sur le côté une tour un peu plus haute munie à son sommet d’une cloche, don d’un précédent convoi, et recouvert lui aussi de palmes.

Un peu plus loin un local sommaire, plutôt un hangar sans murs mais couvert des mêmes palmes ressemble à une école.

Frère Pia apparaît sur le seuil de « son » église et souhaite la bienvenue aux voyageurs.

-Vigo, Dieu soit loué, tu es de retour, et s’apercevant de l’équipage au complet,

-Tu as réussi. Bienvenue à San Miguel. Vigo s’agenouille et embrasse les mains de frère Pia.

Père Raphaël prend la parole :

-Je me nomme Raphaël de las mesas et je suis père Dominicain. Père Arana, notre supérieur, a décidé de m’envoyer ici pour vous seconder.

-Dieu du ciel, tout cela pour notre petite mission ? Notre rôle de protecteur de ces malheureux serait-il enfin reconnu ?

-Vigo m’a fait part de votre manque de beaucoup de choses. Nous avons un petit chargement pour essayer de le combler et j’y ai rajouté…Père Raphaël soulève la bâche d’une des mules et décroche un petit tonnelet de vin de messe.

-Voilà ce qui doit manquer à vos offices !

-Trop… C’est trop… Dieu que cette journée soit bénie. Mais j’en oublie l’hospitalité, entrez, entrez vous reposer !

Soudain un brouhaha, des cris, un mouvement de panique…

Matéo ouvre les yeux. Un groupe de singes hurleurs se poursuit là-haut sous la canopée.

La moustiquaire sur son hamac de lianes est déjà recouverte de ces maudits moustiques. Il fallait s’en protéger toute la journée. Lorsqu’il marchait il avait équipé son chapeau d’un voile dont le bas se glissait dans sa chemise à la manière des éleveurs d’abeilles.

En tournant la tête, il aperçoit Diego et les quatre autres volontaires qui préparent le repas du matin. Un bol de soupe lyophilisée et un maté. Il ne fallait pas être trop difficile. En s’étirant, le hamac bouge et les moustiques s’envolent pour se reposer aussitôt sur le voile.

-Tu penses qu’il pourrait s’agir de descendants d’esclaves échappés après le démantèlement des missions Dominicaines ?

Diego ne réponds pas.

-Comment peuvent-ils imaginer qu’une femme leur veut du mal ?

-On peut tout imaginer Matéo, tout !

Diego a trouvé des pieds de cannes à sucre sauvages, Il débite avec sa machette des bâtonnets que l’on pourra sucer durant toute la journée.

-Les coups de fatigue seront plus faciles à supporter, précise t-il…

Matéo s’extirpe de son hamac. Ses bottes ont été placées à l’envers sur des piquets afin d’éviter termites et serpents. Il les secoue et les enfile…

Les cours de « survie en milieu hostile » obligatoires avant de postuler pour la Transamazonienne lui revenaient en mémoire. Diego s’adresse à tous :

-Aujourd’hui il faudra avoir les idées claires. On n’est pas loin de leur campement.

Le groupe d’hommes marche en silence depuis quelques heures, feuillages qui fouettent les visages, fusils à l’épaule. Seul Matéo s’est équipé de son revolver avec la ferme intention de ne pas l’utiliser. Diego, en tête, lève le bras. Il désigne d’une main ce qui ressemble à un piège. Une liane courbée enfouie sous les feuilles précédée de pics acérés dépassant du sol.

D’une voix chuchotée il précise son idée :

-Ils nous attendent par ici, et bien on ne va pas les décevoir !

Le sac à dos est posé au sol. L’appareil est fixé au tronc d’un arbre, la molette est tournée sur le maximum.

Diego fait signe de reculer et de prendre un autre chemin. Chacun s’exécute en silence.

Un peu plus tard, une clairière apparaît au travers des feuillages. De vagues huttes, des arbres abattus, un feu de campement. L’équipe s’accroupit cachée par des buissons à l’opposé du chemin avec le piège. A l’extérieur d’une case, Matéo aperçoit Corinne qui se repose assise à même le sol. Elle est intriguée par une suite de petites couleurs… rouge, bleu, jaune… rouge, bleu, jaune qui tournoient sur un tronc d’arbres au sol. Le laser de Matéo insiste en silence. Elle finit par découvrir l’origine de ces couleurs bizarres qui tournent sans cesse. Un grand espoir l’envahie.

Deux des hommes de la forêt ont remarqué cette anomalie. Visiblement ils se posent des questions tout en regardant le visage impassible de Corinne. Ses deux compagnons l’ont rejoint.

Brutalement la Chevauchée des Walkyries du film Apocalypse Now hurle à tue-tête au travers des bois. Les cors impriment les esprits, les violons augmentent le côté tragique, irréel de la chevauchée. Les hommes sont stupéfaits, ahuris. Après un instant d’hésitation ils décident de se regrouper et de s’approcher arcs en main de cette drôle de chose.

Le minuteur du magnétophone lié au tronc d’arbres s’était déclenché.

Diego, Matéo se précipitent tant bien que mal vers la hutte. Corinne et ses deux compagnons courent vers eux.

-Vite, vite, on y va, notre équipe est en couverture !

Le groupe au grand complet s’enfuit dans la jungle à l’opposé des walkyries…

Ce soir là, « Elle se sent comme enveloppée par lui, même plus, elle se sent imprégné de lui, de sa gentillesse. Avant de s’endormir, elle décide que la prochaine fois, elle le laissera faire, elle lui rendra même son baiser. C’est bien de faire l’amour, si c’est avec amour »(Inge)

 

Gérald IOTTI

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Rédigé par Gérald

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Publié le 1 Février 2022

LE BANC

Avec un extrait de Françoise M. pour incipit.

Chaque après-midi quand le temps me le permet, je m’assois sur « mon banc », souvent seul, dans un jardin public parisien, mais ce jour là un jeune homme portant un violon s’assied à côté de moi.

En jetant un coup d’œil discret, je m’aperçois qu’il a un tic, les doigts de sa main gauche bougent, je me dis  il s’exerce !!

La tête relevée, les yeux scrutant le ciel ou autres éléments intéressants, il se sent parmi les anges de la félicité.

A ce moment un pigeon amoureux éconduit se laisse aller sur le bout du nez du musicien.

-Quel manque de respect tout de même, dis-je gentiment, contenant mon envie de sourire.

-Je me nomme Albert et n’ai aucune envie de rire, me dit il se tournant vers moi, l’air méchamment ahuri, se passant les doigts dans sa crinière blonde.

-C’est un Stradivarius, lui demandais-je, désignant l’étui posé entre nous..

-Un quoi !

-Votre violon, c’est un Stradivarius ? 

-Pourquoi m’insultez vous, me répondit il avec une expression de pure violence.

Sauvé par le gong, mon portable se met à sonner et comme porté par un désir fou de m’éloigner, je me lève nonchalamment , sans lui porter le moindre regard.

Arrivé à la sortie du parc, je me retourne et vois que l’individu avait disparu, mais son violon se trouve abandonné.

Demain sera un autre jour !!!  

Le lendemain, c’est un mercredi, le jour des enfants accompagnés de leurs parent ou des nourrices

Je repère vite « mon banc », je sais c’est une intention prétentieuse, mais depuis ma retraite et les disparitions de ma femme et de ma fille dans un accident de voiture, je suis vidé de tout autre attrait que de scruter le comportement des humains dans leur quotidien.

Et puis je me fais des ‘amis’, les tourterelles qui me connaissent viennent sans peur picorer dans ma main.

Je cogite beaucoup, hier soir un petit carnet à atterri à mes pieds, lorsque j’ai tenté de prendre un stylo dans mon secrétaire, peut être un signe du destin pour croquer les attitudes, les couleurs de la vie des promeneurs de ce parc magnifique et reprendre la peinture, qui sait….

Albert n’est pas là et son violon non plus !

-Bonjour, entendis-je, comment allez vous cher monsieur !!

Levant la tête, je suis stupéfait de voir Albert, maquillé, portant un costume à larges carreaux, nœud papillon et fume cigare.

-Salut à vous, lui répondis je, où est votre instrument ?

-De quoi parlez vous ?

Je ne sais pas pourquoi, mon regard se posa sur sa main gauche, ses doigts s’animaient toujours frénétiquement !!!!!!!  

LES AUTRES
 

Avec un extrait de Gérald en italique

La saison avance, déjà la rentrée des classes, les enfants dans le parc comparent leurs cartables, leurs nouvelles baskets.

L’automne n’est pas triste, mais une période de transition.

Marcel, c’est mon nom, je sais depuis quelques temps, je ne m’appartiens plus et reste discret sur mon ‘moi intérieur’.

Tous les habitants défilent dans ma tête et là je me rends compte, que je ne sais pas grand-chose d’eux. Depuis le départ de ma femme, je m’étais un peu réfugié dans mon travail.

Finalement il avait fallu que quelqu’un bouscule mes habitudes pour m’ouvrir aux autres.

Les autres oui, mais l’autre aussi me perturbait, je ne suis pas parano, ancien gendarme que la retraite avait vieilli d’un coup, après la perte des deux êtres les plus chers à mon cœur.

Je relativisais, des informations glanées ici et là me poussaient à suspecter un dangereux malfaiteur dans la personne de Albert. Et si son étui à violon contenait autre chose qu’un instrument de musique !!

Mon instinct d’enquêteur refit surface, je décelais des tâches suspectes sur l’engin, tandis que son propriétaire faisait le guignol avec les enfants. Des marques rouges, du sang peut être, de qui, de quoi….

Je m’étais renseigné sur Internet et fabulais sur un hypothétique meurtrier, ou un détraqué sexuel se servant d’un violon comme appât. Fin septembre, je vis de loin cet énergumène en haillons, veston déchiré, une seule chaussure, un œil au beurre noir, titubant.

-Eh bien, lui dis- je que s’est il passé ?

-Qui êtes vous bégaya t il, elles sont toutes folles ces chiennes, je crois que je viens d’en massacrer une, blondasse qui ne voulait pas me laisser monter dans sa voiture.

N’insistant pas je me levais et partais.

Les infos du soir, prévenaient qu’un dangereux individu, échappé d’un asile, venait de commettre une agression particulièrement atroce. La photo ne me permettait aucun doute… c’était Albert.

Le lendemain, mes petites amies les tourterelles, m’attendaient.

Pas d’Albert, les jours suivants non plus.

Début octobre, par une journée pluvieuse et venteuse d’automne, je m’apprêtais à partir, lorsque je vis Albert arriver très chiquement vêtu, son précieux violon à bout de bras.

-Comment allez vous cher monsieur, me demanda t il ?

Un peu surpris et sur mes gardes, je répondis par un sourire.

-Connaissez-vous le monde des magiciens, clowns et autres hypnotiseurs… non, eh bien ce sont des mondes pleins de surprises. Mon frère jumeau, Maurice en est un, plein de surprises, il retourne dans son deuxième « chez lui », vous connaissez l’établissement psychiatrique Sainte Marie. Il est fou, fou, oh il ne ferait pas de mal à une mouche.

A ce moment, Albert ouvrit l’étui de son instrument et des foulards de toutes les couleurs s’envolèrent des notes de musique en sortirent.

-Je suis un clown triste, un peu bizarre, venez me voir et m’applaudir ce soir au «Cirque du Bonheur ». 

COMME DES OISEAUX

Avec un extrait de Mado en italique

 « Derrière la baie vitrée, la nuit est partie à présent. Quelques oiseaux sautillent sur les branches des arbres dans le jardin. Bientôt leurs trilles entreront dans le salon ».

C’est ma pensée de la journée.

Attiré comme un aimant, je retrouve mes petites amies, qui m’attendent près de mon banc.

-Tiens me dis-je le violon, tout au moins l’étui est allongé sur la place, des pigeons y roucoulent, un autre fait la cour à une jolie tourterelle.

-Je jette un regard circulaire, mais ni Albert, ni Maurice ne sont là.

Hier soir, par curiosité, je suis allé au ‘Cirque du Bonheur’, mais personne n’avait entendu parler de ces personnages, je m’en doutais un peu…

Sortant mon carnet à croquis, les idées se chevauchent, tant des enfants, des SDFS seuls, des personnes âgées, tranquillement assis posaient malgré eux.    

-Bonjour, cher monsieur, comment allez vous aujourd’hui, dit une voix derrière moi?

J’ai perdu le réflexe de me retourner !!!

Poussant d’un geste brusque l’étui et les pigeons du même coup, il s’assied à côté de moi.

-Vous savez la nouvelle, dit il levant sa main , les doigts tremblants, il est mort, oui bien mort, hier soir fut son dernier tour de piste, avec ses foulards colorés.

Mon frère Maurice, m’a abandonné à mon triste sort. Il s’est effondré, comme ça pouf !! les pompiers l’ont emmené.

Un instant, j’ai eu de la peine, ce pauvre homme avait l’ait sincère.

Se ressaisissant, il se calma, ouvrit l’étui et en sorti un magnifique violon rutilant et se mit à en jouer.

Les curieux étaient comme tétanisés, « Le Printemps de Vivaldi » nous enchanta, les notes s’envolèrent, les fleurs du jardin s’ouvrir, (ces dernières furent une illusion d’optique).

Dans l’exaltation des mouvements, un papier s’extirpa de sa poche.

Je le ramassai, voulu lui tendre, mais la curiosité fut la plus forte, je l’ouvris.

« Monsieur Albert, premier prix du conservatoire d’instruments de musique à cordes », daté d’une année.

Vivaldi sous l’archet de Albert ayant terminé son envolée, ce dernier m’attrapa le papier.   

-C’est une super nouvelle, lui dis-je gentiment.

-Oui, je sais, me répondit le violoniste, après 15 ans d’école de musique, j’ai eu peur.

-Peur de quoi, vous jouez magnifiquement, c’est de la poésie.

-J’aime cet endroit, la verdure apaisante, les cris des enfants, c’est une contradiction dont j’ai besoin, et vous cher monsieur qui avez toujours subi mes extravagances, vous êtes un ami, je vous en remercie.

Demain, je commence une nouvelle vie en incorporant l’orchestre de Nice, comme premier violon.

Cela me ferait vraiment plaisir de vous voir parmi les spectateurs. 

« … ça pépiera, ça piaillera, ça sifflera, ça jacassera, ça chantera, ça vocalisera, ça discutera, ça disputera, ça remplira l’espace de vie.

Le monde est à lui ».

 

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Divers

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Publié le 1 Février 2022

 

Avec un extrait de Mado en italique

 « Derrière la baie vitrée, la nuit est partie à présent. Quelques oiseaux sautillent sur les branches des arbres dans le jardin. Bientôt leurs trilles entreront dans le salon ».

C’est ma pensée de la journée.

Attiré comme un aimant, je retrouve mes petites amies, qui m’attendent près de mon banc.

-Tiens me dis-je le violon, tout au moins l’étui est allongé sur la place, des pigeons y roucoulent, un autre fait la cour à une jolie tourterelle.

-Je jette un regard circulaire, mais ni Albert, ni Maurice ne sont là.

Hier soir, par curiosité, je suis allé au ‘Cirque du Bonheur’, mais personne n’avait entendu parler de ces personnages, je m’en doutais un peu…

Sortant mon carnet à croquis, les idées se chevauchent, tant des enfants, des SDFS seuls, des personnes âgées, tranquillement assis posaient malgré eux.    

-Bonjour, cher monsieur, comment allez vous aujourd’hui, dit une voix derrière moi?

J’ai perdu le réflexe de me retourner !!!

Poussant d’un geste brusque l’étui et les pigeons du même coup, il s’assied à côté de moi.

-Vous savez la nouvelle, dit il levant sa main , les doigts tremblants, il est mort, oui bien mort, hier soir fut son dernier tour de piste, avec ses foulards colorés.

Mon frère Maurice, m’a abandonné à mon triste sort. Il s’est effondré, comme ça pouf !! les pompiers l’ont emmené.

Un instant, j’ai eu de la peine, ce pauvre homme avait l’ait sincère.

Se ressaisissant, il se calma, ouvrit l’étui et en sorti un magnifique violon rutilant et se mit à en jouer.

Les curieux étaient comme tétanisés, « Le Printemps de Vivaldi » nous enchanta, les notes s’envolèrent, les fleurs du jardin s’ouvrir, (ces dernières furent une illusion d’optique).

Dans l’exaltation des mouvements, un papier s’extirpa de sa poche.

Je le ramassai, voulu lui tendre, mais la curiosité fut la plus forte, je l’ouvris.

« Monsieur Albert, premier prix du conservatoire d’instruments de musique à cordes », daté d’une année.

Vivaldi sous l’archet de Albert ayant terminé son envolée, ce dernier m’attrapa le papier.   

-C’est une super nouvelle, lui dis-je gentiment.

-Oui, je sais, me répondit le violoniste, après 15 ans d’école de musique, j’ai eu peur.

-Peur de quoi, vous jouez magnifiquement, c’est de la poésie.

-J’aime cet endroit, la verdure apaisante, les cris des enfants, c’est une contradiction dont j’ai besoin, et vous cher monsieur qui avez toujours subi mes extravagances, vous êtes un ami, je vous en remercie.

Demain, je commence une nouvelle vie en incorporant l’orchestre de Nice, comme premier violon.

Cela me ferait vraiment plaisir de vous voir parmi les spectateurs. 

« … ça pépiera, ça piaillera, ça sifflera, ça jacassera, ça chantera, ça vocalisera, ça discutera, ça disputera, ça remplira l’espace de vie.

Le monde est à lui ».

 

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Rédigé par Dominique

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